<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2014-12-20 23:32:00">
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<img
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" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 127--><p class="nopar" >
-<!--l. 129--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 131--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+<!--l. 5--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur
de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues
manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
-<!--l. 133--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de
-s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
-été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
+<!--l. 7--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie
+de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient
+pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
+vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
-<!--l. 135--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
-<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+<!--l. 11--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
-<!--l. 139--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
-les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
-qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
+<!--l. 13--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales
+–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
-précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
-Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
-tout.
-<!--l. 141--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y
+avait de tout, dans le désordre.
+<!--l. 15--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
+chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 143--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+<!--l. 17--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 145--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers,
+<!--l. 19--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers,
pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur
âme à des divinités maléfiques. Pour s’en protéger, on les chassait,
les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa.
Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ... Le
lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 147--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
+<!--l. 21--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
-<!--l. 149--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+<!--l. 23--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
-<!--l. 151--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 25--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 153--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
+<!--l. 27--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
-chaque fois qu’elle s’entraînait – avec un succès toujours mitigé – à
+chaque fois qu’elle s’entraînait –avec un succès toujours mitigé– à
l’arc.<br
class="newline" />— Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l’ennemi qui se
marre à cinq mètres, tu veux dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
+
+
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
class="newline" />— Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s’il te plaît<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d’un homme
qu’elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le
-pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats – c’était
-également le cas de sa mère – mais les broderies dorées indiquaient qu’il
+pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats –c’était
+également le cas de sa mère– mais les broderies dorées indiquaient qu’il
s’agissait vraisemblablement de quelqu’un d’important. Elle nota qu’à
sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu’utilisent les
humains, enfin c’était ce qu’on lui avait dit. Elle n’en avait jamais
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-<!--l. 169--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+<!--l. 43--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement.<br
class="newline" />— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Mais je ne suis pas douée à l’arc... répondit-elle timidement.<br
class="newline" />Il lui sourit, et jeta un œil à sa mère, à quelques pas de là.<br
class="newline" />— Il est de toutes façons difficile d’être aussi bonne archère qu’elle. Mais
-peut-être serais tu plus à l’aise avec autre chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+peut-être serais-tu plus à l’aise avec autre chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s’il
l’évaluait.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Essayer, comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Comme ça.<br
class="newline" />L’homme avait saisi une seconde épée en bois, et s’était précipité sur elle.
-Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l’épée d’un coup de la sienne.
-Même en bois, l’épée était un peu lourde... L’homme attaqua de nouveau,
-elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d’encaisser
-un choc qui ne vint pas... L’homme s’était arrêté à quelques centimètres
-d’elle.<br
+Surprise, elle fit un pas de côté, et tenta de dévier l’épée d’un coup de la
+sienne. Même en bois, l’épée était un peu lourde... L’homme attaqua de
+nouveau, elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter
+d’encaisser un choc qui ne vint pas... L’homme s’était arrêté à quelques
+centimètres d’elle.<br
class="newline" />— Pas mal. Je pense que c’est bon.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il s’assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.<br
class="newline" />— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-<!--l. 194--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 68--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 196--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
-vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
+<!--l. 70--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus
+de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une
+épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux
-ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
-nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille,
-et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
-adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
+coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien
+qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes
+de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un
citadin.
-<!--l. 198--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+<!--l. 72--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.<br
class="newline" />— Là, regardez<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
+class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutaient
paisiblement.<br
class="newline" />— Pourquoi tu t’arrêtes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda sa sœur en lui donnant un coup de
poing dans les côtes.<br
va<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-<!--l. 206--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+<!--l. 80--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion.
Alors pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait
décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des
-défaut<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
+défauts<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
-<!--l. 212--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 86--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 214--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+<!--l. 88--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
+pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
-pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
quelqu’un sur place en une parole.
-<!--l. 216--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+<!--l. 90--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
-<!--l. 218--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 92--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-<!--l. 234--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
nombreuses aventures...
-<!--l. 251--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+<!--l. 125--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il devait être redoutable sur un champ
class="newline" />— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil,
comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition
veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en
-
-
dehors du temple.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Nous
verrons bien.<br
class="newline" />Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
-<!--l. 258--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 132--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 134--><p class="indent" > Debout devant elle, ils tremblaient de tous leurs membres. Surprise<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Colère<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Incrédulité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Panique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Probablement un peu de tout
+cela. Le grenier dans lequel elle les avait amenés était dans un sale état,
+mais c’était le seul endroit où elle pouvait pratiquer la magie sans être vue
+ou entendue...
+<!--l. 136--><p class="indent" > Suivant pas à pas les conseils du livre, elle avait découvert qu’elle avait
+un certain don pour cela. Avec de la persévérance, elle avait réussi à
+lancer son premier sort, paraît-il le plus simple, une boule de feu, et
+elle avait manqué de brûler la bibliothèque. Le livre disait aussi
+qu’il était très difficile de contrôler sa propre énergie magique... De
+nombreuses traces noires couvraient désormais les murs et le sol
+du grenier, et un certain nombre de vieux meubles en bois avaient
+brûlé.
+<!--l. 139--><p class="indent" > À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en
+crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa
+démonstration spectaculaire. <br
+class="newline" />— Ce n’est pas possible...<br
+class="newline" />— Notre propre fille, une sorcière...<br
+class="newline" />Elle se tenait entre eux et la porte du grenier. Elle ne cherchait pas
+particulièrement à les empêcher de sortir, mais elle voulait qu’ils l’écoutent
+avant.<br
+class="newline" />— Arrêtez avec vos histoires. Les sorciers ne sont pas maléfiques, en tous
+cas pas tous. Vous ne croyez quand même pas à toutes ces histoires de
+démons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ils avouent tout de même...<br
+class="newline" />Elle secoua la tête d’un air rageur.<br
+class="newline" />— Avec les tortures qu’on leur inflige<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’importe qui avouerait n’importe
+
+
+quoi. Ne soyez pas idiots.<br
+class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
+quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
+peut-être n’était-ce pas le cas de tous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Regardez-moi. Suis-je devenue un monstre en apprenant un peu de
+magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 151--><p class="indent" > Ils l’observèrent un moment. Elle n’avait pas vraiment changé ces
+dernières années, à part un peu grandi, mais ce n’était vraisemblablement
+pas une histoire de magie. Pourtant... ils avaient la sensation que leur
+fille leur échappait, qu’elle n’était pas la jeune fille qu’ils auraient
+voulu qu’elle soit, qu’elle ne pensait pas comme ils auraient voulu
+qu’elle pense. Peut-être était-ce juste cela, être une sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ne
+pas être celle que les autres attendaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce maléfique pour
+autant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 153--><p class="indent" > Elle soupira, et interrompant leurs pensées, fit apparaître lentement une
+seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en
+arrière, effrayés.<br
+class="newline" />— Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la
+fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis-à-vis
+de votre peuple.<br
+class="newline" />La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration.
+Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique
+grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme.
+Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...<br
+class="newline" />— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part
+vous ne le saura.<br
+class="newline" />La taille de la flamme diminua lentement, à mesure qu’elle se calmait.<br
+class="newline" />— Si vous me laissez étudier la magie comme je le souhaite, je ferai tout
+pour garder sauf l’honneur de la famille. Je ferai tout ce que vous voudrez.
+J’épouserai qui vous voudrez. S’il vous plaît...<br
+class="newline" />Un silence passa, durant lequel ils semblèrent considérer cette idée.<br
+class="newline" />— Aaaïe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
+énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
+mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
+
+
+–presque– apaisée.<br
+class="newline" />— Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
+former.<br
+class="newline" />— Je peux... m’en occuper.<br
+class="newline" />Elle se concentra, malgré la douleur vive. Il y avait cet autre sort qu’elle
+avait appris. Un sort pour soigner... Il était, d’après le livre, plus complexe
+que celui du feu, et elle avait beaucoup moins d’occasions de le pratiquer.
+Mais les quelques fois où elle avait essayé, le résultat n’avait pas été si
+mauvais. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. La douleur avait
+considérablement diminué, et les cloques avaient disparu, même si
+la peau restait un peu rouge et sensible. Elle lâcha un soupir de
+soulagement.<br
+class="newline" />— Vous voyez, la magie peut être bénéfique, aussi.<br
+class="newline" />Son père observa tour à tour sa main, son visage, et celui de son épouse, qui
+semblait réfléchir, un peu en retrait. Celle-ci finit par s’approcher
+également.<br
+class="newline" />— J’ai peut-être une idée...
+<!--l. 171--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 260--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+<!--l. 173--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il
-s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
+s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
-<!--l. 269--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
+<!--l. 182--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas les moyens de
le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très
doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
+
+
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
-<!--l. 279--><p class="indent" > Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait
+<!--l. 192--><p class="indent" > Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées –et
surtout ses nuits– à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
-
-
-<!--l. 288--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+<!--l. 201--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
-<!--l. 295--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+<!--l. 208--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
-<!--l. 307--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+<!--l. 220--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-il escaladé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset.<br
class="newline" />— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.<br
class="newline" />Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.<br
class="newline" />— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
+
+
fait honorable.<br
class="newline" />Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de
lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.<br
class="newline" />Farl le regarda, les yeux brillants.
-<!--l. 319--><p class="noindent" > <span
+<!--l. 231--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 321--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 233--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
-
-
de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme
lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante
l’autre soir.<br
class="newline" />— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
couper du bois.
-<!--l. 334--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+<!--l. 246--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
-<!--l. 336--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+<!--l. 248--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
+
+
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
-<!--l. 339--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+<!--l. 251--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
tunique, d’un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils
étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs
-
-
épées et boucliers au côté.<br
class="newline" />— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour
nous et la damoiselle que nous escortons.<br
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 346--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+<!--l. 258--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
-class="newline" />— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
+class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 349--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
+<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 357--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
+
+
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— D’accord.
-<!--l. 361--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 363--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 275--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et
frêle, vêtue d’une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème
argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si
impressionnant. Et son père avait l’air si imposant quand il était assis sur
-
-
son trône<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces
conditions... Sentant sa gène, et constatant qu’il était seul avec elle,
il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses
s’entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun
champ de bataille de sa vie –ou alors que de loin–, du moins il l’espérait,
alors que risquait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
+
+
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc<span class="frenchb-nbsp"> </span>: une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.<br
class="newline" />Le visage d’Aldariel s’illumina.
