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arc 11 fin du a)
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@@ -350,3 +350,143 @@ Elle ne put s'empêcher de rougir encore. \aure jouait la comédie pour que \jan
 Le jeune garde réfléchit quelques instants, hésitant. Il pouvait bien sûr choisir une de ces options, mais aucune d'entre elles ne semblait l'enchanter. Pourvu que...\\
 --- Si vous n'êtes pas de retour d'ici une heure, j'alerte quelqu'un. Mais je vous en prie, soyez prudentes... et discrètes.\\
 --- Merci pour tout, \jan.
+
+\recit{\aure}
+
+
+\noindent --- Tu es sûre qu'on ne s'est pas trompées ? demanda \aure.\\
+--- Je crois que cette fois c'est bon...
+
+Elle suivit \denise dans une autre petite ruelle étroite. Comment faisaient les citadins pour s'y retrouver ? 
+Ce n'était pas tant que la ville était grande, c'est que les rues étaient très étroites, sinueuses, et se ressemblaient toutes. 
+Rien à voir avec les divers villages et petites villes traversées jusque là, où les \og bourgs \fg se composaient essentiellement d'une route principale et de quelques allées transverses. 
+\denise semblait trouver son chemin, tant bien que mal. L'habitude de la capitale peut-être ?
+
+Plus elles avançaient, plus il faisait sombre, mais ce n'était pas uniquement dû au soir qui tombait. 
+Les bâtisses, très serrées, s'étalaient un peu plus à chaque étages, si bien que les toits se touchaient presque, coupant la lumière venant du ciel. 
+Avec cette obscurité, de nombreuses lampes et bougies s'allumaient ici et là, faisant danser les ombres et en leur donnant une allure inquiétante.
+La pénombre seule aurait été moins effrayante, songea-t-elle, même si sans vision nocturne les humains devaient être bien handicapés.
+
+Les humains, d'ailleurs, n'avaient pas déserté la rue, du moins pas encore. 
+Difficile à dire si c'était spécifique au tournoi ou pas, mais elles avaient presque du mal à se déplacer sans se heurter à des petits marchands ambulants, conducteurs de charrettes, mendiants, simples passants rentrant chez eux, et même quelques nobles, à pied ou à cheval. 
+Et personne ne semblait leur prêter attention outre mesure.
+
+C'est au fond d'une allée plus sale que les autres --\aure préférait ne pas s'imaginer ce qu'il y avait au fond de l'ornière qui servait d'égoût-- que \denise lui montra du doigt une enseigne en bois représentant un rongeur et un tonneau. La taverne du \tavernecontact.
+
+L'intérieur n'avait pas l'air plus accueillant que l'extérieur. La salle était étroite, illuminée par quelques lampes à huile --une mauvaise huile, vu l'odeur.
+Au centre, sur la droite, un comptoir en bois brut noirci par le temps rétrécissait encore la pièce, et autour quatre petites tables et une douzaine de tabourets sur lesquels étaient assis quelques hommes devant des verres complétaient le décor.
+
+Elles s'approchèrent du comptoir, où se trouvait un homme aux cheveux gris, en train de compter son argent.\\
+--- Vous désirez quelque chose ? demanda-t-il en levant la tête.\\
+--- Servez-nous deux verres, répondit \denise en posant quelques pièces sur le meuble en bois. Nous avons aussi un message important à faire passer à \jerome. \\
+Alors qu'il avait posé la main sur la petite monnaie, il s'interrompit et haussa un sourcil. 
+\aure nota que malgré son air vieux et fatigué, le tenancier de la taverne n'en était pas sénile pour autant et les regardait avec suspicion.\\
+--- C'est de la part de qui ? Demanda-t-il après quelques secondes de silence, tout en ramassant les pièces.\\
+Son amie se pencha un peu plus sur le grand comptoir.\\
+--- \denise, murmura-t-elle.\\
+L'homme hocha la tête.\\
+--- Attendez-moi ici.\\
+Sans leur donner plus d'explications, il leur tourna le dos, contourna le comptoir et sortit par une petite porte au fond.
+
+Les deux jeunes femmes se regardèrent en fronçant les sourcils. 
