<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2015-02-28 18:06:00">
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>
<img
src="aventuriers0x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 77--><p class="nopar" >
+<!--l. 79--><p class="indent" > Version html<br
+class="newline" /><a
+href="http://sekhmet.positon.org/aventuriers/" class="url" ><span
+class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/</span></a>
+<!--l. 81--><p class="indent" > Version pdf<br
+class="newline" /><a
+href="http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.pdf" class="url" ><span
+class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.pdf</span></a>
+<!--l. 83--><p class="indent" > Version livre électronique<br
+class="newline" /><a
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+class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.mobi</span></a>
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers1x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
<!--l. 7--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie
-de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient
-pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
-
-
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
-considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
-salle du trésor.
+araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de s’en
+débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été
+rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
+armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré
+comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
+trésor.
<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
+
+
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y
avait de tout, dans le désordre.
<!--l. 15--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 17--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
-
-
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris,
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
+
+
sagesse.
<!--l. 43--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
l’arc...<br
class="newline" />Sa mère continua, alors qu’elle rougissait.<br
class="newline" />— Malgré cela, tu sais te battre et as l’air d’y prendre de l’intérêt. C’est
+
+
pourquoi j’en ai parlé autour de moi...<br
class="newline" />Elle souriait. Depuis le temps qu’elle était dans le groupe d’archers d’élite
de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme
<!--l. 70--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus
de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une
épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux
-
-
coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien
qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes
de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
questions. Manger, boire, s’entraîner au combat, chasser, combattre, son
quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion.
+
+
Alors pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait
décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des
défauts<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
-
-
quelqu’un sur place en une parole.
<!--l. 90--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-
-
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
brûlé.
<!--l. 139--><p class="indent" > À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en
crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa
+
+
démonstration spectaculaire. <br
class="newline" />— Ce n’est pas possible...<br
class="newline" />— Notre propre fille, une sorcière...<br
class="newline" />— Ils avouent tout de même...<br
class="newline" />Elle secoua la tête d’un air rageur.<br
class="newline" />— Avec les tortures qu’on leur inflige<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’importe qui avouerait n’importe
-
-
quoi. Ne soyez pas idiots.<br
class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
class="newline" />La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration.
Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique
grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme.
+
+
Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...<br
class="newline" />— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part
vous ne le saura.<br
class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
-
-
–presque– apaisée.<br
class="newline" />— Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
<!--l. 173--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
+
+
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il
s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
-
-
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au cinquième
étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne lui en restait
+
+
qu’un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point d’attache parfait.
Il sortit de son petit sac à dos en cuir une corde et un grappin, qu’il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
class="newline" />— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.<br
class="newline" />Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.<br
class="newline" />— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
-
-
fait honorable.<br
class="newline" />Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de
lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
-
-
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
nous et la damoiselle que nous escortons.<br
class="newline" />Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours
masquaient l’intérieur.<br
-class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
-quoi souper et dormir.<br
+class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à l’auberge du Renard Vif, au milieu du village,
+où vous trouverez de quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 258--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
-class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
-jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
-forêt.<br
+class="newline" />— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
+dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.<br
class="newline" />— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
-
-
-possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
-mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
-libre.<br
+Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
+était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
+puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.<br
class="newline" />— D’accord.
<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
-
-
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
<!--l. 300--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+
+
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-
-
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
<!--l. 312--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+
+
<!--l. 314--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 316--><p class="noindent" >— Là-bas, je vois l’orée<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
-
-
richement orné.
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
que ce chemin est inondé...<br
class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br
class="newline" />— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
-peu trop âgé pour ça.<br
+class="newline" />— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
+fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
à mon avis.<br
arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.<br
class="newline" />— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as
+
+
bien mérité<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers1x.png" alt="[
+src="aventuriers2x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-
-
<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus
+<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus
+
+
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Bloupy », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le
chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
-
-
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien
étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+
+
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
-
-
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
limités.
-<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
+<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le
calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
regardait dans une autre direction. Encore une dizaine de mètres et tout
serait bon... Il marchait avec toutes les précautions possibles. Pourtant, ce
+
+
ne fut pas suffisant. Était-ce son pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ses chaînes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son souffle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un
hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et
après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
-
-
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
-class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Bloupy. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être pouvons-nous nous
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
côté.<br
class="newline" />— Mais on va être découverts, ils vont donner l’alerte, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, évidemment. Mais la panique qui va se créer va nous aider à nous
+
+
enfuir.<br
class="newline" />— Si on a le temps, tu crois qu’on peut libérer les autres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Éventuellement, on verra. Ça te va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
-
-
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
l’oreille.<br
class="newline" />— Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...<br
class="newline" />Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin
+
+
de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours
est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant.
Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
-
-
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
<!--l. 96--><p class="noindent" >— Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les quatre chefs bondirent sur leurs pieds, et ramassant des armes, sortirent
rapidement en lui adressant un signe de reconnaissance.
+
+
<!--l. 99--><p class="indent" > Dehors, il n’eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout
avec l’agitation qui démarrait. Les quatre combattants se retrouvèrent nez à
nez avec d’autres guerriers, et se défendirent farouchement. Dans la cohue, il
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
-
-
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
retenaient plusieurs personnes à la fois, et étaient peu difficiles à crocheter,
ainsi la tâche allait très vite. Les premiers hommes et femmes libérés
saisirent leur chaînes, les enroulèrent dans leurs poings et se ruèrent vers
+
+
l’entrée de l’enclos en hurlant de rage. Il ne voyait pas ce qui s’y passait,
mais à l’agitation qu’il devinait, il semblait que les deux gardes avaient été
rejoints par des renforts.
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
-
-
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
class="newline" />— Comme tu peux le constater, ça n’a pas été inutile<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Bah, on y dit aussi qu’il faut être grand et large pour être un bon
combattant. Et toi, tu es petit, tout frêle, et tu en as tué beaucoup, très
+
+
efficacement ce soir.<br
class="newline" />— Merci.
<!--l. 134--><p class="indent" > Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur
signe en souriant, et se hâta de le rejoindre. Il portait une tunique grise sans
manches et un pantalon de toile sombre tenu par une ceinture de cuir. Il
avait l’air d’un habitant tout à fait normal de la capitale, hors sa
+
+
musculature imposante.
<!--l. 154--><p class="indent" > Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait
énormément changé. Il avait profité de l’argent de la vente des bracelets
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
-
-
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
class="newline" />— C’est vrai que tu pourrais bien t’en sortir. <br
class="newline" />— J’espère en tous cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça promet d’être intéressant. Et toi, comment va
ton boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 172--><p class="indent" > Il prit un moment pour boire une gorgée de bière. Il ne savait pas
comment aborder le sujet.<br
class="newline" />— Hé bien... moi aussi, j’hésite à changer de métier.<br
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
-
-
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
oui...
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers2x.png" alt="[
+src="aventuriers3x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 5--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
-
-
d’enfant.
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
class="newline" />— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son
élève<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.<br
class="newline" />L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut
+
+
Irdann.<br
class="newline" />— Ah, excusez-moi un instant. <br
class="newline" />Le garde qui l’accompagnait le présenta.<br
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-
-
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
engagé.
<!--l. 33--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
+
+
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
vie...
-
-
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
-
-
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
class="newline" />— De toutes façons, ça ne change pas grand chose. Nous sommes désormais
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
+
+
son sourire.
<!--l. 76--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
-
-
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers3x.png" alt="[
+src="aventuriers4x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 3--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
questions sur ce qu’elle faisait dans le temple. L’inconvénient, c’est qu’on
ne la laissait pas sortir et qu’elle était surveillée tout le temps...
Ah quelle malchance elle avait eu de se retrouver prêtresse dans ce
+
+
trou perdu<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il
avait pu quitter son temple, et partir à l’aventure. Cela l’avait fait
rêver. Mais comment sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils étaient si bornés, si
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
-
-
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
combien de temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il pouvait mettre des jours, voire des semaines à
arriver... Cette attente allait être longue et insupportable, mais peut-être y
avait-il la liberté à la clé. Peut-être.
+
+
<!--l. 40--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 42--><p class="indent" > Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
class="newline" />Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.<br
class="newline" />— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout
nous raconter en détail<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 57--><p class="indent" > Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
sourire.<br
class="newline" />— Tu as une idée en tête, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Irdann.<br
à mains nues, enlevant la belle prêtresse et s’enfuyant sur son cheval
blanc<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda un instant, légèrement incrédule. Il avait le physique de
+
+
l’emploi, c’était évident, mais de là à réussir une telle tâche... Elle jeta un
œil à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr
éclata de rire.<br
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
-
-
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
class="newline" />— La grande prêtresse ne peut-elle pas l’immuniser elle-même<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après
tout, elle souhaite qu’on l’enlève, si j’ai bien compris...<br
class="newline" />— Oui, à condition qu’elle puisse coopérer activement, et de plus c’est un
+
+
risque qu’on la voit l’aider...<br
class="newline" />Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la
parole.<br
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
-
-
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
class="newline" />— Dans une forêt, oui, je peux circuler à peu près partout sans être vue.
Mais dans un temple, c’est plus compliqué...<br
class="newline" />— Ne vous inquiétez pas, je connais quelqu’un qui peut nous aider pour
+
+
ça.<br
class="newline" />— Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse
aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.<br
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
-
-
-s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
+s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
class="newline" />Uhr sourit.<br
class="newline" />— Je connais quelqu’un qui peut nous fournir ça, ne vous inquiétez
pas.
+
+
<!--l. 121--><p class="indent" > Silwë soupira.<br
class="newline" />— Qui sont ces gens dont tu nous parles qui peuvent nous aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Ou...<br
demanda la gérante.<br
class="newline" />— Oui, merci<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Tant qu’à y être, amenez-en quatre, ajouta Uhr.
+
+
<!--l. 143--><p class="indent" > Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c’était la
première fois qu’il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en
soldats –d’une tunique brune et cotte de maille–, mais ils étaient aussi
en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
-
-
faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
détailla leur plan.
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.<br
class="newline" />— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
-peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes,
-très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
+peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques artifices, très
+pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
moi.<br
class="newline" />Il sourit devant leur regard incrédule. Il était toujours vêtu de sa tunique
orange décorée, plus adaptée à une scène de spectacle qu’à une mission
raconter. Faites-moi confiance pour le moment.<br
class="newline" />Ils terminèrent leurs plats et se levèrent.<br
class="newline" />— Il se fait tard, il nous faut rentrer. On se retrouve demain pour mettre au
+
+
point les détails<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Quand partirons-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d’ici
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
-aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
-avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
-
-
-réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
-une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour
-écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
-cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire
-aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
+volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
+pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
+troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
des virtuoses de l’épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait
temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se
fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait
qu’ils n’étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir
-de Capitale, même à cheval.
+de Talecombe, même à cheval.
<!--l. 176--><p class="indent" > Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle
le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en
profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient
+
+
préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à
l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes
étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils
<!--l. 178--><p class="indent" > Il avait d’ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë.
Oh, il n’était pas le premier, c’était certain. La petite elfe, avec ses yeux
bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
-
-
Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connaissait sans l’avoir jamais vu... Se pouvait-il...
<!--l. 189--><p class="indent" > Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma
les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Le fameux
+
+
apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir...<br
class="newline" />— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura-t-elle.<br
class="newline" />Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.<br
sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n’y avait personne qui
puisse les entendre maintenant, mais d’autres prêtres et prêtresses
circulaient régulièrement autour d’eux, et la grande salle du temple
-
-
ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète.
<br
class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
temple, elle sentait son cœur battre. Il était arrivé... et non seulement il
avait une idée, mais en plus il n’était pas seul<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Qui étaient ces fameux
compagnons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 201--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 203--><p class="indent" > La silhouette sombre, quasi-invisible dans la nuit, escalada lestement le
+mur du temple. Arrivé à son sommet, elle s’arrêta pour observer la
+cour intérieure. Le bâtiment était calme, et de l’une des fenêtres, au
+rez-de-chaussée, on voyait vaciller la lueur d’une bougie. Farl observa
+silencieusement les alentours, et après avoir constaté qu’il n’y avait
+personne, désescalada le mur et s’approcha de la fenêtre.
+<!--l. 206--><p class="indent" > La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche,
+seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à
+l’intérieur.
+
+
+<!--l. 208--><p class="indent" > Elle sursauta, et retint un cri.<br
+class="newline" />— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! murmura-t-il.<br
+class="newline" />Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des
+gens de la nuit, mais elle n’eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui
+accompagnait Irdann.<br
+class="newline" />— Personne ne vous a vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, rassurez-vous.<br
+class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
+été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
+faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
+elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
+class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
+spectaculaire, et me contenter d’une évasion discrète... Mais tel que vous
+le préparez, c’est possible. Et je vais pouvoir vous aider de mon
+mieux.<br
+class="newline" />Elle rejeta ses cheveux en arrière et se leva.<br
+class="newline" />— Tout d’abord, commença-t-elle, je ne suis pas sûre qu’il soit nécessaire de
+droguer les prêtres. Dans trois jours, c’est l’anniversaire de mon
+intronisation, et le vin coulera à flots. Le soir, tout le personnel sera
+passablement ivre. Par contre, tu peux utiliser un tel statagème pour
+droguer leurs chevaux.<br
+class="newline" />— Les prêtres de Melna ont des chevaux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était pas prévu...<br
+class="newline" />— Oui, et nul doute qu’ils les enfourcheront pour partir à notre poursuite.
+Mais il est relativement simple d’introduire un produit dans leur abreuvoir.
+Tu sauras préparer ce qu’il faut<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je pense, même si je ne connais pas la quantité exacte pour un cheval...
+j’improviserai.<br
+class="newline" />— Très bien.<br
+class="newline" />Elle se mit à marcher dans la chambre, l’air décidé.<br
+class="newline" />— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe
+bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier
+visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je
+
+
+le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à
+couvrir notre fuite.<br
+class="newline" />Farl hocha la tête.<br
+class="newline" />— Trois jours, c’est peu mais c’est tout à fait envisageable. Je vous apporte
+la drogue demain, à la même heure. D’autres recommandations<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle réfléchit quelques instants.<br
+class="newline" />— Méfiez-vous de Feyne. C’est mon second, il est très intelligent et assez
+puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
+son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense... <br
+class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
+moyenne, visiblement lourd.<br
+class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
+class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
+class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit et lui fit un clin d’œil.<br
+class="newline" />— Je préférais ne pas voir arriver un héros uniquement attiré par l’appât
+du gain.
