+chaque fois, il insiste... C’est lui, là-bas.<br
+class="newline" />Il aperçut le jeune homme, fin et élégant, aux cheveux noirs, qui discutait
+avec le vendeur de boissons.<br
+class="newline" />— Je vois. Cela vous arrange donc bien que je danse avec vous, n’est-ce
+pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle répondit par un sourire.<br
+class="newline" />— J’avoue, je prends toutes les excuses pour l’éviter. Et comme je doute
+qu’il cherche à faire concurrence à votre carrure... dit-elle sur un ton amusé.
+Mais je ne vais pas vous retenir...<br
+class="newline" />— Je peux rester à danser un peu, finalement, l’ambiance est sympathique,
+répondit-il en souriant.<br
+class="newline" />Après tout la compagnie de Lysielle était agréable, la bière plutôt bonne, et
+il était peu probable qu’il rentre à temps s’il se passait quelque chose, alors
+autant en profiter.
+<!--l. 212--><p class="indent" > Ils s’arrêtèrent après la danse suivante, pour terminer leur verre.<br
+class="newline" />— Cette danse-là était plus difficile, j’ai eu un peu de mal à suivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— J’avoue. D’où venez-vous, pour ne pas connaître la région et ses
+traditions<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— De la capitale, avoua-t-il.<br
+class="newline" />Après tout, que risquait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ha<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je l’aurais juré, répondit Lysielle en riant. J’étais presque sûre
+d’avoir reconnu votre accent. Vous y faites quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je suis soldat de la garde.<br
+class="newline" />— Comme Luros<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça ne m’étonne pas vue votre stature.<br
+class="newline" />— Hé oui. Et je connais bien les problèmes liés à son travail... <br
+class="newline" />— Et vous n’avez pas une fiancée que ça énerve parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh... Nous faisons avec, répondit Uhr évasivement.<br
+class="newline" />La paysanne termina son verre d’un trait.<br
+class="newline" />— J’espère d’ailleurs qu’elle ne m’en veut pas trop de vous retenir. Vous
+devriez peut-être rentrer...<br
+class="newline" />— C’est vrai. Mais je vous remercie pour cette soirée, je me suis bien
+amusé.<br
+class="newline" />— C’est moi qui vous remercie. Dites quand même à cet andouille de
+Luros... que je l’attends à notre point de rendez-vous habituel demain soir
+pour qu’il s’excuse en personne. Et cette fois, il n’a pas intérêt à se
+défiler<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Je n’y manquerai pas, dit-il en s’inclinant.
+<!--l. 229--><p class="indent" > Il se dirigea vers sa monture, qui somnolait tranquillement en attendant
+son retour. La jeune paysanne l’avait suivi tout en discutant.<br
+class="newline" />— Vous avez l’air de regarder autour de vous, chercheriez-vous quelque
+chose ou quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda Uhr.<br
+class="newline" />— Non... Enfin oui... Je me demandais où était passé Firor.<br
+class="newline" />Il eut un petit sourire tout en détachant son cheval.<br
+class="newline" />— Oh, je crois que je l’ai vu rentrer chez lui, avec un certain mal de
+crâne.<br
+class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, je me demande bien ce qui a pu lui arriver sur la piste de
+danse...<br
+class="newline" />Elle éclata de rire.<br
+class="newline" />— Haha... Bien vu. Vous êtes vraiment un homme plein de ressources...
+<!--l. 239--><p class="indent" > Il monta en selle et se mit en route en lui lançant un geste du bras et un
+clin d’œil.
+<!--l. 241--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 243--><p class="indent" > Elle fit quelques pas dans la ruelle quasi déserte. Personne n’avait prêté
+attention à elle dans les cuisines et les couloirs du château. Une tenue de
+servante, c’était une tenue de femme invisible, c’était la tenue faite par
+essence pour se faire oublier, ou plutôt la tenue que tout le monde avait
+appris à oublier.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Elle prit quelques grandes inspirations dans la fraîcheur du début de la
+nuit. Maintenant, plus grand chose ne la séparait de Zach... Elle regarda
+quelques instants autour d’elle afin de se repérer, et s’engagea dans une
+direction. Elle avait un peu étudié le plan avec Irdann, mais de nuit, c’était
+plus compliqué.