+La réaction de l'homme leur montrait bien qu'il savait qui était \jerome. Mais s'il s'agissait d'un piège...
+
+\noindent --- Bonsoir, jolies damoiselles. Vous venez prendre un verre avec nous ?\\
+\aure se retourna en sentant ses cheveux se hérisser. Trois des buveurs s'étaient levés et s'approchaient d'elles en souriant.
+Même à plusieurs mètres, ils sentaient fort l'alcool et la sueur, et étaient face à eux du côté de la porte. 
+Vu la largeur de la salle et le comptoir, ils gênaient le passage vers la sortie. \\
+--- Non, merci, répondit-elle avec toute la politesse dont elle était capable.\\
+Elle ne savait pas trop comment réagir. Ce genre d'\og altercation \fg était-il courant ? Il ne manquait plus que ça...\\
+--- Allez, dit l'un des hommes --le plus petit, mais aussi le plus proche--, vous n'allez pas rester toutes seules ce soir...\\
+--- Messieurs, interrompit \denise sèchement, nous ne sommes pas des filles de joie et nous sommes pressées. Laissez-nous tranquilles.\\
+Son amie s'était campée face aux hommes avec un air décidé, mais elle était nettement plus petite et plus frêle que même même le plus gringalet des ivrognes. 
+Ils répondirent par un rire. \aure jeta un regard paniqué autour d'elle, mais personne ne bougea. Le gérant n'était pas revenu, et il ne restait de toutes façons qu'un dernier buveur assis, qui semblait observer la scène d'un regard réprobateur mais sans quitter sa chope de bière. 
+
+Sans rien ajouter, comme si la situation était suffisamment claire comme ça, l'un d'eux fit un pas en avant pour saisir le bras de \denise.
+Celle-ci recula vivement et d'un geste ample, dégagea la cape de son épaule gauche, révélant son arme à la ceinture.\\
+--- Pour la dernière fois, laissez-nous tranquilles !\\
+Elle compléta sa phrase en posant sa main gauche sur son fourreau et sa main droite sur la poignée de son épée. 
+Les hommes hésitèrent en voyant l'arme et son air déterminé --même si \aure aurait juré qu'il y avait eu un léger tremblement dans sa voix.
+Probablement qu'à la capitale, avec son uniforme de garde, même la brute la plus stupide aurait préféré laisser tomber. Mais ici ? 
+
+Leur hésitation ne dura pas longtemps. Les trois hommes éclatèrent de rire et s'avancèrent.
+\aure recula de quelques pas, autant pour se protéger que pour laisser plus d'amplitude à \denise. 
+Elle-même était désarmée, et son amie était sûrement capable de tenir tête à ces trois ivrognes. Sûrement. Elle avait déjà fait bien plus dangereux, n'est-ce pas ?
+
+Ce faisant, elle trébucha sur la table qui était juste derrière elle, et n'entendit pas l'homme s'approcher dans son dos avant qu'il ne parle.\\
+--- Vous avez entendu. Dégagez, maintenant.\\
+Et sans attendre leur réponse, l'inconnu passa entre elle et \denise et asséna un gros coup de poing dans le visage du plus petit des trois.
+
+Reprenant à peine son équilibre et ses esprits, elle se rapprocha de son amie --qui étrangement n'avait pas bougé, d'habitude elle réagissait au quart de tour--, et s'apprêta à lui prendre le bras. 
+Autant profiter de la diversion, qui ne durerait peut-être pas, pour s'éclipser ou au moins se mettre un peu plus à l'abri.
+
+Mais avant qu'elle n'ait le temps de s'approcher, un autre homme se faufila entre elles et se jeta dans la mêlée, parant de son avant-bras un coup de poing qui était destiné à son compagnon.
+Juste avant ce geste, il se tourna vers elles et leur envoya un clin d'{\oe}il. \remi.
+
+
+\aure ne savait pas trop si elle devait être soulagée de la tournure des événements, surprise --mais qu'est-ce que \remi pouvait bien faire ici ?-- ou inquiète --qui était l'homme qui l'accompagnait ?--, et elle se contenta d'observer la mêlée.
