+class="newline" />Zach tourna la tête vers eux, mais Sam répondit avant lui.<br
+class="newline" />— Ah, ça, je sais. C’est l’histoire dont je t’ai parlé hier, Uhr, et dont tout le
+monde parle... La nuit précédente, une horde de brigands aurait attaqué
+une noble dame et un chevalier serait venu à son secours... On raconte qu’il
+a combattu cent hommes, durant toute la nuit, et qu’il a pu en venir à bout,
+gravement blessé. Au matin, il aurait traversé le village sur sa monture,
+avec sa dame, pour la ramener en son château et s’effondrer d’épuisement
+sur le pont-levis.
+<!--l. 432--><p class="indent" > Zach haussa un sourcil, retenant un sourire.<br
+class="newline" />— Hé bien, commença Uhr. Et les cendres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Les villageois sont venus nettoyer l’endroit et ont brûlé les corps.<br
+class="newline" />— Et quelle est la part de vrai là-dedans, s’il y en a une<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Sam sourit.<br
+class="newline" />— Quoi, un brave chevalier contre cent brigands, ce n’est pas crédible<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je
+plaisante. J’ai recoupé quelques informations çà et là... tout n’est pas très
+clair. Mais il y avait vraisemblablement une dizaine d’hommes. Et, comme
+je te l’ai dit hier Uhr, la noble dame en question n’est autre que Sélène de
+Quayle.
+<!--l. 441--><p class="indent" > Le demi-sourire de Zach se figea, en même temps que Farl se retournait
+pour suivre la conversation.<br
+class="newline" />— ... mais peut-être que notre guide, qui est du coin, est plus au courant
+que nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? reprit-elle.<br
+class="newline" />Le guide en question poussa un soupir et se retourna vers la route.<br
+class="newline" />— J’étais avec les habitants du village quand il a fallu... nettoyer la route.
+Ce n’était pas un travail agréable croyez-moi... Je confirme la dizaine,
+ajouta-t-il. Et la dame en question est bien la fille du seigneur Assem,
+Sélène. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous la connaissez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 446--><p class="indent" > Uhr hésita. Que pouvait-il lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il jeta un regard à Sam, qui fit une
+moue. Apparemment, pour elle, non. Le regard de Farl passa de Zach à lui,
+
+
+et dans l’autre sens. Puis il haussa les épaules. Il lui laissait la décision.
+Après tout, lui donner quelques éléments et observer sa réaction pouvait
+être intéressante...<br
+class="newline" />— Nous avons quelques éléments qui nous font penser qu’elle pourrait être
+liée à cette histoire d’araknes.<br
+class="newline" />Zach lui tournait le dos, semblant observer attentivement la route. Mais il
+avait quand même sursauté, et son cheval aussi.<br
+class="newline" />— Euh, je ne sais pas ce qui vous fait penser ça, commença-t-il après un
+petit moment de silence. Mais je suis persuadé qu’elle n’a rien à voir
+là-dedans.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui te fait dire ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu la connais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide ne répondit pas tout de suite. Il arrêta sa monture, mit pied à
+terre, et désigna un fourré. De là partait un étroit sentier, probablement
+taillé par des animaux.<br
+class="newline" />— C’est par là. J’ouvre la marche, suivez-moi.<br
+class="newline" />Puis il se retourna vers lui, hésita, mais ajouta tout de même<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Quand je suis tombé sur ces créatures, elle était avec moi. Nous avons
+fait face tous les deux.
+<!--l. 456--><p class="indent" > Il se remit en selle et s’engagea dans les sous-bois. Farl le suivit, puis
+Sam, non sans lui avoir jeté un regard surpris. Il se retrouva à fermer la
+marche. Le sentier, qui n’en était pas vraiment un, était bien trop étroit
+pour qu’ils puissent marcher à deux de front. Ils avaient convenu de cette
+configuration, qui était probablement la meilleure, mais pas pour discuter.
+Et Zach était tout devant...
+<!--l. 458--><p class="indent" > Sam se retourna sur sa selle pour lui parler à mi-voix.<br
+class="newline" />— Comment se fait-il qu’il ait été avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que vient faire le chevalier
+là-dedans<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne comprends plus, ou alors il nous raconte n’importe
+quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Cela expliquerait qu’on ait perdu trace de Sélène aux abords de la
+forêt... Si elle a décidé d’engager un guide pour traverser la forêt
+discrètement...<br
+class="newline" />— Tu crois qu’on peut faire confiance à ce guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’est pas parce qu’il
+est réputé pour ses compétences de pisteur qu’il n’est pas impliqué dans
+une histoire compliquée.<br
+class="newline" />— Je n’en suis pas tout à fait sûr, évidemment. Mais dans ce cas, pourquoi
+
+
+aurait-il accepté de nous emmener là où sont les araknes, maintenant qu’il
+sait ce qu’on cherche<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il pourrait nous emmener dans un piège...
+<!--l. 465--><p class="indent" > Il resta quelques instants silencieux, se concentrant sur sa monture qui
+avait du mal à passer un fossé avec son chargement. Oui, ils étaient
+peut-être en train de courir droit dans un piège. Il se rassura en
+se disant qu’il avait envoyé un messager avec un rapport précis,
+et chiffré, au capitaine Mazrok. Mais il mettrait plusieurs jours à
+arriver.<br
+class="newline" />— Sam<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle se retourna à nouveau.<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Penses-tu que tu pourrais envoyer un message par enchantement au
+capitaine<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules.<br
+class="newline" />— C’est épuisant, mais s’il le faut... Tu veux que je dise quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Lui expliquer brièvement la situation, et où nous allons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’il s’alarme
+de ne pas avoir de nouvelles de nous d’ici une semaine<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il ne retiendra pas tous les détails, dans un rêve, mais je suppose qu’il
+saisira l’idée. J’imagine que tu aimerais que j’y mette le visage de
+Zach...<br
+class="newline" />— Pourquoi pas.<br
+class="newline" />— Par contre, il va falloir que je m’isole pendant un bon moment... Ce ne
+sera pas très discret. On lui dit quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On lui dit tout.<br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu es fou<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il est pour le moment seul avec nous trois. Il saura que nous avons
+envoyé ces messages. Que peut-il faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Sam marqua un temps d’arrêt avant de répondre.<br
+class="newline" />— Tu marques un point. Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée
+mais... fais comme tu le sens.
+<!--l. 482--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 484--><p class="indent" > Le soir était tombé. Ses compagnons l’avaient aidé à installer le
+camp avec une certaine efficacité, ils n’en étaient pas à leur première
+
+
+expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s’étaient installés autour d’un
+petit feu de camp pour partager leur repas, et l’ambiance était assez
+détendue.
+<!--l. 486--><p class="noindent" >— Penses-tu que nous aurons besoin de monter la garde cette nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda Uhr.<br
+class="newline" />— En cette saison et dans le coin, je m’en passe habituellement. Mais vu les
+circonstances...<br
+class="newline" />— Tu fais référence à ce qui s’est passé il y a quelques nuits aux abords du
+village.<br
+class="newline" />Il soupira. Il aurait voulu éviter de parler de cet incident, mais...<br
+class="newline" />— Oui.
+<!--l. 492--><p class="indent" > Uhr semblait avoir senti sa réticence. Il marqua une pause, puis
+reprit.<br
+class="newline" />— Écoute, j’ai l’impression que tu ne veux pas raconter ce qui s’est vraiment
+passé lors de ta dernière trarsée, avec Sélène.<br
+class="newline" />— Euh...<br
+class="newline" />— Je n’en connais pas la raison, même si j’ai une petite idée là-dessus. Or
+il se trouve que savoir ce qui s’est réellement passé nous aiderait
+beaucoup dans notre mission... Alors je vais tout te révéler de la
+nôtre. Si, après ça, tu estimes toujours nécessaire de garder ton
+secret...<br
+class="newline" />Uhr échangea un regard avec Sam et Farl, qui hochèrent la tête. Puis il
+commença son récit.