-<!--l. 381--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 293--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 383--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
-
-
+<!--l. 295--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
-<!--l. 385--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+<!--l. 297--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
-<!--l. 388--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+<!--l. 300--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
-<!--l. 390--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+<!--l. 302--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
+
+
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
-<!--l. 393--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+<!--l. 305--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
-
-
-<!--l. 395--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+<!--l. 307--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
-<!--l. 397--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+<!--l. 309--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
-<!--l. 400--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 312--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 314--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 316--><p class="noindent" >— Là-bas, je vois l’orée<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Les soldats laissèrent échapper une exclamation de joie. Après quatre jours
+dans la forêt, ils n’étaient pas mécontents de retrouver la civilisation. De
+son côté, Zach, installé à côté du cocher, rêvassait. Il se demandait bien qui
+était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de voir, en théorie. En
+pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
+temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
+petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
+
+
+richement orné.
+<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
+grand sourire.<br
+class="newline" />— Tu as fait du bon boulot en nous guidant jusque là. Tu auras bien gagné
+ta paie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il rougit légèrement.<br
+class="newline" />— Merci.<br
+class="newline" />— Ton chemin parallèle pour éviter le sentier embourbé était le bienvenu...
+Nous aurions perdu beaucoup de temps à nous traverser cette partie avec le
+carosse<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il haussa les épaules en souriant.<br
+class="newline" />— Nous allons parfois livrer du bois par là, et ce n’est pas la première fois
+que ce chemin est inondé...<br
+class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br
+class="newline" />— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
+peu trop âgé pour ça.<br
+class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
+class="newline" />— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
+à mon avis.<br
+class="newline" />Il allait répondre, lorsqu’un des soldats lui adressa la parole.<br
+class="newline" />— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on
+arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.<br
+class="newline" />— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as
+bien mérité<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers1x.png" alt="[
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples
anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s’endormir,
épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui
-
-
partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait
un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement
fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition sembla rejoignit camp nettement plus
+<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Bloupy », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le
chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
+
+
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
<!--l. 19--><p class="indent" > Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et
de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa
tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son
-
-
équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout
était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe
et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien
-étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
-expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
-le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son
+maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le
+problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
+
+
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
<!--l. 29--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 31--><p class="indent" > Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de
-
-
l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit
bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite.
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
+
+
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
hâta vers le petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le
moindre bruit.<br
-class="newline" />— Qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Lui demanda-t-il.<br
+class="newline" />— Qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-il.<br
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
-class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Bloupy. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je
suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être pouvons-nous nous
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
seul, comment faire...
<!--l. 50--><p class="indent" > Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br
-class="newline" />— Donne moi tes poignets.<br
+class="newline" />— Donne-moi tes poignets.<br
class="newline" />Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
rapidement les chaînes qui le retenaient.<br
class="newline" />— Maintenant, nous avons moyen de mettre cette vengeance en pratique.
vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir
mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques
-
-
-instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa
+instants, alors que le barbare jouait avec ses chaînes défaites, savourant sa
liberté.<br
class="newline" />— Bon, voilà ce que nous allons faire.<br
class="newline" />Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement.
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
+
+
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
<!--l. 79--><p class="indent" > Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la
tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un
coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des
-
-
standards barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut
immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une
jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita
class="newline" />Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin
de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours
est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant.
-Elle le fixant avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
+Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
affaire... Mais après tout, c’était une barbare, tout comme lui, et elle
avait dû en voir d’autres. Elle se leva sans un bruit, et pointa du
doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
+
+
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
-servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
+servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
d’un ennemi vaincu, c’était au pire une monnaie d’échange, leur aspect
roi et se rua au dehors, son épée à la main.
<!--l. 90--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 92--><p class="indent" > Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement
musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
+
+
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
class="newline" />— Là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il y a des intrus<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus
longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin.
-
-
<!--l. 108--><p class="indent" > Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des
prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de
porte.<br
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
+
+
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
class="newline" />— On file et on discute après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui rendit son sourire.<br
class="newline" />— Ça marche.
-
-
<!--l. 125--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 127--><p class="indent" > Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par
class="newline" />Il n’avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande
ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois
décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe
-
-
coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des
armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou
autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
+
+
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
manque trop, décidément...<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Hé oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />— La garde a une bonne réputation, n’est-il pas difficile d’y entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— La garde a une bonne réputation, ce n’est pas trop compliqué d’y
+entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a des unités d’élite, qu’il est difficile d’intégrer. Mais il y a de la
place pour y être simple soldat, et après, qui sait...<br
class="newline" />Il lui sourit.<br
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
+
+
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
à leur première. Il ne parlait pas d’eux en traîtres. Je me demande s’il
se doute de mes sentiments, en fait... Peut-être a-t-il évoqué cela
exprès<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 185--><p class="indent" > Il marqua une pause, pendant laquelle son ami le fixa.<br
-class="newline" />— La question est donc, que vas tu faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 185--><p class="indent" > Il marqua une pause.<br
+class="newline" />— La question est, que vas-tu faire à la place<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas encore. C’est bien le problème.<br
class="newline" />Uhr sourit, et termina sa chope.<br
class="newline" />— Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.<br
class="newline" />Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien,
oui...
-<!--l. 413--><p class="noindent" ><span
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers2x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 415--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
+<!--l. 5--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
+
+
d’enfant.
-<!--l. 418--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
-de maîtres d’armes, mais Khil, le prêtre qui s’occupait de son éducation
-et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
-son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
-soit.
-<!--l. 420--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+de maîtres d’armes, mais Khil avait décidé de l’envoyer chez le meilleur
+épéiste qui soit.
+<!--l. 10--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.<br
class="newline" />— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.<br
class="newline" />L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
-qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
+qu’une ceinture à laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
class="newline" />— C’est vous le novice du temple de Melna<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il vous attend. Venez.
-<!--l. 425--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+<!--l. 15--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
-archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
-
-
-croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y
-attendre. L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc
-et d’une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin.
-L’homme sourit à l’elfe, alors qu’il entendit quelques morceaux de
-conversation.<br
+archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était la
+première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on croiserait
+toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y attendre.
+L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc et d’une
+cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L’homme
+souriait.<br
class="newline" />— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son
élève<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.<br
class="newline" />L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
+
+
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l’apprenti paladin. Le
maître se tourna vers l’elfe, qui attendait en retrait.<br
class="newline" />— La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.<br
-class="newline" />L’archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme
-lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y avait
-des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le
-temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
-demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
-guider hors de la pièce.
-<!--l. 437--><p class="noindent" ><span
+class="newline" />L’archer hocha la tête et quitta la pièce. Un autre élève comme
+lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y
+avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou
+deux dans le temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment
+rencontré...
+<!--l. 27--><p class="indent" > Tout en se laissant guider hors de la pièce, Il se demanda combien
+d’élèves avait ce maître, et lesquels.
+<!--l. 29--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 439--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+<!--l. 31--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
-
-
-autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait
-un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
+autres. Il n’y avait aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre
+apportait un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
-<!--l. 441--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+<!--l. 33--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
-qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très
-enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il
-avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
-qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
-lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Resterait-il à la garde toute sa vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 443--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
+qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement
+très enrichissante. Un collègue garde l’avait un peu renseigné sur
+les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont
+beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
+suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
+vie...
+
+
+<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Je m’appelle Irdann.
-<!--l. 448--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
-allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
-allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
-tenue de novice l’intriguait.<br
+<!--l. 40--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le
+soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous
+peu, ils allaient probablement dîner ensemble. La tenue de novice
+l’intriguait.<br
class="newline" />— Tu viens d’un temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui, je suis apprenti paladin.<br
+class="newline" />— Oui, je suis apprenti paladin. Et toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier,
songeait-il, des profils surprenants qu’il risquait de rencontrer ici. Combien y
en aurait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-<!--l. 454--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+<!--l. 46--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
-
-
blason.<br
class="newline" />— D’où te vient cette arme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— De mon père. Il me l’a offerte quand je suis parti pour le temple, quand
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
+
+
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
-class="newline" />Il hocha la tête. Un collègue garde lui avait donné à l’avance une liste des
-éléments de cette unité. L’avantage de connaître déjà en partie la place.
-<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Le collègue lui en avait parlé. <br
class="newline" />— Une elfe. Il y a aussi un nain.<br
class="newline" />Irdann parut surpris.<br
class="newline" />— Une elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une femme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-<!--l. 484--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+<!--l. 76--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
-<!--l. 486--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 78--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 488--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
-voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
-construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
-et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Certes, elle
-s’attendait à en voir, mais ici, il n’était même pas possible de les
-éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des
-maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains
-originaux... Ils les regardaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air
-curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur
-les humains n’était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa
-crainte.<br
-class="newline" />— Ne t’inquiète pas. Maître Ernest est quelqu’un de très bien. Et
-il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous
-arrivons.
+<!--l. 80--><p class="indent" > C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des
+centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
+construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
+bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
+
+
+elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
+éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
+maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
+observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
+rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
+pas toujours très rassurant.<br
+class="newline" />— Hé, ne panique pas. Les humains ne sont pas méchants. Et maître
+Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers2x.png" alt="[
+src="aventuriers3x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 3--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-
-
<!--l. 7--><p class="indent" > Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse,
et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au
centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il
<!--l. 25--><p class="indent" > Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante.
C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle
ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la
-
-
tâche.<br
class="newline" />— Vous allez bien, grande prêtresse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s’approcha. Elle lui
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
+
+
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître
Ernest.
<!--l. 36--><p class="indent" > Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la
-
-
pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne...
Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie
des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux,
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
class="newline" />— J’ai vu une grande prêtresse de Melna, qui me demandait de l’aide pour
la sortir de son temple.<br
class="newline" />— Et c’est la première fois que tu rêves de grandes prêtresses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant,
-tu as dû en voir beaucoup durant ton enfance, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Questionna Silwë
-<br
+tu as dû en voir beaucoup durant ton enfance, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna
+Silwë.<br
class="newline" />— Oui mais... là j’ai l’impression que... c’était différent. Elle était
extrêmement nette, ainsi que le décor derrière elle.<br
class="newline" />— Les prêtres de Melna ont-ils la capacité d’envoyer des rêves<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
souhaite qu’on vienne l’enlever... de façon spectaculaire.<br
class="newline" />Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.<br
class="newline" />— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout
-nous raconter en détails<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+nous raconter en détail<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 57--><p class="indent" > Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
sourire.<br
-class="newline" />— Tu as une idée en tête, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Demanda Irdann.<br
-class="newline" />— Une petite. On se retrouve le soir au bar habituel, je vous explique tout
-ça.<br
+class="newline" />— Tu as une idée en tête, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Irdann.<br
+class="newline" />— Une petite. On se retrouve ce soir à la taverne habituelle, je vous
+explique tout ça.<br
class="newline" />— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...<br
class="newline" />— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien
rejoignit.<br
class="newline" />— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom
de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici.