+<!--l. 237--><p class="indent" > Il lui sourit en retour, prit le sac et sortit silencieusement.
+<!--l. 239--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 241--><p class="indent" > Le grand jour était arrivé. La fête était grandiose, le temple rempli de
+chants, de louanges et de victuailles. Elle avait enchanté le public en faisant
+fleurir devant tous l’arbre qui poussait au centre de la grande salle. Le jour
+touchait à sa fin, et les rayons du soleil couchant, entrant par la porte du
+temple, donnaient une teinte orangée, presque enflammée, aux statues qui
+entouraient la pièce.
+<!--l. 243--><p class="indent" > Tout à coup, elle entendit quelques cris de surprise, venus de dehors, et
+le bruit d’un cheval lancé en plein galop. Elle se redressa, et prit le même
+air surpris que ses compagnons. Le bruit de sabots frappant le marbre
+s’approcha, jusqu’à ce qu’à la surprise et la peur générale, un cavalier
+surgisse dans la grande salle.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était
+impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé,
+
+
+vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets
+rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs
+une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une
+brindille.
+<!--l. 247--><p class="indent" > Quelques prêtres, un peu moins abasourdis que les autres, tentèrent de
+s’interposer. Il les envoya bouler d’un coup de poing ou de pommeau
+d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
+jeu...
+<!--l. 249--><p class="indent" > À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
+mine de s’évanouir dans ses bras.
+<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
+une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
+même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
+une illusion due au crépuscule, et à l’huile qu’il s’était mise sur le
+corps pour paraître plus impressionnant –huile au final bien inutile,
+car la transpiration aurait eu le même effet. La bénédiction de la
+déesse...
+<!--l. 255--><p class="indent" > Il poussa un grand cri de rage, mit la jeune femme sur son épaule,
+enfourcha sa monture, et se rua vers l’entrée de la salle. Les prêtres s’étaient
+ressaisis, plusieurs avaient empoigné une épée et certains semblaient en
+train d’invoquer des enchantements.
+<!--l. 257--><p class="indent" > Les prêtres étaient-ils vraiment ivres, ou étaient-ils si peu doués que
+cela au combat<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’enchantement de protection de la grande prêtresse
+était-il si efficace<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le sentiment d’être un héros de légende lui donnait-il
+des ailes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou peut-être un peu de tout cela à la fois<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il qu’il
+n’eut aucun mal à parer les coups d’épée et à les rendre. Il mit ainsi hors
+combat sept ou huit hommes, à coups de poings et d’épée, avant d’arriver
+en bas des escaliers.
+<!--l. 259--><p class="indent" > C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours
+sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne réfléchit pas
+plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant
+
+
+mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui
+risquaient de se mettre sur son chemin.
+<!--l. 261--><p class="indent" > Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité
+tombait sur l’entrée de la ville, un brouillard se leva, aussi soudain que
+dense.<br
+class="newline" />— Voilà. Avec ça, ils vont avoir plus de mal à nous suivre...<br
+class="newline" />Il sursauta presque. La jeune prêtresse s’était redressée, et le regardait en
+souriant.
+<!--l. 265--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
+par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
+une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
+ces opérations.
+<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
+n’avait pas la carrure du jeune barbare, il était plutôt crédible de loin. Silwë
+avait enfilé une longue robe rouge et or, que lui avait fourni auparavant la
+prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
+taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à
+enfourcher leur monture.
+<!--l. 271--><p class="indent" > Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il
+ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas
+d’herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les
+sens...
+<!--l. 273--><p class="indent" > Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin
+le grand cri de rage d’Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l’instant où la monture épuisée
+passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l’entrée du
+chemin.
+<!--l. 278--><p class="indent" > Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
+descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
+invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière
+
+
+le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des
+chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir
+de soulagement.<br
+class="newline" />— Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes blessés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Farl.<br
+class="newline" />— Quelques entailles, rien de critique.<br
+class="newline" />— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. Même un peu ivres, ils
+sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...<br
+class="newline" />C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.<br
+class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
+<!--l. 287--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 289--><p class="indent" > La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
+compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
+les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
+présentes.<br
+class="newline" />— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
+changement apparemment. Tout va bien pour le moment.<br
+class="newline" />Irdann savait qu’il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.<br
+class="newline" />— C’est étrange qu’ils n’aient pas encore essayé de nous foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je suppose qu’ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut
+pas dire qu’ils n’essaieront pas plus tard...
+<!--l. 295--><p class="indent" > Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il
+avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n’était pas très confortable
+d’être à deux sur le dos nu d’un cheval. Petit à petit, le brouillard avait
+diminué, peut-être que les prêtres l’avaient fait se dissiper en partie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou
+bien l’enchantement de la prêtresse était-il limité dans l’espace ou
+le temps... Un doute lui parvint, qu’il finit par émettre à hautre
+voix.<br
+class="newline" />— Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu’il pouvait lire de son
+visage dans l’obscurité n’était pas particulièrement rassurant.<br
+class="newline" />— J’ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les
+semer, notre monture va fatiguer rapidement.<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l’esprit.<br
+class="newline" />— Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m’avais montré
+une rivière et un pont un peu vieux...<br
+class="newline" />— Exact. Précise ton idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu penses qu’avec quelques bons coups d’épée dans les cordes et les
+vieux morceaux de bois, il s’effondrerait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien
+dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si
+bien qu’il dut presque s’accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le
+pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les
+broussailles.<br
+class="newline" />— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
+vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
+sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
+soucis.<br
+class="newline" />— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
+la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper
+dans la nuit, et s’il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux
+que toi. Ils te trouveraient trop facilement s’ils se mettaient à te
+chercher...<br
+class="newline" />Il soupira. Elle n’avait pas tort. Sauf que...<br
+class="newline" />— Même avec une longue robe rouge et or<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle marqua une pause.<br
+class="newline" />— Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.<br
+class="newline" />Il tendit le bras et saisit les rênes qu’elle lui tendit dans sa main
+gauche, tandis qu’à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu’elle lui
+tendit.<br
+class="newline" />— Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que
+je suis toujours avec toi.<br
+class="newline" />Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui
+restait.<br
+class="newline" />— Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne chance...<br
+class="newline" />— Tu en auras besoin aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 319--><p class="indent" > La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson.
+<!--l. 321--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 323--><p class="indent" > Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d’un
+cheval au galop –même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus
+très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
+couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
+heureusement.
+<!--l. 325--><p class="indent" > Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
+le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
+son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
+meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
+la mousse et du lierre.
+<!--l. 327--><p class="indent" > Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n’avait pas tout à
+fait terminé...<br
+class="newline" />— Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle.
+<!--l. 330--><p class="indent" > Elle prit une grande inspiration et plongea dans l’eau.
+<!--l. 332--><p class="indent" > Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à
+l’abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le
+pont quand les cordes usées par les coups d’épées finirent par céder. Dans
+un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont
+s’effondra.
+<!--l. 334--><p class="indent" > Un silence suivit, dans lequel elle commença à s’éloigner doucement et
+silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses
+vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les
+prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L’un des cavaliers avait
+réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son
+cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne
+faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun
+des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
+
+
+prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec
+plus ou moins de succès.<br
+class="newline" />— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>! cria l’un d’eux au
+chanceux qui les attendait de l’autre côté.<br
+class="newline" />Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d’Irdann.
+<!--l. 339--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 341--><p class="indent" > Silwë avait réussi... Il n’avait pas vraiment vu ce qui s’était passé, mais
+il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
+de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
+suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
+l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il valait
+mieux continuer à s’éloigner.
+<!--l. 343--><p class="indent" > Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
+Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
+maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
+À sa droite, s’élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais
+un vieux sentier la longeait. S’il s’éloignait encore un peu de la rivière, il
+serait enfin invisible, à l’abri...
+<!--l. 345--><p class="indent" > Alors qu’il commençait un peu à se rassurer, le bruit d’un galop tant
+redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais
+tomber<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira, se remit en selle –ou plutôt à cru– et repartit, malgré
+les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son
+poursuivant était seul. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’eut pas le temps de réfléchir à cette
+question qu’il déboucha brusquement dans une clairière à l’extrémité
+de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher
+un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore
+sur un cul-de-sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait
+falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou bien
+escalader la falaise<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit
+mied à terre, et, plus par habitude qu’autre chose, dégaina son épée.
+Combattre le prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le
+choix<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la
+prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
+
+
+figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
+tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué
+lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
+visage.
+<!--l. 348--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 350--><p class="indent" > Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes
+sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de
+faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
+même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
+Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
+ça...
+<!--l. 352--><p class="noindent" >— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace"> </span>! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+visiblement en charge.<br
+class="newline" />— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
+boîte.<br
+class="newline" />Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée.
+La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand le
+pont s’était effondrée. De plus, elle tremblait encore plus que les
+autres.<br
+class="newline" />— Alors venez m’aider à faire traverser celui-là<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vite<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 357--><p class="indent" > Se cacher était d’autant plus efficace qu’ils ne cherchaient personne en
+particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l’heure
+qu’ils n’auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour
+imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses
+bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit,
+avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé
+pour s’éloigner d’eux, mais ce n’était pas suffisant pour lui tenir
+chaud...
+<!--l. 359--><p class="noindent" >— Là bas, on dirait qu’il est de retour<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Un prêtre montrait du doigt la silhouette d’Odal, qui revenait au galop en
+leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
+celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.<br
+class="newline" />— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
+
+
+est seule, je pense qu’il y a un piège...<br
+class="newline" />Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
+n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
+quelques mots et tendit un bras vers lui.
+<!--l. 364--><p class="indent" > Un éclair bleu d’une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se
+dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour
+ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus
+de l’homme, l’éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de
+suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
+comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
+les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
+suivirent.
+<!--l. 366--><p class="noindent" >— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna un
+des prêtres à côté de Feyne.<br
+class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br
+class="newline" />— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allez, en
+route.<br
+class="newline" />— Mais nous sommes deux à n’avoir pas pu faire traverser nos montures<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Alors restez ici et soyez sur vos gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 372--><p class="indent" > Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux
+et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les
+regarda s’éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au
+point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les
+deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une
+branche voisine.<br
+class="newline" />— Il est fou, Feyne, ou quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, il a cru que c’était quelqu’un d’autre. Il a trop bu je te
+dis.<br
+class="newline" />— Parle pour toi, tu empestes le vin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Le prêtre haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fait de plus en plus
+sombre, je n’aime pas ça...<br
+class="newline" />L’autre fouilla ses poches.<br
+class="newline" />— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit
+
+
+feu.
+<!--l. 382--><p class="indent" > Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
+pont. <br
+class="newline" />— Au moins, on voit quelque chose, maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>! dit l’un des prêtres avec
+un sourire satisfait.<br
+class="newline" />Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son
+avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins
+bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l’air de
+l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
+froid.<br
+class="newline" />— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
+l’autre.<br
+class="newline" />— Tu crois qu’on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
+même pas l’avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
+S’il fallait en venir là...
+<!--l. 389--><p class="indent" > L’homme s’approcha de l’arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le
+moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle
+laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers
+son compagnon. Celui-ci s’était assis et observait les environs, peu
+rassuré.<br
+class="newline" />— Tu crains vraiment que quelqu’un n’arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-il..<br
+class="newline" />— Bah, si le barbare n’est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter
+un œil aux alentours<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de
+détection, si ça peut te rassurer...
+<!--l. 394--><p class="indent" > Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements
+marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Détectaient-ils les
+elfes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser
+précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quelle serait leur réaction s’ils tombaient sur une elfe
+trempée et peu vêtue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 396--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+
+
+<!--l. 398--><p class="indent" > Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même
+s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
+était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
+marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les
+prêtres n’avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper
+encore. Ivres, certes, mais c’est peut-être justement ça qui les avait fait
+se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les
+rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les
+broussailles...
+<!--l. 400--><p class="indent" > Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne
+pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
+et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
+Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
+elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était
+plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
+bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
+courir.
+<!--l. 402--><p class="indent" > Une lueur était apparue, au loin. Il s’approcha avec précautions. C’était
+un feu, et deux prêtres s’y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un
+peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce
+qu’il en restait. Que s’était-il passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et où étaient les autres prêtres, et ses
+compagnons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il s’approcha encore, en essayant de ne pas faire de
+bruit.
+<!--l. 404--><p class="indent" > Les prêtres n’avaient pas l’air particulièrement rassurés. L’un d’eux
+s’était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec
+précautions. En ville, c’était différent. Il n’y avait pas des branches et
+feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l’invisibilité dans une cité
+consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que
+personne n’ait envie de faire attention à lui.
+<!--l. 406--><p class="indent" > Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son
+épée de sa ceinture, paniqué.<br
+class="newline" />— Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Quoi, sursauta l’autre. Il y a quatre hommes autour de nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Farl se figea. Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment avait-il vu les yeux fermés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu’il y en a deux qui
+nous menaçent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Tu es sûr de toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence
+des chevaux.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules, hésitant.<br
+class="newline" />— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire que cet enchantement
+pouvait faire ça...
+<!--l. 415--><p class="indent" > Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
+« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En
+tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
+savoir si c’était un des siens.
+<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
+lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
+cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
+de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles
+aussi vite et précisément que possible.
+<!--l. 419--><p class="indent" > En l’espace de quelques secondes, les deux hommes s’étaient effondrés. Il
+poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
+récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
+bruit dans son dos.
+<!--l. 421--><p class="indent" > C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
+courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
+couvraient son épaule et son bras droit.
+<!--l. 423--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 425--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter
+avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
+noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé
+quelques instants, immobile, à la fixer.<br
+class="newline" />— C’est moi...<br
+class="newline" />Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+
+
+restait du pont.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui s’est passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourquoi es-tu trempée et...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
+restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
+besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
+endormis.<br
+class="newline" />— Merci, au fait.<br
+class="newline" />Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des
+bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
+de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un
+buisson.
+<!--l. 434--><p class="indent" > Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
+s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
+mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se redressa
+doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
+<!--l. 436--><p class="indent" > C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
+alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
+immédiatement.
