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@@ -270,3 +270,221 @@ Et d'un air digne et décidé, elle sortit de la chambre, la laissant seule. \de
 Mais d'un autre côté, elles avaient convenu que s'il le fallait, une seule sur les deux irait rejoindre \jerome. Elle devait faire confiance à \aure, non pas comme à une princesse à protéger, mais comme à une compagne d'armes, qui connaît le risque qu'elle prend, et qui attend d'elle qu'elle fasse sa part du travail. Sans compter que cette diversion imprévue était probablement parfaite : si \mageninja l'emmenait voir le sosie, personne n'allait la surveiller pendant un petit moment.
 
 Elle acheva son chignon en une dizaine de secondes, malgré les tremblements de ses doigts, passa son épée à sa ceinture, puis mit sur les épaules la grande cape de laine que le duc lui avait offerte à leur arrivée --les soirées étaient fraîches dans la région. Elle glissa sous ses vêtements le petit sac en cuir et la lettre --expliquant tous les détails, au cas où elle n'ait pas le temps de tout raconter-- puis vérifia rapidement qu'ils ne risquaient pas de tomber par accident ou d'être vus. Enfin, elle quitta la chambre d'un pas rapide.
+
+\recit{\aure}
+
+\noindent --- À quel jeu tu joues, \aure ? Commença le sosie d'\ismael, à peine la porte de ses appartements refermée derrière eux.\\
+--- De quoi tu parles ?\\
+Elle avait essayé d'avoir l'air le plus innocent possible, mais ne pouvait s'empêcher de sentir son c{\oe}ur se serrer de crainte.\\
+--- Tu nous évites autant que possible, et ces rumeurs qui courent... comme quoi je chercherais à te faire la cour, ou quelque chose comme ça !\\
+Elle réprima un soupir de soulagement. Ils ne savaient rien à propos de la visite surprise de \jerome ni de la \og sortie \fg qu'elles avaient prévue. Elle reprit aussitôt le contrôle et lui sourit.\\
+--- Je n'ai pas lancé ces rumeurs, elles se sont mises à courir toutes seules. Je les ai peut-être un peu encouragées... Mais ça n'a pas été bien difficile, avec ta tendance à nous suivre, moi ou \denise, partout où nous allons !\\
+--- Tu joues avec le feu, répondit \mageninja, n'oublie pas que nous tenons tes amis en otage. Si ne serait-ce que des soupçons se mettaient à peser sur l'identité d'\ismael, tu sais ce qu'ils risquent...\\
+Le ton agressif des deux hommes masquait mal leur inquiétude.\\
+--- ... Et ton rôle est justement de tout faire pour que je ne me fasse pas remarquer, au lieu d'attirer stupidement l'attention sur moi ! continua le sosie.\\
+Elle soupira, puis décida de passer à l'attaque à son tour. Plus facile de masquer ses émotions comme cela.\\
+--- C'est vous qui êtes stupides. Ne pas attirer l'attention ? Tu es censé être le troisième fils du duc, paladin de \deesse --et probablement l'unique aujourd'hui--, une figure importante de la cour. Tu ne pouvais pas ne pas attirer l'attention de tous ces seigneurs qui ont entendu parler de toi, et qui cherchent à t'approcher pour avoir par toi les faveurs de ton père, ou qui espère pouvoir te faire épouser leur fille...\\
+--- Et ce n'est pas le moment d'en rajouter ! continua le sosie.\\
+--- Au contraire ! répliqua \aure. Maintenant qu'elle était lancée, son discours lui venait plus naturellement. J'ai très vite compris comment marchait la cour du duc, et tous ces beaux sires et belles dames se jettent sur les ragots comme une meute de loups sur un agneau abandonné. Donne-leur une histoire croustillante, que le sieur \ismael n'aurait d'yeux que pour la princesse des elfes, et ils ne chercheront pas une seconde à te poser des questions sur d'autres sujets. C'est bien plus intéressant, surtout vu que tu n'es pas le seul à vouloir jouer à ce jeu...
