+src="aventuriers10x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 3--><p class="nopar" >
+<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 7--><p class="indent" > L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.<br
+class="newline" />— Où précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone,
+assez éloignée des villes et des chemins tracés.<br
+class="newline" />— Par ici.<br
+class="newline" />Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard
+droit dans le sien.<br
+class="newline" />— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients,
+mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en
+général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle
+part.<br
+class="newline" />Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa
+motivation.<br
+class="newline" />— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ragan secoua la tête.<br
+class="newline" />— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens
+à ma peau.<br
+class="newline" />Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement,
+en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua
+légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu.
+<!--l. 19--><p class="indent" > Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.<br
+class="newline" />— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme
+qu’il vous faut.<br
+class="newline" />— Voulez-vous un autre verre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.<br
+class="newline" />— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en
+forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a
+un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y
+conduire, c’est autre chose...<br
+class="newline" />— Savez-vous où je peux le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand
+il est dans le coin.
+<!--l. 27--><p class="indent" > À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon
+de s’insérer dans la conversation.<br
+class="newline" />— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si, justement. Tu l’as vu récemment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle posa les boissons sur la table.<br
+class="newline" />— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner
+quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque
+part en forêt en ce moment.<br
+class="newline" />— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Uhr.<br
+class="newline" />Le guide sourit.<br
+class="newline" />— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez
+nous emmener<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela dépend. Savez-vous vous défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le
+dossier de sa chaise. <br
+class="newline" />— Ça suffira<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard
+se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi
+une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre
+femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas peur d’être un
+peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de mauvaises
+rencontres...<br
+class="newline" />Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur
+assiette.<br
+class="newline" />— Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous.
+<!--l. 44--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 46--><p class="indent" > Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en
+terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement
+le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus
+confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De
+plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il
+pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à
+la jonglerie, sous les yeux surpris –au moins la première fois– de
+Ragan.
+<!--l. 48--><p class="noindent" >— Je n’aime pas trop ça, pour être franc.<br
+class="newline" />Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide,
+qui chevauchait devant.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qu’il y a<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je vous ai dit qu’on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne
+va pas tarder à atteindre l’orée de la forêt, et je n’ai vu aucune trace de
+lui.<br
+class="newline" />— C’est si inquiétant que cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Soit il a emprunté d’autres chemins que les habituels, ce qu’il fait plutôt
+quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose. <br
+class="newline" />Il marqua un temps d’arrêt, puis continua.<br
+class="newline" />— Il y a plus de brigands qu’avant. Il paraît que les dernières récoles ont
+été mauvaises dans la seigneurie d’Assem. Cela plus cette histoire de
+tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à
+voyager... <br
+class="newline" />— C’est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n’ont pas
+insisté.<br
+class="newline" />Ragan sourit.<br
+class="newline" />— Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n’étaient que trois, en même
+temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée
+presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec
+des couteaux sur le toit de la voiture<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils ne doivent pas voir ça tous les
+jours...<br
+class="newline" />Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à
+jouer avec.<br
+class="newline" />— Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler
+avec<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...
+<!--l. 64--><p class="indent" > Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune
+ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller »
+avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires.
+Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...<br
+class="newline" />Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il
+n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur le sujet.<br
+class="newline" />— Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oh, si tout va bien, il sera probablement en train de prendre un verre à
+la taverne du village. Ou chez ses parents, comme ça lui arrive de loger
+quand il est dans le coin.<br
+class="newline" />— Vous le connaissez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se
+
+
+connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble.
+<!--l. 72--><p class="indent" > Farl n’osa pas demander « Et si tout ne va pas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ». Après tout,
+était-ce la peine de s’inquiéter<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fallait juste espérer que cet homme soit
+à la hauteur de sa réputation et puisse les guider. Et qu’ils trouvent quelque
+chose là-bas...
+<!--l. 74--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 76--><p class="indent" > Il y avait comme toujours cinq tables rectangulaires en bois massif,
+entourées de bancs et de quelques tabourets, et la porte qui menait à la
+cuisine avait encore la trace de brûlure qu’il avait toujours connu. La
+lumière –à cette heure, essentiellement fournie par la grande cheminée sur le
+côté et les plusieurs lampes suspendues sur les murs– et les odeurs n’avaient
+pas changé non plus. Comme si rien ne s’était passé, et rien ne se passait
+jamais à l’auberge du Renard Vif.
+<!--l. 78--><p class="indent" > Depuis qu’il avait laissé partir Sélène, le paladin et les deux elfes, il
+avait erré dans le village sans trop savoir quoi faire. Le contraste entre
+l’extraordinaire qu’il avait vécu dans les derniers jours et la routine paisible
+qui régnait ici était tel qu’il se demandait presque s’il n’avait pas rêvé toute
+cette aventure.
+<!--l. 80--><p class="indent" > Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire.
+Le brave homme le connaissait depuis qu’il était un petit garçon,
+et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n’avait pas
+changé.<br
+class="newline" />— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça fait un moment<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Viens te joindre à nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l’une des tables.
+Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en
+soldats. Ils lui expliquèrent qu’ils formaient la garde rapprochée d’un riche
+seigneur, et qu’ils avaient engagé un guide pour faire lui faire traverser la
+forêt avec sa suite.<br
+class="newline" />— Encore quelqu’un qui se rend au tournoi du duc De Vane<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda
+Zach.<br
+class="newline" />— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il
+vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations,
+expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je
+
+
+pense...<br
+class="newline" />— Bah, c’est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion
+de voir du pays, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit son collègue.<br
+class="newline" />— Si tant est qu’on n’y reste pas...<br
+class="newline" />Le soldat montra alors son bras en écharpe.<br
+class="newline" />— Oh. Vous avez été attaqués<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide et les deux soldats hochèrent la tête. Ils racontèrent alors un
+affrontement particulièrement violent avec des bandits au milieu de la
+forêt.<br
+class="newline" />— J’ai bien cru que j’allais y rester, ajouta le soldat. Je me suis retrouvé à
+un moment donné face à trois de ces hommes, et...<br
+class="newline" />— Laisse tomber, c’est pas crédible, ton histoire, tu nous l’a déjà racontée,
+interrompit son ami.<br
+class="newline" />Le soldat blessé haussa les épaules et reprit tout de même, en abaissant la
+voix légèrement.<br
+class="newline" />— Personne ne me croit, évidemment. Mais j’ai vu certains de mes ennemis
+tomber au sol, morts.<br
+class="newline" />— C’était peut-être juste tes compagnons qui sont venus t’aider, que tu n’as
+pas vus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? suggéra Zach.<br
+class="newline" />— Aucun d’entre nous n’avait d’arc.<br
+class="newline" />Il sortit de sa poche une flèche brisée qu’il posa sur la table.<br
+class="newline" />— Et je suis sûr que notre maître n’a pas des flèches taillées comme
+ça.<br
+class="newline" />Zach fronça les sourcils et observa la pointe. Elle était fine et acérée... il
+n’était pas spécialiste en archerie mais il lui semblait bien que les pointes de
+flèche standard étaient moins travaillées. Du moins les flèches standard
+humaines... Cela pouvait-il être une flèche d’elfe sylvain<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était
+possible. Il regretta de ne pas avoir observé de plus près les armes
+d’Aldariel.
+<!--l. 100--><p class="noindent" >— Et toi, Zach, qu’est-ce que tu as fait pendant ce temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il releva la tête brusquement, sortant de sa rêverie. Les soldats avaient
+rangé la mystérieuse flèche et s’était reportés sur leur assiette et leur
+verre.<br
+class="newline" />— Ah, moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène...
+
+
+Enfin si, rien de l’en empêchait, mais il y avait toute une partie qu’il ne
+pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même
+on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des
+ennuis aux deux jeunes femmes. Et tout ce qui s’était passé ensuite... Il
+haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Une traversée sans histoire.
+<!--l. 106--><p class="indent" > Personne n’insista. Après tout, chacun était libre de raconter ce qu’il
+voulait. Il suivit distraitement la suite de la conversation. Il y avait les
+interrogations sur le fameux tournoi, et qui y viendrait. Il y avait des
+nouvelles de la dernière née de Dacus, qui allait avoir deux ans la semaine
+prochaine. Il y avait l’incendie qui s’était déclaré il y a un mois dans la
+grange d’un des paysans, et que personne n’expliquait. Il y avait
+la cuisine de la taverne, qui était décidément très bonne ce soir,
+ou alors c’était parce que la nouvelle serveuse était jolie. Aidé par
+le bon repas et le vin, il se laissa bercer par ces histoires, comme
+si elles le ramenaient sur terre après une excursion dans une vie
+différente.
+<!--l. 108--><p class="indent" > Puis, la porte sur l’extérieur s’ouvrit, et parmi les deux silhouettes qui
+entrèrent, Zach reconnut immédiatement la première.<br
+class="newline" />— Ragan, quelle bonne surprise<span class="frenchb-thinspace"> </span>! s’exclama son voisin de droite.
+<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 113--><p class="indent" > Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre.
+Le gérant de la taverne leur avait dit qu’il n’avait plus d’autre chambre de
+libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers
+s’étalaient autour d’eux.<br
+class="newline" />— Qu’as-tu tiré d’intéressant sur les... créatures qu’on cherche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui
+demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Au final peu de choses très précises. Les documents qu’on m’a donnés
+sont très vieux, ce sont des récits de voyageurs, ou des traductions
+imparfaites de natifs de la région, et il est difficile de faire la part entre
+ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de
+l’imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son
+contraire<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Heureusement qu’il y a les croquis et notes de Mortag, même si
+
+
+ce n’est pas complet.<br
+class="newline" />— D’où venaient-elles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l’abri de
+la lumière vive et de l’humidité. C’est un des points sur lequel les différents
+témoignages semblent se recouper, et qui est bon à savoir. On ne sait pas
+trop quand et comment elles ont disparu. Ici ils parlent d’une aide divine,
+invoquée par des humains locaux, pour s’en débarrasser. Là d’une traque
+intensive et sans fin pour les éliminer toutes. Dans celui-ci, les elfes noirs les
+auraient domestiqués pour chasser les humains de la région, alors que dans
+celui-là, ils les combattaient. Je ne suis pas sûr qu’on puisse se fier à
+grand-chose... — Je ne savais pas que les elfes noirs vivaient ici aussi à
+l’époque.<br
+class="newline" />— Moi non plus. À vrai dire, il faut reconnaître que nous ne savons pas
+grand chose d’eux. Cela ne fait qu’à peine un siècle qu’elfes et humains se
+parlent, et encore. D’accord, nous avons croisé un ou deux elfes noirs à la
+capitale, mais ce n’était peut-être pas bienvenu de l’aborder et lui
+demander les archives détaillées de sa nation... Même Silwë, rappelle-toi.
+Elle nous parlait de temps en temps de petits détails personnels de
+la vie des elfes, mais n’a jamais dit grand chose de l’histoire des
+sylvains.
+<!--l. 121--><p class="indent" > Samantha hocha la tête. Uhr reprit.<br
+class="newline" />— Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu’elles ont une
+morsure extrêmement venimeuse. Le venin tue lentement –du moins dans le
+cas d’un gros animal ou d’un humain–, aussi il semble qu’elles ne
+s’acharnent pas sur une proie après l’avoir mordue, mais attendent
+patiemment pour la ramener dans leur « antre ».<br
+class="newline" />— Charmant programme.<br
+class="newline" />— D’un point de vue très pragmatique, cela veut dire qu’il suffit d’avoir le
+bon antidote. Farl a sélectionné plusieurs antipoisons quasi universels, et si
+j’en crois certains de ces textes, ils devraient fonctionner.<br
+class="newline" />— Si tout va bien.