+
+
+<!--l. 247--><p class="indent" > Soudain, un choc mou la projeta à terre.<br
+class="newline" />— Oh, je suis vraiment confus, je ne vous avais pas vue...<br
+class="newline" />Assise par terre, sur les pavés déjà humides par la rosée nocturne, elle
+reprit ses esprit. Devant elle, un homme se releva et lui tendit la
+main.<br
+class="newline" />— Vraiment, je vous prie de m’excuser... J’espère que vous n’êtes pas
+blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Ça va, merci, dit-elle en acceptant la main tendue.<br
+class="newline" />Elle se releva, et rajusta son châle sur la tête, et vérifia que rien dans sa
+sacoche n’était abîmé par le choc. Heureusement, elle avait connu pire...
+L’homme était toujours là. Elle le distinguait mal dans l’obscurité, mais il
+avait l’air vraiment gêné et désolé.<br
+class="newline" />— Puisque vous êtes là, vous pourriez peut-être m’aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je cherche la rue
+des Sabots Fendus.<br
+class="newline" />— Oui, je sais où elle est. Il faut prendre cette rue, puis aller à gauche...
+commença-t-il en montrant les directions. Mais attendez, s’interrompit-il. Je
+me rends moi-même sur la rue du Petit Homme, qui est juste à côté, je
+peux donc vous montrer directement. Acceptez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il avait vraiment l’air anxieux de se faire pardonner, et puis, si ça pouvait
+lui éviter de chercher son chemin...<br
+class="newline" />— D’accord.<br
+class="newline" />Elle se mit à marcher à ses côtés, non sans une certaine méfiance.
+<!--l. 259--><p class="indent" > En marchant dans les ruelles, la lumière venant de diverses maisons et
+enseignes éclairait son étrange compagnon. Il était plutôt jeune, vêtu d’une
+tunique gris foncé, à manches longues, et d’un pantalon noir par dessus des
+bottes de cuir. Il lui adressait de temps en temps un léger sourire, qui ne la
+mettait pas très à l’aise. Elle se contentait de vérifier autour d’elle, le
+chemin semblait le bon, mais pouvait-elle en être sûre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pouvait-il être en
+train de l’égarer dans les rues de la ville<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-elle stupide de se méfier
+autant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 261--><p class="noindent" >— Pardonnez-moi encore une fois, mais que faites-vous seule à cette heure
+dans les rues de la ville<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je rends visite à un oncle de passage, improvisa-t-elle.<br
+class="newline" />— Il loge à l’auberge du Taureau à une corne<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sursauta presque.<br
+class="newline" />— Euh oui, pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il sourit.<br
+class="newline" />— C’est la seule de cette rue, alors j’avais de bonnes chances de deviner...
+<br
+class="newline" />— Certes.<br
+class="newline" />— Vous n’êtes pas d’ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je ne connais pas bien cette partie de la ville, répondit-elle
+précipitamment.<br
+class="newline" />Ses questions commençaient à la mettre mal à l’aise, pourvu qu’ils arrivent
+vite à destination et qu’elle soit tranquille...<br
+class="newline" />— Ne craignez-vous pas de faire de mauvaises rencontres en vous déplaçant
+seule à cette heure<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils et se retourna vers lui. Il y avait un sourire
+inquiétant sur ses lèvres, et elle regretta soudain de l’avoir accompagné. —
+Mais ne vous inquiétez pas, reprit-il en se rapprochant d’elle et en baissant
+légèrement le ton, vous ne craignez rien en ma compagnie, dame
+Sélène.
+<!--l. 275--><p class="indent" > Elle se figea de stupeur, comme si on lui avait asséné un coup de poing
+dans le ventre.<br
+class="newline" />— De quoi parlez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit-elle d’une voix faible.<br
+class="newline" />Il sourit.<br
+class="newline" />— Quoi, cela ne vous rassure pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Son hésitation l’avait de toutes façons déjà trahie. Autant l’affronter
+franchement... elle se planta face à lui.<br
+class="newline" />— À quoi jouez vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Disons que je voulais être sûr, répondit-il avec un clin d’œil. Mais
+rassurez-vous, votre identité restera entre nous.<br
+class="newline" />Il fit quelques pas, l’incitant à le suivre, mais elle ne bougea pas. Constatant
+qu’elle restait sur place, il s’arrêta à son tour.