+Le combat ne dura pas longtemps. Les trois brutes étaient bien saoûles, et leurs coups peu précis. 
+\remi était face au plus grand des trois, et il esquivait sans effort les tentatives maladroites de son adversaire, se faufilant comme une anguille sous sa garde pour lui administrer des coups peut-être pas des plus puissants mais très bien placés.
+L'autre \og défenseur \fg, à la carrure nettement plus imposante, semblait ne faire aucun effort pour lutter contre les deux autres ivrognes, envoyant des poings précis et efficaces tout en se dégaeant de leurs prises comme s'ils ne s'agissait que de petits désagréments.
+Sur un violent coup d'épaule, il envoya à la renverse l'un des hommes, qui entraîna l'autre --derrière lui-- dans sa chute. 
+En même temps, \remi venait d'enfoncer son coude juste sous les côtes du troisième, qui recula et tituba, le souffle coupé.
+
+Les trois brutes gromelèrent, se relevèrent péniblement tout en tenant leurs nez en sang ou leurs camarades, et sortirent en leur lançant des insultes à demi incompréhensibles.
+
+
+\recit{\remi}
+
+Le silence revint d'un coup dans la petite taverne. Il se tourna vers \aure et \denise. 
+C'était bien elles, malgré leurs cheveux attachés et leurs robes longues, à la mode locale. Sauf l'épée de \denise, évidemment, qui n'était peut-être pas le bijou féminin le plus discret. 
+Il fit un geste dans sa direction, et voyant qu'elle réagissait à peine, rabattit le pan de cape sur son épaule gauche. Elle tremblait.
+
+\noindent --- Vous pouvez aller discuter dans l'arrière-salle, si vous voulez, leur indiqua \contact, revenu derrière son comptoir, sans montrer la moindre marque d'émotion sur ce qui venait de se passer.\\
+--- Merci, répondit \chris. Venez, ajouta-t-il à l'intention des deux elfes.\\
+Il prit la direction de la porte du fond, et elles le suivirent. 
+\remi prit les deux chopes en bois que le tenancier venait de poser sur le comptoir, et leur emboîta le pas, fermant d'un coup de pied la porte derrière lui.
+
+L'arrière salle était juste un cellier-entrepôt sombre, principalement occupé par des étagères remplies de victuailles et de bouteilles, ainsi que quelques chaises et tabourets bancals.
+L'endroit n'était visiblement pas vraiment fait pour accueillir du monde, mais ferait l'affaire pour discuter tranquillement.
+
+\noindent --- Je suppose que nous devons vous remercier, monsieur, euh... commença \aure, hésitante.\\
+--- Appelez-moi simplement \chris. Je suis un ami de \denise. Mais ce sont ces trois abrutis qui devraient nous remercier.\\
+Il s'assit sur un tabouret, et leur fit signe de l'imiter.\\
+--- Je suis désolé pour cette scène, \denise. Je sais que tu aurais été parfaitement capable de te défendre face à ces trois imbibés, et c'est bien pour ça qu'on est intervenus. 
+Tu les aurais tués, ou blessés gravement, n'est-ce pas ? Je ne dis pas que tu aurais eu tort, bien sûr. Mais ça t'aurait causé beaucoup d'ennuis.\\
+--- Je suppose, vu vos vêtements, que vous êtes là incognito ? ajouta \remi. C'est moche à dire, mais pour ces soûlards et beaucoup d'autres, il est normal de se prendre un coup de poing dans une taverne.
+Au moins comme ça, personne n'ira raconter des rumeurs bizarres. Même si pour vous...\\
+\denise hocha la tête et soupira en s'asseyant sur une caisse qui faisait office de siège. \\
+--- Vous avez raison. Et il y a plus important.\\
+--- Est-ce qu'on peut avoir quelques explications quand même ? intervint \aure. Pour commencer, qu'est-ce que tu fais ici, \remi ?\\
+--- \chris est venu me chercher, répondit-il en souriant. Et oui, on s'est croisés il y a quelque temps, c'est une longue histoire. 
