]> git.immae.eu Git - perso/Denise/aventuriers.git/blob - aventuriers.tex
typos/fautes de français diverses et variées
[perso/Denise/aventuriers.git] / aventuriers.tex
1 \documentclass[11pt, a5paper]{article}
2
3
4 \usepackage[utf8]{inputenc}
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24
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26
27 %%
28 % Noms de PNJs
29 % Ben
30 % Jerry
31
32 % khil : sugg de ovi
33
34
35 \newcommand{\aure}{Aldariel\xspace}
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54 }}
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59
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61
62 \title{La compagnie d'aventuriers des Pieds Jaloux}
63 \date{}
64
65 \begin{document}
66 \maketitle
67 ... Ou une histoire qui n'a ni queue, ni tête, mais parce que.
68
69
70
71 \recit{\chloe}
72
73 Tenant à la main un bougeoir, elle s'avança dans l'immense pièce, éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans.
74
75 Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les araignées, voire parfois les rats, qu'on trouvait ici~; et \chloe était ravie de s'en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du châ\-teau n'a\-vaient pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n'avait pas été considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du trésor.
76
77 Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur~? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses deux parents avaient fait en sorte qu'elle soit éduquée comme une future noble, délicate, douce, attentionnée, soumise. Ils n'avaient pas retenu sa passion pour la lecture, se disant qu'au fond, en lisant, elle n'abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur époux.
78
79 Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée ne l'enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d'autre~? S'évader dans ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait quatorze ans, et cela faisait presque un an qu'elle venait régulièrement lire ici.
80
81 Elle était arrivée devant l'une des vieilles armoires à moitié rongées par les termites. Le dernier livre qu'elle avait lu parlait de plantes médicinales -- qu'elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d'images--, celui d'avant était un journal de bord d'un grand tacticien militaire, celui d'encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le précédent était un récit historique d'une grande bataille entre les elfes... Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s'intéressait à tout.
82
83 Alors qu'elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l'étagère de l'armoire qui les maintenait s'effondra brusquement. Elle sursauta et la flamme de la bougie vacilla. Si l'armoire s'était écrasée sur elle... Mais à part un tas de livres par terre, rien de grave ne s'était passé. C'est alors qu'elle aperçut, sur le fond de l'armoire, là où se trouvaient les livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si l'armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque chose~?
84
85 Le c{\oe}ur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après quelques minutes d'effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s'assit à côté de la bougie pour l'ouvrir. L'écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C'était un livre de magie~!
86
87 La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit~? Le brûler~? Le ramener à ses parents~? ... Le lire~?
88
89 Y avait-il un risque à simplement le lire~? Avait-elle déjà perdu son âme en l'ouvrant~? Si c'était le cas, peut-être était-ce déjà trop tard...
90
91 Elle regarda autour d'elle, vérifiant une fois de plus qu'elle était seule, et avec un sentiment d'excitation coupable, se mit à lire.
92
93 \recit{\denise}
94
95 La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.\\
96 --- Encore raté...\\
97 --- Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n'es pas si loin~!\\
98 Elle regarda son frère, qui s'entraînait à côté. Il aimait la railler à chaque fois qu'elle s'entraînait -- avec un succès toujours mitigé -- à l'arc.\\
99 --- Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l'ennemi qui se marre à cinq mètres, tu veux dire~?\\
100 --- Par exemple, proposa-t-il en riant. Ou alors tu attends qu'il te fonce dessus, et tu l'atteins à bout portant.\\
101 Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une flèche imaginaire, avec un petit air de défi.\\
102 --- Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi~!\\
103 Elle lâcha la flèche imaginaire, qu'il fit mine d'esquiver de manière spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand arc de cercle pour empêcher son frère d'avancer vers elle. Sur le retour, il utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde. Elle pivota autour du point de contact, et laissa glisser son arme contre la sienne, de façon à se retrouver au contact de son frère. De la main gauche, elle dégaina une dague imaginaire qu'elle plaça sur sa gorge.\\
104 --- Ah, ah~!\\
105 --- Les enfants, qu'est-ce que vous faites là~?\\
106 La voix de leur mère venait de résonner. Instantanément, ils se séparèrent, et répondirent en regardant leurs pieds nus.\\
107 --- On s'entraîne.\\
108 --- Je vois ça. \denise, tu peux venir avec nous s'il te plaît~?\\
109 Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats -- c'était également le cas de sa mère -- mais les broderies dorées indiquaient qu'il s'agissait vraisemblablement de quelqu'un d'important. Elle nota qu'à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu'utilisent les humains, enfin c'était ce qu'on lui avait dit. Elle n'en avait jamais vue en vrai jusqu'alors. L'homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d'un âge avancé et d'une grande sagesse.
110
111 Lui et sa mère la menèrent, d'échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui ressemblait à une salle d'entraînement.\\
112 --- Ta mère m'a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle~?\\
113 --- Oui. Mais je ne suis pas douée à l'arc... répondit-elle timidement.\\
114 Il lui sourit, et jeta un {\oe}il à sa mère, à quelques pas de là.\\
115 --- Il est de toutes façons difficile d'être aussi bonne archère qu'elle.