+<!--l. 284--><p class="indent" > Sélène tremblait, à la fois de rage et de peur, et quelques gouttes de
+sueur froide perlaient sur son front.<br
+class="newline" />— Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment savez-vous qui je suis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je suis un ami d’Irdann.<br
+class="newline" />— Hmm... Et d’Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tout à fait. J’en déduis donc que vous avez lu son message.<br
+class="newline" />Elle hocha la tête. Ainsi, c’était l’un des fameux « compagnons » décrits
+dans le mot.<br
+class="newline" />— Cela ne répond pas à ma seconde question, reprit-elle après un court
+silence.<br
+class="newline" />— À vrai dire, j’attendais de voir arriver Irdann. J’ai été un peu
+surpris de ne pas le voir, et lorsque je t’ai vue passer, je me suis
+demandé...<br
+class="newline" />— Je suis si reconnaissable<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pas tant que ça, pour quelqu’un qui n’y prête pas attention. Mais on
+voit peu de femmes seules dans les rues, tu avais une allure un peu
+inhabituelle, et tu semblais chercher ton chemin... Je ne m’y suis pas
+trompé.<br
+class="newline" />Elle fit une moue. Elle se remettait tout juste de sa surprise, mais n’était
+toujours pas très rassuré par son interlocuteur.<br
+class="newline" />— Pourquoi avoir joué tout ce jeu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’étais pas tout à fait sûr... Pardon pour cette frayeur.<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils.<br
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Par ailleurs, ce que j’ai dit est sincère, et je ne pense
+pas que ce soit une bonne idée de s’éterniser ici. Prenons un air naturel et
+reprenons notre marche.<br
+class="newline" />Il lui tendit son bras, et après une hésitation, elle le prit et ils se remirent en
+route. Elle n’était pas très à l’aise, mais la proximité leur permettait au
+moins de parler très bas.<br
+class="newline" />— Comment se fait-il que « tu » me connaisses si bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Zach m’a parlé de toi.
+<!--l. 303--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 305--><p class="indent" > À l’évocation de ce nom, l’attitude de Sélène changea brusquement. Il
+aurait peut-être pu prononcer ce mot magique plus tôt...<br
+class="newline" />— Comment va-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que lui est-il arrivé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh, par où je commence, c’est un peu compliqué... il a une vilaine
+brûlure causée par un mage.<br
+class="newline" />Il sentit sa surprise et sa peur dans le contact de son bras. Elle regardait
+droit devant elle, hésitant à répondre.<br
+class="newline" />— Sais-tu que tu vis dans un pays où rien que cette phrase peut te valoir un
+
+
+autre type de brûlure<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura-t-elle après un silence.<br
+class="newline" />— Je suis au très bien au courant. C’est pourquoi nous n’avons pas crié sur
+les toits les détails de sa blessure.<br
+class="newline" />— Comment va-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il soupira.<br
+class="newline" />— Nous sommes rentrés hier matin, et cela fait deux jours qu’il s’est pris
+ce... coup. Même s’il ne se plaint pas beaucoup, il souffre et n’arrive
+à dormir qu’avec des drogues... Depuis ce matin, il a de la fièvre.
+Par moment, il est conscient, par moment je crois qu’il délire un
+peu...<br
+class="newline" />Il sentit une réaction dans le bras qu’il tenait. Il continua.<br
+class="newline" />— ... Je crois qu’en cet endroit, tu es la seule qui puisse l’aider.<br
+class="newline" />Elle se raidit soudaidement.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu sais sur moi, au juste<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-elle en fronçant les
+sourcils.<br
+class="newline" />— Hm... Trop de choses<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il ne savait pas précisément comment lui dire, mais en la sentant se mettre
+à trembler de rage, il en conclut qu’elle avait compris.<br
+class="newline" />— Comment le savez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est Zach qui m’a trahie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’il aille
+crever<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Non, non. Calme-toi. Nous le savions avant de venir.<br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et... c’est censé me rassurer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’ai pas vraiment le temps de tout t’expliquer... <br
+class="newline" />C’était vraiment le moment de surveiller sa réaction. Et de choisir ses mots.
+Il allait devoir lui révéler des choses, mais pas tout...<br
+class="newline" />— Uhr est –en secret bien sûr– sur une affaire un peu louche, qui implique
+des mages de la capitale et la présence de créatures dangereuses dans la
+forêt de Sossirant...<br
+class="newline" />Elle ouvrit des yeux ronds.<br
+class="newline" />— Mais... nous avons effectivement rencontré des créatures cauchemardesques
+durant notre traversée...<br
+class="newline" />— Précisément. Autant te dire que le concours de Zach nous a été
+précieux... Même si ce concours a été difficile à obtenir. Ce gars-là ne lâche
+pas facilement le morceau, tu peux me croire. <br
+class="newline" />Elle hocha la tête, et fit une petite moue.<br
+class="newline" />— Quelle est cette histoire de mages, alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu connais un mage du nom Mortag<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules.<br
+class="newline" />— De réputation. Des professeurs de l’université m’ont déjà parlé de lui.
