<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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<img
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" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 122--><p class="nopar" >
-<!--l. 124--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 127--><p class="nopar" >
+<!--l. 129--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 126--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
-éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur
-de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux
-longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
+<!--l. 131--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur
+de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues
+manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
-<!--l. 128--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+<!--l. 133--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de
s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
-<!--l. 130--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+<!--l. 135--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
-<!--l. 132--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
-<!--l. 134--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+<!--l. 139--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
tout.
-<!--l. 136--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+<!--l. 141--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 138--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+<!--l. 143--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 140--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
-pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités
-maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés
-vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
-ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ... Le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 142--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
+<!--l. 145--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers,
+pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur
+âme à des divinités maléfiques. Pour s’en protéger, on les chassait,
+les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa.
+Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ... Le
+lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 147--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
-<!--l. 144--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+<!--l. 149--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
-<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 151--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 148--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
+<!--l. 153--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
-
-
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-<!--l. 164--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+<!--l. 169--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement.<br
class="newline" />— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme avait saisi une seconde épée en bois, et s’était précipité sur elle.
Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l’épée d’un coup de la sienne.
Même en bois, l’épée était un peu lourde... L’homme attaqua de nouveau,
-elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d’enchaisser
+elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d’encaisser
un choc qui ne vint pas... L’homme s’était arrêté à quelques centimètres
-d’elle...<br
+d’elle.<br
class="newline" />— Pas mal. Je pense que c’est bon.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il s’assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.<br
class="newline" />— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-<!--l. 189--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 194--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 191--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
+<!--l. 196--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
-ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
+ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille,
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
citadin.
-<!--l. 193--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+<!--l. 198--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.<br
class="newline" />— Là, regardez<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
va<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-<!--l. 201--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+<!--l. 206--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
défaut<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
-<!--l. 207--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 212--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 209--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+<!--l. 214--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
-pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
+pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
quelqu’un sur place en une parole.
-<!--l. 211--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+<!--l. 216--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
-<!--l. 213--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 218--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 229--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+<!--l. 234--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
tant que c’est pour la bonne cause. Et qui sait, changer d’arme rapidement
pourrait être un atout en combat, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il leva les yeux, et osa sourire timidement.<br
-class="newline" />— Vous avez eu à combattre contre des vrais adversaires<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Vous avez déjà combattu des vrais adversaires<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
nombreuses aventures...
-<!--l. 246--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+<!--l. 251--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il devait être redoutable sur un champ
class="newline" />— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil,
comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition
veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en
+
+
dehors du temple.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Nous
verrons bien.<br
class="newline" />Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
-<!--l. 253--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 258--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 255--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+<!--l. 260--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
-<!--l. 264--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
-été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas
-les moyens de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité.
-Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait
-toujours à échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se
-faire prendre. À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main
-dans le sac ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange homme,
+<!--l. 269--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
+plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas les moyens de
+le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très
+doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
+échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
+À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
+ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
-<!--l. 274--><p class="indent" > Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
+<!--l. 279--><p class="indent" > Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
-par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées – et
-surtout ses nuits – à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
-furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards
-et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir,
+par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées –et
+surtout ses nuits– à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
+furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et
+stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
-<!--l. 283--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+<!--l. 288--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
-<!--l. 290--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+<!--l. 295--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
-<!--l. 302--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+<!--l. 307--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-il escaladé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset.<br
class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.<br
class="newline" />Farl le regarda, les yeux brillants.
-<!--l. 314--><p class="noindent" > <span
+<!--l. 319--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 316--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 321--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
-de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
+de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme
lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante
d’un arbre. L’aîné des garçons sortit alors un petit pichet de vin, qu’il
l’autre soir.<br
class="newline" />— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
couper du bois.
-<!--l. 329--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+<!--l. 334--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
-<!--l. 331--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+<!--l. 336--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
-arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Zach, savait qu’il avait été trouvé
-bébé sur le pas de la porte de cette famille de bûcherons. Ils l’avaient
+arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
+d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
-<!--l. 334--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+<!--l. 339--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
tunique, d’un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils
étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs
+
+
épées et boucliers au côté.<br
class="newline" />— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour
nous et la damoiselle que nous escortons.<br
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 341--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+<!--l. 346--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 344--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
+<!--l. 349--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 352--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+<!--l. 357--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— D’accord.
-<!--l. 356--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 361--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 358--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d’une robe
-mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs
-cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père
-avait l’air si imposant quand il était assis sur son trône<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et elle se sentait
-toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et
+<!--l. 363--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et
+frêle, vêtue d’une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème
+argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si
+impressionnant. Et son père avait l’air si imposant quand il était assis sur
-constatant qu’il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite
-fille de dix ans dans ses bras.<br
+son trône<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces
+conditions... Sentant sa gène, et constatant qu’il était seul avec elle,
+il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses
+bras.<br
class="newline" />— Papa, je voudrais apprendre à me battre.<br
class="newline" />Il fronça les sourcils.<br
class="newline" />— Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y a bien plus intéressant à faire, pourtant<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Quelque chose
politique du clan, ce qui en compliquait nettement la gestion, tout en créant
certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut-être mieux qu’elle
s’entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun
-champ de bataille de sa vie – ou alors que de loin –, du moins il l’espérait,
-que risquait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+champ de bataille de sa vie –ou alors que de loin–, du moins il l’espérait,
+alors que risquait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc<span class="frenchb-nbsp"> </span>: une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.<br
class="newline" />Le visage d’Aldariel s’illumina.
