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-<meta name="date" content="2015-02-28 18:06:00">
+<meta name="date" content="2015-03-03 23:47:00">
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</head><body
>
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Bloupy », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le
chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien
-étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
-expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
-le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son
+maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le
+problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
-class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Bloupy. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je
suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être pouvons-nous nous
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.<br
class="newline" />— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
-peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes,
-très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
+peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques artifices, très
+pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
moi.<br
class="newline" />Il sourit devant leur regard incrédule. Il était toujours vêtu de sa tunique
orange décorée, plus adaptée à une scène de spectacle qu’à une mission
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
-aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
-avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
+aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
+volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
-réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
-une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour
-écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
-cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire
-aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
+troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
des virtuoses de l’épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait
temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se
fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait
qu’ils n’étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir
-de Capitale, même à cheval.
+de Talecombe, même à cheval.
<!--l. 176--><p class="indent" > Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle
le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en
profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient
<!--l. 178--><p class="indent" > Il avait d’ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë.
Oh, il n’était pas le premier, c’était certain. La petite elfe, avec ses yeux
bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
-
-
Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
+
+
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 180--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n’y avait personne qui
puisse les entendre maintenant, mais d’autres prêtres et prêtresses
circulaient régulièrement autour d’eux, et la grande salle du temple
-
-
ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète.
<br
class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
temple, elle sentait son cœur battre. Il était arrivé... et non seulement il
avait une idée, mais en plus il n’était pas seul<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Qui étaient ces fameux
compagnons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 201--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 203--><p class="indent" > La silhouette sombre, quasi-invisible dans la nuit, escalada lestement le
+mur du temple. Arrivé à son sommet, elle s’arrêta pour observer la
+cour intérieure. Le bâtiment était calme, et de l’une des fenêtres, au
+rez-de-chaussée, on voyait vaciller la lueur d’une bougie. Farl observa
+silencieusement les alentours, et après avoir constaté qu’il n’y avait
+personne, désescalada le mur et s’approcha de la fenêtre.
+<!--l. 206--><p class="indent" > La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche,
+seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à
+l’intérieur.
+<!--l. 208--><p class="indent" > Elle sursauta, et retint un cri.<br
+class="newline" />— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! murmura-t-il.<br
+class="newline" />Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des
+gens de la nuit, mais elle n’eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui
+accompagnait Irdann.<br
+class="newline" />— Personne ne vous a vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, rassurez-vous.<br
+class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
+été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
+
+
+faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
+elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
+class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
+spectaculaire, et me contenter d’une évasion discrète... Mais tel que vous
+le préparez, c’est possible. Et je vais pouvoir vous aider de mon
+mieux.<br
+class="newline" />Elle rejeta ses cheveux en arrière et se leva.<br
+class="newline" />— Tout d’abord, commença-t-elle, je ne suis pas sûre qu’il soit nécessaire de
+droguer les prêtres. Dans trois jours, c’est l’anniversaire de mon
+intronisation, et le vin coulera à flots. Le soir, tout le personnel sera
+passablement ivre. Par contre, tu peux utiliser un tel statagème pour
+droguer leurs chevaux.<br
+class="newline" />— Les prêtres de Melna ont des chevaux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était pas prévu...<br
+class="newline" />— Oui, et nul doute qu’ils les enfourcheront pour partir à notre poursuite.
+Mais il est relativement simple d’introduire un produit dans leur abreuvoir.
+Tu sauras préparer ce qu’il faut<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je pense, même si je ne connais pas la quantité exacte pour un cheval...
+j’improviserai.<br
+class="newline" />— Très bien.<br
+class="newline" />Elle se mit à marcher dans la chambre, l’air décidé.<br
+class="newline" />— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe
+bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier
+visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je
+le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à
+couvrir notre fuite.<br
+class="newline" />Farl hocha la tête.<br
+class="newline" />— Trois jours, c’est peu mais c’est tout à fait envisageable. Je vous apporte
+la drogue demain, à la même heure. D’autres recommandations<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle réfléchit quelques instants.<br
+class="newline" />— Méfiez-vous de Feyne. C’est mon second, il est très intelligent et assez
+puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
+son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense... <br
+class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
+
+
+moyenne, visiblement lourd.<br
+class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
+class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
+class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit et lui fit un clin d’œil.<br
+class="newline" />— Je préférais ne pas voir arriver un héros uniquement attiré par l’appât
+du gain.
+<!--l. 237--><p class="indent" > Il lui sourit en retour, prit le sac et sortit silencieusement.