-
-
Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le
temple.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...<br
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
+
+
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
class="newline" />— Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons...
De ce fait, les prêtres ne possèdent qu’un seul enchantement purement
offensif, il s’agit bien sûr de l’invocation de foudre. J’y suis moi-même
-
-
immunisé, tout comme l’intérieur du temple, mais tu ne l’es pas...<br
class="newline" />Silwë fronça les sourcils.<br
class="newline" />— Cette protection peut-elle s’étendre à d’autres personnes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
+
+
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
+
+
s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour
d’eux.<br
class="newline" />— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc
-
-
faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en
tant qu’apprenti paladin de la déesse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en
poisons.<br
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
+class="newline" />— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
haussant les sourcils.
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
totalement terminé leur formation. De plus, l’ambiance était agréable, et le
public accueillant. La soirée commençait bien. Mais que lui voulait son
ami<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 135--><p class="indent" > La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une
nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même
lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.<br
<!--l. 145--><p class="indent" > Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
-en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée
-Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître
-Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui
-sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur
-plan.
+en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
+cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
+garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
+
+
+faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
+détailla leur plan.
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.<br
class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br
class="newline" />— Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.<br
class="newline" />— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
-
-
légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
-peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes,
-très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
+peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques artifices, très
+pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
moi.<br
class="newline" />Il sourit devant leur regard incrédule. Il était toujours vêtu de sa tunique
orange décorée, plus adaptée à une scène de spectacle qu’à une mission
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
-aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
-avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
-réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
-une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour
-écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
-cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire
-aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
+volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
+
+
+pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
+troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
des virtuoses de l’épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait
quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.
<!--l. 169--><p class="indent" > Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y
avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très
-
-
familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et
cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes
façons.
+<!--l. 171--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 173--><p class="indent" > Irdann et Farl s’avançaient dans les rues de Touryre, se dirigeant vers le
+temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se
+fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait
+qu’ils n’étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir
+de Talecombe, même à cheval.
+<!--l. 176--><p class="indent" > Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle
+le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en
+profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient
+préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à
+l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes
+étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils
+étaient donc tous deux restés en dehors de la ville, à installer un
+campement discret dans la forêt.
+<!--l. 178--><p class="indent" > Il avait d’ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë.
+Oh, il n’était pas le premier, c’était certain. La petite elfe, avec ses yeux
+bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
+Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
+positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
+
+
+depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
+connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 180--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
+eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
+tête à Farl, et ils gravirent lentement les marches qui menaient à
+l’entrée.
+<!--l. 183--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 185--><p class="indent" > Elle avait hâte que l’après-midi se termine. La journée avait été
+épuisante. Dans trois jours avait lieu l’anniversaire de son intronisation, et
+le personnel du temple était en effervescence. À cela s’ajoutait une
+file incessante de fidèles, venus offrir des cadeaux, demander des
+conseils à la déesse, ou quémander son pardon. Il était rare qu’elle
+ait besoin d’invoquer de réels enchantements, souvent un sourire
+encourageant et quelques paroles redonnaient confiance à la plupart des
+villageois.
+<!--l. 187--><p class="indent" > Les deux derniers visiteurs –qu’elle n’avait jamais vus en ville, mais
+celle-ci était grande– s’avancèrent et s’agenouillèrent, conformément aux
+usages. Pourtant, lorsque l’un d’eux releva la tête pour lui adresser les
+paroles habituelles, elle eut un sursaut de surprise. C’était comme si elle le
+connaissait sans l’avoir jamais vu... Se pouvait-il...
+<!--l. 189--><p class="indent" > Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma
+les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Le fameux
+apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir...<br
+class="newline" />— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura-t-elle.<br
+class="newline" />Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.<br
+class="newline" />— Je suis venu à votre demande, Grande Prêtresse. Avec des compagnons.<br
+class="newline" />Elle jeta un œil au second jeune homme, plus petit, qui sous ses airs
+sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n’y avait personne qui
+puisse les entendre maintenant, mais d’autres prêtres et prêtresses
+circulaient régulièrement autour d’eux, et la grande salle du temple
+ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète.
+<br
+class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
+présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
+quand peut-il vous trouver seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
+silence, elle répondit, plus bas encore.<br
+class="newline" />— Vers minuit. Dans la partie nord du temple, où sont mes appartements.
+J’allumerai une bougie à la fenêtre quand je serai seule.
+<!--l. 199--><p class="indent" > Puis elle fit quelques pas en arrière. Ils se relevèrent et la saluèrent
+respectueusement, et sortirent. En les observant quitter la grande salle du
+temple, elle sentait son cœur battre. Il était arrivé... et non seulement il
+avait une idée, mais en plus il n’était pas seul<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Qui étaient ces fameux
+compagnons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 201--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 203--><p class="indent" > La silhouette sombre, quasi-invisible dans la nuit, escalada lestement le
+mur du temple. Arrivé à son sommet, elle s’arrêta pour observer la
+cour intérieure. Le bâtiment était calme, et de l’une des fenêtres, au
+rez-de-chaussée, on voyait vaciller la lueur d’une bougie. Farl observa
+silencieusement les alentours, et après avoir constaté qu’il n’y avait
+personne, désescalada le mur et s’approcha de la fenêtre.
+<!--l. 206--><p class="indent" > La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche,
+seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à
+l’intérieur.
+<!--l. 208--><p class="indent" > Elle sursauta, et retint un cri.<br
+class="newline" />— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! murmura-t-il.<br
+class="newline" />Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des
+gens de la nuit, mais elle n’eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui
+accompagnait Irdann.<br
+class="newline" />— Personne ne vous a vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, rassurez-vous.<br
+class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
+été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— Alors, qui êtes vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
+
+
+faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
+elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
+class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
+spectaculaire, et me contenter d’une évasion discrète... Mais tel que vous
+le préparez, c’est possible. Et je vais pouvoir vous aider de mon
+mieux.<br
+class="newline" />Elle rejeta ses cheveux en arrière et se leva.<br
+class="newline" />— Tout d’abord, commença-t-elle, je ne suis pas sûre qu’il soit nécessaire de
+droguer les prêtres. Dans trois jours, c’est l’anniversaire de mon
+intronisation, et le vin coulera à flots. Le soir, tout le personnel sera
+passablement ivre. Par contre, tu peux utiliser un tel statagème pour
+droguer leurs chevaux.<br
+class="newline" />— Les prêtres de Melna ont des chevaux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était pas prévu...<br
+class="newline" />— Oui, et nul doute qu’ils les enfourcheront pour partir à notre poursuite.
+Mais il est relativement simple d’introduire un produit dans leur abreuvoir.
+Tu sauras préparer ce qu’il faut<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je pense, même si je ne connais pas la quantité exacte pour un cheval...
+j’improviserai.<br
+class="newline" />— Très bien.<br
+class="newline" />Elle se mit à marcher dans la chambre, l’air décidé.<br
+class="newline" />— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe
+bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier
+visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je
+le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à
+couvrir notre fuite.<br
+class="newline" />Farl hocha la tête.<br
+class="newline" />— Trois jours, c’est peu mais c’est tout à fait envisageable. Je vous apporte
+la drogue demain, à la même heure. D’autres recommandations<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle réfléchit quelques instants.<br
+class="newline" />— Méfiez-vous de Feyne. C’est mon second, il est très intelligent et assez
+puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
+son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense... <br
+class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
+
+
+moyenne, visiblement lourd.<br
+class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
+class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
+class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit et lui fit un clin d’œil.<br
+class="newline" />— Je préférais ne pas voir arriver un héros uniquement attiré par l’appât
+du gain.
+<!--l. 237--><p class="indent" > Il lui sourit en retour, prit le sac et sortit silencieusement.
+<!--l. 239--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 241--><p class="indent" > Le grand jour était arrivé. La fête était grandiose, le temple rempli de
+chants, de louanges et de victuailles. Elle avait enchanté le public en faisant
+fleurir devant tous l’arbre qui poussait au centre de la grande salle. Le jour
+touchait à sa fin, et les rayons du soleil couchant, entrant par la porte du
+temple, donnaient une teinte orangée, presque enflammée, aux statues qui
+entouraient la pièce.
+<!--l. 243--><p class="indent" > Tout à coup, elle entendit quelques cris de surprise, venus de dehors, et
+le bruit d’un cheval lancé en plein galop. Elle se redressa, et prit le même
+air surpris que ses compagnons. Le bruit de sabots frappant le marbre
+s’approcha, jusqu’à ce qu’à la surprise et la peur générale, un cavalier
+surgisse dans la grande salle.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était
+impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé,
+vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets
+rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs
+une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une
+brindille.
+<!--l. 247--><p class="indent" > Quelques prêtres, un peu moins abasourdis que les autres, tentèrent de
+s’interposer. Il les envoya bouler d’un coup de poing ou de pommeau
+d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
+jeu...
+<!--l. 249--><p class="indent" > À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
+
+
+mine de s’évanouir dans ses bras.
+<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
+une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
+même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
+une illusion due au crépuscule, et à l’huile qu’il s’était mise sur le
+corps pour paraître plus impressionnant –huile au final bien inutile,
+car la transpiration aurait eu le même effet. La bénédiction de la
+déesse...
+<!--l. 255--><p class="indent" > Il poussa un grand cri de rage, mit la jeune femme sur son épaule,
+enfourcha sa monture, et se rua vers l’entrée de la salle. Les prêtres s’étaient
+ressaisis, plusieurs avaient empoigné une épée et certains semblaient en
+train d’invoquer des enchantements.
+<!--l. 257--><p class="indent" > Les prêtres étaient-ils vraiment ivres, ou étaient-ils si peu doués que
+cela au combat<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’enchantement de protection de la grande prêtresse
+était-il si efficace<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le sentiment d’être un héros de légende lui donnait-il
+des ailes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou peut-être un peu de tout cela à la fois<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il qu’il
+n’eut aucun mal à parer les coups d’épée et à les rendre. Il mit ainsi hors
+combat sept ou huit hommes, à coups de poings et d’épée, avant d’arriver
+en bas des escaliers.