+<!--l. 438--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 440--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
+bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.<br
+class="newline" />— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu fais là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Habillé en prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’est-ce qui s’est passé
+là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont
+pas tarder à revenir.<br
+class="newline" />Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
+<!--l. 447--><p class="indent" > Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
+Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
+soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
+une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
+mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+
+
+questions.
+<!--l. 449--><p class="indent" > Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
+robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
+avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa
+tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait
+attention...<br
+class="newline" />— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
+Silwë.<br
+class="newline" />— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...<br
+class="newline" />— Et que s’est-il passé ensuite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
+qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
+d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
+pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
+morts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
+Farl.<br
+class="newline" />— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda Uhr.<br
+class="newline" />Irdann sourit.<br
+class="newline" />— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
+tête...<br
+class="newline" />Ses compagnons sourirent à leur tour.
+<!--l. 460--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 462--><p class="indent" > Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce
+soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
+quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
+maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
+l’aller.
+<!--l. 464--><p class="indent" > Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait Uhr, le « barbare ». Sans
+son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait
+impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait
+lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre,
+
+
+qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la
+jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain
+forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre
+compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou
+d’espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu’avait subi la
+jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse,
+nota-t-elle.
+<!--l. 466--><p class="noindent" >— Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
+assez loin de Touryre, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
+Uhr hocha la tête.<br
+class="newline" />— J’espère. Qu’en pensez-vous Samantha<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
+bonne distance. Que comptez-vous faire à présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire,
+vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
+mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son
+enlèvement.<br
+class="newline" />— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
+capitale est un bon endroit pour être discret, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr sourit.<br
+class="newline" />— Je peux vous confirmer que c’est effectivement le meilleur endroit pour se
+faire oublier et commencer une nouvelle vie.
+<!--l. 476--><p class="indent" > Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit.<br
+class="newline" />— Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de
+nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et
+Silwë...
+<!--l. 479--><p class="indent" > Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que
+variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots<span class="frenchb-thinspace"> </span>; Irdann
+le fils du duc, apprenti paladin<span class="frenchb-thinspace"> </span>; Silwë, future soldat d’élite elfe, tous les
+trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl,
+enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel.
+<!--l. 481--><p class="indent" > Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait
+
+
+advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle
+n’était pas au bout de ses surprises.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers4x.png" alt="[
+src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
-
-
visage accueillant.<br
class="newline" />— Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
Mais que fait donc une dame de votre rang seule dans ce modeste
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
-
-
<!--l. 23--><p class="indent" > Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle hésitait. Attendre
quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
+
+
s’apprêta à y frapper.
<!--l. 27--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surprise, elle se retourna vivement. Elle n’avait pas entendu l’homme
class="newline" />— Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela va durer six à sept jours.<br
class="newline" />— Ça ne m’effraie pas.<br
class="newline" />— Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
-
-
éviter les attaques. Donc il n’y aura pas d’auberge ou de refuge sur le
chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate
aussi.<br
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était
-
-
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
douceur et obéissance. Alors que sur son geste –certes à la fois ambigü et
peu délicat de sa part– pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 61--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
+
+
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards
de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
<!--l. 69--><p class="indent" > Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
-
-
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
pause exprès pour elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne
class="newline" />Elle ôta ses bottes et ses chaussettes et retint un gémissement. C’était
encore pire que ce à quoi elle s’attendait.<br
class="newline" />— Allez tremper vos pieds dans le ruisseau juste là, pendant que je sors de
+
+
quoi manger.<br
class="newline" />Le ton s’était adouci. Venait-elle de passer une sorte de test<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou avait-il
pitié, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle releva les yeux et son regard croisa le sien le temps
class="newline" />— Merci, mais je vais bien, je peux rester debout, et vous aider.<br
class="newline" />Il lui sourit. Décidément, elle avait du cran, et ça lui plaisait.<br
class="newline" />— Pas la peine de me le cacher, je vois bien que vous êtes épuisée. Il n’y a
-
-
pas de mal à ça.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.<br
class="newline" />— Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais
vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en
+
+
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
traces.
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
class="newline" />— Vous ne dormez pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
+
+
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
<!--l. 108--><p class="indent" > Elle sortit la couverture, s’enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
-
-
son tour.
<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
+
+
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
<!--l. 121--><p class="indent" > Son sang se glaça soudain lorsqu’il entendit un cri. C’était sa voix. Si
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
pas.
<!--l. 131--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
+
+
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
bras vers elle, elle donna un grand coup dans son dos, de toutes ses
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je connais un endroit où on est sûrs de passer une nuit en sécurité. Nous
-
-
y sommes presque.<br
class="newline" />Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.<br
class="newline" />— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta
+
+
une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
salvatrice.<br
class="newline" />— Tout va bien. Reprends tes appuis, tranquillement. Attrape la racine, au
<!--l. 151--><p class="indent" > Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
-class="newline" />Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
+class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Dans une petite grotte cachée sur cette falaise. Fais attention, c’est un
-
-
peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit.<br
class="newline" />— Comment peux-tu en être sûr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai découverte il y a quelques années, je l’utilise parfois pour stocker
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune
-
-
marque de blessure.
<!--l. 174--><p class="indent" > Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
un cas isolé, mais dans le doute...<br
class="newline" />— Tu emmènes souvent des gens dans cette cachette<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non. Tu es la première.
+
+
<!--l. 182--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 184--><p class="indent" > Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite,
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme.
-
-
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
Brigands ou voyageurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes
façons.
sinon...<br
class="newline" />— Compris<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
+
+
prévoyait de lui faire subir s’il avait le malheur de laisser traîner une main
au mauvais endroit. De plus, son ton presque menaçant lui donnait
l’impression qu’elle allait mieux. Et pour être honnête avec lui-même, sans
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 208--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
-
-
incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
d’abuser de la situation<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle chassa cette idée. Il n’aurait pas attendu ce
class="newline" />— Ah, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! J’en ai discuté avec la tenancière de la taverne. Elle a été ravie
d’échanger mes jolies chaussures contre une paire de bottines à elle. Même
si elle m’a répété plusieurs fois que c’était une mauvaise idée de partir avec
+
+
toi.<br
class="newline" />Il se mit à rire. <br
class="newline" />— Ça ne m’étonne pas de ma sœur ça.<br
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
ne disait rien... Peut-être qu’elle n’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira.
-
-
Au point où il en était... <br
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi
bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en
+
+
pleine lumière. Il reste les vampires, qui comme certains magiciens, ont une
vision nocturne parfaite grâce à leurs pouvoirs magiques. Ce qui n’a pas l’air
d’être ton cas.
class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.<br
class="newline" />— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
-
-
<!--l. 265--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était une question qu’il
n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait
bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du
+
+
bluff.
<!--l. 267--><p class="indent" > Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s’était endormie.
Bercé par ce rythme régulier et la chaleur de son corps à côté du sien, il ne
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
-
-
la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir...
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à
class="newline" />Elle chercha tout d’abord à ne pas le regarder, puis constata qu’il ne
semblait nullement gêné d’être torse nu devant elle. Elle remarqua alors une
marque rouge, longue d’une dizaine de centimètres, sur son épaule
+
+
gauche.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que tu as là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu t’es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il regarda son épaule.<br
class="newline" />— Ah, ça... Je me suis pris un mauvais coup, il y a dix jours. Rien de
grave.<br
-class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />
+class="newline" />— Fais voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 286--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 288--><p class="indent" > Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
-
-
l’intriguait.
<!--l. 294--><p class="indent" > Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
qu’elle ouvrit.<br
l’air de la choquer...
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers5x.png" alt="[
+src="aventuriers6x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-
-
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son
air était décidé.<br
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
-
-
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à
la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie,
+
+
en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée
correctement.
<!--l. 48--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
-
-
Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague.
Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
class="newline" />— J’ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />La jeune princesse sourit.<br
class="newline" />— En effet. Je pensais d’ailleurs emmener quelques baumes et de quoi
+
+
panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle poussa un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— Oui, tout à fait.<br
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
-
-
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
class="newline" />— J’avoue que... ces lits m’intriguent...<br
class="newline" />Elle sourit.<br
class="newline" />— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta
+
+
couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses
pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais
elles sont très bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
-
-
<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns
+
+
des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques
minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.
<!--l. 132--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
-
-
retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise,
qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la
poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu’à être au bord
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
quatrième homme qui courait vers elle. Il l’aperçut, et ouvrit la
+
+
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait
-
-
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.
-
-
<!--l. 165--><p class="indent" > Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
moment, sans rien dire.<br
class="newline" />— Ça va, Aldariel<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers6x.png" alt="[
+src="aventuriers7x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
Touryre.
-
-
<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En
même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
class="newline" />— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai
compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la
-
-
magie. L’autre était un soigneur et métamorphe.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Elle ne s’intéressait pas vraiment aux différentes
branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
+
+
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
actuellement une jupe rouge sombre, un chemisier blanc et un petit corset
noir–, mais il savait bien que derrière, elle brûlait d’envie de faire
<br
class="newline" />— Mais ça ne va pas être évident de se procurer de tels objets. Je te
rappelle que je ne suis pas chargé de l’enquête, et leurs appartements sont
+
+
sous scellés maintenant...<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y pénétrer discrètement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
vie.
<!--l. 70--><p class="indent" > Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
-
-
personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
d’idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne
ne le saurait...
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
+
+
l’intérieur.
<!--l. 74--><p class="indent" > Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement
l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la
Samantha.
<!--l. 80--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-
-
<!--l. 82--><p class="noindent" >— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle s’avança dans la petite pièce, où l’attendaient Farl et Uhr avec
impatience et inquiétude. <br
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
+
+
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
là.
dangereuse.
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions<span class="frenchb-nbsp"> </span>: sortir et
-
-
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
class="newline" />— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
mieux ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On pourrait finir par nous voir ou nous entendre...
-
-
<!--l. 138--><p class="indent" > La magicienne le regarda en fronçant les sourcils. Elle ne semblait pas
tout à fait sûre de pouvoir lui faire confiance, ce qui était compréhensible en
fait... Lui non plus, à vrai dire. Elle finit par reprendre la parole.<br
compétences.<br
class="newline" />Elle recula pour le laisser passer.<br
class="newline" />— Je vous en prie.
-
-
<!--l. 158--><p class="indent" > Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
class="newline" />— Tout à fait. Je propose de venir chez les amis qui m’ont envoyé
ici.<br
class="newline" />Elle eut un regard légèrement méfiant, puis finit par accepter.
+
+
<!--l. 163--><p class="indent" > Ils marchaient dans la rue, faiblement éclairée par quelques lampadaires.
S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants
ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
class="newline" />— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
-
-
cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
ces objets.<br
class="newline" />La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
que Septim est vivant, contrairement à...<br
class="newline" />Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas,
leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était
+
+
terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
class="newline" />— Qu’est-ce que cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Les araknes sont des créatures aujourd’hui disparues. Des sortes
d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 208--><p class="indent" > Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
+
+
théorie.
<!--l. 210--><p class="noindent" >— Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
faire appel à un prêtre.<br
class="newline" />Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
-
-
Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
+
+
posta face à lui.<br
class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
nous n’aurions fait en une semaine.<br
avancée rapidement.<br
class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
+
+
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
<!--l. 267--><p class="indent" > Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela
class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers7x.png" alt="[
+src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
un autre.
<!--l. 9--><p class="indent" > Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
-
-
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui
apprendre quelques techniques.
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
+
+
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
<!--l. 13--><p class="noindent" ><span
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
-rassurant...<br
-class="newline" />
+rassurant...
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 25--><p class="noindent" >— Une arakne<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
la suite.<br
-class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
+class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester
ici...<br
class="newline" />— Attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
+
+
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
class="newline" />— Première étape, nettoyer ça. Après, je vais te donner quelque chose pour
Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la
place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées,
presque aussi grand qu’elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce
-
-
qui ressemblait à une pierre, qui brillait de la même façon que ses
yeux.
<!--l. 61--><p class="indent" > Une sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il ne savait pas s’il devait hurler, ou s’enfuir en
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
+
+
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
dans la direction des voix.
+
+
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 81--><p class="noindent" >— Aldariel... C’est quoi ces horreurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Avant toute chose, tu vas boire ça.<br
class="newline" />Elle sortit un petit flacon de son sac.<br
class="newline" />— Un antipoison. Il met un peu de temps à faire effet, donc bois-le de
-
-
suite.<br
class="newline" />Silwë obéit, tandis qu’elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie.
C’est alors qu’elle aperçut, dans l’obscurité, une lueur vive derrière les
dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent
coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques
pas.
-
-
<!--l. 105--><p class="indent" > Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se
rapprochant d’elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
+
+
épée à plat sur sa gorge.
<!--l. 107--><p class="indent" > C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec
curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers
lui.
-
-
<!--l. 115--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
+
+
mieux...<br
class="newline" />— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous
espionnes.<br
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
seuls quelques mots en sortirent.
-
-
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
+
+
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
hurla.<br
class="newline" />— Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.
<!--l. 148--><p class="noindent" >— D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe
-
-
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
class="newline" />C’était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle
était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle
tremblait. Son compagnon l’avait déjà attrapée par les épaules pour la
-
-
soutenir.<br
class="newline" />— Sélène, tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sans répondre, la jeune femme s’effondra dans ses bras. <br
<!--l. 182--><p class="indent" > Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
raté une seule fois sa cible, même si elle n’était pas toujours dans la
meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière...