+<!--l. 239--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 241--><p class="indent" > Le grand jour était arrivé. La fête était grandiose, le temple rempli de
+chants, de louanges et de victuailles. Elle avait enchanté le public en faisant
+fleurir devant tous l’arbre qui poussait au centre de la grande salle. Le jour
+touchait à sa fin, et les rayons du soleil couchant, entrant par la porte du
+temple, donnaient une teinte orangée, presque enflammée, aux statues qui
+entouraient la pièce.
+<!--l. 243--><p class="indent" > Tout à coup, elle entendit quelques cris de surprise, venus de dehors, et
+le bruit d’un cheval lancé en plein galop. Elle se redressa, et prit le même
+air surpris que ses compagnons. Le bruit de sabots frappant le marbre
+s’approcha, jusqu’à ce qu’à la surprise et la peur générale, un cavalier
+surgisse dans la grande salle.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était
+impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé,
+vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets
+rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs
+une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une
+brindille.
+<!--l. 247--><p class="indent" > Quelques prêtres, un peu moins abasourdis que les autres, tentèrent de
+s’interposer. Il les envoya bouler d’un coup de poing ou de pommeau
+d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
+jeu...
+<!--l. 249--><p class="indent" > À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
+
+
+mine de s’évanouir dans ses bras.
+<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
+une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
+même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
+une illusion due au crépuscule, et à l’huile qu’il s’était mise sur le
+corps pour paraître plus impressionnant –huile au final bien inutile,
+car la transpiration aurait eu le même effet. La bénédiction de la
+déesse...
+<!--l. 255--><p class="indent" > Il poussa un grand cri de rage, mit la jeune femme sur son épaule,
+enfourcha sa monture, et se rua vers l’entrée de la salle. Les prêtres s’étaient
+ressaisis, plusieurs avaient empoigné une épée et certains semblaient en
+train d’invoquer des enchantements.
+<!--l. 257--><p class="indent" > Les prêtres étaient-ils vraiment ivres, ou étaient-ils si peu doués que
+cela au combat<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’enchantement de protection de la grande prêtresse
+était-il si efficace<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le sentiment d’être un héros de légende lui donnait-il
+des ailes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou peut-être un peu de tout cela à la fois<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il qu’il
+n’eut aucun mal à parer les coups d’épée et à les rendre. Il mit ainsi hors
+combat sept ou huit hommes, à coups de poings et d’épée, avant d’arriver
+en bas des escaliers.
+<!--l. 259--><p class="indent" > C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours
+sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne réfléchit pas
+plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant
+mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui
+risquaient de se mettre sur son chemin.
+<!--l. 261--><p class="indent" > Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité
+tombait sur l’entrée de la ville, un brouillard se leva, aussi soudain que
+dense.<br
+class="newline" />— Voilà. Avec ça, ils vont avoir plus de mal à nous suivre...<br
+class="newline" />Il sursauta presque. La jeune prêtresse s’était redressée, et le regardait en
+souriant.
+<!--l. 265--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+
+
+<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
+par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
+une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
+ces opérations.
+<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
+n’avait pas la carrure du jeune barbare, il était plutôt crédible de loin. Silwë
+avait enfilé une longue robe rouge et or, que lui avait fourni auparavant la
+prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
+taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à
+enfourcher leur monture.
+<!--l. 271--><p class="indent" > Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il
+ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas
+d’herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les
+sens...
+<!--l. 273--><p class="indent" > Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin
+le grand cri de rage d’Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l’instant où la monture épuisée
+passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l’entrée du
+chemin.
+<!--l. 278--><p class="indent" > Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
+descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
+invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière
+le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des
+chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir
+de soulagement.<br
+class="newline" />— Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes blessés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Farl.<br
+class="newline" />— Quelques entailles, rien de critique.<br
+class="newline" />— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. Même un peu ivres, ils
+sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...<br
+class="newline" />C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.<br
+class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
+<!--l. 287--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+
+
+<!--l. 289--><p class="indent" > La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
+compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
+les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
+présentes.<br
+class="newline" />— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
+changement apparemment. Tout va bien pour le moment.<br
+class="newline" />Irdann savait qu’il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.<br
+class="newline" />— C’est étrange qu’ils n’aient pas encore essayé de nous foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je suppose qu’ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut
+pas dire qu’ils n’essaieront pas plus tard...
