From a989f9979699e9fd2f1bb06afed3ad48d49acd58 Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Denise Date: Sat, 27 Feb 2016 23:24:09 +0100 Subject: typos diverses + arc 8 --- arc_7_JCSR.tex | 58 +++--- arc_8.tex | 219 ++++++++++++++++++-- aventuriers.html | 612 +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++------------ aventuriers.mobi | Bin 328726 -> 340814 bytes noms.tex | 4 +- 5 files changed, 723 insertions(+), 170 deletions(-) diff --git a/arc_7_JCSR.tex b/arc_7_JCSR.tex index cc03397..d658c19 100644 --- a/arc_7_JCSR.tex +++ b/arc_7_JCSR.tex @@ -61,7 +61,7 @@ Il marqua un temps d'arrêt, puis continua.\\ --- Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler avec~?\\ --- Bah, s'il fallait me défendre, je saurais me débrouiller... -Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune ménestrel, l'imaginant vraisemblablement en train de se «~débrouiller~» avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires. Il hocha la tête.\\ +Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune ménestrel, l'imaginant vraisemblablement en train de se «~débrouiller~» avec plus de couteaux que ses mains ne pouvaient tenir face à des adversaires. Il hocha la tête.\\ --- Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...\\ \jerome haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il n'avait pas tout à fait envie de s'étaler sur le sujet.\\ --- Comment peut-on retrouver le fameux \remi, sinon~?\\ @@ -81,7 +81,7 @@ Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire. Le brave --- \remi~! Ça fait un moment~! Viens te joindre à nous~!\\ Il reconnut aussitôt \guideb, un autre guide et ami, installé à l'une des tables. Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en soldats. Ils lui expliquèrent qu'ils formaient la garde rapprochée d'un riche seigneur, et qu'ils avaient engagé un guide pour lui faire traverser la forêt avec sa suite.\\ --- Encore quelqu'un qui se rend au tournoi du duc \seigneurtournoi~? demanda \remi.\\ ---- Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations, expliqua l'un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je pense...\\ +--- Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il vient au tournoi surtout pour se faire des relations et les entretenir, expliqua l'un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je pense...\\ --- Bah, c'est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion de voir du pays, n'est-ce pas~? répondit son collègue.\\ --- Si tant est qu'on n'y reste pas...\\ Le soldat montra alors son bras en écharpe.\\ @@ -141,7 +141,7 @@ Elle soupira et regarda son carnet.\\ --- Qu'est-ce qu'elle a de particulier~?\\ --- Déjà, son domaine de magie -- le soin -- est proche de celui de \mageb. D'après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et il y a un détail cocasse, que j'ai noté au cas où~: \chloe est la fille aînée du seigneur \seigneurchloe.\\ \chris ouvrit grand les yeux de surprise.\\ ---- C'est bien la seigneurie sur lequel on se trouve~?\\ +--- C'est bien la seigneurie sur laquelle on se trouve~?\\ --- Oui... Mais ce n'est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C'est qu'apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant l'«~incident~».\\ --- Pour où~?\\ --- On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je n'avais pas eu l'idée de bavarder avec la femme du propriétaire de l'auberge.\\ @@ -214,7 +214,7 @@ Il s'interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, \seve tourna son regard ver \noindent --- La zone dans laquelle il refuse d'aller se recoupe en partie avec celle qu'on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et peut-être que d'ici là... commença \chris.\\ \seve l'interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. ---- Pour le moment, je serais d'avis de laisser faire \jerome, il a l'air mieux parti que nous pour lui parler...\\ +--- Pour le moment, je suis d'avis de laisser faire \jerome, il a l'air mieux parti que nous pour lui parler...\\ Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les rires allaient bon train. Il sourit à son tour.\\ --- Tu as peut-être raison. Attendons demain. @@ -280,7 +280,7 @@ Alors qu'il passait sa main sur la roche, \guideb lui tendit une flasque ouverte --- Tu veux un coup avant d'y aller~?\\ --- Euh, merci mais je crois que j'ai un peu trop bu hier...\\ Il sourit.\\ ---- Oh, il n'y a presque pas d'alcool. Et puis,\\ +--- Oh, il n'y a presque pas d'alcool. Et puis...\\ Il se rapprocha alors qu'il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un clin d'{\oe}il.