<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2015-03-13 18:31:00">
+<meta name="date" content="2015-03-29 23:54:00">
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</head><body
>
quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
l’aller.
-<!--l. 464--><p class="indent" > Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait Uhr, le « barbare ». Un
-soldat de la garde de la capitale, lui aussi, ami d’Irdann. Il s’était changé, et
-s’il était toujours impressionnant, il avait l’air très différent. Il lui avait
-expliqué qu’il avait effectivement des origines barbares, sans préciser plus.
-Peut-être était-ce pour cela que son personnage était si réaliste<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait
-bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait lui aussi revêtu des vêtements
-plus discrets que ceux du prêtre, qui s’occupait pour le moment des chevaux
-épuisés. Il y avait la jeune elfe, Silwë, elle aussi soldate, apparemment. Pour
-le moment, elle se réchauffait de son bain forcé, enveloppée dans une
-couverture. Et le dernier de ces quatre compagnons insolites, Farl.
-Celui qui semblait être une sorte de voleur ou d’assassin secret. Ah
-oui, il avait dit être ménestrel. Elle avait du mal à l’imaginer un
-instrument autre que tranchant à la main. Pourtant, il était en train
-de nettoyer certaines des plaies de la jeune elfe avec une certaine
-délicatesse. Il n’avait pas mis la même attention pour celles d’Uhr,
-d’ailleurs.
+<!--l. 464--><p class="indent" > Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait Uhr, le « barbare ». Sans
+son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait
+impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait
+lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre,
+qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la
+jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain
+forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre
+compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou
+d’espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu’avait subi la
+jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse,
+nota-t-elle.
<!--l. 466--><p class="noindent" >— Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
assez loin de Touryre, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
Uhr hocha la tête.<br
-class="newline" />— J’espère. Qu’en pensez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Samantha, c’est cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’espère. Qu’en pensez-vous Samantha<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
bonne distance. Que comptez-vous faire à présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />Uhr sourit.<br
-class="newline" />— Cela ne dépend pas que de moi. Que voulez-vous faire, vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire,
+vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son
enlèvement.<br
class="newline" />— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
capitale est un bon endroit pour être discret, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— En effet, et c’est là que nous rentrons.
+class="newline" />Uhr sourit.<br
+class="newline" />— Je peux vous confirmer que c’est effectivement le meilleur endroit pour se
+faire oublier et commencer une nouvelle vie.
+<!--l. 476--><p class="indent" > Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit.<br
+class="newline" />— Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de
+nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et
+Silwë...
+<!--l. 479--><p class="indent" > Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que
+variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots<span class="frenchb-thinspace"> </span>; Irdann
+le fils du duc, apprenti paladin<span class="frenchb-thinspace"> </span>; Silwë, future soldat d’élite elfe, tous les
+trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl,
+enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel.
+<!--l. 481--><p class="indent" > Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait
+advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle
+n’était pas au bout de ses surprises.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers4x.png" alt="[
public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
+
+
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
visage accueillant.<br
class="newline" />— Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
Mais que fait donc une dame de votre rang seule dans ce modeste
-
-
village<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— À vrai dire... j’ai subi un léger contretemps. D’ailleurs, peut-être
pouvez-vous me renseigner. Je cherche un moyen de traverser la forêt pour
<!--l. 23--><p class="indent" > Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle hésitait. Attendre
quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un
-
-
autre côté, le « jeune fille de votre rang » lui restait un peu en travers de la
gorge. Elle avait l’habitude, à l’université de magie, d’être traitée comme les
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br
class="newline" />— Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
+
+
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
douceur et obéissance. Alors que sur son geste –certes à la fois ambigü et
peu délicat de sa part– pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes
-
-
qu’il avait croisé auraient – selon la situation – hurlé de peur, manqué de
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
+
+
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
pause exprès pour elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne
-
-
s’arrêtait pas toujours, et mangeait en chemin.<br
class="newline" />— Comment vont vos pieds<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de
plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout.
