--- Qui va là ?\\
Elle se retourna brusquement, si vite qu'elle manqua de se prendre les pieds dans sa robe. Au bout du couloir, à moins d'une dizaine de mètres, un garde était posté, son épée dégainée. Après une seconde d'hésitation, l'homme baissa sa garde et se confondit en excuses.\\
--- Oh, je vous prie de m'excuser, noble dame, je n'avais pas vu...\\
-Il s'approcha en s'inclinant, visiblement très gêné. Il était jeune, de petite taille et large d'épaules. Il portait ses cheveux blonds longs attachés dans le dos. Il était vêtu de l'uniforme des soldats du duc : pantalon noir et tunique à manches courtes bordeaux, sur laquelle on pouvait voir l'écusson de la famille \seigneurismael. Sous la tunique, une cotte de mailles par dessus une chemise blanche. Il termina de remettre son épée à sa ceinture, semblant un peu à court de choses à dire.\\
+Il s'approcha en s'inclinant, visiblement très gêné. Il était jeune, de petite taille et large d'épaules. Il portait ses cheveux châtains longs attachés dans le dos. Il était vêtu de l'uniforme des soldats du duc : pantalon noir et tunique à manches courtes bordeaux, sur laquelle on pouvait voir l'écusson de la famille \seigneurismael. Sous la tunique, une cotte de mailles par dessus une chemise blanche. Il termina de remettre son épée à sa ceinture, semblant un peu à court de choses à dire.\\
--- Ne vous excusez pas, lui répondit-elle avec un sourire. Vous faisiez votre travail.\\
Il sembla un peu soulagé.\\
--- Vous devez être incommodée par ce couloir sombre et sale...\\
--- Vous êtes bien le premier à le deviner, bravo. \\
--- Je ne savais juste pas que, chez les elfes, les femmes pouvaient être gardes...\\
Elle haussa les épaules.\\
---- Pour revenir au sujet de départ, reprit-elle, des quartiers de la garde, j'en ai déjà vu, croyez moi. Ça ne m'intéresse pas moins que les salles de réception ennuyeuses.\\
+--- Pour revenir au sujet de départ, reprit-elle, des quartiers de la garde, j'en ai déjà vu, croyez-moi. Ça ne m'intéresse pas moins que les salles de réception ennuyeuses.\\
--- Demain, si vous le souhaitez, je vous montrerai. Mais là, je dois terminer ma ronde, et je me ferai sérieusement réprimander par mon chef si je ne la finis pas dans les temps.\\
---- Je comprends surtout, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux en croisant les bras, qu'il y a dans la salle des gardes quelques restes de festin et des jeux de cartes que vous préférez éviter de montrer avant d'avoir nettoyé... ou quelque chose comme ça. Je me trompe ?\\
+--- Je comprends surtout, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux en croisant les bras, qu'il y a dans la salle de garde quelques restes de festin et des jeux de cartes que vous préférez éviter de montrer avant d'avoir nettoyé... ou quelque chose comme ça. Je me trompe ?\\
Il marqua une seconde d'arrêt, puis sourit à son tour.\\
--- ... Si j'avais encore un doute sur vous, au moins c'est clair.\\
--- Pour rentrer, c'est bien par ici ? J'ai un doute.\\
---- Vous suivez ce couloir, et après avoir monté l'escalier la grande porte que vous verrez vous mène au grand hall du château... vous saurez vous retrouver ?\\
+--- Vous suivez ce couloir, et après avoir monté l'escalier la grande porte que vous verrez vous mène au grand hall du château... vous saurez retrouver votre chemin ?\\
--- Ça ira, merci. Votre nom si je vous cherche demain ?\\
--- \jan, repondit le jeune homme, avec un sourire flatté.