\\ --- J'ai parié un pichet de vin avec \guidea sur toi, me déçois pas, hein~! @@ -294,7 +294,7 @@ Il tendit ensuite la flasque au jeune ménestrel, qui prit une gorgée à son to Il se demandait vaguement à quel point ses amis avaient exagéré les compétences de \remi, mais il fut vite convaincu. Il n'allait pas particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux atouts importants. -\jerome décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter quelqu'un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale. Lorsqu'on est habitué à tenir les réglettes fines et humides formées par les interstices entre les pierres, les petits gratons de roche qu'il trouvait ici étaient presque confortables. +\jerome décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter quelqu'un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale. À côté des réglettes fines et humides formées par les interstices entre les pierres, les petits gratons d'ici étaient presque confortables. Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d'avoir gardé sa tunique à manches longues. Sauf que s'il avait dû se mettre torse nu comme \remi, il aurait dû, d'une façon ou d'une autre, montrer le fourreau d'avant-bras qu'il portait dessous. Et on faisait mieux pour inspirer confiance qu'une arme d'assassin. Maintenant qu'il y pensait, il aurait dû simplement la laisser à l'auberge, ce n'est pas comme si il craignait grand-chose... @@ -302,7 +302,7 @@ En parlant de confiance, est-ce qu'il devait plutôt le laisser gagner ou pas~? \recit{\remi} -L'escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Mais \jerome, qui avait choisi un autre chemin, ne semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu'on apprenait aux apprentis ménestrels, mais il doutait que l'escalade en fasse partie... Peut-être venait-il de régions montagneuses où on apprenait à grimper avant d'apprendre à marcher~? +L'escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Mais \jerome, qui avait choisi un autre chemin, ne semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu'on apprenait aux apprentis ménestrels, mais il doutait que l'escalade en fasse partie... Peut-être venait-il de ces régions montagneuses où on apprenait à grimper avant d'apprendre à marcher~? Il profita d'une bonne prise pour s'essuyer le front et prendre une grande inspiration avant l'ascension finale. Il lui restait moins d'une dizaine de mètres à grimper, et il pouvait encore peut-être rattraper son concurrent. Et vu de près, il lui semblait bien qu'il commençait à fatiguer lui aussi... @@ -314,7 +314,7 @@ Mais pas suffisamment. Quelques mètres à peine au dessus de lui, \jerome se hi --- Bon, d'accord, tu as gagné, lui dit-il en reprenant son souffle.\\ --- Merci. Tu grimpes très bien aussi. -Ils restèrent quelques instants silencieux masser leurs avant-bras endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la silhouette du château du seigneur et la ville qui l'entourait. +Ils restèrent quelques instants silencieux à masser leurs avant-bras endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la silhouette du château du seigneur et la ville qui l'entourait. \noindent --- Je peux te poser une question~?\\ \jerome sortit de sa rêverie brusquement.\\ @@ -366,7 +366,7 @@ Il le rejoignit, et posa sa main sur son épaule en hochant la tête.\\ Le jeune ménestrel marqua une pause, semblant chercher ses mots.\\ --- Tu vois cette histoire plus ou moins crédible de ruine antique que recherche \chris~?\\ Il hocha la tête.\\ ---- Ce qu'il cherche est bien chose d'«~antique~», qui est censé avoir disparu depuis des siècles... mais ce n'est pas un tas de cailloux. +--- Ce qu'il cherche est bien quelque chose d'«~antique~», qui est censé avoir disparu depuis des siècles... mais ce n'est pas un tas de cailloux. \remi se tut quelques instants, le temps de comprendre.