116 Mais peut-être serais tu plus à l'aise avec autre chose~?\\
117 Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s'il l'évaluait.\\
118 --- Quel âge as-tu~?\\
119 --- Douze ans.\\
120 Il lui tourna le dos, et alla chercher une épée en bois.\\
121 --- Essaie ça.\\
122 Elle prit l'arme, la soupesa, et hésita.\\
123 --- Essayer, comment~?\\
124 --- Comme ça.\\
125 L'homme avait saisi une seconde épée en bois, et s'était précipité sur elle. Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l'épée d'un coup de la sienne. Même en bois, l'épée était un peu lourde... L'homme attaqua de nouveau, elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d'enchaisser un choc qui ne vint pas... L'homme s'était arrêté à quelques centimètres d'elle...\\
126 --- Pas mal. Je pense que c'est bon.\\
127 --- Qu'est-ce que vous voulez dire~?\\
128 Il s'assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.\\
129 --- L'arc et la dague sont les armes par excellence des elfes, par tradition. Mais ce ne sont pas les seules. Nous avons aussi besoin, pour nous protéger, de gens sachant se battre avec d'autres armes, comme l'épée, très à la mode chez les humains, la lance, la hache, le fléau ou même la magie. Je suis le dirigeant de ces escouades spécifiques. Ta mère m'a parlé de tes difficultés à l'arc...\\
130 Sa mère continua, alors qu'elle rougissait.\\
131 --- Malgré cela, tu sais te battre et as l'air d'y prendre de l'intérêt. C'est pourquoi j'en ai parlé autour de moi...\\
132 Elle souriait. Depuis le temps qu'elle était dans le groupe d'archers d'élite de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme reprit en souriant.\\
133 --- À partir de maintenant, tu viendras t'entraîner régulièrement à l'épée, ici. Cela te convient-t-il~?\\
134 Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
135
136 \recit{\christophe}
137
138 Jeune guerrier barbare
139
140 \recit{\ismael}
141
142 Apprenti paladin
143
144
145
146 \recit{\jerome}
147
148 \jerome prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment
149 était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
150 formaient d'excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
151 silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux
152 pieds, il était quasiment invisible dans la nuit. Ce n'était pas la
153 première fois qu'il s'adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière
154 d'ailleurs. À condition de ne pas tomber. Écartant cette pensée, il se
155 remémora ces dernières années, si bien remplies...
156
157 Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été
158 laissé plus ou moins à l'abandon, sa pauvre mère n'ayant pas les moyens
159 de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité. Il était très
160 doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
161 échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre. À
162 sa grande surprise, l'homme qui l'avait saisi la main dans le sac ne
163 l'avait pas dénoncé. À la place, cet étrange homme, mince et aux cheveux
164 blancs s'était présenté comme un assassin professionnel, et lui avait proposé de devenir son
165 apprenti. Il avait alors sept ans.
166
167 Depuis -- il esquissa un sourire à l'évocation de ce souvenir --, sa vie
168 avait radicalement changé. Déjà parce qu'il était logé, nourri et habillé
169 par son maître, mais surtout parce qu'il passait ses journées -- et
170 surtout ses nuits -- à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
171 furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et
172 stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir,
173 escalade. La ville était devenue un grand terrain d'entraînement et de
174 jeu.
175
176 Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
177 quelqu'un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s'assit sur
178 le rebord
179 pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants --
180 fêtards, malfaiteurs, gardes~? -- marcher dans la rue sans le voir. Il n'était qu'une ombre parmi les ombres
181 de la nuit.
182
183 Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
184 naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
185 L'escalade de ce bâtiment n'était pas particulièrement difficile, avec
186 toutes ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
187 commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au
188 cinquième étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne
189 lui en restait qu'un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point
190 d'attache parfait. Il sortit de son petit sac à dos en
191 cuir une corde et un grappin, qu'il lança avec habileté jusqu'au rebord
192 du toit. Après avoir vérifié la solidité de son attache, il grimpa
193 lestement jusqu'au sommet du bâtiment.
194
195 Assis sur le faîte du toit, son maître l'attendait en souriant. Était-il monté par
196 l'escalier~? Avait-il escaladé~? Plus rien ne le suprenait venant de lui
197 de toutes façons. Il regarda une montre à gousset.\\
198 --- Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.\\
199 Un peu essoufflé, \jerome sourit en rangeant son grappin et sa corde.\\
200 --- Je t'ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste
201 tout à fait honorable.\\
202 Il soupira. «~Tout à fait honorable~», c'était un sacré compliment venant de lui. Même si... ce n'était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se leva et s'étira calmement.\\
203 --- Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première mission.\\
204 \jerome le regarda, les yeux brillants.
205
206
207 \recit{ \remi}
208
209 \noindent --- Bon, allez, on fait une pause~?\\
210 À ces mots bénis,
211 \remi se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu'il lui restait à fendre et celles qu'il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l'ombre fraîche et accueillante d'un arbre. L'aîné des garçons sortit alors un petit pichet de vin, qu'il partagea.\\
212 --- On a bien avancé, encore quelques heures et on aura terminé je pense.\\
213 --- À part \remi, qui n'avance pas.\\
214 --- Héé, je te permets pas~!\\
215 --- Je rigole, te fâche pas. T'as pas nos bras, c'est tout.\\
216 --- En fait, t'es juste jaloux de \remi.\\
217 --- Quoi~?\\
218 Son frère aîné sourit.\\
219 --- Parce que c'est avec lui que la fille du cordonnier a bien voulu danser l'autre soir.\\
220 --- C'est avec son petit air d'elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n'aide pas à couper du bois.
221
222 \remi sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraî\-chissante, se remémorant la soirée de la veille.
223
224 C'est vrai qu'il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux, aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des arbres, comme leur père. Et pour cause~!
225 \remi, savait qu'il avait été trouvé bébé sur le pas de la porte de cette famille de bûcherons. Ils l'avaient adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses véritables origines. Il se demandait parfois ce qu'aurait été sa vie s'il n'avait pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu'il vivait.