+<!--l. 259--><p class="indent" > C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours
+sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne réfléchit pas
+plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant
+mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui
+risquaient de se mettre sur son chemin.
+<!--l. 261--><p class="indent" > Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité
+tombait sur l’entrée de la ville, un brouillard se leva, aussi soudain que
+dense.<br
+class="newline" />— Voilà. Avec ça, ils vont avoir plus de mal à nous suivre...<br
+class="newline" />Il sursauta presque. La jeune prêtresse s’était redressée, et le regardait en
+souriant.
+<!--l. 265--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+
+
+<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
+par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
+une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
+ces opérations.
+<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
+n’avait pas la carrure du jeune barbare, il était plutôt crédible de loin. Silwë
+avait enfilé une longue robe rouge et or, que lui avait fourni auparavant la
+prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
+taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à
+enfourcher leur monture.
+<!--l. 271--><p class="indent" > L’attente était pesante. La nuit était déjà en train de tomber... Soudain,
+un grand cri de rage couvrant un bruit de galop parvint à leurs oreilles. Le
+signal attendu<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Alors que ses deux compagnons se mettaient en route, il
+ajusta le foulard qui couvrait son nez et sa bouche, et à l’instant où le
+cheval épuisé d’Uhr passa devant lui, il alluma un tas d’herbes exotiques
+qu’il avait soigneusement préparé, et agitant un tissu, dirigea la fumée vers
+le bruit flou des poursuivants. Cette fumée, inodore, brouillait les sens des
+animaux et humains...
+<!--l. 273--><p class="indent" > Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
+descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
+invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons.<br
+class="newline" />— Ils sont six à nos trousses, à cheval, haleta Uhr.
+<!--l. 276--><p class="indent" > À l’abri derrière le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils
+entendirent passer des chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous
+les trois un léger soupir de soulagement.<br
+class="newline" />— Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes blessés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Farl.<br
+class="newline" />— Quelques entailles, rien de critique.<br
+class="newline" />— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. On devrait peut-être
+aller les aider...<br
+class="newline" />C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.<br
+class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
+<!--l. 283--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+
+
+<!--l. 285--><p class="noindent" >— Tu arrives à voir quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-il à Silwë.<br
+class="newline" />La jeune elfe, assise devant lui sur le cheval, hocha la tête.<br
+class="newline" />— À peu près. La nuit ne me pose pas de problèmes, même si le brouillard
+un peu plus...<br
+class="newline" />— Nous avons une bonne avance, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules.<br
+class="newline" />— J’espère que ça suffira. Il faudrait qu’on les sème avant de sortir de la
+forêt, sinon ça va être compliqué...
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers3x.png" alt="[
+src="aventuriers4x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
-avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les
+avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
journées moins longues.
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
pouvez-vous me renseigner. Je cherche un moyen de traverser la forêt pour
me rendre en la seigneurie de Assem.<br
class="newline" />— Si vous savez monter, vous pouvez louer des chevaux et engager
+
+
des hommes pour vous protéger. Je peux vous indiquer quelques
contacts.<br
class="newline" />Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup
d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une
escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son
-
-
embarras.<br
class="newline" />— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas
pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
femme posée et douce, à l’attitude noble qui sied à son rang. Rien que pour
cela, l’idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
+
+
Qu’avait-elle à perdre à aller voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était peut-être pas rentré de toutes
façons.
<!--l. 25--><p class="indent" > Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
-
-
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
s’apprêta à y frapper.
<!--l. 27--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela va durer six à sept jours.<br
class="newline" />— Ça ne m’effraie pas.<br
-class="newline" />— Vue la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
+class="newline" />— Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
éviter les attaques. Donc il n’y aura pas d’auberge ou de refuge sur le
chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate
aussi.<br
surprise en même temps, tout en se dégageant et en reculant d’un pas.
Comment osait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? <br
class="newline" />— Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça.
-
-
Trouvez-vous des bottes.<br
class="newline" />Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L’homme en face était plus
grand, plus fort qu’elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
là, en fait...
+
+
<!--l. 57--><p class="indent" > Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
<!--l. 59--><p class="indent" > Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? D’habitude,
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 61--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
-apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses
-brassards de cuir, et avait lui aussi une besace chargée et une cape, gris
+apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards
+de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris
foncé.
<!--l. 63--><p class="indent" > Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu’elle mit dans
son sac sans dire un mot, et ils se mirent en route.
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Parce que vous boitez, depuis trois heures. Ampoules<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avait essayé de ne pas le montrer, pourtant. Et puis elle n’avait
+
+
pourtant rien dit, de quoi il se plaignait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle garda le regard fixé sur le
liseré de la manche de sa robe, évitant son regard. <br
class="newline" />— Oui peut-être. Mais je peux continuer, hein.<br
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
échapper un léger soupir de soulagement.
<!--l. 91--><p class="indent" > Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
+
+
trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
-
-
fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
Peut-être que demain, j’aurai le temps de chasser quelque chose, ça
améliorera le repas.<br
class="newline" />Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son
+
+
sourire semblait plutôt franc.<br
-class="newline" />— Enroulez vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
+class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
nuit.<br
class="newline" />— Vous ne dormez pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas
-
-
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
Pourtant, elle suivit sans broncher le même rythme, et semblait un
peu plus détendue. Il se permit même quelques remarques amusées,
qu’elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l’après-midi, elle lui
+
+
posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu’ils
croisèrent.
<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
-
-
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
<!--l. 129--><p class="indent" > À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
monter, elle dirigea d’un mouvement brusque la branche vers le visage de
+
+
l’autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
pas.
<!--l. 131--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
-
-
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
aussi sale glissé rapidement dans sa ceinture. Elle regarda alors autour
d’elle. Les deux hommes gisaient à terre. Elle lâcha la branche, en
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
-class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.<br
-class="newline" />
+class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
en plus mal. Sans compter qu’elle ne pouvait plus tenir sa robe,
et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
+
+
effort<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
-
-
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta
une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
class="newline" />— Quel est ce bruit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? De l’eau qui coule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a un petit ruisseau qui se déverse dans une vasque dans un coin de la
grotte. Ce léger bruit a l’avantage de masquer nos sons, déjà un peu
+
+
étouffés par la paroi et les buissons. D’ailleurs, je vais en profiter pour
remplir les gourdes d’eau fraîche.
<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la
-
-
grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
<br
class="newline" />— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et pour
ne pas te prendre la paroi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne vois absolument rien...<br
-class="newline" />— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.<br
-class="newline" />
+class="newline" />— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.
<!--l. 166--><p class="indent" > Elle l’entendit revenir et s’asseoir face à elle. Il prit doucement sa main
et y déposa la gourde qu’il venait de remplir. L’eau était délicieusement
glacée. Puis il fit de même avec un morceau de pain. Qu’il connaisse sa
class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna
vers lui.<br
class="newline" />— Bon d’accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté,
-
-
sinon...<br
class="newline" />— Compris<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son
+<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
-ne disait rien... N’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Au point où il en
-était... <br
+ne disait rien... Peut-être qu’elle n’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira.
+Au point où il en était... <br
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de
à son tour.<br
class="newline" />— Désolée...<br
class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
+
+
<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
-
-
qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus
tard.<br
class="newline" />— Je peux te poser une question à mon tour<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.<br
class="newline" />— Ça correspond bien à la vision d’un elfe. Les nains voient différemment<span class="frenchb-nbsp"> </span>:
ils ont l’infravision, c’est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les
-
-
corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi
bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en
intéressantes... Ce fut elle qui reprit.<br
class="newline" />— Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec
une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques.
-C’est plutôt rare cela dit. Vue ta silhouette, il est plus probable que tu aies
+C’est plutôt rare cela dit. Vu ta silhouette, il est plus probable que tu aies
des antécédents elfiques.<br
class="newline" />Elle avait ça d’un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou
animosité.<br
<!--l. 265--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
-de sa carrière<span class="frenchb-thinspace"> </span>; certains étaient particulièrement virulents vis à vis des
+de sa carrière<span class="frenchb-thinspace"> </span>; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des
autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les
admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux,
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
général de donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait
d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais croisé de nain, et
+
+
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
-
-
Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était une question qu’il
n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait
bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
class="newline" />— Ouille<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Le plafond était effectivement bas. Entendant cela, Zach se retourna. Il lui
+
+
sourit.<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, à part le choc du réveil...<br
class="newline" />Il regarda son épaule.<br
class="newline" />— Ah, ça... Je me suis pris un mauvais coup, il y a dix jours. Rien de
grave.<br
-class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />
+class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 286--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 288--><p class="indent" > Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
class="newline" />— Euh, merci.<br
class="newline" />Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Certes, il avait l’habitude de se
débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une
-
-
petite aide spontanée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis, le contact de sa main n’était pas
désagréable.
<!--l. 302--><p class="indent" > Il se leva, et alla ramasser ses affaires.<br
cette étrange voyageuse<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
l’air de la choquer...
-<!--l. 1--><p class="noindent" ><span
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers5x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 3--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
+<!--l. 5--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son
air était décidé.<br
class="newline" />— Ah, Aldariel. J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit.<br
organisé par le duc De Vane. Mon confrère appréciait particulièrement
ma venue, même bien après que ma blessure m’empêche de viser
droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes
+
+
sylvains.<br
class="newline" />Aldariel n’ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.<br
class="newline" />— J’ai discuté avec ton professeur de tir à l’arc, qui trouve que tu la
il pourrait être sympathique, voire... plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
humains.
-<!--l. 27--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
+<!--l. 29--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
+
+
d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes.
Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
class="newline" />— Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules
chez les humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez
-
-
les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le
maniement de l’épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te
protéger.<br
class="newline" />— Oui. J’ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l’invitant à vous
accueillir toutes les deux.<br
class="newline" />Aldariel retint un cri de joie.
-<!--l. 37--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 39--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 39--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
+<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
-<!--l. 41--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
+<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
était-il en réalité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que serait le trajet avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle devoir jouer
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle-même l’avait été
aussi...
-<!--l. 44--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
+
+
+<!--l. 46--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à
la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie,
en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée
correctement.
-<!--l. 46--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
-
-
+<!--l. 48--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
s’abstenir. Elle s’approcha de la table.<br
class="newline" />— Quel est notre trajet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë lui montra la carte étalée sur la table.<br
se retourna vers la carte.<br
class="newline" />— Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus
à l’aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne
+
+
connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n’aurons
aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je
dirais.<br
class="newline" />— Presque, c’est celle d’un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et
encore celle-ci, avant d’arriver, après deux jours, au château du duc, enfin.