+
+
Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers
elle.<br
class="newline" />— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br
pas de mal à ça.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.<br
class="newline" />— Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais
-
-
traverser cette forêt ne suivent pas mon rythme comme vous sans se
plaindre, croyez-moi.<br
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
son guide pour lancer un léger sort. Un qui n’avait pas besoin de
son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
+
+
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
-
-
forces, et plus encore le repas qu’il lui tendit, composé essentiellement de
pain, de fromage et de lard.<br
class="newline" />— J’ai pu trouver quelques myrtilles pour le dessert. C’est toujours ça.
suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas
désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
+
+
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
son tour.
<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
-
-
en se levant, il se rappela que ce n’était pas le cas de tout le monde. Si on y
ajoutait les courbatures dues à l’effort qu’elle avait fourni la veille,
le réveil était probablement beaucoup moins agréable pour elle.
vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
+
+
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
-
-
s’approcher, coûte que coûte. Qu’avait-elle à perdre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ces deux brigands
n’allaient pas se contentent du peu d’or qu’elle possédait de toutes
façons...
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
+
+
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
y sommes presque.<br
class="newline" />Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.<br
class="newline" />— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
-
-
n’hésite pas à t’accrocher de l’autre à la roche ou à la végétation.
<!--l. 144--><p class="indent" > L’ascension fut difficile, et tenait presque plus de l’escalade que de la
marche. Elle devait se tenir sans cesse à la paroi qu’elle voyait de plus
<!--l. 151--><p class="indent" > Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
-class="newline" />Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
+class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
+
+
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit.<br
class="newline" />— Comment peux-tu en être sûr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai découverte il y a quelques années, je l’utilise parfois pour stocker
-
-
des choses. Jusqu’ici, hormis la nourriture, rien n’a jamais disparu. Mais en
général, c’est simplement un lieu de bivouac plutôt confortable. Enfin,
quand je suis seul.<br
première fois, marquer un instant d’hésitation gêné.<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
+
+
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
marque de blessure.
<!--l. 174--><p class="indent" > Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Voulait-il éloigner le sujet des « yeux de chat »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il qu’il
reprit la parole.<br
class="newline" />— Désolé, on fait mieux question confort. Mais au moins on est en sécurité
extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
+
+
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
Brigands ou voyageurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes
façons.
-
-
<!--l. 193--><p class="indent" > Il revint vers le fond de la grotte, et ne put s’empêcher de remarquer que
Sélène tremblait.<br
class="newline" />— Tu as toujours froid<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
+
+
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
d’abuser de la situation<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle chassa cette idée. Il n’aurait pas attendu ce
soir pour ça.
-
-
<!--l. 210--><p class="noindent" >— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, oui...<br
class="newline" />Son visage n’était pas tourné vers elle. Il avait dû sentir son trouble aux
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
+
+
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de
-
-
famille.<br
class="newline" />Surprise, Sélène se tut quelques instants. Puis elle reprit, légèrement gênée
à son tour.<br
class="newline" />— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
exactement comment tu fais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je n’ai pas l’impression de voir différemment. En fait si je laisse mes yeux
-
-
s’accoutumer à l’obscurité, je finis par voir très bien. J’ai même été très
surpris de constater que j’étais le seul de ma fratrie à pouvoir faire ça, je
croyais ça tout à fait naturel... J’ai l’impression que s’il n’y avait aucune
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
de sa carrière<span class="frenchb-thinspace"> </span>; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des
-
-
autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les
admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux,
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
s’était imaginé<span class="frenchb-nbsp"> </span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
+
+
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à
demi-nus.
-
-
<!--l. 275--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que ce n’était peut-être pas très convenable
de l’observer ainsi, d’autant plus qu’il ignorait probablement qu’elle était
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
l’air de la choquer...