+Sur quoi travaille-t-il déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les plantes, ou quelque chose comme
+ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il étudiait les animaux magiques.<br
+class="newline" />— Pourquoi étudiait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il a changé de discipline<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il est mort. Dans un accident tragique.<br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais... j’en aurais entendu parler... ça fait longtemps<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Sa réaction semblait sincère. Ou alors elle était très bonne comédienne.
+Mais si les visages savent mentir, les corps ont souvent plus de mal...<br
+class="newline" />— C’était le lendemain de ton départ. Et d’après celui qui nous envoie, ce
+n’est pas un accident.<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils et sembla plongée dans la réflexion quelques instants.
+Puis elle s’arrêta net, l’obligeant à stopper à son tour.<br
+class="newline" />— Vous n’imaginez quand même pas que je pourrais avoir quelque chose à
+voir là-dedans<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— À mon avis, que tu le veuilles ou non, tu es liée d’une façon ou
+d’une autre à cette histoire. Rappelle-toi ce qui t’est arrivé dans
+la forêt. Crois-tu que ce soit sans autre conséquence qu’un affreux
+souvenir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soit tu es complice, soit tu risques tôt ou tard de devenir une
+cible.<br
+class="newline" />Elle frissonna. Puis se remit en route, et tourna son visage vers lui.<br
+class="newline" />— Donc tu m’accompagnes pour me surveiller de près...<br
+class="newline" />— Ou assurer ta sécurité, coupa-t-il.<br
+class="newline" />Elle le regarda de haut en bas, comme si elle estimait sa capacité à la
+protéger.<br
+class="newline" />— Quel genre de danger peut me menacer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Des araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ou le genre de sort qui a mis Zach dans l’état où il est actuellement... Et
+crois-moi, ce n’est pas beau à voir.<br
+class="newline" />Ils marchèrent en silence pendant quelque temps, puis elle reprit.<br
+class="newline" />— Si ça te va, on s’occupe de lui et on réfléchit après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ça me va, répondit-il.
+<!--l. 353--><p class="indent" > Ils arrivaient en vue de l’auberge. Finalement, la discussion qu’il avait
+
+
+eue avec Sélène était finalement instructive. Sa réaction semblait sincère, il
+est possible qu’elle n’ait pas été au courant de l’assassinat de Mortag. Et...
+elle semblait réellement tenir à Zach, ce qui était plutôt bon signe pour la
+santé de ce dernier. Il n’était pas tout à fait sûr de ce qu’il y avait
+entre les deux, mais après tout, tant que ça lui permettait d’être sur
+pied...
+<!--l. 355--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 357--><p class="indent" > Ils arrivèrent enfin à l’auberge du Taureau à une corne. En voyant
+l’enseigne se découper dans la faible lumière de la rue, elle ne put
+s’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Il ne s’était
+pas amusée à la perdre dans la ville. Étrange personnage que ce
+Farl... Elle ne savait pas trop quoi penser de lui, et de cette histoire
+avec Mortag qu’il lui avait racontée. Était-elle vraie ou totalement
+inventée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et pourquoi dans ce cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La faire réagir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était bizarre quand
+même.
+<!--l. 359--><p class="indent" > Elle fut presque soulagée de pénétrer dans l’animation et le bruit de la
+taverne. Malgré l’heure tardive, de nombreuses personnes étaient présentes,
+terminant leur repas ou buvant un verre joyeusement. Farl ne perdit pas de
+temps, et lui fit traverser la salle rapidement.<br
+class="newline" />— Le fameux Uhr n’est pas là ce soir, il avait une course urgente. Je
+t’amène directement auprès de Zach, il est dans une des chambres
+là-haut...
+<!--l. 362--><p class="indent" > L’escalier, en bois grinçant et raide, menait sur un couloir étroit au
+premier étage, sur lequel on pouvait voir cinq ou six portes en bois
+massif. Farl, la précédent, se dirigea vers la troisième et ouvrit la
+porte.
+<!--l. 364--><p class="indent" > La chambre était une petite pièce rectangulaire, munie d’une armoire
+miteuse, d’une petite vasque et d’un miroir dont le tain était rouillé, le tout
+posé sur une commode, et de deux petits lits parallèles au couloir, la tête
+au niveau du mur de droite. En face, une minuscule fenêtre qui ne
+devait pas donner beaucoup de lumière même en plein jour. Sur l’une
+des tables de chevet était posée une lampe, qui éclairait assez la
+pièce pour qu’elle puisse voir une silhouette familière étendue sur le
+
+
+lit.