-
-
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
+
+
était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de
dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses
class="newline" />— Nous y voici. Il n’y a plus qu’à traverser. Tu sauras nager avec
elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, qui s’était tournée vers lui. Il hocha la tête,
-même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement, et la jeune
-femme inanimée ne l’enchentait guère.<br
+même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune
+femme inanimée, ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
class="newline" />— Bien vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il s’avança à sa suite. Soudain, alors qu’elle atteignait presque la rive
opposée, l’elfe s’arrêta brusquement et se retourna vers lui, les sourcils
+
+
froncés.<br
class="newline" />— Silwë... Tu ne m’avais pas dit que les humains voyaient très mal dans
l’obscurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
l’arc.<br
class="newline" />Zach allait demander s’il n’était pas dangereux pour deux femmes seules de
faire ce long trajet. Puis il se souvint des traits de l’archère et de l’épée de
+
+
la guerrière, et se ravisa. Cette dernière reprit.<br
class="newline" />— Pour répondre à ta question initiale, nous n’étions pas en train de vous
espionner. Nous avons été attaquées par les araknes, et nous avons vu de la
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
+
+
grimace.<br
class="newline" />— Excuse-moi, mais je n’ai pas encore l’habitude de la nourriture
humaine...<br
savoir...<br
class="newline" />— Effectivement, j’ai la capacité de voir dans l’obscurité, mais j’ignore
pourquoi. Je suis un enfant trouvé sur le pas d’une porte et adopté... Sélène
+
+
pense que j’ai des antécédents elfiques.<br
class="newline" />Les deux jeunes femmes l’observèrent un moment. Puis se jetèrent un
regard entendu. Aldariel se leva et vint s’asseoir à côté de lui, une main sur
sylvains...<br
class="newline" />— J’ai déjà l’habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal
vus, d’où je viens, et déjà qu’on me traitait d’elfe quand j’étais petit, parce
-
-
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
+
+
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
oreilles pointues en moins.<br
class="newline" />— Tu penses qu’il est un... hybride<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 281--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 283--><p class="indent" > Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il
-
-
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
réchauffer.
+
+
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
important, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il semblait plutôt sincère lorsqu’il avait
qu’elles dormaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce serait bien un comportement irrationnel d’elfe noir
ça... Elle secoua la tête. C’était ridicule. Il avait grandi chez les
humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour
-
-
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
+
+
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
lorsqu’elle avait parlé de relations hybrides. Était-ce un sujet tabou,
là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou se pouvait-il que...<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les humains étaient si différents
au premier abord– avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain
nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très
loin.
-
-
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
+
+
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
choc d’apprendre qu’elle possédait des pouvoirs hors du commun<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Le danger que ces mêmes pouvoirs représentaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Finalement,
Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très
bien... peut-être même trop bien. Elle n’avait pas apprécié d’avoir été
humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d’une lame sur la
-
-
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
+
+
lui...
<!--l. 313--><p class="indent" > Quand à la « princesse »... qui ne souhaitait pas qu’on la traite en tant
que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
+
+
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
Était-il dangereux de dormir si près d’une... sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>? De toutes façons, ce
n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau,
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
+toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
plus qu’un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle
interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en
fait.
-
-
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
+
+
savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
fois la magicienne réveillée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait
imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
<!--l. 348--><p class="indent" > Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son
compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l’archère
elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s’était-il donc
-
-
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
+
+
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
rassurer peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– et lui fit signe de s’approcher.<br
class="newline" />— Laisse les autres dormir. Ils sont épuisés.<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers8x.png" alt="[
+src="aventuriers9x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
-
-
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
+
+
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
un peu de compagnie. Oh non, il était loin du cliché du chevalier
parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais
permettent de retrouver n’importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui
sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus
grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu’il chevaucha
-
-
droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
+
+
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
peut-être était-ce le moment où jamais. Et puis, une quête héroïque, digne
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d’un
point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et
-
-
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
+
+
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.
<!--l. 49--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur,
ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre
-
-
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
+
+
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher,
épuisé.
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
-
-
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
+
+
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
J’avoue, j’ai toujours acheté les plantes chez l’herboriste, sous forme d’huile
ou de plantes séchées... C’est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans
-
-
la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et encore, il faudra que je te montre certaines qu’on ne trouve pas
ici...<br
class="newline" />— Tu veux dire, dans votre forêt elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, il y a des plantes médicinales spécifiques à notre région... Ça te
+
+
plaira<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 90--><p class="indent" > Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui
frémissait et l’odeur agréable qui s’en dégageait. Il faisait beau,
pas dangereux.<br
class="newline" />Il s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.<br
class="newline" />— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
-
-
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
class="newline" />— Tu étais blessée. Il n’y avait aucun challenge.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il
+
+
avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et
comprendre son jeu, elle soupira.<br
class="newline" />— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.<br
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 147--><p class="noindent" >— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son
-
-
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
+
+
<!--l. 166--><p class="indent" > Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s’être fait
avoir si facilement, et puis, il avait raison...<br
class="newline" />— Certes.<br
class="newline" />— Bien vu.
<!--l. 175--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 177--><p class="indent" > Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
+
+
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
esquiver habilement le coup de pied qui le menaçait. Il retenta la
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
pour l’attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
que l’homme portait à sa ceinture. Il n’était pas rare de voir des
-
-
combattants en possédant deux. Silwë avait une dague en plus de son
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
longues...
+
+
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
d’Aldariel. Il tourna la tête vers Silwë, tout aussi démunie que lui. Et leurs
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
réussissait à garder son sang-froid quand il la manipulait, désormais,
-
-
mais il se demandait toujours ce qu’il ferait lorsqu’il rencontrerait
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
+
+
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
matérialiser sous ses yeux.
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 231--><p class="indent" > Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë
depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de
-
-
souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
+
+
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
surpris qu’il manqua d’en lâcher son arme. La seconde silhouette
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
-
-
eux.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous me voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
class="newline" />Le sourire qu’ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se
retourna vers elle à nouveau.<br
class="newline" />— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
-
-
vie sans aucune hésitation.
<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
plus.<br
class="newline" />— Que faisiez-vous chez mes parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les
+
+
miens, après de longues années d’absence. Mon retour devrait d’ailleurs
coïncider avec l’ouverture d’un grand tournoi de tir à l’arc que mon père
organise régulièrement. Comptiez-vous vous y rendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br
class="newline" />— ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...<br
class="newline" />L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
-
-
Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette
façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
+
+
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
que dame Sélène est en sécurité avec vous. Je suis certain d’ailleurs que le
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter.
-
-
Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
+
+
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
qu’ils y seraient fort bien traités, les deux jeunes femmes préféraient un
class="newline" />Elle le poussa brusquement du coude, il perdit l’équilibre et se rattrapa de
justesse à une branche au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— À ton avis, grand bêta, si elle ne te l’a pas dit, c’est qu’elle préférait que
+
+
tu l’ignores... non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il reposa ses pieds sur une branche près de celle de l’archère, et s’accouda
sur une autre, face à elle. Il tenta de contenir la colère qui montait
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.<br
class="newline" />— Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et
-
-
j’en passe, est trop parfait pour être vrai<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il fit une moue.<br
class="newline" />— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.<br
class="newline" />Elle eut un petit sourire et le rejoignit sur sa branche.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui t’inquiète<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’il ne soit pas ce paladin loyal, courageux,
+
+
fort aux airs de prince charmant qu’il semble être, et qu’elle soit en danger
avec lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... Est-ce que tu crains qu’il soit précisément un paladin loyal,
courageux, fort, aux airs de prince charmant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il savait bien qu’il n’aurait pas dû jouer à ce jeu-là avec une elfe
-
-
sylvaine...
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
part<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira. C’était la question qu’il souhaitait éviter justement...<br
class="newline" />— Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de
-
-
retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.<br
class="newline" />Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le
questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
-
-
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
genre.<br
class="newline" />Il désigna du doigt l’ouverture dans les arbres.<br
class="newline" />— Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le
-soir tombe.<br
-class="newline" />
+soir tombe.
<!--l. 425--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
-arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
-deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
+arrivait en courant dans leur direction. Elle se retourna vivement, deux
+autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
class="newline" />— Place-toi derrière moi.<br
class="newline" />En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde,
surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
s’en servir de toutes façons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
-
-
intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
+
+
façons...
<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
avait-elle rêvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les yeux fermés, elle sentit son bras s’approcher du sol,
leur menace principale.
<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
-
-
et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
+
+
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
<!--l. 466--><p class="indent" > Il fut si surpris qu’il trébucha, et manqua de s’étaler par terre. Mais
l’épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
-
-
pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
+
+
lentement.
<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
poussant un cri de rage, et atterrit à ses côtés. Une silhouette féminine qu’il
<!--l. 491--><p class="indent" > À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
-
-
inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de
là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
quelques difficultés. La lame d’un des brigands lui avait fait une belle
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
+
+
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
la peur.<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un paladin allant chercher une
class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
+
+
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
lui.<br
class="newline" />— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je l’ai
class="newline" />— Si c’est pour Sélène et Zach que tu t’inquiètes, rassure-toi, ils sont
quelques pas derrière toi, et ils vont très bien. <br
class="newline" />Soulagé, il laissa la jeune elfe s’occuper de son genou.
-
-
<!--l. 543--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
et votre nom.<br
class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
+
+
peut-être pas le moment de le relever.<br
class="newline" />— Et vous trois, que ferez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Zach haussa les épaules.<br
class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
-
-
ma tête d’elfe.<br
class="newline" />Devant la tête suprise du paladin, il s’expliqua.<br
class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
+
+
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
question.<br
class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une
princesse à protéger, je te rappelle.<br
class="newline" />Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.<br
class="newline" />— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame
+
+
jusqu’à la sortie de la forêt.<br
class="newline" />À son tour, elle lui lança un coup de coude.<br
class="newline" />— J’ai bien vu ta façon de la protéger.<br
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
-nom est [ToDo!], je suis le père de Zach.<br
+nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
class="newline" />L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.<br
class="newline" />— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval.
<br
class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider.
Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
-
-
puis se décida à entrer la première.
<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
notre pauvre logis vous conviendra. <br
class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
+
+
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère
et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce
que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
-
-
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
-Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
+
+
+Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des
humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
<!--l. 640--><p class="indent" > Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
-viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de
+viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
elfes. Que faites-vous dans la région<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand
tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde
-
-
du corps.<br
-class="newline" />[ToDo!] se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de
-l’autre côté. Il considéra un instant son air frêle, puis son regard se
-porta sur Aldariel, en face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une
-remarque, mais son fils lui envoya un coup de coude pour le faire
-taire.<br
+class="newline" />Yzar se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de l’autre côté. Il
+considéra un instant son air frêle, puis son regard se porta sur Aldariel, en
+face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lui
+envoya un coup de coude pour le faire taire.<br
class="newline" />— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.<br
class="newline" />Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un
+
+
respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel
respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ici, elle était coincée
avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle
fou rire.
<!--l. 653--><p class="indent" > Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
-
-
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux,
la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs
laissent faire.
<!--l. 655--><p class="indent" > Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
+
+
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait
été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses
ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il
abdiqua.
-
-
<!--l. 668--><p class="indent" > Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.<br
class="newline" />— Quand j’étais adolescent, j’avais pas mal de succès auprès des filles, c’est
vrai. Le petit air d’elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc,
class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
+
+
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
un lit, et qu’on ne voit jamais<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, je rencontre beaucoup de
gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final...
rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la
plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
-
-
<br
class="newline" />— Oh, plutôt bien. Rien de crucial n’a été touché, je suis sûre qu’il se
remettra très vite.<br
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
+
+
pensait.<br
class="newline" />— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’à
ma place, tu n’aurais pas hésité<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le
reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
-
-
il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.<br
class="newline" />Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.<br
class="newline" />— Ah. Il y a un petit problème technique. Il n’y a qu’un lit.<br
class="newline" />— Effectivement. En même temps, c’est assez logique, c’est leur
-
-
chambre...<br
class="newline" />— Tu crois qu’ils pensent qu’on...<br
class="newline" />Il haussa les épaules. Il n’avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et
class="newline" />— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
+
+
presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br
class="newline" />— Ah mais ça n’a rien à voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 727--><p class="indent" > Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien
éloquents...
<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
-
-
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on
ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
+
+
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des
choses...
class="newline" />— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils
restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.<br
class="newline" />— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
-
-
bénéficier d’un effet de surprise...<br
class="newline" />Pour quelqu’un qui n’avait connu que le confort des châteaux, elle avait une
sacré tête froide. Elle n’avait pas l’air trop choquée par tout ce qui s’était
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
+
+
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
<br
class="newline" />— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
+
+
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
bon se poser ce genre de question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait su tout cela dès le
début.
n’était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les
éclats de voix qu’elle entendait du rez-de-chaussée.
<!--l. 800--><p class="indent" > Installés autour de la grande table, en train d’avaler un petit déjeuner
-solide, se trouvaient Silwë, Irdann et [ToDo!]. Celle-ci était en train de
+solide, se trouvaient Silwë, Irdann et Beolie. Celle-ci était en train de
tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l’abreuvant de
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
-class="newline" />[ToDo!] redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
+class="newline" />Beolie redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
lui préparant une assiette.<br
class="newline" />— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...<br
class="newline" />Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
comme ça...<br
class="newline" />Silwë lui sourit.<br
class="newline" />— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées
+
+
non plus. Tenez, voici pour les provisions.<br
class="newline" />Elle lui tendit une petite pile de pièces.
<!--l. 811--><p class="indent" > C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de
-protestation de principe de la part de [ToDo!].<br
+protestation de principe de la part de Beolie.<br
class="newline" />— Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Très bien, je vous remercie. Zach n’est pas là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il dort encore
peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous allons nous mettre en route dès que possible, n’est-ce pas
Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s’empressa de compléter. —
-... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de [ToDo!], pour
-savoir à quoi s’en tenir.<br
+... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de Yzar, pour savoir
+à quoi s’en tenir.<br
class="newline" />Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire.
<!--l. 825--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 827--><p class="indent" > Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
+Des rumeurs avaient couru sur l’attaque des brigands de la veille, mais
+personne ne semblait évoquer la présence d’elfes. Par contre, certains,
+apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la
+blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions.
+Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et
+impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la
+sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les
+
+
+gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et
+c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et
+puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non
+plus.
+<!--l. 829--><p class="indent" > Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s’étaient arrêtés au
+bord d’un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes,
+elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur
+une longue distance. Mais qu’importe, ni lui ni Sélène ne semblaient
+pressés. Celle-ci était assise dans l’herbe à côté de lui, en train de boire à
+une gourde fraîchement remplie.<br
+class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...<br
+class="newline" />Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le
+regardait d’un air interrogateur.<br
+class="newline" />— Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais
+que tu ne veuilles pas me répondre, mais...<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules et referma la gourde.<br
+class="newline" />— Quelle question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.<br
+class="newline" />— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à
+personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en
+qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le
+faire.<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.<br
+class="newline" />— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé,
+dans ta chambre, caché... un livre de magie.