<center class="par-math-display" >
+
+
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
class="newline" />— Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez
les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à
leurs parents ou maris... on n’imaginerait pas les voir se promener
+
+
seules.<br
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
cherché le compagnon idéal pour te protéger.<br
class="newline" />Aldariel leva les yeux au ciel. Si son père savait qu’elle n’était plus aussi
innocente qu’elle n’en avait l’air... Enfin bon, s’il fallait supporter un garde
-
-
ou deux pour avoir un peu de liberté, ça pourrait peut-être le faire. Et puis
il pourrait être sympathique, voire... plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
<!--l. 39--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
+
+
<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
était-il en réalité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que serait le trajet avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle devoir jouer
les serviteurs en même temps que de garde du corps<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle n’était
-
-
certainement pas très douée pour la première des tâches, en tous cas. Et
savait-elle se défendre un minimum, ou allait-elle devoir la protéger à
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
class="newline" />— Comment dort-on chez les humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous irons dans des auberges.<br
class="newline" />— Cela veut dire qu’on va aussi manger de la nourriture des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
C’est bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— C’est différent, mais très bon aussi. Ne vous inquiétez pas pour ça. Elle
se retourna vers la carte.<br
c’est tout.<br
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
+
+
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
fournissait un morceau de sangle en cas de besoin. Là encore, c’était un
souvenir pratique de chez les humains. Puis elle vérifia le contenu de
-
-
son sac. Tout était bon. Sauf peut-être de quoi se soigner en cas de
problèmes. D’accord, il n’y aurait probablement pas de problèmes.
Mais...<br
<!--l. 89--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
+
+
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
soupe de légumes et de lard, avec du pain des humains– avait été une
nouvelle surprise. Sa compagne l’avait dévoré avec appétit, mais
-
-
elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il
paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait
bien.
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
+
+
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
class="newline" />— Déjà parce que nous sommes différents. Pour certains, avoir des oreilles
pointues ou pas de barbe, ça suffit. Ensuite, je crois que certains
nous envient. Ils nous trouvent plus beaux, plus intelligents, plus
-
-
agiles. D’autres voient plutôt que nous sommes plus frêles, moins
forts physiquement, que nous vivons dans les arbres, et nous voient
comme des animaux sauvages. Il y a peut-être souvent un mélange des
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
+
+
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
<!--l. 128--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de
nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle
-
-
avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce
matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
+
+
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la
poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu’à être au bord
du sentier. Le brigand restant, le plus fort des trois, avait acculé le
-
-
garde jusque contre la porte du carosse, et lui avait porté un coup
violent au bras droit, lui faisant lâcher son épée. Parant les coups
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
-
-
<!--l. 150--><p class="indent" > Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
+
+
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En
même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour
-
-
intérieure où elle faisait pousser ses plantes pour pénétrer dans la boutique.
Malgré l’heure tardive, quelqu’un venait d’y entrer.
<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
+
+
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
magie. L’autre était un soigneur et métamorphe.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Elle ne s’intéressait pas vraiment aux différentes
branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des
-
-
magiciens, et pourtant elle n’avait jamais entendu parler de métamorphose.<br
class="newline" />— Métamorphe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça existe, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
+
+
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
d’idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne
ne le saurait...
-
-
<!--l. 72--><p class="indent" > Il leva les yeux. Le bâtiment devant lui portait les traces fraîches du
terrible incendie. Cet immeuble de trois étages, abritant plusieurs locataires,
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
+
+
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
+
+
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
+
+
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
class="newline" />— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de
-
-
la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme
possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop–
menaçant...<br
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
+
+
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
+
+
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
<!--l. 158--><p class="indent" > Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
-
-
d’une minute. Au fond de ce qui ressemblait à un coffre d’acier, il y avait
des rouleaux de papier et un large rubis monté sur un collier d’or. Elle eut
un sourire en les saisissant.<br
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
+
+
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
class="newline" />— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...<br
class="newline" />— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’a
aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
-
-
<!--l. 175--><p class="indent" > À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
coups nets sur la porte d’entrée. La silhouette sombre et familière
de Farl se profila. Il sursauta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
ces objets.<br
class="newline" />La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
-
-
de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
légèrement, et elle parut gênée.<br
class="newline" />— Excusez ma réaction. C’est idiot.<br
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+
+
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 208--><p class="indent" > Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
-
-
les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+
+
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
proposa Samantha.<br
class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
fait.<br
class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
+
+
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
-
-
comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait
pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui
-
-
apprendre quelques techniques.
<!--l. 11--><p class="indent" > Il lui sourit alors qu’elle passait à côté de lui. Il sentait encore le coup
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
+
+
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
class="newline" />Zach avait dégainé son épée. Lorsque la créature se jeta sur lui, il fit un pas
de côté, et d’un geste vif, planta son arme dans son corps. La bête roula au
sol, recroquevillant ses longues pattes, alors qu’un liquide noir coulait de sa
-
-
blessure. Rapidement, elle ne bougea plus et la lueur rouge de ses deux
paires d’yeux s’éteignit. Assez étrangement, le sang noir coula de sa lame
sans y laisser la moindre trace, comme s’il ne pouvait pas adhérer au
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
class="newline" />Zach regarda aux alentours, craignant de voir arriver une autre de ces
horreurs, mais pour le moment, rien. Il s’adossa à un arbre et jeta un œil à
sa jambe.
