<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2015-03-04 19:05:00">
+<meta name="date" content="2015-03-13 18:31:00">
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</head><body
>
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
<!--l. 7--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie
-de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient
-pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
+araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de s’en
+débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été
+rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
-considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
-salle du trésor.
+armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré
+comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
+trésor.
<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
-class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
-jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
-forêt.<br
+class="newline" />— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
+dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.<br
class="newline" />— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
+Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
+était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
-possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
-mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
-libre.<br
+puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.<br
class="newline" />— D’accord.
<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
-
-
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
+
+
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l’arc
plutôt que sur les humains, c’était nettement moins dangereux. — Soit. Je
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-
-
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
+
+
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
<!--l. 305--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
+richement orné.
-richement orné.
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
grand sourire.<br
que ce chemin est inondé...<br
class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br
class="newline" />— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
-peu trop âgé pour ça.<br
+class="newline" />— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
+fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
à mon avis.<br
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
-<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus
+<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le
chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
+retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
-retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
<!--l. 15--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son
-maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le
-problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien
+étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
+expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
+le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
+faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
-faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
limités.
-<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
+<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le
calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
+ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
-class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être pouvons-nous nous
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
-
-
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
+était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
-était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
+par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
-par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
+engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
+compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
-compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
-
-
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
+d’enfant.
-d’enfant.
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-
-
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
vie...
-
-
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
+
+
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
-
-
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
-
-
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
+
+
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu’il me
+
+
faut, c’est une légende. Et un héros pour m’enlever.<br
class="newline" />— Un héros<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
-
-
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
+
+
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
temple, pour l’enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour
impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
+
+
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
l’entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+
+
<!--l. 64--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
-
-
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
+
+
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
façon à ce qu’elle ait l’air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des
détails à régler...<br
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
-
-
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
-
-
-s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
+s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
+
+
haussant les sourcils.
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
-
-
faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
détailla leur plan.
+
+
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.<br
class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
-
-
pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+
+
pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
-
-
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 180--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
<br
class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
+
+
présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
quand peut-il vous trouver seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br
class="newline" />— Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
-
-
faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+
+
l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense... <br
class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
-
-
moyenne, visiblement lourd.<br
class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+
+
sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
jeu...
<!--l. 249--><p class="indent" > À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
-
-
mine de s’évanouir dans ses bras.
<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
souriant.
<!--l. 265--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+
+
efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
ces opérations.
<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
<!--l. 287--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-
-
<!--l. 289--><p class="indent" > La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+
+
tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
présentes.<br
class="newline" />— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
class="newline" />— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+
+
trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
soucis.<br
class="newline" />— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
heureusement.
-
-
<!--l. 325--><p class="indent" > Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+
+
de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
la mousse et du lierre.
il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
-
-
l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il valait
mieux continuer à s’éloigner.
+
+
<!--l. 343--><p class="indent" > Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
-
-
ça...
<!--l. 352--><p class="noindent" >— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace"> </span>! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+
+
visiblement en charge.<br
class="newline" />— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
boîte.<br
suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
-
-
suivirent.
<!--l. 366--><p class="noindent" >— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna un
+
+
des prêtres à côté de Feyne.<br
class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allez, en
l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
froid.<br
class="newline" />— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
-
-
l’autre.<br
class="newline" />— Tu crois qu’on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+
+
Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
même pas l’avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
S’il fallait en venir là...
broussailles...
<!--l. 400--><p class="indent" > Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne
pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
-
-
et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+
+
que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était
plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
pouvait faire ça...
<!--l. 415--><p class="indent" > Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En
-
-
tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
savoir si c’était un des siens.
<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+
+
tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
bruit dans son dos.
-<!--l. 421--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 421--><p class="indent" > C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
+courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
+couvraient son épaule et son bras droit.
+<!--l. 423--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 423--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de
-noter avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux
-à la lame noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait
-bougé.<br
-class="newline" />— C’est moi.
+<!--l. 425--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter
+avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
+noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé
+quelques instants, immobile, à la fixer.<br
+class="newline" />— C’est moi...<br
+class="newline" />Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+restait du pont.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui s’est passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourquoi es-tu trempée et...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
+restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
+besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
+endormis.<br
+class="newline" />— Merci, au fait.<br
+class="newline" />Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des
+bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
+de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un
+buisson.