+<!--l. 295--><p class="indent" > Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il
+avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n’était pas très confortable
+d’être à deux sur le dos nu d’un cheval. Petit à petit, le brouillard avait
+diminué, peut-être que les prêtres l’avaient fait se dissiper en partie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou
+bien l’enchantement de la prêtresse était-il limité dans l’espace ou
+le temps... Un doute lui parvint, qu’il finit par émettre à hautre
+voix.<br
+class="newline" />— Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu’il pouvait lire de son
+visage dans l’obscurité n’était pas particulièrement rassurant.<br
+class="newline" />— J’ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les
+semer, notre monture va fatiguer rapidement.<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l’esprit.<br
+class="newline" />— Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m’avais montré
+une rivière et un pont un peu vieux...<br
+class="newline" />— Exact. Précise ton idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu penses qu’avec quelques bons coups d’épée dans les cordes et les
+vieux morceaux de bois, il s’effondrerait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien
+dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si
+bien qu’il dut presque s’accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le
+pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les
+broussailles.<br
+class="newline" />— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
+vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
+sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
+soucis.<br
+class="newline" />— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
+la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper
+dans la nuit, et s’il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux
+que toi. Ils te trouveraient trop facilement s’ils se mettaient à te
+chercher...<br
+class="newline" />Il soupira. Elle n’avait pas tort. Sauf que...<br
+class="newline" />— Même avec une longue robe rouge et or<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle marqua une pause.<br
+class="newline" />— Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.<br
+class="newline" />Il tendit le bras et saisit les rênes qu’elle lui tendit dans sa main
+gauche, tandis qu’à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu’elle lui
+tendit.<br
+class="newline" />— Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que
+je suis toujours avec toi.<br
+class="newline" />Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui
+restait.<br
+class="newline" />— Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne chance...<br
+class="newline" />— Tu en auras besoin aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 319--><p class="indent" > La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson.
+<!--l. 321--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 323--><p class="indent" > Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d’un
+cheval au galop –même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus
+très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
+couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
+heureusement.
+
+
+<!--l. 325--><p class="indent" > Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
+le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
+son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
+meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
+la mousse et du lierre.
+<!--l. 327--><p class="indent" > Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n’avait pas tout à
+fait terminé...<br
+class="newline" />— Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle.
+<!--l. 330--><p class="indent" > Elle prit une grande inspiration et plongea dans l’eau.
+<!--l. 332--><p class="indent" > Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à
+l’abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le
+pont quand les cordes usées par les coups d’épées finirent par céder. Dans
+un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont
+s’effondra.
+<!--l. 334--><p class="indent" > Un silence suivit, dans lequel elle commença à s’éloigner doucement et
+silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses
+vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les
+prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L’un des cavaliers avait
+réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son
+cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne
+faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun
+des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
+prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec
+plus ou moins de succès.<br
+class="newline" />— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>! cria l’un d’eux au
+chanceux qui les attendait de l’autre côté.<br
+class="newline" />Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d’Irdann.
+<!--l. 339--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 341--><p class="indent" > Silwë avait réussi... Il n’avait pas vraiment vu ce qui s’était passé, mais
+il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
+de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
+suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
+
+
+l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il valait
+mieux continuer à s’éloigner.
+<!--l. 343--><p class="indent" > Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
+Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
+maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
+À sa droite, s’élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais
+un vieux sentier la longeait. S’il s’éloignait encore un peu de la rivière, il
+serait enfin invisible, à l’abri...
+<!--l. 345--><p class="indent" > Alors qu’il commençait un peu à se rassurer, le bruit d’un galop tant
+redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais
+tomber<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira, se remit en selle –ou plutôt à cru– et repartit, malgré
+les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son
+poursuivant était seul. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’eut pas le temps de réfléchir à cette
+question qu’il déboucha brusquement dans une clairière à l’extrémité
+de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher
+un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore
+sur un cul-de-sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait
+falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou bien
+escalader la falaise<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit
+mied à terre, et, plus par habitude qu’autre chose, dégaina son épée.
+Combattre le prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le
+choix<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la
+prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
+figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
+tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué
+lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
+visage.
+<!--l. 348--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 350--><p class="indent" > Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes
+sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de
+faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
+même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
+Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
+
+
+ça...
+<!--l. 352--><p class="noindent" >— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace"> </span>! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+visiblement en charge.<br
+class="newline" />— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
+boîte.<br
+class="newline" />Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée.
+La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand le
+pont s’était effondrée. De plus, elle tremblait encore plus que les
+autres.<br
+class="newline" />— Alors venez m’aider à faire traverser celui-là<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vite<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 357--><p class="indent" > Se cacher était d’autant plus efficace qu’ils ne cherchaient personne en
+particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l’heure
+qu’ils n’auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour
+imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses
+bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit,
+avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé
+pour s’éloigner d’eux, mais ce n’était pas suffisant pour lui tenir
+chaud...
+<!--l. 359--><p class="noindent" >— Là bas, on dirait qu’il est de retour<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Un prêtre montrait du doigt la silhouette d’Odal, qui revenait au galop en
+leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
+celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.<br
+class="newline" />— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
+est seule, je pense qu’il y a un piège...<br
+class="newline" />Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
+n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
+quelques mots et tendit un bras vers lui.
