+faire.<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.<br
+class="newline" />— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé,
+dans ta chambre, caché... un livre de magie.
+<!--l. 842--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 844--><p class="indent" > Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de
+panique. Comment savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’avait-il trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
+avait-il osé fouiller dans sa chambre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’allait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+pour aller où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler
+cela à quiconque.<br
+class="newline" />Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait
+l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha
+doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage
+neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix
+basse<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Comment as-tu trouvé cet objet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de
+s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre
+d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait l’air plutôt gêné...<br
+class="newline" />— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a
+permis de te retrouver.<br
+class="newline" />Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.<br
+class="newline" />— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet
+enchantement.<br
+class="newline" />Il parut choqué.<br
+class="newline" />— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la
+déesse...<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je
+suppose que tu le sais. Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait
+déjà beaucoup trop de toutes façons...
+<!--l. 858--><p class="indent" > Il soupira.<br
+class="newline" />— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je
+devais avoir un objet auquel tu tenais...<br
+class="newline" />Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui
+lui avait permis de l’invoquer.<br
+class="newline" />— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par
+exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis
+maintenant que tu sais...<br
+class="newline" />Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une
+des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
+laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée,
+semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de
+constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien
+de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
+rien.
+<!--l. 865--><p class="indent" > Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna
+lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres
+battements de cœur...<br
+class="newline" />— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi
+en faire.<br
+class="newline" />— Y a-t-il un risque, pour moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre.
+Enfin...<br
+class="newline" />Il prit une inspiration.<br
+class="newline" />— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours
+te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à
+quel moment tu dors...<br
+class="newline" />Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son
+pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et
+effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il
+enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans
+la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.<br
+class="newline" />— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
+en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
+
+
+souhaites.
+<!--l. 874--><p class="indent" > Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement
+anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
+nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir
+les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un
+soupir.
+<!--l. 876--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 878--><p class="noindent" >— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.<br
+class="newline" />Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
+encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
+soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.<br
+class="newline" />Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
+avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre
+trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses
+parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret.
+<br
+class="newline" />— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit.<br
+class="newline" />— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la
+capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de
+l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais
+jamais assez...<br
+class="newline" />— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la
+capitale, seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la
+demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.<br
+class="newline" />— Et quelle magie tu apprends, là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent
+venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs,
+et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage.
+<br
+class="newline" />— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
+
+
+sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai
+appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que
+cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
+combat...<br
+class="newline" />Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.<br
+class="newline" />— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant.
+<!--l. 894--><p class="indent" > Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir.
+Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur
+son épaule.<br
+class="newline" />— Attends. Montre-moi ton genou.<br
+class="newline" />Il hésita.<br
+class="newline" />— Tu veux... le soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’est-ce pas risqué ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si
+le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi.
+<!--l. 900--><p class="indent" > Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose
+finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il
+eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être
+était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la
+douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer,
+s’estompa pour de bon.
+<!--l. 902--><p class="indent" > Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage,
+elle sourit.<br
+class="newline" />— Essaie de marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne
+revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà
+bien.<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Merci.