+<!--l. 127--><p class="indent" > Uhr ne répondit pas. Il se contenta de désigner la pile de feuilles qu’il y
+avait sur les genoux de Sam.<br
+class="newline" />— Et toi, qu’as-tu trouvé d’intéressant dans ces dossiers<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle
+
+
+avait résumé ses notes.<br
+class="newline" />— Comme tu le sais, c’est un dossier avec des informations sur tout un
+nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag
+ou Septim. Et ça en fait des noms...<br
+class="newline" />— C’est le capitaine Mazrok qui t’a donné ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il a obtenu ça d’après ses
+dossiers de la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai des doutes. Je pense qu’il est allé demandé au recteur de l’université
+de magie. Il s’agit essentiellement de données administratives<span class="frenchb-nbsp"> </span>: nom,
+adresse, origine, domaine de compétence, ... Mais il y a sur certaines fiches
+quelques informations rajoutées à la hâte, d’une autre écriture<span class="frenchb-nbsp"> </span>: il a
+peut-être cru bon de rajouter certains points intéressants. Pour nous aider,
+peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pourquoi cet excès de zèle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Peut-être qu’il se méfie de certains mages. Peut-être qu’il veut se faire
+bien voir du capitaine Mazrok. Peut-être qu’il a une autre raison, je n’en
+sais rien. On ne va pas se plaindre.<br
+class="newline" />— Et qu’as-tu tiré de tout cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira et regarda son carnet.<br
+class="newline" />— Septim est originaire de la région. Du comté de ToDo, qui n’est pas
+très loin d’ailleurs. Fils de tailleur, il est parti à l’adolescence à la
+capitale pour finir son apprentissage... Et a découvert une autre
+voie.<br
+class="newline" />— Original, un mage puissant venu d’un pays où on craint la magie...<br
+class="newline" />— Il n’est pas le seul. J’en ai noté quatre autres comme ça. Il y a
+la fameuse Zanakielle, notamment. Ainsi que trois autres mages<span class="frenchb-nbsp"> </span>:
+Plimel, Tenedrinn et Sélène. La dernière de la liste est intéressante
+aussi.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qu’elle a de particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Déjà, son domaine de magie –le soin– est proche de celui de Septim.
+D’après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et
+il y a un détail cocasse, que j’ai noté au cas où<span class="frenchb-nbsp"> </span>: Sélène est la fille aînée du
+seigneur Assem.<br
+class="newline" />Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.<br
+class="newline" />— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est
+
+
+qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant
+l’« incident ».<br
+class="newline" />— Pour où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je
+n’avais pas eu l’idée de bavarder avec la femme du propriétaire de
+l’auberge.<br
+class="newline" />— Comment pourrait-elle savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demada Uhr, de plus en plus
+incrédule.<br
+class="newline" />Samantha sourit.<br
+class="newline" />— Parce qu’on l’a vue, pas plus tard que ce matin. Accompagnée d’un jeune
+et mystérieux chevalier qui serait aller la secourir alors qu’elle était
+prisonnière de brigands dans la forêt.<br
+class="newline" />Il haussa les sourcils.<br
+class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu n’as qu’à poser la question, tout le village en parle visiblement. Je
+pense qu’on peut être sûr que cette jeune magicienne est dans le
+coin.
+<!--l. 159--><p class="indent" > Uhr se leva.<br
+class="newline" />— Intéressant. Je ne sais pas si cela peut avoir un rapport avec notre
+histoire, mais... J’entends du bruit en bas, la salle à manger doit être
+pleine. D’après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le
+fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j’ai
+faim.
+<!--l. 163--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 166--><p class="indent" > Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu’il y avait pas mal
+d’animation dans la petite salle. À une grande table près de la cheminée
+étaient attablés une petite dizaine d’hommes, à la conversation animée et
+joyeuse.<br
+class="newline" />— Allez, Farl, montre-nous.<br
+class="newline" />C’était la voix de Ragan, au milieu des rires. Le jeune homme se leva de sa
+chaise, en souriant, prit trois couverts en bois et se mit à jongler avec, sous
+les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas
+une occasion de se donner en spectacle, même –et surtout– improvisé. Ce
+soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui
+
+
+venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand
+sourire.
+<!--l. 170--><p class="indent" > Il jeta un œil à Samantha, qui semblait avoir suivi son regard.<br
+class="newline" />— Bah, laissons-le s’amuser. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver de grave
+après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ils s’assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors
+qu’ils se demandaient comment ils allaient bien aborder le fameux guide, un
+homme s’approcha de la table.
+<!--l. 174--><p class="noindent" >— Je suis Zach. J’ai cru comprendre que vous me cherchiez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 176--><p class="indent" > L’homme était vêtu de façon semblable à ses compagnons. Pantalon de
+toile et bottes de cuir solide, tunique de lin grise, usée et délavée de façon
+non-uniforme, comme s’il portait régulièrement un autre vêtement sur son
+torse. Il remarqua aussi l’usure caractéristique sur le côté gauche de sa
+ceinture, celle que forme, avec le temps, un fourreau d’épée qui y pend
+régulièrement. Pourtant, sa carrure état moins imposante que celle
+Ragan et il paraissait nettement plus jeune. Sa réputation était-elle
+surfaite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 178--><p class="noindent" >— Effectivement. Asseyez-vous en face. Mon nom est Uhr, voici ma femme
+Samantha. Nous cherchons quelqu’un pour nous emmener dans certaines
+régions peu connues de la forêt de Sossirant. Il semble que vous soyiez le
+seul à pouvoir le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Zach s’assit en souriant.<br
+class="newline" />— Sans vouloir me vanter, il me semble que si je ne peux pas vous y
+conduire, alors aucun humain ne le peut. Par quel moyen<span class="frenchb-thinspace"> </span>? À pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 182--><p class="indent" > Au fur et à mesure que la conversation s’engageait sur des détails
+pratiques –prix, moyen de transoprt, matériel–, Uhr commençait à
+avoir confiance. Il savait de quoi il parlait. Et après tout, ce ne sont
+ni l’âge ni les gros bras qui font un bon guide. Il sembla un peu
+hésitant quand à la venue potentielle de Samantha, mais un regard
+foudroyant de celle-ci le convaincut rapidement. Lui même avait
+vaguement essayé de la dissuader de venir jusque dans la forêt –elle
+pourrait rester dans la ville et apprendre des choses–, mais vaguement
+seulement. Il savait bien que lorsqu’elle avait décidé de faire quelque
+chose, la déesse elle-même ne l’arrêterait pas. Alors quelqu’un comme
+
+
+Zach...