+<!--l. 434--><p class="indent" > Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
+s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
+mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se redressa
+
+
+doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
+<!--l. 436--><p class="indent" > C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
+alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
+immédiatement.
+<!--l. 438--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 440--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
+bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.<br
+class="newline" />— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu fais là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Habillé en prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’est-ce qui s’est passé
+là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont
+pas tarder à revenir.<br
+class="newline" />Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
+<!--l. 447--><p class="indent" > Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
+Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
+soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
+une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
+mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+questions.
+<!--l. 449--><p class="indent" > Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
+robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
+avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa
+tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait
+attention...<br
+class="newline" />— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
+Silwë.<br
+class="newline" />— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...<br
+class="newline" />— Et que s’est-il passé ensuite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
+qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
+d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
+pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
+
+
+morts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
+Farl.<br
+class="newline" />— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda Uhr.<br
+class="newline" />Irdann sourit.<br
+class="newline" />— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
+tête...<br
+class="newline" />Ses compagnons sourirent à leur tour.
+<!--l. 460--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 462--><p class="indent" > Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce
+soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
+quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
+maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
+l’aller.
+<!--l. 464--><p class="indent" > Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait Uhr, le « barbare ». Un
+soldat de la garde de la capitale, lui aussi, ami d’Irdann. Il s’était changé, et
+s’il était toujours impressionnant, il avait l’air très différent. Il lui avait
+expliqué qu’il avait effectivement des origines barbares, sans préciser plus.
+Peut-être était-ce pour cela que son personnage était si réaliste<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait
+bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait lui aussi revêtu des vêtements
+plus discrets que ceux du prêtre, qui s’occupait pour le moment des chevaux
+épuisés. Il y avait la jeune elfe, Silwë, elle aussi soldate, apparemment. Pour
+le moment, elle se réchauffait de son bain forcé, enveloppée dans une
+couverture. Et le dernier de ces quatre compagnons insolites, Farl.
+Celui qui semblait être une sorte de voleur ou d’assassin secret. Ah
+oui, il avait dit être ménestrel. Elle avait du mal à l’imaginer un
+instrument autre que tranchant à la main. Pourtant, il était en train
+de nettoyer certaines des plaies de la jeune elfe avec une certaine
+délicatesse. Il n’avait pas mis la même attention pour celles d’Uhr,
+d’ailleurs.
+<!--l. 466--><p class="noindent" >— Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
+assez loin de Touryre, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
+Uhr hocha la tête.<br
+class="newline" />— J’espère. Qu’en pensez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Samantha, c’est cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
+bonne distance. Que comptez-vous faire à présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr sourit.<br
+class="newline" />— Cela ne dépend pas que de moi. Que voulez-vous faire, vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
+mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son
+enlèvement.<br
+class="newline" />— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
+capitale est un bon endroit pour être discret, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— En effet, et c’est là que nous rentrons.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers4x.png" alt="[
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
-
-
journées moins longues.
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
visage accueillant.<br
class="newline" />— Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
Mais que fait donc une dame de votre rang seule dans ce modeste
+
+
village<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— À vrai dire... j’ai subi un léger contretemps. D’ailleurs, peut-être
pouvez-vous me renseigner. Je cherche un moyen de traverser la forêt pour
class="newline" />La tenancière haussa les épaules.<br
class="newline" />— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la
-
-
région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
<!--l. 23--><p class="indent" > Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle hésitait. Attendre
quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un
+
+
autre côté, le « jeune fille de votre rang » lui restait un peu en travers de la
gorge. Elle avait l’habitude, à l’université de magie, d’être traitée comme les
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
class="newline" />— Vous êtes seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous avez une monture<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je suis seule et à pied.<br
class="newline" />Le guide marqua un temps d’arrêt, hésitant. Il semblait la jauger du regard.
-
-
Peut-être ne la croyait-il pas capable de le suivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela va durer six à sept jours.<br
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
-
-
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
réservait quelques surprises.