Elle haussa les épaules.\\
--- Bah, j'en avais assez de ne rien comprendre à ces histoires politiques... Comment tu fais pour t'y retrouver ?\\
Elle sourit.\\
---- C'est pourtant simple. Avant, tous les différents seigneurs se faisaient régulièrement la guerre pour des bouts de terre par-ci, par là... À la suite d'un affrontement un peu plus conséquent, les protagonistes ont décidé de chercher la paix, et la situation s'est stabilisée ainsi : trois ducs, de puissances équivalentes, dominent la province. Ils ont chacun une bonne dizaine de vassaux d'importances variables. L'un d'eux est le duc \seigneurismael.\\
+--- C'est pourtant simple. Avant, tous les différents seigneurs se faisaient régulièrement la guerre pour des bouts de terre par-ci, par-là... À la suite d'un affrontement un peu plus conséquent, les protagonistes ont décidé de chercher la paix, et la situation s'est stabilisée ainsi : trois ducs, de puissances équivalentes, dominent la province. Ils ont chacun une bonne dizaine de vassaux d'importances variables. L'un d'eux est le duc \seigneurismael.\\
--- Et donc, ils vont tous venir ici ? Il y en a un qui est déjà là non ?... comment il s'appelle déjà... \ducmer ?\\
Elle hocha la tête.\\
--- Tout à fait. Et la duchesse \ducsud qui arrive dans deux jours.\\
\denise fronça les sourcils.\\
--- La duchesse ? Il me semblait que dans ces contrées, ils ne laissaient pas les femmes gouverner...\\
---- Ah, c'est une histoire compliquée. En fait, il est de notoriété publique que le duc \ducsud est un incapable complet, et c'est sa femme qui prend en charge tout. Alors au bout d'un moment, on parle de la duchesse directement...\\
+--- Ah, c'est une histoire compliquée. En fait, il est de notoriété publique que le duc \ducsud est un incapable complet, et c'est sa femme qui tient réellement les rênes du duché. Alors au bout d'un moment, on parle de la duchesse directement...\\
--- Je vois. Et donc ils sont en paix maintenant ?\\
--- Oui, il n'y a pas eu de guerre depuis une cinquantaine d'années, et le commerce entre ces trois duchés est florissant, chacun ayant sa spécificité : ici les terres sont fertiles, le duché \ducmer profite de sa proximité avec la mer et le duché \ducsud peut, grâce à son climat chaud, cultiver des épices et autres produits exotiques... Dont certains qu'on a mangés au repas de ce soir.\\
\denise hocha la tête.\\
\denise leva les yeux au ciel.\\
--- Et toi, alors ? demanda \aure en s'interrompant dans sa réflexion. Tu es partie te coucher directement ?\\
---- Ah non. Je suis partie visiter le château tranquillement. J'ai croisé un garde et discuté un peu... J'irais bien visiter la salle des gardes avec lui demain, ça sera moins ennuyeux.\\
+--- Ah non. Je suis partie visiter le château tranquillement. J'ai croisé un garde et discuté un peu... J'irais bien visiter la salle de garde avec lui demain, ça sera moins ennuyeux.\\
\aure marqua une pause et lui sourit.\\
--- Hem. Je vois.\\
--- Quoi ? s'exclama sa compagne. Qu'est-ce que tu vas imaginer ?\\
Le lendemain, c'est vers la fin de la matinée qu'elle se dirigea vers la salle de garde, accompagnée d'\aure. Celle-ci l'avait convaincue de profiter du beau temps qui s'annonçait pour aller faire un tour en ville au plus tôt. Elles avaient revêtu leurs tenues de voyage, plus commodes pour marcher. \aure avait cependant gardé son diadème, afin de rappeler son rang, et \denise avait laissé son armure, parce qu'elle ne présentait que peu d'intérêt, mais principalement parce qu'elle avait vraiment besoin d'être réparée.