+<!--l. 184--><p class="indent" > Il craignait un peu qu’il ne leur pose un peu trop de questions sur le but
+de leur voyage –s’il prévoyait de lui en parler une fois la ville quittée, il ne
+voulait pas détailler tout de suite–, mais s’il fronça légèrement les sourcils à
+leur explication vague de recherche de ruines d’anciennes civilisations, il s’en
+contenta.
+<!--l. 186--><p class="indent" > Lorsqu’Uhr pointa, sur la vieille carte du guide, les zones qu’il comptait
+explorer, celui-ci commença par hocher la tête, puis se figea l’espace d’un
+instant.<br
+class="newline" />— Par contre, je n’emmène personne ici.<br
+class="newline" />Uhr et Samantha le regardèrent, surpris, puis leur regard se porta à
+nouveau sur la carte, sur la zone qu’Uhr pointait. Elle n’était pourtant pas
+si éloignée que cela de la ville, même si elle semblait très peu fréquentée au
+vu de l’absence de chemin qui la parcourait.<br
+class="newline" />— Ailleurs si vous voulez, même là, ajouta-t-il en pointant une zone bien
+plus éloignée. <br
+class="newline" />Le visage de Zach s’était fermé, et était devenu indéchiffrable. Il
+reprit, alors que Samantha ouvrait la bouche pour lui demander
+pourquoi.<br
+class="newline" />— Les autres guides ne vous emmèneraient pas parce qu’ils ne connaissent
+pas cette région. Je ne vous y emmène pas parce justement je la connais. Et
+je tiens à ma peau et je suppose que vous aussi.<br
+class="newline" />Il se leva brusquement.<br
+class="newline" />— Attendez. Et si nous y allions avec une meilleur escorte, peut-être
+que...<br
+class="newline" />— Si vous me trouvez une armée, peut-être, coupa-t-il.<br
+class="newline" />Il se dirigea vers le comptoir et fit un geste au tenancier, sans dire un mot.
+Uhr et Samantha se regardèrent, surpris.
+<!--l. 197--><p class="noindent" >— Hé, Zach, tu ne vas pas nous quitter comme ça quand même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix d’un de ses compagnons de table, qui l’appelait d’un
+air enjoué. Le jeune homme sembla hésiter, puis se retourna vers
+lui.<br
+class="newline" />— Le p’tit gars a encore des trucs à nous montrer, je suis sûr que ça va te
+plaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il pointa du doigt l’autre côté de la table, où Farl faisait tenir un large
+couteau en équilibre sur son nez, sous le regard amusé des autres convives.
+Zach sembla hésiter, regarda le jeune ménestrel quelques instants, puis
+sourit en s’approchant de la table.<br
+class="newline" />— Je peux essayer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 203--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 205--><p class="indent" > Ils restèrent silencieux quelques instants, regardant le jeune homme
+quitter la table. <br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui lui a pris<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Uhr.<br
+class="newline" />— Je ne sais pas. Il s’est vraiment braqué d’un coup... Tu crois qu’il
+faudrait le rappeler, essayer de lui parler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On peut. Mais j’ai l’impression qu’on a peu de chances. Et sans lui,
+impossible de mener à bien notre mission. Mmmh...<br
+class="newline" />Il s’interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, Samantha tourna son
+regard vers l’autre table. Le jeune guide avait rejoint ses compagnons, parmi
+lesquels se trouvait Farl...
+<!--l. 211--><p class="indent" > Zach s’était pris au jeu. Il avait récupéré le long couteau et lui aussi le
+faisait tenir en équilibre sur son nez. Il se débrouillait plutôt bien, et à en
+voir la réaction de la petite foule, ce n’était pas la première fois
+qu’il jouait à ce genre de jeu. Et ce soir-là, il avait un concurrent
+sérieux...
+<!--l. 213--><p class="indent" > Farl lui jeta un œil interrogateur. Elle haussa les épaules en faisant
+la moue. Une fraction de seconde plus tard il s’était de nouveau
+tourné vers son nouveau compagnon pour lui proposer un nouveau
+défi.
+<!--l. 215--><p class="noindent" >— La zone dans laquelle il refuse d’aller se recoupe en partie avec celle
+qu’on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et
+peut-être que d’ici là... commença Uhr <br
+class="newline" />Samantha l’interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. —
+Pour le moment, je serais d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti
+que nous pour lui parler...<br
+class="newline" />Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les
+rires allaient bon train. Il sourit à son tour.<br
+class="newline" />— Tu as peut-être raison. Attendons demain.
+<!--l. 221--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 223--><p class="indent" > Il secoua la tête tout en foulant l’herbe humide de rosée, comme si cela
+lui permettait de chasser ces pensées qui se bousculaient. Il n’aurait
+peut-être pas dû... Il y avait un certain nombre de choses qu’il n’aurait pas
+dû faire hier soir.
+<!--l. 225--><p class="indent" > Boire, pour commencer. Ou tout du moins pas autant. Mais lorsqu’il y
+pensait, ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, et il
+avait beau tenter de se persuader du contraire, une petite voix lui disait que
+ça ne serait pas la dernière. Au moins cette pensée-là était habituelle, elle
+en était presque rassurante au fond.
