<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2014-12-13 20:50:00">
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>
</div>... Ou une histoire qui n’a ni queue, ni tête, mais parce que.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers0x.png" alt="∼
+src="aventuriers0x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 77--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 122--><p class="nopar" >
+<!--l. 124--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 79--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+<!--l. 126--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur
de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux
longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
-<!--l. 81--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+<!--l. 128--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de
s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
-considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
+vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
+considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
-<!--l. 83--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+<!--l. 130--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
-<!--l. 85--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+<!--l. 132--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
-<!--l. 87--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+<!--l. 134--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
tout.
-<!--l. 89--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+<!--l. 136--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
-chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 91--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 138--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 93--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
+<!--l. 140--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités
maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés
vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ... Le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 95--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
+<!--l. 142--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
-<!--l. 97--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+<!--l. 144--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers1x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 99--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 101--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
+<!--l. 148--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
+
+
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-<!--l. 117--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+<!--l. 164--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement.<br
class="newline" />— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il est de toutes façons difficile d’être aussi bonne archère qu’elle. Mais
peut-être serais tu plus à l’aise avec autre chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s’il
-
-
l’évaluait.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Douze ans.<br
class="newline" />— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers2x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 142--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 189--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 144--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
+<!--l. 191--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
+
+
nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille,
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
citadin.
-<!--l. 146--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+<!--l. 193--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.<br
class="newline" />— Là, regardez<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
va<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-<!--l. 154--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+<!--l. 201--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
défaut<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
-
-
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers3x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 160--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 207--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 162--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+<!--l. 209--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
+
+
quelqu’un sur place en une parole.
-<!--l. 164--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+<!--l. 211--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
-<!--l. 166--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 213--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 182--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+<!--l. 229--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+
+
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
class="newline" />— Vous avez eu à combattre contre des vrais adversaires<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
-
-
nombreuses aventures...
-<!--l. 199--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+<!--l. 246--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il devait être redoutable sur un champ
verrons bien.<br
class="newline" />Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers4x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 206--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 253--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 208--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+<!--l. 255--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
-<!--l. 217--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
+<!--l. 264--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas
les moyens de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité.
Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait
-
-
toujours à échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se
faire prendre. À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main
dans le sac ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange homme,
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
-<!--l. 227--><p class="indent" > Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
+<!--l. 274--><p class="indent" > Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées – et
surtout ses nuits – à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
-<!--l. 236--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+<!--l. 283--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+
+
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
-<!--l. 243--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+<!--l. 290--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
-<!--l. 255--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+<!--l. 302--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-il escaladé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset.<br
class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.<br
class="newline" />Farl le regarda, les yeux brillants.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers5x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 267--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 314--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 269--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 316--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
+
+
celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme
lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante
d’un arbre. L’aîné des garçons sortit alors un petit pichet de vin, qu’il
class="newline" />— Parce que c’est avec lui que la fille du cordonnier a bien voulu danser
l’autre soir.<br
class="newline" />— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
-
-
couper du bois.
-<!--l. 282--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+<!--l. 329--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
-<!--l. 284--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+<!--l. 331--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Zach, savait qu’il avait été trouvé
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
-<!--l. 287--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+<!--l. 334--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 294--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+<!--l. 341--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 297--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
+<!--l. 344--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 305--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+<!--l. 352--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— D’accord.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers6x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 309--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 356--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 311--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 358--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d’une robe
mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs
cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père
avait l’air si imposant quand il était assis sur son trône<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et elle se sentait
toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et
+
+
constatant qu’il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite
fille de dix ans dans ses bras.<br
class="newline" />— Papa, je voudrais apprendre à me battre.<br
les animaux et les autres elfes, je connais les secrets du tissage et du pain
elfique, et j’ai aussi appris à jouer de la harpe.<br
class="newline" />— Tu y parviens à merveille d’ailleurs, surtout le soin. Tu surpasserais
-
-
presque ton maître<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Oui, et... c’est pour ça que j’ai envie de faire autre chose.<br
class="newline" />Il réfléchit. Ses grands frères et sœurs avaient fini par s’intéresser à la
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc<span class="frenchb-nbsp"> </span>: une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.<br
class="newline" />Le visage d’Aldariel s’illumina.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers7x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 329--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 376--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 331--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
+<!--l. 378--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
+
+
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
-<!--l. 333--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+<!--l. 380--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
-
-
Trop petite pour être remarquée, elle avait été épargnée. Les quelques
survivants de son village, déjà trop démunis pour s’occuper d’une bouche
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
-<!--l. 336--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+<!--l. 383--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
-<!--l. 338--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+<!--l. 385--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
-<!--l. 341--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+<!--l. 388--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
-<!--l. 343--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+<!--l. 390--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
+
+
et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
-<!--l. 345--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+<!--l. 392--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
-
-
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
-<!--l. 348--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 395--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers8x.png" alt="∼
+src="aventuriers1x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 3--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
+<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
enrageaient. C’était peut-être encore pire que de mourir libre, l’épée à la
main...
-<!--l. 5--><p class="indent" > Après une journée de marche intensive, sa colère brute s’était estompée,
+<!--l. 7--><p class="indent" > Après une journée de marche intensive, sa colère brute s’était estompée,
contrairement à ses compagnons d’infortune, et il s’était mis à réfléchir. Il
allait se venger et venger sa famille, c’était sûr. Mais pour cela, il lui fallait
d’abord se libérer. Alors qu’ils étaient tous enfermés dans un enclos de
épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui
partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait
un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement
+
+
fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait
extrêmement dur. Comment pouvait-il espérer se libérer avec si
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 7--><p class="indent" > Les jours qui suivirent furent tout aussi difficiles. Uhr subissait les coups
+<!--l. 9--><p class="indent" > Les jours qui suivirent furent tout aussi difficiles. Uhr subissait les coups
sans broncher et ne cherchait pas à se rebeller contre ses ennemis, ce qui lui
permettait d’éviter de recevoir trop de coups de fouets. Peut-être
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
-
-
eux.
-<!--l. 9--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition sembla rejoignit camp nettement plus
+<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition sembla rejoignit camp nettement plus
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi », le chef de ce
grand clan barbare.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
+<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
-<!--l. 13--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
+<!--l. 15--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
s’agissait d’un clou, enfin, d’un morceau de métal pointu vaguement muni
d’une tête, dont le clan ennemi s’était servi pour assembler les rondins de
bois en barricade autour des prisonniers. Le métal était très dur... Il avait
peut-être une chance de s’en tirer, en fait.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers9x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 15--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 17--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 17--><p class="indent" > Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et
+<!--l. 19--><p class="indent" > Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et
de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa
tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son
équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout
était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe
+
+
et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un
peu en retrait, dans une cachette, son sac à dos, contenant de quoi survivre,
ainsi qu’un assortiment de poisons et antidotes. Il vérifia encore une fois le
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
-
-
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 19--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien
étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
-<!--l. 21--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
+<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
semblaient se débattre des prisonniers, visiblement d’une tribu rivale. Il
nota cette information, cela pourrait faire une diversion efficace au
besoin.
-<!--l. 23--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
+<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
-<!--l. 25--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
+<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer
d’épuisement, il semblait très affairé à observer ses chaînes. Que faisait-il
donc<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il s’approcha doucement, tout en restant à couvert. Il vit alors que le
d’un vieux clou comme levier. Il progressait très lentement, mais il
persévérait, et se hâtait de cacher son ouvrage dès qu’un garde s’approchait
de lui.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers10x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 27--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 29--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 29--><p class="indent" > Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de
+<!--l. 31--><p class="indent" > Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de
l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit
+bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
-bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite.
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
limités.
-<!--l. 31--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
+<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et
après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier
l’alerte.
-<!--l. 33--><p class="indent" > C’est alors qu’une fine silhouette, aussi noire que la nuit, bondit
+<!--l. 35--><p class="indent" > C’est alors qu’une fine silhouette, aussi noire que la nuit, bondit
sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’empêchant de crier, et
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 35--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
+<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. Décidant que, de toutes façons, il verrait ça plus tard, il se hâta vers le
petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le moindre
bruit.<br
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
se charger de cette tâche. Puis la vision de l’assassinat du garde lui revint en
+mémoire, et il hocha la tête. De toutes façons, ce gars était dangereux,
-mémoire, et il hocha la tête. De toutes façons, ce gars était dangereux,
mieux valait être de son côté. Et puis n’importe quel côté valait mieux que
celui de son ennemi.<br
class="newline" />— J’ai pu observer. Dans les quatre tentes qui sont là-bas, le roi dort dans
class="newline" />— Comment as-tu vu tout ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
seul, comment faire...
-<!--l. 48--><p class="indent" > Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br
+<!--l. 50--><p class="indent" > Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br
class="newline" />— Donne moi tes poignets.<br
class="newline" />Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
rapidement les chaînes qui le retenaient.<br
class="newline" />— Maintenant, il va y avoir moyen de mettre cette vengeance en
pratique.
-<!--l. 53--><p class="indent" > Il lui sourit, et Uhr lui rendit son sourire. Ami.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers11x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 55--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 55--><p class="indent" > Il lui sourit, et Uhr lui rendit son sourire. Ami.
+<!--l. 57--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 57--><p class="indent" > Décidément, ce jeune barbare était hors du commun. Il n’avait pas l’air
+<!--l. 59--><p class="indent" > Décidément, ce jeune barbare était hors du commun. Il n’avait pas l’air
si différent des autres, et pourtant il avait réfléchi et observé, espérant la
-
-
vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir
mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques
enfuir.<br
class="newline" />— Si on a le temps, tu crois qu’on peut libérer les autres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Éventuellement, on verra. Ça te va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 67--><p class="indent" > Le barbare réfléchit encore un instant.<br
+<!--l. 69--><p class="indent" > Le barbare réfléchit encore un instant.<br
class="newline" />— Je n’ai pas d’épée. Les chaînes, c’est bien pour donner des coups de
poing, mais pour tuer rapidement, ça ne marche pas.<br
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers12x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 73--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 75--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-
-
-<!--l. 75--><p class="indent" > Il suivit en silence son nouveau compagnon. Malgré sa silhouette si frêle,
+<!--l. 77--><p class="indent" > Il suivit en silence son nouveau compagnon. Malgré sa silhouette si frêle,
il n’eut aucun mal à maîtriser les quelques gardes qui le séparaient de son
objectif, la tente du roi. Et tout cela sans bruit... Il lui fit un signe de tête et
entra.
-<!--l. 77--><p class="indent" > Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la
+<!--l. 79--><p class="indent" > Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la
tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un
coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des
standarts barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut
immédiatement comme le roi, avec sa silhouette et sa couronne, et une
+
+
jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita
quelques instants. Devait-il la tuer aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle portait des traces de
coups sur les bras et le dos. Vraisemblablement, on ne lui avait pas
laissé le choix de partager la couche du roi. Une prisonnière, comme
lui...