+<!--l. 364--><p class="indent" > Un éclair bleu d’une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se
+dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour
+ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus
+de l’homme, l’éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de
+suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
+comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
+les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
+
+
+suivirent.
+<!--l. 366--><p class="noindent" >— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna un
+des prêtres à côté de Feyne.<br
+class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br
+class="newline" />— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allez, en
+route.<br
+class="newline" />— Mais nous sommes deux à n’avoir pas pu faire traverser nos montures<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Alors restez ici et soyez sur vos gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 372--><p class="indent" > Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux
+et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les
+regarda s’éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au
+point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les
+deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une
+branche voisine.<br
+class="newline" />— Il est fou, Feyne, ou quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, il a cru que c’était quelqu’un d’autre. Il a trop bu je te
+dis.<br
+class="newline" />— Parle pour toi, tu empestes le vin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Le prêtre haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fait de plus en plus
+sombre, je n’aime pas ça...<br
+class="newline" />L’autre fouilla ses poches.<br
+class="newline" />— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit
+feu.
+<!--l. 382--><p class="indent" > Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
+pont. <br
+class="newline" />— Au moins, on voit quelque chose, maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>! dit l’un des prêtres avec
+un sourire satisfait.<br
+class="newline" />Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son
+avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins
+bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l’air de
+l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
+froid.<br
+class="newline" />— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
+
+
+l’autre.<br
+class="newline" />— Tu crois qu’on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
+même pas l’avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
+S’il fallait en venir là...
+<!--l. 389--><p class="indent" > L’homme s’approcha de l’arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le
+moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle
+laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers
+son compagnon. Celui-ci s’était assis et observait les environs, peu
+rassuré.<br
+class="newline" />— Tu crains vraiment que quelqu’un n’arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-il..<br
+class="newline" />— Bah, si le barbare n’est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter
+un œil aux alentours<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de
+détection, si ça peut te rassurer...
+<!--l. 394--><p class="indent" > Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements
+marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Détectaient-ils les
+elfes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser
+précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quelle serait leur réaction s’ils tombaient sur une elfe
+trempée et peu vêtue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 396--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 398--><p class="indent" > Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même
+s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
+était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
+marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les
+prêtres n’avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper
+encore. Ivres, certes, mais c’est peut-être justement ça qui les avait fait
+se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les
+rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les
+broussailles...
+<!--l. 400--><p class="indent" > Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne
+pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
+
+
+et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
+Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
+elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était
+plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
+bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
+courir.
+<!--l. 402--><p class="indent" > Une lueur était apparue, au loin. Il s’approcha avec précautions. C’était
+un feu, et deux prêtres s’y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un
+peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce
+qu’il en restait. Que s’était-il passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et où étaient les autres prêtres, et ses
+compagnons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il s’approcha encore, en essayant de ne pas faire de
+bruit.
+<!--l. 404--><p class="indent" > Les prêtres n’avaient pas l’air particulièrement rassurés. L’un d’eux
+s’était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec
+précautions. En ville, c’était différent. Il n’y avait pas des branches et
+feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l’invisibilité dans une cité
+consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que
+personne n’ait envie de faire attention à lui.
+<!--l. 406--><p class="indent" > Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son
+épée de sa ceinture, paniqué.<br
+class="newline" />— Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Quoi, sursauta l’autre. Il y a quatre hommes autour de nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Farl se figea. Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment avait-il vu les yeux fermés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu’il y en a deux qui
+nous menaçent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Tu es sûr de toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence
+des chevaux.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules, hésitant.<br
+class="newline" />— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire que cet enchantement
+pouvait faire ça...
+<!--l. 415--><p class="indent" > Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
+« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En
+
+
+tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
+savoir si c’était un des siens.
+<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards
+impregnés d’un somnifère très puissant. Il n’arriverait pas à les planter sans
+être repéré du tout, mais en étant rapide, ils n’auraient probablement pas le
+temps de réagir. Il s’approcha le plus près possible d’eux, alors qu’ils
+regardaient aux alentours, l’air inquiet.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers4x.png" alt="[
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
-
-
visage accueillant.<br
class="newline" />— Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
Mais que fait donc une dame de votre rang seule dans ce modeste
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
-
-
<!--l. 23--><p class="indent" > Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle hésitait. Attendre
quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un
gorge. Elle avait l’habitude, à l’université de magie, d’être traitée comme les
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
femme posée et douce, à l’attitude noble qui sied à son rang. Rien que pour
+
+
cela, l’idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
Qu’avait-elle à perdre à aller voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était peut-être pas rentré de toutes
façons.
class="newline" />— Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela va durer six à sept jours.<br
class="newline" />— Ça ne m’effraie pas.<br
class="newline" />— Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
-
-
éviter les attaques. Donc il n’y aura pas d’auberge ou de refuge sur le
chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate
aussi.<br
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était
-
-
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
douceur et obéissance. Alors que sur son geste –certes à la fois ambigü et
peu délicat de sa part– pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
là, en fait...