\\ --- Oh. @@ -422,7 +422,7 @@ Ce type mentait peut-être, mais au moins, il ne la prenait pas pour une stupide Ils étaient partis le lendemain matin. Tout était allé très vite. \seve avait organisé avec \remi leurs provisions -- pour eux et leurs mon\-tu\-res -- pour le trajet, \jerome avait trouvé une petite tente et des couvertures pour être un peu plus à l'aise qu'à la belle étoile, tandis que lui-même s'occupait des chevaux. Il avait toujours été très à l'aise avec ces animaux. Il n'y avait pas de chevaux dans sa tribu natale, mais petit, il était fasciné d'observer ces animaux à l'état sauvage, ou montés par des barbares de tribus rivales un peu plus avancées. Plus tard, à la capitale, un de ses premiers petits boulots -- et un de ses préférés -- avait été celui de garçon d'écurie, et il s'y connaissait plutôt bien maintenant. -Il avait choisi deux chevaux de taille moyenne, qui ne payaient pas de mine mais dociles et endurants. Ils n'avaient pas besoin de pur-sangs nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s'ajoutaient leurs chevaux d'attelage, deux grands percherons qu'ils avaient achetés à la capitale. Lui et \seve montaient l'un de ses chevaux, qui en plus étaient chargés de la majorité du matériel. \jerome et \remi ouvraient la route, tout en discutant. +Il avait choisi deux chevaux de taille moyenne, qui ne payaient pas de mine mais qui étaient dociles et endurants. Ils n'avaient pas besoin de pur-sangs nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s'ajoutaient leurs chevaux d'attelage, deux grands percherons qu'ils avaient achetés à la capitale. Lui et \seve montaient l'un de ses chevaux, qui en plus étaient chargés de la majorité du matériel. \jerome et \remi ouvraient la route, tout en discutant. \noindent --- Je me demande, commença-t-il à l'intention du guide, pourquoi nous sommes passés devant les restes d'un grand feu, sur le sentier.\\ \remi tourna la tête vers eux, mais \seve répondit avant lui.\\ @@ -481,7 +481,7 @@ Elle haussa les épaules.\\ \recit{\remi} -Le soir était tombé. Ses compagnons l'avaient aidé à installer le camp avec une certaine efficacité, ils n'en étaient pas à leur première expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s'étaient installés autour d'un petit feu de camp pour partager leur repas, et l'ambiance était assez détendue. +Le soir était tombé. Ses compagnons l'avaient aidé à installer le camp avec une certaine efficacité, ils n'en étaient pas à leur première expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s'étaient assis autour d'un petit feu de camp pour partager leur repas, et l'ambiance était assez détendue. \noindent --- Penses-tu que nous aurons besoin de monter la garde cette nuit~? demanda \chris.\\ --- En cette saison et dans le coin, je m'en passe habituellement. Mais vu les circonstances...\\ @@ -581,7 +581,7 @@ Il haussa les épaules.\\ --- Juste des souvenirs de cette fameuse nuit qui me reviennent... Bon, que fait-on alors~? reprit-il en se tournant vers les deux autres cavaliers.\\ --- Inutile de courir vers le danger. On peut probablement observer d'ici, à l'abri.\\ --- Je croyais qu'elles n'allaient pas d'approcher du cours d'eau~? ajouta \seve.\\ ---- Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose en plus de nuit. Il faudra donc aller voir directement... Commençons par installer le camp pas loin d'ici. +--- Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose, surtout de nuit. Il faudra donc aller voir directement... Commençons par installer le camp pas loin d'ici. Il n'était pas très étonnant que la rivière n'ait pas de vrai nom. Même si elle n'était pas si petite, les alentours étaient tellement envahis de végétation que peu d'hommes devaient s'y promener. D'ailleurs...\\ --- Tiens je pense à quelque chose. \remi, tu sais grimper aux arbres je suppose~?\\ @@ -647,7 +647,7 @@ Il se retourna vers son compagnon, surpris.\\ --- En général, je ne le crie pas sur les toits -- ou les arbres --, mais je peux voir dans le noir, comme eux.\\ Il dévisagea le guide pendant quelques instants. Il avait déjà croisé pas mal d'hybrides elfe-humain à la capitale. Probablement parce que c'était un des rares endroits où ils pouvaient vivre tranquille. Certains ressemblaient plus ou moins à des elfes ou à des humains, parfois la différence avec l'une ou l'autre des catégories était fine. \denise lui avait dit qu'il y en avait probablement plus que ce qu'on ne l'imaginait en réalité. \remi pourrait très bien être l'un d'eux.\\ --- Si tu avais du sang d'elfe, tes parents te l'auraient dit je suppose~?\\ ---- Mes parents adoptifs n'en savent pas plus que moi, ils m'ont récupéré nouveau-né. Mais mes frères, pour me taquiner me traitaient d'elfe, parce que j'étais beaucoup plus frêle qu'eux.\\ +--- Mes parents adoptifs n'en savent pas plus que moi, ils m'ont récupéré nouveau-né sur le pas d'une porte. Mais mes frères, pour me taquiner me traitaient d'elfe, parce que j'étais beaucoup plus frêle qu'eux.\\ Il ne savait pas trop comment réagir à cette confession. \\ --- En général, par chez nous, ce n'est pas très gentil. Mais au final, reprit-il en souriant, ils m'aiment bien, et ils étaient quand même là pour défendre leur petit frère adoptif, donc...