+<!--l. 842--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 844--><p class="indent" > Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de
+panique. Comment savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’avait-il trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
+avait-il osé fouiller dans sa chambre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’allait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+pour aller où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler
+cela à quiconque.<br
+class="newline" />Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait
+l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha
+doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage
+neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix
+basse<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Comment as-tu trouvé cet objet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de
+s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre
+d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait l’air plutôt gêné...<br
+class="newline" />— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a
+permis de te retrouver.<br
+class="newline" />Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.<br
+class="newline" />— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet
+enchantement.<br
+class="newline" />Il parut choqué.<br
+class="newline" />— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la
+déesse...<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je
+suppose que tu le sais. Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait
+déjà beaucoup trop de toutes façons...
+<!--l. 858--><p class="indent" > Il soupira.<br
+class="newline" />— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je
+devais avoir un objet auquel tu tenais...<br
+class="newline" />Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui
+lui avait permis de l’invoquer.<br
+class="newline" />— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par
+exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis
+maintenant que tu sais...<br
+class="newline" />Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une
+des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
+laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée,
+semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de
+
+
+constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien
+de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
+rien.
+<!--l. 865--><p class="indent" > Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna
+lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres
+battements de cœur...<br
+class="newline" />— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi
+en faire.<br
+class="newline" />— Y a-t-il un risque, pour moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre.
+Enfin...<br
+class="newline" />Il prit une inspiration.<br
+class="newline" />— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours
+te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à
+quel moment tu dors...<br
+class="newline" />Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son
+pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et
+effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il
+enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans
+la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.<br
+class="newline" />— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
+en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
+souhaites.
+<!--l. 874--><p class="indent" > Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement
+anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
+nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir
+les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un
+soupir.
+<!--l. 876--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 878--><p class="noindent" >— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.<br
+class="newline" />Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
+encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
-Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir
+soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.<br
+class="newline" />Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
+avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre
+trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses
+parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret.
+<br
+class="newline" />— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit.<br
+class="newline" />— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la
+capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de
+l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais
+jamais assez...<br
+class="newline" />— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la
+capitale, seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la
+demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.<br
+class="newline" />— Et quelle magie tu apprends, là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent
+venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs,
+et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage.
+<br
+class="newline" />— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
+sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai
+appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que
+cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
+combat...<br
+class="newline" />Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.<br
+class="newline" />— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant.
+<!--l. 894--><p class="indent" > Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir.
+Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur
+son épaule.<br
+class="newline" />— Attends. Montre-moi ton genou.<br
+class="newline" />Il hésita.<br
+class="newline" />— Tu veux... le soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’est-ce pas risqué ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si
+le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi.
+<!--l. 900--><p class="indent" > Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose
+finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il
+eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être
+était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la
+douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer,
+s’estompa pour de bon.
+<!--l. 902--><p class="indent" > Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage,
+elle sourit.<br
+class="newline" />— Essaie de marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne
+revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà
+bien.<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Merci.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers9x.png" alt="[
+src="aventuriers10x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 3--><p class="nopar" >
+<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 7--><p class="indent" > L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.<br
+class="newline" />— Où précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone,
+assez éloignée des villes et des chemins tracés.<br
+class="newline" />— Par ici.<br
+class="newline" />Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard
+droit dans le sien.<br
+class="newline" />— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients,
+mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en
+général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle
+part.<br
+class="newline" />Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa
+motivation.<br
+class="newline" />— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ragan secoua la tête.<br
+class="newline" />— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens
+à ma peau.<br
+class="newline" />Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement,
+en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua
+légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu.
+<!--l. 19--><p class="indent" > Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.<br
+class="newline" />— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme
+qu’il vous faut.<br
+class="newline" />— Voulez-vous un autre verre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.<br
+class="newline" />— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en
+forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a
+un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y
+conduire, c’est autre chose...<br
+class="newline" />— Savez-vous où je peux le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand
+il est dans le coin.
+<!--l. 27--><p class="indent" > À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon
+de s’insérer dans la conversation.<br
+class="newline" />— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si, justement. Tu l’as vu récemment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle posa les boissons sur la table.<br
+class="newline" />— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner
+quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque
+part en forêt en ce moment.<br
+class="newline" />— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Uhr.<br
+class="newline" />Le guide sourit.<br
+class="newline" />— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez
+nous emmener<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela dépend. Savez-vous vous défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le
+dossier de sa chaise. <br
+class="newline" />— Ça suffira<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard
+se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi
+une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre
+femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas peur d’être un
+peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de mauvaises
+rencontres...<br
+class="newline" />Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur
+assiette.<br
+class="newline" />— Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous.
+<!--l. 44--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 46--><p class="indent" > Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en
+terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement
+le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus
+confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De
+plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il
+pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à
+la jonglerie, sous les yeux surpris –au moins la première fois– de
+Ragan.
+<!--l. 48--><p class="noindent" >— Je n’aime pas trop ça, pour être franc.<br
+class="newline" />Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide,
+qui chevauchait devant.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qu’il y a<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je vous ai dit qu’on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne
+va pas tarder à atteindre l’orée de la forêt, et je n’ai vu aucune trace de
+lui.<br
+class="newline" />— C’est si inquiétant que cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Soit il a emprunté d’autres chemins que les habituels, ce qu’il fait plutôt
+quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose. <br
+class="newline" />Il marqua un temps d’arrêt, puis continua.<br
+class="newline" />— Il y a plus de brigands qu’avant. Il paraît que les dernières récoles ont
+été mauvaises dans la seigneurie d’Assem. Cela plus cette histoire de
+tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à
+voyager... <br
+class="newline" />— C’est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n’ont pas
+insisté.<br
+class="newline" />Ragan sourit.<br
+class="newline" />— Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n’étaient que trois, en même
+temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée
+presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec
+des couteaux sur le toit de la voiture<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils ne doivent pas voir ça tous les
+jours...<br
+class="newline" />Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à
+jouer avec.<br
+class="newline" />— Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler
+avec<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...
+<!--l. 64--><p class="indent" > Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune
+ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller »
+avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires.
+Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...<br
+class="newline" />Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il
+n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur le sujet.<br
+class="newline" />— Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oh, si tout va bien, il sera probablement en train de prendre un verre à
+la taverne du village. Ou chez ses parents, comme ça lui arrive de loger
+quand il est dans le coin.<br
+class="newline" />— Vous le connaissez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se
+
+
+connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble.
+<!--l. 72--><p class="indent" > Farl n’osa pas demander « Et si tout ne va pas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ». Après tout,
+était-ce la peine de s’inquiéter<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fallait juste espérer que cet homme soit
+à la hauteur de sa réputation et puisse les guider. Et qu’ils trouvent quelque
+chose là-bas...
+<!--l. 74--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 76--><p class="indent" > Il y avait comme toujours cinq tables rectangulaires en bois massif,
+entourées de bancs et de quelques tabourets, et la porte qui menait à la
+cuisine avait encore la trace de brûlure qu’il avait toujours connu. La
+lumière –à cette heure, essentiellement fournie par la grande cheminée sur le
+côté et les plusieurs lampes suspendues sur les murs– et les odeurs n’avaient
+pas changé non plus. Comme si rien ne s’était passé, et rien ne se passait
+jamais à l’auberge du Renard Vif.
+<!--l. 78--><p class="indent" > Depuis qu’il avait laissé partir Sélène, le paladin et les deux elfes, il
+avait erré dans le village sans trop savoir quoi faire. Le contraste entre
+l’extraordinaire qu’il avait vécu dans les derniers jours et la routine paisible
+qui régnait ici était tel qu’il se demandait presque s’il n’avait pas rêvé toute
+cette aventure.
+<!--l. 80--><p class="indent" > Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire.
+Le brave homme le connaissait depuis qu’il était un petit garçon,
+et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n’avait pas
+changé.<br
+class="newline" />— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça fait un moment<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Viens te joindre à nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l’une des tables.
+Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en
+soldats. Ils lui expliquèrent qu’ils formaient la garde rapprochée d’un riche
+seigneur, et qu’ils avaient engagé un guide pour faire lui faire traverser la
+forêt avec sa suite.<br
+class="newline" />— Encore quelqu’un qui se rend au tournoi du duc De Vane<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda
+Zach.<br
+class="newline" />— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il
+vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations,
+expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je
+
+
+pense...<br
+class="newline" />— Bah, c’est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion
+de voir du pays, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit son collègue.<br
+class="newline" />— Si tant est qu’on n’y reste pas...<br
+class="newline" />Le soldat montra alors son bras en écharpe.<br
+class="newline" />— Oh. Vous avez été attaqués<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide et les deux soldats hochèrent la tête. Ils racontèrent alors un
+affrontement particulièrement violent avec des bandits au milieu de la
+forêt.<br
+class="newline" />— J’ai bien cru que j’allais y rester, ajouta le soldat. Je me suis retrouvé à
+un moment donné face à trois de ces hommes, et...<br
+class="newline" />— Laisse tomber, c’est pas crédible, ton histoire, tu nous l’a déjà racontée,
+interrompit son ami.<br
+class="newline" />Le soldat blessé haussa les épaules et reprit tout de même, en abaissant la
+voix légèrement.<br
+class="newline" />— Personne ne me croit, évidemment. Mais j’ai vu certains de mes ennemis
+tomber au sol, morts.<br
+class="newline" />— C’était peut-être juste tes compagnons qui sont venus t’aider, que tu n’as
+pas vus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? suggéra Zach.<br
+class="newline" />— Aucun d’entre nous n’avait d’arc.<br
+class="newline" />Il sortit de sa poche une flèche brisée qu’il posa sur la table.<br
+class="newline" />— Et je suis sûr que notre maître n’a pas des flèches taillées comme
+ça.<br
+class="newline" />Zach fronça les sourcils et observa la pointe. Elle était fine et acérée... il
+n’était pas spécialiste en archerie mais il lui semblait bien que les pointes de
+flèche standard étaient moins travaillées. Du moins les flèches standard
+humaines... Cela pouvait-il être une flèche d’elfe sylvain<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était
+possible. Il regretta de ne pas avoir observé de plus près les armes
+d’Aldariel.
+<!--l. 100--><p class="noindent" >— Et toi, Zach, qu’est-ce que tu as fait pendant ce temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il releva la tête brusquement, sortant de sa rêverie. Les soldats avaient
+rangé la mystérieuse flèche et s’était reportés sur leur assiette et leur
+verre.<br
+class="newline" />— Ah, moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène...
+
+
+Enfin si, rien de l’en empêchait, mais il y avait toute une partie qu’il ne
+pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même
+on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des
+ennuis aux deux jeunes femmes. Et tout ce qui s’était passé ensuite... Il
+haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Une traversée sans histoire.
+<!--l. 106--><p class="indent" > Personne n’insista. Après tout, chacun était libre de raconter ce qu’il
+voulait. Il suivit distraitement la suite de la conversation. Il y avait les
+interrogations sur le fameux tournoi, et qui y viendrait. Il y avait des
+nouvelles de la dernière née de Dacus, qui allait avoir deux ans la semaine
+prochaine. Il y avait l’incendie qui s’était déclaré il y a un mois dans la
+grange d’un des paysans, et que personne n’expliquait. Il y avait
+la cuisine de la taverne, qui était décidément très bonne ce soir,
+ou alors c’était parce que la nouvelle serveuse était jolie. Aidé par
+le bon repas et le vin, il se laissa bercer par ces histoires, comme
+si elles le ramenaient sur terre après une excursion dans une vie
+différente.
+<!--l. 108--><p class="indent" > Puis, la porte sur l’extérieur s’ouvrit, et parmi les deux silhouettes qui
+entrèrent, Zach reconnut immédiatement la première.<br
+class="newline" />— Ragan, quelle bonne surprise<span class="frenchb-thinspace"> </span>! s’exclama son voisin de droite.
+<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 113--><p class="indent" > Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre.
+Le gérant de la taverne leur avait dit qu’il n’avait plus d’autre chambre de
+libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers
+s’étalaient autour d’eux.<br
+class="newline" />— Qu’as-tu tiré d’intéressant sur les... créatures qu’on cherche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui
+demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Au final peu de choses très précises. Les documents qu’on m’a donnés
+sont très vieux, ce sont des récits de voyageurs, ou des traductions
+imparfaites de natifs de la région, et il est difficile de faire la part entre
+ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de
+l’imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son
+contraire<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Heureusement qu’il y a les croquis et notes de Mortag, même si
+
+
+ce n’est pas complet.<br
+class="newline" />— D’où venaient-elles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l’abri de
+la lumière vive et de l’humidité. C’est un des points sur lequel les différents
+témoignages semblent se recouper, et qui est bon à savoir. On ne sait pas
+trop quand et comment elles ont disparu. Ici ils parlent d’une aide divine,
+invoquée par des humains locaux, pour s’en débarrasser. Là d’une traque
+intensive et sans fin pour les éliminer toutes. Dans celui-ci, les elfes noirs les
+auraient domestiqués pour chasser les humains de la région, alors que dans
+celui-là, ils les combattaient. Je ne suis pas sûr qu’on puisse se fier à
+grand-chose... — Je ne savais pas que les elfes noirs vivaient ici aussi à
+l’époque.<br
+class="newline" />— Moi non plus. À vrai dire, il faut reconnaître que nous ne savons pas
+grand chose d’eux. Cela ne fait qu’à peine un siècle qu’elfes et humains se
+parlent, et encore. D’accord, nous avons croisé un ou deux elfes noirs à la
+capitale, mais ce n’était peut-être pas bienvenu de l’aborder et lui
+demander les archives détaillées de sa nation... Même Silwë, rappelle-toi.
+Elle nous parlait de temps en temps de petits détails personnels de
+la vie des elfes, mais n’a jamais dit grand chose de l’histoire des
+sylvains.
+<!--l. 121--><p class="indent" > Samantha hocha la tête. Uhr reprit.<br
+class="newline" />— Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu’elles ont une
+morsure extrêmement venimeuse. Le venin tue lentement –du moins dans le
+cas d’un gros animal ou d’un humain–, aussi il semble qu’elles ne
+s’acharnent pas sur une proie après l’avoir mordue, mais attendent
+patiemment pour la ramener dans leur « antre ».<br
+class="newline" />— Charmant programme.<br
+class="newline" />— D’un point de vue très pragmatique, cela veut dire qu’il suffit d’avoir le
+bon antidote. Farl a sélectionné plusieurs antipoisons quasi universels, et si
+j’en crois certains de ces textes, ils devraient fonctionner.<br
+class="newline" />— Si tout va bien.