+
+
<!--l. 57--><p class="indent" > Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
<!--l. 59--><p class="indent" > Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? D’habitude,
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
<!--l. 69--><p class="indent" > Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
-
-
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
pause exprès pour elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Parce que vous boitez, depuis trois heures. Ampoules<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avait essayé de ne pas le montrer, pourtant. Et puis elle n’avait
+
+
pourtant rien dit, de quoi il se plaignait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle garda le regard fixé sur le
liseré de la manche de sa robe, évitant son regard. <br
class="newline" />— Oui peut-être. Mais je peux continuer, hein.<br
class="newline" />— Merci, mais je vais bien, je peux rester debout, et vous aider.<br
class="newline" />Il lui sourit. Décidément, elle avait du cran, et ça lui plaisait.<br
class="newline" />— Pas la peine de me le cacher, je vois bien que vous êtes épuisée. Il n’y a
-
-
pas de mal à ça.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.<br
class="newline" />— Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
échapper un léger soupir de soulagement.
<!--l. 91--><p class="indent" > Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
+
+
trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
Peut-être que demain, j’aurai le temps de chasser quelque chose, ça
améliorera le repas.<br
class="newline" />Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son
+
+
sourire semblait plutôt franc.<br
class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
nuit.<br
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
-
-
son tour.
<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
Pourtant, elle suivit sans broncher le même rythme, et semblait un
peu plus détendue. Il se permit même quelques remarques amusées,
qu’elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l’après-midi, elle lui
+
+
posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu’ils
croisèrent.
<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
<!--l. 129--><p class="indent" > À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
monter, elle dirigea d’un mouvement brusque la branche vers le visage de
+
+
l’autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je connais un endroit où on est sûrs de passer une nuit en sécurité. Nous
-
-
y sommes presque.<br
class="newline" />Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.<br
class="newline" />— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
en plus mal. Sans compter qu’elle ne pouvait plus tenir sa robe,
et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
+
+
effort<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Dans une petite grotte cachée sur cette falaise. Fais attention, c’est un
-
-
peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit.<br
class="newline" />— Comment peux-tu en être sûr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai découverte il y a quelques années, je l’utilise parfois pour stocker
class="newline" />— Quel est ce bruit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? De l’eau qui coule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a un petit ruisseau qui se déverse dans une vasque dans un coin de la
grotte. Ce léger bruit a l’avantage de masquer nos sons, déjà un peu
+
+
étouffés par la paroi et les buissons. D’ailleurs, je vais en profiter pour
remplir les gourdes d’eau fraîche.
<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune
-
-
marque de blessure.
<!--l. 174--><p class="indent" > Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme.
-
-
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
Brigands ou voyageurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes
façons.
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 208--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
-
-
incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
d’abuser de la situation<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle chassa cette idée. Il n’aurait pas attendu ce
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
ne disait rien... Peut-être qu’elle n’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira.
-
-
Au point où il en était... <br
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
à son tour.<br
class="newline" />— Désolée...<br
class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
+
+
<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.<br
class="newline" />— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
-
-
<!--l. 265--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
général de donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait
d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais croisé de nain, et
+
+
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
-
-
la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir...
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
class="newline" />— Ouille<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Le plafond était effectivement bas. Entendant cela, Zach se retourna. Il lui
+
+
sourit.<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, à part le choc du réveil...<br
class="newline" />Il regarda son épaule.<br
class="newline" />— Ah, ça... Je me suis pris un mauvais coup, il y a dix jours. Rien de
grave.<br
-class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />
+class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 286--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 288--><p class="indent" > Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
-
-
l’intriguait.
<!--l. 294--><p class="indent" > Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
qu’elle ouvrit.<br
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-
-
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son
air était décidé.<br
organisé par le duc De Vane. Mon confrère appréciait particulièrement
ma venue, même bien après que ma blessure m’empêche de viser
droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes
+
+
sylvains.<br
class="newline" />Aldariel n’ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.<br
class="newline" />— J’ai discuté avec ton professeur de tir à l’arc, qui trouve que tu la
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
humains.
<!--l. 29--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
+
+
d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes.
Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
-
-
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle-même l’avait été
aussi...
+
+
<!--l. 46--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
se retourna vers la carte.<br
class="newline" />— Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus
à l’aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne
+
+
connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n’aurons
aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je
dirais.<br
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
-
-
Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague.
Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
-
-
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
-
-
<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
une amie et non une princesse.