-<!--l. 79--><p class="indent" > Sans attendre, il trancha la gorge du roi endormi, tout en plaquant
+<!--l. 81--><p class="indent" > Sans attendre, il trancha la gorge du roi endormi, tout en plaquant
brutalement sa main sur la bouche de la jeune fille. Celle-ci se réveilla en
sursaut, et se mit à paniquer. Il s’approcha pour lui murmurer à
l’oreille.<br
avait dû en voir d’autres. Elle se leva sans un bruit, et pointa du
doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
-<!--l. 83--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
+<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
d’un ennemi vaincu, c’était au pire une monnaie d’échange, leur aspect
-
-
décoratif étant très secondaire.
-<!--l. 85--><p class="noindent" >— Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+<!--l. 87--><p class="noindent" >— Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il sursauta, et la jeune fille aussi, cherchant à lui dire des yeux que non, elle
n’y était pour rien. Il ne réfléchit pas plus longtemps, saisit la couronne du
roi et se rua au dehors, son épée à la main.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers13x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 88--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 90--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 90--><p class="indent" > Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
+<!--l. 92--><p class="indent" > Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement
+
+
musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme
avaient dans le regard une telle fierté et une telle colère d’être ainsi réduits
à l’état d’esclaves qu’il s’était demandé un instant s’il n’était pas encore
plus dangereux de les délivrer.
-<!--l. 92--><p class="indent" > Mais il s’était mis rapidement à l’œuvre, et les barbares, bien que très
+<!--l. 94--><p class="indent" > Mais il s’était mis rapidement à l’œuvre, et les barbares, bien que très
surpris de voir un moustique en capacité de leur venir en aide, ne s’étaient
pas plaints. Il était en train de faire sauter la dernière serrure lorsqu’il
entendit un cri à l’extérieur.
-<!--l. 94--><p class="noindent" >— Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+<!--l. 96--><p class="noindent" >— Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les quatre chefs bondirent sur leurs pieds, et ramassant des armes, sortirent
rapidement en lui adressant un signe de reconnaissance.
-<!--l. 97--><p class="indent" > Dehors, il n’eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout
+<!--l. 99--><p class="indent" > Dehors, il n’eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout
avec l’agitation qui démarrait. Les quatre combattants se retrouvèrent nez à
nez avec d’autres guerriers, et se défendirent farouchement. Dans la cohue, il
aperçut la silhouette d’Uhr, l’épée ensanglantée. Il eut un soupir de
soulagement. Ça, c’était fait. Il se glissa dans sa direction, et lui fit signe de
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
-<!--l. 100--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
+<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
-
-
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
à sa perte, et eut des remors. Même s’il était armé, il était tout de même
plus petit que ses adversaires, et seul face à cinq... Il s’accroupit et s’apprêta
à bondir à sa défense.
-<!--l. 102--><p class="indent" > À sa grande surprise, au lieu de brandir son épée, le jeune barbare
+<!--l. 104--><p class="indent" > À sa grande surprise, au lieu de brandir son épée, le jeune barbare
se contenta de désigner du bras le centre du campement, d’où ils
venaient.<br
class="newline" />— Là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il y a des intrus<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus
longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin.
-<!--l. 106--><p class="indent" > Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des
+<!--l. 108--><p class="indent" > Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des
prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de
+
+
porte.<br
class="newline" />— Farl, va les libérer pendant que j’occupe ceux-là.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et contournant l’entrée, il escalada lestement la palissade et
l’entrée de l’enclos en hurlant de rage. Il ne voyait pas ce qui s’y passait,
mais à l’agitation qu’il devinait, il semblait que les deux gardes avaient été
rejoints par des renforts.
-<!--l. 114--><p class="indent" > Dans la cohue, cependant, un des assaillants parvint à pénétrer au cœur
+<!--l. 116--><p class="indent" > Dans la cohue, cependant, un des assaillants parvint à pénétrer au cœur
de l’enclos et l’aperçut, en train de faire sauter la dernière serrure. Surpris
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-
-
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
jet...
-<!--l. 117--><p class="indent" > C’est alors qu’une main se referma sur son bras, et le souleva. En un clin
+<!--l. 119--><p class="indent" > C’est alors qu’une main se referma sur son bras, et le souleva. En un clin
d’œil il se retrouva juché au sommet de l’échafaudage, avec Uhr qui lui
souriait.<br
class="newline" />— Merci.<br
class="newline" />— On file et on discute après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui rendit son sourire.<br
class="newline" />— Ça marche.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers14x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 123--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 125--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 125--><p class="indent" > Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par
+
+
+<!--l. 127--><p class="indent" > Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par
les prisonniers qui se rebellaient et la mort du roi avait détourné
suffisamment l’attention, et ils atteignirent sans encombre l’abri des
arbres. Farl le regardait avec une certaine admiration. Il lui avoua qu’il
combattant. Et toi, tu es petit, tout frêle, et tu en as tué beaucoup, très
efficacement ce soir.<br
class="newline" />— Merci.
-<!--l. 132--><p class="indent" > Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur
+<!--l. 134--><p class="indent" > Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur
souffle.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que tu vas faire maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Je n’ai plus vraiment de clan. Je ne sais pas trop
ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois
décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe
coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des
+
+
armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou
autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se
battre comme il faut. Et il s’y passait des choses très compliquées
parfois...
-<!--l. 144--><p class="indent" > Il sourit et hocha la tête.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers15x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 148--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 146--><p class="indent" > Il sourit et hocha la tête.
+<!--l. 150--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 150--><p class="indent" > Il pénétra dans la taverne, et aperçut Uhr, assis à une table. Il lui fit
+<!--l. 152--><p class="indent" > Il pénétra dans la taverne, et aperçut Uhr, assis à une table. Il lui fit
signe en souriant, et se hâta de le rejoindre. Il portait une tunique grise sans
manches et un pantalon de toile sombre tenu par une ceinture de cuir. Il
avait l’air d’un habitant tout à fait normal de la capitale, hors sa
musculature imposante.
-
-
-<!--l. 152--><p class="indent" > Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait
+<!--l. 154--><p class="indent" > Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait
énormément changé. Il avait profité de l’argent de la vente des bracelets
trouvés pour se payer des vêtements normaux, et en suivant ses conseils,
avait trouvé un petit travail à charger et décharger des caisses de matériel
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de
taverne.
-<!--l. 154--><p class="indent" > Et malgré leurs différences, tous deux étaient rapidement devenus aussi
+<!--l. 156--><p class="indent" > Et malgré leurs différences, tous deux étaient rapidement devenus aussi
inséparables que deux frères.
-<!--l. 156--><p class="noindent" >— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais... que fais-tu habillé comme cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 158--><p class="noindent" >— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais... que fais-tu habillé comme cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il sourit. Il avait troqué les vêtements sobres qu’il portait la journée
contre une tunique orange vif à manches longues, et un pantalon
rouge.<br
class="newline" />Uhr l’observa d’un air critique. Mais il savait que son ami n’avait pas besoin
de deviner, sous ses vêtements, quelques accessoires d’assassin dont il avait
du mal à se séparer pour comprendre qu’il n’était pas sûr du tout, en fait. Il
-
-
avait longuement hésité avant de prendre cette décision, et ne savait
toujours pas si il allait la tenir. Son ami parut comprendre, et lui fit un clin
d’œil.<br
entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certaines unités, oui. Mais je vais m’engager en simple soldat, et on
verra après.
-<!--l. 180--><p class="indent" > Il hocha la tête et prit une gorgée supplémentaire. Tout cela était
+<!--l. 182--><p class="indent" > Il hocha la tête et prit une gorgée supplémentaire. Tout cela était
prometteur.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers16x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 361--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 408--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 363--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
+<!--l. 410--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
+
+
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
-<!--l. 366--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+<!--l. 413--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
-
-
de maîtres d’armes, mais Khil, le prêtre qui s’occupait de son éducation
et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
soit.
-<!--l. 368--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+<!--l. 415--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.<br
class="newline" />— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.<br
class="newline" />L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
class="newline" />— C’est vous le novice du temple de Melna<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il vous attend. Venez.
-<!--l. 373--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+<!--l. 420--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
-
-
du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et puis, être traité comme un soldat, un garde comme les
autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l’apprenti paladin. Le
maître se tourna vers l’elfe, qui attendait en retrait.<br
temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
guider hors de la pièce.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers17x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 385--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 432--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 387--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+<!--l. 434--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
-<!--l. 389--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+<!--l. 436--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très
enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il
+
+
avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Resterait-il à la garde toute sa vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 391--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
-
-
+<!--l. 438--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Je m’appelle Irdann.
-<!--l. 396--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
+<!--l. 443--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
tenue de novice l’intriguait.<br
class="newline" />— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-<!--l. 402--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+<!--l. 449--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
blason.<br
class="newline" />— D’où te vient cette arme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-<!--l. 432--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+<!--l. 479--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers18x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 434--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 481--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 436--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
+<!--l. 483--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Certes, elle
arrivons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers19x.png" alt="∼
+src="aventuriers2x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 3--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 3--><p class="nopar" >
+<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" > Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse,
+<!--l. 7--><p class="indent" > Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse,
et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au
centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il
le savait. Une belle jeune femme apparut debout devant lui. Elle
class="newline" />— J’ai besoin de toi pour une mission importante.<br
class="newline" />Il releva la tête, surpris.<br
class="newline" />— Mon nom est Samantha, et je vis dans ce temple que tu vois, près de la
+
+
ville de Touryre.<br
class="newline" />Elle désigna le temple au centre de la plaine.<br
class="newline" />— J’y suis la grande prêtresse, mais j’y vis enfermée. Le personnel du
toi, Irdann.<br
class="newline" />La jeune femme sourit, et disparut subitement. Le décor vacilla quelques
secondes, puis disparut à son tour.
-<!--l. 19--><p class="indent" > Irdann ouvrit les yeux. Il faisait nuit, le dortoir était calme à
+<!--l. 21--><p class="indent" > Irdann ouvrit les yeux. Il faisait nuit, le dortoir était calme à
part quelques ronflements venant des lits voisins. Quel était ce rêve
étrange<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers20x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 21--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 23--><p class="indent" > Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante.
+<!--l. 25--><p class="indent" > Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante.
C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle
ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la
tâche.<br
class="newline" />L’avantage d’être grande prêtresse, c’est qu’on lui posait peu de
questions sur ce qu’elle faisait dans le temple. L’inconvénient, c’est qu’on
ne la laissait pas sortir et qu’elle était surveillée tout le temps...
-
-
Ah quelle malchance elle avait eu de se retrouver prêtresse dans ce
trou perdu<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il
avait pu quitter son temple, et partir à l’aventure. Cela l’avait fait
rêver. Mais comment sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils étaient si bornés, si
+
+
butés... impossible de leur faire comprendre... Elle avait essayé, en
vain.
-<!--l. 30--><p class="indent" > Elle suivit la jeune novice, munie d’une bougie, qui la ramenait à sa
+<!--l. 32--><p class="indent" > Elle suivit la jeune novice, munie d’une bougie, qui la ramenait à sa
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
recherche. Construire une légende, voilà ce qu’il lui fallait. Une légende, rien
que ça...
