<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2014-12-17 20:16:00">
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" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 124--><p class="nopar" >
-<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 127--><p class="nopar" >
+<!--l. 129--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 128--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+<!--l. 131--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur
de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux
longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
-<!--l. 130--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+<!--l. 133--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de
s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
-<!--l. 132--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+<!--l. 135--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
-<!--l. 134--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
-<!--l. 136--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+<!--l. 139--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
tout.
-<!--l. 138--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+<!--l. 141--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 140--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+<!--l. 143--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 142--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
+<!--l. 145--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités
maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés
vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ... Le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 144--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
+<!--l. 147--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
-<!--l. 146--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+<!--l. 149--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
-<!--l. 148--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 151--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 150--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
+<!--l. 153--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-<!--l. 166--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+<!--l. 169--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement.<br
class="newline" />— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-<!--l. 191--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 194--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 193--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
+<!--l. 196--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
citadin.
-<!--l. 195--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+<!--l. 198--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.<br
class="newline" />— Là, regardez<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
va<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-<!--l. 203--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+<!--l. 206--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
défaut<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
-<!--l. 209--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 212--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 211--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+<!--l. 214--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
quelqu’un sur place en une parole.
-<!--l. 213--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+<!--l. 216--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
-<!--l. 215--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 218--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 231--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+<!--l. 234--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
nombreuses aventures...
-<!--l. 248--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+<!--l. 251--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il devait être redoutable sur un champ
verrons bien.<br
class="newline" />Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
-<!--l. 255--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 258--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 257--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+<!--l. 260--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
-<!--l. 266--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
+<!--l. 269--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas
les moyens de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité.
Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
-<!--l. 276--><p class="indent" > Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
+<!--l. 279--><p class="indent" > Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées – et
surtout ses nuits – à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
-<!--l. 285--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+<!--l. 288--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
-<!--l. 292--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+<!--l. 295--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
-<!--l. 304--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+<!--l. 307--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-il escaladé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset.<br
class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.<br
class="newline" />Farl le regarda, les yeux brillants.
-<!--l. 316--><p class="noindent" > <span
+<!--l. 319--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 318--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 321--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
l’autre soir.<br
class="newline" />— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
couper du bois.
-<!--l. 331--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+<!--l. 334--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
-<!--l. 333--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+<!--l. 336--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Zach, savait qu’il avait été trouvé
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
-<!--l. 336--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+<!--l. 339--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 343--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+<!--l. 346--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 346--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
+<!--l. 349--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 354--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+<!--l. 357--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— D’accord.
-<!--l. 358--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 361--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 360--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 363--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d’une robe
mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs
cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc<span class="frenchb-nbsp"> </span>: une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.<br
class="newline" />Le visage d’Aldariel s’illumina.
-<!--l. 378--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 381--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 380--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
+<!--l. 383--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
-<!--l. 382--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+<!--l. 385--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
-<!--l. 385--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+<!--l. 388--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
-<!--l. 387--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+<!--l. 390--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
-<!--l. 390--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+<!--l. 393--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
-<!--l. 392--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+<!--l. 395--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
-<!--l. 394--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+<!--l. 397--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
-<!--l. 397--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 400--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers1x.png" alt="[
verra après.
<!--l. 182--><p class="indent" > Il hocha la tête et prit une gorgée supplémentaire. Tout cela était
prometteur.
-<!--l. 410--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 413--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 412--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
+<!--l. 415--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
-<!--l. 415--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+<!--l. 418--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
soit.
-<!--l. 417--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+<!--l. 420--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.<br
class="newline" />— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.<br
class="newline" />L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
class="newline" />— C’est vous le novice du temple de Melna<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il vous attend. Venez.
-<!--l. 422--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+<!--l. 425--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
guider hors de la pièce.
-<!--l. 434--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 437--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 436--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+<!--l. 439--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
-<!--l. 438--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+<!--l. 441--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Resterait-il à la garde toute sa vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 440--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
+<!--l. 443--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Je m’appelle Irdann.
-<!--l. 445--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
+<!--l. 448--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
tenue de novice l’intriguait.<br
class="newline" />— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-<!--l. 451--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+<!--l. 454--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
blason.<br
class="newline" />— D’où te vient cette arme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-<!--l. 481--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+<!--l. 484--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
-<!--l. 483--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 486--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 485--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
+<!--l. 488--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Certes, elle
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
pauvre créature disparue.<br
-class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôle d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Proposa Samantha.<br
-class="newline" />
+class="newline" />— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
+personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
+pas ma spécialité.