226
227 Alors qu'ils s'apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats portaient l'enseigne de leur seigneur, sire \seigneurchloe, et se dirigaient vers la forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d'une simple tunique, d'un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs épées et boucliers au côté.\\
228 --- Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour nous et la damoiselle que nous escortons.\\
229 Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours masquaient l'intérieur.\\
230 --- Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de quoi souper et dormir.\\
231 --- Merci. L'un d'entre vous peut-il nous y conduire~?
232
233
234 \remi se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En chemin, l'un des soldats l'interrogea~:\\
235 --- Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu'un pour nous guider à travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu'un peut le faire~?\\
236
237 Il réfléchit quelques instants.\\
238 --- Il n'y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.\\
239 --- Vous êtes les enfants du bûcheron, c'est ça~?\\
240 --- Oui.\\
241 --- Quel âge as-tu~?\\
242 --- Seize ans.\\
243 --- Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu'en dis-tu~?\\
244
245 \remi se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. Était-il à la hauteur~? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d'autre guide possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt, puisqu'il y passait une bonne partie de son temps libre.\\
246 --- D'accord.
247
248
249 \recit{\aure}
250
251 \noindent --- Oui, \aure, tu voulais me voir~?\\
252 La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d'une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés.
253 Cet endroit était si impressionnant. Et son père avait l'air si imposant quand il était assis sur son trône~! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et constatant qu'il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses bras.\\
254 --- Papa, je voudrais apprendre à me battre.\\
255 Il fronça les sourcils.\\
256 --- Pourquoi~? Il y a bien plus intéressant à faire, pourtant~! Quelque chose te manque-t-il~?\\
257 Elle soupira.\\
258 --- Je m'ennuie. J'ai déjà appris à m'occuper des poneys du clan, à soigner les animaux et les autres elfes, je connais les secrets du tissage et du pain elfique, et j'ai aussi appris à jouer de la harpe.\\
259 --- Tu y parviens à merveille d'ailleurs, surtout le soin. Tu surpasserais presque ton maître~!\\
260 --- Oui, et... c'est pour ça que j'ai envie de faire autre chose.\\
261 Il réfléchit. Ses grands frères et s{\oe}urs avaient fini par s'intéresser à la politique du clan, ce qui en compliquait nettement la gestion, tout en créant certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut-être mieux qu'elle s'entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun champ de bataille de sa vie -- ou alors que de loin --, du moins il l'espérait, que risquait-il~?\\
262 --- Papa, n'es-tu pas toi même un excellent archer~?\\
263 Il soupira.\\
264 --- C'est vrai. Du moins, c'était vrai jusqu'à il n'y a pas si longtemps... J'allais même disputer des tournois chez les humains.\\
265 Chez les humains... On disait tant de choses des humains~! Elle ne savait même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l'arc plutôt que sur les humains, c'était nettement moins dangereux.
266 --- Soit. Je t'enverrai dès demain un professeur de tir à l'arc~: une des meilleures archères de mon escouade d'élite.\\
267 Le visage d'\aure s'illumina.
268
269 \recit{\seve}
270
271 Grande prêtresse de \deesse.
272
273
274
275 %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%
276 %%%%%%%%%%%%% fin présentation personnages
277 %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%
278
279 \recit{\christophe}
280
281 Prisonnier~! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d'un clan ennemi, et ils n'avaient rien pu faire. Ceux qui n'étaient pas morts au combat avait été fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses enrageaient. C'était peut-être encore pire que de mourir libre, l'épée à la main...
282
283 Après une journée de marche intensive, sa colère brute s'était estompée, contrairement à ses compagnons d'infortune, et il s'était mis à réfléchir. Il allait se venger et venger sa famille, c'était sûr. Mais pour cela, il lui fallait d'abord se libérer. Alors qu'ils étaient tous enfermés dans un enclos de fortune, comme des animaux, \christophe observa ses chaînes. De simples anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s'endormir, épuisé, il les examina longuement. L'un des anneaux, le huitième qui partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait un peu moins solide. Plus précisément, il n'était pas parfaitement fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l'anneau restait extrêmement dur. Comment pouvait-il espérer se libérer avec si peu~?
284
285 Les jours qui suivirent furent tout aussi difficiles. \christophe subissait les coups sans broncher et ne cherchait pas à se rebeller contre ses ennemis, ce qui lui permettait d'éviter de recevoir trop de coups de fouets. Peut-être pensaient-ils briser sa volonté rapidement -- il était plus jeune et moins costaud que beaucoup de ses compagnons --, et dans ce cas tant pis pour eux.
286
287 Le cinquième jour, l'expédition sembla rejoignit camp nettement plus important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus d'ennemis qu'il n'avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu'il y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il entr'aperçut même celui que ses ennemis appelaient le «~roi~», le chef de ce grand clan barbare.
288
289 Leur petit groupe rejoignit d'autres prisonniers, enchaînés eux aussi, dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet, et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s'enfuir à présent~? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se retint de hurler -- d'abord parce qu'un barbare, ça ne crie pas de douleur, et ensuite parce que ce n'était pas la peine d'attirer des coups de fouet ou de bâton en plus.
290
291 Une fois seul, il observa l'objet qui était rentré dans son pied nu. Il s'agissait d'un clou, enfin, d'un morceau de métal pointu vaguement muni d'une tête, dont le clan ennemi s'était servi pour assembler les rondins de bois en barricade autour des prisonniers. Le métal était très dur... Il avait peut-être une chance de s'en tirer, en fait.