+<!--l. 501--><p class="indent" > Le feu avait sérieusement diminué. Il rajouta machinalement
+quelques branches. Quelque chose lui disait qu’ils n’étaient pas encore
+couchés.<br
+class="newline" />— Voilà, tu sais à peu près tout ce que nous savons de cette affaire. Quant à
+Sélène... Elle fait partie de ces gens qui connaissaient Septim, et qui a
+quitté la ville peu de temps avant cet... accident.<br
+class="newline" />— Vous allez m’apprendre que Sélène est une magicienne<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, répondit Uhr en soupirant. Tu as deviné, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non. Je le savais déjà, et c’est la raison pour laquelle j’évitais de vous
+parler d’elle à la base.
+<!--l. 509--><p class="indent" > La surprise se dessina sur le visage de ses trois interlocuteurs. Il étendit
+
+
+sa jambe droite, et désigna un accroc réparé sur son pantalon.<br
+class="newline" />— Une de ces créatures m’a mordue. Sans ses soins magiques, je serais
+mort.<br
+class="newline" />Il marqua une pause, puis soupira. Au point où il en était.<br
+class="newline" />— Et puisque j’y suis, je vais vous raconter le reste.
+<!--l. 514--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 516--><p class="indent" > Le feu s’était presque éteint. Il commençait à être tard.<br
+class="newline" />— Je comprends mieux ton hésitation, commença-t-il. Des créatures
+cauchemardesques, une cliente qui s’avère être une sorcière, des elfes
+trouvées sur le chemin, et un paladin qui débarque d’on ne sait-où, je pense
+qu’il y a de quoi te demander d’aller décuver. <br
+class="newline" />Zach eut un sourire amer.<br
+class="newline" />— Dans le meilleur des cas, oui... Honnêtement, reprit-il, si je ne vous avais
+pas rencontrés, je crois qu’au bout d’un moment j’aurai cru avoir rêvé tout
+cet épisode.<br
+class="newline" />Sam hocha la tête.<br
+class="newline" />— J’imagine. Rassure-toi, pour nous cela ne pose pas de problèmes. Nous
+croisons régulièrement à la capitale des mages et des elfes, et nous
+n’avons rien contre eux. Surtout Farl, ajouta-t-elle en lui adressant un
+sourire.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules. De toutes façons, il n’avait pas de nouvelles d’elle
+depuis un moment alors... Et puis il n’avait pas envie de parler de tout cela
+maintenant, alors qu’ils avaient plus important à s’occuper. De toutes
+façons, Zach n’avait heureusement pas relevé cette remarque.
+<!--l. 537--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 539--><p class="noindent" >— Avec tout ça, j’ai du mal à imaginer Sélène avoir un rapport avec votre
+affaire... Pourquoi aurait-elle voulu traverser la forêt seule avec moi, sachant
+qu’elle risquait de rencontrer les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— C’est vrai, admit Uhr. Mais d’après ton récit elle n’avait pas l’habitude
+d’aller en forêt. Tu aurais eu des doutes si elle t’avait demandé de changer
+de route au milieu, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se remémora les premiers jours avec la jeune femme. Si en réalité elle
+connaissait la forêt, elle était excellente comédienne.<br
+class="newline" />— Elle m’a tout de même sauvé de la morsure de ces créatures, en prenant
+le risque de révéler le fait qu’elle est magicienne...<br
+class="newline" />— Elle devait savoir que, sans toi, elle n’avait aucune chance de sortir de la
+forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? proposa Sam.
+<!--l. 545--><p class="indent" > Il devait admettre que l’argument était plutôt logique. Elle avait eu
+l’air aussi horrifiée et effrayée que lui de rencontrer ces créatures.
+Mais avait-il vraiment observé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait vraiment du mal à imaginer
+Sélène en complice de meurtre et en comploteuse. Mais si c’était
+vrai<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cependant je reconnais, reprit Uhr, interrompant ses pensées, que si elle
+savait à propos de ces créatures, il aurait été plus malin d’attendre le convoi
+officiel une semaine plus tard. Sauf si elle avait une raison de quitter la
+province au plus vite... <br
+class="newline" />— Vous pensez encore sérieusement qu’elle a quelque chose à voir
+là-dedans<span class="frenchb-thinspace"> </span>? insista-t-il.<br
+class="newline" />Uhr haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Disons que je reste pour le moment réservé sur ce sujet.
+<!--l. 551--><p class="noindent" >— En dehors de cela, ajouta Sam, on peut tout de même noter un point
+important<span class="frenchb-nbsp"> </span>: deux autres personnes sont au courant pour les araknes, les
+deux elfes dont tu m’as parlé.<br
+class="newline" />— Oui. Et elles se rendent au château du duc De Vane, pour ce fameux
+tournoi de tir à l’arc. Je leur ai conseillé de ne pas passer par les grandes
+villes. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous voulez leur parler aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oh, je suis peut-être un peu paranoïaque. Je ne pense pas qu’« on »
+cherche à les faire disparaître, mais... penses-tu qu’elles arriveront saines et
+sauves à leur destination<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Zach marqua une seconde de pause, le temps de se remémorer les flèches
+acérées de l’une et l’épée tranchante de l’autre.<br
+class="newline" />— Ça devrait aller.<br
+class="newline" />— Cela dit, interrompit Uhr, l’idée d’aller leur parler n’est pas si absurde.
+Ne serait-ce que pour les prévenir. Mais nous n’en avons pas le temps, nous
+avons une autre mission en vue.<br
+class="newline" />Sam se leva.<br
+class="newline" />— Oui. En ce qui me concerne, je vais... aller envoyer un message.<br
+class="newline" />Elle jeta un regard à son compagnon, qui sembla comprendre.<br
+class="newline" />— Pardon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Zach.<br
+class="newline" />— C’est un peu compliqué à expliquer pour le moment. Par contre, c’est
+trop épuisant pour qu’en plus de cela, je monte la garde ce soir. Ça ira à
+vous trois<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh oui.<br
+class="newline" />— Je commence, proposa Uhr.
+<!--l. 565--><p class="indent" > Il y avait eu un peu trop d’informations ce soir pour qu’il se préoccupe
+de ce détail. Il vérifia rapidement l’état du feu et s’enroula dans sa
+couverture. Il vit Farl faire de même. Il remarqua alors que le jeune
+ménestrel était resté silencieux durant la fin de la conversation,
+probablement épuisé lui aussi.
+<!--l. 567--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 569--><p class="indent" > La journée s’était déroulée sans encombres, et ni Zach, ni ses deux
+compagnons n’avaient abordé leur affaire compliquée. L’ambiance était
+plutôt détendue, et ils avançaient plutôt efficacement, même si les chevaux
+n’allaient pas aussi vite que sur un vrai sentier.
+<!--l. 571--><p class="indent" > On était en fin d’après-midi. Il commençait à faire chaud, et la petite
+rivière qu’ils venaient d’atteindre avait un côté rafraîchissant rien qu’à la
+regarder.<br
+class="newline" />— Est-ce la rivière dont tu nous as parlé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-il.<br
+class="newline" />— Oui, répondit Zach. C’est l’un des nombreux cours d’eau qui se jettent
+dans l’Indécise, la fameuse rivière qui serpente dans toute la région. Celui-là
+n’a même pas de nom, à ce que je sache. Nous avions traversé par un gué,
+qui doit être un peu en amont, suivez-moi.
