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ptit bout d'arc 10
[perso/Denise/aventuriers.git] / arc_10_chateau.tex
index c3010580e0cfe2bcd03f6226e771d180f626c793..448b9ebad4129a445dd5378818dae7916a9858bd 100644 (file)
@@ -41,7 +41,7 @@ Le garde secoua la tête.\\
 Elle ne put s'empêcher de pouffer de rire, ce qui le mit mal à l'aise.\\
 --- Pardon de cette question bête mais... Savez-vous qui je suis au moins ?\\
 Le garde fronça les sourcils.\\
---- N'êtes vous-pas la dame de compagnie de l'archère et princesse des elfes sylvains ? Votre nom est... dame \denise ?\\
+--- N'êtes-vous pas la dame de compagnie de l'archère et princesse des elfes sylvains ? Votre nom est... dame \denise ?\\
 --- Le nom est bon, mais sinon... ce n'est pas tout à fait ça, dit-elle en secouant la tête et en souriant. Réfléchissez un peu.
 
 Le garde fit un pas en arrière et l'observa pendant un long moment, d'un regard calculateur, si longtemps qu'elle en fut presque mal à l'aise.
@@ -201,13 +201,13 @@ Elle n'eut pas le temps de se demander pourquoi, que la chanson tirait déjà à
 La foule applaudit, alors que le chanteur saluait avec ses musiciens, puis, sur un geste de sa part, la musique reprit. Cette fois, elle était plus rythmée, plus joyeuse que la précédente, et le quatrième ménestrel se leva alors, brandissant trois couteaux acérés avec lesquels il commença à jongler avec virtuosité. La foule, et la jeune princesse avec eux, se mit à battre la mesure avec enthousiasme tandis que le jongleur exécutait des figures à trois, puis quatre, puis cinq de ces couteaux avec une adresse impressionnante.\\
 \noindent --- Je dois reconnaître qu'il est meilleur que les jongleurs d'hier soir, souffla-t-elle à son amie.\\
 --- Oui...\\
-Sa compagne n'avait pas quitté le jeune artiste des yeux, mais c'était le cas d'une bonne partie de la foule de toutes façons. Lorsque les artistes saluèrent à la fin de ce numéro, tous étaient tournés vers elle --leur princesse, leur muse, bref. Il sembla à \aure que personne parmi la foule de spectateurs ne remarqua que seul, le jongleur l'avait à peine regardée. Il n'avait d'yeux que pour \denise.
+Lorsque les artistes saluèrent à la fin de ce numéro, tous étaient tournés vers elle --leur princesse, leur muse, bref. Il sembla à \aure que personne parmi la foule de spectateurs ne remarqua que seul, le jongleur l'avait à peine regardée. Il n'avait d'yeux que pour \denise.
 
 Les ménestrels enchaînèrent alors d'autres numéros, de musique ou de chant, parfois agrémentés de figures de jonglerie et d'acrobaties du fameux jeune homme ; et la foule de spectateurs ne faisait que croître. \aure ne connaissait pas les habitudes des humains, encore moins dans cette région, et surtout leurs goûts en termes de spectacle. Elle se fiait aux bribes de commentaires dans son dos pour s'en faire une idée. Leur musique était plutôt standard pour le coin, mais malgré tout très appréciée et de qualité, et le chanteur était même un poète connu dans la région. Quand au jongleur, personne ne semblait le connaître, mais son adresse était très applaudie.
 