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
douceur et obéissance. Alors que sur son geste –certes à la fois ambigü et
peu délicat de sa part– pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes
+
+
qu’il avait croisé auraient – selon la situation – hurlé de peur, manqué de
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
-
-
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
pause exprès pour elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne
+
+
s’arrêtait pas toujours, et mangeait en chemin.<br
class="newline" />— Comment vont vos pieds<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
pas de mal à ça.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.<br
class="newline" />— Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais
+
+
traverser cette forêt ne suivent pas mon rythme comme vous sans se
plaindre, croyez-moi.<br
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
-
-
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
+
+
forces, et plus encore le repas qu’il lui tendit, composé essentiellement de
pain, de fromage et de lard.<br
class="newline" />— J’ai pu trouver quelques myrtilles pour le dessert. C’est toujours ça.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
-
-
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
son tour.
<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
+
+
en se levant, il se rappela que ce n’était pas le cas de tout le monde. Si on y
ajoutait les courbatures dues à l’effort qu’elle avait fourni la veille,
le réveil était probablement beaucoup moins agréable pour elle.
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
-
-
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
+
+
s’approcher, coûte que coûte. Qu’avait-elle à perdre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ces deux brigands
n’allaient pas se contentent du peu d’or qu’elle possédait de toutes
façons...
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
y sommes presque.<br
class="newline" />Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.<br
class="newline" />— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
+
+
n’hésite pas à t’accrocher de l’autre à la roche ou à la végétation.
<!--l. 144--><p class="indent" > L’ascension fut difficile, et tenait presque plus de l’escalade que de la
marche. Elle devait se tenir sans cesse à la paroi qu’elle voyait de plus
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
-
-
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit.<br
class="newline" />— Comment peux-tu en être sûr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai découverte il y a quelques années, je l’utilise parfois pour stocker
+
+
des choses. Jusqu’ici, hormis la nourriture, rien n’a jamais disparu. Mais en
général, c’est simplement un lieu de bivouac plutôt confortable. Enfin,
quand je suis seul.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
-
-
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
marque de blessure.
<!--l. 174--><p class="indent" > Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
Voulait-il éloigner le sujet des « yeux de chat »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il qu’il
reprit la parole.<br
class="newline" />— Désolé, on fait mieux question confort. Mais au moins on est en sécurité
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
-
-
froid.
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
Brigands ou voyageurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes
façons.
+
+
<!--l. 193--><p class="indent" > Il revint vers le fond de la grotte, et ne put s’empêcher de remarquer que
Sélène tremblait.<br
class="newline" />— Tu as toujours froid<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
-
-
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
d’abuser de la situation<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle chassa cette idée. Il n’aurait pas attendu ce
soir pour ça.
+
+
<!--l. 210--><p class="noindent" >— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, oui...<br
class="newline" />Son visage n’était pas tourné vers elle. Il avait dû sentir son trouble aux
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de
+
+
famille.<br
class="newline" />Surprise, Sélène se tut quelques instants. Puis elle reprit, légèrement gênée
à son tour.<br
class="newline" />— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
exactement comment tu fais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je n’ai pas l’impression de voir différemment. En fait si je laisse mes yeux
+
+
s’accoutumer à l’obscurité, je finis par voir très bien. J’ai même été très
surpris de constater que j’étais le seul de ma fratrie à pouvoir faire ça, je
croyais ça tout à fait naturel... J’ai l’impression que s’il n’y avait aucune
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
de sa carrière<span class="frenchb-thinspace"> </span>; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des
+
+
autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les
admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux,
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
-
-
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à
demi-nus.