292
293 \recit{\jerome}
294
295 Cela faisait deux jours qu'il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe et le tranchant brillants, afin d'éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un peu en retrait, dans une cachette, son sac à dos, contenant de quoi survivre, ainsi qu'un assortiment de poisons et antidotes. Il vérifia encore une fois le fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet, qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était prêt.
296
297 Devant lui, s'étendait le campement du roi \nomroibarbare. Combien étaient-ils~? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son maître, ce n'était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le problème pouvait être réglé plus simplement qu'en envoyant une armée...
298
299 Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou semblaient se débattre des prisonniers, visiblement d'une tribu rivale. Il nota cette information, cela pourrait faire une diversion efficace au besoin.
300
301 Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement, visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan. Mais il n'était pas tout à fait sûr de l'endroit où se trouvait leur roi. Il lui faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait nettement la tâche.
302
303 Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s'effondrer d'épuisement, il semblait très affairé à observer ses chaînes. Que faisait-il donc~? Il s'approcha doucement, tout en restant à couvert. Il vit alors que le jeune barbare s'efforçait d'ouvrir l'un des maillons de sa chaîne, en s'aidant d'un vieux clou comme levier. Il progressait très lentement, mais il persévérait, et se hâtait de cacher son ouvrage dès qu'un garde s'approchait de lui.
304
305 \recit{\christophe}
306
307 Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s'échapper de l'enclos, esquiver les gardes ou s'en débarrasser, et gagner le petit bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite. Quand il en aurait les moyens. De plus, s'il n'était plus attaché au sol, ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc limités.
308
309 Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour éviter de faire du bruit, et profitant d'un instant où la lune se cachait derrière un nuage complice, il escalada doucement la balustrade. Le garde regardait dans une autre direction. Encore une dizaine de mètres et tout serait bon... Il marchait avec toutes les précautions possibles. Pourtant, ce ne fut pas suffisant. Était-ce son pas~? Ses chaînes~? Son souffle~? Un hasard~? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier l'alerte.
310
311 C'est alors qu'une frêle silhouette, aussi noire que la nuit, bondit sur le garde, lui trancha la gorge tout en l'empêchant de crier, et l'accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la balustrade. Tout s'était passé en si peu de temps, et pas le moindre bruit n'avait filtré. \christophe était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou ennemi~?
312
313 La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit bois. Décidant que, de toutes façons, il verrait ça plus tard, il se hâta vers le petit bois, où l'étranger le rejoignit rapidement, sans faire le moindre bruit.\\
314 --- Qui es-tu~? Lui demanda-t-il.\\
315 --- Je suis un guerrier du clan \nomclan. Nous avons tous été tués ou fait prisonniers. J'ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu~?\\
316 Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.\\
317 --- Je suis envoyé pour assassiner le roi \nomroibarbare. Je suppose que tu aimerais te venger, non~? Peut-être pouvons-nous nous entraider~?\\
318 \christophe se demanda un instant comment un homme aussi frêle pouvait se charger de cette tâche. Puis la vision de l'assassinat du garde lui revint en mémoire, et il hocha la tête. De toutes façons, ce gars était dangereux, mieux valait être de son côté. Et puis n'importe quel côté valait mieux que celui de son ennemi.\\
319 --- J'ai pu observer. Dans les quatre tentes qui sont là-bas, le roi dort dans celle qui est la plus opposée à nous. Il y a deux gardes devant, mais c'est tout. Il a une sorte de... couronne~? Un bandeau de cuir autour du front, avec des pierres précieuses rouges dessus.\\
320 Il reprit son souffle. Il n'avait pas l'habitude d'expliquer aussi longuement, d'habitude ses camarades s'arrêtaient aux quatre premiers mots. Mais l'étranger l'écoutait attentivement, tout en sortant un sac en cuir d'un arbre creux, et en fouillant dedans.\\
321 --- Dans la tente qui est du côté de la lune, il y a d'autres chefs barbares, en dessous de lui. Celle qui est la plus proche de nous contient son trésor de guerre, enfin je crois. La dernière, je crois qu'il y a des prisonniers importants.\\
322 Le jeune homme le regarda, en sortant un outil de son sac.\\
323 --- Comment as-tu vu tout ça~?\\
324 --- Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais seul, comment faire...
325
326 Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.\\
327 --- Donne moi tes poignets.\\
328 Il obéit, et l'étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et rapidement les chaînes qui le retenaient.\\
329 --- Maintenant, il va y avoir moyen de mettre cette vengeance en pratique.
330
331 Il lui sourit, et \christophe lui rendit son sourire. Ami.
332
333 \recit{\jerome}
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335 Décidément, ce jeune barbare était hors du commun. Il n'avait pas l'air si différent des autres, et pourtant il avait réfléchi et observé, espérant la vengeance qu'il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
336 Sans compter qu'avec les informations qu'il avait, il allait enfin pouvoir mettre en place l'assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa liberté.\\
337 --- Bon, voilà ce que nous allons faire.\\
338 Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement. Le barbare fronça les sourcils, jeta un oeil vers le camp, puis vers le plan, et sembla comprendre.\\
339 --- Je vais m'occuper de neutraliser les deux gardes du roi. Tu vas pouvoir entrer dans la tente du roi, je te laisse le plaisir de l'assassiner, je crois que tu en es parfaitement capable. Au besoin je viendrai t'aider. Pendant ce temps, je vais aller libérer les prisonniers importants dans la tente d'à côté.\\
340 --- Mais on va être découverts, ils vont donner l'alerte, non~?\\
341 --- Oui, évidemment. Mais la panique qui va se créer va nous aider à nous enfuir.\\
342 --- Si on a le temps, tu crois qu'on peut libérer les autres~?\\
343 --- Éventuellement, on verra. Ça te va~?