+<!--l. 127--><p class="indent" > Uhr ne répondit pas. Il se contenta de désigner la pile de feuilles qu’il y
+avait sur les genoux de Sam.<br
+class="newline" />— Et toi, qu’as-tu trouvé d’intéressant dans ces dossiers<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle
+
+
+avait résumé ses notes.<br
+class="newline" />— Comme tu le sais, c’est un dossier avec des informations sur tout un
+nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag
+ou Septim. Et ça en fait des noms...<br
+class="newline" />— C’est le capitaine Mazrok qui t’a donné ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il a obtenu ça d’après ses
+dossiers de la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai des doutes. Je pense qu’il est allé demandé au recteur de l’université
+de magie. Il s’agit essentiellement de données administratives<span class="frenchb-nbsp"> </span>: nom,
+adresse, origine, domaine de compétence, ... Mais il y a sur certaines fiches
+quelques informations rajoutées à la hâte, d’une autre écriture<span class="frenchb-nbsp"> </span>: il a
+peut-être cru bon de rajouter certains points intéressants. Pour nous aider,
+peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pourquoi cet excès de zèle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Peut-être qu’il se méfie de certains mages. Peut-être qu’il veut se faire
+bien voir du capitaine Mazrok. Peut-être qu’il a une autre raison, je n’en
+sais rien. On ne va pas se plaindre.<br
+class="newline" />— Et qu’as-tu tiré de tout cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira et regarda son carnet.<br
+class="newline" />— Septim est originaire de la région. Du comté de ToDo, qui n’est pas
+très loin d’ailleurs. Fils de tailleur, il est parti à l’adolescence à la
+capitale pour finir son apprentissage... Et a découvert une autre
+voie.<br
+class="newline" />— Original, un mage puissant venu d’un pays où on craint la magie...<br
+class="newline" />— Il n’est pas le seul. J’en ai noté quatre autres comme ça. Il y a
+la fameuse Zanakielle, notamment. Ainsi que trois autres mages<span class="frenchb-nbsp"> </span>:
+Plimel, Tenedrinn et Sélène. La dernière de la liste est intéressante
+aussi.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qu’elle a de particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Déjà, son domaine de magie –le soin– est proche de celui de Septim.
+D’après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et
+il y a un détail cocasse, que j’ai noté au cas où<span class="frenchb-nbsp"> </span>: Sélène est la fille aînée du
+seigneur Assem.<br
+class="newline" />Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.<br
+class="newline" />— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est
+
+
+qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant
+l’« incident ».<br
+class="newline" />— Pour où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je
+n’avais pas eu l’idée de bavarder avec la femme du propriétaire de
+l’auberge.<br
+class="newline" />— Comment pourrait-elle savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demada Uhr, de plus en plus
+incrédule.<br
+class="newline" />Samantha sourit.<br
+class="newline" />— Parce qu’on l’a vue, pas plus tard que ce matin. Accompagnée d’un jeune
+et mystérieux chevalier qui serait aller la secourir alors qu’elle était
+prisonnière de brigands dans la forêt.<br
+class="newline" />Il haussa les sourcils.<br
+class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu n’as qu’à poser la question, tout le village en parle visiblement. Je
+pense qu’on peut être sûr que cette jeune magicienne est dans le
+coin.
+<!--l. 159--><p class="indent" > Uhr se leva.<br
+class="newline" />— Intéressant. Je ne sais pas si cela peut avoir un rapport avec notre
+histoire, mais... J’entends du bruit en bas, la salle à manger doit être
+pleine. D’après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le
+fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j’ai
+faim.
+<!--l. 163--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 166--><p class="indent" > Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu’il y avait pas mal
+d’animation dans la petite salle. À une grande table près de la cheminée
+étaient attablés une petite dizaine d’hommes, à la conversation animée et
+joyeuse.<br
+class="newline" />— Allez, Farl, montre-nous.<br
+class="newline" />C’était la voix de Ragan, au milieu des rires. Le jeune homme se leva de sa
+chaise, en souriant, prit trois couverts en bois et se mit à jongler avec, sous
+les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas
+une occasion de se donner en spectacle, même –et surtout– improvisé. Ce
+soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui
+
+
+venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand
+sourire.
+<!--l. 170--><p class="indent" > Il jeta un œil à Samantha, qui semblait avoir suivi son regard.<br
+class="newline" />— Bah, laissons-le s’amuser. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver de grave
+après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ils s’assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors
+qu’ils se demandaient comment ils allaient bien aborder le fameux guide, un
+homme s’approcha de la table.
+<!--l. 174--><p class="noindent" >— Je suis Zach. J’ai cru comprendre que vous me cherchiez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 176--><p class="indent" > L’homme était vêtu de façon semblable à ses compagnons. Pantalon de
+toile et bottes de cuir solide, tunique de lin grise, usée et délavée de façon
+non-uniforme, comme s’il portait régulièrement un autre vêtement sur son
+torse. Il remarqua aussi l’usure caractéristique sur le côté gauche de sa
+ceinture, celle que forme, avec le temps, un fourreau d’épée qui y pend
+régulièrement. Pourtant, sa carrure état moins imposante que celle
+Ragan et il paraissait nettement plus jeune. Sa réputation était-elle
+surfaite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 178--><p class="noindent" >— Effectivement. Asseyez-vous en face. Mon nom est Uhr, voici ma femme
+Samantha. Nous cherchons quelqu’un pour nous emmener dans certaines
+régions peu connues de la forêt de Sossirant. Il semble que vous soyiez le
+seul à pouvoir le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Zach s’assit en souriant.<br
+class="newline" />— Sans vouloir me vanter, il me semble que si je ne peux pas vous y
+conduire, alors aucun humain ne le peut. Par quel moyen<span class="frenchb-thinspace"> </span>? À pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 182--><p class="indent" > Au fur et à mesure que la conversation s’engageait sur des détails
+pratiques –prix, moyen de transoprt, matériel–, Uhr commençait à
+avoir confiance. Il savait de quoi il parlait. Et après tout, ce ne sont
+ni l’âge ni les gros bras qui font un bon guide. Il sembla un peu
+hésitant quand à la venue potentielle de Samantha, mais un regard
+foudroyant de celle-ci le convaincut rapidement. Lui même avait
+vaguement essayé de la dissuader de venir jusque dans la forêt –elle
+pourrait rester dans la ville et apprendre des choses–, mais vaguement
+seulement. Il savait bien que lorsqu’elle avait décidé de faire quelque
+chose, la déesse elle-même ne l’arrêterait pas. Alors quelqu’un comme
+
+
+Zach...
+<!--l. 184--><p class="indent" > Il craignait un peu qu’il ne leur pose un peu trop de questions sur le but
+de leur voyage –s’il prévoyait de lui en parler une fois la ville quittée, il ne
+voulait pas détailler tout de suite–, mais s’il fronça légèrement les sourcils à
+leur explication vague de recherche de ruines d’anciennes civilisations, il s’en
+contenta.
+<!--l. 186--><p class="indent" > Lorsqu’Uhr pointa, sur la vieille carte du guide, les zones qu’il comptait
+explorer, celui-ci commença par hocher la tête, puis se figea l’espace d’un
+instant.<br
+class="newline" />— Par contre, je n’emmène personne ici.<br
+class="newline" />Uhr et Samantha le regardèrent, surpris, puis leur regard se porta à
+nouveau sur la carte, sur la zone qu’Uhr pointait. Elle n’était pourtant pas
+si éloignée que cela de la ville, même si elle semblait très peu fréquentée au
+vu de l’absence de chemin qui la parcourait.<br
+class="newline" />— Ailleurs si vous voulez, même là, ajouta-t-il en pointant une zone bien
+plus éloignée. <br
+class="newline" />Le visage de Zach s’était fermé, et était devenu indéchiffrable. Il
+reprit, alors que Samantha ouvrait la bouche pour lui demander
+pourquoi.<br
+class="newline" />— Les autres guides ne vous emmèneraient pas parce qu’ils ne connaissent
+pas cette région. Je ne vous y emmène pas parce justement je la connais. Et
+je tiens à ma peau et je suppose que vous aussi.<br
+class="newline" />Il se leva brusquement.<br
+class="newline" />— Attendez. Et si nous y allions avec une meilleur escorte, peut-être
+que...<br
+class="newline" />— Si vous me trouvez une armée, peut-être, coupa-t-il.<br
+class="newline" />Il se dirigea vers le comptoir et fit un geste au tenancier, sans dire un mot.
+Uhr et Samantha se regardèrent, surpris.
+<!--l. 197--><p class="noindent" >— Hé, Zach, tu ne vas pas nous quitter comme ça quand même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix d’un de ses compagnons de table, qui l’appelait d’un
+air enjoué. Le jeune homme sembla hésiter, puis se retourna vers
+lui.<br
+class="newline" />— Le p’tit gars a encore des trucs à nous montrer, je suis sûr que ça va te
+plaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il pointa du doigt l’autre côté de la table, où Farl faisait tenir un large
+couteau en équilibre sur son nez, sous le regard amusé des autres convives.
+Zach sembla hésiter, regarda le jeune ménestrel quelques instants, puis
+sourit en s’approchant de la table.<br
+class="newline" />— Je peux essayer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 203--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 205--><p class="indent" > Ils restèrent silencieux quelques instants, regardant le jeune homme
+quitter la table. <br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui lui a pris<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Uhr.<br
+class="newline" />— Je ne sais pas. Il s’est vraiment braqué d’un coup... Tu crois qu’il
+faudrait le rappeler, essayer de lui parler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On peut. Mais j’ai l’impression qu’on a peu de chances. Et sans lui,
+impossible de mener à bien notre mission. Mmmh...<br
+class="newline" />Il s’interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, Samantha tourna son
+regard vers l’autre table. Le jeune guide avait rejoint ses compagnons, parmi
+lesquels se trouvait Farl...
+<!--l. 211--><p class="indent" > Zach s’était pris au jeu. Il avait récupéré le long couteau et lui aussi le
+faisait tenir en équilibre sur son nez. Il se débrouillait plutôt bien, et à en
+voir la réaction de la petite foule, ce n’était pas la première fois
+qu’il jouait à ce genre de jeu. Et ce soir-là, il avait un concurrent
+sérieux...
+<!--l. 213--><p class="indent" > Farl lui jeta un œil interrogateur. Elle haussa les épaules en faisant
+la moue. Une fraction de seconde plus tard il s’était de nouveau
+tourné vers son nouveau compagnon pour lui proposer un nouveau
+défi.
+<!--l. 215--><p class="noindent" >— La zone dans laquelle il refuse d’aller se recoupe en partie avec celle
+qu’on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et
+peut-être que d’ici là... commença Uhr <br
+class="newline" />Samantha l’interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. —
+Pour le moment, je serais d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti
+que nous pour lui parler...<br
+class="newline" />Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les
+rires allaient bon train. Il sourit à son tour.<br
+class="newline" />— Tu as peut-être raison. Attendons demain.
+<!--l. 221--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 223--><p class="indent" > Il secoua la tête tout en foulant l’herbe humide de rosée, comme si cela
+lui permettait de chasser ces pensées qui se bousculaient. Il n’aurait
+peut-être pas dû... Il y avait un certain nombre de choses qu’il n’aurait pas
+dû faire hier soir.
+<!--l. 225--><p class="indent" > Boire, pour commencer. Ou tout du moins pas autant. Mais lorsqu’il y
+pensait, ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, et il
+avait beau tenter de se persuader du contraire, une petite voix lui disait que
+ça ne serait pas la dernière. Au moins cette pensée-là était habituelle, elle
+en était presque rassurante au fond.
+<!--l. 227--><p class="indent" > Il n’aurait pas dû refuser tout net ce que proposait Uhr. Surtout qu’il
+semblait être le genre de gars à être prêt à payer cher sans poser trop de
+questions pour aller là où il voulait. Et après tout, s’il avait refusé, c’était
+justement pour éviter les questions... Elles auraient mené trop loin, si on ne
+le prenait pas pour un fou. Sélène, Irdann, les deux elfes, les araknes, leur
+morsure, Sélène...
+<!--l. 229--><p class="indent" > Pourtant la soirée s’était passé plutôt bien ensuite. Il avait fait
+connaissance avec ce jeune homme, un ménestrel apparemment, qui avait
+voyagé avec Uhr et sa femme. Un jongleur, qui avait épaté la galerie avec
+divers tours d’adresse avec tous les objets qui lui étaient passés sous la
+main. Il s’était joint au public. Il n’aurait pas dû. Il savait bien qu’il aurait
+à un moment donné envie d’essayer, lui-même étant amateur de ce genre de
+jeu. Il n’était d’ailleurs pas mauvais, mais face à un vrai jongleur, il savait
+bien qu’il n’avait aucune chance. Qui avait suggéré l’idée de le défier sur un
+terrain qui était plus le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce Dacus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était plus sûr. Ça
+aurait bien pu être le ménestrel. Ou bien lui-même, pour ce qu’il se
+souvenait de la fin de la soirée. S’il avait été sobre et s’il n’y avait
+pas eu ses compagnons autour de lui, il n’aurait jamais accepté,
+évidemment.
+<!--l. 231--><p class="indent" > Il marchait depuis presque une heure, et au fur et à mesure que l’air frais
+lui éclaircissait l’esprit, il hésitait. Était-ce une bonne idée, d’aller quand
+même à ce rendez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, il ne connaissait même pas ce jeune
+
+
+homme. Et puis il avait mieux à faire que d’aller relever des défis
+idiots.
+<!--l. 233--><p class="indent" > Il soupira. En fait il n’avait pas vraiment mieux à faire, puisqu’il avait
+refusé le « boulot » d’Uhr. Et puis, il aimait relever des défis, même idiots.
+Mais quand même...