+
+
<!--l. 275--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que ce n’était peut-être pas très convenable
de l’observer ainsi, d’autant plus qu’il ignorait probablement qu’elle était
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
class="newline" />— Pas vraiment...<br
class="newline" />— Ne bouge pas.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
-
-
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-
-
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n’est pas le cas dans
-
-
toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De
Vane, c’est le cas.<br
class="newline" />— Tu penses que c’est vraiment dangereux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
cherché le compagnon idéal pour te protéger.<br
class="newline" />Aldariel leva les yeux au ciel. Si son père savait qu’elle n’était plus aussi
innocente qu’elle n’en avait l’air... Enfin bon, s’il fallait supporter un garde
+
+
ou deux pour avoir un peu de liberté, ça pourrait peut-être le faire. Et puis
il pourrait être sympathique, voire... plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
-
-
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
était-il en réalité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que serait le trajet avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle devoir jouer
les serviteurs en même temps que de garde du corps<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle n’était
+
+
certainement pas très douée pour la première des tâches, en tous cas. Et
savait-elle se défendre un minimum, ou allait-elle devoir la protéger à
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
class="newline" />— Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n’avons
pas tellement le temps...<br
class="newline" />— C’est dommage... On m’a dit que cette ville est très belle. N’est-ce pas là
-
-
que tu as vécu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines
personnes qui y vivent.<br
class="newline" />— Comment dort-on chez les humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous irons dans des auberges.<br
class="newline" />— Cela veut dire qu’on va aussi manger de la nourriture des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
C’est bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— C’est différent, mais très bon aussi. Ne vous inquiétez pas pour ça. Elle
se retourna vers la carte.<br
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
-
-
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
fournissait un morceau de sangle en cas de besoin. Là encore, c’était un
souvenir pratique de chez les humains. Puis elle vérifia le contenu de
+
+
son sac. Tout était bon. Sauf peut-être de quoi se soigner en cas de
problèmes. D’accord, il n’y aurait probablement pas de problèmes.
Mais...<br
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
-
-
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
soupe de légumes et de lard, avec du pain des humains– avait été une
nouvelle surprise. Sa compagne l’avait dévoré avec appétit, mais
+
+
elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il
paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait
bien.
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
-
-
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
étaient entrées dans la taverne.<br
class="newline" />— Déjà parce que nous sommes différents. Pour certains, avoir des oreilles
pointues ou pas de barbe, ça suffit. Ensuite, je crois que certains
nous envient. Ils nous trouvent plus beaux, plus intelligents, plus
+
+
agiles. D’autres voient plutôt que nous sommes plus frêles, moins
forts physiquement, que nous vivons dans les arbres, et nous voient
comme des animaux sauvages. Il y a peut-être souvent un mélange des
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
-
-
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
<!--l. 128--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de
nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle
+
+
avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce
matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
-
-
<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la
poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu’à être au bord
du sentier. Le brigand restant, le plus fort des trois, avait acculé le
+
+
garde jusque contre la porte du carosse, et lui avait porté un coup
violent au bras droit, lui faisant lâcher son épée. Parant les coups
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
-
-
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
+
+
<!--l. 150--><p class="indent" > Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
l’admiration dans son regard.<br
class="newline" />— Bon, on la traverse cette rivière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, oui... Est-ce qu’on va croiser d’autres brigands dans cette
-
-
forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
Si tout le monde parlait de ce mystérieux enlèvement, l’histoire se
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
-
-
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En
même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour
+
+
intérieure où elle faisait pousser ses plantes pour pénétrer dans la boutique.
Malgré l’heure tardive, quelqu’un venait d’y entrer.
<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
-
-
<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
magie. L’autre était un soigneur et métamorphe.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils. Elle ne s’intéressait pas vraiment aux différentes
branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des
+
+
magiciens, et pourtant elle n’avait jamais entendu parler de métamorphose.<br
class="newline" />— Métamorphe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça existe, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
maniement de ses armes, à l’escalade, et à être furtif. Même en tunique
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
-
-
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
vie.
personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
d’idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne
ne le saurait...
+
+
<!--l. 72--><p class="indent" > Il leva les yeux. Le bâtiment devant lui portait les traces fraîches du
terrible incendie. Cet immeuble de trois étages, abritant plusieurs locataires,
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
bois de l’autre demeure.
<!--l. 78--><p class="indent" > À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
-
-
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
Samantha.
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
venant de l’extérieur la fit sursauter, et elle se retourna. Elle tenait un
bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en
-
-
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
class="newline" />— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de
+
+
la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme
possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop–
menaçant...<br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
-
-
vivant.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
<!--l. 158--><p class="indent" > Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
+
+
d’une minute. Au fond de ce qui ressemblait à un coffre d’acier, il y avait
des rouleaux de papier et un large rubis monté sur un collier d’or. Elle eut
un sourire en les saisissant.<br
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Et s’il
lui arrivait quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il était vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le couvrir serait très
-
-
compliqué...<br
class="newline" />La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.<br
class="newline" />— Tu dors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...<br
class="newline" />— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’a
aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
+
+
<!--l. 175--><p class="indent" > À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
coups nets sur la porte d’entrée. La silhouette sombre et familière
de Farl se profila. Il sursauta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
-
-
Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
ces objets.<br
class="newline" />La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
+
+
de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
légèrement, et elle parut gênée.<br
class="newline" />— Excusez ma réaction. C’est idiot.<br
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
-
-
l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous,
avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
une note<span class="frenchb-nbsp"> </span>: « araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ».<br
d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 208--><p class="indent" > Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
+
+
les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
-
-
risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu
pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
+
+
comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait
pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
-
-
commençait à se sentir à l’aise en forêt –ou était-ce une aisance avec lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–
et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à la
considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d’un point à
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui
+
+
apprendre quelques techniques.