+
+Elle laissa passer quelque secondes, durant lesquelles les deux hom\-mes se regardèrent, indécis.\\
+--- Elle n'a pas tout à fait tort, admit \mageninja. Des rumeurs de ce type ne peuvent pas nous nuire, voire même en effet nous couvrir plus efficacement.\\
+--- Cela n'explique pas pourquoi tu as soi-disant \og encouragé \fg ces bruits qui couraient, intervint le sosie. Je ne crois pas une seconde que tu aies pris cette initiative pour nous protéger encore plus.\\
+Elle sourit.\\
+--- Je suis mal à l'aise en ta compagnie, il y a de quoi, et je cherche en effet des occasions pour éviter d'y être. Et quand j'y suis, je ne suis pas toujours très efficace pour cacher ma gène. Pour le moment ça va, mais jusqu'où ? Jusqu'à quand ? En faisant mine d'être agacée par des avances et en cherchant à t'éviter pour cela, je donne à tout le monde une bonne raison d'être mal à l'aise en ta présence. Cela m'aide, et cela ne te dessert pas.
+
+De nouveau un court silence.\\
+--- Tu aurais pu nous informer de cette initiative...\\
+--- Je n'ai fait que jouer un peu sur des rumeurs qui couraient déjà, je pensais que vous étiez déjà au courant quand même !\\
+--- Il est vrai que cela te donne une excuse pour passer du temps avec \aure ou \denise, plus facilement encore, admit \mageninja à l'intention du sosie. \\
+--- Soit. Cela veut dire que je dois me focaliser sur l'une d'entre vous ? Cela ne me paraît pas...\\
+--- Tu peux faire ce que tu veux, coupa \aure. Continuer comme tu faisais déjà, ça n'a pas fait taire les rumeurs. Te focaliser sur l'une d'entre nous, pour en jouer encore plus. Nier en bloc, ce qui bien sûr encouragera encore les on-dit à ce sujet. Ou par exemple, faire croire que tu essaies de sympathiser avec \denise pour m'atteindre... ce qu'essaient pas mal de jeunes seigneurs de la cour d'ailleurs. Je ne sais pas qui il faut plus plaindre, d'eux ou de \denise, ajouta-t-elle avec un air amusé. Ou tu peux encore faire semblant de faire le contraire, ce qui serait assez amusant et original.\\
+--- Soit. C'est plutôt pertinent. Mais tu devras aussi jouer le jeu à ton tour.\\
+--- Je continuerai de jouer le rôle de la princesse \aure, comme depuis que je suis arrivée au château, qui de toutes façons ne se donne pas au premier courtisan venu. Sinon ce ne serait pas naturel.\\
+Surtout parce que les courtisans standard font de piètres amants, compléta mentalement l'elfe. Tout dans l'apparence... En tous cas c'était comme ça chez elle, et elle n'avait ni le temps ni l'envie de faire une étude humaine approfondie.
+
+\noindent --- Et si ça ne vous dérange pas, messire \ismael, reprit-elle en exécutant une révérence, je vais retourner dans ma chambre me préparer en attendant le banquet. Bonne soirée.\\
+Elle partit d'un air décidé, en laissant le sosie et son \og serviteur \fg --qui semblait être plus le chef ou référent dans l'histoire-- derrière elle et ferma la porte.
+
+Ce n'était pas une vraie victoire, mais avoir le dernier mot face à ces deux hommes était toujours satisfaisant. Elle marcha à pas rapides vers sa chambre. Il ne s'était pas passé beaucoup de temps, \denise était peut-être encore au château.