+<!--l. 227--><p class="indent" > Il n’aurait pas dû refuser tout net ce que proposait Uhr. Surtout qu’il
+semblait être le genre de gars à être prêt à payer cher sans poser trop de
+questions pour aller là où il voulait. Et après tout, s’il avait refusé, c’était
+justement pour éviter les questions... Elles auraient mené trop loin, si on ne
+le prenait pas pour un fou. Sélène, Irdann, les deux elfes, les araknes, leur
+morsure, Sélène...
+<!--l. 229--><p class="indent" > Pourtant la soirée s’était passé plutôt bien ensuite. Il avait fait
+connaissance avec ce jeune homme, un ménestrel apparemment, qui avait
+voyagé avec Uhr et sa femme. Un jongleur, qui avait épaté la galerie avec
+divers tours d’adresse avec tous les objets qui lui étaient passés sous la
+main. Il s’était joint au public. Il n’aurait pas dû. Il savait bien qu’il aurait
+à un moment donné envie d’essayer, lui-même étant amateur de ce genre de
+jeu. Il n’était d’ailleurs pas mauvais, mais face à un vrai jongleur, il savait
+bien qu’il n’avait aucune chance. Qui avait suggéré l’idée de le défier sur un
+terrain qui était plus le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce Dacus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était plus sûr. Ça
+aurait bien pu être le ménestrel. Ou bien lui-même, pour ce qu’il se
+souvenait de la fin de la soirée. S’il avait été sobre et s’il n’y avait
+pas eu ses compagnons autour de lui, il n’aurait jamais accepté,
+évidemment.
+<!--l. 231--><p class="indent" > Il marchait depuis presque une heure, et au fur et à mesure que l’air frais
+lui éclaircissait l’esprit, il hésitait. Était-ce une bonne idée, d’aller quand
+même à ce rendez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, il ne connaissait même pas ce jeune
+
+
+homme. Et puis il avait mieux à faire que d’aller relever des défis
+idiots.
+<!--l. 233--><p class="indent" > Il soupira. En fait il n’avait pas vraiment mieux à faire, puisqu’il avait
+refusé le « boulot » d’Uhr. Et puis, il aimait relever des défis, même idiots.
+Mais quand même...
+<!--l. 235--><p class="noindent" >— Héé Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il tourna la tête. C’était Ragan qui le rattrapait au pas de course. Un grand
+sourire barrait son visage.<br
+class="newline" />— Ha, je savais bien que tu n’allais pas te débiner au dernier moment.<br
+class="newline" />L’enthousiasme de son compagnon chassa vite ses interrogations, et il lui
+sourit en retour.<br
+class="newline" />— Et l’autre, tu crois qu’il va se dégonfler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça m’étonnerait.<br
+class="newline" />— Ah, c’est vrai que tu as fait le trajet avec lui, j’avais oublié. Tu le connais
+plutôt bien alors...<br
+class="newline" />— Oui. C’est un p’tit gars un peu étrange parfois, mais au fond, il n’est pas
+bien méchant.<br
+class="newline" />Il hocha la tête et reporta son regard au loin. Ils étaient tout proches de
+leur destination.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Le lac du Croissant était un endroit magnifique. Il était passé à
+plusieurs reprises à côté de ce point d’eau qui devait son nom à la large
+falaise qui le bordait sur la moitié de sa circonférence. Si on pouvait voir
+quelques grands arbres aux alentours, seuls quelques buissons secs
+poussaient au sommet de la barre rocheuse, la faisant apparaître d’autant
+plus pâle. Bien qu’à une petite heure de marche du prochain village,
+l’endroit était pourtant peu fréquenté. Divers mythes parlaient d’une
+malédiction, mais Zach, pragmatique, croyait plus volontiers que l’endroit
+présentait en réalité peu d’intérêt<span class="frenchb-nbsp"> </span>: le lieu n’était pas vraiment sur des
+routes fréquentées, la terre était pauvre, il y avait peu d’animaux à y
+chasser et les alentours regorgeaient de nombreux autres points d’eau plus
+fournis en poissons. Son seul intérêt était probablement sa beauté, mais
+bien peu de gens pouvaient –ou souhaitaient– prendre le temps de
+l’apprécier.
+
+
+<!--l. 247--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 249--><p class="indent" > Lorsqu’il aperçut la silhouette de Zach au loin, il laissa un léger sourire
+se marquer sur ses lèvres. <br
+class="newline" />— Tu pensais qu’il ne viendrait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il tourna la tête vers Dacus, un autre ami de Zach, qui était arrivé en
+même temps que lui. Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Je dois t’avouer que j’ai eu quelques doutes...<br
+class="newline" />— Bah, Zach rate rarement un défi. Quoique, quand il pense vraiment qu’il
+va rater... Mais il est là en tous cas.
+<!--l. 255--><p class="indent" > Il était là. Un peu nerveux, visiblement, mais lui-même l’était aussi
+finalement. Il était venu sans son épée –un fourreau vide à sa ceinture
+l’attestait–, mais il lui semblait deviner le manche d’un couteau qui
+dépassait de sa botte droite. En dehors de cela, il était venu les mains vides.
+C’était plutôt bon signe.
+<!--l. 257--><p class="noindent" >— Nous y voilà. Alors, qu’est-ce que tu attends de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu veux, j’ai beaucoup entendu parler de toi. Oh je ne
+comptais pas te défier sur tes compétences de guide ou de pisteur, elles
+sont suffisamment reconnues et ce n’est de toutes façons pas mon
+domaine. J’ai déjà eu l’occasion de jouer à des jeux d’adresse avec toi
+hier.<br
+class="newline" />Le jeune guide haussa les épaules. Maintenant que Farl y prêtait attention,
+Zach semblait nettement plus jeune que ses amis. Il devait avoir son âge, ou
+peut-être moins, difficile à dire.<br
+class="newline" />— Évidemment, je ne comptais pas te défier sur la jonglerie.<br
+class="newline" />Son interlocuteur laissa échapper un sourire mais ne répondit pas.<br
+class="newline" />— En fait, tes collègues m’ont dit que tu étais un excellent grimpeur. Et
+puis j’ai vu cet endroit...<br
+class="newline" />Il se tourna et désigna la barre rocheuse derrière lui. Zach suivit son geste,
+et ses yeux se mirent à briller alors que son sourire s’agrandissait.
