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\recit{\aure}

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi magnifiquement décorée, mais l'impressionnait bien moins qu'avant, et son air était décidé.\\
--- Ah, \aure. J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit.\\
Son père lui souriait. Avait-il l'intention d'accepter~?\\
--- Nous savons tous les deux que ce serait un grand honneur pour le clan d'avoir l'un des nôtres qui participe au grand tournoi humain de tir à l'arc, organisé par le duc \seigneurtournoi. Mon confrère appréciait particulièrement ma venue, même bien après que ma blessure m'empêche de viser droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes sylvains.\\
\aure n'ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.\\
--- J'ai discuté avec ton professeur de tir à l'arc, qui trouve que tu la surpasses quasiment. Nous pensons que tu ferais honneur au clan en participant à ce tournoi.\\
Elle sourit.\\
--- Cependant... J'ai peur pour toi.\\
Son visage se ferma. Le convaincre allait être compliqué.\\
--- Les humains n'aiment pas toujours les elfes, tu le sais.\\
--- Mais tu as déjà été chez les humains non~? Ils sont si... différents~? Si dangereux~?\\
Il soupira.\\
--- C'est différent. Déjà c'était il y a plus de dix ans, et les choses ont pu changer. Ensuite, tu es une femme.\\
--- Ça change quoi~?\\
--- Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à leurs parents ou maris... on n'imaginerait pas les voir se promener seules.\\
\aure ouvrit des yeux ronds d'incrédulité.\\
--- Sérieusement~?\\
--- Je l'ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n'est pas le cas dans toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc \seigneurtournoi, c'est le cas.\\
--- Tu penses que c'est vraiment dangereux~?\\
Il sourit.\\
--- Laisse-moi terminer. Je ne veux pas que tu y ailles seule, c'est tout. J'ai cherché le compagnon idéal pour te protéger.\\
\aure leva les yeux au ciel. Si son père savait qu'elle n'était plus aussi innocente qu'elle n'en avait l'air... Enfin bon, s'il fallait supporter un garde ou deux pour avoir un peu de liberté, ça pourrait peut-être le faire. Et puis il pourrait être sympathique, voire... plus~?\\
--- Je te présente \denise, une guerrière qui nous revient de chez les humains.

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, d'une tunique mi-longue verte, d'un pantalon blanc, et des bottes. Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la princesse.\\
--- Merci. \denise, je te présente ma fille, \aure.\\
--- Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules chez les humains~?\\
--- D'abord, vous serez deux. Ensuite, \denise vient de passer cinq ans chez les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le maniement de l'épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te protéger.\\
--- Ça veut dire que tu me laisses y aller~?\\
Il sourit.\\
--- Oui. J'ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l'invitant à vous accueillir toutes les deux.\\
\aure retint un cri de joie.


\recit{\denise}

\denise était debout face à une table où s'étalait une carte, dans un salon du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s'attendait pas à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle~! C'était un grand honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission...

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son professeur particulier de tir à l'arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu'en était-il en réalité~? Que serait le trajet avec elle~? Allait-elle devoir jouer les serviteurs en même temps que de garde du corps~? Elle n'était certainement pas très douée pour la première des tâches, en tous cas. Et savait-elle se défendre un minimum, ou allait-elle devoir la protéger à chaque pas~? 
En tous cas, elle avait eu l'air vraiment heureuse de partir à l'aventure. Pouvait-elle l'en blâmer~? Elle-même l'avait été aussi...

C'est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient remplacé ses jolies sandales, et elle n'avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d'archerie, en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement.

Elle s'apprêta à s'incliner devant elle, mais \aure lui fit signe de s'abstenir. Elle s'approcha de la table.\\
--- Quel est notre trajet~?\\
\denise lui montra la carte étalée sur la table.\\
--- D'abord nous allons sortir de la forêt des elfes par ici, en quelques jours nous y serons. Après il nous faut traverser cette région des humains. Trois ou quatre jours. C'est proche de la capitale humaine, où on trouve de tout, et les gens y sont assez ouverts d'esprit, et plutôt accueillants. Attends-toi à des regards curieux, ils ne voient pas des elfes tous les jours non plus.\\
--- On ne verra pas la capitale~?\\
La jeune princesse prit un air déçu.\\
--- Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n'avons pas tellement le temps...\\
--- C'est dommage... On m'a dit que cette ville est très belle. N'est-ce pas là que tu as vécu~?\\
\denise sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines personnes qui y vivent.\\
--- Oui. Et croyez-moi, ça me ferait plaisir d'y retourner... Peut-être pourrons-nous y passer au retour~?\\
--- Comment dort-on chez les humains~?\\
--- Nous irons dans des auberges.\\
--- Cela veut dire qu'on va aussi manger de la nourriture des humains~? C'est bon~?\\
--- C'est différent, mais très bon aussi. Ne vous inquiétez pas pour ça.
Elle se retourna vers la carte.\\
--- Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus à l'aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n'aurons aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je dirais.\\
\aure pointa du doigt la zone de l'autre côté.\\
--- Et cette région, c'est celle du duc \seigneurtournoi~?\\
--- Presque, c'est celle d'un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et encore celle-ci, avant d'arriver, après deux jours, au château du duc, enfin. C'est cette région qui est particulière~: ils n'aiment pas trop les elfes et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux dieux.\\
--- Qu'est-ce qu'on fera~?\\
--- Cela ne veut pas dire qu'ils vont nous attaquer, en principe, ils respecteront ta couronne de princesse et ton rôle d'ambassadrice. Mais on n'y sera pas forcément très bien vues. Au pire, on évitera les villages, et c'est tout.\\
--- Et le duc, ça ne le gène pas~?\\
--- D'après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère d'ailleurs que notre venue puisse changer --un petit peu-- les choses... Mais nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous dire.