+<!--l. 235--><p class="noindent" >— Héé Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il tourna la tête. C’était Ragan qui le rattrapait au pas de course. Un grand
+sourire barrait son visage.<br
+class="newline" />— Ha, je savais bien que tu n’allais pas te débiner au dernier moment.<br
+class="newline" />L’enthousiasme de son compagnon chassa vite ses interrogations, et il lui
+sourit en retour.<br
+class="newline" />— Et l’autre, tu crois qu’il va se dégonfler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça m’étonnerait.<br
+class="newline" />— Ah, c’est vrai que tu as fait le trajet avec lui, j’avais oublié. Tu le connais
+plutôt bien alors...<br
+class="newline" />— Oui. C’est un p’tit gars un peu étrange parfois, mais au fond, il n’est pas
+bien méchant.<br
+class="newline" />Il hocha la tête et reporta son regard au loin. Ils étaient tout proches de
+leur destination.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Le lac du Croissant était un endroit magnifique. Il était passé à
+plusieurs reprises à côté de ce point d’eau qui devait son nom à la large
+falaise qui le bordait sur la moitié de sa circonférence. Si on pouvait voir
+quelques grands arbres aux alentours, seuls quelques buissons secs
+poussaient au sommet de la barre rocheuse, la faisant apparaître d’autant
+plus pâle. Bien qu’à une petite heure de marche du prochain village,
+l’endroit était pourtant peu fréquenté. Divers mythes parlaient d’une
+malédiction, mais Zach, pragmatique, croyait plus volontiers que l’endroit
+présentait en réalité peu d’intérêt<span class="frenchb-nbsp"> </span>: le lieu n’était pas vraiment sur des
+routes fréquentées, la terre était pauvre, il y avait peu d’animaux à y
+chasser et les alentours regorgeaient de nombreux autres points d’eau plus
+fournis en poissons. Son seul intérêt était probablement sa beauté, mais
+bien peu de gens pouvaient –ou souhaitaient– prendre le temps de
+l’apprécier.
+
+
+<!--l. 247--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 249--><p class="indent" > Lorsqu’il aperçut la silhouette de Zach au loin, il laissa un léger sourire
+se marquer sur ses lèvres. <br
+class="newline" />— Tu pensais qu’il ne viendrait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il tourna la tête vers Dacus, un autre ami de Zach, qui était arrivé en
+même temps que lui. Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Je dois t’avouer que j’ai eu quelques doutes...<br
+class="newline" />— Bah, Zach rate rarement un défi. Quoique, quand il pense vraiment qu’il
+va rater... Mais il est là en tous cas.
+<!--l. 255--><p class="indent" > Il était là. Un peu nerveux, visiblement, mais lui-même l’était aussi
+finalement. Il était venu sans son épée –un fourreau vide à sa ceinture
+l’attestait–, mais il lui semblait deviner le manche d’un couteau qui
+dépassait de sa botte droite. En dehors de cela, il était venu les mains vides.
+C’était plutôt bon signe.
+<!--l. 257--><p class="noindent" >— Nous y voilà. Alors, qu’est-ce que tu attends de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu veux, j’ai beaucoup entendu parler de toi. Oh je ne
+comptais pas te défier sur tes compétences de guide ou de pisteur, elles
+sont suffisamment reconnues et ce n’est de toutes façons pas mon
+domaine. J’ai déjà eu l’occasion de jouer à des jeux d’adresse avec toi
+hier.<br
+class="newline" />Le jeune guide haussa les épaules. Maintenant que Farl y prêtait attention,
+Zach semblait nettement plus jeune que ses amis. Il devait avoir son âge, ou
+peut-être moins, difficile à dire.<br
+class="newline" />— Évidemment, je ne comptais pas te défier sur la jonglerie.<br
+class="newline" />Son interlocuteur laissa échapper un sourire mais ne répondit pas.<br
+class="newline" />— En fait, tes collègues m’ont dit que tu étais un excellent grimpeur. Et
+puis j’ai vu cet endroit...<br
+class="newline" />Il se tourna et désigna la barre rocheuse derrière lui. Zach suivit son geste,
+et ses yeux se mirent à briller alors que son sourire s’agrandissait.
+<br
+class="newline" />— Je dois reconnaître que cette falaise m’a déjà tenté. Mais je n’ai jamais
+vraiment pris le temps...<br
+class="newline" />Farl sourit à son tour et s’approcha de la roche.<br
+class="newline" />— On part en traversée, au ras de l’eau. L’idée est de finir là haut, de
+
+
+l’autre côté, au niveau de ce petit arbre. <br
+class="newline" />Zach ne répondit pas, et continuait à fixer la falaise, observant et
+étudiant le trajet à effectuer. Ragan lui donna une tape sur l’épaule en
+souriant.<br
+class="newline" />— Ha, je savais que ça te plairait. J’aurais bien tenté, mais je n’ai pas ton
+agilité<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 270--><p class="indent" > Zach se tourna vers lui en souriant.<br
+class="newline" />— Le dernier arrivé paye un pot ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Le dernier arrivé ou le premier à l’eau.<br
+class="newline" />Les deux autres guides approuvèrent en riant.
+<!--l. 275--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 277--><p class="indent" > Le soleil montait petit à petit à l’horizon, et la pierre était très claire. Il
+aurait vite chaud. Il se défit de sa ceinture et de son armure de cuir, et
+après quelques hésitations, de sa tunique. Après tout, autant être léger, et
+puis ses amis pouvaient garder ses affaires. Puis il rejoignit Farl, qui avait
+posé son petit sac en cuir noir et s’était approché de la paroi. S’il avait
+proposé ce défi, c’est qu’il était plutôt bon grimpeur lui aussi. Mais à quel
+point<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 279--><p class="indent" > Alors qu’il passait sa main sur la roche, Dacus lui tendit une flasque
+ouverte.<br
+class="newline" />— Tu veux un coup avant d’y aller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh, merci mais je crois que j’ai un peu trop bu hier...<br
+class="newline" />Il sourit.<br
+class="newline" />— Oh, il n’y a presque pas d’alcool. Et puis,<br
+class="newline" />Il se rapprocha alors qu’il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un
+clin d’œil.<br
+class="newline" />— J’ai parié un pichet de vin avec Ragan sur toi, me déçois pas,
+hein<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 287--><p class="indent" > Zach sourit et prit finalement une petite gorgée –Dacus n’avait pas la
+même notion de « presque pas d’alcool » que lui.<br
+class="newline" />— Je vais faire de mon mieux.<br
+class="newline" />Il tendit ensuite la flasque au jeune ménestrel, qui prit une gorgée à son
+tour.<br
+class="newline" />— Bonne chance, Zach.<br
+class="newline" />— Bonne chance à toi aussi.
+<!--l. 293--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 295--><p class="indent" > Il se demandait vaguement à quel point ses amis avaient exagéré
+les compétences de Zach, mais il fut vite convaincu. Il n’allait pas
+particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était
+aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux
+atouts importants.
+<!--l. 297--><p class="indent" > Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus
+technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la
+progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter
+quelqu’un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale.
+Lorsqu’on est habitué à tenir les réglettes fines et humides formées par les
+interstices entre les pierres, les petits gratons de roche qu’il trouvait ici
+étaient presque confortables.
+<!--l. 299--><p class="indent" > Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d’avoir gardé sa
+tunique à manches longues. Sauf que s’il avait dû se mettre torse nu comme
+Zach, il aurait dû, d’une façon ou d’une autre, montrer le fourreau
+d’avant-bras qu’il portait dessous. Et on faisait mieux pour inspirer
+confiance qu’une arme d’assassin. Maintenant qu’il y pensait, il aurait dû
+simplement la laisser à l’auberge, ce n’est pas comme si il craignait
+grand-chose...
+<!--l. 301--><p class="indent" > En parlant de confiance, est-ce qu’il devait plutôt le laisser gagner ou
+pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il tourna la tête rapidement pour voir son avancement. Il était
+maintenant juste derrière lui. Leurs regards se croisèrent et ils esquissèrent
+tous deux un sourire au milieu de l’effort. Il s’en sortait très très bien. Hors
+de question de le laisser gagner.
+<!--l. 303--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 305--><p class="indent" > L’escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la
+fatigue dans ses avant-bras. Mais Farl, qui avait choisi un autre chemin, ne
+semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu’on apprenait aux
+apprentis ménestrels, mais il doutait que l’escalade en fasse partie...
+
+
+Peut-être venait-il de régions montagneuses où on apprenait à grimper
+avant d’apprendre à marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 307--><p class="indent" > Il profita d’une bonne prise pour s’essuyer le front et prendre une grande
+inspiration avant l’ascension finale. Il lui restait moins d’une dizaine de
+mètres à grimper, et il pouvait encore peut-être rattraper son concurrent.
+Et vu de près, il lui semblait bien qu’il commençait à fatiguer lui
+aussi...
+<!--l. 309--><p class="indent" > Mais pas suffisamment. Quelques mètres à peine au dessus delui, Farl se
+hissa sur le replat qu’ils avaient convenu comme lieu d’arrivée. Il se redressa,
+puis se tourna vers lui et lui tendit son bras en souriant.
+<!--l. 311--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 313--><p class="indent" > Zach sembla avoir un instant d’hésitation et une moue. Puis il saisit son
+avant-bras tendu et le rejoignit. Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Bon, d’accord, tu as gagné, lui dit-il en reprenant son souffle.<br
+class="newline" />— Merci. Tu grimpes très bien aussi.
+<!--l. 317--><p class="indent" > Ils restèrent quelques instants silencieux masser leurs avant-bras
+endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le
+lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la
+silhouette du château du seigneur et la ville qui l’entourait.
+<!--l. 319--><p class="noindent" >— Je peux te poser une question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Farl sortit de sa rêverie brusquement.<br
+class="newline" />— Euh oui.<br
+class="newline" />— Je me demandais si tu avais quelque chose au bras droit. Une blessure, ou
+une protection spécifique<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il hésita quelques instants, puis se décida à soulever sa manche. Il s’était
+déjà dit qu’il aurait dû laisser ça à l’auberge, mais maintenant...
+<!--l. 325--><p class="indent" > Zach observa en silence le fourreau de cuir qui entourait son avant-bras,
+puis Farl actionna le mécanisme pour libérer la dague, et d’un mouvement
+sec la fit glisser dans la main. Il continua de fixer la lame acérée, peinte en
+noir pour éviter les reflets.
+<!--l. 327--><p class="noindent" >— J’avais entendu parler des assassins de la capitale. Mais j’ai toujours
+pensé qu’il s’agissait d’une légende ou d’un groupe disparu.<br
+class="newline" />Il essayait de dire cela d’un ton factuel, mais la nervosité pointait dans sa
+voix –et il y avait de quoi.<br
+class="newline" />— Les rares personnes à avoir vu cette arme et à être encore en vie sont des
+amis.<br
+class="newline" />Ce n’était pas la meilleure des tirades, il devait l’admettre, mais les traits de
+son interlocuteur se détendirent un peu. Le jeune guide tourna ensuite la
+tête vers la rive où les attendaient leurs amis. Il leur fit un geste, puis se
+leva.<br
+class="newline" />— On devrait rentrer, dit-il. Par là, ajouta-t-il en pointant du doigt les
+buissons rabougris qui poussaient sur la falaise, il y a un sentier qui mène au
+pied du rocher.
+<!--l. 333--><p class="indent" > Farl remit sa manche et se mit en route à sa suite. Il hésitait à
+questionner Zach, mais ce fut lui qui prit la parole au bout de quelques
+minutes.<br
+class="newline" />— Tu travailles pour Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pas vraiment... Uhr et moi sommes amis de longue date et nous
+entraidons régulièrement. <br
+class="newline" />— Vous êtes donc tous les trois à la recherche de cette... ruine<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin ça ne
+me regarde peut-être pas...<br
+class="newline" />— C’est une histoire compliquée, je ne sais pas si j’ai le droit de te
+dire...
+<!--l. 339--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 341--><p class="indent" > Il devait admettre que l’histoire de Farl l’intriguait, mais il avait depuis
+longtemps pris la résolution de ne pas questionner trop ses clients
+–même potentiels. En général, c’était ce qu’on attendait de lui.
+Il avait la certitude que certains des voyageurs qu’il avait escortés
+n’avaient pas forcément des activités strictement légales. Surtout
+ceux qui demandaient à traverser hors des sentiers, de préférence
+discrètement, et qui payaient très bien pour ça, y compris pour son
+silence.
+<!--l. 343--><p class="indent" > Jusque là, il le savait pour avoir écouté les rumeurs de village, il ne
+s’agissait que de petite contrebande ou de petits malfrats qui fuyaient la
+région. Il saurait refuser ce genre de marché si on lui proposait quelque
+
+
+chose de vraiment louche. Il ne savait pas trop où il mettrait cette limite, et
+il devait reconnaître qu’il était plus confortable de ne pas poser trop de
+questions.
+<!--l. 345--><p class="indent" > La voix de Farl interrompit ses pensées.<br
+class="newline" />— Tiens, à propos de choses qu’on ne dit pas... Peux-tu me dire pourquoi tu
+n’as pas voulu dire précisément quels dangers nous attendent dans la
+forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules. Après tout...<br
+class="newline" />— Essentiellement, parce que personne ne m’aurait cru.<br
+class="newline" />Le ménestrel sourit.<br
+class="newline" />— Bah, dis toujours, j’aime bien les histoires extraordinaires. Au pire ça
+fera un joli conte à raconter.<br
+class="newline" />Il eut un sourire un peu amer.<br
+class="newline" />— Ça fera une histoire pour faire peur aux enfants pas sages alors...<br
+class="newline" />Il prit une inspiration.<br
+class="newline" />— Lors de ma dernière traversée, nous avons rencontré des créatures
+cauchemardesques et mortelles, des sortes d’araignées géantes, appelées
+araknes...
+<!--l. 356--><p class="indent" > Il s’interrompit, remarquant que Farl était resté quelques pas en arrière.
+Son visage s’était figé sur une expression de surprise.<br
+class="newline" />— Je sais, c’est complètement incroyable, hein...<br
+class="newline" />Farl était tout pâle.<br
+class="newline" />— Plus que tu ne crois. Enfin, moins même. <br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il le rejoignit, et posa sa main sur son épaule en hochant la tête.<br
+class="newline" />— Zach... Tu veux bien m’accompagner jusqu’à l’auberge du Renard Vif, où
+nous avons nos chambres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh oui...<br
+class="newline" />— Tu voudras bien expliquer tout ça à Uhr et Sam aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Nous n’allons
+pas le crier sur les toits, rassure-toi.<br
+class="newline" />— Euh... d’accord, mais pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le jeune ménestrel marqua une pause, semblant chercher ses mots.<br
+class="newline" />— Tu vois cette histoire plus ou moins crédible de ruine antique que
+recherche Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— Ce qu’il cherche est bien chose d’« antique », qui est censé avoir disparu
+depuis des siècles... mais ce n’est pas un tas de cailloux.