-<!--l. 32--><p class="indent" > Elle avait envoyé un rêve à ce fameux aventurier prêtre de la capitale.
+<!--l. 34--><p class="indent" > Elle avait envoyé un rêve à ce fameux aventurier prêtre de la capitale.
Lui était libre comme l’air, et pouvait lui trouver ce héros. Quelques jours
plus tard, il lui avait envoyé un rêve en retour, il était à présent beaucoup
trop loin pour ça. En revanche, il connaissait peut-être l’homme de la
l’épée quelques années plus tôt, et qui finissait sa formation dans la
garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître
Ernest.
-<!--l. 34--><p class="indent" > Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la
+<!--l. 36--><p class="indent" > Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la
pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne...
Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie
des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux,
droit, et intelligent. Il pouvait réussir...
-<!--l. 36--><p class="indent" > À présent, elle ne pouvait qu’attendre qu’il se passe quelque chose. Dans
+<!--l. 38--><p class="indent" > À présent, elle ne pouvait qu’attendre qu’il se passe quelque chose. Dans
combien de temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il pouvait mettre des jours, voire des semaines à
arriver... Cette attente allait être longue et insupportable, mais peut-être y
avait-il la liberté à la clé. Peut-être.
-
-
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers21x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 38--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 40--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 40--><p class="indent" > Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et
+<!--l. 42--><p class="indent" > Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et
Silwë. Ils formaient un trio à la fois très disparate et redoutablement
+
+
efficace. Visuellement, ils incarnaient respectivement la force brute,
l’intelligence posée, et la subtilité. Cela les faisait sourire de savoir qu’en
réalité, la petite elfe à l’air fragile était tout autant capable que les autres
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
-<!--l. 42--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
+<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
class="newline" />— Pourquoi une grande prêtresse aurait-elle besoin d’aide pour sortir de son
temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après elle, le personnel du temple ne veut pas qu’elle le quitte. Et elle
-
-
souhaite qu’on vienne l’enlever... de façon spectaculaire.<br
class="newline" />Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.<br
class="newline" />— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout
nous raconter en détails<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 55--><p class="indent" > Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
+<!--l. 57--><p class="indent" > Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
sourire.<br
class="newline" />— Tu as une idée en tête, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Demanda Irdann.<br
class="newline" />— Une petite. On se retrouve le soir au bar habituel, je vous explique tout
+
+
ça.<br
class="newline" />— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...<br
class="newline" />— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers22x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 62--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 64--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 64--><p class="indent" > Elle regarda aux alentours lorsqu’elle entra dans la taverne. Il y avait pas
+<!--l. 66--><p class="indent" > Elle regarda aux alentours lorsqu’elle entra dans la taverne. Il y avait pas
mal de monde, comme d’habitude, mais ils appréciaient l’ambiance
détendue de cet endroit, où se côtoyaient toutes sortes d’humains. Certains
soirs, comme celui-ci, des ménestrels ajoutaient un peu d’animation. Elle
regarda d’un œil distrait un joueur de mandoline accompagner de sa
musique un jongleur de couteaux, tout en cherchant ses amis au milieu de la
foule.
-<!--l. 66--><p class="indent" > Elle finit par les apercevoir, à une table un peu à l’écart. Irdann,
+<!--l. 68--><p class="indent" > Elle finit par les apercevoir, à une table un peu à l’écart. Irdann,
visiblement essoufflé, venait d’entrer. Elle leur fit un geste et les
rejoignit.<br
class="newline" />— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom
de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici.
Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le
-
-
temple.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...<br
class="newline" />— Bon, maintenant il n’y a plus qu’à construire une légende.<br
œil à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr
éclata de rire.<br
class="newline" />— C’est ce que les prêtres et les habitants verront, évidemment. Il va
+
+
falloir mettre en scène tout cela, et on ne sera pas trop de trois,
croyez-moi.<br
class="newline" />Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant de la table, abaissant
class="newline" />Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la
parole.<br
class="newline" />— Hé, vous m’avez donné une très bonne idée. Dans la fuite, il faut que
+
+
vous deux preniez ma place et celle de la prêtresse, d’une façon ou d’une
autre.<br
class="newline" />— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effectivement, ça
suffira<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr sourit.<br
class="newline" />— Exactement. En plus, si ça tourne mal, je peux vous faire confiance pour
-
-
vous défendre et vous cacher efficacement...
-<!--l. 96--><p class="indent" > Ils firent une petite pause pour commander à manger et à boire. Le plan
+<!--l. 98--><p class="indent" > Ils firent une petite pause pour commander à manger et à boire. Le plan
se dessinait lentement.<br
class="newline" />— Il reste l’introduction dans le temple pour parler à la prêtresse.<br
class="newline" />— Silwë, tu sais faire ça, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse
aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.<br
class="newline" />— Surtout qu’il n’est pas nécessaire que les doublures aient un costume
+
+
parfait, il suffit que ça soit à peu près ressemblant de loin. Vous ne vous
approcherez pas des prêtres de toutes façons.<br
class="newline" />Irdann, qui semblait un peu gêné, fit part d’une remarque.<br
d’eux.<br
class="newline" />— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc
faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en
-
-
tant qu’apprenti paladin de la déesse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
class="newline" />— À part l’immunité dont je vous ai parlé, je ne vois rien qui puisse nous
class="newline" />Uhr sourit.<br
class="newline" />— Je connais quelqu’un qui peut nous fournir ça, ne vous inquiétez
pas.
-<!--l. 119--><p class="indent" > Silwë soupira.<br
+<!--l. 121--><p class="indent" > Silwë soupira.<br
class="newline" />— Qui sont ces gens dont tu nous parles qui peuvent nous aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Ou...<br
class="newline" />Elle vit son ami sourire de plus en plus.<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
haussant les sourcils.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers23x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 129--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 131--><p class="indent" > Farl terminait son assiette avec appétit. C’était effectivement une
+<!--l. 133--><p class="indent" > Farl terminait son assiette avec appétit. C’était effectivement une
excellente adresse, il regrettait de ne pas être venu ici plus tôt. Uhr lui avait
proposé de le retrouver ici pour un plan bien précis, sans lui donner de
détails. Tant qu’à venir, il avait proposé ses services et ceux de son ami
Eldon pour animer la taverne. Le cachet n’était pas énorme, mais le repas
était compris, et c’était déjà bien pour des ménestrels qui n’avaient pas
-
-
totalement terminé leur formation. De plus, l’ambiance était agréable, et le
public accueillant. La soirée commençait bien. Mais que lui voulait son
ami<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 133--><p class="indent" > La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une
+<!--l. 135--><p class="indent" > La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une
nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même
lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.<br
class="newline" />— Tu nous rejoins<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
demanda la gérante.<br
class="newline" />— Oui, merci<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Tant qu’à y être, amenez-en quatre, ajouta Uhr.
-<!--l. 141--><p class="indent" > Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c’était la
+<!--l. 143--><p class="indent" > Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c’était la
première fois qu’il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en
soldats –d’une tunique brune et cotte de maille–, mais ils étaient aussi
surprenants que différents.
-<!--l. 143--><p class="indent" > Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux
+
+
+<!--l. 145--><p class="indent" > Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée
Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui
sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur
plan.
-<!--l. 145--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
+<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.<br
class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br
class="newline" />— S’introduire dans un temple qui se situe loin d’ici, enlever la grande
class="newline" />— Quand partirons-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d’ici
une dizaine de jours... le temps de tout préparer. Il faut compter le trajet
+
+
aussi.<br
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
-<!--l. 163--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
+<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire
aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 165--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
+<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
des virtuoses de l’épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait
confiance en son ami, qui n’était pas du genre à tenter des projets insensés
sans avoir mûrement réfléchi aux risques. Lui connaissait ses amis depuis
quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.
-
-
-<!--l. 167--><p class="indent" > Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y
+<!--l. 169--><p class="indent" > Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y
avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très
familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et
cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes
façons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers24x.png" alt="∼
+src="aventuriers3x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 2--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 4--><p class="indent" > Sélène jura intérieurement. Elle venait de rater le départ du convoi
+<!--l. 5--><p class="indent" > Sélène jura intérieurement. Elle venait de rater le départ du convoi
public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
+
+
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les
journées moins longues.
-<!--l. 7--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
+<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
visage accueillant.<br
contacts.<br
class="newline" />Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup
d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une
-
-
escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son
embarras.<br
class="newline" />— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
-<!--l. 22--><p class="indent" > Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle hésitait. Attendre
+<!--l. 23--><p class="indent" > Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle hésitait. Attendre
quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un
autre côté, le « jeune fille de votre rang » lui restait un peu en travers de la
cela, l’idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
Qu’avait-elle à perdre à aller voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était peut-être pas rentré de toutes
façons.
-<!--l. 24--><p class="indent" > Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
+<!--l. 25--><p class="indent" > Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
-
-
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
s’apprêta à y frapper.
-<!--l. 26--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 27--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surprise, elle se retourna vivement. Elle n’avait pas entendu l’homme
approcher dans son dos.<br
class="newline" />— Je cherche un guide du nom de Zach. S’agit-il de vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br
class="newline" />— Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers25x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 50--><p class="nopar" > <span
+
+
+<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 52--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
+<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
réservait quelques surprises.
-<!--l. 54--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
+<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
là, en fait...
-
-
-<!--l. 56--><p class="indent" > Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
-<!--l. 58--><p class="indent" > Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? D’habitude,
+<!--l. 57--><p class="indent" > Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
+<!--l. 59--><p class="indent" > Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? D’habitude,
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 60--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
+<!--l. 61--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses
brassards de cuir, et avait lui aussi une besace chargée et une cape, gris
foncé.
-<!--l. 62--><p class="indent" > Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu’elle mit dans
+<!--l. 63--><p class="indent" > Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu’elle mit dans
son sac sans dire un mot, et ils se mirent en route.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers26x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 64--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 65--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 66--><p class="indent" > Sélène regrettait un peu d’avoir accepté de le suivre. Zach avait un
+<!--l. 67--><p class="indent" > Sélène regrettait un peu d’avoir accepté de le suivre. Zach avait un
rythme de marche très soutenu qu’il était difficile de suivre. De plus, elle se
prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
+
+
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
-<!--l. 68--><p class="indent" > Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
+<!--l. 69--><p class="indent" > Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
pause exprès pour elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne
-
-
s’arrêtait pas toujours, et mangeait en chemin.<br
class="newline" />— Comment vont vos pieds<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le ton s’était adouci. Venait-elle de passer une sorte de test<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou avait-il
pitié, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle releva les yeux et son regard croisa le sien le temps
d’une seconde. Il lui souriait.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers27x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 78--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 80--><p class="indent" > Il était évident que Sélène n’avait quasiment jamais mis les pieds dans
+<!--l. 81--><p class="indent" > Il était évident que Sélène n’avait quasiment jamais mis les pieds dans
une forêt. Elle trébuchait sur chaque branche, chaque racine, sursautait à
chaque bruit. Pourtant, il ne l’avait pas entendue se plaindre de la journée,
il évita donc quelques remarques amusées qui lui brûlaient les lèvres. Il
tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de
plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout.