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu'elle vérifiait son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir, qu'elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches, elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté. Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague. Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et fournissait un morceau de sangle en cas de besoin. Là encore, c'était un souvenir pratique de chez les humains. Puis elle vérifia le contenu de son sac. Tout était bon. Sauf peut-être de quoi se soigner en cas de problèmes. D'accord, il n'y aurait probablement pas de problèmes. Mais...\\
--- Princesse~?\\
--- Oui~?\\
Elle hésita une seconde. Est-ce que ce genre de chose se demande à une princesse~?\\
--- J'ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse~?\\
La jeune princesse sourit.\\
--- En effet. Je pensais d'ailleurs emmener quelques baumes et de quoi panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile~?\\
Elle poussa un soupir de soulagement.\\
--- Oui, tout à fait.\\
La princesse sourit, puis ajouta.\\
--- Est-ce que je peux te demander quelque chose d'un peu... inhabituel~?\\
--- Euh... oui~?\\
--- À l'instant où on quitte le village des elfes, arrête de m'appeler princesse. Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S'il-te-plaît.\\
\denise se redressa, suprise et soulagée en même temps. \\
--- D'accord.


\recit{\aure}

\aure examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble. Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle voulait poser des questions sur tout, mais \denise n'était pas encore montée.

Trois jours qu'elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début d'après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu effrayée, elle n'avait pas quitté sa compagne --qui semblait très à l'aise-- d'une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance, et elles s'étaient dirigées vers l'auberge. 
Le repas qui y avait été servi --une soupe de légumes et de lard, avec du pain des humains-- avait été une nouvelle surprise. Sa compagne l'avait dévoré avec appétit, mais elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il paraît qu'on s'y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait bien.

À cet instant, \denise entra dans la pièce.\\
--- Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n'es pas encore couchée~?\\
--- J'avoue que... ces lits m'intriguent...\\
Elle sourit.\\
--- Si tu ne te sens pas à l'aise, tu peux toujours t'enrouler dans ta couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d'être plus épaisses pour être aussi chaudes, c'est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais elles sont très bien~!\\

Sans attendre sa réponse, \denise se déshabilla et se glissa rapidement entre les draps. Un peu hésitante, elle l'imita. Ce n'était pas aussi inconfortable qu'à première vue, finalement.\\
--- Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet~?\\
--- Rappelle-toi que les humains voient très mal dans l'obscurité, ainsi ils utilisent beaucoup plus de lampes que nous. Imagine-toi que là, pour lire, ils ont besoin de lumière supplémentaire.\\
--- Ça doit être difficile d'être un humain~! Comment font-ils~?\\
--- Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des solutions~? C'est incroyable ce que les humains peuvent être plein de ressources et d'idées, parfois...


\aure fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les sourcils. Un homme s'était éloigné à la table la plus loin d'elles lorsqu'elles étaient entrées dans la taverne.\\
--- Pourquoi certains humains nous détestent~?\\
Elle l'entendit soupirer.\\
--- Déjà parce que nous sommes différents. Pour certains, avoir des oreilles pointues ou pas de barbe, ça suffit. Ensuite, je crois que certains nous envient. Ils nous trouvent plus beaux, plus intelligents, plus agiles. D'autres voient plutôt que nous sommes plus frêles, moins forts physiquement, que nous vivons dans les arbres, et nous voient comme des animaux sauvages. Il y a peut-être souvent un mélange des deux...\\
Elle marqua une pause, puis reprit.\\
--- Et il y a, surtout, la différence des m{\oe}urs. Tu sais, depuis mon retour, j'ai un cousin qui m'ignore royalement, parce que soi-disant, je suis «~devenue humaine~». Comme quoi, il ne faut pas grand chose... Et puis il y a autre chose aussi. Les humains ne contrôlent pas leur fertilité.\\
--- Sérieusement~?\\
--- Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu'il est très mal d'avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.\\
--- C'est un peu vrai chez nous, non~?\\
--- Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez coincés sur le sujet... Ajoute à ça le fait que certains considèrent qu'une femme doit être soumise, et je te laisse imaginer la réputation qu'on peut avoir auprès d'eux...\\
--- Forcément, vu comme ça...\\
--- Cela dit, ne t'inquiète pas trop, ça ne veut pas dire qu'on est en danger chez les humains. Je crois te l'avoir déjà dit, mais même s'ils ne nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou simplement parce qu'ils n'ont pas envie de s'en mêler. Donc pas d'inquiétude.