-
-
<!--l. 41--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
qui ressemblait à une pierre, qui brillait de la même façon que ses
yeux.
<!--l. 61--><p class="indent" > Une sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il ne savait pas s’il devait hurler, ou s’enfuir en
-
-
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
+
+
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
+
+
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
suite.<br
class="newline" />Silwë obéit, tandis qu’elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie.
C’est alors qu’elle aperçut, dans l’obscurité, une lueur vive derrière les
-
-
arbres, à une trentaine de mètres environ. D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou pire
encore<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
+
+
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
<!--l. 105--><p class="indent" > Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se
rapprochant d’elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser
-
-
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
<!--l. 115--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-
-
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
seuls quelques mots en sortirent.
-
-
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
+
+
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.
<!--l. 148--><p class="noindent" >— D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe
-
-
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
+
+
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
class="newline" />C’était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle
était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle
tremblait. Son compagnon l’avait déjà attrapée par les épaules pour la
-
-
soutenir.<br
class="newline" />— Sélène, tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sans répondre, la jeune femme s’effondra dans ses bras. <br
<!--l. 182--><p class="indent" > Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
raté une seule fois sa cible, même si elle n’était pas toujours dans la
meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière...
-
-
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
+
+
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
sylvains...<br
class="newline" />— J’ai déjà l’habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal
vus, d’où je viens, et déjà qu’on me traitait d’elfe quand j’étais petit, parce
-
-
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
<!--l. 281--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 283--><p class="indent" > Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il
-
-
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
+
+
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
qu’elles dormaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce serait bien un comportement irrationnel d’elfe noir
ça... Elle secoua la tête. C’était ridicule. Il avait grandi chez les
humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour
-
-
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
+
+
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
au premier abord– avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain
nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très
loin.
-
-
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
+
+
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très
bien... peut-être même trop bien. Elle n’avait pas apprécié d’avoir été
humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d’une lame sur la
-
-
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
+
+
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
+
+
toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
plus qu’un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle
interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en
fait.
-
-
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
+
+
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
<!--l. 348--><p class="indent" > Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son
compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l’archère
elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s’était-il donc
-
-
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
-
-
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus
depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de
tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+
+
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
permettent de retrouver n’importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui
sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus
grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu’il chevaucha
-
-
droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d’un
point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et
-
-
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
+
+
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur,
ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre
-
-
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
+
+
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
-
-
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
+
+
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
J’avoue, j’ai toujours acheté les plantes chez l’herboriste, sous forme d’huile
ou de plantes séchées... C’est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans
-
-
la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et encore, il faudra que je te montre certaines qu’on ne trouve pas
ici...<br
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
+
+
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
pas dangereux.<br
class="newline" />Il s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.<br
class="newline" />— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
-
-
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
+
+
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 147--><p class="noindent" >— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son
-
-
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
+
+
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
+
+
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
class="newline" />— Bien vu.
<!--l. 175--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 177--><p class="indent" > Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
+
+
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
pour l’attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
que l’homme portait à sa ceinture. Il n’était pas rare de voir des
-
-
combattants en possédant deux. Silwë avait une dague en plus de son
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
réussissait à garder son sang-froid quand il la manipulait, désormais,
-
-
mais il se demandait toujours ce qu’il ferait lorsqu’il rencontrerait
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
+
+
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 231--><p class="indent" > Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë
depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de
-
-
souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
+
+
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
-
-
eux.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous me voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
+
+
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
class="newline" />Le sourire qu’ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se
retourna vers elle à nouveau.<br
class="newline" />— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
-
-
vie sans aucune hésitation.
<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
+
+
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br
class="newline" />— ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...<br
class="newline" />L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
-
-
Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette
façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les
elfes...<br
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
+
+
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter.