C’est cette région qui est particulière<span class="frenchb-nbsp"> </span>: ils n’aiment pas trop les elfes
-
-
et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y
ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux
dieux.<br
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
-<!--l. 70--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
+<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S’il-te-plaît.<br
class="newline" />Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps. <br
class="newline" />— D’accord.
-<!--l. 87--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 89--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 89--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
+<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
montée.
-<!--l. 91--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
+<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il
paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait
bien.
-<!--l. 94--><p class="indent" > À cet instant, Silwë entra dans la pièce.<br
+<!--l. 96--><p class="indent" > À cet instant, Silwë entra dans la pièce.<br
class="newline" />— Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n’es pas encore
couchée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’avoue que... ces lits m’intriguent...<br
class="newline" />— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta
couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses
pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais
-elles sont très bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />
-<!--l. 100--><p class="indent" > Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement
+elles sont très bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 102--><p class="indent" > Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement
entre les draps. Un peu hésitante, elle l’imita. Ce n’était pas aussi
inconfortable qu’à première vue, finalement.<br
class="newline" />— Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
-<!--l. 107--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
+<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
fertilité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu’il est très mal
-
-
d’avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.<br
class="newline" />— C’est un peu vrai chez nous, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
-<!--l. 120--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
+<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
-<!--l. 124--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 126--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
+<!--l. 128--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de
nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle
avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
une amie et non une princesse.
-<!--l. 128--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
+
+
+<!--l. 130--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns
des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques
minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.
-
-
-<!--l. 130--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
+<!--l. 132--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval
–certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de
pillards qui les avait pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant
tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
-<!--l. 132--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
+<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
-<!--l. 134--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
+<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son
adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la
+
+
carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut à
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
-
-
-<!--l. 136--><p class="indent" > Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.<br
+<!--l. 138--><p class="indent" > Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.<br
class="newline" />— Merci, c’était tout juste.<br
class="newline" />Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat
seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Elle lui posa la main sur l’épaule, doucement.<br
class="newline" />— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.
-<!--l. 144--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 146--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
+<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
-<!--l. 148--><p class="indent" > Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
+<!--l. 150--><p class="indent" > Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher.
D’abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent
+
+
rapidement vers elles. Elle reconnut l’un des brigands qui avait attaqué les
voyageurs... Le premier souriait.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
class="newline" />— Et alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Moi aussi.<br
class="newline" />Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle
entendit son amie dégainer son épée à côté d’elle, et s’adresser à
-
-
eux.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites
encore un pas, et vous êtes morts.<br
prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle
prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s’effondra à
ses pieds, la poitrine transpercée d’une flèche. Silwë était restée en garde à
-ses côté et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et
+ses côtés et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et
s’éloignèrent rapidement.
-<!--l. 156--><p class="noindent" >— Bien joué, Alda.<br
+<!--l. 158--><p class="noindent" >— Bien joué, Alda.<br
class="newline" />Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis
était revenue près d’elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de
l’admiration dans son regard.<br
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.
-<!--l. 163--><p class="indent" > Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
+<!--l. 165--><p class="indent" > Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
moment, sans rien dire.<br
class="newline" />— Ça va, Aldariel<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.<br
class="newline" />— Tu as fait exactement ce qu’il fallait faire. Tu es une vraie combattante,
maintenant.<br
class="newline" />Elle sourit.
+
+
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers4x.png" alt="[
+src="aventuriers6x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-
-
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura
une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble,
grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire
<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
d’une cotte de mailles sur d’une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
+
+
complétait sa tenue. Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Tu as fini ta journée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
<!--l. 35--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre
encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que
feraient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 39--><p class="indent" > Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il
savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–,
mais de là à penser de la sorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 62--><p class="indent" > Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette
histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté
son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a
-
-
six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste
qu’avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les
idées.<br
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
-expression était d’assez mauvais goût vue la situation, il escalada
-rapidement le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa
-à l’intérieur.
+
+
+expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
+le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
+l’intérieur.
<!--l. 74--><p class="indent" > Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement
l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la
tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la
pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol,
dessinant les contours des deux corps, ressortaient d’autant plus. Il
-
-
n’allait rien trouver ici. Il s’avança précautionneusement vers la pièce
qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble,
une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à
<!--l. 109--><p class="indent" > Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
+
+
<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
<!--l. 115--><p class="indent" > Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas
lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré.
Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa
-
-
minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre
pièce.
<!--l. 117--><p class="indent" > La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe.
la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme
possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop–
menaçant...<br
-class="newline" />— Qui êtes vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que faites vous ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que faites vous ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer
+
+
dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.<br
-class="newline" />— Calmez vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
+class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
Peut-on discuter calmement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sembla marquer un instant d’hésitation. Dans sa main, les filaments
lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace
aux bords acérés... Elle se redressa.<br
class="newline" />— Je me donne ce droit. Je n’ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois
-
-
pas à cette histoire d’accident qui a tué mon compagnon. Alors j’ai décidé
de venir par moi-même. Et vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l’étoile mortelle
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
-class="newline" />— Expliquez vous.<br
+class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
vivant.<br
class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un
peu.<br
class="newline" />— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait.
-
-
Peut-être qu’ils... nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? donneront des indices.<br
class="newline" />Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était
bon signe.<br
S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants
ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de
situation<span class="frenchb-nbsp"> </span>: la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans
-les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant
-pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant
-
-
+les ombres, mais aussi pour paraître tout à fait normale –le noir n’étant pas
+si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant
plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la
magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une
longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être les deux,
l’accompagnait.<br
class="newline" />— Zanakielle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais... <br
class="newline" />À son tour, elle marqua un instant de suprise.<br
-class="newline" />— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui sont venus cet après-midi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête.<br
class="newline" />— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...<br
class="newline" />Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il
fallait désormais appeler un crime.
-
-
<!--l. 183--><p class="noindent" >— J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que
la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au
moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi
nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous
trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle
tâche.
-
-
<!--l. 201--><p class="indent" > Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui
n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un
certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
+
+
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
théorie.
class="newline" />— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.<br
class="newline" />— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
-qui travaille sur le sujet et ses documents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ajouta Zanakielle.<br
+qui travaille sur le sujet et ses documents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ajouta Zanakielle.<br
class="newline" />Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
-
-
pour faire une remarque.<br
class="newline" />— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-Proposa Samantha.<br
+proposa Samantha.<br
class="newline" />— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
pas ma spécialité.
dépasse.<br
class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
-jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de
-vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
+jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
+
+
+de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
faire.<br
class="newline" />Elle s’était levée, décidée, presque en colère.<br
-class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et
+class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrai pas garder ce secret indéfiniment, et
mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le
capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.<br
class="newline" />Elle hocha la tête.<br
<!--l. 236--><p class="indent" > Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.
<!--l. 238--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 240--><p class="indent" > Le capitaine faisait les cent pas, très énervé.<br
+class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
+fait.<br
+class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
+le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
+point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
+pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
+risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu
+pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
+class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
+une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à
+faire appel à un prêtre.<br
+class="newline" />Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br
+class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
+Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
+comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
+un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait
+pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
+qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
+histoire.
+
+
+<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
+posta face à lui.<br
+class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
+nous n’aurions fait en une semaine.<br
+class="newline" />Il avait parlé d’une voix calme. Y avait-il un espoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Sauf que je suis très embêté. Officiellement, l’enquête n’en est pas là.
+Officiellement, il s’agit toujours d’un accident.<br
+class="newline" />Il se tut, et fit quelques pas, réfléchissant.<br
+class="newline" />— Mais ces informations vont nous faire gagner un temps précieux, surtout
+si l’assassin ne sait pas qu’il est identifié. Puisque tu es le seul au courant,
+tu vas partir enquêter discrètement sur ce qui se passe dans cette
+forêt.<br
+class="newline" />Il leva les yeux vers lui. Il lui sembla qu’il attendait une réponse.<br
+class="newline" />— Seul<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu peux emmener quelques personnes de confiance avec toi. Par exemple,
+les amis qui t’ont aidé dans cette tâche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je couvrirai vos dépenses, bien
+entendu.<br
+class="newline" />— Euh, d’accord.<br
+class="newline" />— De mon côté, je vais faire avancer l’enquête comme je pourrai, afin de
+parvenir à la même conclusion officiellement. Mais tu auras pris de l’avance
+en attendant, une avance précieuse.<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Non seulement il échappait au pire, mais l’idée d’une
+mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec
+Samantha et Farl... s’ils acceptaient.<br
+class="newline" />— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais
+besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien
+entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou
+que tu m’apprennes ce que tu trouves.<br
+class="newline" />— J’ai peut-être une idée pour ce point, interrompit-il.<br
+class="newline" />Le capitaine sembla surpris.<br
+class="newline" />— Je t’écoute.<br
+class="newline" />— Les prêtres possèdent un moyen de communiquer par la pensée. Si je
+voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon
+avancée rapidement.<br
+class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
+
+
+fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
+aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
+techniques.
+<!--l. 267--><p class="indent" > Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela
+une dernière fois.<br
+class="newline" />— Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je devrais être furieux pour ce que vous avez fait, mais je suis quand
+même un peu fier. Ne me déçois pas pour la suite.<br
+class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers5x.png" alt="[
+src="aventuriers7x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
+
+
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 15--><p class="indent" > Sélène s’arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle
-
-
était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son
guide particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres
voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
-rassurant...<br
-class="newline" />
+rassurant...
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 25--><p class="noindent" >— Une arakne<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
ici, je n’en sais rien...<br
class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
-
-
la suite.<br
class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
ici...<br
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
+
+
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
+
+
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
terrible.
<!--l. 65--><p class="indent" > Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s’apaiser,
-
-
les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux
s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée
délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène
class="newline" />— Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
+
+
dans la direction des voix.
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
-poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
+poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait
été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre
plaie.<br
class="newline" />— On fera avec...<br
class="newline" />La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait
-
-
des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis
que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
+
+
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
<!--l. 107--><p class="indent" > C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec
curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles
-
-
pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine,
finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
+
+
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
mieux...<br
espionnes.<br
class="newline" />Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite
d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle tenta de
-
-
reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas.
Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle
aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
+
+
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
class="newline" />— Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se
détendait.