-<!--l. 376--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 381--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 378--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
-–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
-y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
+<!--l. 383--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
+–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
+y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
-<!--l. 380--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+<!--l. 385--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
-<!--l. 383--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+<!--l. 388--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
-<!--l. 385--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+<!--l. 390--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
-<!--l. 388--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+<!--l. 393--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
-<!--l. 390--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
-puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
+<!--l. 395--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
-<!--l. 392--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+<!--l. 397--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
-<!--l. 395--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 400--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers1x.png" alt="[
fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples
anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s’endormir,
épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui
-partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait
-un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement
+partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait
+un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement
fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait
extrêmement dur. Comment pouvait-il espérer se libérer avec si
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi », le chef de ce
-grand clan barbare.
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Bloupy », le
+chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
bâton en plus.
<!--l. 15--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
s’agissait d’un clou, enfin, d’un morceau de métal pointu vaguement muni
-d’une tête, dont le clan ennemi s’était servi pour assembler les rondins de
-bois en barricade autour des prisonniers. Le métal était très dur... Il avait
+d’une tête, qui avait vraisemblablement servi à assembler les rondins de bois
+en barricade autour des prisonniers. Le métal était très dur... Il avait
peut-être une chance de s’en tirer, en fait.
<!--l. 17--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 19--><p class="indent" > Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et
de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa
tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son
-équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout
-était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe
+équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout
+était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe
et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un
peu en retrait, dans une cachette, son sac à dos, contenant de quoi survivre,
ainsi qu’un assortiment de poisons et antidotes. Il vérifia encore une fois le
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
-semblaient se débattre des prisonniers, visiblement d’une tribu rivale. Il
-nota cette information, cela pourrait faire une diversion efficace au
+semblaient se débattre des prisonniers, visiblement d’une ou deux tribus
+rivales. Il nota cette information, cela pourrait faire une diversion efficace au
besoin.
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
<!--l. 29--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 31--><p class="indent" > Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de
-l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit
-bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
+l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit
+bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite.
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
-bois. Décidant que, de toutes façons, il verrait ça plus tard, il se hâta vers le
-petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le moindre
-bruit.<br
+bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
+n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
+hâta vers le petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le
+moindre bruit.<br
class="newline" />— Qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Lui demanda-t-il.<br
-class="newline" />— Je suis Uhr un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
+class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Bloupy. Je
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
se charger de cette tâche. Puis la vision de l’assassinat du garde lui revint en
mémoire, et il hocha la tête. De toutes façons, ce gars était dangereux,
-
-
mieux valait être de son côté. Et puis n’importe quel côté valait mieux que
celui de son ennemi.<br
class="newline" />— J’ai pu observer. Dans les quatre tentes qui sont là-bas, le roi dort dans
class="newline" />— Donne moi tes poignets.<br
class="newline" />Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
rapidement les chaînes qui le retenaient.<br
-class="newline" />— Maintenant, il va y avoir moyen de mettre cette vengeance en
-pratique.
+class="newline" />— Maintenant, nous avons moyen de mettre cette vengeance en pratique.
<!--l. 55--><p class="indent" > Il lui sourit, et Uhr lui rendit son sourire. Ami.
<!--l. 57--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir
mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques
+
+
instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa
liberté.<br
class="newline" />— Bon, voilà ce que nous allons faire.<br
class="newline" />Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement.
-Le barbare fronça les sourcils, jeta un oeil vers le camp, puis vers le plan, et
+Le barbare fronça les sourcils, jeta un œil vers le camp, puis vers le plan, et
sembla comprendre.<br
class="newline" />— Je vais m’occuper de neutraliser les deux gardes du roi. Tu vas pouvoir
entrer dans la tente du roi, je te laisse le plaisir de l’assassiner, je crois que
<!--l. 79--><p class="indent" > Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la
tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un
coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des
-standarts barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut
-immédiatement comme le roi, avec sa silhouette et sa couronne, et une
+standards barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut
+immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une
jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita
quelques instants. Devait-il la tuer aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle portait des traces de
coups sur les bras et le dos. Vraisemblablement, on ne lui avait pas
roi et se rua au dehors, son épée à la main.
<!--l. 90--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 92--><p class="indent" > Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
-chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement
+<!--l. 92--><p class="indent" > Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
+chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement
musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme
avaient dans le regard une telle fierté et une telle colère d’être ainsi réduits
à l’état d’esclaves qu’il s’était demandé un instant s’il n’était pas encore
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
-à sa perte, et eut des remors. Même s’il était armé, il était tout de même
+à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même
plus petit que ses adversaires, et seul face à cinq... Il s’accroupit et s’apprêta
à bondir à sa défense.
<!--l. 104--><p class="indent" > À sa grande surprise, au lieu de brandir son épée, le jeune barbare
class="newline" />— Là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il y a des intrus<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus
longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin.
-<!--l. 108--><p class="indent" > Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des
-prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de
+<!--l. 108--><p class="indent" > Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des
+prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de
porte.<br
class="newline" />— Farl, va les libérer pendant que j’occupe ceux-là.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et contournant l’entrée, il escalada lestement la palissade et
class="newline" />— On file et on discute après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui rendit son sourire.<br
class="newline" />— Ça marche.
-<!--l. 125--><p class="noindent" ><span
-class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 125--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 127--><p class="indent" > Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par
les prisonniers qui se rebellaient et la mort du roi avait détourné
suffisamment l’attention, et ils atteignirent sans encombre l’abri des
class="newline" />Il n’avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande
ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois
décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe
-coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des
+coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des
armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou
autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se
battre comme il faut. Et il s’y passait des choses très compliquées
taverne.