+<!--l. 222--><p class="noindent" >— D’un point de vue plus pratique, on fait quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On dit quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr regarda les trois autres.<br
+class="newline" />— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...<br
+class="newline" />— Soit on mène l’enquête de notre côté, soit on leur dit. Mais on ne peut
+pas ne rien faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Tu as raison, Samantha. Mais je crains que ce problème ne nous
+dépasse.<br
+class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
+jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de
+vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
+faire.<br
+class="newline" />Elle s’était levée, décidée, presque en colère.<br
+class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et
+mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le
+capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.<br
+class="newline" />Elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— En attendant, je vous propose de recopier rapidement tout ce qu’il y a
+sur ces documents. Puis, il faudra les redéposer à leur place...<br
+class="newline" />Ils jetèrent un œil à Farl, qui poussa un soupir.<br
+class="newline" />— Bah, ça ne sera que la troisième fois de la nuit...
+<!--l. 236--><p class="indent" > Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.
+<!--l. 238--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son
guide particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres
voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec
-
-
d’autres... Entre eux s’était tissée une solide complicité.
<!--l. 17--><p class="indent" > Alors qu’il s’accroupissaient tous les deux pour préparer le feu –elle
n’avait pas sa technique, mais elle apprenait vite–, elle aperçut, dans son
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
+
+
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux
s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée
délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène
-
-
étaient de nouveaux normaux. Quelques gouttes de sueur perlaient de son
front. Elle le regardait intensément.
<!--l. 67--><p class="indent" > Tremblant, il posa sa main sur la sienne. Une partie de lui-même lui
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
+
+
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />— Ça me dit quelque chose... je crois que j’ai vu ça dans un livre. Des
araknes, si mes souvenirs sont bons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Attention, là<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Deux autres bêtes s’approchaient à grande vitesse. Silwë bondit, et cueillit
-
-
au vol la première. Aldariel voulut armer une flèche, mais elle était trop
près pour avoir le temps de viser. Elle fit deux pas rapides en arrière pour
tenter de gagner du temps. La créature avait bondi. Alors qu’elle tentait
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
+
+
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis
que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur
-
-
Silwë.
<!--l. 99--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
+
+
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine,
finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu
-
-
étrange, en apparence très léger, qu’il n’avait jamais vu. Son regard
se porta vers son avant-bras. La blessure qui s’y trouvait rappelait
beaucoup une autre qu’il avait subie il y a très peu de temps... Elle
reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas.
Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle
aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le
-
-
menacer à son tour.
<!--l. 121--><p class="indent" > L’homme sembla hésiter. Si Aldariel décidait de le tuer, il avait de
toutes façons le temps de l’égorger avant de mourir. De même, il
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 141--><p class="indent" > Sélène obéit instinctivement et fit un pas rapide vers la droite. Une
-
-
énorme arakne bondit à l’endroit où elle se tenait quelques secondes
plus tôt, et y fut accueillie par une flèche droit dans un de ses yeux.
La bête continua sa course et s’effondra, inerte, aux pieds de Zach,
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
+
+
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour
les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas
l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait
-
-
tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la
magicienne, dans son dos, mais elle ne pouvait pas s’en préoccuper
maintenant. Elle lâcha un trait sur une autre créature, de justesse.
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
+
+
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
class="newline" />— Et on fait quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Aldariel haussa les épaules.<br
class="newline" />— Rien, elle a juste besoin de se reposer. Nous aussi de toutes façons, et il
-
-
faut qu’on se mette à l’abri, rien ne nous dit qu’il ne va pas y avoir d’autres
araknes.<br
class="newline" />— Elle avait dit... que ces bestioles ne supportaient pas l’eau pure, et qu’il
araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se
passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Lui pardonnerait-elle, entre
autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
-
-
si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il détestait se sentir ainsi,
à la merci de ces deux inconnues. Mais avait-il le choix, de toutes
façons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il était le seul assez fort pour pouvoir porter facilement
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
+
+
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner.
<br
class="newline" />Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la
-
-
dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle
défit la bande de cuir qui entourait son poignet droit. La peau était
intacte, mais le cuir marquait de profondes entailles. Il soupira et
donc ce n’est pas une nouveauté pour moi...<br
class="newline" />Devant son regard supris, elle expliqua.<br
class="newline" />— J’y ai appris le maniement de l’épée. C’est d’ailleurs pour ça, et
-
-
pour mon expérience humaine, que j’ai eu l’honneur d’escorter notre
princesse.<br
class="newline" />Elle adressa un sourire amusé à Aldariel. Elle était donc bien une princesse,
quelques branches plus haut<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mmm... Et dans ce buisson à droite, tu distingues quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a ce qui ressemble à une entrée de terrier, et un renard semble en
-
-
sortir avec prudence. Ah, il vient de rentrer...<br
class="newline" />Nouveau regard entendu, presque inquiet. Il avait l’impression d’avoir fait
quelque chose de mal, mais quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Silwë reprit la parole.<br
assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains
semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette
différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans
-
-
ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur
sa vue<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait très bien pu prétendre voir un petit peu moins
bien...