+Mais il paraît que vous aviez besoin d'un petit coup de main, alors je suis venu.\\
+--- Et où est \jerome ? demanda \denise.\\
+--- Aucune idée, répondit \chris. Nous arrivons tout juste d'un comté voisin, une journée entière de voyage... Et pas --encore-- de nouvelles de lui. 
+Il est probablement en vadrouille quelque part.\\
+--- Pourquoi avez-vous pris le risque de venir jusqu'ici ? commença \remi en s'asseyant à son tour sur une caisse. \jerome nous avait déjà expliqué toute l'histoire et... \\
+--- Parce qu'il y a quelques détails que vous ne savez pas et que vous devez savoir, coupa \denise. Et je prendrais bien une gorgée, dit-elle en tendant le bras vers la chope de bière qu'il tenait toujours.
+
+Il avait cru remarquer que, jusque là, les deux elfes évitaient de boire de l'alcool, ou en buvaient très peu. 
+Il n'en connaissait pas vraiment la raison, mais si elle en prenait volontiers, c'est qu'elle devait vraiment avoir besoin d'un remontant.
+
+Lorsqu'elle commença son récit, il comprit pourquoi. Et il termina la chope.
+
+\noindent --- ... Et donc, \chloe t'a donné ça ? dit-il, intrigué, en voyant la pierre dans la petite bourse d'\ismael.\\
+--- Oui. Elle m'a dit que ça pourrait mener vers elle. Mais je n'ai pas vraiment compris comment, et elle ne m'a rien dit de plus, de peur qu'on nous entende. Est-ce un objet magique ?\\
+\remi ne répondit pas, laissant ses doigts jouer machinalement avec la pierre. 
+Il savait le sort de \chloe, depuis que \chris lui avait raconté, mais le récit --même plutôt bref-- de \denise l'avait secoué. Savoir qu'elle était vaguement prisonnière était une chose, entendre les détails de sa captivité en était une autre... Il avait presque l'impression de l'avoir vue, entendue, sentie, du fond de sa prison. À présent, il se sentait presque coupable d'avoir mangé, bu et ri en toute insouciance à la ferme de ses cousins, en ignorant totalement son sort.
+
+\noindent --- ... Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je transmette la lettre, \denise ? demanda \chris, tirant \remi de ses pensées.\\
+--- Non, je ne crois pas y avoir mis d'éléments personnels, répondit-elle en haussant les épaules.\\
+Il n'avait pas tout suivi cette histoire de lettre, ni la fin de la conversation, mais \chris lui raconterait de toutes façons. \\
+--- Alors on vous raccompagne sur une partie du chemin, puis on rentre raconter tout ça aux autres. \\
+--- Les autres ?\\
+--- \seve est avec nous aussi. Durant notre absence, elle devait essayer de contacter \ismael... donc nous en saurons plus à ce moment-là. 
+Tout ce qu'on savait, avant de partir, c'est qu'il était vivant.\\
+Un peu de soulagement se peignit sur les visages des deux jeunes fem\-mes, et ils se levèrent.\\
+--- Et puis, vous allez pouvoir vous reposer, en sécurité, au château, ajouta \remi en chemin. On vient de faire une journée entière de voyage à cheval, et je crois que le sommeil n'est pas pour tout de suite...\\
+--- Se reposer en sécurité, c'est vite dit. Quand on est régulièrement menacé par quelqu'un qui porte le visage d'un ami, on n'a pas vraiment l'impression d'être en sécurité. À choisir, je préfèrerais chevaucher toute la journée dans la poussière. Ou fréquenter les tavernes des bas-fonds, et ses ivrognes agressifs qui au moins n'exigent pas qu'on sourie comme si tout allait bien, répondit \denise.
+
+Il ne sut pas trop quoi répondre. La situation ne devait effectivement pas être facile.\\
+--- Courage, lui dit-il simplement.\\
+--- Je ne peux rien vous promettre, ajouta \chris. Mais on ne va pas rester sans rien faire. Je préfère ne pas vous en dire plus, déjà parce qu'il faut en discuter avec les autres, et ensuite parce que par sécurité il vaut mieux que vous n'en sachiez pas trop. Mais faites-nous confiance, et continuez à jouer le jeu pour qu'ils ne se doutent de rien. Bonne chance.