<!--l. 156--><p class="indent" > Et malgré leurs différences, tous deux étaient rapidement devenus aussi
inséparables que deux frères.
-<!--l. 158--><p class="noindent" >— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais... que fais-tu habillé comme cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />Il sourit. Il avait troqué les vêtements sobres qu’il portait la journée
-contre une tunique orange vif à manches longues, et un pantalon
-rouge.<br
-class="newline" />— Je t’avais déjà parlé que je ne souhaitais pas être assassin toute ma
-vie...<br
-class="newline" />— Oui. Et donc<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— J’ai décidé de devenir ménestrel.<br
-class="newline" />Il éclata de rire.<br
+<!--l. 158--><p class="indent" > Il s’installa à sa table, et ils commandèrent des boissons. Son ami était
+radieux, il y avait probablement quelque chose de nouveau dans sa
+vie.<br
+class="newline" />— Quelles nouvelles, Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je vais changer de métier.<br
+class="newline" />— Encore<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— J’ai décidé de m’engager dans la garde de la capitale. Tenir une épée me
+manque trop, décidément...<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui. Je suis allé voir, avant hier, la guilde des troubadours et
-ménest<br
-class="newline" />Farl sourit. — Non, mais ils ont été impressionné par mes talents
-acrobatiques, et ils pensent que je peux faire un très bon jongleur.<br
-class="newline" />— Hé bien, ça promet<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais es-tu sûr de laisser tomber pour de bon la vie
-de la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br
-class="newline" />— Je pense, oui.<br
-class="newline" />Uhr l’observa d’un air critique. Mais il savait que son ami n’avait pas besoin
-de deviner, sous ses vêtements, quelques accessoires d’assassin dont il avait
-du mal à se séparer pour comprendre qu’il n’était pas sûr du tout, en fait. Il
-avait longuement hésité avant de prendre cette décision, et ne savait
-toujours pas si il allait la tenir. Son ami parut comprendre, et lui fit un clin
-d’œil.<br
-class="newline" />— Bah, tu verras bien, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />Ils burent quelques gorgées en silence, puis Uhr reprit la parole.<br
-class="newline" />— D’ailleurs, moi aussi je vais changer de boulot d’ici peu.<br
-class="newline" />Farl haussa les sourcils.<br
-class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Je pense que je vais m’engager dans la garde de la capitale. Tenir une
-épée me manque un peu trop...<br
-class="newline" />— La garde a une certaine réputation, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’est pas difficile d’y
-entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Certaines unités, oui. Mais je vais m’engager en simple soldat, et on
-verra après.
-<!--l. 182--><p class="indent" > Il hocha la tête et prit une gorgée supplémentaire. Tout cela était
-prometteur.
-<!--l. 408--><p class="noindent" ><span
+class="newline" />— Hé oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— La garde a une bonne réputation, n’est-il pas difficile d’y entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il y a des unités d’élite, qu’il est difficile d’intégrer. Mais il y a de la
+place pour y être simple soldat, et après, qui sait...<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— C’est vrai que tu pourrais bien t’en sortir. <br
+class="newline" />— J’espère en tous cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça promet d’être intéressant. Et toi, comment va
+ton boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 172--><p class="indent" > Il prit un moment pour boire une gorgée de bière. Il ne savait pas
+comment aborder le sujet.<br
+class="newline" />— Hé bien... moi aussi, j’hésite à changer de métier.<br
+class="newline" />Uhr eut un regard surpris.<br
+class="newline" />— Vraiment<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant, tu avais l’air de te plaire dans celui d’assassin...<br
+class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
+class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
+payée.<br
+class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
+class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
+l’autre les mêmes questions... en moins bien payé, par contre.<br
+class="newline" />Uhr lui donna une pichenette sur l’épaule. Il répondit par un sourire.<br
+class="newline" />— Et ton maître assassin, il ne va pas apprécier, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oh, ça, ça va. En fait c’est plus ou moins lui qui m’en a parlé en
+premier. Il m’expliquait qu’un bon assassin devait avoir un métier
+relativement normal à côté, pour lui servir de couverture. Il m’a parlé de
+quelques cas d’assassins qui avaient progressivement choisi leur seconde vie
+à leur première. Il ne parlait pas d’eux en traîtres. Je me demande s’il
+se doute de mes sentiments, en fait... Peut-être a-t-il évoqué cela
+exprès<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 185--><p class="indent" > Il marqua une pause, pendant laquelle son ami le fixa.<br
+class="newline" />— La question est donc, que vas tu faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je ne sais pas encore. C’est bien le problème.<br
+class="newline" />Uhr sourit, et termina sa chope.<br
+class="newline" />— Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.<br
+class="newline" />Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien,
+oui...
+<!--l. 413--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 410--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
+<!--l. 415--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
-
-
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
-<!--l. 413--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+<!--l. 418--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
soit.
-<!--l. 415--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+<!--l. 420--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.<br
class="newline" />— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.<br
class="newline" />L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
class="newline" />— C’est vous le novice du temple de Melna<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il vous attend. Venez.
-<!--l. 420--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+<!--l. 425--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
+
+
croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y
attendre. L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc
et d’une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin.
temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
guider hors de la pièce.
-<!--l. 432--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 437--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 434--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+<!--l. 439--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
+
+
autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait
un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
-<!--l. 436--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+<!--l. 441--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très
enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il
-
-
avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Resterait-il à la garde toute sa vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 438--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
+<!--l. 443--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Je m’appelle Irdann.