344
345 Le barbare réfléchit encore un instant.\\
346 --- Je n'ai pas d'épée. Les chaînes, c'est bien pour donner des coups de poing, mais pour tuer rapidement, ça ne marche pas bien.\\
347 --- Tu as raison. L'homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois. Cela te conviendrait~?\\
348 --- Oui. D'ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu'ils ne voient qu'il est mort. Les gardes changent de temps en temps.\\
349 Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra, et ils se sourirent.
350
351 \recit{\christophe}
352
353 La suite se passa comme dans un rêve. Son compagnon, malgré sa silhouette si frêle, était un combattant extraordinaire et n'eut aucun mal à maîtriser les gardes qu'ils croisèrent. Et tout s'était passé sans bruit, c'était extraordinaire. Il pénétra rapidement dans la tente du roi. Enfin~! Il s'efforça de ne pas faire de bruit.
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356 %%%%%%%
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359 \recit{\ismael}
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361 Enfin, il avait le droit de sortir du temple~! À la fois émerveillé et surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n'est pas qu'il n'avait vu personne dans le temple, mais l'attitude des gens y était fort différente. Par crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s'aimer et se détester, bref, être humains.
362
363
364 La rue qu'il suivait était si animée, malgré l'heure très matinale, qu'il regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons, il aurait d'autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec maître \maitreescrime, qui devait lui enseigner l'art de l'épée. Il existait beaucoup de maîtres d'armes, mais le prêtre qui s'occupait de son éducation et lui avait appris les bases avait senti les capacités de son élève, et avait décidé de l'envoyer chez le meilleur qui soit.
365
366 Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et s'adressa au garde qui en gardait l'entrée.\\
367 --- Excusez-moi, je dois voir maître \maitreescrime.\\
368 L'homme l'observa quelques instants. \ismael portait une longue tunique blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi qu'une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.\\
369 --- C'est vous le novice du temple de \deesse~? Il vous attend. Venez.
370
371 \ismael suivit le garde à l'intérieur. Un homme d'une quarantaine d'années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe~! C'était la première fois qu'il en voyait un. On lui avait dit qu'on croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s'y attendre. L'archer était vêtu d'une tunique verte, d'un pantalon blanc et d'une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L'homme sourit à l'elfe, alors qu'il entendit quelques morceaux de conversation.\\
372 --- ...mon grand-père fut sont maître d'escrime. Je serais très honoré d'être celui de son élève. Vous pouvez lui dire de me l'envoyer dès que possible.\\
373 L'elfe hocha la tête et sourit en retour, à l'instant où l'homme aperçut \ismael.\\
374 --- Ah, excusez-moi un instant. \\
375 Le garde qui l'accompagnait le présenta.\\
376 --- Un autre élève~! Quelle heureuse coïncidence. Vous a-t-on expliqué les modalités d'apprentissage ici~?\\
377 \ismael secoua la tête.\\
378 --- C'est très simple. Je ne demande pas d'argent en échange de mon enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient~?\\
379 \ismael hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie du temple~! Et puis, être traité comme un soldat, un garde comme les autres, cela le changerait. Fini le fils du baron, fini l'apprenti paladin. Le maître se tourna vers l'elfe, qui attendait en retrait.\\
380 --- La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.\\
381 L'archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme lui~? Un elfe~? Ça aussi, c'était nouveau et excitant. Il se demanda combien d'élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le guider hors de la pièce.
382
383 \recit{\christophe}
384
385 Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d'eux. Dans un coin, une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple. L'autre mur était un simple rideau, partiellement ouvert, derrière lequel se situaient deux autres lits. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait un peu de lumière dans ce qui n'était qu'un dortoir pour gardes. De toutes façons, il avait l'air infiniment plus confortable que le réduit qu'il louait jusque là, qui lui même était beaucoup plus agréable que de dormir à même le sol dans la plaine.
386
387 Il choisit un lit qui avait l'air inoccupé, et posa les quelques possessions qu'il avait dans le coffre. Puis il s'assit, pensif. Il avait réussi~! Maître \maitreescrime l'avait jugé digne de suivre son entraînement à l'épée, et d'intégrer la garde. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé que tous ceux qu'il avait faits jusque là, mais l'expérience serait sûrement très enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Allait-il rester à la garde après~? Il verrait bien.
388
389 Ses pensées furent interrompues par l'entrée d'un jeune homme, l'air un peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce, puis désigna le lit à côté du sien.\\
390 --- Celui-ci est libre~?\\
391 --- Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue~?\\
392 --- Oui. Je m'appelle \ismael.\\
393 --- Moi aussi, je suis nouveau. \christophe.\\
394 Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé \ismael serra. Le soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La tenue de prêtre l'intriguait.\\
395 --- Tu viens d'un temple~?\\
396 --- Oui, je suis un apprenti paladin de la déesse \deesse. On m'a envoyé ici pour apprendre l'escrime. Et toi~?\\
397 \christophe hésita quelques instants. Son physique trahissait ses origines barbares, de toutes façons. Il se décida, et raconta à son nouveau camarade, brièvement, son histoire. Loin de se moquer, celui-ci sourit.\\
398 --- Tu as de la chance d'avoir déjà vécu tout ça. Je suis resté enfermé dans un temple tout ce temps... La vie n'y était pas difficile, mais ennuyeuse~! Je suis vraiment heureux d'être ici, confia-t-il.