-
-
Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
+
+
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
+
+
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
+
+
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.<br
class="newline" />— Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et
-
-
j’en passe, est trop parfait pour être vrai<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il fit une moue.<br
class="newline" />— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.<br
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
+
+
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il savait bien qu’il n’aurait pas dû jouer à ce jeu-là avec une elfe
-
-
sylvaine...
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
+
+
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
part<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira. C’était la question qu’il souhaitait éviter justement...<br
class="newline" />— Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de
-
-
retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.<br
class="newline" />Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le
questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
+
+
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
-
-
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
+
+
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
posture.<br
<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à
-
-
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
sûrement.
+
+
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 459--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour
-
-
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
+
+
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 473--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
-
-
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de
-
-
là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
+
+
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
class="newline" />— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous
-
-
ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
+
+
Silwë.
<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
-
-
trébucher. Il retint une grimace.<br
class="newline" />— On dirait.<br
class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
+
+
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-
-
<!--l. 545--><p class="indent" > Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
+
+
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
nuit.<br
class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
pis pour le code d’honneur.<br
class="newline" />Il soupira, et finit par accepter l’aide de Zach pour monter sur le dos de sa
jument.
-
-
<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
nom.<br
class="newline" />— Oui... <br
class="newline" />Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne
-
-
humeur. Elle soupira.<br
class="newline" />— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une
princesse à protéger, je te rappelle.<br
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
+
+
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider.
Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
puis se décida à entrer la première.
-
-
<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
sourit.<br
class="newline" />— Il a été très correct, rassurez-vous.<br
class="newline" />Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
+
+
paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br
class="newline" />— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé
face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
-
-
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
+
+
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
+
+
Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux,
-
-
la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs
enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
+
+
<!--l. 666--><p class="indent" > Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
+
+
la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
-
-
une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.<br
class="newline" />— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre
point...<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
+
+
a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.<br
class="newline" />— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
était un choc...<br
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si
+
+
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
-
-
cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on
ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on
essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
venus à notre secours...<br
class="newline" />C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des
+
+
cas...<br
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
capable comme les autres.<br
class="newline" />Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.<br
class="newline" />— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
-
-
ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore...
J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
+
+
voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
lui préparant une assiette.<br
class="newline" />— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...<br
class="newline" />Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
-
-
puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.<br
class="newline" />— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle,
mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 827--><p class="indent" > Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
-Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir
+Des rumeurs avaient couru sur l’attaque des brigands de la veille, mais
+personne ne semblait évoquer la présence d’elfes. Par contre, certains,
+apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la
+blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions.
+Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et
+impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la
+sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les
+gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et
+c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et
+puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non
+plus.
+<!--l. 829--><p class="indent" > Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s’étaient arrêtés au
+bord d’un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes,
+elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur
+une longue distance. Mais qu’importe, ni lui ni Sélène ne semblaient
+pressés. Celle-ci était assise dans l’herbe à côté de lui, en train de boire à
+une gourde fraîchement remplie.<br
+class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...<br
+class="newline" />Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le
+regardait d’un air interrogateur.<br
+class="newline" />— Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais
+que tu ne veuilles pas me répondre, mais...<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules et referma la gourde.<br
+class="newline" />— Quelle question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.<br
+class="newline" />— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à
+personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en
+qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le
+faire.<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.<br
+class="newline" />— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé,
+dans ta chambre, caché... un livre de magie.
+<!--l. 842--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 844--><p class="indent" > Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de
+panique. Comment savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’avait-il trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
+avait-il osé fouiller dans sa chambre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’allait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+pour aller où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler
+cela à quiconque.<br
+class="newline" />Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait
+l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha
+doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage
+neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix
+basse<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Comment as-tu trouvé cet objet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de
+s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre
+d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait l’air plutôt gêné...<br
+class="newline" />— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a
+permis de te retrouver.<br
+class="newline" />Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.<br
+class="newline" />— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet
+enchantement.<br
+class="newline" />Il parut choqué.<br
+class="newline" />— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la
+déesse...<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je
+suppose que tu le sais. Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait
+déjà beaucoup trop de toutes façons...