+
+
Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers
elle.<br
class="newline" />— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br
plaindre, croyez-moi.<br
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
échapper un léger soupir de soulagement.
-<!--l. 90--><p class="indent" > Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
+<!--l. 91--><p class="indent" > Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
traces.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers28x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 92--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 93--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 94--><p class="noindent" >— Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 95--><p class="noindent" >— Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et ouvrit les yeux. Il faisait noir autour d’elle. Elle cacha
rapidement ses pieds sous sa robe, en se redressant.<br
class="newline" />— Oui, oui. Je crois que je me suis assoupie, désolée...<br
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 100--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
+<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
forces, et plus encore le repas qu’il lui tendit, composé essentiellement de
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
-<!--l. 107--><p class="indent" > Elle sortit la couverture, s’enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace
+<!--l. 108--><p class="indent" > Elle sortit la couverture, s’enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace
et avant d’avoir le temps de constater que le sol était bien trop dur, elle
s’endormit profondément.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers29x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 109--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 110--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 111--><p class="indent" > Pendant les quelques minutes où il s’occupait du feu, de façon à
+<!--l. 112--><p class="indent" > Pendant les quelques minutes où il s’occupait du feu, de façon à
s’assurer qu’il ne dégénère pas, il observa la jeune femme. Elle était
-
-
épuisée. Peut-être avait-il été un peu rude avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Finalement, elle
suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas
désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
+
+
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
ennuis...
-<!--l. 113--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
+<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
son tour.
-<!--l. 115--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
+<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
en se levant, il se rappela que ce n’était pas le cas de tout le monde. Si on y
ajoutait les courbatures dues à l’effort qu’elle avait fourni la veille,
qu’elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l’après-midi, elle lui
posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu’ils
croisèrent.
-<!--l. 118--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
+<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
-<!--l. 120--><p class="indent" > Son sang se glaça soudain lorsqu’il entendit un cri. C’était sa voix. Si
+<!--l. 121--><p class="indent" > Son sang se glaça soudain lorsqu’il entendit un cri. C’était sa voix. Si
elle avait été n’importe quelle autre fille, il aurait cru à une rencontre
inattendue avec une araignée. Mais là... Dégainant d’un même geste son
épée de sa ceinture et son couteau de sa botte, il se précipita vers le
camp.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers30x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 122--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 123--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 124--><p class="indent" > Elle recula lentement, de façon à garder toujours dans son champ de
+<!--l. 125--><p class="indent" > Elle recula lentement, de façon à garder toujours dans son champ de
vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
+
+
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 126--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
+<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
s’approcher, coûte que coûte. Qu’avait-elle à perdre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ces deux brigands
n’allaient pas se contentent du peu d’or qu’elle possédait de toutes
façons...
-<!--l. 128--><p class="indent" > À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
+<!--l. 129--><p class="indent" > À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
monter, elle dirigea d’un mouvement brusque la branche vers le visage de
l’autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
pas.
-<!--l. 130--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
+<!--l. 131--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.<br
class="newline" />
-<!--l. 135--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
+
+
+<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
-<!--l. 137--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.<br
class="newline" />— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
n’hésite pas à t’accrocher de l’autre à la roche ou à la végétation.
-<!--l. 143--><p class="indent" > L’ascension fut difficile, et tenait presque plus de l’escalade que de la
+<!--l. 144--><p class="indent" > L’ascension fut difficile, et tenait presque plus de l’escalade que de la
marche. Elle devait se tenir sans cesse à la paroi qu’elle voyait de plus
en plus mal. Sans compter qu’elle ne pouvait plus tenir sa robe,
et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
effort<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 145--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
+<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
prise qu’il lui avait désignée, et reposa ses pieds sur un rocher. Puis elle leva
les yeux vers lui. Il lui adressa un sourire encourageant.<br
class="newline" />— C’est presque fini.
-<!--l. 150--><p class="indent" > Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
+<!--l. 151--><p class="indent" > Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
class="newline" />Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
+
+
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
-<!--l. 154--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Dans une petite grotte cachée sur cette falaise. Fais attention, c’est un
peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit.<br
class="newline" />— Comment peux-tu en être sûr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
grotte. Ce léger bruit a l’avantage de masquer nos sons, déjà un peu
étouffés par la paroi et les buissons. D’ailleurs, je vais en profiter pour
remplir les gourdes d’eau fraîche.
-<!--l. 161--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
+<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la
grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
<br
ne pas te prendre la paroi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne vois absolument rien...<br
class="newline" />— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.<br
class="newline" />
-
-
-<!--l. 165--><p class="indent" > Elle l’entendit revenir et s’asseoir face à elle. Il prit doucement sa main
+<!--l. 166--><p class="indent" > Elle l’entendit revenir et s’asseoir face à elle. Il prit doucement sa main
et y déposa la gourde qu’il venait de remplir. L’eau était délicieusement
glacée. Puis il fit de même avec un morceau de pain. Qu’il connaisse sa
cachette les yeux fermés, d’accord, mais qu’il trouve directement sa
première fois, marquer un instant d’hésitation gêné.<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
-<!--l. 171--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
+<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune
marque de blessure.
-<!--l. 173--><p class="indent" > Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
+<!--l. 174--><p class="indent" > Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Voulait-il éloigner le sujet des « yeux de chat »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il qu’il
reprit la parole.<br
un cas isolé, mais dans le doute...<br
class="newline" />— Tu emmènes souvent des gens dans cette cachette<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non. Tu es la première.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers31x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-
-
-<!--l. 181--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 182--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 183--><p class="indent" > Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite,
+<!--l. 184--><p class="indent" > Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite,
l’ascension, la chute, la cachette... Tout cela devait faire beaucoup pour
quelqu’un qui n’avait pas l’habitude. Elle semblait un peu choquée, mais elle
tenait étonamment bien le coup. Ou alors elle cachait-elle très bien son
trouble<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 185--><p class="indent" > Il la vit frotter ses mains et ses bras. Avant qu’il ne fasse une remarque
+<!--l. 186--><p class="indent" > Il la vit frotter ses mains et ses bras. Avant qu’il ne fasse une remarque
sur la température, elle anticipa.<br
class="newline" />— Il fait froid dans cette grotte.<br
class="newline" />Il se rappela qu’elle ne voyait rien, contrairement à lui. Cela devait être
extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
+
+
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
-<!--l. 190--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
+<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme.
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
Brigands ou voyageurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes
façons.
-<!--l. 192--><p class="indent" > Il revint vers le fond de la grotte, et ne put s’empêcher de remarquer que
+<!--l. 193--><p class="indent" > Il revint vers le fond de la grotte, et ne put s’empêcher de remarquer que
Sélène tremblait.<br
class="newline" />— Tu as toujours froid<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, un peu.<br
sinon...<br
class="newline" />— Compris<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
-
-
prévoyait de lui faire subir s’il avait le malheur de laisser traîner une main
au mauvais endroit. De plus, son ton presque menaçant lui donnait
l’impression qu’elle allait mieux. Et pour être honnête avec lui-même, sans
posa près de lui, de façons à garder son épée à portée de main en
cas de besoin, et s’enroula dans sa couverture, tout contre la jeune
femme.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers32x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 202--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 203--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 205--><p class="indent" > Zach sentait la transpiration et le cuir de son armure –qu’il n’avait
+<!--l. 206--><p class="indent" > Zach sentait la transpiration et le cuir de son armure –qu’il n’avait
même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas
+
+
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 207--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
+<!--l. 208--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
d’abuser de la situation<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle chassa cette idée. Il n’aurait pas attendu ce
soir pour ça.
-<!--l. 209--><p class="noindent" >— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 210--><p class="noindent" >— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, oui...<br
class="newline" />Son visage n’était pas tourné vers elle. Il avait dû sentir son trouble aux
battements de son cœur.<br
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers33x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 226--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 228--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son
+<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
ne disait rien... N’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Au point où il en
était... <br
leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de
famille.<br
class="newline" />Surprise, Sélène se tut quelques instants. Puis elle reprit, légèrement gênée
-
-
à son tour.<br
class="newline" />— Désolée...<br
class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
-<!--l. 234--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
+<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus
class="newline" />— Je n’ai pas l’impression de voir différemment. En fait si je laisse mes yeux
s’accoutumer à l’obscurité, je finis par voir très bien. J’ai même été très
surpris de constater que j’étais le seul de ma fratrie à pouvoir faire ça, je
-
-
croyais ça tout à fait naturel... J’ai l’impression que s’il n’y avait aucune
source de lumière, je ne verrais rien. Mais ça n’arrive jamais, il y a toujours
un petit quelque chose...<br
pleine lumière. Il reste les vampires, qui comme certains magiciens, ont une
vision nocturne parfaite grâce à leurs pouvoirs magiques. Ce qui n’a pas l’air
d’être ton cas.
-<!--l. 253--><p class="indent" > Zach était impressionné.<br
+<!--l. 254--><p class="indent" > Zach était impressionné.<br
class="newline" />— D’où tu sais tout ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai lu.<br
class="newline" />À ses battements de cœur et la très légère tension dans son corps, il sut
intéressantes... Ce fut elle qui reprit.<br
class="newline" />— Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec
une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques.
+
+
C’est plutôt rare cela dit. Vue ta silhouette, il est plus probable que tu aies
des antécédents elfiques.<br
class="newline" />Elle avait ça d’un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou
class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.<br
class="newline" />— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
-<!--l. 264--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
+<!--l. 265--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
de sa carrière<span class="frenchb-thinspace"> </span>; certains étaient particulièrement virulents vis à vis des
autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les
admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux,
-
-
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
général de donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait
d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais croisé de nain, et
n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait
bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du
bluff.
-<!--l. 266--><p class="indent" > Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s’était endormie.
+<!--l. 267--><p class="indent" > Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s’était endormie.
Bercé par ce rythme régulier et la chaleur de son corps à côté du sien, il ne
tarda pas à faire de même.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers34x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 268--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 269--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 270--><p class="indent" > Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Sélène mit un petit moment à savoir où elle
+<!--l. 271--><p class="indent" > Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Sélène mit un petit moment à savoir où elle
était. La grotte était éclairée par la lumière du jour, qui filtrait largement à
travers le buisson masquant son entrée. Elle pouvait enfin voir à quoi
ressemblait cette fameuse cachette. Elle était plus petite que ce qu’elle
s’était imaginé<span class="frenchb-nbsp"> </span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
+
+
sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
-<!--l. 272--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
+<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir...
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
-
-
de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à
demi-nus.