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
+
+
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
+
+
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou
ailleurs.
<!--l. 308--><p class="indent" > Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes
-
-
d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais
les elfes ayant la réputation d’avoir une grande longévité, ça ne
voulait peut-être pas dire grand chose... Elles dormaient l’une contre
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
+
+
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas,
elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi
efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait
-
-
entendu le son de son arc se détendre dans son dos. Fort heureusement,
elle avait estimé que l’arakne était une meilleure cible que lui... Il
frissonna.
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
+
+
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme
celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle
haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse
-
-
peur<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 331--><p class="indent" > La fatigue l’envahit à nouveau, interrompant ses pensées. Il ferma les
yeux, et s’endormit à son tour.
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
+
+
toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
savoir...
<!--l. 342--><p class="indent" > Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
-
-
avec une épée d’ailleurs... Ah si elle avait été valide, elle ne se serait
pas retrouvée immobilisée aussi facilement. Elle prendrait bien sa
revanche, mais l’attaquer n’était pas forcément la meilleure façon de lui
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
+
+
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
class="newline" />— Oui. Nous nous sommes relayés... C’est pourquoi Zach et Aldariel
dorment encore.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Beaucoup trop de questions lui venaient à l’esprit, elle ne
-
-
savait pas par où commencer. Peut-être par la plus critique<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Si je ne me trompe pas, vous êtes des elfes sylvaines<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— En effet.<br
maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 9--><p class="indent" > Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une
-
-
cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il
portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume
ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s’approchait du château
de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+
+
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
seigneur de la capitale, et nous la voyons peu.<br
class="newline" />Irdann observa le portrait. La damoiselle devait avoir une quinzaine
d’années quand le tableau avait été peint. Des longs cheveux châtains
-
-
tressés avec des rubans, de jolis yeux noisette, et une longue robe de couleur
crème, brodée d’or. Un air sage, convenable à une jeune fille de son
rang.<br
class="newline" />Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.<br
class="newline" />— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
noble paladin.
-
-
<!--l. 41--><p class="indent" > Il ferma soigneusement la porte de la chambre de Sélène, après avoir
demandé à n’être dérangé sous aucun prétexte. Puis il fit le tour de la
pièce. Ça n’allait pas être simple, et il le savait. Ne connaissant pas
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question.
Et puis il avait commencé à vivre à la capitale... où se côtoyaient toutes
-
-
sortes d’êtres –presque– sans frictions et où la magie était une pratique
courante –il y avait même une université pour l’apprendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Le contraste
avec cette région était si saisissant... À la garde, maître Ernest ne
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
+
+
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il
se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient
qu’elle était toujours en vie, ce qui était rassurant, mais les variations
-
-
de rythme le perturbaient. Cette accélération soudaine, il y a une
demi-heure, était-elle due à un moment de peur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un effort physique
immédiat<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un émoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un danger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tout s’était calmé rapidement...
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
+
+
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 73--><p class="indent" > Assise en tailleur, Sélène observait le contenu du petit chaudron, posé
sur un feu, qui se trouvait devant elle. Depuis la veille, ils avaient décidé de
-
-
faire route avec les deux elfes, qui s’étaient avérées d’agréables compagnes
de voyage. Elles étaient aussi à l’aise en forêt que des poissons dans l’eau,
plus encore que Zach. Aldariel, assise en face d’elle, lui avait parlé de
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
+
+
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
chaudron d’eau. Elle était restée quelques secondes à l’observer,
légèrement gênée de constater qu’elle n’avait pas du tout honte de le
faire.
-
-
<!--l. 92--><p class="indent" > Elle détendit ses jambes. Sa robe n’était plus aussi impeccable qu’au
départ... Toutes les broderies du bas étaient sales ou abîmées à force de
marcher dans la forêt, et une longue déchirure verticale remontait jusqu’à
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
+
+
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 140--><p class="indent" > Elle avait à la fois redouté et espéré ce moment. Mais elle s’était fait
-
-
piéger, et n’avait pas l’intention de reculer maintenant. Ils passèrent
quelques instants à se mesurer du regard. Zach tenait son épée, un peu plus
courte que la sienne, à une main. Sa position de garde était impeccable. Il
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
+
+
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main
permettaient.