-
-
<!--l. 139--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
redressait avec difficultés. <br
-class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différents plus tard, une fois à l’abri des
+class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des
araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir
d’autres...<br
class="newline" />L’archère et Zach se fixèrent d’un air méfiant quelques instants, puis
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
+
+
grimaçant de douleur.<br
class="newline" />— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.<br
class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 156--><p class="indent" > Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme
s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour
-
-
les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas
l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait
tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à
+
+
+Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
-était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
+était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de
dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses
bras.
<!--l. 184--><p class="indent" > Certes, ils avaient convenu d’une trêve, le temps de se mettre à l’abri des
araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se
-
-
passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Lui pardonnerait-elle, entre
autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il détestait se sentir ainsi,
class="newline" />Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.<br
class="newline" />— En effet. Nous avons, comme vous, été attaqué par ces créatures...
J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner.
-
-
<br
class="newline" />Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la
dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.<br
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
+
+
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.<br
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
+
+
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
+
+
réchauffer.
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
pu mentir pour éviter d’être pris pour un elfe noir, surtout auprès
d’elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait
assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains
-
-
semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette
différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans
ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
+
+
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
heureusement qu’il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une
sacrée bêtise. Elle n’aurait probablement pas apprécié, et il se serait
vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou
-
-
ailleurs.
<!--l. 308--><p class="indent" > Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes
d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
+
+
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
traitait-on les princesses là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être en avait-elle assez des
courbettes. Ou c’était peut-être tout simplement la situation d’urgence, qui
-
-
faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas,
elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi
efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait
class="newline" />— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Rien à signaler pour le moment.<br
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
+
+
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau,
apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu’on lui
avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même
-
-
temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme
celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle
haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
+
+
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
-savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une
+savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
fois la magicienne réveillée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait
imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur.
D’où venaient ces horreurs d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle aurait payé cher pour le
-
-
savoir...
<!--l. 342--><p class="indent" > Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
+
+
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers6x.png" alt="[
+src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
+
+
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais
ses anciens amis, de la garde lui manquaient un peu. Il ne les avait
pas vus depuis qu’il était reparti dans le temple pour finaliser sa
-
-
formation. Et ils avaient quitté la capitale entre deux... S’ils l’avaient vu
maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 9--><p class="indent" > Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une
-cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il
+cotte de mailles légère, ainsi que de solides gants de cuir. À sa ceinture, il
portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume
ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s’approchait du château
du seigneur Assem, qui ferait une bonne étape pour la nuit. Peut-être
-pouvait-il rester quelques jours pour se reposer, après la traversée épuisante
-de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
-années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
-à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+pourrait-il y rester quelques jours pour se reposer, après la traversée
+épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus
+depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de
+tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.<br
class="newline" />— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
+
+
certains de ses secrets, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...<br
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
+
+
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
du seigneur acheva de le convaincre.<br
class="newline" />— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem,
-
-
vous pouvez me faire confiance.<br
class="newline" />Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.<br
class="newline" />— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.
<!--l. 49--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de
-sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la
-
-
+sorcellerie... Il en eut des sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la
magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait
office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question.
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
+
+
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher,
épuisé.
<!--l. 63--><p class="indent" > Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au
-
-
fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait
dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il
se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
tenu secret...
<!--l. 67--><p class="indent" > De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
-retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui
-racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
+retrouvant leur bien-aimée. Sauf qu’il en connaissait la face sombre. Celle
+qui racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
+
+
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus
vite.
-
-
<!--l. 71--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
et ils avaient profité d’un coin calme et d’un bras de rivière pour
faire une pause pour se laver. Zach, qui avait sagement attendu son
tour, devait encore y être. Elle l’avait aperçu, en allant remplir le
-
-
chaudron d’eau. Elle était restée quelques secondes à l’observer,
légèrement gênée de constater qu’elle n’avait pas du tout honte de le
faire.
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
+
+
regardèrent en souriant.<br
class="newline" />— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br
class="newline" />Elles éclatèrent de rire.
<!--l. 113--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 115--><p class="indent" > Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à
un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne
leva même pas la tête lorsqu’il approcha.<br
class="newline" />Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il
avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et
comprendre son jeu, elle soupira.<br
-class="newline" />— Tu as gagné. Tu réussi à me faire lever.<br
+class="newline" />— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.<br
class="newline" />Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui,
son arme pointée, avec un léger sourire de défi.<br
class="newline" />— En garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 138--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
+
+
de toutes façons...<br
class="newline" />— On remet ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants
de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour
profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main
-
-
permettaient.
<!--l. 156--><p class="indent" > Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son
class="newline" />— Hééé<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Quelle triche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
plus vite, et l’esquiver. Elle avait été bête, c’est tout... Alors qu’elle
cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu’il lui souriait. Il jouait.
Pourquoi s’énerver ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit
-
-
quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis
brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la
poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
+
+
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite
ainsi.
<!--l. 179--><p class="indent" > Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
-
-
essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras
et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.<br
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
+
+
longues...
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
+
+
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
noirs. Rapidement, elle dépassa l’homme, toujours immobile, et en
l’espace d’un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son
arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière
-
-
l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux
détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un
bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être
elle.<br
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
-sembla reprendre ses esprit et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
+sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
eux.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous me voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
-vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignaient que vous ne soyez
+vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignent que vous ne soyez
morte, ou enlevée par des brigands...<br
class="newline" />Elle écarta le bras de Zach et se planta devant le chevalier.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le voir, je vais très bien, je suis parfaitement libre de
de Quayle, mais d’après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq
jours...<br
class="newline" />Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant
-
-
ses compagnons non plus...<br
class="newline" />— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé
-un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous
+un guide et protecteur, et je suis venue à pied à travers la forêt. Vous
pouvez donc les rassurer, je vais très bien.<br
class="newline" />Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement. <br
class="newline" />— La déesse soit louée, c’est le cas.<br
retourna vers elle à nouveau.<br
class="newline" />— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
vie sans aucune hésitation.
-<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leurs garde, mais restaient figés,
-observant l’homme. Elle se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
+<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
+l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
plus.<br
class="newline" />— Que faisiez-vous chez mes parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
+
+
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
guidé leur fille jusqu’à eux.<br
class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
-
-
revanche, semblait extrêmement réticent.
<!--l. 289--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
+
+
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et
de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle
toujours ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 303--><p class="indent" > Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart.
Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à
class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.<br
class="newline" />— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai grandi dans un petit village non loin
de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle
-
-
sujet...<br
class="newline" />Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite
pichenette sur le front.<br
lui-même<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 339--><p class="indent" > Il soupira et tenta de réfléchir.<br
class="newline" />— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour
-
-
ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que
j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.<br
class="newline" />Elle s’accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 370--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
+
+
jouer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la
tombée de la nuit.
<!--l. 373--><p class="indent" > Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
-
-
partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait
à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
ici sans rien tenter.<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
+
+
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et redressa.<br
class="newline" />— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
et d’autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite,
dans une forêt, c’est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais
vous repérer, et si l’intervention d’hommes armés était nécessaire, je
-
-
pouvais toujours revenir chercher de l’aide.<br
class="newline" />Elle hocha la tête.<br
class="newline" />— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en
route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus
tout ce poids à porter.<br
-class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
+
+
nuque.<br
class="newline" />— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
genre.<br
class="newline" />Il désigna du doigt l’ouverture dans les arbres.<br
class="newline" />— Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le
-soir tombe.<br
-class="newline" />
+soir tombe.
<!--l. 425--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
casque qui limite ma vue, j’aurais eu une chance de les repérer, elle et
Zach.<br
class="newline" />— Tu sais vraiment te battre avec deux épées ou tu as ces armes pour
+
+
impressionner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais réellement les utiliser. J’ai appris chez maître Ernest, à la
capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j’étais
J’admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux
armes. Cela fait aussi partie du jeu.<br
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
-
-
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
+
+
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
tandis que l’homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou
simplement peu pressé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas
changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
-
-
ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage
et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant,
planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut
et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de
douleur.
-<!--l. 455--><p class="indent" > Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était
-toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchait d’elle, l’arme
+<!--l. 455--><p class="indent" > Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus à son geste. Irdann était
+toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchaient d’elle, l’arme
en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
+
+
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
ayant assisté à la scène, d’autres brigands s’approchaient déjà d’elle... Ce
n’était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier
des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se
-
-
retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un
instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau
qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
+
+
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
reconnut immédiatement malgré l’obscurité.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs
-
-
cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu’un des
brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.<br
class="newline" />— Besoin d’un coup de main<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
+
+
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
entaille au niveau du genou. Il l’aperçut alors, debout sur un des brigands,
toujours vivant –du moins pour le moment–, allongé à plat ventre. La botte
gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc
-
-
pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts
de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir
manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus–
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
-pour une idiote sans défenses<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
class="newline" />— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
+
+
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
dame riche qui passerait par ici.<br
class="newline" />N’osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et
Sélène. Nous avons vu le paladin à l’aller, et nous l’avons attendu à son
-
-
retour sur le sentier.<br
class="newline" />— Qui vous a dit ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? interrogea Irdann.<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je
trébucher. Il retint une grimace.<br
class="newline" />— On dirait.<br
class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
-class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme,
+class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
+
+
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
<!--l. 545--><p class="indent" > Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
-retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons,
-autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention.
-<br
+retrouvée dans les bras de Zach. Elle entendait les voix de leurs
+
+
+compagnons, autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas
+attention. <br
class="newline" />— Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je n’ai rien, ça va.<br
class="newline" />Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.<br
son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques
mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur
Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des
-traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était
+traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l’aider, alors qu’il était
blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
nuit.<br
class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.<br
-class="newline" />— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...<br
+class="newline" />— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pied...<br
class="newline" />Elle haussa les épaules en souriant.<br
class="newline" />— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant
pis pour le code d’honneur.<br
<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
+
+
et votre nom.<br
class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
peut-être pas le moment de le relever.<br
class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de
place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une
petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre
-
-
battue...<br
class="newline" />— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de
cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région,
préfériez une taverne à une petite chaumière.<br
class="newline" />— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers.
Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.<br
-class="newline" />Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle
-encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à
-un moment où à un autre, ils se séparent...<br
+class="newline" />Cela voulait dire voir Zach un tout petit peu plus longtemps. Elle hocha la
+tête en souriant.<br
class="newline" />— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
+
+
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
question.<br
-class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une
+class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une
impression<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
succintement.