-<!--l. 274--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que ce n’était peut-être pas très convenable
+<!--l. 275--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que ce n’était peut-être pas très convenable
de l’observer ainsi, d’autant plus qu’il ignorait probablement qu’elle était
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
class="newline" />— Ouille<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
grave.<br
class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers35x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 285--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 286--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 287--><p class="indent" > Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
+<!--l. 288--><p class="indent" > Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
examina la coupure d’un air critique. Certes, ce n’était pas un coup si
+
+
anodin... Même s’il avait déjà connu pire. Et la blessure était en bonne voie
de cicatrisation.<br
class="newline" />— Tu n’avais pas pu recoudre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Pas vraiment...<br
class="newline" />— Ne bouge pas.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
-
-
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
l’intriguait.
-<!--l. 293--><p class="indent" > Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
+<!--l. 294--><p class="indent" > Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
qu’elle ouvrit.<br
class="newline" />— Tu sais, ça va, ne t’en fais pas pour moi.<br
class="newline" />— Donne ton épaule.<br
débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une
petite aide spontanée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis, le contact de sa main n’était pas
désagréable.
-<!--l. 301--><p class="indent" > Il se leva, et alla ramasser ses affaires.<br
+<!--l. 302--><p class="indent" > Il se leva, et alla ramasser ses affaires.<br
class="newline" />— Si tu veux, tu peux profiter de la vasque au fond pour te rafraîchir. Je
vais faire un tour pendant ce temps.<br
class="newline" />Il lui adressa un sourire rapide, et sortit. Le soleil était déjà haut dans le
D’où tenait-elle tout ce savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quelles autres surprises l’attendait avec
cette étrange voyageuse<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
-l’air de la choquer...
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers36x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" > <span
+l’air de la choquer...
+<!--l. 1--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 3--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n’est pas le cas dans
+
+
toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De
Vane, c’est le cas.<br
class="newline" />— Tu penses que c’est vraiment dangereux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. J’ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l’invitant à vous
accueillir toutes les deux.<br
class="newline" />Aldariel retint un cri de joie.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers37x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 37--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 37--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 39--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
-
-
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
+
+
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
<!--l. 41--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
class="newline" />— Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n’avons
pas tellement le temps...<br
class="newline" />— C’est dommage... On m’a dit que cette ville est très belle. N’est-ce pas là
+
+
que tu as vécu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines
personnes qui y vivent.<br
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
-
-
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 70--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
+
+
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S’il-te-plaît.<br
class="newline" />Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps. <br
class="newline" />— D’accord.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers38x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 87--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 87--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 89--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
+
+
montée.
<!--l. 91--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 107--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
+
+
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
class="newline" />— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez
coincés sur le sujet... Ajoute à ça le fait que certains considèrent qu’une
femme doit être soumise, et je te laisse imaginer la réputation qu’on peut
-
-
avoir auprès d’eux...<br
class="newline" />— Forcément, vu comme ça...<br
class="newline" />— Cela dit, ne t’inquiète pas trop, ça ne veut pas dire qu’on est en danger
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 120--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
+
+
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers39x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 124--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 124--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 126--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques
minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.
<!--l. 130--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
-
-
décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval
–certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de
pillards qui les avait pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
+
+
bataille.
<!--l. 134--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
-
-
<!--l. 136--><p class="indent" > Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.<br
class="newline" />— Merci, c’était tout juste.<br
class="newline" />Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Elle lui posa la main sur l’épaule, doucement.<br
class="newline" />— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers40x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 144--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 144--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
+
+
<!--l. 146--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
rapidement vers elles. Elle reconnut l’un des brigands qui avait attaqué les
voyageurs... Le premier souriait.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
-
-
ce soir...<br
class="newline" />— Méfie-toi, elles sont armées quand même.<br
class="newline" />— Et alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Moi aussi.<br
class="newline" />Elle sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers41x.png" alt="∼
+src="aventuriers4x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 3--><p class="indent" > Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura
+<!--l. 5--><p class="indent" > Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura
une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble,
grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire
satisfait.
-<!--l. 5--><p class="indent" > Elle posa le pot par terre et se redressa en soupirant. Connaître les
+<!--l. 7--><p class="indent" > Elle posa le pot par terre et se redressa en soupirant. Connaître les
grands enchantements de la déesse et les utiliser pour être fleuriste, c’était
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
n’était pas inutile.
-<!--l. 7--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
+<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
Si tout le monde parlait de ce mystérieux enlèvement, l’histoire se
+
+
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
Touryre.
-<!--l. 9--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
+<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En
même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour
intérieure où elle faisait pousser ses plantes pour pénétrer dans la boutique.
Malgré l’heure tardive, quelqu’un venait d’y entrer.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
+<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
d’une cotte de mailles sur d’une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
complétait sa tenue. Elle lui sourit.<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— Oui, enfin. Ce n’était pas de tout repos...<br
class="newline" />— Quel genre de problème<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oh, rien de très grave. Mais aller devoir annoncer à une femme la mort
+class="newline" />— Oh, rien de très grave. Mais devoir annoncer à une femme la mort
tragique de son compagnon, ce n’est jamais drôle...<br
class="newline" />Il s’assit sur un petit siège, pendant qu’elle fermait la boutique.<br
class="newline" />— Elle devait être effondrée...<br
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
-<!--l. 26--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
+
+
+<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
class="newline" />— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai
magiciens, et pourtant elle n’avait jamais entendu parler de métamorphose.<br
class="newline" />— Métamorphe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça existe, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers42x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 33--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 35--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-
-
-<!--l. 35--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
+<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
actuellement une jupe rouge sombre, un chemisier blanc et un petit corset
de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre
encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que
feraient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 37--><p class="indent" > Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il
+<!--l. 39--><p class="indent" > Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il
savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–,
mais de là à penser de la sorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 39--><p class="noindent" >— Quand même, un métamorphe... Tu ne trouves pas ça bizarre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 41--><p class="noindent" >— Quand même, un métamorphe... Tu ne trouves pas ça bizarre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il sursauta, interrompant le fil de ses pensées.<br
class="newline" />— Tu penses à quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Déjà c’est surprenant qu’ils se soient tous les deux tués. Qu’il n’y en ait
class="newline" />— Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Trouve moi un objet qui leur appartient. N’importe lequel, et je te donne
la réponse.
-<!--l. 55--><p class="indent" > Il considéra un instant cette proposition. Il devait admettre qu’il était
+<!--l. 57--><p class="indent" > Il considéra un instant cette proposition. Il devait admettre qu’il était
un peu curieux d’en savoir plus, mais ce n’était pas son travail...
<br
class="newline" />— Mais ça ne va pas être évident de se procurer de tels objets. Je te
sous scellés maintenant...<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y pénétrer discrètement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 60--><p class="indent" > Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette
+<!--l. 62--><p class="indent" > Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette
histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté
son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a
six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste
idées.<br
class="newline" />— Tu crois que Farl aimerait s’en mêler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bah, c’est un plan douteux. Bien sûr qu’il aimerait s’en mêler.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers43x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 64--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 66--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
+<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
maniement de ses armes, à l’escalade, et à être furtif. Même en tunique
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
+
+
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
vie.
-<!--l. 68--><p class="indent" > Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
+<!--l. 70--><p class="indent" > Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
d’idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne
ne le saurait...
-<!--l. 70--><p class="indent" > Il leva les yeux. Le bâtiment devant lui portait les traces fraîches du
-
-
+<!--l. 72--><p class="indent" > Il leva les yeux. Le bâtiment devant lui portait les traces fraîches du
terrible incendie. Cet immeuble de trois étages, abritant plusieurs locataires,
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de
expression était d’assez mauvais goût vue la situation, il escalada
rapidement le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa
à l’intérieur.
-<!--l. 72--><p class="indent" > Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement
+<!--l. 74--><p class="indent" > Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement
l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la
tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la
pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol,
trouver mieux, et puis c’était toujours un objet personnel, même
abîmé. Samantha lui avait dit qu’elle se débrouillerait même dans ce
cas.
-<!--l. 74--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
+<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
-surveillé, et la fenêtre ne lui résistèrent pas plus longtemps que les
-panneaux de bois de l’autre.
-<!--l. 76--><p class="indent" > À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour
+surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
+bois de l’autre demeure.
+<!--l. 78--><p class="indent" > À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
+
+
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
Samantha.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers44x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 78--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 80--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-
-
-<!--l. 80--><p class="noindent" >— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 82--><p class="noindent" >— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle s’avança dans la petite pièce, où l’attendaient Farl et Uhr avec
impatience et inquiétude. <br
class="newline" />— Tu en as mis du temps...<br
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
-<!--l. 99--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
+<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
auront peut-être une chance de retrouver le coupable avant qu’il ne
class="newline" />Elle soupira.<br
class="newline" />— Tu as raison. Attendons le retour de Farl, et nous discuterons de ça
ensuite.
-<!--l. 107--><p class="indent" > Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers45x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 109--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 109--><p class="indent" > Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
+<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 111--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
+<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
là.
-<!--l. 113--><p class="indent" > Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas
+<!--l. 115--><p class="indent" > Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas
lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré.
Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa
minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre
pièce.
-<!--l. 115--><p class="indent" > La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe.
+<!--l. 117--><p class="indent" > La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe.
C’était une lumière blanche, presque aveuglante, qui semblait sortir
des yeux d’une silhouette de taille moyenne. Un mage<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Cela
confirmait que quelque chose de louche se passait ici. Allait-il venir
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 117--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
+<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
-<!--l. 119--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
+<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions<span class="frenchb-nbsp"> </span>: sortir et
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
class="newline" />— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Hé bien, voyez-vous, je suis là pour à peu de choses près la même raison
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
-class="newline" />Elle hésita, puis la lame de glace –visiblement très acérée– diminua
-légèrement. Des filaments s’en échappèrent, comme si elle disparaissait peu
-à peu comme elle était apparue. <br
+class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
+échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
+apparue. <br
class="newline" />— Expliquez vous.<br
class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
mieux ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On pourrait finir par nous voir ou nous entendre...
-<!--l. 136--><p class="indent" > La magicienne le regarda en fronçant les sourcils. Elle ne semblait pas
+<!--l. 138--><p class="indent" > La magicienne le regarda en fronçant les sourcils. Elle ne semblait pas
tout à fait sûre de pouvoir lui faire confiance, ce qui était compréhensible en
fait... Lui non plus, à vrai dire. Elle finit par reprendre la parole.<br
class="newline" />— D’accord. Mais pas avant d’avoir récupéré ce que je suis venue chercher
ici.<br
-class="newline" />Elle fit quelques pas, puis s’avança vers un angle de la pièce, qu’elle éclaira
-de son regard luminescent.
+class="newline" />Elle fit quelques pas vers un angle de la pièce, qu’elle éclaira de son regard
+luminescent. Elle passa ses mains sur le mur de briques noircies, et en
+trouva une descellée. Elle l’extirpa avec précautions, puis passa sa main
+dans l’ouverture.<br
+class="newline" />— Ah. Mince.<br
+class="newline" />Elle lui montra. Au fond de l’ouverture se trouvait une paroi métallique
+munie d’une serrure. Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— Qu’est-on censé y trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un
+peu.<br
+class="newline" />— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait.