+<!--l. 575--><p class="indent" > Quelques minutes plus tard, leur guide mit pied à terre face à l’eau.
+La rivière était plus large à cet endroit, ce devait être le fameux
+gué.<br
+class="newline" />— Ça va, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il sembla sortir de sa rêverie.<br
+class="newline" />— Hein<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Oui. Voilà l’endroit où nous avons traversé.<br
+class="newline" />— Tu as l’air ailleurs, insista-t-il.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Juste des souvenirs de cette fameuse nuit qui me reviennent...
+
+
+Bon, que fait-on alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>? reprit-il en se tournant vers les deux autres
+cavaliers.<br
+class="newline" />— Inutile de courir vers le danger. On peut probablement observer d’ici, à
+l’abri.<br
+class="newline" />— Je croyais qu’elles n’allaient pas d’approcher du cours d’eau<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ajouta
+Sam.<br
+class="newline" />— Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose en plus de nuit.
+Il faudra donc aller voir directement... Commençons par installer le camp
+pas loin d’ici.
+<!--l. 586--><p class="indent" > Il n’était pas très étonnant que la rivière n’ait pas de vrai nom.
+Même si elle n’était pas si petite, les alentours étaient tellement
+envahis de végétation que peu d’hommes devaient s’y promener.
+D’ailleurs...<br
+class="newline" />— Tiens je pense à quelque chose. Zach, tu sais grimper aux arbres je
+suppose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je me demandais si on ne pouvait pas s’installer dans un de ces grands
+arbres, ce soir, pour observer ce qui se passe.<br
+class="newline" />— Pourquoi pas, remarqua Uhr tout en déchargeant sa monture. De ce que
+j’ai compris, les araknes adultes sont trop lourdes pour grimper aux arbres.
+Qu’en penses-tu Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai que ce n’est pas bête, admit-il. Je
+ne crois pas les avoir vues grimper, donc nous pourrions vérifier leur
+présence à l’abri... Par contre il faut trouver un moyen de rentrer, ou
+décider de passer la nuit dans un arbre.<br
+class="newline" />— Bah, tu as l’habitude, n’est-ce pas, Farl... ajouta Sam en souriant.<br
+class="newline" />— Comment ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ajouta-t-il en fronçant les sourcils.<br
+class="newline" />— Évidemment, reprit-elle en lui faisant un clin d’œil, tu y serais
+en moins bonne compagnie qu’avec Silwë... sans vouloir te vexer,
+Zach.
+<!--l. 596--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 598--><p class="noindent" >— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu sais, je ne cherchais pas du tout à te vexer, c’est juste que
+Farl a...<br
+class="newline" />— Tu as bien dit Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>? interrompit-il brusquement.<br
+class="newline" />— Euh oui...<br
+class="newline" />— Est-ce que beaucoup d’elfes sylvains portent le même nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Farl qui leur avait tourné le dos à la remarque de Sam se retourna vers
+lui.<br
+class="newline" />— Une jolie petite elfe aux cheveux clairs très longs et aux yeux bleus, qui
+se bat comme un diable avec une épée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai rencontré trop peu d’elfes pour savoir si ces critères sont
+suffisamment sélectifs, mais ça correspond, oui...<br
+class="newline" />— Comment va-t-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Où est-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le ménestrel s’était presque précipité sur lui. Heureusement, la veille au
+soir, il n’avait pas détaillé précisément la façon dont il avait adressé la
+parole à Silwë pour la première fois... Farl l’aurait probablement mal
+pris.<br
+class="newline" />— Aux dernières nouvelles, elle est en route vers le château du duc De
+Vane, avec la princesse qu’elle protège... Et elle allait très bien la dernière
+fois que je l’ai vue. J’avais cru comprendre qu’elle avait vécu un moment à
+la capitale, avec les humains...<br
+class="newline" />— Oui, pour y apprendre entre autres l’escrime chez maître Ernest,
+interrompit Uhr. C’est là que je l’ai rencontrée. <br
+class="newline" />— Sacrée coïncidence, commenta Sam.<br
+class="newline" />— Mmh, pas tant que ça, si on y réfléchit, ajouta Uhr. Il ne doit pas y avoir
+tant de sujets du roi des elfes qui ont une bonne connaissance des
+humains.<br
+class="newline" />— Mais j’y pense, Silwë connaissait le paladin que nous avons rencontré.
+Peut-être que vous aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Un paladin<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela ne peut être qu’Irdann alors. Irdann De Vane<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui...
+<!--l. 615--><p class="indent" > Ils continuèrent à installer le camp en silence.<br
+class="newline" />— Hé bien, reprit Uhr après un moment, au moins nous avons une raison
+personnelle de nous intéresser à cette histoire, puisque deux de nos amis y
+sont impliqués.<br
+class="newline" />— Probablement sans le savoir d’ailleurs, ajouta Sam.<br
+class="newline" />— Quand cette histoire sera terminée, j’aimerais en tous cas faire un détour
+par le duché De Vane... pas vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Farl.<br
+class="newline" />— Pourquoi pas, répondit Uhr en souriant. Mais je ne sais pas quand tout
+
+
+cela sera terminé...
+<!--l. 621--><p class="indent" > Zach continua à préparer un feu de camp, se demandant s’il irait voir ce
+fameux tournoi, comme ça, juste par curiosité. Sélène avait parlé
+de s’y rendre, elle y était invitée, mais elle hésitait. Quant à lui...
+bah, à quoi bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Même s’il y allait, elle lui serait aussi inaccessible
+qu’avant, même encore plus, entourée de gardes et de serviteurs qui ne
+laisseraient pas un gueux comme lui s’approcher d’une noble dame. Il
+pourrait toujours regarder le spectacle des archers venus du monde
+entier, ce qui pouvait être divertissant. Mais tout ce trajet juste pour
+ça...
+<!--l. 623--><p class="noindent" >— Zach, tu viens<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il attrapa par réflexe la corde que Farl venait de lui lancer.<br
+class="newline" />— On va repérer les lieux, voir si on peut effectivement observer des
+araknes sans être à leur portée, et rentrer sans danger. Non que ça
+me dérange de passer la nuit avec toi dans un arbre, ajouta-t-il en
+souriant, mais j’aimerais profiter du repas avec les autres quand
+même.<br
+class="newline" />Il se leva, et après avoir vérifié qu’il avait son épée et son couteau, le suivit
+vers la rivière.<br
+class="newline" />— Restez à portée de voix. S’il se passe quelque chose d’anormal, on pourra
+vous venir en aide, rappela Uhr.<br
+class="newline" />— Cela dit, je ne sais pas si on verra quelque chose ce soir, ajouta Sam. Il y
+a de l’orage dans l’air, il va peut-être pleuvoir...<br
+class="newline" />— On peut toujours aller voir, répondit Farl.
+<!--l. 631--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 633--><p class="indent" > Ils mirent assez peu de temps à trouver le bon point d’observation. Zach
+avait retrouvé l’endroit où ils avaient rencontré les araknes la première fois,
+et ils avaient repéré un arbre moyen d’où ils pourraient observer la petite
+clairière en sécurité. L’arbre était suffisamment serré contre un autre pour
+qu’ils puissent, en cas de besoin, passer sur l’autre sans toucher le sol. De
+là, ils avaient installé une corde qui leur permettrait de revenir sur
+un troisième un peu plus loin. Cela ne les menait pas encore à la
+rivière, mais suffisamment près pour qu’en courant ils soient à l’abri, si
+
+
+tout allait bien. Mais peut-être n’auraient-ils pas besoin de tout
+cela...