+<br
+class="newline" />— Je dois reconnaître que cette falaise m’a déjà tenté. Mais je n’ai jamais
+vraiment pris le temps...<br
+class="newline" />Farl sourit à son tour et s’approcha de la roche.<br
+class="newline" />— On part en traversée, au ras de l’eau. L’idée est de finir là haut, de
+
+
+l’autre côté, au niveau de ce petit arbre. <br
+class="newline" />Zach ne répondit pas, et continuait à fixer la falaise, observant et
+étudiant le trajet à effectuer. Ragan lui donna une tape sur l’épaule en
+souriant.<br
+class="newline" />— Ha, je savais que ça te plairait. J’aurais bien tenté, mais je n’ai pas ton
+agilité<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 270--><p class="indent" > Zach se tourna vers lui en souriant.<br
+class="newline" />— Le dernier arrivé paye un pot ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Le dernier arrivé ou le premier à l’eau.<br
+class="newline" />Les deux autres guides approuvèrent en riant.
+<!--l. 275--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 277--><p class="indent" > Le soleil montait petit à petit à l’horizon, et la pierre était très claire. Il
+aurait vite chaud. Il se défit de sa ceinture et de son armure de cuir, et
+après quelques hésitations, de sa tunique. Après tout, autant être léger, et
+puis ses amis pouvaient garder ses affaires. Puis il rejoignit Farl, qui avait
+posé son petit sac en cuir noir et s’était approché de la paroi. S’il avait
+proposé ce défi, c’est qu’il était plutôt bon grimpeur lui aussi. Mais à quel
+point<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 279--><p class="indent" > Alors qu’il passait sa main sur la roche, Dacus lui tendit une flasque
+ouverte.<br
+class="newline" />— Tu veux un coup avant d’y aller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh, merci mais je crois que j’ai un peu trop bu hier...<br
+class="newline" />Il sourit.<br
+class="newline" />— Oh, il n’y a presque pas d’alcool. Et puis,<br
+class="newline" />Il se rapprocha alors qu’il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un
+clin d’œil.<br
+class="newline" />— J’ai parié un pichet de vin avec Ragan sur toi, me déçois pas,
+hein<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 287--><p class="indent" > Zach sourit et prit finalement une petite gorgée –Dacus n’avait pas la
+même notion de « presque pas d’alcool » que lui.<br
+class="newline" />— Je vais faire de mon mieux.<br
+class="newline" />Il tendit ensuite la flasque au jeune ménestrel, qui prit une gorgée à son
+tour.<br
+class="newline" />— Bonne chance, Zach.<br
+class="newline" />— Bonne chance à toi aussi.
+<!--l. 293--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 295--><p class="indent" > Il se demandait vaguement à quel point ses amis avaient exagéré
+les compétences de Zach, mais il fut vite convaincu. Il n’allait pas
+particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était
+aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux
+atouts importants.
+<!--l. 297--><p class="indent" > Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus
+technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la
+progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter
+quelqu’un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale.
+Lorsqu’on est habitué à tenir les réglettes fines et humides formées par les
+interstices entre les pierres, les petits gratons de roche qu’il trouvait ici
+étaient presque confortables.
+<!--l. 299--><p class="indent" > Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d’avoir gardé sa
+tunique à manches longues. Sauf que s’il avait dû se mettre torse nu comme
+Zach, il aurait dû, d’une façon ou d’une autre, montrer le fourreau
+d’avant-bras qu’il portait dessous. Et on faisait mieux pour inspirer
+confiance qu’une arme d’assassin. Maintenant qu’il y pensait, il aurait dû
+simplement la laisser à l’auberge, ce n’est pas comme si il craignait
+grand-chose...
+<!--l. 301--><p class="indent" > En parlant de confiance, est-ce qu’il devait plutôt le laisser gagner ou
+pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il tourna la tête rapidement pour voir son avancement. Il était
+maintenant juste derrière lui. Leurs regards se croisèrent et ils esquissèrent
+tous deux un sourire au milieu de l’effort. Il s’en sortait très très bien. Hors
+de question de le laisser gagner.
+<!--l. 303--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 305--><p class="indent" > L’escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la
+fatigue dans ses avant-bras. Mais Farl, qui avait choisi un autre chemin, ne
+semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu’on apprenait aux
+apprentis ménestrels, mais il doutait que l’escalade en fasse partie...
+
+
+Peut-être venait-il de régions montagneuses où on apprenait à grimper
+avant d’apprendre à marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 307--><p class="indent" > Il profita d’une bonne prise pour s’essuyer le front et prendre une grande
+inspiration avant l’ascension finale. Il lui restait moins d’une dizaine de
+mètres à grimper, et il pouvait encore peut-être rattraper son concurrent.
+Et vu de près, il lui semblait bien qu’il commençait à fatiguer lui
+aussi...
+<!--l. 309--><p class="indent" > Mais pas suffisamment. Quelques mètres à peine au dessus delui, Farl se
+hissa sur le replat qu’ils avaient convenu comme lieu d’arrivée. Il se redressa,
+puis se tourna vers lui et lui tendit son bras en souriant.
+<!--l. 311--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 313--><p class="indent" > Zach sembla avoir un instant d’hésitation et une moue. Puis il saisit son
+avant-bras tendu et le rejoignit. Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Bon, d’accord, tu as gagné, lui dit-il en reprenant son souffle.<br
+class="newline" />— Merci. Tu grimpes très bien aussi.