+<!--l. 858--><p class="indent" > Il soupira.<br
+class="newline" />— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je
+devais avoir un objet auquel tu tenais...<br
+class="newline" />Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui
+lui avait permis de l’invoquer.<br
+class="newline" />— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par
+exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis
+maintenant que tu sais...<br
+class="newline" />Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une
+des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
+laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée,
+semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de
+constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien
+de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
+rien.
+<!--l. 865--><p class="indent" > Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna
+lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres
+battements de cœur...<br
+class="newline" />— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi
+en faire.<br
+class="newline" />— Y a-t-il un risque, pour moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre.
+Enfin...<br
+class="newline" />Il prit une inspiration.<br
+class="newline" />— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours
+te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à
+quel moment tu dors...<br
+class="newline" />Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son
+pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et
+effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il
+enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans
+la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.<br
+class="newline" />— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
+en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
+
+
+souhaites.
+<!--l. 874--><p class="indent" > Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement
+anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
+nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir
+les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un
+soupir.
+<!--l. 876--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 878--><p class="noindent" >— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.<br
+class="newline" />Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
+encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
+soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.<br
+class="newline" />Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
+avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre
+trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses
+parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret.
+<br
+class="newline" />— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit.<br
+class="newline" />— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la
+capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de
+l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais
+jamais assez...<br
+class="newline" />— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la
+capitale, seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la
+demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.<br
+class="newline" />— Et quelle magie tu apprends, là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent
+venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs,
+et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage.
+<br
+class="newline" />— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
+
+
+sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai
+appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que
+cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
+combat...<br
+class="newline" />Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.<br
+class="newline" />— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant.
+<!--l. 894--><p class="indent" > Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir.
+Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur
+son épaule.<br
+class="newline" />— Attends. Montre-moi ton genou.<br
+class="newline" />Il hésita.<br
+class="newline" />— Tu veux... le soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’est-ce pas risqué ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si
+le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi.
+<!--l. 900--><p class="indent" > Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose
+finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il
+eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être
+était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la
+douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer,
+s’estompa pour de bon.
+<!--l. 902--><p class="indent" > Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage,
+elle sourit.<br
+class="newline" />— Essaie de marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne
+revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà
+bien.<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Merci.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers9x.png" alt="[
+
+
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 3--><p class="nopar" >
+<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 7--><p class="indent" > L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.<br
+class="newline" />— Où précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone,
+assez éloignée des villes et des chemins tracés.<br
+class="newline" />— Par ici.<br
+class="newline" />Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard
+droit dans le sien.<br
+class="newline" />— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients,
+mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en
+général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle
+part.<br
+class="newline" />Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa
+motivation.<br
+class="newline" />— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ragan secoua la tête.<br
+class="newline" />— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens
+à ma peau.<br
+class="newline" />Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement,
+en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua
+légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu.
+<!--l. 19--><p class="indent" > Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.<br
+class="newline" />— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme
+qu’il vous faut.<br
+class="newline" />— Voulez-vous un autre verre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.<br
+class="newline" />— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en
+forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a
+un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y
+conduire, c’est autre chose...<br
+class="newline" />— Savez-vous où je peux le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand
+il est dans le coin.
+<!--l. 27--><p class="indent" > À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon
+de s’insérer dans la conversation.<br
+class="newline" />— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si, précisément. Tu l’as vu récemment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle posa les boissons sur la table.<br
+class="newline" />— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a quatre jours, accompagner
+quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque
+part en forêt en ce moment.<br
+class="newline" />— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Uhr.<br
+class="newline" />Le guide sourit.<br
+class="newline" />— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Une voiture à cheval. Et nous sommes trois. Vous pouvez nous
+emmener<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela dépend. Savez-vous vous défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur
+le dossier de sa chaise. Il s’était présenté comme un soldat, mais
+n’avait bien sûr rien dit sur les compétences au combat de ses deux
+compagnons.<br
+class="newline" />— Ça suffira<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard
+se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Ça devrait aller. Trouvez-moi une monture et nous pouvons nous mettre
+en route. Enfin, si votre femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas
+peur d’être un peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de
+mauvaises rencontres...<br
+class="newline" />Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur
+assiette.<br
+class="newline" />— Il leur en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous.
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers10x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 117--><p class="nopar" >
+<!--l. 121--><p class="nopar" >
</body></html>