+Peut-être qu’ils... nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? donneront des indices.<br
+class="newline" />Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était
+bon signe.<br
+class="newline" />— Je ne sais pas où il gardait la clé. Probablement sur lui...<br
+class="newline" />— Une clé... normale<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils.<br
+class="newline" />— N’aurait-il pas protégé magiquement cette cachette<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
+dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
+une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
+un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
+en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
+dire.<br
+class="newline" />Il eut un petit sourire.<br
+class="newline" />— Je vois tout à fait. Et, si vous me permettez, c’est tout à fait dans mes
+compétences.<br
+class="newline" />Elle recula pour le laisser passer.<br
+class="newline" />— Je vous en prie.
+<!--l. 158--><p class="indent" > Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
+déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
+rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
+d’une minute. Au fond de ce qui ressemblait à un coffre d’acier, il y avait
+des rouleaux de papier et un large rubis monté sur un collier d’or. Elle eut
+un sourire en les saisissant.<br
+class="newline" />— Bravo. Allons regarder cela ailleurs, comme vous l’avez proposé.<br
+class="newline" />— Tout à fait. Je propose de venir chez les amis qui m’ont envoyé
+ici.<br
+class="newline" />Elle eut un regard légèrement méfiant, puis finit par accepter.
+<!--l. 163--><p class="indent" > Ils marchaient dans la rue, faiblement éclairée par quelques lampadaires.
+S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants
+ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de
+situation<span class="frenchb-nbsp"> </span>: la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans
+les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant
+pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant
+plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la
+magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une
+longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être les deux,
+en fait–, ses traits semblaient tirés comme si elle était épuisée ou
+particulièrement éprouvée. C’était probablement le cas, en fait... Il lui
+aurait donné une quarantaine d’années, et sans ce visage fermé et
+ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
+sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
+glacé.
+<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
+Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Et s’il
+lui arrivait quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il était vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le couvrir serait très
+
+
+compliqué...<br
+class="newline" />La tête posée sur son épaule, Samantha murmura. — Tu dors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non. Je m’inquiète pour Farl.<br
+class="newline" />Elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...<br
+class="newline" />— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’a
+aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
+<!--l. 175--><p class="indent" > À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre coups
+nets sur la porte d’entrée.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers46x.png" alt="∼
+src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 5--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 2--><p class="nopar" >
+<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers47x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 13--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 13--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
rassurant...<br
class="newline" />
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers48x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 23--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 25--><p class="noindent" >— Une arakne<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Zach avait dégainé son épée. Lorsque la créature se jeta sur lui, il fit un pas
de côté, et d’un geste vif, planta son arme dans son corps. La bête roula au
à ses pieds.<br
class="newline" />— Les araknes ne supportent pas l’eau pure, expliqua-t-elle. Donc le
meilleur moyen de se mettre à l’abri, c’est de trouver une rivière ou un lac.
-
-
Et vite. Même un petit ruisseau suffira...<br
class="newline" />Zach regarda aux alentours, craignant de voir arriver une autre de ces
horreurs, mais pour le moment, rien. Il s’adossa à un arbre et jeta un œil à
sa jambe.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers49x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 41--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 41--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
+
+
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
class="newline" />— Oh, et puis zut.<br
class="newline" />Il n’y avait qu’une seule solution, et elle le savait. Elle rejeta ses cheveux en
arrière, dégagea son bras de sa prise, et se releva.
- <center class="par-math-display" >
-
-
-<img
-src="aventuriers50x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 57--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 57--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 59--><p class="indent" > Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
des filaments de lumière blanche, légèrement moirés, traversèrent son iris.
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
+
+
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
devaient-ils forcément être maléfiques, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ne venait-elle pas de lui
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
-
-
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
class="newline" />— Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
+
+
dans la direction des voix.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers51x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 79--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 81--><p class="noindent" >— Aldariel... C’est quoi ces horreurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Les deux créatures gisaient sur le sol, devant elles. L’une était transpercée
tenter de gagner du temps. La créature avait bondi. Alors qu’elle tentait
d’esquiver, elle vit son amie, à sa gauche, s’interposer, et son épée la
transpercer d’un coup d’estoc.
-
-
<!--l. 86--><p class="indent" > Elle recula encore de quelques pas, l’arc tendu. Plus d’autre arakne en
vue. Elle se tourna alors vers son amie, agenouillée au sol, le visage crispé
par la douleur.<br
que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur
Silwë.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers52x.png" alt="∼
-
-
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 99--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 99--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 101--><p class="indent" > Son adversaire était plus petit que lui, mais il parait ses coups avec
précision. Il ne devait pas le sous-estimer. Sur le troisième coup qu’il lui
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
+
+
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu
étrange, en apparence très léger, qu’il n’avait jamais vu. Son regard
-
-
se porta vers son avant-bras. La blessure qui s’y trouvait rappelait
beaucoup une autre qu’il avait subie il y a très peu de temps... Elle
aussit s’était battue contre des araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le souvenir de la douleur
tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers
lui.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers53x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 115--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 115--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
+
+
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
mieux...<br
class="newline" />— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous
espionnes.<br
class="newline" />Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite
-
-
d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle tenta de
reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas.
Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
seuls quelques mots en sortirent.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers54x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 131--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
-class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
+non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
+class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
hurla.<br
class="newline" />— Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se
détendait.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers55x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 139--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 139--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 148--><p class="noindent" >— D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
-
-
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
+
+
grimaçant de douleur.<br
class="newline" />— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.<br
class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
sort.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers56x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 154--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 154--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 156--><p class="indent" > Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme
s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour
class="newline" />L’homme les regarda toutes les deux. Il sembla hésiter une seconde, puis
rangea son épée, prit la magicienne inanimée dans ses bras ainsi que son
bâton, et se mit en route.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers57x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 178--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 178--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 180--><p class="indent" > Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la
guerrière à sa droite. Tous trois scrutaient les environs avec inquiétude,
mais rien n’arrivait. Pouvaient-ils être venus à bout de ces horreurs,
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
+
+
Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
femme inanimée ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
-
-
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
l’eau en cas de gros problème.<br
class="newline" />Ils acquiescèrent, et suivirent le cours d’eau vers l’aval.
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.<br
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
+
+
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.<br
class="newline" />— Est-ce que je peux savoir de quoi vous parlez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Aldariel prit une grande inspiration, et expliqua.<br
class="newline" />— Tu vois encore mieux que nous dans l’obscurité. Tout comme ta légère
-
-
sensibilité à la lumière, c’est typique des elfes noirs. Il faut que tu
saches que... nous ne sommes pas vraiment en bons termes avec
eux.<br
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
+
+
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
couverture. Elle était effectivement très confortable et tenait chaud, malgré
sa finesse. Un mètre à sa droite, Silwë l’avait imitée. Son épée se
retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
-
-
Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
aguets. Devait-il être rassuré ou inquiet<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’eut pas le temps de se
poser plus longtemps la question, la fatigue l’envahit et il s’endormit
profondément.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers58x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 281--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 281--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 283--><p class="indent" > Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
+
+
réchauffer.
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
-
-
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
-
-
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
répéta-t-elle...
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers59x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 302--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 302--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 304--><p class="indent" > Une partie de la nuit était déjà passée, et il n’avait pas –encore– eu la
gorge tranchée pendant son sommeil... jusque là, tout allait bien. Enfin, si
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
+
+
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
voulait peut-être pas dire grand chose... Elles dormaient l’une contre
l’autre. Pour le froid, ou y avait-il plus que de l’amitié entre elles<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il
ne connaissait les mœurs des elfes que de réputation, et on disait
-
-
des choses bien étranges sur leur sujet... Il fit mentalement la liste
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
+
+
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
elle avait estimé que l’arakne était une meilleure cible que lui... Il
frissonna.
<!--l. 315--><p class="indent" > Il y a quelques jours, il n’aurait jamais admis, ni même imaginé une
-
-
seule seconde avoir peur d’une femme. Et pourtant, les trois qui étaient
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
class="newline" />— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Rien à signaler pour le moment.<br
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
+
+
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
peur<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 331--><p class="indent" > La fatigue l’envahit à nouveau, interrompant ses pensées. Il ferma les
yeux, et s’endormit à son tour.
- <center class="par-math-display" >
-
-
-<img
-src="aventuriers60x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 333--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 333--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
+
+
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une
savoir...
<!--l. 342--><p class="indent" > Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
-
-
avec une épée d’ailleurs... Ah si elle avait été valide, elle ne se serait
pas retrouvée immobilisée aussi facilement. Elle prendrait bien sa
revanche, mais l’attaquer n’était pas forcément la meilleure façon de lui
montrer ses bonnes intentions... d’autant qu’il semblait se méfier
un peu d’elle. Et... aurait-elle le dessus, en fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était pas
clair...
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers61x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 344--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 344--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
+
+
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
rassurer peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– et lui fit signe de s’approcher.<br
class="newline" />— Laisse les autres dormir. Ils sont épuisés.<br
class="newline" />Elle lui raconta tout ce qui s’était passé depuis son évanouissement.
-
-
<br
class="newline" />— Vous avez vraiment monté la garde toute la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Nous nous sommes relayés... C’est pourquoi Zach et Aldariel
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers62x.png" alt="∼
+src="aventuriers6x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 3--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 2--><p class="nopar" >
+<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
+<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
+
+
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais
ses anciens amis, de la garde lui manquaient un peu. Il ne les avait
pas vus depuis qu’il était reparti dans le temple pour finaliser sa
-
-
formation. Et ils avaient quitté la capitale entre deux... S’ils l’avaient vu
maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 8--><p class="indent" > Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
+<!--l. 9--><p class="indent" > Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une
cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il
portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
finalement.
-<!--l. 12--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
qui étaient venus le saluer personnellement. La situation de paladin semblait
effectivement respectée ici, et il était tout de même le fils de leur suzerain,
class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.<br
class="newline" />— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
+
+
certains de ses secrets, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...<br
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
+
+
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
du seigneur acheva de le convaincre.<br
class="newline" />— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem,
-
-
vous pouvez me faire confiance.<br
class="newline" />Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.<br
class="newline" />— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
noble paladin.
-<!--l. 40--><p class="indent" > Il ferma soigneusement la porte de la chambre de Sélène, après avoir
+<!--l. 41--><p class="indent" > Il ferma soigneusement la porte de la chambre de Sélène, après avoir
demandé à n’être dérangé sous aucun prétexte. Puis il fit le tour de la
pièce. Ça n’allait pas être simple, et il le savait. Ne connaissant pas
personnellement la jeune femme, il lui fallait trouver un objet très
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
-<!--l. 43--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
+<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Tout d’abord, elle n’a pas emmené cet objet chez son époux. Donc elle le lui
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 46--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
+
+
+<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.
-<!--l. 48--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
+<!--l. 49--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de
sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la
-
-
magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait
office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question.
avec cette région était si saisissant... À la garde, maître Ernest ne
faisait même pas la différence entre les hommes et les femmes, alors
qu’ici...
-<!--l. 50--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
+<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait à un nom un minimum
familier.