\\ Son visage se figea brusquement. Il baissa la voix et pointa son doigt vers les sous-bois.\\ @@ -674,7 +674,7 @@ Arriva une autre clairière, où il n'y avait plus d'arbre suffisamment proche p Comme pour répondre à sa question, une autre \bestiole, seule, passa sous leur arbre.\\ --- Euh, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, répondit-il en la pointant du doigt. Il y en a d'autres en chasse...\\ \jerome plissa les yeux, et vit la créature.\\ ---- En effet. Cela dit, elles ont l'air d'aller en ligne droite, on peut peut-être essayer de viser où elles vont~?\\ +--- En effet. Cela dit, elles ont l'air d'aller en ligne droite, on peut peut-être deviner où elles vont~?\\ --- Bonne idée.\\ Il attrapa la branche au dessus de lui et se hissa.\\ --- Ça va, tu arrives à suivre \jerome~?\\ @@ -720,13 +720,13 @@ Il ne pouvait pas voir le visage de \remi, mais il aurait juré qu'il avait sour \recit{\remi} -Grâce à la corde de \jerome, ils furent très vite au sol. Aucune \bestiole n'était visible, même par lui, et il se détendit un peu. Ils se détendirent un peu, mais même sans se concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et firent quelques pas prudents. +Grâce à la corde de \jerome, ils furent très vite au sol. Aucune \bestiole n'était visible, même par lui. Ils se détendirent un peu, mais sans se concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et firent quelques pas prudents. \noindent --- Je vois très mal, qu'est-ce qu'on voit là-bas~? demanda \jerome.\\ Le ménestrel-assassin était à l'aise dans le noir, mais il n'avait pas la chance d'avoir ses yeux... \\ --- C'est l'animal que les \bestioles ramenaient. Je crois qu'elles l'ont abandonnée pour courir plus vite... -La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les deux hommes s'approchèrent. \jerome s'agenouilla près d'elle, et alluma une petite lanterne de poing pour observer l'animal de plus près. La pauvre bête bougeait à peine, et semblait avoir de la peine à respirer. Il détourna son regard pour surveiller les environs, alors que les premières gouttes d'eau commençaient à tomber. Il était certain d'avoir vu des créatures passer pas très loin, et il n'était pas tout à fait sûr de leur forme... Il eut un léger frisson et serra un peu plus fort la poignée de son épée. +La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les deux hommes s'approchèrent. \jerome s'agenouilla près d'elle, et alluma une petite lanterne de poing pour observer l'animal de plus près. La pauvre bête bougeait à peine, respirait péniblement. Il détourna son regard pour surveiller les environs, alors que les premières gouttes d'eau commençaient à tomber. Il était certain d'avoir vu des créatures passer pas très loin, et il n'était pas tout à fait sûr de leur forme... Il eut un léger frisson et serra un peu plus fort la poignée de son épée. \recit{\jerome} @@ -760,7 +760,7 @@ L'abri était effectivement petit, et le feu était à l'entrée pour laisser la \noindent --- En conclusion, reprit \jerome en s'enveloppant dans une couverture, on a bien des \bestioles, j'ai à peu près identifié leur venin, et on confirme leur non-tolérance de l'eau.\\ --- Et je dois pouvoir retrouver l'endroit où elles semblaient toutes converger, ajouta \remi en l'imitant.\\ -\chris suivait la conversation, tout en observant le morceau de \bestiole. Il était très abîmé, à la fois par l'eau et la lame de \remi. Il prit un petit carnet qui était resté au sec et commença à en faire un croquis le plus précis possible.\\ +\chris suivait la conversation, tout en observant le morceau de l'\bestiole. Il était très abîmé, à la fois par l'eau et la lame de \remi. Il prit un petit carnet qui était resté au sec et commença à en faire un croquis le plus précis possible.\\ --- À quelle distance se trouverait ce lieu selon toi~?\\ --- Passe-moi les cartes, \sevecourt... Oui, oui, je sèche mes mains d'abord. Les créatures couraient dans cette direction, au pied des montagnes \montagnes. Est-ce qu'elles visaient le haut ou juste ici, je ne sais pas... Mais il me semble qu'il y a plein de grottes dans le coin, donc c'est crédible. C'est assez proche en fait... quelques heures de marche à pied, un peu moins à cheval.\\ --- Tu penses qu'on peut trouver quoi d'intéressant, à part peut-être le nid de ces sales bêtes~? demanda \seve.