+
+
<!--l. 130--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
-
-
retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise,
qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la
poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu’à être au bord
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son
adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la
+
+
carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut à
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait
-
-
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher.
D’abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent
+
+
rapidement vers elles. Elle reconnut l’un des brigands qui avait attaqué les
voyageurs... Le premier souriait.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.
-
-
<!--l. 165--><p class="indent" > Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
moment, sans rien dire.<br
class="newline" />— Ça va, Aldariel<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Tu as fait exactement ce qu’il fallait faire. Tu es une vraie combattante,
maintenant.<br
class="newline" />Elle sourit.
+
+
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers6x.png" alt="[
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
Touryre.
-
-
<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En
même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour
<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
d’une cotte de mailles sur d’une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
+
+
complétait sa tenue. Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Tu as fini ta journée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
class="newline" />— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai
compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la
-
-
magie. L’autre était un soigneur et métamorphe.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Elle ne s’intéressait pas vraiment aux différentes
branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
<!--l. 35--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
vie.
<!--l. 70--><p class="indent" > Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
-
-
personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
d’idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne
ne le saurait...
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
+
+
expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
l’intérieur.
Samantha.
<!--l. 80--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-
-
<!--l. 82--><p class="noindent" >— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle s’avança dans la petite pièce, où l’attendaient Farl et Uhr avec
impatience et inquiétude. <br
<!--l. 109--><p class="indent" > Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
+
+
<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
dangereuse.
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions<span class="frenchb-nbsp"> </span>: sortir et
-
-
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
class="newline" />— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de
class="newline" />— Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que faites vous ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer
+
+
dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.<br
class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
Peut-on discuter calmement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
mieux ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On pourrait finir par nous voir ou nous entendre...
-
-
<!--l. 138--><p class="indent" > La magicienne le regarda en fronçant les sourcils. Elle ne semblait pas
tout à fait sûre de pouvoir lui faire confiance, ce qui était compréhensible en
fait... Lui non plus, à vrai dire. Elle finit par reprendre la parole.<br
compétences.<br
class="newline" />Elle recula pour le laisser passer.<br
class="newline" />— Je vous en prie.
-
-
<!--l. 158--><p class="indent" > Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
class="newline" />— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
-
-
cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
ces objets.<br
class="newline" />La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
class="newline" />— Qu’est-ce que cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Les araknes sont des créatures aujourd’hui disparues. Des sortes
d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 208--><p class="indent" > Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
+
+
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
théorie.
class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
+
+
de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
faire.<br
class="newline" />Elle s’était levée, décidée, presque en colère.<br
faire appel à un prêtre.<br
class="newline" />Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
-
-
Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
+
+
<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
posta face à lui.<br
class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon
avancée rapidement.<br
class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
+
+
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
un autre.
<!--l. 9--><p class="indent" > Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
-
-
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui
apprendre quelques techniques.
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
+
+
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
-rassurant...<br
-class="newline" />
+rassurant...
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 25--><p class="noindent" >— Une arakne<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
la suite.<br
-class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
+class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester
ici...<br
class="newline" />— Attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
+
+
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la
place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées,
presque aussi grand qu’elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce
-
-
qui ressemblait à une pierre, qui brillait de la même façon que ses
yeux.
<!--l. 61--><p class="indent" > Une sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il ne savait pas s’il devait hurler, ou s’enfuir en
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
+
+
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
class="newline" />— Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
+
+
dans la direction des voix.
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Avant toute chose, tu vas boire ça.<br
class="newline" />Elle sortit un petit flacon de son sac.<br
class="newline" />— Un antipoison. Il met un peu de temps à faire effet, donc bois-le de
-
-
suite.<br
class="newline" />Silwë obéit, tandis qu’elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie.
C’est alors qu’elle aperçut, dans l’obscurité, une lueur vive derrière les
dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent
coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques
pas.
-
-
<!--l. 105--><p class="indent" > Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se
rapprochant d’elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
+
+
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers
lui.
-
-
<!--l. 115--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
+
+
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
mieux...<br
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
seuls quelques mots en sortirent.
-
-
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
+
+
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.
<!--l. 148--><p class="noindent" >— D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe
-
-
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
+
+
grimaçant de douleur.<br
class="newline" />— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.<br
class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
class="newline" />C’était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle
était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle
tremblait. Son compagnon l’avait déjà attrapée par les épaules pour la
-
-
soutenir.<br
class="newline" />— Sélène, tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sans répondre, la jeune femme s’effondra dans ses bras. <br
<!--l. 182--><p class="indent" > Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
raté une seule fois sa cible, même si elle n’était pas toujours dans la
meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière...