-<!--l. 443--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
+<!--l. 448--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
tenue de novice l’intriguait.<br
class="newline" />— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-<!--l. 449--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+<!--l. 454--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
+
+
blason.<br
class="newline" />— D’où te vient cette arme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— De mon père. Il me l’a offerte quand je suis parti pour le temple, quand
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-<!--l. 479--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+<!--l. 484--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
-
-
-<!--l. 481--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 486--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 483--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
+<!--l. 488--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Certes, elle
<!--l. 3--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
+
+
<!--l. 7--><p class="indent" > Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse,
et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au
centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il
class="newline" />— J’ai besoin de toi pour une mission importante.<br
class="newline" />Il releva la tête, surpris.<br
class="newline" />— Mon nom est Samantha, et je vis dans ce temple que tu vois, près de la
-
-
ville de Touryre.<br
class="newline" />Elle désigna le temple au centre de la plaine.<br
class="newline" />— J’y suis la grande prêtresse, mais j’y vis enfermée. Le personnel du
<!--l. 25--><p class="indent" > Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante.
C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle
ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la
+
+
tâche.<br
class="newline" />— Vous allez bien, grande prêtresse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s’approcha. Elle lui
trou perdu<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il
avait pu quitter son temple, et partir à l’aventure. Cela l’avait fait
rêver. Mais comment sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils étaient si bornés, si
-
-
butés... impossible de leur faire comprendre... Elle avait essayé, en
vain.
<!--l. 32--><p class="indent" > Elle suivit la jeune novice, munie d’une bougie, qui la ramenait à sa
garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître
Ernest.
<!--l. 36--><p class="indent" > Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la
+
+
pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne...
Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie
des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux,
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 42--><p class="indent" > Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et
Silwë. Ils formaient un trio à la fois très disparate et redoutablement
-
-
efficace. Visuellement, ils incarnaient respectivement la force brute,
l’intelligence posée, et la subtilité. Cela les faisait sourire de savoir qu’en
réalité, la petite elfe à l’air fragile était tout autant capable que les autres
sourire.<br
class="newline" />— Tu as une idée en tête, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Demanda Irdann.<br
class="newline" />— Une petite. On se retrouve le soir au bar habituel, je vous explique tout
-
-
ça.<br
class="newline" />— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...<br
class="newline" />— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
rejoignit.<br
class="newline" />— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom
de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici.
+
+
Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le
temple.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...<br
œil à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr
éclata de rire.<br
class="newline" />— C’est ce que les prêtres et les habitants verront, évidemment. Il va
-
-
falloir mettre en scène tout cela, et on ne sera pas trop de trois,
croyez-moi.<br
class="newline" />Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant de la table, abaissant
class="newline" />— Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons...
De ce fait, les prêtres ne possèdent qu’un seul enchantement purement
offensif, il s’agit bien sûr de l’invocation de foudre. J’y suis moi-même
+
+
immunisé, tout comme l’intérieur du temple, mais tu ne l’es pas...<br
class="newline" />Silwë fronça les sourcils.<br
class="newline" />— Cette protection peut-elle s’étendre à d’autres personnes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la
parole.<br
class="newline" />— Hé, vous m’avez donné une très bonne idée. Dans la fuite, il faut que
-
-
vous deux preniez ma place et celle de la prêtresse, d’une façon ou d’une
autre.<br
class="newline" />— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effectivement, ça
class="newline" />— Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse
aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.<br
class="newline" />— Surtout qu’il n’est pas nécessaire que les doublures aient un costume
-
-
parfait, il suffit que ça soit à peu près ressemblant de loin. Vous ne vous
approcherez pas des prêtres de toutes façons.<br
class="newline" />Irdann, qui semblait un peu gêné, fit part d’une remarque.<br
charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour
d’eux.<br
class="newline" />— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc
+
+
faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en
tant qu’apprenti paladin de la déesse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
totalement terminé leur formation. De plus, l’ambiance était agréable, et le
public accueillant. La soirée commençait bien. Mais que lui voulait son
ami<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 135--><p class="indent" > La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une
nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même
lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.<br
première fois qu’il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en
soldats –d’une tunique brune et cotte de maille–, mais ils étaient aussi
surprenants que différents.
-
-
<!--l. 145--><p class="indent" > Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
class="newline" />— Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.<br
class="newline" />— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
+
+
légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes,
très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
class="newline" />— Quand partirons-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d’ici
une dizaine de jours... le temps de tout préparer. Il faut compter le trajet
-
-
aussi.<br
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.
<!--l. 169--><p class="indent" > Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y
avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très
+
+
familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et
cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes
façons.
public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
-
-
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les
class="newline" />Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup
d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une
escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son
+
+
embarras.<br
class="newline" />— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas
pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte
<!--l. 25--><p class="indent" > Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
+
+
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
s’apprêta à y frapper.
<!--l. 27--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
surprise en même temps, tout en se dégageant et en reculant d’un pas.
Comment osait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? <br
class="newline" />— Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça.
+
+
Trouvez-vous des bottes.<br
class="newline" />Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L’homme en face était plus
grand, plus fort qu’elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait
mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br
class="newline" />— Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
-
-
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 61--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses
prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
-
-
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de
plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout.
-
-
Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers
elle.<br
class="newline" />— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
+
+
fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
son guide pour lancer un léger sort. Un qui n’avait pas besoin de
son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
-
-
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
nuit.<br
class="newline" />— Vous ne dormez pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas
+
+
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas
désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
-
-
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
+
+
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
-
-
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
pas.