+<!--l. 317--><p class="indent" > Ils restèrent quelques instants silencieux masser leurs avant-bras
+endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le
+lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la
+silhouette du château du seigneur et la ville qui l’entourait.
+<!--l. 319--><p class="noindent" >— Je peux te poser une question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Farl sortit de sa rêverie brusquement.<br
+class="newline" />— Euh oui.<br
+class="newline" />— Je me demandais si tu avais quelque chose au bras droit. Une blessure, ou
+une protection spécifique<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il hésita quelques instants, puis se décida à soulever sa manche. Il s’était
+déjà dit qu’il aurait dû laisser ça à l’auberge, mais maintenant...
+<!--l. 325--><p class="indent" > Zach observa en silence le fourreau de cuir qui entourait son avant-bras,
+puis Farl actionna le mécanisme pour libérer la dague, et d’un mouvement
+sec la fit glisser dans la main. Il continua de fixer la lame acérée, peinte en
+noir pour éviter les reflets.
+<!--l. 327--><p class="noindent" >— J’avais entendu parler des assassins de la capitale. Mais j’ai toujours
+pensé qu’il s’agissait d’une légende ou d’un groupe disparu.<br
+class="newline" />Il essayait de dire cela d’un ton factuel, mais la nervosité pointait dans sa
+voix –et il y avait de quoi.<br
+class="newline" />— Les rares personnes à avoir vu cette arme et à être encore en vie sont des
+amis.<br
+class="newline" />Ce n’était pas la meilleure des tirades, il devait l’admettre, mais les traits de
+son interlocuteur se détendirent un peu. Le jeune guide tourna ensuite la
+tête vers la rive où les attendaient leurs amis. Il leur fit un geste, puis se
+leva.<br
+class="newline" />— On devrait rentrer, dit-il. Par là, ajouta-t-il en pointant du doigt les
+buissons rabougris qui poussaient sur la falaise, il y a un sentier qui mène au
+pied du rocher.
+<!--l. 333--><p class="indent" > Farl remit sa manche et se mit en route à sa suite. Il hésitait à
+questionner Zach, mais ce fut lui qui prit la parole au bout de quelques
+minutes.<br
+class="newline" />— Tu travailles pour Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pas vraiment... Uhr et moi sommes amis de longue date et nous
+entraidons régulièrement. <br
+class="newline" />— Vous êtes donc tous les trois à la recherche de cette... ruine<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin ça ne
+me regarde peut-être pas...<br
+class="newline" />— C’est une histoire compliquée, je ne sais pas si j’ai le droit de te
+dire...
+<!--l. 339--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 341--><p class="indent" > Il devait admettre que l’histoire de Farl l’intriguait, mais il avait depuis
+longtemps pris la résolution de ne pas questionner trop ses clients
+–même potentiels. En général, c’était ce qu’on attendait de lui.
+Il avait la certitude que certains des voyageurs qu’il avait escortés
+n’avaient pas forcément des activités strictement légales. Surtout
+ceux qui demandaient à traverser hors des sentiers, de préférence
+discrètement, et qui payaient très bien pour ça, y compris pour son
+silence.
+<!--l. 343--><p class="indent" > Jusque là, il le savait pour avoir écouté les rumeurs de village, il ne
+s’agissait que de petite contrebande ou de petits malfrats qui fuyaient la
+région. Il saurait refuser ce genre de marché si on lui proposait quelque
+
+
+chose de vraiment louche. Il ne savait pas trop où il mettrait cette limite, et
+il devait reconnaître qu’il était plus confortable de ne pas poser trop de
+questions.
+<!--l. 345--><p class="indent" > La voix de Farl interrompit ses pensées.<br
+class="newline" />— Tiens, à propos de choses qu’on ne dit pas... Peux-tu me dire pourquoi tu
+n’as pas voulu dire précisément quels dangers nous attendent dans la
+forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules. Après tout...<br
+class="newline" />— Essentiellement, parce que personne ne m’aurait cru.<br
+class="newline" />Le ménestrel sourit.<br
+class="newline" />— Bah, dis toujours, j’aime bien les histoires extraordinaires. Au pire ça
+fera un joli conte à raconter.<br
+class="newline" />Il eut un sourire un peu amer.<br
+class="newline" />— Ça fera une histoire pour faire peur aux enfants pas sages alors...<br
+class="newline" />Il prit une inspiration.<br
+class="newline" />— Lors de ma dernière traversée, nous avons rencontré des créatures
+cauchemardesques et mortelles, des sortes d’araignées géantes, appelées
+araknes...
+<!--l. 356--><p class="indent" > Il s’interrompit, remarquant que Farl était resté quelques pas en arrière.
+Son visage s’était figé sur une expression de surprise.<br
+class="newline" />— Je sais, c’est complètement incroyable, hein...<br
+class="newline" />Farl était tout pâle.<br
+class="newline" />— Plus que tu ne crois. Enfin, moins même. <br
+class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il le rejoignit, et posa sa main sur son épaule en hochant la tête.<br
+class="newline" />— Zach... Tu veux bien m’accompagner jusqu’à l’auberge du Renard Vif, où
+nous avons nos chambres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh oui...<br
+class="newline" />— Tu voudras bien expliquer tout ça à Uhr et Sam aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Nous n’allons
+pas le crier sur les toits, rassure-toi.<br
+class="newline" />— Euh... d’accord, mais pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le jeune ménestrel marqua une pause, semblant chercher ses mots.<br
+class="newline" />— Tu vois cette histoire plus ou moins crédible de ruine antique que
+recherche Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— Ce qu’il cherche est bien chose d’« antique », qui est censé avoir disparu
+depuis des siècles... mais ce n’est pas un tas de cailloux.
+<!--l. 371--><p class="indent" > Zach se tut quelques instants, le temps de comprendre.<br
+class="newline" />— Oh.