-Elle était surtout plus à l'aise avec son épée et sa dague à sa ceinture. À la base, leurs hôtes leur avaient recommandé de ne pas les porter dans l'enceinte de la ville et a fortiori dans le château, par politesse. Ils avaient même proposé de les stocker sous clé dans la salle de garde. Mais \aure avait imposé toute de suite sa volonté sur ce sujet, et ils n'avaient pas trop insisté.
+Elle était surtout plus à l'aise avec son épée et sa dague à sa ceinture. À la base, leurs hôtes leur avaient recommandé de ne pas les porter dans l'enceinte de la ville et a fortiori dans le château, par politesse. Ils avaient même proposé de les stocker sous clé dans la salle de garde. Mais \aure avait imposé tout de suite sa volonté sur ce sujet, et ils n'avaient pas trop insisté.
Elle savait qu'elle ne craignait pas grand chose dans ces couloirs, ni même dans la rue. Mais elle se sentait juste un peu nue sans ce poids rassurant à son côté, et puis, avec, on ne la prenait pas --enfin pas trop-- pour une \og~damoiselle de compagnie~\fg... Non mais sérieusement...
Mais son visage avait trahi quelque chose. Son corps avait trahi quelque chose. Sa façon de parler, de se déplacer n'était pas celle de son ami, elle aurait pu, elle aurait dû le voir plus vite... Mais comment pouvait-elle se douter...
Elle fit quelques pas en arrière, effrayée par ce visage qui ressemblait jusqu'au détail près à celui d'\ismael. Puis la colère prit le pas sur la peur, et elle se campa sur ses pieds.\\
---- Je répète ma question. Où est \ismael, paladin de \deesse, fils du duc \seigneurismael et frère d'arme pendant nos années à la garde ?\\
+--- Je répète ma question. Où est \ismael, paladin de \deesse, fils du duc \seigneurismael et frère d'armes pendant nos années à la garde ?\\
Le pseudo-\ismael recula, un peu paniqué, et ouvrit la bouche pour répondre, mais une voix derrière elle l'interrompit.\\
--- Laisse tomber. Je t'avais dit que ça ne marcherait pas. Même \og elle \fg nous l'avait dit.\\
--- Et qu'allez-vous faire, maintenant que je connais la vérité ? Qu'est-ce qui m'empêche d'aller prévenir le duc, et tout le château ? répondit-elle aussitôt.\\
Tout en prononçant ses paroles, elle recula pour ne pas avoir \mageninja dans le dos, et être raisonnablement face aux deux hommes, qui semblaient se concerter du regard.\\
---- Tu ne diras rien. Et pour une raison très simple. commença \mageninja.\\
+--- Tu ne diras rien. Et pour une raison très simple, commença \mageninja.\\
La seule issue à cette pièce était maintenant située derrière les deux hommes, inaccessible. Elle regarda les soupiraux. Pouvait-elle se glisser par là et atteindre la cour du château ? Ils étaient assez larges pour la laisser passer, à condition qu'elle puisse les atteindre... Ou pouvait-elle essayer de les combattre plutôt ? Mais avec quoi ? Elle avait laissé son épée et sa dague dans la salle de garde, comme faisaient tous les soldats...\\
--- Oh, tu n'as pas grand chose à craindre pour toi-même, reprit-il comme s'il avait suivi ses pensées. Tu es la protégée du duc, n'est-ce pas ? La vraie raison pour te taire, c'est que tu tiens à la vie et à la bonne santé de tes amis, \ismael et \chloe.
Elle se redressa.\\
--- Que veulent dire ces menaces ?\\
Il sourit légèrement. Son sourire, qui ressemblait un peu à celui d'\ismael tout en étant plus sombre, était effrayant.\\
---- Rassurez vous, rien ne peut arriver à la princesse et à sa dame, les protégées du duc. Mais imaginez ce qui pourrait arriver à une certaine dame \chloe, ou à ce jeune homme que vous reconnaissez comme \ismael...