<!--l. 131--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
+
+
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.<br
class="newline" />
-
-
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
+
+
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta
une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
class="newline" />Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
-
-
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
remplir les gourdes d’eau fraîche.
<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la
+
+
grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
<br
class="newline" />— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et pour
class="newline" />— Il fait froid dans cette grotte.<br
class="newline" />Il se rappela qu’elle ne voyait rien, contrairement à lui. Cela devait être
extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
-
-
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna
vers lui.<br
class="newline" />— Bon d’accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté,
+
+
sinon...<br
class="newline" />— Compris<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 206--><p class="indent" > Zach sentait la transpiration et le cuir de son armure –qu’il n’avait
même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas
-
-
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
+
+
qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus
tard.<br
class="newline" />— Je peux te poser une question à mon tour<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.<br
class="newline" />— Ça correspond bien à la vision d’un elfe. Les nains voient différemment<span class="frenchb-nbsp"> </span>:
ils ont l’infravision, c’est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les
+
+
corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi
bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en
intéressantes... Ce fut elle qui reprit.<br
class="newline" />— Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec
une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques.
-
-
C’est plutôt rare cela dit. Vue ta silhouette, il est plus probable que tu aies
des antécédents elfiques.<br
class="newline" />Elle avait ça d’un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
+
+
Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était une question qu’il
n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait
bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du
travers le buisson masquant son entrée. Elle pouvait enfin voir à quoi
ressemblait cette fameuse cachette. Elle était plus petite que ce qu’elle
s’était imaginé<span class="frenchb-nbsp"> </span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
-
-
sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 288--><p class="indent" > Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
examina la coupure d’un air critique. Certes, ce n’était pas un coup si
-
-
anodin... Même s’il avait déjà connu pire. Et la blessure était en bonne voie
de cicatrisation.<br
class="newline" />— Tu n’avais pas pu recoudre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Euh, merci.<br
class="newline" />Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Certes, il avait l’habitude de se
débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une
+
+
petite aide spontanée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis, le contact de sa main n’était pas
désagréable.
<!--l. 302--><p class="indent" > Il se leva, et alla ramasser ses affaires.<br
D’où tenait-elle tout ce savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quelles autres surprises l’attendait avec
cette étrange voyageuse<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
-
-
l’air de la choquer...
<!--l. 1--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n’est pas le cas dans
-
-
toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De
Vane, c’est le cas.<br
class="newline" />— Tu penses que c’est vraiment dangereux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules
chez les humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez
+
+
les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le
maniement de l’épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te
protéger.<br
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
-
-
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
<!--l. 41--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée
correctement.
<!--l. 46--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
+
+
s’abstenir. Elle s’approcha de la table.<br
class="newline" />— Quel est notre trajet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë lui montra la carte étalée sur la table.<br
class="newline" />— Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n’avons
pas tellement le temps...<br
class="newline" />— C’est dommage... On m’a dit que cette ville est très belle. N’est-ce pas là
-
-
que tu as vécu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines
personnes qui y vivent.<br
class="newline" />— Presque, c’est celle d’un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et
encore celle-ci, avant d’arriver, après deux jours, au château du duc, enfin.
C’est cette région qui est particulière<span class="frenchb-nbsp"> </span>: ils n’aiment pas trop les elfes
+
+
et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y
ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux
dieux.<br
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 70--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
-
-
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
-
-
montée.
<!--l. 91--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 107--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
-
-
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
fertilité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu’il est très mal
+
+
d’avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.<br
class="newline" />— C’est un peu vrai chez nous, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 120--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
-
-
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns
des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques
minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.
+
+
<!--l. 130--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval
–certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
-
-
bataille.
<!--l. 134--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
+
+
<!--l. 136--><p class="indent" > Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.<br
class="newline" />— Merci, c’était tout juste.<br
class="newline" />Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat
class="newline" />— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.
<!--l. 144--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-
-
<!--l. 146--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
class="newline" />— Et alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Moi aussi.<br
class="newline" />Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle
entendit son amie dégainer son épée à côté d’elle, et s’adresser à
+
+
eux.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites
encore un pas, et vous êtes morts.<br
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
+
+
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura
une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble,
grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
Si tout le monde parlait de ce mystérieux enlèvement, l’histoire se
-
-
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
-
-
<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre
encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que
feraient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 39--><p class="indent" > Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il
savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–,
mais de là à penser de la sorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 62--><p class="indent" > Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette
histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté
son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a
+
+
six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste
qu’avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les
idées.<br
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
maniement de ses armes, à l’escalade, et à être furtif. Même en tunique
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
-
-
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
vie.
tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la
pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol,
dessinant les contours des deux corps, ressortaient d’autant plus. Il
+
+
n’allait rien trouver ici. Il s’avança précautionneusement vers la pièce
qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble,
une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à
bois de l’autre demeure.
<!--l. 78--><p class="indent" > À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
-
-
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
Samantha.
<!--l. 115--><p class="indent" > Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas
lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré.
Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa
+
+
minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre
pièce.
<!--l. 117--><p class="indent" > La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe.
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
venant de l’extérieur la fit sursauter, et elle se retourna. Elle tenait un
bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en
-
-
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace
aux bords acérés... Elle se redressa.<br
class="newline" />— Je me donne ce droit. Je n’ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois
+
+
pas à cette histoire d’accident qui a tué mon compagnon. Alors j’ai décidé
de venir par moi-même. Et vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l’étoile mortelle
class="newline" />— Expliquez vous.<br
class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
-
-
vivant.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un
peu.<br
class="newline" />— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait.