\\ @@ -775,7 +775,7 @@ Il releva les yeux de son croquis pour observer ses compagnons. \seve semblait t --- Tu n'as pas l'habitude de voir des mages, n'est-ce pas~? lui demanda-t-il.\\ Il haussa les épaules en terminant de se sécher.\\ --- C'est à dire... La seule que j'aie recontrée c'est \chloe. Mais ça ne compte pas, elle est gentille, elle...\\ -Elle est surtout vraisemblablement jolie et sait faire tourner les têtes et les c{\oe}urs, pensa-t-il. \\ +Elle est surtout vraisemblablement jolie et sait faire tourner les têtes et les c{\oe}urs, compléta mentalement \chris. \\ --- C'est une guérisseuse, comme l'était \mageb, avant de se mettre à étudier la métamorphose. L'un des meilleurs... et un de ses professeurs.\\ \remi haussa les épaules à nouveau, puis se tourna vers la petite marmite à l'entrée de la tente et en souleva le couvercle.\\ --- Tout ça m'a donné très faim... On peut manger~?\\ @@ -791,7 +791,7 @@ Le paysage était un peu moins arboré, et plus rocheux. Comme le disait leur gu --- Je crois que les chevaux vont avoir du mal à aller par ici, dit \chris en montrant le chemin qui s'ouvrait à eux.\\ L'amas rocheux devant eux n'était pas très pentu, et eux n'auraient probablement aucun mal à le gravir, mais avec toutes ces irrégularités et pierres qui ne tenaient qu'à la mousse qui poussait dessus, les chevaux risquaient de se blesser sérieusement. Ils les attachèrent près d'un arbre, et commencèrent leur ascension. -\seve ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quel\-ques villageois l'avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval c'était infiniment plus confortable, et pour marcher dans ce chaos avec une robe longue aurait vraiment été un enfer...\\ +\seve ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quel\-ques villageois l'avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval c'était infiniment plus confortable, et marcher dans ce chaos avec une robe longue aurait vraiment été un enfer...\\ --- Regardez, sur la gauche~!\\ Elle releva la tête. \chris, qui marchait devant elle, montrait du doigt un renfoncement rocheux important.\\ --- Ça ressemble à une grotte. On va voir~?\\ @@ -804,7 +804,7 @@ C'était une sorte de large grotte, peu profonde et très éclairée, partiellem \recit{\remi} \noindent --- \jerome, \remi, venez voir~!\\ -Le petit filet d'eau commençait à couler doucement dans vers la grotte, mais le débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au mieux, cela ferait peut-être une flaque pour gêner ces sales bêtes. Il fit un signe de tête à \jerome et tous deux redescendirent dans la grotte. +Le petit filet d'eau commençait à couler doucement dans la grotte, mais le débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au mieux, cela ferait peut-être une flaque pour gêner ces sales bêtes. Il fit un signe de tête à \jerome et tous deux redescendirent dans la grotte. \noindent --- Qu'est-ce que c'est~? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble ? demanda \jerome.\\ --- On dirait, répondit \chris.\\ @@ -862,11 +862,11 @@ Ils s'éloignèrent et mirent peu de temps à préparer tout ce qu'elle demandai Il sourit.\\ --- Elle est mieux que ça. Ou peut-être pire, ça dépend du point de vue. Tu vas voir.\\ --- On peut regarder ? demanda-t-il inquiet.\\ ---- Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu'on ne la dérange pas. Et ne t'inquiète pas pour les menaces qu'elle a proférées à ton encontre, en général, évite de foudroyer les gens, ce n'est pas très discret. +--- Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu'on ne la dérange pas. Et ne t'inquiète pas pour les menaces qu'elle a proférées à ton encontre, en général elle ne foudroie pas les gens, ce n'est pas très discret. Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir l'entrée de la grotte, et \seve qui s'affairait au pied de l'ouverture. Puis, elle se redressa, et resta quelques secondes immobile, les yeux fermés. Enfin, elle entama une douce mélopée, tout en se déplaçant lentement. La lumière du soleil qui arrivait maintenant au pied de la dalle se mit à briller plus fort, comme lorsqu'un rideau couvrant une fenêtre s'écarte, laissant pleinement entrer la clarté du jour. Et aux pieds de \seve, dans la terre fraîchement retournée, une pousse, puis deux commençèrent à sortir. -Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous la dalle de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bientôt un bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les branches qui s'affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un côté. Après un temps qu'il