+--- Rassurez-vous, rien ne peut arriver à la princesse et à sa dame, les protégées du duc. Mais imaginez ce qui pourrait arriver à une certaine dame \chloe, ou à ce jeune homme que vous reconnaissez comme \ismael...
Elle fit un pas en arrière, épouvantée. \chloe, \ismael... Entre leurs mains... Mais pourquoi ?\\
--- Aussi, la situation est très simple. Vous allez continuer à faire comme si de rien n'était, et rien de fâcheux n'arrivera à vos amis. Et pour être sûr de votre obéissance...\\
Devant son air incrédule, l'autre homme s'avança et expliqua.\\
--- Toi et ta compagne demanderez à prendre le repas dans votre chamb\-re ce soir. Invente un prétexte quelconque, peu importe. Tu resteras ici, et ta chambre sera gardée tandis que j'emmènerai \denise avec moi, jusqu'à l'endroit où est retenue votre amie \chloe. Elle reviendra à tes côtés avant l'aube, et je suppose que tu la croiras si elle te raconte ce qu'elle a vu.\\
\aure hocha la tête, la gorge nouée.\\
---- Puisque tu sembles un peu sceptique, sache que je laisserai ton amie quelque temps avec \chloe, afin qu'elle soit bien assurée qu'il s'agit bien d'elle, et que celle-ci lui confirme qu'elle est traitée convenablement. Du moins pour le moment.\\
+--- Puisque tu sembles un peu sceptique, sache que je laisserai ton amie quelque temps avec \chloe, afin qu'elle soit bien assurée qu'il s'agisse bien d'elle, et que celle-ci lui confirme qu'elle est traitée convenablement. Du moins pour le moment.\\
Elle voulut demander \og Et pour \ismael ? \fg, mais n'en eut pas la force.
\noindent --- Il est temps d'y aller, \denise, fit l'homme en s'approchant de son fauteuil.\\
Elle avançait depuis un bon moment déjà, guidée par \mageninja. Il lui avait bandé les yeux et la faisait marcher près de lui, en lui interdisant le moindre son. Pourquoi ? Elle entendait des bruits autour d'elle. Des pas, des gens qui passaient à côté d'eux sans leur prêter attention. À la sensation qu'elle avait de ses pieds sur le sol, et à la température autour d'elle, il semblait qu'ils avaient quitté le château, et qu'ils marchaient dans la ville. Il lui avait faire faire suffisamment de tours pour la perdre, d'autant qu'elle ne connaissait déjà pas bien l'endroit, et elle n'avait la moindre idée de l'endroit précis où elle se trouvait.
-Avait-elle eu raison de lui obéir ? Allait-elle vraiment voir \chloe et \ismael ? Ou était-il juste en train de l'emmener on ne sait-où ? Elle essaya de se rassurer. Puisqu'\og ils \fg semblaient accorder une importance à ne pas créer de scandale, \og ils \fg n'avaient pas intérêt à ne pas la ramener... Il fallait s'accrocher à cet espoir. Et sinon ? Arracher son bandeau, échapper à \mageninja, s'enfuir tout de suite ? Mais s'ils avaient vraiment ses amis à leur merci, que risquait-il de leur arriver...
+Avait-elle eu raison de lui obéir ? Allait-elle vraiment voir \chloe et \ismael ? Ou était-il juste en train de l'emmener on ne sait où ? Elle essaya de se rassurer. Puisqu'\og ils \fg semblaient accorder une importance à ne pas créer de scandale, \og ils \fg n'avaient pas intérêt à ne pas la ramener... Il fallait s'accrocher à cet espoir. Et sinon ? Arracher son bandeau, échapper à \mageninja, s'enfuir tout de suite ? Mais s'ils avaient vraiment ses amis à leur merci, que risquait-il de leur arriver...