<!--l. 156--><p class="indent" > Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
-
-
difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son
épée était mieux équilibrée, ou plus longue. Sa technique était juste
irréprochable. Sur les trois échanges qui suivirent, il ne parvint à en gagner
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
+
+
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
Pourquoi s’énerver ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit
quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis
brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la
-
-
poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son
poignet qu’il maintenait toujours fermement, et la torsion infligée lui fit
lâcher son arme à son tour. Ils se redressèrent rapidement, en souriant
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
+
+
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
<!--l. 179--><p class="indent" > Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras
-
-
et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.<br
class="newline" />— Bien défendu, mais tu t’es fatiguée trop vite...<br
class="newline" />Elle ne répondit pas de suite, trop occupée à retrouver sa respiration. Puis
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
+
+
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
regarda aux alentours, semblant chercher sa direction. <br
class="newline" />— C’est moi ou il a l’intention d’aller droit vers le campement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il avait à peine prononcé les mots, mais l’elfe semblait avoir compris. Ils se
-
-
regardèrent, inquiets. Puis elle secoua la tête, se leva et se pencha vers son
oreille.<br
class="newline" />— File chercher du renfort. Je vais essayer de lui parler pour le retenir.<br
qu’il fasse vite...<br
class="newline" />— Stop<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Où vous rendez-vous comme ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme, la voyant se placer sur son chemin, dégaina aussitôt ses armes, et
-
-
se plaça en position défensive.<br
class="newline" />— Je suis à la recherche de dame Sélène, et aucun obstacle ni aucun homme
ne m’éloignera de ma route.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
+
+
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière
l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux
détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un
-
-
bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être
compliquées...
<!--l. 240--><p class="noindent" ><span
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
+
+
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant
ses compagnons non plus...<br
class="newline" />— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé
-
-
un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous
pouvez donc les rassurer, je vais très bien.<br
class="newline" />Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement. <br
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
+
+
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
class="newline" />— Leur troisième fils.<br
class="newline" />Elle réfléchit quelques instants. Il ne lui semblait pas l’avoir déjà
croisé, plus jeune, or elle avait déjà fait connaissance avec toute
-
-
l’aristocratie locale, incluant –surtout– les potentiels jeunes hommes à
marier.<br
class="newline" />— Mais... pourquoi n’ai-je jamais entendu parler de vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
+
+
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
revanche, semblait extrêmement réticent.
-
-
<!--l. 289--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 291--><p class="indent" > La tension semblait s’être apaisée, même si le guide semblait encore très
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
+
+
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
toujours ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 303--><p class="indent" > Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart.
-
-
Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à
bonne distance. Il lui sembla qu’elle lui effleura le bras, puis tourna
le dos à son guide et se dirigea droit vers lui. Son visage semblait
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
+
+
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle
sujet...<br
class="newline" />Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite
-
-
pichenette sur le front.<br
class="newline" />— Et alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça change quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle bondit sur une branche un peu plus loin, un peu plus haut. Il soupira,
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
+
+
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
+
+
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
+
+
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
<!--l. 373--><p class="indent" > Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait
à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
-
-
village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
attroupement, vraisemblablement humain, ainsi que ce qui ressemblait à des
feux.<br
affaires. Nous arriverons aussi vite que possible, un peu après toi. En
route<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il lui adressa un sourire de reconnaissance, puis se rua en bas.
-
-
<!--l. 393--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 395--><p class="indent" > Il sentait que la jeune femme n’était pas très à l’aise avec lui. En même
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
+
+
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
+
+
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
-
-
arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
class="newline" />— Place-toi derrière moi.<br
pour se défendre...
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
+
+
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage
et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant,
-
-
planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut
et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de
douleur.
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
+
+
sûrement.
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se
retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un
instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau
-
-
qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
temps d’une fraction de seconde, et il se plaça entre elle et l’autre
brigand.
class="newline" />Il avait vu l’homme s’approcher, il l’avait vue se sentir mal, sans pouvoir
rien faire. Il avait toujours trois adversaires face à lui, et peinait à parer
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
+
+
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
class="newline" />— Comme au bon vieux temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 484--><p class="indent" > Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
+
+
pieds.<br
class="newline" />— Vite, il faut aller aider Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Ne t’inquiète pas pour elle. On s’occupe de tout.<br
gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc
pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts
de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir
-
-
manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus–
lorsqu’il s’agit d’une princesse à l’air innocent, délicat et fragile.