-<!--l. 52--><p class="indent" > Il sortit de sa poche un simple caillou qu’il avait ramassé dans la cour, et
+<!--l. 53--><p class="indent" > Il sortit de sa poche un simple caillou qu’il avait ramassé dans la cour, et
le posa à côté du livre, et débuta son incantation.
-<!--l. 54--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Difficile à dire, mais de ce qu’il voyait
+<!--l. 55--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Difficile à dire, mais de ce qu’il voyait
par la fenêtre, la nuit était tombée. Il ramassa délicatement la pierre posée
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur,
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
+
+
trouve.
-<!--l. 58--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
+<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher,
épuisé.
-<!--l. 62--><p class="indent" > Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au
-
-
+<!--l. 63--><p class="indent" > Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au
fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait
dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il
se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient
étrange, voire vraiment gênante. L’impression d’être dans l’intimité
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
-<!--l. 64--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
+<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
sensations, quand bien même elle garderait un visage parfaitement
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
tenu secret...
-<!--l. 66--><p class="indent" > De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
+<!--l. 67--><p class="indent" > De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui
racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
-<!--l. 68--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
+<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
+
+
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus
vite.
-
-
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers63x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 70--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 71--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 72--><p class="indent" > Assise en tailleur, Sélène observait le contenu du petit chaudron, posé
+<!--l. 73--><p class="indent" > Assise en tailleur, Sélène observait le contenu du petit chaudron, posé
sur un feu, qui se trouvait devant elle. Depuis la veille, ils avaient décidé de
faire route avec les deux elfes, qui s’étaient avérées d’agréables compagnes
de voyage. Elles étaient aussi à l’aise en forêt que des poissons dans l’eau,
class="newline" />— Tu veux dire, dans votre forêt elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, il y a des plantes médicinales spécifiques à notre région... Ça te
plaira<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
-<!--l. 89--><p class="indent" > Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui
+<!--l. 90--><p class="indent" > Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui
frémissait et l’odeur agréable qui s’en dégageait. Il faisait beau,
et ils avaient profité d’un coin calme et d’un bras de rivière pour
faire une pause pour se laver. Zach, qui avait sagement attendu son
chaudron d’eau. Elle était restée quelques secondes à l’observer,
légèrement gênée de constater qu’elle n’avait pas du tout honte de le
faire.
-<!--l. 91--><p class="indent" > Elle détendit ses jambes. Sa robe n’était plus aussi impeccable qu’au
+<!--l. 92--><p class="indent" > Elle détendit ses jambes. Sa robe n’était plus aussi impeccable qu’au
départ... Toutes les broderies du bas étaient sales ou abîmées à force de
marcher dans la forêt, et une longue déchirure verticale remontait jusqu’à
son genou gauche. Il y a une semaine, elle aurait trouvé ça presque
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
suprises...
-<!--l. 93--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
+<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— L’eau était bonne<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Excellente. Vous auriez dû venir.<br
class="newline" />Son sourire se figea soudain en voyant le petit chaudron et son contenu, d’un
jaune verdâtre, frémir doucement. Il fronça les sourcils.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous faites<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 100--><p class="noindent" >— Aldariel me montre une recette de chez elle. Ne t’inquiète pas, ce n’est
+<!--l. 101--><p class="noindent" >— Aldariel me montre une recette de chez elle. Ne t’inquiète pas, ce n’est
pas dangereux.<br
class="newline" />Il s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.<br
class="newline" />— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
-<!--l. 105--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
+<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
+
+
regardèrent en souriant.<br
class="newline" />— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br
class="newline" />— Est-ce qu’on lui dit que ce n’est qu’une recette de savon<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oh non, surtout pas.<br
class="newline" />Elles éclatèrent de rire.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers64x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 112--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 113--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 114--><p class="indent" > Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à
+<!--l. 115--><p class="indent" > Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à
un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne
leva même pas la tête lorsqu’il approcha.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui t’arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle leva les yeux vers la lame, qu’il avait pointée sur elle en souriant.<br
class="newline" />— Tu en as déjà eu l’occasion, il me semble.<br
class="newline" />Était-ce une pointe d’amertume dans sa voix<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle n’avait toujours pas
-
-
bougé. <br
class="newline" />— Tu étais blessée. Il n’y avait aucun challenge.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui,
son arme pointée, avec un léger sourire de défi.<br
class="newline" />— En garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers65x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 137--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 138--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 139--><p class="indent" > Elle avait à la fois redouté et espéré ce moment. Mais elle s’était fait
+<!--l. 140--><p class="indent" > Elle avait à la fois redouté et espéré ce moment. Mais elle s’était fait
piéger, et n’avait pas l’intention de reculer maintenant. Ils passèrent
quelques instants à se mesurer du regard. Zach tenait son épée, un peu plus
courte que la sienne, à une main. Sa position de garde était impeccable. Il
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
-<!--l. 142--><p class="indent" > Ils échangèrent d’autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très
+<!--l. 143--><p class="indent" > Ils échangèrent d’autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très
bon escrimeur, corrigea-t-elle mentalement. Pourtant... sur une passe un peu
inhabituelle, elle réussit à créer une faible ouverture dans sa garde. Faible,
mais suffisante... Son épée s’arrêta à quelques millimètres de sa poitrine.
Elle esquissa un léger sourire.
- <center class="par-math-display" >
-
-
-<img
-src="aventuriers66x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 144--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 145--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 146--><p class="noindent" >— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+<!--l. 147--><p class="noindent" >— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
+
+
de toutes façons...<br
class="newline" />— On remet ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
-<!--l. 153--><p class="indent" > Ils reprirent le combat. L’épée de Silwë était légèrement plus longue que
+<!--l. 154--><p class="indent" > Ils reprirent le combat. L’épée de Silwë était légèrement plus longue que
la sienne, et elle la maniait à deux mains la plupart du temps. Sa main
gauche, alors placée près du pommeau, l’aidait à orienter plus rapidement
et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants
de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour
profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main
permettaient.
-<!--l. 155--><p class="indent" > Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
+<!--l. 156--><p class="indent" > Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son
épée était mieux équilibrée, ou plus longue. Sa technique était juste
irréprochable. Sur les trois échanges qui suivirent, il ne parvint à en gagner
qu’un, de peu.
-<!--l. 157--><p class="indent" > Leurs lames s’entrechoquèrent à nouveau, et glissèrent jusqu’à la garde.
+<!--l. 158--><p class="indent" > Leurs lames s’entrechoquèrent à nouveau, et glissèrent jusqu’à la garde.
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
côté de la poignée de sa propre arme. L’élan qu’il avait pour tenter
de la faire reculer, combiné à l’effet de levier qu’elle appliquait, lui
-
-
fit lâcher son épée. Perdu encore... ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il était toujours très
près d’elle, à une distance peu pratique pour manipuler une arme
longue.
-<!--l. 159--><p class="indent" > Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant
+<!--l. 160--><p class="indent" > Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant
de pause, et au dernier moment se jeta sur elle, saisissant son poignet et
déviant son arme vers le haut. De l’autre bras, il lui entoura les épaules et
l’entraîna au sol.<br
class="newline" />— Hééé<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Quelle triche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers67x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 163--><p class="nopar" > <span
+
+
+<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 165--><p class="indent" > Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s’être fait
+<!--l. 166--><p class="indent" > Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s’être fait
avoir si facilement, et puis, il avait raison...<br
class="newline" />— Certes.<br
class="newline" />Elle avait cru gagner, et avait relâché son attention. Elle aurait dû reculer
poignet qu’il maintenait toujours fermement, et la torsion infligée lui fit
lâcher son arme à son tour. Ils se redressèrent rapidement, en souriant
toujours. Le jeu continuait.
-<!--l. 169--><p class="indent" > Elle s’était déjà entraînée à lutter, y compris contre des adversaires
+<!--l. 170--><p class="indent" > Elle s’était déjà entraînée à lutter, y compris contre des adversaires
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
-
-
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
-<!--l. 171--><p class="indent" > Sauf qu’au lieu de reculer d’un pas pour reprendre son équilibre, il se
+<!--l. 172--><p class="indent" > Sauf qu’au lieu de reculer d’un pas pour reprendre son équilibre, il se
laissa volontairement tomber en arrière, profitant de l’élan pour la faire
tomber à son tour. Il roulèrent tous les deux, chacun tentant de renverser
l’autre sur le dos. Malgré ses efforts, Zach eut rapidement le dessus. Après
l’avoir immobilisée, il plaça ses mains autour de son cou et fit mine de
l’étrangler. Elle sourit légèrement.<br
class="newline" />— Bien vu.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers68x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 174--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 175--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 176--><p class="indent" > Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
+<!--l. 177--><p class="indent" > Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
+
+
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
même approche deux fois. Elle sautait avec légèreté, donnant presque
l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite
ainsi.
-<!--l. 178--><p class="indent" > Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
+<!--l. 179--><p class="indent" > Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras
et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.<br
class="newline" />Elle ne répondit pas de suite, trop occupée à retrouver sa respiration. Puis
elle se tendit soudainement. Au même instant, il lui sembla entendre un
bruit inhabituel. Un cheval qui renâclait... Il recula rapidement dans un
-
-
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Tu peux quand même me lâcher, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ah... euh oui désolé.
-<!--l. 188--><p class="indent" > Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent
+<!--l. 189--><p class="indent" > Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent
de manière à voir l’intrus arriver sans être découverts.
-<!--l. 190--><p class="indent" > Le cavalier qui s’approchait était vêtu de blanc et portat un large
+<!--l. 191--><p class="indent" > Le cavalier qui s’approchait était vêtu de blanc et portat un large
heaume masquant son visage. Un chevalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était seul, ce qui était
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
pour l’attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
+
+
longues...
-<!--l. 192--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
+<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
d’Aldariel. Il tourna la tête vers Silwë, tout aussi démunie que lui. Et leurs
épées étaient à une quinzaine de mètres de là...
-<!--l. 194--><p class="indent" > Le chevalier, qui ne les avait visiblement pas remarqués, semblait
+<!--l. 195--><p class="indent" > Le chevalier, qui ne les avait visiblement pas remarqués, semblait
concentré à fouiller dans une des sacoches cavalières de sa monture. Puis
regarda aux alentours, semblant chercher sa direction. <br
class="newline" />— C’est moi ou il a l’intention d’aller droit vers le campement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle ne releva pas sa tentative désespérée d’humour pour se rassurer, et se
leva en direction de l’étranger. Sans perdre de temps, il se leva à son tour et
se mit à courir vers le campement.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers69x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 206--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 207--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 208--><p class="indent" > Il savait qu’il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui
+<!--l. 209--><p class="indent" > Il savait qu’il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui
donnait aucune indication de la distance à laquelle se trouvait dame
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 210--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
+
+
+<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
matérialiser sous ses yeux.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers70x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 212--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 213--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-
-
-<!--l. 214--><p class="indent" > Le cœur battant, elle se planta à quelques mètres du paladin. Pourvu
+<!--l. 215--><p class="indent" > Le cœur battant, elle se planta à quelques mètres du paladin. Pourvu
qu’il fasse vite...<br
class="newline" />— Stop<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Où vous rendez-vous comme ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme, la voyant se placer sur son chemin, dégaina aussitôt ses armes, et
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
-<!--l. 222--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
+<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
modifiée par le port de ce casque... Est-ce que ça pouvait-être...<br
class="newline" />Le chevalier planta ses deux épées dans le sol à côté de lui. Puis il souleva
son casque, dévoilant son visage. C’était lui, aussi surpris qu’elle de le
voir.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers71x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 228--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 229--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 230--><p class="indent" > Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë
+<!--l. 231--><p class="indent" > Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë
depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de
souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui
pour l’enlacer.