Les bruits qu'elle entendait aux alentours se firent plus ténus, comme s'ils avançaient dans des parties moins peuplées de la ville. Ou plus silencieuses ? Il y avait toujours des pavés sous ses pieds, en tous cas. Soudain, il la fit s'arrêter, et la lâcha quelques instants pour ouvrir une porte --du moins, c'était ce que ses oreilles croyaient deviner. Il la fit entrer. Leurs amis seraient donc retenus en ville, si près ? Ils n'avaient pas marché une heure... Ce serait si simple que cela ? Il l'avait lâchée depuis quelques instants déjà. Devait-elle enlever son bandeau ? Elle sentit soudainement une main se poser sur son épaule, une vague glacée l'envahit et elle perdit connaissance.
\recit{\aure}
+Cela faisait plus de deux heures qu'\aure était seule dans sa chambre. Elle avait essayé de manger un peu le repas qui lui avait été servi, mais n'avait pas eu vraiment d'appétit. Elle avait essayé de se coucher --si \denise ne devait revenir qu'à l'aube, autant prendre un peu de repos--, mais sans succès évidemment. Pourquoi son corps n'écoutait pas ses arguments logiques et raisonnables ?
+Elle avait allumé quelques bougies, après quelques essais infructueux avec les allumettes. Elle se faisait petit à petit à toutes ces sources de lumière qu'utilisaient les humains pour s'éclairer la nuit, n'ayant pas de vision nocturne, et elle admettait que toutes ces lampes, torches, chandelles et autres lumignons avaient un certain charme. Il y en avait si peu, chez les elfes...
+
+Elle détacha son regard de la flamme dansante, et fit --pour la centième fois-- quelques pas dans la chambre. Et si \denise ne revenait pas ? Non, il ne fallait pas penser à cela, se dit-elle en tremblant, tant de froid que de crainte. Que faire, plutôt ? Qui prévenir, et comment ? La moindre information qui filtrerait risquait de causer du tort à \ismael et \chloe... pour peu que ce pseudo-\ismael ou son acolyte le sache. Et quels autres complices avaient-ils ?
+
+Ah, elles étaient loin, les inquiétudes à propos du tournoi et des elfes noirs... Elle aurait bien aimé avoir une oreille amie avec qui discuter de tout cela, mais elle préférait encore être seule qu'avec le sosie. Son visage ressemblait tellement à celui qu'elle avait rencontré au milieu de la forêt que c'était vraiment gênant de le voir parler, bouger, sourire un peu comme lui mais... Son sourire était si différent ! Celui d'\ismael, le vrai, était si plein de naturel, de simplicité qu'il était juste magnifique. Celui de l'autre... sinistre, sombre. Elle en frissonna. Pourvu qu'il ne soit rien arrivé de --trop-- fâcheux à ce paladin...
+
+Soudain, elle sursauta, en entendant un bruit venir de la pièce d'à côté. Les murs du château étaient très épais, mais ce bruit filtrait très légèrement à travers la porte menant sa chambre à celle de \denise. Avait-elle rêvé ? Dans le silence des murs de pierre, un nouveau bruit, qu'il était difficile d'identifier. Était-ce simplement un rat ? Rongée par la curiosité, et parce que tout valait mieux que de se morfondre, elle s'approcha de la porte. Le pseudo-\ismael l'avait déverrouillée en partant, et avait posté deux gardes devant leurs deux portes de chambres, annonçant en public qu'elles voulaient n'être dérangées sous aucun prétexte ce soir. D'ailleurs, les gardes postés étaient-ils des complices, ou de simples soldats obéissants ?
+
+Elle allait poser sa main sur la poignée de la porte lorsqu'elle s'arrêta. Et si ce qu'il y avait derrière était dangereux ? Un autre complice, ou... ? Elle fit un pas en arrière. Qu'aurait fait \denise si à sa place ? Elle jeta un {\oe}il au pied du lit, où étaient posées les armes de son amie. Elle aurait pris son épée à la main et aurait fait face au danger. Elle prit une grande inspiration, puis en retenant ses tremblements de toutes ses forces, elle arma une flèche sur son arc, et maintint l'ensemble d'une main tout en faisant jouer précautionneusement la poignée.