+<!--l. 635--><p class="indent" > Même une branche confortable paraît dure au bout d’un moment. Pour
+s’occuper, il passait en revue son matériel. Il avait des bandages et plusieurs
+ampoules d’antidote, au cas où. Et s’il fallait affronter les sales bêtes en
+question, ou d’autres, il avait ses dagues de lancer.<br
+class="newline" />— Belle quincaillerie, commenta Zach.<br
+class="newline" />— Merci. Contrairement à toi, j’ai plus l’habitude de me battre au
+corps-à-corps... Face aux araknes, je pense que c’est une mauvaise idée,
+alors j’ai pris quelques armes à distance. Mais elles ne sont pas vraiment
+faites pour du combat de masse... Je n’en ai pas beaucoup.<br
+class="newline" />— Elles sont empoisonnées<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— En général oui, là je pense que c’est inutile donc je n’ai pas pris la peine.
+Mais j’espère ne pas en avoir besoin.<br
+class="newline" />— S’il pleut, il y a effectivement des chances qu’on ne s’en serve
+pas.<br
+class="newline" />Il continua son inventaire. Un peu à manger, une gourde, une couverture
+légère, une petite lanterne de poing et de quoi l’allumer.<br
+class="newline" />— La lanterne va être nécessaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Zach.<br
+class="newline" />— J’aimerais m’en passer, mais je n’ai pas des yeux d’elfe... soupira-t-il.<br
+class="newline" />— Hm... moi, si.<br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se retourna vers son compagnon, surpris.<br
+class="newline" />— En général, je ne le crie pas sur les toits – ou les arbres –, mais je peux
+voir dans le noir, comme eux.<br
+class="newline" />Il dévisagea le guide pendant quelques instants. Il avait déjà croisé pas mal
+d’hybrides elfe-humain à la capitale. Probablement parce que c’était un des
+rares endroits où ils pouvaient vivre tranquille. Certains ressemblaient plus
+ou moins à des elfes ou à des humains, parfois la différence avec l’une ou
+l’autre des catégories était fine. Silwë lui avait dit qu’il y en avait
+probablement plus que ce qu’on ne l’imaginait en réalité. Zach pourrait très
+bien être l’un d’eux.<br
+class="newline" />— Si tu avais du sang d’elfe, tes parents te l’auraient dit je suppose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Mes parents adoptifs n’en savent pas plus que moi, ils m’ont récupéré
+nouveau-né. Mais mes frères, pour me taquiner me traitaient d’elfe, parce
+
+
+que j’étais beaucoup plus frêle qu’eux.<br
+class="newline" />Il ne savait pas trop comment réagir à cette confession. <br
+class="newline" />— En général, par chez nous, ce n’est pas très gentil. Mais au final, reprit-il
+en souriant, ils m’aiment bien, et ils étaient quand même là pour défendre
+leur petit frère adoptif, donc...<br
+class="newline" />Son visage se figea brusquement. Il baissa la voix et pointa son doigt vers les
+sous-bois.<br
+class="newline" />— Là-bas.<br
+class="newline" />Il se retourna sans bruit et suivit la direction indiquée. Il commençait à
+faire sombre, mais il voyait encore bien.
+<!--l. 657--><p class="indent" > Il avait vu quelques illustrations d’araknes sur papier. Il avait vu leur
+description et s’était préparé à leur rencontre. Mais il ne put s’empêcher
+d’avoir un frisson lorsqu’il vit trois de ces créatures passer à ses pieds. Une
+quatrième arriva, traînant difficilement ce qui ressemblait à une jeune biche
+ou un faon. Les autres bêtes aidèrent la première à traîner l’animal, qui
+bougeait encore légèrement.<br
+class="newline" />— Quand je pense que j’ai été mordu par une de ces horreurs... murmura
+Zach tout près de lui.<br
+class="newline" />— J’avoue que ça fait froid dans le dos... Combien de voyageurs égarés ont
+ainsi succombé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et dire que Silwë, et les autres...<br
+class="newline" />Zach se redressa et secoua la tête.<br
+class="newline" />— Je crois que ni toi ni moi n’avons envie d’imaginer tout ça. Si on essayait
+plutôt de voir où elles vont<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On peut progresser un peu par les arbres et
+essayer de voir...<br
+class="newline" />— Tu as raison. Il commence à faire sombre, par contre, tu crois que ces
+sales bêtes seraient attirées par la lumière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Aucune idée, mais si tu allumes ta lanterne, je verrai moins bien au loin,
+et ce serait dommage.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— J’ai l’habitude de grimper dans l’obscurité, mais c’est tout de même plus
+compliqué.<br
+class="newline" />— Je t’aiderai.
+<!--l. 668--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 670--><p class="indent" > Il fallait se mettre en route, dans une direction ou une autre, bouger.
+
+
+Tout plutôt que de penser à ce qui aurait pu lui arriver si Sélène n’avait
+pas pu le soigner. La progression par les arbres n’était pas aisée,
+mais les araknes n’allaient pas très vite de toutes façons. Farl se
+débrouillait étonamment bien, pour quelqu’un qui voyait mal. La
+nuit n’était pas encore totalement tombée, et comme il le disait, il
+avait dû s’entraîner dans ces circonstances... Mais son aide était
+appréciée.
+<!--l. 672--><p class="indent" > Arriva une autre clairière, où il n’y avait plus d’arbre suffisamment
+proche pour suivre les créatures.<br
+class="newline" />— Raté. Est-ce qu’on essaie de les suivre à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? proposa Farl.<br
+class="newline" />Comme pour répondre à sa question, une autre arakne, seule, passa sous
+leur arbre.<br
+class="newline" />— Euh, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, répondit-il en la
+pointant du doigt. Il y en a d’autres en chasse...<br
+class="newline" />Farl plissa les yeux, et vit la créature.<br
+class="newline" />— En effet. Cela dit, elles ont l’air d’aller en ligne droite, on peut peut-être
+essayer de viser où elles vont<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne idée.<br
+class="newline" />Il attrapa la branche au dessus de lui et se hissa.<br
+class="newline" />— Ça va, tu arrives à suivre Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— À peu près... Il y a un peu plus de lumière là-haut.
+<!--l. 683--><p class="indent" > Cet arbre-là ne surplombait pas la forêt, mais il la connaissait assez pour
+viser la direction où les araknes semblaient aller.<br
+class="newline" />— Je ne vois pas très bien, elles sont bien là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Farl en le
+rejoignant.
+<!--l. 686--><p class="indent" > À cet instant, un éclair illumina la scène d’une lumière blanchâtre.
+Le temps d’une fraction de seconde, tous deux purent distinguer
+clairement une dizaine d’araknes, toutes tournées dans une même
+direction.
+<!--l. 689--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Sam</span>
+<!--l. 691--><p class="indent" > L’éclair fut suivi rapidement d’un coup de tonnerre.
+<!--l. 693--><p class="noindent" >— Tiens, un orage.<br
+class="newline" />Elle sourit.<br
+class="newline" />— Je t’avais prévenu. On devrait installer la tente peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, sinon on sera trempés d’ici quelques minutes. Et Zach et Farl seront
+contents de pouvoir se mettre au sec...<br
+class="newline" />— À ce propos, je m’inquiète un peu pour eux... On devrait peut-être aller
+voir s’il leur est arrivé quelque chose.<br
+class="newline" />Il se leva pour sortir une grande toile d’un des sacs, et se tourna vers
+elle.<br
+class="newline" />— On ira faire un tour si tu veux. Rien de ne presse, montons l’abri plutôt.