n'aurait pas su mesurer, le pan de pierre perdit son équilibre et bascula vers l'arrière, s'écrasant dans un grand fracas. +Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous la dalle de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bientôt un bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les branches qui s'affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un côté. Après un temps qu'il n'aurait pas su mesurer, le pan de pierre perdit son équilibre, bascula vers l'arrière, et s'écrasa dans un grand fracas. \recit{\remi} @@ -902,7 +902,7 @@ Passé ce léger tournant, le couloir continuait encore sur une tren\-tai\-ne de --- Ne les laissez pas s'enfuir ! \\ --- Mais d'où viennent-ils ? -Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et étaient de toutes façons plus à même de combattre au corps à corps que lui. Il rangea rapidement ses lames, inutiles, et sortit un dard de lancer empoisonné. Mais viser correctement risquait d'être compliqué...\\ +Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et il pouvait difficilement leur prêter main-forte. Il rangea rapidement ses lames, inutiles, et sortit une dague de lancer. Mais viser correctement risquait d'être compliqué...\\ --- \jerome ! cria \chris entre deux coups d'épée. Repli !\\ Il connaissait trop bien son compagnon pour douter de la pertinence de son ordre. Il sortit de l'une de ses poches de sa tunique une fumigène, qu'il lança à leurs pieds en criant.\\ --- Attention !\\ @@ -913,7 +913,7 @@ Juste avant de bondir dans la lumière extérieure, \jerome jeta un {\oe}il derr Au même instant, \chris jaillit hors du tunnel, sautant par dessus les arbustes, et traînant toujours \remi qui semblait péniblement reprendre ses esprits, mais qui heureusement suivait son compagnon sans poser de questions. À peine quelques secondes derrière eux, leurs adversaires sortirent eux aussi. -Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d'un homme d'une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était celle d'une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. \jerome concentra sa prise sur son dard de lancer.\\ +Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d'un homme d'une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était celle d'une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. \jerome concentra sa prise sur sa dague, regrettant qu'il n'ait pas décidé de l'empoisonner...\\ --- Attention ! hurla \seve. \recit{\chris} @@ -930,8 +930,8 @@ Il rejoignit rapidement \seve, qui avait dévalé le massif montagneux. Semblant \recit{\seve} -\seve ne comprenait pas vraiment tout ce qui s'était passé, sauf une chose bien claire, c'était qu'il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux et de monter en selle. \jerome et \chris la suivaient de près, soutenant \remi, qui semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il était vivant, pensa-t-elle avec un frisson.\\ ---- Tu penses pouvoir monter à cheval ? lui demanda \jerome.\\ +\seve ne comprenait pas vraiment tout ce qui s'était passé, sauf une chose bien claire, c'était qu'il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux et de monter en selle. \jerome et \chris la suivaient de près, soutenant \remi, qui semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il est vivant, pensa-t-elle avec un frisson.\\ +--- Tu vas pouvoir monter à cheval ? lui demanda \jerome.\\ --- Je pense que ça ira... répondit-il faiblement. \chris le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en selle.\\ @@ -965,13 +965,13 @@ Le soir arriva, rien ne s'était passé. \remi était de plus en plus pâle et s \jerome, de son côté, avait aidé le guide à s'asseoir et avait commencé à dégager son dos. La brûlure formait un trait courbe partant de son flanc gauche vers le milieu du dos, dessinant un arc qui s'enroulait. Il parvint à dénouer son armure de cuir, sérieusement noircie, mais il dut déchirer sa tunique pour dégager la plaie.\\ --- Pas terrible, répondit-il. Tu peux faire quelque chose ? -Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu'ils avaient, mais \chris, qui avait appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien pour une telle brûlure. Il se contenta d'appiquer un baume et un bandage pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en faisant le point.\\ +Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu'ils avaient, mais \chris, qui avait appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien pour une telle brûlure. Il se contenta d'appliquer un baume et un bandage pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en faisant le point.