-
-
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
+
+
Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
class="newline" />— Nous y voici. Il n’y a plus qu’à traverser. Tu sauras nager avec
elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, qui s’était tournée vers lui. Il hocha la tête,
-même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement, et la jeune
-femme inanimée ne l’enchentait guère.<br
+même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune
+femme inanimée, ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.<br
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
+
+
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.<br
sylvains...<br
class="newline" />— J’ai déjà l’habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal
vus, d’où je viens, et déjà qu’on me traitait d’elfe quand j’étais petit, parce
-
-
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
+
+
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
<!--l. 281--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 283--><p class="indent" > Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il
-
-
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
+
+
réchauffer.
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
qu’elles dormaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce serait bien un comportement irrationnel d’elfe noir
ça... Elle secoua la tête. C’était ridicule. Il avait grandi chez les
humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour
-
-
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
au premier abord– avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain
nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très
loin.
-
-
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
+
+
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très
bien... peut-être même trop bien. Elle n’avait pas apprécié d’avoir été
humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d’une lame sur la
-
-
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
+
+
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
class="newline" />— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Rien à signaler pour le moment.<br
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
+
+
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
+toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
plus qu’un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle
interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en
fait.
-
-
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
+
+
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
<!--l. 348--><p class="indent" > Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son
compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l’archère
elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s’était-il donc
-
-
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
+
+
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
-
-
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
+
+
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.<br
class="newline" />— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
+
+
certains de ses secrets, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...<br
permettent de retrouver n’importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui
sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus
grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu’il chevaucha
-
-
droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
+
+
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d’un
point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et
-
-
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur,
ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre
-
-
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
+
+
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
-
-
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
+
+
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
J’avoue, j’ai toujours acheté les plantes chez l’herboriste, sous forme d’huile
ou de plantes séchées... C’est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans
-
-
la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et encore, il faudra que je te montre certaines qu’on ne trouve pas
ici...<br
pas dangereux.<br
class="newline" />Il s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.<br
class="newline" />— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
-
-
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
+
+
regardèrent en souriant.<br
class="newline" />— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 147--><p class="noindent" >— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son
-
-
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
+
+
de toutes façons...<br
class="newline" />— On remet ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
class="newline" />— Hééé<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Quelle triche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
class="newline" />— Bien vu.
<!--l. 175--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 177--><p class="indent" > Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
+
+
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
pour l’attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
que l’homme portait à sa ceinture. Il n’était pas rare de voir des
-
-
combattants en possédant deux. Silwë avait une dague en plus de son
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
+
+
longues...
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
réussissait à garder son sang-froid quand il la manipulait, désormais,
-
-
mais il se demandait toujours ce qu’il ferait lorsqu’il rencontrerait
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 231--><p class="indent" > Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë
depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de
-
-
souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
+
+
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
-
-
eux.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous me voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
class="newline" />Le sourire qu’ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se
retourna vers elle à nouveau.<br
class="newline" />— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
-
-
vie sans aucune hésitation.
<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br
class="newline" />— ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...<br
class="newline" />L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
-
-
Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette
façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
+
+
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter.
-
-
Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
+
+
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.<br
class="newline" />— Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et
-
-
j’en passe, est trop parfait pour être vrai<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il fit une moue.<br
class="newline" />— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.<br
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il savait bien qu’il n’aurait pas dû jouer à ce jeu-là avec une elfe
-
-
sylvaine...
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 370--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
+
+
jouer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
ici sans rien tenter.<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
+
+
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et redressa.<br
class="newline" />— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
part<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira. C’était la question qu’il souhaitait éviter justement...<br
class="newline" />— Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de
-
-
retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.<br
class="newline" />Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le
questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
-
-
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
+
+
nuque.<br
class="newline" />— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
genre.<br
class="newline" />Il désigna du doigt l’ouverture dans les arbres.<br
class="newline" />— Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le
-soir tombe.<br
-class="newline" />
+soir tombe.
<!--l. 425--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
casque qui limite ma vue, j’aurais eu une chance de les repérer, elle et
Zach.<br
class="newline" />— Tu sais vraiment te battre avec deux épées ou tu as ces armes pour
+
+
impressionner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais réellement les utiliser. J’ai appris chez maître Ernest, à la
capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j’étais
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
-arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
-deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
+arrivait en courant dans leur direction. Elle se retourna vivement, deux
+autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
class="newline" />— Place-toi derrière moi.<br
class="newline" />En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde,
surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
s’en servir de toutes façons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
-
-
intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
+
+
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
leur menace principale.
<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
-
-
et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
+
+
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
l’épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
-
-
pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
+
+
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
<!--l. 491--><p class="indent" > À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
-
-
inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de
là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
+
+
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
+
+
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
class="newline" />— On dirait.<br
class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
+
+
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
class="newline" />— Si c’est pour Sélène et Zach que tu t’inquiètes, rassure-toi, ils sont
quelques pas derrière toi, et ils vont très bien. <br
class="newline" />Soulagé, il laissa la jeune elfe s’occuper de son genou.