+<br
+class="newline" />— Comment peux-tu être si calme dans cette situation<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et s’il leur était
+arrivé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Comme tu l’as dit, il va pleuvoir, probablement violemment, d’ici
+quelques minutes à peine. Or les araknes ne supportent pas l’eau n’est-ce
+pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— ... C’est vrai.<br
+class="newline" />Elle rejoignit Uhr, et l’aida à tailler une longue branche d’arbre à l’aide d’un
+coutelas.<br
+class="newline" />— Et il faudrait se dépêcher si on ne veut pas que toutes nos affaires soient
+trempées, reprit-il.
+<!--l. 707--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 709--><p class="indent" > Il était resté figé, aveuglé. C’était comme si l’image était restée
+imprimée au fond de ses yeux et l’empêchait de voir autre chose. Une main
+se posa sur son bras.<br
+class="newline" />— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je suppose que tu as vu tout ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui...<br
+class="newline" />— On va voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 714--><p class="indent" > Ses yeux étaient en train de se réhabituer lentement à l’obscurité
+et il distinguait la silhouette de Zach à côté de lui, mais pas son
+expression.<br
+class="newline" />— Je ne pense pas que ce soit très sûr, dit-il, tout en sortant, à tâtons, une
+corde de son sac.<br
+class="newline" />— Elles ont l’air de fuir l’orage qui arrive. Mais ça ne veut pas dire qu’elles
+ne sont pas dangereuses, je te l’accorde... Mais qu’est-ce que tu comptes
+
+
+faire avec ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, descendre. Ce n’est pas parce que c’est dangereux qu’on ne va pas y
+aller, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 719--><p class="indent" > Il ne pouvait pas voir le visage de Zach, mais il aurait juré qu’il avait
+souri.
+<!--l. 721--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 723--><p class="indent" > Grâce à la corde de Farl, ils furent très vite au sol. Aucune arakne
+n’était visible, même par lui, et il se détendit un peu. Ils se détendirent un
+peu, mais même sans se concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et
+firent quelques pas prudents.
+<!--l. 725--><p class="noindent" >— Je vois très mal, qu’est-ce qu’on voit là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Farl.<br
+class="newline" />Le ménestrel-assassin était à l’aise dans le noir, mais il n’avait pas la chance
+d’avoir ses yeux... <br
+class="newline" />— C’est l’animal que les araknes ramenaient. Je crois qu’elles l’ont
+abandonnée pour courir plus vite...
+<!--l. 729--><p class="indent" > La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les
+deux hommes s’approchèrent. Farl s’agenouilla près d’elle, et alluma une
+petite lanterne de poing pour observer l’animal de plus près. La pauvre bête
+bougeait à peine, et semblait avoir de la peine à respirer. Il détourna son
+regard pour surveiller les environs, alors que les premières gouttes d’eau
+commençaient à tomber. Il était certain d’avoir vu des créatures
+passer pas très loin, et il n’était pas tout à fait sûr de leur forme...
+Il eut un léger frisson et serra un peu plus fort la poignée de son
+épée.
+<!--l. 731--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 733--><p class="indent" > Il se redressa brusquement, alerté par un bruit trop proche pour être
+rassurant. Il laissa tomber sa lanterne et se mit en garde instinctivement, ses
+lames au poing. Il eut juste le temps de voir Zach, de dos, donner un coup
+d’épée sur une silhouette indistincte. Deux morceaux tombèrent au sol avec
+un bruit mat.
+<!--l. 735--><p class="indent" > Une seconde éternellement longue passa, mais aucune autre menace ne
+sembla sortir des buissons. Zach se tourna vers lui, et lui fit signe de venir. Il
+
+
+ramassa la lanterne et s’approcha.
+<!--l. 737--><p class="indent" > La forme correspondait bien à une arakne, du moins une demi-arakne.
+Son « sang » noir et visqueux se répandait sur le sol, et il voyait la
+chitine de la carapace s’abîmer légèrement à chaque goutte d’eau qui
+tombait.<br
+class="newline" />— Farl... on ferait peut-être mieux de ne pas traîner, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu as raison, murmura-t-il.
+<!--l. 741--><p class="indent" > Il revint auprès de la biche étendue, ramassa son sac, et juste avant de
+partir, lui trancha la gorge.<br
+class="newline" />— C’est probablement le mieux qu’on puisse faire pour cette pauvre
+bête.<br
+class="newline" />Zach ramassa, avec prudence, un morceau de ce qui restait de l’arakne, et ils
+s’éloignèrent rapidement, sous la pluie qui s’intensifiait.
+<!--l. 745--><p class="noindent" >— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si tu n’arrives pas à voir où tu vas, essaie juste de me suivre...
+avec la pluie et l’obscurité...<br
+class="newline" />— Ça va. Je voulais juste te dire merci.
+<!--l. 749--><p class="indent" > Il ne répondit pas, et continua son avancée au pas de course vers la
+rivière.
+<!--l. 752--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 754--><p class="indent" > Ils prirent peu de temps à installer la large branche entre deux troncs, et
+par dessus la toile qui formait un petit abri dans lequel ils devraient se
+serrer à quatre avec leur matériel. Les chevaux pourraient bien dormir sous
+la pluie. Il avait beau avoir une certaine confiance en Farl et Zach, ainsi
+qu’en la protection – théorique – qu’offrait l’orage, il ne pouvait s’empêcher
+d’être un peu nerveux. Sam, à côté de lui, scrutait la rivière en tremblant
+légèrement, le coutelas à la main, prête à bondir au moindre bruit
+inquiétant.
+<!--l. 756--><p class="noindent" >— Ils sont là<span class="frenchb-thinspace"> </span>! s’écria-t-elle en pointant du doigt des silhouettes floues à
+travers le rideau de pluie, qui s’était épaissi.<br
+class="newline" />Les deux hommes, trempés mais indemnes, s’engouffrèrent sous la tente, et
+tous deux poussèrent un soupir de soulagement.
+
+
+<!--l. 759--><p class="indent" > L’abri était effectivement petit, et le feu était à l’entrée pour laisser la
+fumée s’échapper. Farl et Zach se déshabillèrent pour tenter de sécher, tout
+en racontant ce qui s’était passé.
+<!--l. 761--><p class="noindent" >— En conclusion, reprit Farl en s’enveloppant dans une couverture, on a
+bien des araknes, j’ai à peu près identifié leur venin, et on confirme leur
+non-tolérance de l’eau.<br
+class="newline" />— Et je dois pouvoir retrouver l’endroit où elles semblaient toutes
+converger, ajouta Zach en l’imitant.<br
+class="newline" />Uhr suivait la conversation, tout en observant le morceau de arakne. Il était
+très abîmé, à la fois par l’eau et la lame de Zach. Il prit un petit carnet qui
+était resté au sec et commença à en faire un croquis le plus précis
+possible.<br
+class="newline" />— À quelle distance se trouverait ce lieu selon toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Passe-moi les cartes, Sam... Oui, oui, je sèche mes mains d’abord. Les
+créatures couraient dans cette direction, au pied des montagnes Guéralek.
+Est-ce qu’elles visaient le haut ou juste ici, je ne sais pas... Mais il me
+semble qu’il y a plein de grottes dans le coin, donc c’est crédible. C’est assez
+proche en fait... quelques heures de marche à pied, un peu moins à
+cheval.<br
+class="newline" />— Tu penses qu’on peut trouver quoi d’intéressant, à part peut-être le nid
+de ces sales bêtes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Sam.<br
+class="newline" />— Peut-être autre chose, répondit Uhr. Réfléchissez<span class="frenchb-nbsp"> </span>: si ces créatures ne
+supportent pas la pluie, c’est quand même surprenant qu’elles aient survécu
+ici depuis tant de temps... sauf si on les y aide.