+
+\recit{\denise}
+
+\noindent --- Je ne serai sortie que peu de temps. Moins d'une heure ! insista \denise.\\
+--- Je veux bien vous croire, reprit \jan, dans le couloir qui menait à la porte, mais les rues sont dangereuses la nuit. Que se passerait-il si vous arrivait quelque chose ?\\
+Elle dégaina son épée et la pointa sur lui en souriant.\\
+--- Tu veux dire que les rues seront dangereuses parce que j'y serai ?\\
+Le garde soupira, et ne put s'empêcher de sourire à son tour durant quelques instants.\\
+--- C'est vrai, mais...\\
+Il ne termina pas sa phrase, et évitait de la regarder droit dans les yeux. Elle rangea son épée et croisa les bras face à lui.\\
+--- Arrête, \jan. Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? Quelqu'un t'a donné l'ordre de ne pas me laisser sortir ?\\
+--- ... Oui, répondit-il, à demi-gêné, à demi-soulagé de n'avoir plus à inventer des excuses.\\
+--- Qui ? Insista-t-elle, craignant de connaître la réponse.
+
+\noindent --- Inutile, je sais très bien de qui il s'agit et pourquoi.\\
+\denise se retourna pour voir \aure arriver en courant au coin du couloir. Elle avait reposé sa couronne et attrapé son manteau de laine, qu'elle était en train d'enfiler.\\
+--- C'est évident, reprit-elle à leur hauteur, c'est \ismael.\\
+\jan ne sembla pas la contredire, ou alors il le cachait bien.\\
+--- Et la vraie raison, celle qu'il n'avouera pas, c'est qu'il est jaloux.\\
+--- Quoi ?\\
+L'étonnement dans le visage du garde permit à \denise de masqueuar le sien. Qu'allait raconter \aure encore ? Enfin, si ça marchait, elle n'allait pas se plaindre. Encore plus si elle pouvait l'accompagner.\\
+--- Tu te souviens de notre visite de la ville ? Le jeune ménestrel jongleur ? Je sais bien que tu as fait semblant de ne pas le remarquer, mais tu as bien vu que lui et \denise...\\
+Il la regarda alors qu'elle se sentait rougir légèrement, mais ne dit rien.\\
+--- Que crois-tu que \denise veut faire, à sortir du château le plus discrètement possible ? ajouta-t-elle avec un sourire triomphant.\\ Qu'est-ce qu'\aure avait fait avec \mageninja pendant son absence pour revenir aussi énergique et motivée ?\\
+--- Oh... répondit \jan, en regardant \denise. C'est donc pour ça que tu disais avoir une lettre personnelle à transmettre...\\
+Elle hocha la tête, soulagée de n'avoir rien dit d'incohérent. \\
+--- \ismael semble avoir eu vent de l'existence de l'amant de \denise, continua \aure.\\
+--- Je n'ai rien dit, je vous le promets ! répondit le garde sur la défensive.\\
+--- Peut-être. Toujours est-il qu'il le sait, et qu'il veut éviter qu'elle ne le voit... c'est aussi simple que cela. Et c'est bien pour cela que nous voulons aller le voir en toute discrétion. Y compris ta discrétion...
+
+Un moment passa, durant lequel le jeune soldat regarda les deux elfes, en robes longues et avec de longs manteaux, les cheveux coiffés à la mode humaine. \aure avait eu une idée géniale. Inventer une fausse-vraie raison pour laquelle le sosie ne voulait pas les laisser partir était parfaite. Mais... elle aurait bien aimé justement que toute cette affaire ne soit qu'une histoire de c{\oe}ur.\\
+--- Mais si elle veut voir... quelqu'un, pourquoi souhaitez vous également l'accompagner ?\\
+Elle sourit.\\
+--- Là, il n'y a pas de princesse qui tienne. Je l'accompagne, je surveille la porte, je fais semblant que nous sommes là pour autre chose, bref, je suis l'amie complice sur qui elle peut compter. Comme elle le ferait pour moi dans l'autre sens. Tu ferais ça pour des camarades non ?\\
+Elle ne put s'empêcher de rougir encore. \aure jouait la comédie pour que \jan les laisse partir --et à son air indécis, ça avait l'air de marcher--, mais elle sentait dans cette phrase des morceaux de sincérité qui lui allaient droits au c{\oe}ur. Si elle était réellement en train de s'enfuir pour voir \jerome, \aure ferait tout cela pour elle, elle en était convaincue. Quitte à lui demander les détails après, parce que c'était \aure.