<!--l. 11--><p class="indent" > Il lui sourit alors qu’elle passait à côté de lui. Il sentait encore le coup
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
-
-
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
rassurant...
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="newline" />Zach avait dégainé son épée. Lorsque la créature se jeta sur lui, il fit un pas
de côté, et d’un geste vif, planta son arme dans son corps. La bête roula au
sol, recroquevillant ses longues pattes, alors qu’un liquide noir coulait de sa
+
+
blessure. Rapidement, elle ne bougea plus et la lueur rouge de ses deux
paires d’yeux s’éteignit. Assez étrangement, le sang noir coula de sa lame
sans y laisser la moindre trace, comme s’il ne pouvait pas adhérer au
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
-
-
bruit qui ressemblait à un cri de douleur. L’eau semblait la brûler, et une
fumée inquiétante semblait s’échapper de son corps. Elle s’écroula sans vie
à ses pieds.<br
class="newline" />Zach regarda aux alentours, craignant de voir arriver une autre de ces
horreurs, mais pour le moment, rien. Il s’adossa à un arbre et jeta un œil à
sa jambe.
+
+
<!--l. 41--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="newline" />— Oh, et puis zut.<br
class="newline" />Il n’y avait qu’une seule solution, et elle le savait. Elle rejeta ses cheveux en
arrière, dégagea son bras de sa prise, et se releva.
-
-
<!--l. 57--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 59--><p class="indent" > Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
qui ressemblait à une pierre, qui brillait de la même façon que ses
yeux.
<!--l. 61--><p class="indent" > Une sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il ne savait pas s’il devait hurler, ou s’enfuir en
+
+
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
-
-
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. <br
class="newline" />— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...<br
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
-
-
avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait
été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre
s’était plantée directement dans la chair, et la plaie était inquiétante.
suite.<br
class="newline" />Silwë obéit, tandis qu’elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie.
C’est alors qu’elle aperçut, dans l’obscurité, une lueur vive derrière les
+
+
arbres, à une trentaine de mètres environ. D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou pire
encore<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
-
-
sa silhouette, pour un adolescent, était en fait une jeune femme.
Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait
<!--l. 105--><p class="indent" > Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se
rapprochant d’elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser
+
+
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
<!--l. 115--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
+
+
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
class="newline" />— Lâche-le immédiatement.<br
class="newline" />Ses yeux et son bâton se mirent à briller, et des filaments d’une lumière
presque aveuglante vinrent se concentrer juste au dessus de son autre main,
-
-
qu’elle tenait paume vers le ciel. Une sphère lumineuse s’y forma, d’abord
rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment
blanche. Une boule de feu...
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
seuls quelques mots en sortirent.
+
+
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
-
-
redressait avec difficultés. <br
class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des
araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir
guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.
<!--l. 148--><p class="noindent" >— D’autres araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe
+
+
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
-
-
courage.
<!--l. 160--><p class="indent" > Quelques instants plus tard, le calme se fit. Les quatre jeunes gens,
toujours dos à dos, laissèrent passer quelques secondes, reprenant leur
class="newline" />C’était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle
était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle
tremblait. Son compagnon l’avait déjà attrapée par les épaules pour la
+
+
soutenir.<br
class="newline" />— Sélène, tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sans répondre, la jeune femme s’effondra dans ses bras. <br
class="newline" />L’homme les regarda toutes les deux. Il sembla hésiter une seconde, puis
rangea son épée, prit la magicienne inanimée dans ses bras ainsi que son
bâton, et se mit en route.