-<!--l. 232--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
+<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
-<!--l. 234--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
-seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
+<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
+seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
surpris qu’il manqua d’en lâcher son arme. La seconde silhouette
était celle, plus petite et frêle, d’une jeune elfe aux longs cheveux
détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un
bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être
compliquées...
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers72x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 239--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 240--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 241--><p class="indent" > Qu’avait-il dit déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que Silwë tenterait de... discuter pour leur laisser
+<!--l. 242--><p class="indent" > Qu’avait-il dit déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que Silwë tenterait de... discuter pour leur laisser
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
-<!--l. 261--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
+<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
class="newline" />— Je connais très bien Irdann, depuis des années, et je réponds de
retourna vers elle à nouveau.<br
class="newline" />— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
vie sans aucune hésitation.
-<!--l. 269--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leurs garde, mais restaient figés,
-
-
+<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leurs garde, mais restaient figés,
observant l’homme. Elle se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
plus.<br
class="newline" />— Que faisiez-vous chez mes parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette
façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les
-
-
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
+
+
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
revanche, semblait extrêmement réticent.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers73x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 288--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 289--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 290--><p class="indent" > La tension semblait s’être apaisée, même si le guide semblait encore très
+<!--l. 291--><p class="indent" > La tension semblait s’être apaisée, même si le guide semblait encore très
mal à l’aise.<br
class="newline" />— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... Les châteaux, les
courbettes, ce n’est pas vraiment fait pour moi. Allez-y sans moi.<br
class="newline" />Irdann ne put s’empêcher de regarder l’elfe s’éloigner rapidement, avec
légèreté et aisance. Les elfes sylvains étaient en forêt comme des poissons
dans l’eau...
-<!--l. 298--><p class="indent" > Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La
-
-
+<!--l. 299--><p class="indent" > Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter.
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
-<!--l. 300--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
+
+
+<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
qu’ils y seraient fort bien traités, les deux jeunes femmes préféraient un
moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et
de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle
toujours ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 302--><p class="indent" > Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
+<!--l. 303--><p class="indent" > Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart.
Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à
bonne distance. Il lui sembla qu’elle lui effleura le bras, puis tourna
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers74x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 306--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 308--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
+<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
Irdann. Elle avait posé quelques questions à son amie sur le fameux paladin,
auxquelles elle avait répondu avec enthousiaste. Ainsi, ils avaient appris
l’escrime auprès du même maître et avaient déjà vécu des tas de choses
-
-
ensemble... Quelle chance avait-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 310--><p class="indent" > Ils s’arrêtèrent au pied d’un grand arbre, que Silwë proposa d’escalader
+<!--l. 311--><p class="indent" > Ils s’arrêtèrent au pied d’un grand arbre, que Silwë proposa d’escalader
pour vérifier leur chemin. Zach, qui n’avait pas dit un mot depuis que le
chevalier les avait quittés, haussa les épaules. Pourtant, c’était lui
qui connaissait bien le coin, normalement... Alors qu’il s’asseyait au
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle se tut, et se contenta de monter encore d’un cran, toujours en souriant.
Vexé, il s’élança lestement vers elle, et se rétablit sur la même branche. Sa
-
-
réaction était presque drôle, en fait... <br
class="newline" />— Qu’est-ce que ça veut dire, hein<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers75x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 329--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 330--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 331--><p class="indent" > L’archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était
+<!--l. 332--><p class="indent" > L’archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était
sur la même branche qu’elle, tout près, et ce sourire narquois lui donnait
presque envie de la frapper. C’était ridicule...<br
class="newline" />— Ça veut dire que tu es juste bête.<br
en lui. Contre qui d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Contre Aldariel, qui continuait de le
regarder d’un œil moqueur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Contre Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Contre Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Contre
lui-même<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 338--><p class="indent" > Il soupira et tenta de réfléchir.<br
+<!--l. 339--><p class="indent" > Il soupira et tenta de réfléchir.<br
class="newline" />— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour
ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que
j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
-
-
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
-
-
-<!--l. 364--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
+<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
tentant encore une fois de la pousser, mais elle avait encore une fois bondi
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il savait bien qu’il n’aurait pas dû jouer à ce jeu-là avec une elfe
sylvaine...
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers76x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 367--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 369--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
+<!--l. 370--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
+
+
jouer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
bonne partie de la forêt. Debout sur une branche fine, qui ployait
légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la
tombée de la nuit.
-<!--l. 372--><p class="indent" > Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
+<!--l. 373--><p class="indent" > Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait
à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
ici sans rien tenter.<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
+
+
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et redressa.<br
class="newline" />— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
affaires. Nous arriverons aussi vite que possible, un peu après toi. En
route<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il lui adressa un sourire de reconnaissance, puis se rua en bas.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers77x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-
-
-<!--l. 392--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 393--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 394--><p class="indent" > Il sentait que la jeune femme n’était pas très à l’aise avec lui. En même
+<!--l. 395--><p class="indent" > Il sentait que la jeune femme n’était pas très à l’aise avec lui. En même
temps, il pouvait la comprendre... Sans Silwë pour parler en sa faveur, elle
n’aurait probablement jamais accepté de venir avec lui, sans compter les
difficultés à s’expliquer avec ses compagnons. La situation était étrange
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
+
+
nuque.<br
class="newline" />— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le
soir tombe.<br
class="newline" />
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers78x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 424--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 425--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 426--><p class="indent" > La diversion de la route tombait à pic. Elle hésitait à aborder le sujet
+<!--l. 427--><p class="indent" > La diversion de la route tombait à pic. Elle hésitait à aborder le sujet
des araknes avec lui. Pourtant, ils devaient en parler à quelqu’un, prévenir...
Mais qui, et comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qui la croirait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il faudrait qu’elle explique aussi
comment elle savait tout cela sur ces créatures, et ce qui s’était passé...
class="newline" />— Je sais réellement les utiliser. J’ai appris chez maître Ernest, à la
capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j’étais
ambidextre, il m’a enseigné le maniement spécifique aux deux épées...
-
-
J’admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux
armes. Cela fait aussi partie du jeu.<br
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
-<!--l. 441--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
rageant de ne pouvoir l’aider. Elle n’avait même pas son bâton de marche
pour se défendre...
-<!--l. 446--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
+<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
Pourrait-elle tenir en selle et s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et l’abandonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle repéra au sol
un coutelas, abandonné par un des brigands qui gisait au sol. Saurait-elle
s’en servir de toutes façons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 450--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
+<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
+
+
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
-<!--l. 452--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
+<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
avait-elle rêvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les yeux fermés, elle sentit son bras s’approcher du sol,
-
-
tandis que l’homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou
simplement peu pressé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas
changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut
et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de
douleur.
-<!--l. 454--><p class="indent" > Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était
+<!--l. 455--><p class="indent" > Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était
toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchait d’elle, l’arme
en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
sûrement.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers79x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 456--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 458--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
+<!--l. 459--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
débouler sur le chemin. Il s’était figé un instant en apercevant le champ de
bataille. Le paladin, entouré de plusieurs hommes, peinait à se défendre
malgré son adresse aux épées. Les bandits semblaient plus occupés avec lui
et ne semblaient pas surveiller Sélène, attendant visiblement d’avoir éliminé
leur menace principale.
-<!--l. 460--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
+<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
-tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
+tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
-<!--l. 465--><p class="indent" > Il fut si surpris qu’il trébucha, et manqua de s’étaler par terre. Mais
+<!--l. 466--><p class="indent" > Il fut si surpris qu’il trébucha, et manqua de s’étaler par terre. Mais
ayant assisté à la scène, d’autres brigands s’approchaient déjà d’elle... Ce
n’était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier
des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se
qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
temps d’une fraction de seconde, et il se plaça entre elle et l’autre
brigand.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers80x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 467--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 468--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 469--><p class="noindent" >— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+<!--l. 470--><p class="noindent" >— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait vu l’homme s’approcher, il l’avait vue se sentir mal, sans pouvoir
rien faire. Il avait toujours trois adversaires face à lui, et peinait à parer
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 472--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
+<!--l. 473--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
l’impression de voir la jeune femme poignarder violemment son adversaire
d’un couteau. Ne s’était-elle pas évanouie quelques instants plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
stress du combat, avec l’obscurité qui tombait, devait lui jouer des tours. Et
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
-
-
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
+
+
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
-<!--l. 474--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
+<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
poussant un cri de rage, et atterrit à ses côtés. Une silhouette féminine qu’il
reconnut immédiatement malgré l’obscurité.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
et firent face aux brigands. <br
class="newline" />— Comme au bon vieux temps, Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Comme au bon vieux temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 483--><p class="indent" > Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
+<!--l. 484--><p class="indent" > Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
pieds.<br
class="newline" />— Vite, il faut aller aider Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />D’un même geste, ils achevèrent leurs derniers adversaires. Il laissa passer
un instant pour reprendre son souffle, puis observa enfin le champ de
bataille.
-<!--l. 490--><p class="indent" > À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
+<!--l. 491--><p class="indent" > À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de
-
-
là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
+
+
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 492--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
quelques difficultés. La lame d’un des brigands lui avait fait une belle
entaille au niveau du genou. Il l’aperçut alors, debout sur un des brigands,
lorsqu’il s’agit d’une princesse à l’air innocent, délicat et fragile.
<br
class="newline" />— Je vous en ai gardé un.
- <center class="par-math-display" >
-<img
-src="aventuriers81x.png" alt="∼
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 496--><p class="nopar" > <span
+<!--l. 497--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 498--><p class="indent" > Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
+<!--l. 499--><p class="indent" > Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
-<!--l. 500--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
+<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
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pour une idiote sans défenses<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
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question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
class="newline" />— Qui vous a dit ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? interrogea Irdann.<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je
ne sais rien<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Laissez-moi partir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, les compagnons se
-regardèrent.
+class="newline" />Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, les compagnons se regardèrent.
+Aldariel se pencha vers Irdann.<br
+class="newline" />— Tu as parlé de ton expédition à beaucoup de monde autour de
+toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...<br
+class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
+gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
+class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
+Silwë.
+<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
+laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
+sans demander son reste.
+<!--l. 519--><p class="indent" > Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin.
+<!--l. 521--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
+trébucher. Il retint une grimace.<br
+class="newline" />— On dirait.
</body></html>