+
+\noindent --- \ldots bon, si tu crains tant que ça, tu peux nous accompagner, continuait son amie.\\
+--- Je ne peux pas quitter mon poste, évidemment. \\
+--- Alors je te propose une solution simple. Je reste avec toi le temps que \denise aille \og le \fg voir. Nous voulions y aller toutes les deux, mais si tu as peur pour moi, je l'attends ici. Tu me tiendras compagnie, ajouta-t-elle en souriant et en posant la main sur son épaule.
+
+Le jeune garde réfléchit quelques instants, hésitant. Il pouvait bien sûr choisir une de ces options, mais aucune d'entre elles ne semblait l'enchanter. Pourvu que...\\
+--- Si vous n'êtes pas de retour d'ici une heure, j'alerte quelqu'un. Mais je vous en prie, soyez prudentes... et discrètes.\\
+--- Merci pour tout, \jan.
+
+\recit{\aure}
+
+
+\noindent --- Tu es sûre qu'on ne s'est pas trompées ? demanda \aure.\\
+--- Je crois que cette fois c'est bon...
+
+Elle suivit \denise dans une autre petite ruelle étroite. Comment faisaient les citadins pour s'y retrouver ? 
+Ce n'était pas tant que la ville était grande, c'est que les rues étaient très étroites, sinueuses, et se ressemblaient toutes. 
+Rien à voir avec les divers villages et petites villes traversées jusque là, où les \og bourgs \fg se composaient essentiellement d'une route principale et de quelques allées transverses. 
+\denise semblait trouver son chemin, tant bien que mal. L'habitude de la capitale peut-être ?
+
+Plus elles avançaient, plus il faisait sombre, mais ce n'était pas uniquement dû au soir qui tombait. 
+Les bâtisses, très serrées, s'étalaient un peu plus à chaque étages, si bien que les toits se touchaient presque, coupant la lumière venant du ciel. 
+Avec cette obscurité, de nombreuses lampes et bougies s'allumaient ici et là, faisant danser les ombres et en leur donnant une allure inquiétante.
+La pénombre seule aurait été moins effrayante, songea-t-elle, même si sans vision nocturne les humains devaient être bien handicapés.
+
+Les humains, d'ailleurs, n'avaient pas déserté la rue, du moins pas encore. 
+Difficile à dire si c'était spécifique au tournoi ou pas, mais elles avaient presque du mal à se déplacer sans se heurter à des petits marchands ambulants, conducteurs de charrettes, mendiants, simples passants rentrant chez eux, et même quelques nobles, à pied ou à cheval. 
+Et personne ne semblait leur prêter attention outre mesure.
+
+C'est au fond d'une allée plus sale que les autres --\aure préférait ne pas s'imaginer ce qu'il y avait au fond de l'ornière qui servait d'égoût-- que \denise lui montra du doigt une enseigne en bois représentant un rongeur et un tonneau. La taverne du \tavernecontact.
+
+L'intérieur n'avait pas l'air plus accueillant que l'extérieur. La salle était étroite, illuminée par quelques lampes à huile --une mauvaise huile, vu l'odeur.
+Au centre, sur la droite, un comptoir en bois brut noirci par le temps rétrécissait encore la pièce, et autour quatre petites tables et une douzaine de tabourets sur lesquels étaient assis quelques hommes devant des verres complétaient le décor.