+
+
Peut-être qu’ils... nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? donneront des indices.<br
class="newline" />Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était
bon signe.<br
situation<span class="frenchb-nbsp"> </span>: la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans
les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant
pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant
+
+
plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la
magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une
longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être les deux,
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Et s’il
lui arrivait quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il était vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le couvrir serait très
-
-
compliqué...<br
-class="newline" />La tête posée sur son épaule, Samantha murmura. — Tu dors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.<br
+class="newline" />— Tu dors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non. Je m’inquiète pour Farl.<br
class="newline" />Elle hocha la tête.<br
class="newline" />— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...<br
class="newline" />— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’a
aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
-<!--l. 175--><p class="indent" > À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre coups
-nets sur la porte d’entrée.
+<!--l. 175--><p class="indent" > À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
+coups nets sur la porte d’entrée. La silhouette sombre et familière
+de Farl se profila. Il sursauta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas
+seul, et fut d’autant plus surpris de reconnaître la personne qui
+l’accompagnait.<br
+class="newline" />— Zanakielle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais... <br
+class="newline" />À son tour, elle marqua un instant de suprise.<br
+class="newline" />— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...<br
+class="newline" />Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
+Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il
+fallait désormais appeler un crime.
+
+
+<!--l. 183--><p class="noindent" >— J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que
+la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au
+moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi
+je n’ai pas pensé à vous en parler. Et que je suis allée vérifier par
+moi-même...<br
+class="newline" />Elle fit une pause, et détourna le regard de la lumière de la bougie,
+étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
+class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
+class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
+personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
+Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
+Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
+<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
+class="newline" />— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
+conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
+cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
+ces objets.<br
+class="newline" />La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
+de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
+légèrement, et elle parut gênée.<br
+class="newline" />— Excusez ma réaction. C’est idiot.<br
+class="newline" />— Il n’y a pas de mal, la rassura-t-elle. Toujours est-il que j’ai la certitude
+que Septim est vivant, contrairement à...<br
+class="newline" />Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas,
+leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était
+terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
+de papiers, et un collier ouvragé. Le visage de Zanakielle était de
+nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous
+trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle
+tâche.
+
+
+<!--l. 201--><p class="indent" > Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui
+n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un
+certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois
+ou quatre feuilles, écrites à la main, qui ressemblaient à des notes de
+recherche.
+<!--l. 203--><p class="noindent" >— Effectivement, il m’avait parlé de ça... Regardez. Ce document n’est pas
+de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
+vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
+bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+rivière.<br
+class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
+taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
+l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous,
+avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
+une note<span class="frenchb-nbsp"> </span>: « araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ».<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Les araknes sont des créatures aujourd’hui disparues. Des sortes
+d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 208--><p class="indent" > Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
+sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
+les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
+semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
+sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
+seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
+n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
+quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
+chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
+théorie.
+<!--l. 210--><p class="noindent" >— Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
+dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.<br
+class="newline" />— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
+qui travaille sur le sujet et ses documents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ajouta Zanakielle.<br
+class="newline" />Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
+
+
+pour faire une remarque.<br
+class="newline" />— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
+il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et
+profondes pour y loger ces bestioles... non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 216--><p class="indent" > Ils firent une pause pour faire le point. Si Septim avait cherché à cacher
+les découvertes de Mortag, c’est que quelqu’un était vraisemblablement en
+train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
+class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
+ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+pauvre créature disparue.<br
+class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Proposa Samantha.<br
+class="newline" />— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
+personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
+pas ma spécialité.
+<!--l. 222--><p class="noindent" >— D’un point de vue plus pratique, on fait quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On dit quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr regarda les trois autres.<br
+class="newline" />— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...<br
+class="newline" />— Soit on mène l’enquête de notre côté, soit on leur dit. Mais on ne peut
+pas ne rien faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Tu as raison, Samantha. Mais je crains que ce problème ne nous
+dépasse.<br
+class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
+jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de
+vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
+faire.<br
+class="newline" />Elle s’était levée, décidée, presque en colère.<br
+class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et
+mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le
+capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.<br
+class="newline" />Elle hocha la tête.<br
+class="newline" />— En attendant, je vous propose de recopier rapidement tout ce qu’il y a
+sur ces documents. Puis, il faudra les redéposer à leur place...<br
+class="newline" />Ils jetèrent un œil à Farl, qui poussa un soupir.<br
+class="newline" />— Bah, ça ne sera que la troisième fois de la nuit...
+<!--l. 236--><p class="indent" > Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.
+<!--l. 238--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
-
-
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
<!--l. 13--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 15--><p class="indent" > Sélène s’arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle
+
+
était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son
guide particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres
voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec
ici, je n’en sais rien...<br
class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
+
+
la suite.<br
class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
ici...<br
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
-
-
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
-
-
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
terrible.
<!--l. 65--><p class="indent" > Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s’apaiser,
+
+
les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux
s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée
délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène
class="newline" />— Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
-
-
dans la direction des voix.
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
plaie.<br
class="newline" />— On fera avec...<br
class="newline" />La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait
+
+
des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis
que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
-
-
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
<!--l. 107--><p class="indent" > C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec
curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles
+
+
pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine,
finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
-
-
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
mieux...<br
espionnes.<br
class="newline" />Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite
d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle tenta de
+
+
reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas.
Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle
aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-
-
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
class="newline" />— Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se
détendait.