\\ --- Si tout se passe bien, nous devrions sortir de la forêt demain en début de matinée, commença \chris.\\ --- Et ensuite, que fait-on ? On ne peut pas laisser \remi dans cet état, ajouta \jerome. C'est à cause de nous qu'il est comme ça...\\ Il lança un regard à son compagnon. Il avait réussi à manger un peu, et s'était allongé sur le ventre, pâle mais conscient.\\ --- Les médecins sont-ils bons, dans ce pays ? demanda \seve.\\ --- Tu veux vraiment montrer une brûlure comme celle-ci à un médecin ? Il faudrait lui expliquer d'où elle vient...\\ ---- Et je doute qu'il puisse faire des miracles de toutes façons, coupa \chris. Ce qu'il lui faut, si on ne veut pas que cette blessure mette des semaines, voire plus, à guérir, c'est un mage soigneur.\\ +--- Et je doute qu'il puisse faire des miracles de toutes façons, coupa \chris. Ce qu'il lui faut, si on ne veut pas que cette blessure mette des semaines, voire des mois, à guérir, c'est un mage soigneur.\\ --- Il n'y a qu'à la capitale qu'on peut trouver ça, et le trajet est beaucoup trop long, non ? ajouta \jerome.\\ --- Cela ferait d'une pierre deux coups : il faut absolument qu'on rapporte au capitaine \capitaine tout ce que nous avons vu, fit remarquer \chris.\\ --- Tu n'y penses pas... Le trajet est long, dangereux, et pénible pour un blessé... D'autant plus dangereux avec tout ce que nous avons à raconter, objecta \jerome.\\ @@ -994,7 +994,7 @@ Ils hochèrent la tête. C'était probablement l'idée la plus raisonnable pour \jerome se porta volontaire pour la première garde. Alors que \seve et \chris s'étaient endormis, épuisés, \remi ne semblait pas trouver le sommeil.\\ --- Ça va ? lui demanda-t-il.\\ --- J'ai connu mieux, murmura-t-il.\\ ---- Je suis vraiment désolé... J'aurais dû réagir plus vite, et t'éviter ce coup en lançant mon dard plus tôt...\\ +--- Je suis vraiment désolé... J'aurais dû réagir plus vite, et t'éviter ce coup en lançant mon arme plus tôt...\\ --- Peut-être... ou peut-être qu'elle t'aurait vu et t'aurait visé à ma place ? Ils se turent quelques instants.\\ diff --git a/arc_8.tex b/arc_8.tex index 5e0df75..4dc7f04 100644 --- a/arc_8.tex +++ b/arc_8.tex @@ -21,7 +21,7 @@ L'homme secoua la tête.\\ \noindent --- Attendez !\\ Il se retourna en entendant la voix du garde.\\ ---- Si vous tenez vraiment à contacter votre ami, et s'il est vraiment votre ami...\\ +--- Si vous tenez vraiment à contacter le sieur \ismael, et s'il est vraiment votre ami...\\ --- Oui ? \\ --- Je peux peut-être lui faire parvenir un mot de votre part.\\ --- Vraiment ? demanda \chris, avec une lueur d'espoir dans les yeux.\\ @@ -44,7 +44,7 @@ Je suis en ville actuellement, avec quelques compagnons. Il est trop long et dan Assis sur le lit de la chambre --petite mais confortable-- qui lui avait été attribué, il relisait la lettre, qu'un de ses gardes lui avait apporté il y a une heure, essayant de comprendre. Que faisait \chris ici ? Quelles étaient ces histoires qui demandaient de la discrétion ? Le bruit de quelqu'un frappant à la porte l'interrompit dans ses pensées.\\ --- \ismael ? demanda la voix de \chloe.\\ -Il courut lui ouvrir. La jeune femme, vêtue d'une ample robe violet et crème, entra dans la chambre.\\ +Il courut lui ouvrir. La jeune femme entra dans la pièce, vêtue d'une longue robe violette. Ses manches amples s'arrêtaient aux coudes, par dessus d'autres manches crème aux bordures dorées. Le bas était fendu sur les côtés, s'ouvrant sur un long jupon de couleur crème, et une ceinture ouvragée soulignait sa taille.\\ --- Tu voulais me voir ?\\ Pour toute réponse, il lui tendit le morceau de papier, tout en fermant soigneusement la porte derrière lui. @@ -94,21 +94,21 @@ Elle se leva.\\ --- Allons \ismael, comme moi, tu as grandi dans ce genre de place forte n'est-ce pas ? Conçue à la base pour résister à une armée d'assaillants...\\ --- Oui, c'est bien la raison pour laquelle il est à la fois difficile d'y entrer et d'en sortir. \\ --- Mais ne me dis pas que, au château du duc \seigneurismael, il n'y a pas, quelque part, un souterrain qui, en temps de guerre, permettait de se sauver si tout espoir était perdu...\\ ---- Si, admit-il. De mémoire, mon père l'avait fait murer parce qu'il était devenu inutile en cette période de paix, et il menaçait de s'effondrer.\\ +--- Si, admit-il. De mémoire, mon père l'avait fait murer parce qu'il était devenu inutile en cette période de paix, et qu'il menaçait de s'effondrer.