+
+Elles s'approchèrent du comptoir, où se trouvait un homme aux cheveux gris, en train de compter son argent.\\
+--- Vous désirez quelque chose ? demanda-t-il en levant la tête.\\
+--- Servez-nous deux verres, répondit \denise en posant quelques pièces sur le meuble en bois. Nous avons aussi un message important à faire passer à \jerome. \\
+Alors qu'il avait posé la main sur la petite monnaie, il s'interrompit et haussa un sourcil. 
+\aure nota que malgré son air vieux et fatigué, le gérant de la taverne n'en était pas sénile pour autant et les regardait avec suspicion.\\
+--- C'est de la part de qui ? Demanda-t-il après quelques secondes de silence, tout en ramassant les pièces.\\
+Son amie se pencha un peu plus sur le grand comptoir.\\
+--- \denise, murmura-t-elle.\\
+L'homme hocha la tête.\\
+--- Attendez-moi ici.\\
+Sans leur donner plus d'explications, il leur tourna le dos, contourna le comptoir et sortit par une petite porte au fond.
+
+Les deux jeunes femmes se regardèrent en fronçant les sourcils. 
+La réaction de l'homme leur montrait bien qu'il savait qui était \jerome. Mais s'il s'agissait d'un piège...
+
+\noindent --- Bonsoir, jolies damoiselles. Vous venez prendre un verre avec nous ?\\
+\aure se retourna en sentant ses cheveux se hérisser. Trois des buveurs s'étaient levés et s'approchaient d'elles en souriant.
+Même à plusieurs mètres, ils sentaient fort l'alcool et la sueur, et étaient face à eux du côté de la porte. 
+Vu la largeur de la salle et le comptoir, ils gênaient le passage vers la sortie. \\
+--- Non, merci, répondit-elle avec toute la politesse dont elle était capable.\\
+Elle ne savait pas trop comment réagir. Ce genre d'\og altercation \fg était-il courant ?\\
+--- Allez, dit l'un des hommes --le plus petit, mais aussi le plus proche--, vous n'allez pas rester toutes seules...\\
+--- Messieurs, interrompit \denise sèchement, nous ne sommes pas des filles de joie et nous sommes pressées. Laissez-nous tranquilles.\\
+Son amie s'était campée face aux hommes avec un air décidé, mais elle était nettement plus petite et plus frêle que même même le plus gringalet des ivrognes. 
+Ils répondirent par un rire. \aure jeta un regard paniqué autour d'elle, mais rien ne bougea. 
+Il ne restait de toutes façons qu'un dernier buveur assis, qui semblait observer la scène d'un regard réprobateur mais sans quitter sa chope de bière. 
+
+Sans rien ajouter, comme si la situation était suffisamment claire comme ça, l'un d'eux fit un pas en avant pour saisir le bras de \denise.
+Celle-ci recula vivement --les mouvements de l'homme n'étaient pas très précis-- et d'un geste ample, dégagea la cape de son épaule gauche, révélant son arme à la ceinture.\\
+--- Pour la dernière fois, laissez-nous tranquilles !\\
+Et faisant ce geste, elle posa la main gauche sur son fourreau et la main droite sur la poignée de son épée. 
+Elle avait dit cela avec beaucoup de fermeté, mais \aure avait entendu un léger tremblement dans sa voix.
+Les hommes hésitèrent en voyant l'arme et son air décidé. 
+Probablement qu'à la capitale, avec son uniforme de garde, même la brute la plus stupide aurait préféré laisser tomber. Mais ici ? 
+
+Leur hésitation ne dura pas longtemps. Les trois hommes éclatèrent de rire et s'avancèrent.
+Son amie était sûrement capable de tenir tête à ces trois ivrognes. Sûrement. Elle avait déjà fait bien plus dangereux, n'est-ce pas ?
+
+\aure recula de quelques pas, autant pour se protéger que pour laisser plus d'amplitude à \denise.