-
-
<!--l. 178--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 180--><p class="indent" > Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la
<!--l. 182--><p class="indent" > Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
raté une seule fois sa cible, même si elle n’était pas toujours dans la
meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière...
+
+
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune
femme inanimée, ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
-
-
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
l’eau en cas de gros problème.<br
class="newline" />L’archère reprit.<br
class="newline" />— Nous avons tous eu peur, je crois. Et sans coopérer, nous ne serions pas
tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de
-
-
dormir.<br
class="newline" />Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au
lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
class="newline" />Avait-elle suivi sa pensée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son ton était ferme, mais il y avait une petite
pointe de plaisanterie dans sa voix...
<!--l. 238--><p class="indent" > Il ne put retenir un bâillement. La journée avait été longue, épuisante et
-
-
riche en émotions... Aldariel hocha la tête.<br
class="newline" />— Il est effectivement temps de se reposer.<br
class="newline" />— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne fais
sylvains...<br
class="newline" />— J’ai déjà l’habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal
vus, d’où je viens, et déjà qu’on me traitait d’elfe quand j’étais petit, parce
+
+
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
class="newline" />Il posa, comme à son habitude, sa ceinture à côté de lui et s’enroula dans la
couverture. Elle était effectivement très confortable et tenait chaud, malgré
sa finesse. Un mètre à sa droite, Silwë l’avait imitée. Son épée se
-
-
retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
<!--l. 281--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 283--><p class="indent" > Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il
+
+
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
-
-
elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle
l’occasion le lendemain<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 289--><p class="indent" > L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter
qu’elles dormaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce serait bien un comportement irrationnel d’elfe noir
ça... Elle secoua la tête. C’était ridicule. Il avait grandi chez les
humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour
+
+
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
-
-
répéta-t-elle...
<!--l. 302--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
au premier abord– avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain
nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très
loin.
+
+
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
-
-
et chaudes. Ça, il avait effectivement validé. Ils parlent une langue
inconnue et étrange<span class="frenchb-nbsp"> </span>: raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient
appris la langue des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il en doutait, sinon elles auraient
Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très
bien... peut-être même trop bien. Elle n’avait pas apprécié d’avoir été
humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d’une lame sur la
+
+
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
-
-
reste.
<!--l. 319--><p class="indent" > L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
-
-
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait
semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne
plus qu’un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle
interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en
fait.
+
+
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
-
-
s’était-il plus fatigué hier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Hier... Les évènements de la veille lui revinrent
brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes,
<!--l. 348--><p class="indent" > Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son
compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l’archère
elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s’était-il donc
+
+
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
class="newline" />Il n’y avait pas besoin d’avoir à expliquer la situation, au moins. Elle poussa
un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— Je suis désolée pour le malentendu hier... Sans vous deux, nous n’aurions
-
-
pas pu passer cette rivière vivants.<br
class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
permettent de retrouver n’importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui
sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus
grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu’il chevaucha
+
+
droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
terminé.
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
-
-
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Tout d’abord, elle n’a pas emmené cet objet chez son époux. Donc elle le lui
cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d’un
point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et
+
+
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
-
-
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait à un nom un minimum
familier.
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur,
ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre
+
+
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
-
-
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
sensations, quand bien même elle garderait un visage parfaitement
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
+
+
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
J’avoue, j’ai toujours acheté les plantes chez l’herboriste, sous forme d’huile
ou de plantes séchées... C’est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans
+
+
la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et encore, il faudra que je te montre certaines qu’on ne trouve pas
ici...<br
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
suprises...
-
-
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— L’eau était bonne<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
pas dangereux.<br
class="newline" />Il s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.<br
class="newline" />— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
+
+
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
beaucoup à la sienne, même si le cuir n’était pas le même...<br
class="newline" />— Elle vient de chez les elfes, cette armure<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non, je l’ai achetée à la capitale. Les bonnes armures elfiques sont très
-
-
rares. Par contre, ils ont dû faire quelques retouches qui n’ont pas très bien
tenu.<br
class="newline" />Il hocha la tête.<br
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
-
-
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
<!--l. 143--><p class="indent" > Ils échangèrent d’autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 147--><p class="noindent" >— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son
+
+
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
-
-
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
côté de la poignée de sa propre arme. L’élan qu’il avait pour tenter
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
-
-
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
<!--l. 172--><p class="indent" > Sauf qu’au lieu de reculer d’un pas pour reprendre son équilibre, il se
class="newline" />— Bien vu.