+<!--l. 371--><p class="indent" > Zach se tut quelques instants, le temps de comprendre.<br
+class="newline" />— Oh.
+<!--l. 374--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 376--><p class="indent" > Uhr déplia la carte sur le lit de la chambre de l’auberge, qui était
+décidement trop petite pour quatre personnes.<br
+class="newline" />— Si je résume bien, toi et ta cliente avez fait ce trajet, passant par là, et
+là, dit-il en dessinant une trajectoire au crayon sur le papier. Et vous avez
+croisé des araknes où déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ici, précisa Zach, en pointant la carte. Nous avons ensuite traversé la
+rivière là, ce qui nous a mis à l’abri de ces créatures.<br
+class="newline" />Uhr hocha la tête et se tourna vers elle.<br
+class="newline" />— On est d’accord qu’elles ne peuvent pas traverser de rivière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle secoua la tête en relisant les quelques notes qu’ils avaient.<br
+class="newline" />— En principe non. Sauf s’il y a un pont dans le coin, peut-être.<br
+class="newline" />— C’est trop reculé pour que des hommes soient venus construire des ponts,
+à ma connaissance. Il y a quelques gués, au mieux.<br
+class="newline" />— La zone clé est donc située entre cette rivière et son affluent, ce n’est pas
+si grand comme région. C’est une très bonne nouvelle. ajouta Uhr en
+souriant.<br
+class="newline" />— Tu trouves<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— On nous a demandé d’enquêter sur la présence possible de ces bestioles
+dans la forêt, pas forcément d’y aller et de leur serrer la pince. Le
+témoignage de Zach est déjà très riche<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 388--><p class="indent" > À condition qu’il dise bien la vérité, pensa-t-elle. Elle voulait en parler
+discrètement à Uhr et Farl, mais elle était sûre qu’il mentait. C’était
+absurde, pourtant, qu’il invente une histoire pareille. Et pourtant, la façon
+dont il en parlait, ses gestes parasites, tout son corps exprimait qu’il
+mentait. Ou alors il ne disait pas tout, peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cette hypothèse était un
+peu plus crédible. Il faudrait trouver le moyen de le questionner, mais
+peut-être un peu plus subtilement que directement...
+<!--l. 390--><p class="noindent" >— Il est évident que je vais essayer d’envoyer un rapport écrit. Mais
+
+
+réfléchissez, si nous rentrons maintenant avec ces informations, reprit Uhr,
+c’est sûr que... celui qui nous envoie sera plutôt satisfait...<br
+class="newline" />Il jeta un œil à Zach. Évidemment, il ne pouvait pas tout dire devant
+lui.<br
+class="newline" />— ... Et que va-t-il faire à votre avis<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Envoyer quelques hommes pour
+enquêter... Et comme il souhaite –a priori– que ce soit dans la discrétion, il
+va éviter de mettre trop de monde au courant. Je vous laisse donc deviner
+qui va devoir y aller.<br
+class="newline" />— Oui, mais nous pourrions avoir des renforts, ou de l’équipement
+adapté, ajouta Farl, plongé jusque-là dans l’inspection de son sac à
+dos.<br
+class="newline" />— Quel meilleur équipement pourrions-nous avoir qu’on ne pourrait pas
+trouver ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit Samantha. Et en plus, les informations de Zach sont
+plus utiles que la plupart des livres qu’on pourrait trouver à la capitale... Et
+nous serions quatre. <br
+class="newline" />Elle tourna la tête vers Zach.<br
+class="newline" />— Enfin, si tu acceptes de nous emmener là-bas.
+<!--l. 398--><p class="indent" > Tous tournèrent la tête vers le jeune guide, qui ne semblait pas très
+emballé par l’idée.<br
+class="newline" />— Cela reste dangereux... Même si avec des équipiers avertis ce n’est
+peut-être pas complètement suicidaire...<br
+class="newline" />— Bien sûr, nous serons prudents, ajouta Uhr. Nous n’allons pas nous jeter
+dans le nid de ces bestioles, nous voulons juste des informations plus
+précises sur leur apparition, ou plutôt leur réapparition dans nos
+contrées.<br
+class="newline" />— Certes...<br
+class="newline" />— Par contre, tu ne seras pas surpris si, quelle que soit ta décision, je
+te décourage très fortement de parler de cette histoire autour de
+toi.<br
+class="newline" />— Tu m’as suffisamment payé pour cela, je crois.<br
+class="newline" />— Ça pourrait t’attirer des ennuis.<br
+class="newline" />Zach fronça les sourcils.<br
+class="newline" />— Je dois le prendre comme une menace<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non. Enfin si, mais pas de ma part. Je ne peux pas tout te dire
+mais...<br
+class="newline" />Uhr lui jeta un regard, ainsi qu’à Farl.<br
+class="newline" />— ... Disons qu’on a de bonnes raisons de croire qu’un type s’est fait
+assassiner pour l’avoir su.
+<!--l. 411--><p class="indent" > Zach resta quelques instants silencieux. Puis il prit la parole.<br
+class="newline" />— Si vous en avez les moyens, nous pouvons louer des montures pour
+chacun d’entre nous pour aller un peu plus vite. Mais la voiture ne fera
+que nous encombrer puisque le trajet se fera hors des sentiers. Par
+contre...<br
+class="newline" />Il tourna la tête vers Samantha en fronçant les sourcils. Elle lui jeta un
+regard noir. S’il me dit que c’est trop dangereux pour moi, je lui en colle
+une, pensa-t-elle.<br
+class="newline" />— Le père Hersur, qui loue des chevaux, ne fait habituellement pas dans le
+transport délicat. Il n’a pas de selle amazone. Cela te pose un problème de
+monter comme un homme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle ravala mentalement sa baffe. <br
+class="newline" />— Ah oui, pas de problèmes.<br
+class="newline" />— Parfait.
+<!--l. 419--><p class="indent" > Ce type mentait peut-être, mais au moins, il ne la prenait pas pour une
+stupide vendeuse de fleurs incapable.
+<!--l. 421--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 423--><p class="indent" > Ils étaient partis le lendemain matin. Tout était allé très vite. Samantha
+avait organisé avec Zach leurs provisions –pour eux et leurs montures– pour
+le trajet, Farl avait trouvé une petite tente et des couvertures pour
+être un peu plus à l’aise qu’à la belle étoile, tandis que lui-même
+s’occupait des chevaux. Il avait toujours été très à l’aise avec ces
+animaux. Il n’y avait pas de chevaux dans sa tribu natale, mais petit, il
+était fasciné d’observer ces animaux à l’état sauvage, ou montés par
+des barbares de tribus rivales un peu plus avancées. Plus tard, à la
+capitale, un de ses premiers petits boulots –et un de ses préférés–
+avait été celui de garçon d’écurie, et il s’y connaissait plutôt bien
+maintenant.
+<!--l. 425--><p class="indent" > Il avait choisi deux chevaux de taille moyenne, qui ne payaient pas de
+mine mais dociles et endurants. Ils n’avaient pas besoin de pur-sangs
+
+
+nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s’ajoutaient leurs
+chevaux d’attelage, deux grands percherons qu’ils avaient achetés à la
+capitale. Lui et Samantha montaient l’un de ses chevaux, qui en plus étaient
+chargés de la majorités du matériel. Farl et Zach ouvraient la route, tout en
+discutant.
+<!--l. 427--><p class="noindent" >— Je me demande, commença-t-il à l’intention du guide, pourquoi nous
+sommes passés devant les restes d’un grand feu, sur le sentier.<br
+class="newline" />Zach tourna la tête vers eux, mais Samantha répondit avant lui.<br
+class="newline" />— Ah, ça, je sais. Je l’ai appris hier matin en écoutant quelques rumeurs
+dans le village. La nuit précédente, une horde de brigands aurait attaqué
+une noble dame et un chevalier serait venu à son secours... On raconte qu’il
+a combattu cent hommes, durant toute la nuit, et qu’il a pu en venir à bout,
+blessé mais en vie. Il aurait traversé le village sur sa fière monture, avec sa
+dame, pour la ramener en son château et s’effondrer d’épuisement sur le
+pont-levis.
+<!--l. 431--><p class="indent" > Zach haussa un sourcil, retenant un sourire.<br
+class="newline" />— Hé bien, commença Uhr. Et les cendres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Les villageois sont venus nettoyer l’endroit et ont brûlé les corps.<br
+class="newline" />— Et quelle est la part de vrai là-dedans, s’il y en a une<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Samantha sourit.<br
+class="newline" />— Quoi, un brave chevalier contre cent brigands, ce n’est pas crédible<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je
+plaisante. J’ai recoupé quelques informations çà et là... tout n’est pas très
+clair. Mais il y avait vraisemblablement une dizaine d’hommes. Et le
+chevalier et la noble dame existent, d’ailleurs si l’identité du chevalier
+semble être un mystère, celle de la dame va te surprendre... Il s’agit de
+Sélène de Quayle.<br
+class="newline" />Le demi-sourire de Zach se figea, en même temps que Farl se retournait
+pour suivre la conversation.<br
+class="newline" />— ... Mais peut-être que notre guide, qui est du coin, est plus au courant
+que nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? reprit-elle.<br
+class="newline" />Le guide en question poussa un soupir et se retourna vers la route.<br
+class="newline" />— J’étais avec les habitants du village quand il a fallu... nettoyer la route.
+Ce n’était pas un travail agréable croyez-moi... Je confirme la dizaine,
+ajouta-t-il. Et la dame en question est bien la fille du seigneur Assem,
+Sélène. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous la connaissez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
+<!--l. 442--><p class="indent" > Uhr hésita. Que pouvait-il lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il jeta un regard à Samantha, qui
+fit une moue. Apparemment, pour elle, non. Le regard de Farl passa de Zach
+à lui, et dans l’autre sens. Puis il haussa les épaules. Il lui laissait la
+décision. Après tout, lui donner quelques éléments et observer sa réaction
+pouvait être intéressante...<br
+class="newline" />— Nous avons quelques éléments qui nous font penser qu’elle pourrait être
+liée à cette histoire d’araknes.<br
+class="newline" />Zach lui tournait le dos, semblant observer attentivement la route. Mais il
+avait quand même sursauté, et son cheval aussi.<br
+class="newline" />— Euh, je ne sais pas ce qui vous fait penser ça, commença-t-il après un
+petit moment de silence. Mais je suis persuadé qu’elle n’a rien à voir
+là-dedans.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui te fait dire ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu la connais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide ne répondit pas tout de suite. Il arrêta sa monture, mit pied à
+terre, et désigna un fourré. De là partait un étroit sentier, probablement
+taillé par des animaux.<br
+class="newline" />— C’est par là. J’ouvre la marche, suivez-moi.<br
+class="newline" />Puis il se retourna vers lui, hésita, mais ajouta tout de même<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Quand je suis tombé sur ces créatures, elle était avec moi. Nous avons
+fait face tous les deux.
+<!--l. 452--><p class="indent" > Il se remit en selle et s’engagea dans les sous-bois. Farl le suivit, puis
+Samantha, non sans lui avoir jeté un regard surpris. Il se retrouva à fermer
+la marche. Le sentier, qui n’en était pas vraiment un, était bien trop étroit
+pour qu’ils puissent marcher à deux de front. Ils avaient convenu de cette
+configuration, qui était probablement la meilleure, mais pas pour discuter.
+Et Zach était tout devant...
+<!--l. 454--><p class="indent" > Samantha se retourna sur sa selle pour lui parler à mi-voix.<br
+class="newline" />— Comment se fait-il qu’il ait été avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que vient faire le chevalier
+là-dedans<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne comprends plus, ou alors il nous raconte n’importe
+quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Cela expliquerait qu’on ait perdu trace de Sélène aux abords de la
+forêt... Si elle a décidé d’engager un guide pour traverser la forêt
+discrètement...<br
+class="newline" />— Tu crois qu’on peut faire confiance à ce guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’est pas parce qu’il
+est réputé pour ses compétences de pisteur qu’il n’est pas impliqué dans
+
+
+une histoire compliquée.<br
+class="newline" />— Je n’en suis pas tout à fait sûr, évidemment. Mais dans ce cas, pourquoi
+aurait-il accepté de nous emmener là où sont les araknes, maintenant qu’il
+sait ce qu’on cherche<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il pourrait nous emmener dans un piège...<br
+class="newline" />
+<!--l. 461--><p class="indent" > Il resta quelques instants silencieux, se concentrant sur sa monture qui
+avait du mal à passer un fossé avec son chargement. Oui, ils étaient
+peut-être en train de courir droit dans un piège. Il se rassura en
+se disant qu’il avait envoyé un messager avec un rapport précis,
+et chiffré, au capitaine Mazrok. Mais il mettrait plusieurs jours à
+arriver.<br
+class="newline" />— Sam<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle se retourna à nouveau.<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Penses-tu que tu pourrais envoyer un message par enchantement au
+capitaine<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules.<br
+class="newline" />— C’est épuisant, mais s’il le faut... Tu veux que je dise quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Lui expliquer brièvement la situation, et où nous allons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’il s’alarme
+de ne pas avoir de nouvelles de nous d’ici une semaine<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il ne retiendra pas tous les détails, dans un rêve, mais je suppose qu’il
+saisira l’idée. J’imagine que tu aimerais que j’y mette le visage de
+Zach...<br
+class="newline" />— Pourquoi pas.<br
+class="newline" />— Par contre, il va falloir que je m’isole pendant un bon moment... Ce ne
+sera pas très discret. On lui dit quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On lui dit tout.<br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu es fou<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il est pour le moment seul avec nous trois. Il saura que nous avons
+envoyé ces messages. Que peut-il faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Samantha marqua un temps d’arrêt avant de répondre.<br
+class="newline" />— Tu marques un point. Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée
+mais... fais comme tu le sens.
+
+
+<!--l. 478--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers11x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 117--><p class="nopar" >
+<!--l. 130--><p class="nopar" >
</body></html>