+Ce faisant, elle trébucha sur la table qui était juste derrière elle, et n'entendit pas l'homme s'approcher dans son dos avant qu'il ne parle.\\
+--- Vous avez entendu. Dégagez, maintenant.\\
+Et sans attendre leur réponse, l'homme passa entre elle et \denise, et asséna un gros coup de poing dans le visage du plus petit des trois.
+
+Reprenant à peine son équilibre et ses esprits, elle se rapprocha de son amie --qui étrangement n'avait pas bougé, d'habitude elle réagissait au quart de tour--, et s'apprêta à lui prendre le bras. 
+Autant profiter de la diversion, qui ne durerait peut-être pas, pour s'éclipser ou au moins se mettre un peu plus à l'abri.
+
+Mais avant qu'elle n'ait le temps là encore de s'approcher, un autre homme se faufila entre les deux jeunes femmes et se jeta dans la mêlée, parant de son avant-bras un coup de poing qui était destiné à son compagnon.
+Juste avant ce geste, il se tourna vers elles et leur envoya un clin d'{\oe}il. \remi.
+
+
+\aure ne savait pas trop si elle devait être soulagée de la tournure des événements, surprise --mais qu'est-ce que \remi pouvait bien faire ici ?-- ou inquiète --qui était l'homme qui l'accompagnait ?--, et elle se contenta d'observer la mêlée.
+Le combat ne dura pas longtemps. Les trois brutes étaient bien saoûls, et leurs coups peu précis. 
+\remi était face au plus grand des trois, et il esquivait sans effort les tentatives maladroites de son adversaire, se faufilant comme une anguille sous sa garde pour lui administrer des coups moins violents mais très bien placés.
+L'autre \og défenseur \fg, à la carrure nettement plus imposante, semblait ne faire aucun effort pour lutter contre les deux autres ivrognes, envoyant des poings précis et efficaces tout en se dégaeant de leurs prises comme s'ils ne s'agissait que de petits désagréments.
+Sur un violent coup d'épaule, il envoya à la renverse l'un des hommes, qui entraîna l'autre --derrière lui-- dans sa chute. 
+En même temps, \remi venait de placer un coude juste sous les côtes du troisième, qui recula, à bout de souffle.
+
+Les trois brutes gromelèrent, se relevèrent péniblement tout en tenant leurs nez en sang ou leurs camarades, et sortirent en leur lançant des insultes à moitié incompréhensibles.
+
+
+\recit{\remi}
+
+Le silence revint d'un coup dans la petite taverne. Il se tourna vers \aure et \denise. 
+C'était bien elles, malgré leurs cheveux attachés et leurs robes longues, à la mode locale. Sauf l'épée de \denise, évidemment, qui n'était peut-être pas le bijou féminin le plus discret. 
+Il fit un geste dans sa direction, et voyant qu'elle réagissait à peine, rabattit le pan de cape sur son épaule gauche. Elle tremblait.
+
+\noindent --- Vous pouvez aller discuter dans l'arrière-salle, si vous voulez, leur indiqua \contact, revenu derrière son comptoir.\\
+--- Merci, répondit \chris. Venez, ajouta-t-il à l'intention des deux elfes.\\
+Il prit la direction de la porte du fond, et elles le suivirent. 
+\remi prit les deux chopes en bois que le gérant leur indiqua, et leur emboîta le pas, fermant d'un coup de pied la porte derrière lui.
+
+L'arrière salle était juste un cellier ou entrepôt sombre, principalement occupé par des étagères remplies de victuailles et de bouteilles, ainsi que quelques chaises et tabourets bancals.
+L'endroit n'était visiblement pas vraiment fait pour accueillir du monde, mais ferait l'affaire pour discuter tranquillement.
+
+\noindent --- Je suppose que nous devons vous remercier, monsieur, euh... commença \aure, hésitante.\\
+--- Appelez-moi simplement \chris. Je suis un ami de \denise. Mais ce sont ces trois abrutis qui devraient nous remercier.\\
+Il s'assit sur un tabouret, et leur fit signe de l'imiter.\\
+--- Je suis désolé pour cette scène, \denise. Je sais que tu aurais été parfaitement capable de te défendre face à ces trois imbibés, et c'est bien pour ça qu'on est intervenus. 