+<!--l. 374--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 376--><p class="indent" > Uhr déplia la carte sur le lit de la chambre de l’auberge, qui était
+décidement trop petite pour quatre personnes.<br
+class="newline" />— Si je résume bien, toi et ta cliente avez fait ce trajet, passant par là, et
+là, dit-il en dessinant une trajectoire au crayon sur le papier. Et vous avez
+croisé des araknes où déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ici, précisa Zach, en pointant la carte. Nous avons ensuite traversé la
+rivière là, ce qui nous a mis à l’abri de ces créatures.<br
+class="newline" />Uhr hocha la tête et se tourna vers elle.<br
+class="newline" />— On est d’accord qu’elles ne peuvent pas traverser de rivière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle secoua la tête en relisant les quelques notes qu’ils avaient.<br
+class="newline" />— En principe non. Sauf s’il y a un pont dans le coin, peut-être.<br
+class="newline" />— C’est trop reculé pour que des hommes soient venus construire des ponts,
+à ma connaissance. Il y a quelques gués, au mieux.<br
+class="newline" />— La zone clé est donc située entre cette rivière et son affluent, ce n’est pas
+si grand comme région. C’est une très bonne nouvelle. ajouta Uhr en
+souriant.<br
+class="newline" />— Tu trouves<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— On nous a demandé d’enquêter sur la présence possible de ces bestioles
+dans la forêt, pas forcément d’y aller et de leur serrer la pince. Le
+témoignage de Zach est déjà très riche<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 388--><p class="indent" > À condition qu’il dise bien la vérité, pensa-t-elle. Elle voulait en parler
+discrètement à Uhr et Farl, mais elle était sûre qu’il mentait. C’était
+absurde, pourtant, qu’il invente une histoire pareille. Et pourtant, la façon
+dont il en parlait, ses gestes parasites, tout son corps exprimait qu’il
+mentait. Ou alors il ne disait pas tout, peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cette hypothèse était un
+peu plus crédible. Il faudrait trouver le moyen de le questionner, mais
+peut-être un peu plus subtilement que directement...
+<!--l. 390--><p class="noindent" >— Il est évident que je vais essayer d’envoyer un rapport écrit. Mais
+
+
+réfléchissez, si nous rentrons maintenant avec ces informations, reprit Uhr,
+c’est sûr que... celui qui nous envoie sera plutôt satisfait...<br
+class="newline" />Il jeta un œil à Zach. Évidemment, il ne pouvait pas tout dire devant
+lui.<br
+class="newline" />— ... Et que va-t-il faire à votre avis<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Envoyer quelques hommes pour
+enquêter... Et comme il souhaite –a priori– que ce soit dans la discrétion, il
+va éviter de mettre trop de monde au courant. Je vous laisse donc deviner
+qui va devoir y aller.<br
+class="newline" />— Oui, mais nous pourrions avoir des renforts, ou de l’équipement
+adapté, ajouta Farl, plongé jusque-là dans l’inspection de son sac à
+dos.<br
+class="newline" />— Quel meilleur équipement pourrions-nous avoir qu’on ne pourrait pas
+trouver ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit Samantha. Et en plus, les informations de Zach sont
+plus utiles que la plupart des livres qu’on pourrait trouver à la capitale... Et
+nous serions quatre. <br
+class="newline" />Elle tourna la tête vers Zach.<br
+class="newline" />— Enfin, si tu acceptes de nous emmener là-bas.
+<!--l. 398--><p class="indent" > Tous tournèrent la tête vers le jeune guide, qui ne semblait pas très
+emballé par l’idée.<br
+class="newline" />— Cela reste dangereux... Même si avec des équipiers avertis ce n’est
+peut-être pas complètement suicidaire...<br
+class="newline" />— Bien sûr, nous serons prudents, ajouta Uhr. Nous n’allons pas nous jeter
+dans le nid de ces bestioles, nous voulons juste des informations plus
+précises sur leur apparition, ou plutôt leur réapparition dans nos
+contrées.<br
+class="newline" />— Certes...<br
+class="newline" />— Par contre, tu ne seras pas surpris si, quelle que soit ta décision, je
+te décourage très fortement de parler de cette histoire autour de
+toi.<br
+class="newline" />— Tu m’as suffisamment payé pour cela, je crois.<br
+class="newline" />— Ça pourrait t’attirer des ennuis.<br
+class="newline" />Zach fronça les sourcils.<br
+class="newline" />— Je dois le prendre comme une menace<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non. Enfin si, mais pas de ma part. Je ne peux pas tout te dire
+mais...<br
+class="newline" />Uhr lui jeta un regard, ainsi qu’à Farl.<br
+class="newline" />— ... Disons qu’on a de bonnes raisons de croire qu’un type s’est fait
+assassiner pour l’avoir su.
+<!--l. 411--><p class="indent" > Zach resta quelques instants silencieux. Puis il prit la parole.<br
+class="newline" />— Si vous en avez les moyens, nous pouvons louer des montures pour
+chacun d’entre nous pour aller un peu plus vite. Mais la voiture ne fera
+que nous encombrer puisque le trajet se fera hors des sentiers. Par
+contre...<br
+class="newline" />Il tourna la tête vers Samantha en fronçant les sourcils. Elle lui jeta un
+regard noir. S’il me dit que c’est trop dangereux pour moi, je lui en colle
+une, pensa-t-elle.<br
+class="newline" />— Le père Hersur, qui loue des chevaux, ne fait habituellement pas dans le
+transport délicat. Il n’a pas de selle amazone. Cela te pose un problème de
+monter comme un homme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle ravala mentalement sa baffe. <br
+class="newline" />— Ah oui, pas de problèmes.<br
+class="newline" />— Parfait.
+<!--l. 419--><p class="indent" > Ce type mentait peut-être, mais au moins, il ne la prenait pas pour une
+stupide vendeuse de fleurs incapable.
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers11x.png" alt="[