+<!--l. 769--><p class="indent" > Il releva les yeux de son croquis pour observer ses compagnons. Sam
+semblait toujours aussi déterminée. Farl aussi, mais un peu moins,
+probablement le fait d’avoir vu de près les araknes l’avait un peu refroidi.
+<br
+class="newline" />— Et si on tombe sur un dangereux mage qui élève ce genre de créature, on
+fait quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Zach.<br
+class="newline" />— On improvise<span class="frenchb-thinspace"> </span>? proposa Uhr.<br
+class="newline" />— C’est vrai que ça serait bête d’être arrivés jusque là pour faire demi-tour
+maintenant, ajouta Sam.
+<!--l. 774--><p class="indent" > Zach ne semblait toujours pas très enthousiaste, mais il sembla
+
+
+acquiescer à la remarque de Sam.<br
+class="newline" />— Tu n’as pas l’habitude de voir des mages, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-il.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules en terminant de se sécher.<br
+class="newline" />— C’est à dire... La seule que j’aie recontrée c’est Sélène. Mais ça ne
+compte pas, elle est gentille, elle...<br
+class="newline" />Elle est surtout vraisemblablement jolie et sait faire tourner les têtes et les
+cœurs, pensa-t-il. <br
+class="newline" />— C’est une guérisseuse, comme l’était Septim, avant de se mettre à
+étudier la métamorphose. L’un des meilleurs... et un de ses professeurs.<br
+class="newline" />Zach haussa les épaules à nouveau, puis se tourna vers la petite marmite à
+l’entrée de la tente et en souleva le couvercle.<br
+class="newline" />— Tout ça m’a donné très faim... On peut manger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pareil, enchaîna Farl, qui n’avait pas l’air mécontent non plus de changer
+de sujet.
+<!--l. 784--><p class="indent" > C’était peut-être idiot de chercher à le provoquer sur le sujet, après
+tout, pensa-t-il en se servant une part de soupe bien chaude. Si ladite Sélène
+l’a aveuglé ou charmé pour se couvrir ou couvrir ses complices, ce pauvre
+Zach n’y est probablement pour rien.
+<!--l. 786--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Sam</span>
+<!--l. 788--><p class="indent" > La pluie avait cessé au milieu de la nuit, et la météo s’annonçait plutôt
+agréable. Ils prirent le temps de faire sécher leurs affaires et de se préparer.
+C’est peu après un repas rapide à midi qu’ils traversèrent le gué, et
+s’approchèrent de l’endroit où, d’après Zach et Farl, les créatures s’étaient
+réfugiées. Le paysage était un peu moins arboré, et plus rocheux. Comme le
+disait leur guide, ils étaient proches des monts Guéralek, et c’était peu
+surprenant. C’est seulement une vingtaine de minutes après la rivière qu’ils
+durent mettre pied à terre.
+<!--l. 791--><p class="indent" > — Je crois que les chevaux vont avoir du mal à aller par ici, dit Uhr en
+montrant le chemin qui s’ouvrait à eux.<br
+class="newline" />L’amas rocheux devant eux n’était pas très pentu, et eux n’auraient
+probablement aucun mal à le gravir, mais avec toutes ces irrégularités et
+pierres qui ne tenaient qu’à la mousse qui poussait dessus, les chevaux
+risquaient de se blesser sérieusement. Ils les attachèrent près d’un arbre, et
+
+
+commencèrent leur ascension.
+<!--l. 794--><p class="indent" > Sam ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quelques
+villageois l’avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval
+c’était infiniment plus confortable, et pour marcher dans ce chaos avec une
+robe longue aurait vraiment été un enfer...<br
+class="newline" />— Regardez, sur la gauche<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Elle releva la tête. Uhr, qui marchait devant elle, montrait du doigt un
+renfoncement rocheux important.<br
+class="newline" />— Ça ressemble à une grotte. On va voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Tous les trois opinèrent, et le suivirent.
+<!--l. 800--><p class="indent" > C’était une sorte de large grotte, peu profonde et très éclairée,
+partiellement encombrée de végétation poussant dans de nombreuses
+fissures. Ils repérèrent rapidement, à l’entrée d’une des failles, quelques
+filaments collants qui ne ressemblaient pas à des toiles d’araignées
+ordinaires. Comme le fit remarquer Uhr, les araknes ne laissant quasiment
+aucune trace au sol, il fallait bien se fier à un indice ou un autre.
+<!--l. 802--><p class="indent" > Farl et Zach sortirent du renfoncement, et ayant repéré un petit filet
+d’eau qui tombait en cascade non loin de là, commencèrent à le
+détourner pour qu’il pénètre dans la faille. La tâche n’était pas
+facile et demandait quasiment d’escalader pour atteindre l’eau. Uhr
+et elle, se sentant peu utiles dans ce genre d’acrobaties, se mirent
+à fouiller la grotte un peu plus méthodiquement. Au bout d’une
+dizaine de minutes, son compagnon lui désigna un pan de roche
+cachée derrière un buisson. Couverte en partie de mousse, et bien
+dissimulée derrière les broussailles, se trouvait une sorte de dalle de
+pierre, qui semblait fermer, de l’intérieur, une ouverture dans la
+paroi.
+<!--l. 804--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 806--><p class="noindent" >— Farl, Zach, venez voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Le petit filet d’eau commençait à couler doucement dans vers la grotte, mais
+le débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au
+mieux, cela ferait peut-être une flaque pour gêner ces sales bêtes.
+Il fit un signe de tête à Farl et tous deux redescendirent dans la
+
+
+grotte.
+<!--l. 809--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda Farl.<br
+class="newline" />— On dirait, répondit Uhr.<br
+class="newline" />— Ça pourrait peut-être être naturel... Tu en penses quoi, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<br
+class="newline" />Il ne répondit pas et examina le buisson et la mousse que le soldat avaient
+dégagés. La mousse poussait partout sur la paroi rocheuse, tout comme ce
+genre d’arbuste. Il désigna ses racines.<br
+class="newline" />— Soit il y a peu de terre dans cette grotte, soit tu es vraiment plus fort que
+je ne l’imaginais, Uhr. D’habitude, ce genre de plante enfonce ses racines
+jusque dans les plus petites failles de la roche, et ça ne s’arrache pas si
+facilement.<br
+class="newline" />— Je vais me vexer, fais attention, reprit Uhr en souriant. Mais c’est vrai
+que c’est curieux. Comme si cet arbuste avait été planté ou replanté exprès
+ici...<br
+class="newline" />Zach haussa les épaules et se releva.<br
+class="newline" />— C’est tout à fait probable. Il y a quelques mois, un an tout au
+plus.<br
+class="newline" />— Cela ne répond pas à une question essentielle, ajouta Sam. Si ceci est une
+porte, comment s’ouvre-t-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 819--><p class="indent" > Il n’y avait ni poignée, ni serrure à l’étrange porte, et aucun mécanisme
+n’était visible sur les parois alentours.<br
+class="newline" />— Soit c’est un accès qui a été condamné, soit elle ne s’ouvre que de
+l’intérieur. Il semble que ce pan de rocher est appuyé de ce côté, proposa
+Farl.<br
+class="newline" />— Ce qui signifie, dans les deux cas, qu’il y a un autre accès, compléta
+Uhr.<br
+class="newline" />— Se pourrait-il que ce panneau soit déplacé par magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? suggéra
+Sam.<br
+class="newline" />— Ah ça, c’est vous les experts en magie, pas moi, répondit Zach. Ce qui
+m’inquiète, c’est plutôt ce qu’on va trouver derrière, si on arrive à
+l’ouvrir.<br
+class="newline" />— Tu as vraiment envie de voir ce qu’il y a derrière cette porte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui
+demanda Uhr en souriant. Pas peur des mages ou d’autres créatures
+
+
+démoniaques<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Maintenant qu’on est arrivés jusque là, ce serait dommage de s’arrêter
+non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit-il en souriant à son tour.