399
400 \christophe lui sourit en retour. Il avait entendu dire qu'on croisait des gens très différents à la garde, et ça commençait plutôt bien. Du bruit se fit entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
401
402 \recit{\denise}
403
404 La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et bien peu d'arbres... Et il y avait tant d'humains~! Certes, elle s'attendait à en voir, mais ici, il n'était même pas possible de les éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains originaux... Ils les regardaient, elle et l'archer qui l'accompagnait, d'un air curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu'on disait sur les humains n'était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa crainte.\\
405 --- Ne t'inquiète pas. Maître \maitreescrime est quelqu'un de très bien. Et il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous arrivons.
406
407 %%%% Libération seve
408
409 \input{arc_libeseve.tex}
410
411
412 %%%%%%%%%% R et C, 1
413 \input{arc_RC.tex}
414
415 %%%%%%%%% A & D
416
417 \recit{\aure}
418
419 Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi magnifiquement décorée, mais l'impressionnait bien moins qu'avant, et son air était décidé.\\
420 --- Ah, \aure. J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit.\\
421 Son père lui souriait. Avait-il l'intention d'accepter~?\\
422 --- Nous savons tous les deux que ce serait un grand honneur pour le clan d'avoir l'un des nôtres qui participe au grand tournoi humain de tir à l'arc, organisé par le duc \seigneurtournoi. Mon confrère appréciait particulièrement ma venue, même bien après que ma blessure m'empêche de viser droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes sylvains.\\
423 \aure n'ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.\\
424 --- J'ai discuté avec ton professeur de tir à l'arc, qui trouve que tu la surpasses quasiment. Nous pensons que tu ferais honneur au clan en participant à ce tournoi.\\
425 Elle sourit.\\
426 --- Cependant... J'ai peur pour toi.\\
427 Son visage se ferma. Le convaincre allait être compliqué.\\
428 --- Les humains n'aiment pas toujours les elfes, tu le sais.\\
429 --- Mais tu as déjà été chez les humains non~? Ils sont si... différents~? Si dangereux~?\\
430 Il soupira.\\
431 --- C'est différent. Déjà c'était il y a plus de dix ans, et les choses ont pu changer. Ensuite, tu es une femme.\\
432 --- Ça change quoi~?\\
433 --- Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à leurs parents ou maris... on n'imaginerait pas les voir se promener seules.\\
434 \aure ouvrit des yeux ronds d'incrédulité.\\
435 --- Sérieusement~?\\
436 --- Je l'ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n'est pas le cas dans toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc \seigneurtournoi, c'est le cas.\\
437 --- Tu penses que c'est vraiment dangereux~?\\
438 Il sourit.\\
439 --- Laisse-moi terminer. Je ne veux pas que tu y ailles seule, c'est tout. J'ai cherché le compagnon idéal pour te protéger.\\
440 \aure leva les yeux au ciel. Si son père savait qu'elle n'était plus aussi innocente qu'elle n'en avait l'air... Enfin bon, s'il fallait supporter un garde ou deux pour avoir un peu de liberté, ça pourrait peut-être le faire. Et puis il pourrait être sympathique, voire... plus~?\\
441 --- Je te présente \denise, une guerrière qui nous revient de chez les humains.
442
443 Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, d'une tunique mi-longue verte, d'un pantalon blanc, et des bottes. Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la princesse.\\
444 --- Merci. \denise, je te présente ma fille, \aure.\\
445 --- Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules chez les humains~?\\
446 --- D'abord, vous serez deux. Ensuite, \denise vient de passer cinq ans chez les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le maniement de l'épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te protéger.\\
447 --- Ça veut dire que tu me laisses y aller~?\\
448 Il sourit.\\
449 --- Oui. J'ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l'invitant à vous accueillir toutes les deux.\\
450 \aure retint un cri de joie.
451
452
453 \recit{\denise}
454
455 \denise était debout face à une table où s'étalait une carte, dans un salon du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s'attendait pas à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle~! C'était un grand honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission...
456
457 Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son professeur particulier de tir à l'arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu'en était-il en réalité~? Que serait le trajet avec elle~? Allait-elle devoir jouer les serviteurs en même temps que de garde du corps~? Elle n'était certainement pas très douée pour la première des tâches, en tous cas. Et savait-elle se défendre un minimum, ou allait-elle devoir la protéger à chaque pas~?
458 En tous cas, elle avait eu l'air vraiment heureuse de partir à l'aventure. Pouvait-elle l'en blâmer~? Elle-même l'avait été aussi...
459
460 C'est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient remplacé ses jolies sandales, et elle n'avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d'archerie, en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement.
461
462 Elle s'apprêta à s'incliner devant elle, mais \aure lui fit signe de s'abstenir. Elle s'approcha de la table.\\
463 --- Quel est notre trajet~?\\
464 \denise lui montra la carte étalée sur la table.\\
465 --- D'abord nous allons sortir de la forêt des elfes par ici, en quelques jours nous y serons. Après il nous faut traverser cette région des humains. Trois ou quatre jours. C'est proche de la capitale humaine, où on trouve de tout, et les gens y sont assez ouverts d'esprit, et plutôt accueillants. Attends-toi à des regards curieux, ils ne voient pas des elfes tous les jours non plus.\\
466 --- On ne verra pas la capitale~?\\
467 La jeune princesse prit un air déçu.\\
468 --- Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n'avons pas tellement le temps...\\
469 --- C'est dommage... On m'a dit que cette ville est très belle. N'est-ce pas là que tu as vécu~?\\
470 \denise sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines personnes qui y vivent.\\
471 --- Oui. Et croyez-moi, ça me ferait plaisir d'y retourner... Peut-être pourrons-nous y passer au retour~?\\
472 --- Comment dort-on chez les humains~?\\
473 --- Nous irons dans des auberges.\\
474 --- Cela veut dire qu'on va aussi manger de la nourriture des humains~? C'est bon~?\\
475 --- C'est différent, mais très bon aussi. Ne vous inquiétez pas pour ça.