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d'autres questions qu'elle voulait poser. Et les autres races~? Les nains, par exemple, en avait-elle croisé~? Mais elle entendit à sa respiration qu'elle s'était endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours qui viennent.



\recit{\denise}

La forêt, enfin~! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, elle appréciait être au calme en forêt. \aure semblait elle aussi de nouveau à son aise, bien qu'elle se soit accoutumée très rapidement. Elle avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d'\aure était vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec une amie et non une princesse.

C'est vers le début de l'après-midi qu'elles entendirent un bruit inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent, puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s'approcher prudemment. À cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns des autres, ce qui leur permit d'arriver de façon très discrète. Quelques minutes plus tard, la scène s'étalait sous leurs yeux.

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval --certains avaient mis pied à terre-- les défendaient contre un groupe de pillards qui les avait pris en embuscade. \denise observa la scène pendant quelques secondes, surprise. Les soldats avaient fort à faire, avec les brigands qui semblaient chercher à atteindre le carosse décoré en priorité. Il ne restait qu'un garde pour défendre le second, d'où elle vit apparaître une tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais difficilement.

\aure n'était plus à côté d'elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de bataille. 

Le trait fin et meurtrier, partant de l'arbre, toucha dans la nuque l'un des brigands, qui s'effondra. L'un des survivants, méfiant, fit signe à son comparse de rester face au garde pendant qu'il allait voir ce qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se retrouvant subitement face à \denise, il poussa un cri de surprise, qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu'à être au bord du sentier. Le brigand restant, le plus fort des trois, avait acculé le garde jusque contre la porte du carosse, et lui avait porté un coup violent au bras droit, lui faisant lâcher son épée. Parant les coups qu'il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la carrure imposante de l'homme qui s'effondrait lentement, et disparut à nouveau dans le buisson. Une seconde avant d'être parfaitement dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l'autre carosse, un quatrième homme qui courait vers elle. Il l'aperçut, et ouvrit la bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans l'{\oe}il.

Elle rejoignit \aure dans l'arbre et lui sourit.\\
--- Merci, c'était tout juste.\\
Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre ce qui s'était passé. À côté de l'autre carosse, les autres gardes avaient repris le dessus sur les brigands, et les survivants étaient en fuite. Elle remarqua alors que sa compagne, qui n'avait pas bougé, tremblait légèrement.\\
--- C'est la première fois que tu tires sur quelqu'un~?\\
--- Oui...\\
Elle lui posa la main sur l'épaule, doucement.\\
--- Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.

\recit{\aure}

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d'instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s'impliquer dans un combat d'humains qui ne les concernait pas~? Pourtant son amie avait fait de même. Elles avaient failli être vues d'ailleurs... Elle réalisa qu'elle avait laissé quelques flèches... y feraient-ils attention~? Et qui étaient ces gens dans les carosses~? Trop de questions se bousculaient dans son esprit. 

Elles s'arrêtèrent face à une large rivière, qu'elles longèrent jusqu'à trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le cours d'eau. Ils les aperçurent avant qu'elles n'aient le temps de se cacher. D'abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent rapidement vers elles. Elle reconnut l'un des brigands qui avait attaqué les voyageurs... Le premier souriait.\\
--- Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles ce soir...\\
--- Méfie-toi, elles sont armées quand même.\\
--- Et alors~? Moi aussi.\\
\aure encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle entendit son amie dégainer son épée à côté d'elle, et s'adresser à eux.\\
--- Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites encore un pas, et vous êtes morts.\\
Deux des hommes hésitèrent. Le premier qui avait parlé ne sembla pas prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s'effondra à ses pieds, la poitrine transpercée d'une flèche. \denise était restée en garde à ses côté et n'avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et s'éloignèrent rapidement.

\noindent --- Bien joué, \aurecourt.\\
Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis était revenue près d'elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de l'admiration dans son regard.\\
--- Bon, on la traverse cette rivière~?\\
--- Oui, oui... Est-ce qu'on va croiser d'autres brigands dans cette forêt~?\\
\denise, qui s'avançait déjà dans l'eau, haussa les épaules.\\
--- J'espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On va s'éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un moment, sans rien dire.\\
--- Ça va, \aure~?\\
--- Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.\\
Son amie la prit par les épaules.\\
--- Tu as fait exactement ce qu'il fallait faire. Tu es une vraie combattante, maintenant.\\
Elle sourit.