+<!--l. 827--><p class="indent" > Pendant ce temps, Farl s’était approché de la dalle pour l’observer de
+plus près.<br
+class="newline" />— Je ne sais pas quel est le poids de cette chose, mais même si nous avions
+une dizaine d’hommes, il n’y a aucune prise pour l’attraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— On dirait qu’il y a un léger jour si on gratte la terre au sol, ajouta Sam
+qui s’était agenouillée.<br
+class="newline" />— Ça ne nous aide pas beaucoup, rétorqua Farl. Si la dalle n’était pas trop
+grosse, on pourrait peut-être utiliser un levier, mais...<br
+class="newline" />— Nous non, mais avec un peu d’aide divine...
+<!--l. 833--><p class="indent" > Samantha se tourna vers Zach et le dévisagea un moment. Puis elle se
+tourna vers Uhr en le pointant du doigt.<br
+class="newline" />— Je n’avais pas pensé à... lui. <br
+class="newline" />— Tu pensais à quoi de précis, Sam<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle le fixa d’un air gêné et répondit à mi-voix à son compagnon.<br
+class="newline" />— Je ne peux pas lui montrer... certaines choses.<br
+class="newline" />— Tu pensais à utiliser... mais comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça peut marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je crois que le pouvoir est assez puissant, en tous cas il paraît que
+certains l’ont réussi, mais je n’ai jamais essayé.<br
+class="newline" />Uhr hocha la tête.<br
+class="newline" />— Ça vaudrait le coup d’essayer...
+<!--l. 843--><p class="indent" > Ils parlaient d’une voix relativement faible, mais il ne pouvait
+s’empêcher de les entendre. Qu’est-ce qu’ils cherchaient encore à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il
+jeta un regard à Farl, toujours accroupi au pied de la porte, mais qui avait
+lui aussi écouté le dialogue d’Uhr et Farl. Il regarda dans sa direction, puis
+vers les deux autres et se leva.<br
+class="newline" />— Si tu veux, Sam, on peut aller faire autre chose avec Zach. Par exemple,
+chercher le reste de notre équipement, ou...<br
+class="newline" />— Non, ça ira, coupa-t-elle d’un air excédé. De toutes façons, autant qu’il
+sache, mais je te préviens Zach...<br
+class="newline" />Elle fit quelques pas vers lui.<br
+class="newline" />— Tu as peut-être l’habitude qu’on te dise de garder le secret n’est-ce
+
+
+pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il hocha la tête sans répondre. Ce n’était pas comme s’il avait tendance à
+tout raconter même en temps normal...<br
+class="newline" />— Essaie de ne pas oublier cette promesse-là, alors. Parce que cette fois,
+ce n’est pas les gens que nous pourchassons qui en voudront à ta
+peau.
+<!--l. 851--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 853--><p class="indent" > Il eut presque pitié du pauvre Zach qui n’avait pas mérité ces menaces,
+en plus de tout ce qu’il avait dû encaisser depuis le début du voyage.
+Mais Sam avait l’air un peu calmée, c’était déjà ça. Si elle voulait
+utiliser un enchantement divin, c’était peut-être mieux... Quoique.
+<br
+class="newline" />— Tu as besoin de quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Trouvez-moi quelques glands en bon état, et essayez de dégager quelques
+buissons pour avoir le maximum de lumière au pied de la porte. Et si vous
+pouvez trouver de la meilleure terre, humide et riche, c’est encore mieux.
+<br
+class="newline" />Ils s’éloignèrent et mirent peu de temps à préparer tout ce qu’elle
+demandait. Puis, à sa demande, ils s’éloignèrent tous les trois.
+<!--l. 858--><p class="noindent" >— Tu l’as déjà vue à l’œuvre, Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda Farl.<br
+class="newline" />— Non. Elle ne l’a jamais fait devant moi.<br
+class="newline" />Zach les regarda en fronçant les sourcils.<br
+class="newline" />— Est-elle une magicienne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-il.<br
+class="newline" />Il sourit.<br
+class="newline" />— Elle est mieux que ça. Ou peut-être pire, ça dépend du point de vue. Tu
+vas voir.<br
+class="newline" />— On peut regarder<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-il inquiet.<br
+class="newline" />— Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu’on ne la
+dérange pas. Et ne t’inquiète pas pour les menaces qu’elle a proférées à ton
+encontre, en général, évite de foudroyer les gens, ce n’est pas très
+discret.
+<!--l. 867--><p class="indent" > Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir
+l’entrée de la grotte, et Sam qui s’affairait au pied de l’ouverture. Puis, elle
+
+
+se redressa, et resta quelques secondes immobile, les yeux fermés. Enfin, elle
+entama une douce mélopée, tout en se déplaçant lentement. La lumière du
+soleil qui arrivait maintenant au pied de la dalle se mit à briller plus
+fort, comme lorsqu’un rideau couvrant une fenêtre s’écarte, laissant
+pleinement entrer la clarté du jour. Et aux pieds de Sam, dans la
+terre fraîchement retournée, une pousse, puis deux commençèrent à
+sortir.
+<!--l. 869--><p class="indent" > Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous
+la dalle de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les
+plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bientôt un
+bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les
+branches qui s’affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un
+côté. Après un temps qu’il n’aurait pas su mesurer, le pan de pierre
+perdit son équilibre et bascula vers l’arrière, s’écrasant dans un grand
+fracas.
+<!--l. 871--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 873--><p class="indent" > Il resta quelques instants abasourdi, figé, le regard fixé sur l’ouverture et
+la poussière qui s’en dégageait.<br
+class="newline" />— C’est l’œuvre d’un dieu ça... murmura-t-il.<br
+class="newline" />— De la déesse Melna, lui répondit Uhr à côté de lui. Mais tu sais...<br
+class="newline" />Il posa une main sur son épaule.<br
+class="newline" />— Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur les prêtresses.<br
+class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— La réalité est bien au-delà, ajouta-t-il en souriant. Allez viens, elle nous
+appelle.
+<!--l. 881--><p class="indent" > Il suivit Uhr et Farl qui s’étaient élancés vers l’entrée du trou. Il avait
+l’impression de commencer à comprendre beaucoup de choses sur Sam, mais
+il ne savait toujours pas s’il devait se réjouir ou s’inquiéter de la
+situation. Il n’avait de toutes façons pas vraiment le temps d’y réfléchir
+longuement, mieux valait profiter du fait qu’elle soit de son côté... pour le
+moment.
+<!--l. 883--><p class="indent" > Sam s’était assise à côté de l’ouverture, les yeux mi-clos, quelques
+gouttes de sueur ruisselant le long de son front. Les trois hommes restèrent
+
+
+silencieux quelques instants devant les deux petits chênes qui avaient, en
+poussant, soulevé la dalle de pierre. Celle-ci gisait, fracturée à de nombreux
+endroits, sur le sol à l’intérieur de ce qui semblait être une autre grotte.
+L’obscurité qui y régnait, en contraste avec la luminosité ambiante, ne
+permettait pas de voir l’intérieur, aussi Zach fit-il quelques pas à
+l’intérieur.