-
-
<!--l. 543--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
retrouvée dans les bras de Zach. Elle entendait les voix de leurs
+
+
compagnons, autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas
attention. <br
class="newline" />— Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
+
+
et votre nom.<br
class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
peut-être pas le moment de le relever.<br
class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
-
-
ma tête d’elfe.<br
class="newline" />Devant la tête suprise du paladin, il s’expliqua.<br
class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
+
+
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
-nom est [ToDo!], je suis le père de Zach.<br
+nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
class="newline" />L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.<br
class="newline" />— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval.
<br
class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider.
Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
-
-
puis se décida à entrer la première.
<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
+
+
notre pauvre logis vous conviendra. <br
class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
-
-
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
+
+
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
<!--l. 640--><p class="indent" > Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
-viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de
+viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
elfes. Que faites-vous dans la région<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand
tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde
-
-
du corps.<br
-class="newline" />[ToDo!] se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de
-l’autre côté. Il considéra un instant son air frêle, puis son regard se
-porta sur Aldariel, en face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une
-remarque, mais son fils lui envoya un coup de coude pour le faire
-taire.<br
+class="newline" />Yzar se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de l’autre côté. Il
+considéra un instant son air frêle, puis son regard se porta sur Aldariel, en
+face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lui
+envoya un coup de coude pour le faire taire.<br
class="newline" />— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.<br
class="newline" />Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un
respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel
fou rire.
<!--l. 653--><p class="indent" > Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
-
-
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux,
la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs
enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
laissent faire.
+
+
<!--l. 655--><p class="indent" > Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il
abdiqua.
-
-
<!--l. 668--><p class="indent" > Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.<br
class="newline" />— Quand j’étais adolescent, j’avais pas mal de succès auprès des filles, c’est
vrai. Le petit air d’elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc,
j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...<br
class="newline" />Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.<br
class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
+
+
traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la
plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
-
-
<br
class="newline" />— Oh, plutôt bien. Rien de crucial n’a été touché, je suis sûre qu’il se
remettra très vite.<br
class="newline" />— C’est plutôt une bonne nouvelle.<br
class="newline" />Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse,
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
+
+
bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
pensait.<br
class="newline" />— Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le
reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
-
-
il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.<br
class="newline" />Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.<br
class="newline" />— Ah. Il y a un petit problème technique. Il n’y a qu’un lit.<br
class="newline" />— Effectivement. En même temps, c’est assez logique, c’est leur
-
-
chambre...<br
class="newline" />— Tu crois qu’ils pensent qu’on...<br
class="newline" />Il haussa les épaules. Il n’avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et
surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà
tellement de mal pour eux.<br
class="newline" />— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
+
+
sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br
éloquents...
<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
-
-
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on
ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on
essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
+
+
décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
class="newline" />— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils
restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.<br
class="newline" />— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
-
-
bénéficier d’un effet de surprise...<br
class="newline" />Pour quelqu’un qui n’avait connu que le confort des châteaux, elle avait une
sacré tête froide. Elle n’avait pas l’air trop choquée par tout ce qui s’était
passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt
encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...<br
class="newline" />— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait
+
+
compris dans ce combat.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
+
+
pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
Et ça a failli nous coûter cher.<br
class="newline" />— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
n’était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les
éclats de voix qu’elle entendait du rez-de-chaussée.
<!--l. 800--><p class="indent" > Installés autour de la grande table, en train d’avaler un petit déjeuner
-solide, se trouvaient Silwë, Irdann et [ToDo!]. Celle-ci était en train de
+solide, se trouvaient Silwë, Irdann et Beolie. Celle-ci était en train de
tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l’abreuvant de
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
-class="newline" />[ToDo!] redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
+class="newline" />Beolie redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
lui préparant une assiette.<br
class="newline" />— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...<br
class="newline" />Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
non plus. Tenez, voici pour les provisions.<br
class="newline" />Elle lui tendit une petite pile de pièces.
<!--l. 811--><p class="indent" > C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de
-protestation de principe de la part de [ToDo!].<br
+protestation de principe de la part de Beolie.<br
class="newline" />— Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Très bien, je vous remercie. Zach n’est pas là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il dort encore
peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous allons nous mettre en route dès que possible, n’est-ce pas
Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s’empressa de compléter. —
-... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de [ToDo!], pour
-savoir à quoi s’en tenir.<br
+... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de Yzar, pour savoir
+à quoi s’en tenir.<br
class="newline" />Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire.
<!--l. 825--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 827--><p class="indent" > Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
-
-
Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers9x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
+
+
<!--l. 117--><p class="nopar" >
</body></html>