476 Elle se retourna vers la carte.\\
477 --- Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus à l'aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n'aurons aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je dirais.\\
478 \aure pointa du doigt la zone de l'autre côté.\\
479 --- Et cette région, c'est celle du duc \seigneurtournoi~?\\
480 --- Presque, c'est celle d'un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et encore celle-ci, avant d'arriver, après deux jours, au château du duc, enfin. C'est cette région qui est particulière~: ils n'aiment pas trop les elfes et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux dieux.\\
481 --- Qu'est-ce qu'on fera~?\\
482 --- Cela ne veut pas dire qu'ils vont nous attaquer, en principe, ils respecteront ta couronne de princesse et ton rôle d'ambassadrice. Mais on n'y sera pas forcément très bien vues. Au pire, on évitera les villages, et c'est tout.\\
483 --- Et le duc, ça ne le gène pas~?\\
484 --- D'après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère d'ailleurs que notre venue puisse changer --un petit peu-- les choses... Mais nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous dire.
485
486 Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu'elle vérifiait son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir, qu'elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches, elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté. Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague. Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et fournissait un morceau de sangle en cas de besoin. Là encore, c'était un souvenir pratique de chez les humains. Puis elle vérifia le contenu de son sac. Tout était bon. Sauf peut-être de quoi se soigner en cas de problèmes. D'accord, il n'y aurait probablement pas de problèmes. Mais...\\
487 --- Princesse~?\\
488 --- Oui~?\\
489 Elle hésita une seconde. Est-ce que ce genre de chose se demande à une princesse~?\\
490 --- J'ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse~?\\
491 La jeune princesse sourit.\\
492 --- En effet. Je pensais d'ailleurs emmener quelques baumes et de quoi panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile~?\\
493 Elle poussa un soupir de soulagement.\\
494 --- Oui, tout à fait.\\
495 La princesse sourit, puis ajouta.\\
496 --- Est-ce que je peux te demander quelque chose d'un peu... inhabituel~?\\
497 --- Euh... oui~?\\
498 --- À l'instant où on quitte le village des elfes, arrête de m'appeler princesse. Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S'il-te-plaît.\\
499 \denise se redressa, suprise et soulagée en même temps. \\
500 --- D'accord.
501
502
503 \recit{\aure}
504
505 \aure examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble. Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle voulait poser des questions sur tout, mais \denise n'était pas encore montée.
506
507 Trois jours qu'elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début d'après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu effrayée, elle n'avait pas quitté sa compagne --qui semblait très à l'aise-- d'une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance, et elles s'étaient dirigées vers l'auberge.
508 Le repas qui y avait été servi --une soupe de légumes et de lard, avec du pain des humains-- avait été une nouvelle surprise. Sa compagne l'avait dévoré avec appétit, mais elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il paraît qu'on s'y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait bien.
509
510 À cet instant, \denise entra dans la pièce.\\
511 --- Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n'es pas encore couchée~?\\
512 --- J'avoue que... ces lits m'intriguent...\\
513 Elle sourit.\\
514 --- Si tu ne te sens pas à l'aise, tu peux toujours t'enrouler dans ta couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d'être plus épaisses pour être aussi chaudes, c'est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais elles sont très bien~!\\
515
516 Sans attendre sa réponse, \denise se déshabilla et se glissa rapidement entre les draps. Un peu hésitante, elle l'imita. Ce n'était pas aussi inconfortable qu'à première vue, finalement.\\
517 --- Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet~?\\
518 --- Rappelle-toi que les humains voient très mal dans l'obscurité, ainsi ils utilisent beaucoup plus de lampes que nous. Imagine-toi que là, pour lire, ils ont besoin de lumière supplémentaire.\\
519 --- Ça doit être difficile d'être un humain~! Comment font-ils~?\\
520 --- Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des solutions~? C'est incroyable ce que les humains peuvent être plein de ressources et d'idées, parfois...
521
522
523 \aure fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les sourcils. Un homme s'était éloigné à la table la plus loin d'elles lorsqu'elles étaient entrées dans la taverne.\\
524 --- Pourquoi certains humains nous détestent~?\\
525 Elle l'entendit soupirer.\\
526 --- Déjà parce que nous sommes différents. Pour certains, avoir des oreilles pointues ou pas de barbe, ça suffit. Ensuite, je crois que certains nous envient. Ils nous trouvent plus beaux, plus intelligents, plus agiles. D'autres voient plutôt que nous sommes plus frêles, moins forts physiquement, que nous vivons dans les arbres, et nous voient comme des animaux sauvages. Il y a peut-être souvent un mélange des deux...\\
527 Elle marqua une pause, puis reprit.\\
528 --- Et il y a, surtout, la différence des m{\oe}urs. Tu sais, depuis mon retour, j'ai un cousin qui m'ignore royalement, parce que soi-disant, je suis «~devenue humaine~». Comme quoi, il ne faut pas grand chose... Et puis il y a autre chose aussi. Les humains ne contrôlent pas leur fertilité.\\
529 --- Sérieusement~?\\
530 --- Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu'il est très mal d'avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.\\
531 --- C'est un peu vrai chez nous, non~?\\
532 --- Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez coincés sur le sujet... Ajoute à ça le fait que certains considèrent qu'une femme doit être soumise, et je te laisse imaginer la réputation qu'on peut avoir auprès d'eux...\\
533 --- Forcément, vu comme ça...\\
534 --- Cela dit, ne t'inquiète pas trop, ça ne veut pas dire qu'on est en danger chez les humains. Je crois te l'avoir déjà dit, mais même s'ils ne nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou simplement parce qu'ils n'ont pas envie de s'en mêler. Donc pas d'inquiétude.