+<!--l. 886--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 888--><p class="noindent" >— Tu y vois quelque chose, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Farl.<br
+class="newline" />— C’est un couloir taillé dans la roche, répondit-il. Il a l’air de monter puis
+part légèrement sur la droite après une vingtaine de mètres... Prenez de
+quoi y voir et venez.<br
+class="newline" />— Il a de bons yeux, notre guide, dis donc, murmura Uhr à son
+intention.<br
+class="newline" />— Je t’expliquerai. Rejoignons-le vite.
+<!--l. 893--><p class="indent" > Farl et Uhr entrèrent à leur tour, munis d’une petite lanterne. Le sol,
+plat et quasiment dénué de mousses ou de poussières, indiquait clairement
+que ce couloir avait été emprunté récemment. Zach, à peine visible dans le
+faible rayon d’action de la lanterne, les avait précédés jusqu’au fameux
+coude.<br
+class="newline" />— Tu crois que c’est prudent d’aller au bout de ce couloir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-il.<br
+class="newline" />Pour toute réponse, le guide dégaina son épée en haussant les épaules.<br
+class="newline" />— Ce n’est pas comme si on pouvait espérer être discrets...<br
+class="newline" />Il avança un peu plus loin dans l’obscurité. Uhr fit de même et courut dans
+le couloir à sa rencontre. Il s’apprêtait à faire de même lorsqu’il
+entendit des exclamations et beaucoup trop de bruits de pas pour
+deux personnes. Il glissa la lanière de la lanterne à son poignet et
+dégaina d’une seule pensée ses couteaux tout en s’élançant à leur
+suite.
+<!--l. 899--><p class="indent" > Passé ce léger tournant, le couloir continuait encore sur une trentaine de
+mètres, puis il s’ouvrait de nouveau sur le jour, si ses yeux ne le trompaient
+pas. De cette extrémité, couraient vers eux trois silhouettes, s’ajoutant aux
+deux hommes qui se trouvaient à portée d’épée de Zach et Uhr. Des cris
+indistincts lui parvenaient.<br
+class="newline" />— Des intrus<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Ils sont armés<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Ne les laissez pas s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>! <br
+class="newline" />— Mais d’où viennent-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 905--><p class="indent" > Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et étaient de
+toutes façons plus à même de combattre au corps à corps que lui. Il rangea
+rapidement ses lames, inutiles, et sortit un dard de lancer empoisonné. Mais
+viser correctement risquait d’être compliqué...<br
+class="newline" />— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! cria Uhr entre deux coups d’épée. Repli<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il connaissait trop bien son compagnon pour douter de la pertinence de son
+ordre. Il sortit de l’une de ses poches de sa tunique une fumigène, qu’il
+lança à leurs pieds en criant.<br
+class="newline" />— Attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Un nuage opaque obscurcit brusquement la lumière venant de l’autre
+extrémité. Il vit volte-face et courut vers l’entrée, où Sam s’était relevée en
+entendant le bruit et scrutait le tunnel d’un air inquiet.<br
+class="newline" />— Aux chevaux<span class="frenchb-thinspace"> </span>! lui cria-t-il.
+<!--l. 912--><p class="indent" > Juste avant de bondir dans la lumière extérieure, Farl jeta un œil
+derrière lui. Uhr courait, sortant du nuage de poussière, tirant par
+le bras un Zach qui se couvrait les yeux de la main. Il n’avait pas
+eu le temps de le prévenir de l’effet de la fumigène évidemment...
+Il rejoignit en quelques bonds Sam, et ils se plaquèrent contre un
+rocher en contrebas pour reprendre leur souffle en attendant les deux
+autres.
+<!--l. 914--><p class="indent" > Au même instant, Uhr jaillit hors du tunnel, sautant par dessus les
+arbustes, et traînant toujours Zach qui semblait péniblement reprendre ses
+esprits, mais qui heureusement suivait son compagnon sans poser de
+questions. À peine quelques secondes derrière eux, leurs adversaires sortirent
+eux aussi.
+<!--l. 916--><p class="indent" > Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d’un
+homme d’une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était
+celle d’une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de
+cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à
+luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. Farl concentra
+
+
+sa prise sur son dard de lancer.<br
+class="newline" />— Attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>! hurla Sam.
+<!--l. 919--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 921--><p class="indent" > Uhr tourna la tête en entendant le cri de Sam, pour voir un jet de
+lumière orangé et blanc jaillir depuis l’entrée de la grotte, dans leur
+direction. Il eut à peine le temps de lâcher le bras de Zach pour sauter sur le
+côté gauche. Celui-ci, qui entretemps avait récupéré l’usage de ses yeux,
+s’écarta sur la droite, mais pas assez vite.
+<!--l. 923--><p class="indent" > Le trait incandescent toucha Zach au milieu du dos, dans un
+horrible bruit de cuir et de chair brûlés. Celui-ci poussa un cri et tomba
+à genoux. Le trait de lumière ondulait toujours autour d’eux, tel
+un fouet de lumière brûlante. Uhr se retourna, saisit Zach d’une
+main, le chargea sur son épaule et tout en reculant, plaça son épée
+entre eux et l’étrange serpent de lumière, prêt à parer un éventuel
+coup.
+<!--l. 925--><p class="indent" > Le filament de lumière s’enroula brusquement autour de l’épée, et le
+métal de la lame devint rouge. Uhr recula –encore quelques mètres et il
+serait derrière un rocher– alors que le « fouet » s’élançait de nouveau en
+l’air. La chaleur transmise à son arme commençait à lui chauffer la main,
+malgré la protection de la poignée de son épée. Quand bien même il
+arriverait à parer un troisième coup, il ne pourrait probablement plus tenir
+son arme...
+<!--l. 927--><p class="indent" > Mais le troisième coup ne vint pas. À la place, la lanceuse de sort poussa
+un cri et s’effondra, soutenue par l’homme qui était à ses côtés. Il était
+difficile de bien distinguer à cette distance, mais il lui semblait voir un petit
+objet métallique planté dans son cou, laissé découvert par son épaisse
+armure. Farl.
+<!--l. 929--><p class="indent" > Il rejoignit rapidement Sam, qui avait dévalé le massif montagneux.
+Semblant sortir du décor, comme à son habitude, le jeune ménestrel
+assassin se mit à courir à ses côtés.
+<!--l. 931--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Sam</span>
+<!--l. 933--><p class="indent" > Sam ne comprenait pas vraiment tout ce qui s’était passé, sauf une
+
+
+chose bien claire, c’était qu’il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en
+questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux
+et de monter en selle. Farl et Uhr la suivaient de près, soutenant Zach, qui
+semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il était
+vivant, pensa-t-elle avec un frisson.<br
+class="newline" />— Tu penses pouvoir monter à cheval<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda Farl.<br
+class="newline" />— Je devrais pouvoir m’accrocher... répondit-il faiblement.
+<!--l. 937--><p class="indent" > Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en
+selle.<br
+class="newline" />— Je crois qu’ils ont lancé quelqu’un à notre poursuite, ne traînons pas,
+cria Farl.<br
+class="newline" />— Allez vite vers le gué, je vous couvre, répondit-elle tranquillement.
+<!--l. 941--><p class="indent" > Elle ferma les yeux un instant. Juste un petit brouillard, une petite
+brume locale pour couvrir leur fuite... elle venait d’invoquer un charme
+extrêmement puissant, mais si elle pouvait avoir encore un tout petit peu de
+grâce divine pour ça...
+<!--l. 943--><p class="indent" > Elle pouvait entendre le bruit du galop des chevaux, et déjà, des cris de
+rage puis de surprise venant de l’autre direction. Elle ouvrit les yeux, et ne
+vit que du blanc à quelques mètres autour d’elle. Elle eut un sourire satisait
+et lança sa monture au galop pour rejoindre les autres. Un peu plus et
+elle-même les perdait de vue...