<br
<!--l. 499--><p class="indent" > Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
+
+
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...<br
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
+
+
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
Silwë.
<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
trébucher. Il retint une grimace.<br
-class="newline" />— On dirait.
+class="newline" />— On dirait.<br
+class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
+class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme,
+s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
+qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
+rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
+lui.<br
+class="newline" />— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je l’ai
+laissé, ainsi que les vôtres, dans cet arbre.<br
+class="newline" />Alors que sa compagne s’éloignait, elle lui fit remonter son pantalon pour
+mieux examiner sa blessure.<br
+class="newline" />— Ils ne t’ont pas raté. Tu as pu continuer à combattre avec ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Dans le feu de l’action, et quand on a sa vie en danger... Et puis je
+n’avais pas tellement besoin de me déplacer.<br
+class="newline" />— Je t’ai vu dans la bataille, de loin. Tu es impressionnant avec tes
+épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Merci. Mais je ne sais pas ce que je serais devenu si vous n’étiez pas
+venus tous les trois à notre secours... Nous vous devons la vie.
+<!--l. 536--><p class="indent" > À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
+compagne.<br
+class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
+
+
+file au plus vite.<br
+class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
+recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
+pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
+pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
+Il tourna la tête, mais il faisait sombre, et il ne la voyait pas. La jeune elfe
+lui sourit.<br
+class="newline" />— Si c’est pour Sélène et Zach que tu t’inquiètes, rassure-toi, ils sont
+quelques pas derrière toi, et ils vont très bien. <br
+class="newline" />Soulagé, il laissa la jeune elfe s’occuper de son genou.
+<!--l. 543--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 545--><p class="indent" > Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
+combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
+avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
+retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons,
+autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention.
+<br
+class="newline" />— Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’ai rien, ça va.<br
+class="newline" />Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.<br
+class="newline" />— Merci d’être venu à mon secours. À notre secours.<br
+class="newline" />— ... J’ai eu si peur quand je t’ai vue aux prises avec ce bandit.<br
+class="newline" />— Moi aussi. Je ne pensais pas que j’y arriverais...<br
+class="newline" />Il ne répondit pas, et ne bougea pas, la gardant contre lui. Il sentait la
+sueur, le cuir de son armure, et le sang. Mais elle n’avait pas la moindre
+envie d’en bouger.
+<!--l. 555--><p class="noindent" >— Hm... désolée de vous interrompre, mais il faudrait qu’on bouge.<br
+class="newline" />C’était la voix de Silwë. Ils se lâchèrent instantanément. Elle avait remis
+son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques
+mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur
+Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des
+traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était
+blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
+bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
+
+
+montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
+blessure.
+<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
+nuit.<br
+class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
+marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.<br
+class="newline" />— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules en souriant.<br
+class="newline" />— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant
+pis pour le code d’honneur.<br
+class="newline" />Il soupira, et finit par accepter l’aide de Zach pour monter sur le dos de sa
+jument.
+<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
+chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
+et votre nom.<br
+class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
+peut-être pas le moment de le relever.<br
+class="newline" />— Et vous trois, que ferez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Zach haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de
+place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une
+petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre
+battue...<br
+class="newline" />— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de
+cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région,
+n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je préfère dormir par terre que d’avoir à craindre pour ma sécurité,
+confirma Aldariel.
+<!--l. 574--><p class="indent" > Ils avancèrent encore un peu en silence, puis Zach se tourna vers le
+groupe.<br
+class="newline" />— Je peux toujours proposer à ma famille de nous héberger. Je ne pense
+pas qu’ils hurleraient à la vue de deux elfes, et je suis sûr qu’on est en
+sécurité chez eux.<br
+class="newline" />Il marqua une pause, hésitant, puis se tourna vers elle et Irdann.<br
+class="newline" />— Vous êtes également les bienvenus. Même si je comprendrais que vous
+préfériez une taverne à une petite chaumière.<br
+class="newline" />— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers.
+Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.<br
+class="newline" />Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle
+encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à
+un moment où à un autre, ils se séparent...<br
+class="newline" />— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
+peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
+ma tête d’elfe.<br
+class="newline" />Devant la tête suprise du paladin, il s’expliqua.<br
+class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
+m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
+là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
+son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
+sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
+elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
+question.<br
+class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une
+impression<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
+succintement.
+<!--l. 587--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 589--><p class="indent" > Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le
+genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être
+pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait
+courage.
</body></html>