<!--l. 175--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 177--><p class="indent" > Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
pour l’attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
que l’homme portait à sa ceinture. Il n’était pas rare de voir des
+
+
combattants en possédant deux. Silwë avait une dague en plus de son
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
réussissait à garder son sang-froid quand il la manipulait, désormais,
+
+
mais il se demandait toujours ce qu’il ferait lorsqu’il rencontrerait
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 231--><p class="indent" > Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë
depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de
+
+
souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
-
-
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’étranger lâcha l’elfe, et fit un pas en avant.<br
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
+
+
eux.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous me voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
-
-
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
class="newline" />— Je connais très bien Irdann, depuis des années, et je réponds de
class="newline" />Le sourire qu’ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se
retourna vers elle à nouveau.<br
class="newline" />— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
+
+
vie sans aucune hésitation.
<!--l. 270--><p class="indent" > Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
-
-
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
détendit légèrement, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui la mettait
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br
class="newline" />— ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...<br
class="newline" />L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
+
+
Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette
façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les
elfes...<br
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter.
+
+
Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-
-
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
Irdann. Elle avait posé quelques questions à son amie sur le fameux paladin,
auxquelles elle avait répondu avec enthousiaste. Ainsi, ils avaient appris
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.<br
class="newline" />— Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et
+
+
j’en passe, est trop parfait pour être vrai<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il fit une moue.<br
class="newline" />— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.<br
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
-
-
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
tentant encore une fois de la pousser, mais elle avait encore une fois bondi
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il savait bien qu’il n’aurait pas dû jouer à ce jeu-là avec une elfe
+
+
sylvaine...
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
part<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira. C’était la question qu’il souhaitait éviter justement...<br
class="newline" />— Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de
+
+
retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.<br
class="newline" />Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le
questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
+
+
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
de choses importantes et de devoir les taire.<br
class="newline" />— Dame Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Euh oui... Est-ce que je peux vous demander, au moins tant que nous
-
-
sommes seuls, de m’appeler simplement Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui sourit et hocha la tête.<br
class="newline" />— Gardons le protocole pour plus tard. Vous pouvez même me tutoyer et
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
-
-
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
posture.<br
class="newline" />— Sélène, mets-toi à l’abri...<br
<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à
+
+
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
sûrement.
-
-
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 459--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour
+
+
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
-
-
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 473--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
+
+
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de
+
+
là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
-
-
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
class="newline" />— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous
+
+
ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
-
-
Silwë.
<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
+
+
trébucher. Il retint une grimace.<br
class="newline" />— On dirait.<br
class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
-
-
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
+
+
<!--l. 545--><p class="indent" > Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
-
-
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
nuit.<br
class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
pis pour le code d’honneur.<br
class="newline" />Il soupira, et finit par accepter l’aide de Zach pour monter sur le dos de sa
jument.
+
+
<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
nom.<br
class="newline" />— Oui... <br
class="newline" />Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne
+
+
humeur. Elle soupira.<br
class="newline" />— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une
princesse à protéger, je te rappelle.<br
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
-
-
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider.
Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
puis se décida à entrer la première.
+
+
<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
sourit.<br
class="newline" />— Il a été très correct, rassurez-vous.<br
class="newline" />Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
-
-
paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br
class="newline" />— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé
face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
+
+
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
-Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
+Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des
humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
-
-
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
-
-
Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux,
+
+
la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs
enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
-
-
<!--l. 666--><p class="indent" > Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
-
-
la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
+
+
une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.<br
class="newline" />— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre
point...<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
-
-
a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.<br
class="newline" />— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
était un choc...<br
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si
-
-
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
+
+
cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on
ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on
essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
venus à notre secours...<br
class="newline" />C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des
-
-
cas...<br
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
capable comme les autres.<br
class="newline" />Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.<br
class="newline" />— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
+
+
ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore...
J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
-
-
voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
lui préparant une assiette.<br
class="newline" />— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...<br
class="newline" />Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
+
+
puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.<br
class="newline" />— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle,
mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas
<!--l. 827--><p class="indent" > Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir
+
+
<center class="par-math-display" >
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