-
-
<!--l. 587--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 589--><p class="indent" > Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le
-genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être
-pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait
-courage.
+<!--l. 589--><p class="indent" > Ils étaient vivants, tous les cinq, et quasiment sans blessure. C’était déjà
+beaucoup... Et ils allaient peut-être pouvoir passer la nuit au chaud. Tout
+n’allait pas si mal... Elle tourna la tête vers ses compagnons. Irdann
+discutait avec Sélène et Aldariel, qui marchaient à côté de la jument. Ils
+avaient l’air de s’entendre plutôt bien, finalement. Zach marchait devant,
+d’un pas décidé, en surveillant les alentours. Pourquoi avait-elle un mauvais
+pressentiment<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce la nuit, la fatigue, les émotions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle s’approcha
+du guide, en frissonnant.<br
+class="newline" />— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il tourna la tête vers elle. Il semblait d’assez bonne humeur.<br
+class="newline" />— Tu en penses quoi, de ces brigands<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu disais que ce n’était pas normal
+d’en voir autant et si près...<br
+class="newline" />Son visage se ferma. Il se rapprocha d’elle, et lui parla à voix basse.<br
+class="newline" />— Il n’est pas très surprenant de croiser des brigands dans cette forêt.
+Surtout en ces temps difficiles, et lorsqu’un grand évènement est organisé,
+faisant venir beaucoup de monde de loin, notamment des personnalités
+riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui
+attendaient précisément Sélène et Irdann... <br
+class="newline" />— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des
+personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de
+nom.<br
+class="newline" />— Oui... <br
+class="newline" />Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne
+humeur. Elle soupira.<br
+class="newline" />— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une
+princesse à protéger, je te rappelle.<br
+class="newline" />Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.<br
+class="newline" />— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame
+jusqu’à la sortie de la forêt.<br
+class="newline" />À son tour, elle lui lança un coup de coude.<br
+class="newline" />— J’ai bien vu ta façon de la protéger.<br
+class="newline" />— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.<br
+class="newline" />Il semblait fixer attentivement l’horizon, mais il souriait. Puis soudainement,
+il désigna du doigt une lueur au loin.<br
+class="newline" />— Là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Tu vois cette chaumière, avec la lumière à la fenêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Nous
+arrivons<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />La petite équipe poussa un soupir de soulagement.
+<!--l. 608--><p class="indent" > La maison, de taille moyenne, était la première en arrivant du sentier.
+Elle était faite de pierre, recouverte en partie de lierre et visiblement vieille.
+Une extension, partiellement en bois, semblait faire office de grange et
+d’écurie. Plus loin, on voyait apparaître quelques autres habitations, et
+encore derrière, la silhouette d’un village se découpait dans l’ombre. Zach
+leur fit signe d’attendre.<br
+class="newline" />— Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.<br
+class="newline" />Il s’élança vers la porte.
+<!--l. 612--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
+découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
+class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
+nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
+class="newline" />L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.<br
+class="newline" />— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval.
+<br
+class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider.
+Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
+puis se décida à entrer la première.
+<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
+mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
+class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
+
+
+notre pauvre logis vous conviendra. <br
+class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
+entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
+un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère
+et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce
+odeur de légumes et de viande émanait de la pièce voisine. La pièce
+était éclairée par plusieurs lampes à huile et chandelles, et semblait
+assez accueillante malgré sa simplicité. Elle inclina la tête et lui
+sourit.<br
+class="newline" />— Merci, je pense que ce sera parfait.<br
+class="newline" />Derrière, Zach et Irdann, l’un aidant toujours l’autre à marcher, passèrent
+la porte à leur tour.<br
+class="newline" />— J’espère que vous avez fait un bon voyage...<br
+class="newline" />La femme se tourna vers Zach, et lui lança un regard qui aurait foudroyé
+une armée.<br
+class="newline" />— ... Et qu’il vous a traitée avec tous les honneurs dus à votre rang.
+N’est-ce pas Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se figea. Sélène retint un sourire amusé, commençant une liste mentale
+de tout ce qu’elle pourrait lui reprocher sur ce point. Il semblait
+d’ailleurs éviter son regard. Elle se tourna à nouveau vers sa mère et
+sourit.<br
+class="newline" />— Il a été très correct, rassurez-vous.<br
+class="newline" />Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
+paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br
+class="newline" />— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé
+face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci.
+<!--l. 634--><p class="indent" > Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce
+que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas
+une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
+qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
+par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
+Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
+tour.
+<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
+
+
+alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
+instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
+Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
+humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
+sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
+l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
+fine. Tout cela, et on pouvait y ajouter d’autres critères, comme la
+tradition des cheveux longs, devait vraisemblablement entretenir, bien
+malgré eux, l’image des elfes comme idéal de beauté. À moins que
+ce canon de beauté n’ait été influencé, il y a bien longtemps, par
+eux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 638--><p class="indent" > Alors qu’elle laissait ses pensées divaguer, les deux jeunes femmes
+s’étaient assises, et le père de Zach venait d’entrer à son tour. Il jeta un œil
+inquiet à la pile d’armes posées dans un coin de la pièce, les compta, tenta
+d’attribuer mentalement une à chacun et fronça les sourcils en dévisageant
+Silwë et Aldariel. Zach présenta rapidement les différents membres du
+groupe, et ils commencèrent à manger.
+<!--l. 640--><p class="indent" > Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
+du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
+soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
+viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
+constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
+un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
+elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
+Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
+quelques questions.<br
+class="newline" />— Excusez notre curiosité, mais c’est la première fois que nous voyons des
+elfes. Que faites-vous dans la région<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand
+tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde
+du corps.<br
+class="newline" />Yzar se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de l’autre côté. Il
+considéra un instant son air frêle, puis son regard se porta sur Aldariel, en
+face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lui
+envoya un coup de coude pour le faire taire.<br
+class="newline" />— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.<br
+class="newline" />Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un
+respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel
+respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ici, elle était coincée
+avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle
+rentre à la capitale, les rues sentaient peut-être mauvais parfois, mais au
+moins on y respirait la liberté.
+<!--l. 647--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 649--><p class="indent" > Le repas avançant, Zach fut soulagé de constater que l’ambiance
+s’était petit à petit détendue. Si ses parents étaient toujours très
+respectueux envers Sélène et Irdann, ils semblaient avoir compris que ces
+nobles gens appréciaient la simplicité de leur accueil. Quand aux deux
+elfes, une fois passé l’effet de curiosité mêlée de crainte, elles furent
+traitées chaleureusement, presque comme si elles faisaient partie
+de la famille. Sa mère insista même pour qu’Aldariel se resserve
+plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu’elle était un peu
+frêle.
+<!--l. 651--><p class="indent" > Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu’ils se levèrent
+de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
+ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
+sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
+Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr
+de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
+un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
+fou rire.
+<!--l. 653--><p class="indent" > Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il
+y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
+rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
+avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux,
+la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs
+enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
+suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
+laissent faire.
+
+
+<!--l. 655--><p class="indent" > Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
+son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
+qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
+cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait
+été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses
+bottes et son armure lorsque Silwë entra, une bougie à la main.
+Constatant qu’il n’y avait que lui, elle l’éteignit et la posa sur une table à
+côté.<br
+class="newline" />— Ce n’est pas comme si nous en avions besoin... Mais je n’ai pas osé
+refuser.<br
+class="newline" />Elle déposa son sac et celui d’Aldariel, puis vint s’asseoir à son tour sur un
+lit avec un sourire de satisfaction.<br
+class="newline" />— On a beau dire, les matelas humains sont quand même confortables.<br
+class="newline" />— Et c’est une elfe qui dit ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle marqua une pause dans le démêlage de ses longs cheveux pour lui
+lancer un regard qu’elle aurait probablement voulu meurtrier. Constatant
+son échec, elle esquissa un sourire.<br
+class="newline" />— Tiens, j’y pense, d’où te vient une telle réputation<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh, de quoi tu parles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre
+–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
+s’installa à son tour et sourit.<br
+class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
+<!--l. 666--><p class="indent" > Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
+répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
+sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
+ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
+l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il
+abdiqua.
+<!--l. 668--><p class="indent" > Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.<br
+class="newline" />— Quand j’étais adolescent, j’avais pas mal de succès auprès des filles, c’est
+vrai. Le petit air d’elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc,
+j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...<br
+class="newline" />Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.<br
+class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
+
+
+traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
+du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
+mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
+un lit, et qu’on ne voit jamais<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, je rencontre beaucoup de
+gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final...
+<br
+class="newline" />Il soupira.<br
+class="newline" />— ... Au final, je vis seul. Ma fiancée, c’est la forêt. Ma seule vraie
+compagne, fidèle et sincère, c’est mon épée.
+<!--l. 675--><p class="indent" > Il se tut. Pourquoi n’avait-il pas tout à fait l’impression de dire la
+vérité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le visage de Sélène était encore présent dans son esprit. Mais
+n’était-elle pas, finalement, qu’une de ces « occasions » comme les autres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Qu’il avait plus ou moins –à tort ou à raison– laissée passer. L’oublierait-il
+aussi facilement que les autres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comme si elle semblait saisir le fil de ses
+pensées, Aldariel s’approcha et posa doucement une main sur son
+épaule.<br
+class="newline" />— Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n’imaginais pas à quel
+point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des
+relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez
+nous...<br
+class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
+situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
+surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
+la main, les hommes comme le reste.
+<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
+rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la
+plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
+que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
+<br
+class="newline" />— Oh, plutôt bien. Rien de crucial n’a été touché, je suis sûre qu’il se
+remettra très vite.<br
+class="newline" />— C’est plutôt une bonne nouvelle.<br
+class="newline" />Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse,
+mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
+
+
+bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
+sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
+pensait.<br
+class="newline" />— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’à
+ma place, tu n’aurais pas hésité<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle se retourna brusquement vers lui, les sourcils froncés.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu veux dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il regarda le plafond, sans pouvoir retenir un sourire.<br
+class="newline" />— À ton avis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 690--><p class="indent" > Aldariel semblait à la fois choquée et en colère. Silwë s’était glissée sous
+les draps et s’était tue. Soit elle était épuisée et voulait dormir, soit elle lui
+laissait volontairement le champ libre. Après tout, c’était bien son tour de
+se venger... <br
+class="newline" />— Non, je n’aurais pas hésité à ta place. Et<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il avait connu des attaques verbales plus difficiles à contrer. Son sourire
+s’élargit.<br
+class="newline" />— Et le « noble paladin aux airs de prince charmant », ça compte comme
+une hésitation<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle marqua une pause, surprise.<br
+class="newline" />— Mais... qu’est-ce que tu imagines<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est un humain. Un elfe, je ne dirais
+pas, mais c’est un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Belle tentative d’esquive, mais ratée. À moins que... sa surprise semblait
+sincère. C’était encore plus drôle en fait.<br
+class="newline" />— C’est ça. Et moi, je sors d’où, alors, si elfes et humains ne sont pas
+compatibles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle répliqua aussitôt, pointant son doigt dans sa direction.<br
+class="newline" />— Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le
+reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
+il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
+une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
+effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.<br
+class="newline" />— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre
+de détail.<br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’est-ce que tu en sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Son attaque avait donc touché. Il ne fallait pas baisser sa garde maintenant.