+
+
<!--l. 139--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
-
-
grimaçant de douleur.<br
class="newline" />— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.<br
class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 156--><p class="indent" > Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme
s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour
+
+
les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas
l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait
tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-
-
Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
bras.
<!--l. 184--><p class="indent" > Certes, ils avaient convenu d’une trêve, le temps de se mettre à l’abri des
araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se
+
+
passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Lui pardonnerait-elle, entre
autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il détestait se sentir ainsi,
class="newline" />Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.<br
class="newline" />— En effet. Nous avons, comme vous, été attaqué par ces créatures...
J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner.
+
+
<br
class="newline" />Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la
dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.<br
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
-
-
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.<br
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
-
-
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
-
-
réchauffer.
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
pu mentir pour éviter d’être pris pour un elfe noir, surtout auprès
d’elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait
assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains
+
+
semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette
différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans
ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
-
-
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
heureusement qu’il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une
sacrée bêtise. Elle n’aurait probablement pas apprécié, et il se serait
vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou
+
+
ailleurs.
<!--l. 308--><p class="indent" > Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes
d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
-
-
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
traitait-on les princesses là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être en avait-elle assez des
courbettes. Ou c’était peut-être tout simplement la situation d’urgence, qui
+
+
faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas,
elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi
efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait
class="newline" />— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Rien à signaler pour le moment.<br
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
-
-
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau,
apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu’on lui
avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même
+
+
temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme
celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle
haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
-
-
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une
imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur.
D’où venaient ces horreurs d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle aurait payé cher pour le
+
+
savoir...
<!--l. 342--><p class="indent" > Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
-
-
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
-
-
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais
ses anciens amis, de la garde lui manquaient un peu. Il ne les avait
pas vus depuis qu’il était reparti dans le temple pour finaliser sa
+
+
formation. Et ils avaient quitté la capitale entre deux... S’ils l’avaient vu
maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 9--><p class="indent" > Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.<br
class="newline" />— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
-
-
certains de ses secrets, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...<br
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
-
-
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
du seigneur acheva de le convaincre.<br
class="newline" />— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem,
+
+
vous pouvez me faire confiance.<br
class="newline" />Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.<br
class="newline" />— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
<!--l. 49--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de
sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la
+
+
magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait
office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question.
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
-
-
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher,
épuisé.
<!--l. 63--><p class="indent" > Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au
+
+
fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait
dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il
se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
-
-
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus
vite.
+
+
<!--l. 71--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
et ils avaient profité d’un coin calme et d’un bras de rivière pour
faire une pause pour se laver. Zach, qui avait sagement attendu son
tour, devait encore y être. Elle l’avait aperçu, en allant remplir le
+
+
chaudron d’eau. Elle était restée quelques secondes à l’observer,
légèrement gênée de constater qu’elle n’avait pas du tout honte de le
faire.
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
-
-
regardèrent en souriant.<br
class="newline" />— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br
class="newline" />Elles éclatèrent de rire.
<!--l. 113--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 115--><p class="indent" > Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à
un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne
leva même pas la tête lorsqu’il approcha.<br
class="newline" />Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui,
son arme pointée, avec un léger sourire de défi.<br
class="newline" />— En garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+
+
<!--l. 138--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
-
-
de toutes façons...<br
class="newline" />— On remet ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants
de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour
profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main
+
+
permettaient.
<!--l. 156--><p class="indent" > Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son
class="newline" />— Hééé<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Quelle triche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
plus vite, et l’esquiver. Elle avait été bête, c’est tout... Alors qu’elle
cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu’il lui souriait. Il jouait.
Pourquoi s’énerver ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit
+
+
quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis
brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la
poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
-
-
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite
ainsi.
<!--l. 179--><p class="indent" > Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
+
+
essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras
et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.<br
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
-
-
longues...
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
-
-
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
noirs. Rapidement, elle dépassa l’homme, toujours immobile, et en
l’espace d’un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son
arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière
+
+
l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux
détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un
bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être
de Quayle, mais d’après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq
jours...<br
class="newline" />Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant
+
+
ses compagnons non plus...<br
class="newline" />— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé
un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
-
-
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
guidé leur fille jusqu’à eux.<br
class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
+
+
revanche, semblait extrêmement réticent.
<!--l. 289--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
-
-
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et
de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle
toujours ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 303--><p class="indent" > Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart.
Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à
class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.<br
class="newline" />— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai grandi dans un petit village non loin
de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle
+
+
sujet...<br
class="newline" />Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite
pichenette sur le front.<br
lui-même<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 339--><p class="indent" > Il soupira et tenta de réfléchir.<br
class="newline" />— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour
+
+
ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que
j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.<br
class="newline" />Elle s’accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 370--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
-
-
jouer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la
tombée de la nuit.