-À la fin de leur représentation, elle fut la première à aller déposer quelques pièces dans le chapeau au pied des artistes, et fut bientôt imitée par tous les passants. La foule lui cacha \denise quelques instants, puis elle la retrouva alors qu'ils s'éloignaient.\\
---- Il n'est pas mal, ce jeune jongleur, non ? lui demanda-t-elle.\\
---- J'avais oublié que tu n'avais pas l'habitude d'en voir, ce n'est pas vraiment une tradition elfique... commença \denise.\\
+À la fin de leur représentation, elle fut la première à aller déposer quelques pièces dans le chapeau au pied des artistes, et fut bientôt imitée par tous les passants, à tel point que la foule lui cacha vite ses deux compagnons. Elle les retrouva heureusement un peu plus loin.\\
+--- Il n'est pas mal, ce jeune jongleur, non ? demanda-t-elle à \denise.\\
+--- J'avais oublié que tu n'avais pas l'habitude d'en voir, ce n'est pas vraiment une tradition elfique... commença celle-ci.\\
 --- Ce n'est pas de cela que je parle, l'interrompit-elle, en se penchant plus bas, espérant que le jeune garde ne l'entende pas.\\
 La jeune elfe marqua une seconde de pause, et détourna le regard, en rosissant.\\
 --- Hé, occupe-toi de tes affaires !\\
@@ -215,4 +215,40 @@ La jeune elfe marqua une seconde de pause, et détourna le regard, en rosissant.
 --- Non, répliqua \denise, sans cesser de rougir. Depuis plusieurs années.\\
 Ce fut au tour d'\aure de marquer une seconde de surprise, seconde durant laquelle son amie sembla reprendre contrôle d'elle-même.\\
 --- Depuis plusieurs années ? Tu veux dire...\\
---- Que je l'ai connu à la capitale, oui.
+--- Que je l'ai connu à la capitale, oui.\\
+Elle sourit.\\
+--- Ah, je me disais aussi que tu allais très vite. J'avoue que je suis presque...\\
+--- ... déçue ?\\
+Elles éclatèrent de rire. De l'autre côté, \jan semblait ne pas avoir entendu leurs paroles. Mais il avait une expression beaucoup trop naturelle pour être crédible... Après tout, lorsqu'on est habitué à escorter des seigneurs, on doit vite prendre l'habitude de faire mine de n'avoir rien entendu des confidences qui ne sont pas destinées à leurs soldats.
+
+\recit{\denise}
+
+La fin de la matinée avait été plutôt agréable. La ville semblait très animée à la perspective de ce nouveau tournoi. La plupart des participants et spectateurs du tournoi, ceux qui n'étaient pas invités directement par le duc, logeaient dans la ville, dans diverses auberges ou habitation louées pour l'occasion. Et même certains invités d'honneur, venus avec une ribambelle de serviteurs, ne pouvaient loger toute leur suite au château, et ceux-ci devaient bien dormir quelque part. D'après \jan, de nombreux foyers modestes en profitaient pour louer une petite pièce par-ci, un lit par-là, pour arrondir leurs fins de mois et héberger tous ces étrangers.
+
+\aure avait ensuite été voir un des meilleurs tailleurs de la ville pour se faire faire une robe. Le duc souhaitait leur faire des cadeaux, en guise de leur amitié, et elle trouvait qu'une robe était un cadeau agréable à rapporter. Le tailleur, très honoré de son choix, avait demande à \denise si elle souhaitait, elle aussi, une robe \og digne de son rang \fg, et elle avait poliment balbutié qu'elle allait réfléchir. Elle n'avait pas osé lui expliquer qu'en cadeau du duc, elle préférait plutôt une nouvelle armure...
+
+C'est seulement vers la fin de l'après-midi qu'elle put se libérer d'\aure \xspace--partie discuter avec le duc de l'organisation du tournoi, ou quelque chose comme ça-- pour voir la salle d'escrime. C'était une large pièce, légèrement au sous-sol et éclairée par de nombreux soupiraux. Elle était vide dans l'ensemble, à l'exception du coin près de l'entrée où s'entassaient, dans des bacs, des armes d'entraînement, des mannequins et autres éléments d'exercice.\\
+--- Voilà, ce n'est pas forcément très joli mais... commença \jan.\\
+--- ... mais c'est fonctionnel. C'est très bien, interrompit-elle.\\
+Elle s'avança vers les bacs, et se mit à examiner de près les différentes armes. Il y avait des épées, courtes ou longues, des lances, des haches, des couteaux, pour la plupart en bois et renforcés de métal ; à la fois pour durer longtemps et pour avoir un poids se rapprochant de celui d'une arme en métal. Elle choisit deux épées, et en lança une à \jan, un peu surpris.\\
+--- En garde !\\
+Le jeune garde sembla hésiter quelques instants, puis se mit en position de combat.
+
+\jan perdit assez rapidement les quelques premières passes, et \denise reconnut l'hésitation d'un homme qui n'a pas l'habitude de se battre contre une femme. Elle n'eut pas besoin de le lui faire remarquer, et il se reprit rapidement. C'était un rude combattant, qui portait des coups rapides et précis. Très vite, elle eut des difficultés à percer sa garde, et fut elle-même mise en défaut une ou deux fois.
+
+\noindent --- \jan ? Tu sais qu'on t'attend sur le chemin de ronde dans cinq minutes ?\\
+Ils rompirent le combat brusquement, et se tournèrent vers la voix qui venait d'interpeller le garde. Dans l'embrasure de la porte se tenait un autre garde, qui au vu des quelques broderies sur son tabar était probablement plus haut gradé que \jan. Il était grand et blond, et avait le regard sévère.\\
+--- J'arrive, \simon. Excuse-moi.\\
+Il lança un regard un peu gêné à \denise.\\
+--- Je suis désolé...\\
+--- C'est bon, l'interrompit-elle en souriant, je me débrouillerai bien pour survivre sans vous.\\
+\jan partit au pas de course, la laissant seule avec celui qui semblait être le chef des gardes, qui lui donna pendant quelques instants l'impression de la transpercer de ses yeux bleus. Puis il se radoucit légèrement.\\
+--- Avez-vous besoin de quelque chose, damoiselle \denise ?\\
+--- Non, merci, répondit-elle, plus pour se débarrasser de lui qu'autre chose.\\
+Le jeune homme haussa les épaules, tourna les talons et quitta la pièce sans dire un mot.
+
+Restée seule cette fois-ci, elle s'assit sur un banc contre un des murs, pour achever de reprendre son souffle. Elle n'était pas pressée de retrouver la foule de courtisans et visiteurs du duc, et aurait préféré aller boire un verre sans se prendre la tête avec les gardes. Mais, quand bien même ceux-ci auraient un peu de temps libre, elle voyait bien qu'ils n'étaient pas très à l'aise avec elle.
+
+Cela lui rappelait ses premiers jours à la garde. Un des premiers entraînements de maître \maitrescrime...
+
+Elle n'avait pas l'habitude d'un tel entraînement, et rien que l'échauffement avait été rude pour elle. Penchée sur ses genoux, le souffle court et le visage rouge, elle essayait péniblement de masquer son épuisement. Elle se demandait s'il était vrai ce qu'on disait, si les elfes avaient vraiment une constitution plus faible que les humains, ou si c'était juste un manque d'habitude... Elle était vraiment la plus petite et la plus frêle des recrues, en tous cas. Heureusement, personne n'avait de remarque sur le sujet, sinon elle aurait cru mourir de honte. Ils avaient saisi des épées en bois et commencé à s'entraîner à deux. Elle s'était alors retrouvée face à un jeune homme, au teint mat et aux cheveux et yeux noirs. Il savait tenir une épée, et même déjà mieux qu'elle, mais n'osait pas porter de coups à son encontre. Peu après, il lui avait expliqué que, de là où il venait, on ne voyait jamais une femme tenir une arme.