+
+La lumière de sa propre chambre illumina en partie celle de son amie. Une silhouette sembla s'y soustraire à l'instant pour se réfugier plus loin dans l'ombre. Elle tendit la corde de son arc, regrettant de n'avoir pas sa dague à sa ceinture. Ah, c'est vrai, ces chemises de nuits humaines n'avaient pas de ceinture. Le contraste de lumière l'empêchait de voir son adversaire. D'un coup de pied, elle referma la porte, et retrouvant sa capacité à distinguer les ombres dans l'obscurité, elle dirigea son arme vers l'intrus, qui s'était aplati contre le mur de l'autre côté du lit, et avait cessé de bouger.\\
+--- Tu as intérêt à avoir une très très bonne raison d'être là, menaça-t-elle.
+
+\recit{\jerome}
+
+Oh, comment avait-il pu être aussi stupide ? Elle, c'était l'autre elfe, sa compagne, la princesse qu'il avait vue sur la place de la fontaine. Et bien sûr, elle voyait dans le noir comme \denise...\\
+--- Je t'en prie, ne tire pas. Je ne te veux pas de mal, dit-il en s'avançant avec précautions.\\
+--- Réponds à ma question d'abord, répondit la voix sèchement.\\
+--- Je cherche juste... \denise.\\
+--- Qu'est-ce que tu lui veux ?\\
+Il y avait des tremblements dans sa voix. Mais du peu de lumière qui filtrait par le bas de la porte et qui nimbait doucement la silhouette de l'elfe, il pouvait voir que son arc tendu avait toujours une flèche pointée dans sa direction. Alors qu'il s'avançait, essayant d'avoir l'air le moins menaçant possible, elle abaissa brusquement son arme.\\
+--- Mais... tu es le jeune jongleur de ce matin... s'exclama-t-elle, sur le ton de la surprise absolue.\\
+Il hocha la tête, ne sachant que répondre.\\
+--- Comment es-tu entré ici ? reprit-elle méfiante.\\
+Son arc était baissé, mais il suffirait d'une demi-seconde pour qu'elle le retende dans sa direction. Les explications allaient être un peu compliquées...\\
+--- Par la fenêtre. C'est une longue histoire... commença-t-il gêné.\\
+Elle marqua une seconde de silence durant laquelle elle regarda la fenêtre, refermée et intacte.\\
+--- J'écoute tes explications, alors, reprit-elle sur un ton ferme.\\
+--- Euh, par où commencer... Est-ce que \denise t'a déjà parlé de moi ?
+
+À sa grande surprise, l'elfe --dont il distingait à peine la silhouette-- se mit à trembler. Son arc et sa fèche lui glissa des doigts et tomba au sol. Il ne sut pas trop comment réagir, jusqu'à ce qu'il entende quelque chose qui ressemble à un sanglot.\\
+--- J'ai dit quelque chose de mal ?\\
+Elle était désarmée, du moins à première vue. Il osa faire un pas vers elle, doucement. Elle ne bougea pas.\\
+--- Qu'est-ce qui se passe ?\\
+Elle releva son visage vers lui et lui prit le bras.\\
+--- Je... viens.\\
+Elle ouvrit la porte, et l'amena dans la pièce à côté.
+
+\recit{\aure}
+
+Elle s'assit sur le lit, et voyant son visage en pleine lumière, elle lui demanda d'achever ses explications. C'était bien le jongleur de la fontaine, avec des vêtements gris sombre au lieu du orange, et un air à la fois aux aguets et inquiet.\\
+--- Je souhaitais rejoindre \denise... \\
+Elle leva les yeux au ciel, et il sembla comprendre parfaitement ce qu'elle avait compris.\\
+--- Bref,