+<br
+class="newline" />— Elle a passé cinq ans chez les humains. Je pense qu’elle a dû avoir un
+certain succès auprès d’eux. Tu lui poseras la question...<br
+class="newline" />Cherchant désespérément un peu de soutien, Aldariel se tourna vers son
+amie, qui s’était visiblement endormie. Tout du moins, elle faisait
+suffisamment bien semblant. Il l’en remercia intérieurement.<br
+class="newline" />— ...sinon tu te rappelleras sa réaction quand, un soir, tu avais évoqué la
+question.<br
+class="newline" />Quelle chance il avait eu de retenir ce détail pourtant insignifiant, malgré la
+situation qui ne s’y prêtait guère... Ils étaient plus à un cheveu de
+s’entretuer que de jouer à ce jeu-là.
+<!--l. 709--><p class="indent" > Elle lui lança un dernier regard assassin, qu’il fit mine de ne pas
+remarquer. Mais il avait du mal à se retenir de sourire. Elle soupira,
+remonta ses draps sur ses épaules et ferma les yeux.
+<!--l. 711--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 713--><p class="indent" > Il referma la porte de la petite chambre et posa le bougeoir sur la table
+de chevet.<br
+class="newline" />— Hé bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je m’attendais à ce que nos noms soient respectés, mais à ce
+point...<br
+class="newline" />Sélène sourit.<br
+class="newline" />— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
+a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.<br
+class="newline" />— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
+était un choc...<br
+class="newline" />Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.<br
+class="newline" />— Ah. Il y a un petit problème technique. Il n’y a qu’un lit.<br
+class="newline" />— Effectivement. En même temps, c’est assez logique, c’est leur
+chambre...<br
+class="newline" />— Tu crois qu’ils pensent qu’on...<br
+class="newline" />Il haussa les épaules. Il n’avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et
+surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà
+tellement de mal pour eux.<br
+class="newline" />— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
+
+
+sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
+presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br
+class="newline" />— Ah mais ça n’a rien à voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 727--><p class="indent" > Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien
+répondu qu’elle était une dame et c’était une histoire de code d’honneur,
+mais il doutait de l’efficacité de cet argument. Il n’avait pas affaire à une
+noble dame comme les autres, ça, il avait bien saisi. Ce fut finalement elle
+qui prit une décision.<br
+class="newline" />— Bon écoute, on ne va quand même pas dormir tous les deux par
+terre, ce serait vraiment stupide. Il y a de la place pour deux sur ce
+matelas. Chacun son côté, chacun sa couverture, ça te va comme
+compromis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— À condition que tu prennes quand même les draps prévus pour ça. Et
+moi je prends une couverture de voyage.<br
+class="newline" />Elle sourit en lui donnant un petit coup de coude.<br
+class="newline" />— Vendu<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 733--><p class="indent" > Ils s’installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la
+pièce dans l’obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce
+compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le
+sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
+À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
+saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si
+heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
+« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
+éloquents...
+<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
+des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
+s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
+cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on
+ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on
+essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
+peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour
+aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
+
+
+décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
+trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
+qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
+mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des
+choses...
+<!--l. 737--><p class="indent" > Il avait tendance à considérer que ce genre d’histoire ne le regardait pas.
+Après tout, entre un mari à la capitale, et ses parents ici, elle avait bien
+droit à un peu de liberté entre deux... Il se mit à penser qu’il avait de la
+chance d’être un paladin. Personne n’allait le forcer à se marier contre son
+gré, et il était vraiment libre... Certes, il devait rendre des services au nom
+de la déesse, mais à côté d’avoir toujours quelqu’un sur le dos, ce n’était
+pas grand chose.
+<!--l. 739--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle ne dormait donc pas non plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je suppose qu’on repart demain... ça va aller ta blessure<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je pense, oui. Aldariel s’en est très bien occupé. Mais c’est surtout une
+chance que personne d’autre n’ait été blessé.<br
+class="newline" />Il eu l’impression qu’elle frissonnait.<br
+class="newline" />— Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si les autres n’étaient pas
+venus à notre secours...<br
+class="newline" />C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
+faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des
+cas...<br
+class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
+class="newline" />— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils
+restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.<br
+class="newline" />— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
+bénéficier d’un effet de surprise...<br
+class="newline" />Pour quelqu’un qui n’avait connu que le confort des châteaux, elle avait une
+sacré tête froide. Elle n’avait pas l’air trop choquée par tout ce qui s’était
+passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt
+encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...<br
+class="newline" />— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait
+
+
+compris dans ce combat.<br
+class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement
+tranquille... Puis il y en a un qui s’est approché de toi, je t’ai vue
+t’effondrer... enfin je crois. Et puis l’instant d’après, c’est lui qui était
+effondré à tes pieds. Je n’ai pas l’impression que Zach soit arrivé si
+tôt...<br
+class="newline" />Elle marqua une seconde de silence, mais lorsqu’elle répondit, il aurait juré
+qu’elle souriait.
+<!--l. 757--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 759--><p class="indent" > Lorsqu’elle termina son récit, il laissa passer un moment de silence. Que
+pouvait-il bien en penser<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je ne m’attendais pas à ça, effectivement.<br
+class="newline" />Il semblait simplement surpris. Mais était-ce en bien ou en mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<br
+class="newline" />— Je n’avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien
+attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois
+hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Mais tu as bien fait de te défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>! <br
+class="newline" />Soulagée, elle sourit –elle était soulagée également de noter qu’il ne voyait
+pas ses expressions dans le noir, lui– et répondit nettement plus
+spontanément.<br
+class="newline" />— Ça n’a pas l’air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes
+pour défendre sa peau...<br
+class="newline" />— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour
+être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois
+capable comme les autres.<br
+class="newline" />Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.<br
+class="newline" />— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
+ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore...
+J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
+aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
+présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
+je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
+
+
+pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
+Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
+m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
+<br
+class="newline" />— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
+une simple épée bien entraînée et obéissante...<br
+class="newline" />— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères...
+<!--l. 772--><p class="indent" > Elle avait l’impression qu’il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu’est-ce
+que cela pouvait cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un
+« critère » particulier en tête<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle brûlait d’envie de le questionner, mais
+peut-être n’était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en
+souriant.<br
+class="newline" />— Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d’une vraie
+« dame ». <br
+class="newline" />— Je vois ça. D’ailleurs, j’y pense, qui t’a appris cette technique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il faut
+un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Elle sourit.<br
+class="newline" />— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Je ne sais pas trop
+comment. Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie, d’ailleurs.
+Peut-être qu’à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et
+même toi, ils déteignent sur moi...<br
+class="newline" />— Leur folie ou leur courage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je dirais effectivement qu’il est à la fois courageux et fou de chercher à
+traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.<br
+class="newline" />Il était bien placé pour parler de prudence...<br
+class="newline" />— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt,
+seul et sans escorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 783--><p class="indent" > Il ne répondit pas.<br
+class="newline" />— Je t’ai vexé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous.
+Et ça a failli nous coûter cher.<br
+class="newline" />— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
+parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
+<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
+neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
+une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
+bon se poser ce genre de question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait su tout cela dès le
+début.
+<!--l. 790--><p class="noindent" >— Oui.<br
+class="newline" />Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne nuit.<br
+class="newline" />— Bonne nuit.
+<!--l. 795--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Aldariel</span>
+<!--l. 797--><p class="indent" > Lorsqu’Aldariel ouvrit les yeux, le jour était déjà levé depuis un
+moment. À ses côtés, les lits de Zach et de Silwë étaient vides. Il faut dire
+que ces lits humains étaient plutôt confortables, surtout comparés à la terre
+battue de la forêt... Et après les évènements de la veille, une bonne nuit
+n’était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les
+éclats de voix qu’elle entendait du rez-de-chaussée.
+<!--l. 800--><p class="indent" > Installés autour de la grande table, en train d’avaler un petit déjeuner
+solide, se trouvaient Silwë, Irdann et Beolie. Celle-ci était en train de
+tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l’abreuvant de
+recommandations.<br
+class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
+donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
+voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
+mieux.<br
+class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
+class="newline" />Beolie redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
+lui préparant une assiette.<br
+class="newline" />— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...<br
+class="newline" />Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
+puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.<br
+class="newline" />— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle,
+mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas
+comme ça...<br
+class="newline" />Silwë lui sourit.<br
+class="newline" />— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées
+non plus. Tenez, voici pour les provisions.<br
+class="newline" />Elle lui tendit une petite pile de pièces.
+<!--l. 811--><p class="indent" > C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de
+protestation de principe de la part de Beolie.<br
+class="newline" />— Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Très bien, je vous remercie. Zach n’est pas là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il dort encore
+peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Il est parti, aux aurores, avec son père et d’autres hommes du village,
+pour... « découvrir » ce qui s’est passé la nuit dernière. Ils ont découvert
+les corps de brigands apparemment...
+<!--l. 817--><p class="indent" > Un silence passa. Chacun sembla se remémorer avec un léger frisson la
+bataille de la nuit dernière. Puis Aldariel reprit la parole.<br
+class="newline" />— Quelle est la... version « officielle » de cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je ne sais pas encore. Ils ont bien sûr promis de ne pas parler de vous
+deux, dit-elle en désignant les deux elfes. Ile ne devraient plus tarder de
+toutes façons. Vous partez bientôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Nous allons nous mettre en route dès que possible, n’est-ce pas
+Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s’empressa de compléter. —
+... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de Yzar, pour savoir
+à quoi s’en tenir.<br
+class="newline" />Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire.
+<!--l. 825--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 827--><p class="indent" > Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
+Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
+Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers9x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+
+
+<!--l. 117--><p class="nopar" >
</body></html>