+<!--l. 366--><p class="noindent" >— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />La silhouette se redressa péniblement sur son coude, et tenta de tourner la
+tête vers elle avec difficultés. Elle aperçut l’horrible blessure laissée à l’air
+libre, et se précipita vers lui.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que... Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura-t-il faiblement.<br
+class="newline" />Elle toucha son visage, qui était brûlant. Elle s’assit sur le lit, et
+se tourna vers Farl, qui entretemps avait fermé la porte derrière
+lui.<br
+class="newline" />— Explique-moi.<br
+class="newline" />— Un sort qui ressemble à un fouet brûlant, très long. D’ailleurs,
+Uhr a paré un de ses coups avec sa lame, et regarde ce que ça a
+donné.<br
+class="newline" />Il dégaina l’épée du soldat, posée contre l’armoire, à côté de celle
+de Zach. À mi-hauteur, la lame portait des encoches profondes et
+arrondies, comme si le métal avait purement et simplement fondu.
+<br
+class="newline" />— Je ne savais pas qu’on pouvait faire une chose pareille, murmura-t-elle.<br
+class="newline" />— De faire des marques pareilles sur une épée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Non. Enfin si, mais surtout d’être capable de manier une épée aussi
+grande et lourde.<br
+class="newline" />— Ne sous-estime pas Uhr, répondit-il en souriant.<br
+class="newline" />— Quand au sort, pour répondre à ton autre question, je n’en connais pas
+un qui soit tel que tu le décris, mais je ne suis pas spécialiste... Dans
+tous les cas, il en existe qui auraient fait se vaporiser la lame en
+une seconde, alors il a quand même eu de la chance... Il avait son
+armure<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, et regarde dans quel état elle se trouve.<br
+class="newline" />Farl sortit alors ce qui restait de l’armure de Zach. Le cuir avait totalement
+brûlé en forme de courbe, exactement la même qu’il y avait sur son dos. Elle
+frissonna, puis posa sa main sur celle du blessé, qui s’était rallongé mais qui
+avait néanmoins réussi à tourner la tête vers elle, et ne la quittait pas des
+yeux. Elle le regarda pendant quelques secondes, puis se leva et accompagna
+Farl jusqu’à la porte.
+
+
+<!--l. 382--><p class="noindent" >— Pour l’aider, je vais devoir utiliser... les grands moyens, lui
+murmura-t-elle.<br
+class="newline" />— Tu peux le soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il y avait de l’anxiété, de l’inquiétude dans son regard. Il semblait plus
+naturel, plus sincère que durant tout le trajet jusqu’ici. Peut-être qu’il
+tenait à Zach, après tout... Elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— Oui. Est-ce que tu peux... me laisser seule avec lui pendant un petit
+moment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle ne put s’empêcher de rougir légèrement, et se demanda s’il l’avait
+remarqué. Farl hésita, puis regarda alternativement Zach, elle, la porte et le
+couloir, puis la fenêtre exigue.<br
+class="newline" />— D’accord. Mais promets-moi de prendre soin de lui...<br
+class="newline" />— Je te le promets, lui répondit-elle avec un sourire.
+<!--l. 390--><p class="indent" > Il recula, et sortit de la pièce. Juste avant qu’elle ne ferme la porte et le
+verrou, il sembla se raviser et, bloquand la porte de son pied, il se pencha
+vers elle.<br
+class="newline" />— Je ne suis pas parfaitement sûr de tes intentions, Sélène. Alors je préfère
+te prévenir d’une chose. S’il lui arrivait quoi que ce soit de mal...
+<br
+class="newline" />Elle entendit distinctement un léger bruit métallique venant de sa main. Sa
+main, qui était vide il y a quelques instants, tenait désormais une lame,
+aussi noire qu’acérée, pointée dans sa direction. Mais cette même main
+tremblait. Passé la seconde de peur, elle trouva ce geste presque touchant. Il
+tenait donc réellement à son ami... Elle posa doucement la main sur le
+poing, évitant soigneusement le fil de la dague, écartant lentement la lame
+tranchante de sa direction.<br
+class="newline" />— Fais-moi au moins confiance là-dessus, Farl. Je lui veux tout sauf du
+mal.
+<!--l. 395--><p class="indent" > Il recula, en tremblant toujours légèrement, et la laissa fermer et
+verrouiller la porte.