+Tu les aurais tués, ou blessés gravement, n'est-ce pas ? Je ne dis pas que tu aurais eu tort, bien sûr. Mais ça t'aurait causé beaucoup d'ennuis.\\
+--- Je suppose, vu vos vêtements, que vous êtes là incognito ? ajouta \remi. C'est moche à dire, mais pour ces soûlards, et beaucoup d'autres, il est normal de se prendre un coup de poing dans une taverne.
+Personne n'ira raconter des rumeurs bizarres.\\
+\denise hocha la tête et soupira en s'asseyant sur une caisse qui faisait office de siège. \\
+--- Vous avez raison.\\
+--- Est-ce qu'on peut avoir quelques explications quand même ? intervint \aure. Par exemple, qu'est-ce que tu fais ici, \remi ?\\
+--- \chris est venu me chercher, répondit-il en souriant. Et oui, on s'est croisés il y a quelque temps, c'est une longue histoire. 
+Mais il paraît que vous aviez besoin d'un petit coup de main, alors je suis là.\\
+--- Et où est \jerome ? demanda \denise.\\
+--- Nous ne savons pas, répondit \chris. Nous arrivons tout juste d'un comté voisin, une journée entière de voyage... Et pas --encore-- de nouvelles de lui. 
+Il est probablement en vadrouille quelque part, où à la ferme où nous logeons.\\
+--- Pourquoi avez-vous pris le risque de venir jusqu'ici ? \jerome nous avait déjà expliqué l'histoire... commença \remi en s'asseyant à son tour sur une caisse.\\
+--- Parce qu'il y a quelques détails que vous ne savez pas. Oui, je veux bien une gorgée, merci, dit-elle en acceptant une gorgée de la chope de bière.
+
+Il avait cru remarquer que, jusque là, \denise comme \aure évitaient de boire de l'alcool, ou en buvaient très peu. 
+Il n'en connaissait pas vraiment la raison, mais il en conclut que la jeune elfe devait être sous le choc.
+
+Lorsqu'elle commença son récit, il comprit pourquoi. Et il termina la chope.
+
+\noindent --- ... Et donc, \chloe t'a donné ça ? dit-il, intrigué, en voyant la pierre dans la petite bourse d'\ismael.\\
+--- Oui. Elle m'a dit que ça pourrait mener vers elle. Mais je n'ai pas vraiment compris comment. Est-ce un objet magique ?\\
+\remi ne répondit pas, laissant ses doigts jouer machinalement avec la pierre. 
+Il savait le sort de \chloe, depuis que \chris lui avait raconté, mais le récit --même plutôt bref-- de \denise sur ses conditions de captivité l'avait boulversé.
+Même s'il se forçait à constater qu'elle allait finalement pas si mal, qu'elle était bien traitée... 
+Il avait presque l'impression de l'avoir vue, entendue, sentie, du fond de sa prison.
+
+\noindent --- ... Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je transmette la lettre à qui de droit, \denise ? demanda \chris, tirant \remi de ses pensées.\\
+--- Non, je ne crois pas y avoir mis d'éléments personnels, répondit-elle en haussant les épaules.\\
+Il n'avait pas tout suivi cette histoire de lettre, ni la fin de la conversation, mais \chris lui raconterait. \\
+--- Alors on vous raccompagne sur une partie du chemin, puis on rentre raconter tout ça aux autres. \\
+--- Les autres ?\\
+--- \seve est avec nous aussi. Durant notre absence, elle devait essayer de contacter \ismael... donc nous en saurons plus à ce moment-là. 
+Tout ce qu'on savait, avant de partir, c'est qu'il était vivant.\\
+Un peu de soulagement se peignit sur les visages des deux jeunes femmes.