<!--l. 373--><p class="indent" > Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
+
+
partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait
à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
ici sans rien tenter.<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
-
-
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et redressa.<br
class="newline" />— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
et d’autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite,
dans une forêt, c’est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais
vous repérer, et si l’intervention d’hommes armés était nécessaire, je
+
+
pouvais toujours revenir chercher de l’aide.<br
class="newline" />Elle hocha la tête.<br
class="newline" />— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
-
-
nuque.<br
class="newline" />— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
J’admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux
armes. Cela fait aussi partie du jeu.<br
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
+
+
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
-
-
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
tandis que l’homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou
simplement peu pressé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas
changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
+
+
ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage
et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant,
planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut
lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
-
-
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ayant assisté à la scène, d’autres brigands s’approchaient déjà d’elle... Ce
n’était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier
des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se
+
+
retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un
instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau
qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
-
-
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
reconnut immédiatement malgré l’obscurité.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs
+
+
cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu’un des
brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.<br
class="newline" />— Besoin d’un coup de main<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
-
-
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
entaille au niveau du genou. Il l’aperçut alors, debout sur un des brigands,
toujours vivant –du moins pour le moment–, allongé à plat ventre. La botte
gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc
+
+
pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts
de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir
manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus–
ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
-
-
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
dame riche qui passerait par ici.<br
class="newline" />N’osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et
Sélène. Nous avons vu le paladin à l’aller, et nous l’avons attendu à son
+
+
retour sur le sentier.<br
class="newline" />— Qui vous a dit ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? interrogea Irdann.<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je
ne sais rien<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Laissez-moi partir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, les compagnons se
-regardèrent.
+class="newline" />Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, les compagnons se regardèrent.
+Aldariel se pencha vers Irdann.<br
+class="newline" />— Tu as parlé de ton expédition à beaucoup de monde autour de
+toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...<br
+class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
+gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
+class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
+Silwë.
+<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
+laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
+sans demander son reste.
+<!--l. 519--><p class="indent" > Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin.
+<!--l. 521--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
+trébucher. Il retint une grimace.<br
+class="newline" />— On dirait.<br
+class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
+class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme,
+s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
+qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
+rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
+lui.<br
+class="newline" />— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je l’ai
+laissé, ainsi que les vôtres, dans cet arbre.<br
+class="newline" />Alors que sa compagne s’éloignait, elle lui fit remonter son pantalon pour
+mieux examiner sa blessure.<br
+class="newline" />— Ils ne t’ont pas raté. Tu as pu continuer à combattre avec ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Dans le feu de l’action, et quand on a sa vie en danger... Et puis je
+n’avais pas tellement besoin de me déplacer.<br
+class="newline" />— Je t’ai vu dans la bataille, de loin. Tu es impressionnant avec tes
+épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Merci. Mais je ne sais pas ce que je serais devenu si vous n’étiez pas
+venus tous les trois à notre secours... Nous vous devons la vie.
+<!--l. 536--><p class="indent" > À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
+compagne.<br
+class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
+file au plus vite.<br
+class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
+recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
+pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
+pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
+Il tourna la tête, mais il faisait sombre, et il ne la voyait pas. La jeune elfe
+lui sourit.<br
+class="newline" />— Si c’est pour Sélène et Zach que tu t’inquiètes, rassure-toi, ils sont
+quelques pas derrière toi, et ils vont très bien. <br
+class="newline" />Soulagé, il laissa la jeune elfe s’occuper de son genou.
+<!--l. 543--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 545--><p class="indent" > Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
+combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
+avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
+retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons,
+autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention.
+<br
+class="newline" />— Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’ai rien, ça va.<br
+class="newline" />Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.<br
+class="newline" />— Merci d’être venu à mon secours. À notre secours.<br
+class="newline" />— ... J’ai eu si peur quand je t’ai vue aux prises avec ce bandit.<br
+class="newline" />— Moi aussi. Je ne pensais pas que j’y arriverais...<br
+class="newline" />Il ne répondit pas, et ne bougea pas, la gardant contre lui. Il sentait la
+sueur, le cuir de son armure, et le sang. Mais elle n’avait pas la moindre
+envie d’en bouger.
+<!--l. 555--><p class="noindent" >— Hm... désolée de vous interrompre, mais il faudrait qu’on bouge.<br
+class="newline" />C’était la voix de Silwë. Ils se lâchèrent instantanément. Elle avait remis
+son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques
+mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur
+Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des
+traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était
+blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
+bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
+montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
+blessure.
+<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
+nuit.<br
+class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
+marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.<br
+class="newline" />— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules en souriant.<br
+class="newline" />— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant
+pis pour le code d’honneur.<br
+class="newline" />Il soupira, et finit par accepter l’aide de Zach pour monter sur le dos de sa
+jument.
+<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
+chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
+et votre nom.<br
+class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
+peut-être pas le moment de le relever.<br
+class="newline" />— Et vous trois, que ferez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Zach haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de
+place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une
+petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre
+
+
+battue...<br
+class="newline" />— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de
+cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région,
+n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je préfère dormir par terre que d’avoir à craindre pour ma sécurité,
+confirma Aldariel.
+<!--l. 574--><p class="indent" > Ils avancèrent encore un peu en silence, puis Zach se tourna vers le
+groupe.<br
+class="newline" />— Je peux toujours proposer à ma famille de nous héberger. Je ne pense
+pas qu’ils hurleraient à la vue de deux elfes, et je suis sûr qu’on est en
+sécurité chez eux.<br
+class="newline" />Il marqua une pause, hésitant, puis se tourna vers elle et Irdann.<br
+class="newline" />— Vous êtes également les bienvenus. Même si je comprendrais que vous
+préfériez une taverne à une petite chaumière.<br
+class="newline" />— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers.
+Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.<br
+class="newline" />Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle
+encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à
+un moment où à un autre, ils se séparent...<br
+class="newline" />— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
+peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
+ma tête d’elfe.<br
+class="newline" />Devant la tête suprise du paladin, il s’expliqua.<br
+class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
+m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
+là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
+son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
+sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
+elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
+question.<br
+class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une
+impression<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
+succintement.
+
+
+<!--l. 587--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 589--><p class="indent" > Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le
+genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être
+pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait
+courage.
</body></html>