535
536 Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d'autres questions qu'elle voulait poser. Et les autres races~? Les nains, par exemple, en avait-elle croisé~? Mais elle entendit à sa respiration qu'elle s'était endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours qui viennent.
537
538
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540 \recit{\denise}
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542 La forêt, enfin~! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, elle appréciait être au calme en forêt. \aure semblait elle aussi de nouveau à son aise, bien qu'elle se soit accoutumée très rapidement. Elle avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d'\aure était vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec une amie et non une princesse.
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544 C'est vers le début de l'après-midi qu'elles entendirent un bruit inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent, puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s'approcher prudemment. À cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns des autres, ce qui leur permit d'arriver de façon très discrète. Quelques minutes plus tard, la scène s'étalait sous leurs yeux.
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546 Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval --certains avaient mis pied à terre-- les défendaient contre un groupe de pillards qui les avait pris en embuscade. \denise observa la scène pendant quelques secondes, surprise. Les soldats avaient fort à faire, avec les brigands qui semblaient chercher à atteindre le carosse décoré en priorité. Il ne restait qu'un garde pour défendre le second, d'où elle vit apparaître une tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais difficilement.
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548 \aure n'était plus à côté d'elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de bataille.
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550 Le trait fin et meurtrier, partant de l'arbre, toucha dans la nuque l'un des brigands, qui s'effondra. L'un des survivants, méfiant, fit signe à son comparse de rester face au garde pendant qu'il allait voir ce qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se retrouvant subitement face à \denise, il poussa un cri de surprise, qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu'à être au bord du sentier. Le brigand restant, le plus fort des trois, avait acculé le garde jusque contre la porte du carosse, et lui avait porté un coup violent au bras droit, lui faisant lâcher son épée. Parant les coups qu'il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la carrure imposante de l'homme qui s'effondrait lentement, et disparut à nouveau dans le buisson. Une seconde avant d'être parfaitement dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l'autre carosse, un quatrième homme qui courait vers elle. Il l'aperçut, et ouvrit la bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans l'{\oe}il.
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552 Elle rejoignit \aure dans l'arbre et lui sourit.\\
553 --- Merci, c'était tout juste.\\
554 Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre ce qui s'était passé. À côté de l'autre carosse, les autres gardes avaient repris le dessus sur les brigands, et les survivants étaient en fuite. Elle remarqua alors que sa compagne, qui n'avait pas bougé, tremblait légèrement.\\
555 --- C'est la première fois que tu tires sur quelqu'un~?\\
556 --- Oui...\\
557 Elle lui posa la main sur l'épaule, doucement.\\
558 --- Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.
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560 \recit{\aure}
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562 Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d'instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s'impliquer dans un combat d'humains qui ne les concernait pas~? Pourtant son amie avait fait de même. Elles avaient failli être vues d'ailleurs... Elle réalisa qu'elle avait laissé quelques flèches... y feraient-ils attention~? Et qui étaient ces gens dans les carosses~? Trop de questions se bousculaient dans son esprit.
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564 Elles s'arrêtèrent face à une large rivière, qu'elles longèrent jusqu'à trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le cours d'eau. Ils les aperçurent avant qu'elles n'aient le temps de se cacher. D'abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent rapidement vers elles. Elle reconnut l'un des brigands qui avait attaqué les voyageurs... Le premier souriait.\\
565 --- Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles ce soir...\\
566 --- Méfie-toi, elles sont armées quand même.\\
567 --- Et alors~? Moi aussi.\\
568 \aure encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle entendit son amie dégainer son épée à côté d'elle, et s'adresser à eux.\\
569 --- Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites encore un pas, et vous êtes morts.\\
570 Deux des hommes hésitèrent. Le premier qui avait parlé ne sembla pas prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s'effondra à ses pieds, la poitrine transpercée d'une flèche. \denise était restée en garde à ses côté et n'avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et s'éloignèrent rapidement.
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572 \noindent --- Bien joué, \aurecourt.\\
573 Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis était revenue près d'elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de l'admiration dans son regard.\\
574 --- Bon, on la traverse cette rivière~?\\
575 --- Oui, oui... Est-ce qu'on va croiser d'autres brigands dans cette forêt~?\\
576 \denise, qui s'avançait déjà dans l'eau, haussa les épaules.\\
577 --- J'espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On va s'éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.
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579 Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un moment, sans rien dire.\\
580 --- Ça va, \aure~?\\
581 --- Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.\\
582 Son amie la prit par les épaules.\\
583 --- Tu as fait exactement ce qu'il fallait faire. Tu es une vraie combattante, maintenant.\\
584 Elle sourit.
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586 %%%%%%% R, C & D, A
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588 \input{arc_RCDA.tex}
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590 %%%%%% I et C (mais pas que)
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592 \input{arc_CI.tex}
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596 \end{document}