\\ En fait, maintenant qu'il y réfléchissait, il était bien possible qu'il ne s'agisse que de la version officielle... \chloe reprit, interrompant ses réflexions.\\ --- Ici, une partie de ce passage a été réhabilitée, et une sortie a été aménagée en ville pour que les serviteurs puissent faire facilement des allers et retours au gré des besoins.\\ --- Et cette sortie est gardée ?\\ ---- Un seul garde, qui peut pas connaître tout le personnel, et qui ne saura pas que c'est moi évidemment.\\ +--- Un seul garde, qui ne peut pas connaître tout le personnel, et qui ne saura pas que c'est moi évidemment.\\ --- Tu en es sûre ?\\ Elle haussa les épaules.\\ ---- J'ai été absente durant plusieurs années, donc mon visage a été un peu oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute qu'on me pose beaucoup de questions.\\ +--- J'ai été absente durant plusieurs années, et mon visage a été un peu oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute qu'on me pose beaucoup de questions.\\ --- Laisse-moi t'accompagner, au moins. Je peux aussi m'habiller de manière modeste, et assurer ta sécurité.\\ --- Ce serait l'idéal, en effet.\\ --- Il reste à voir comment nous allons masquer notre absence. Y a-t-il des serviteurs en qui tu as suffisamment confiance ?\\ Elle fit la moue.\\ ---- Pas trop, justement, puisque j'ai été absente trop longtemps... \\ +--- Pas trop, justement, puisque je suis restée éloignée trop longtemps... \\ Elle fit quelques pas dans la pièce en réfléchissant.\\ ---- En fait, le seul moyen que je voie, c'est que tu couvres mon absence. Et que tu restes ici.\\ +--- En fait, le seul moyen que je voie, c'est que tu couvres mon absence, et donc que tu restes ici.\\ --- Pardon ?\\ --- Je n'ai qu'à faire croire que je suis avec toi, ici. Ta chambre n'est pas très loin des cuisines, d'où je pourrai facilement rejoindre la sortie sans être remarquée.\\ \ismael rougit soudainement.\\ @@ -130,7 +130,7 @@ Lorsqu'elle fut sortie, \ismael resta quelques instants seul à réfléchir, un En sortant, elle croisa la servante en question, et lorsqu'elle lui expliqua où elle allait, la jeune femme lui adressa un regard à la fois complice et envieux. C'est vrai que le jeune et élégant paladin avait déclenché de nombreux sourires admiratifs parmi le personnel féminin, et elle connaissait plus d'un homme qui en aurait abondamment profité. \ismael ne semblait pas les voir, ou peut-être était-il suffisamment malin pour tirer parti de la situation en toute discrétion, qui sait ? -\remi, lui, aurait été du genre à en profiter, c'est sûr. D'ailleurs, depuis le temps qu'il était guide, combien de voyageuses avaient fini dans ses bras ? Et dire que vis-à-vis d'elle il n'osait pas assumer grand-chose... Quel idiot, vraiment. Il était bien courageux quand il fallait affronter des bandits ou des monstres, mais face à elle, quel froussard... +\remi, lui, aurait été du genre à en profiter, c'est sûr. D'ailleurs, depuis le temps qu'il était guide, combien de voyageuses avaient fini dans ses bras ? Et dire que vis-à-vis d'elle il n'osait pas assumer grand-chose... Quel idiot, vraiment. Il était bien courageux quand il fallait affronter des bandits ou des monstres, mais devant elle... Elle secoua la tête. Comment pouvait-elle médire de lui comme cela, alors que d'après la lettre adressée à \ismael, il était gravement blessé ? Et blessé comment, à quel point, pourquoi ? Et s'il ne tenait pas le coup jusqu'à ce qu'elle arrive ? Elle chassa aussitôt cette pensée terrible, et frappa à la porte de la chambre d'\ismael.\\ --- Ah, tu es là. Tu as tout ce qu'il faut ?\\ @@ -167,7 +167,7 @@ Elle avait enfilé une robe à bretelles marron foncé par dessus une chemise de \recit{\chris} -Le soir était tombé, et \chris s'était mis en route à travers la campagne. Sa monture avançait calmement sur le soleil qui se couchait. Il avait choisi de partir en avance, afin de pouvoir prendre son temps. Après leur course éperdue dans la forêt, les pauvres bêtes avaient besoin d'être ménagées. Et puis, la \og mission \fg qu'on lui avait confiée n'était pas à la minute près... +Le soir était tombé, et \chris s'était mis en route à travers la campagne. Sa monture avançait calmement sur le soleil qui se couchait. Il avait choisi de partir en avance, afin de pouvoir prendre son temps. Après leur course effrénée dans la forêt, les pauvres bêtes avaient besoin d'être ménagées. Et puis, la \og mission \fg qu'on lui avait confiée n'était pas à la minute près... \guillaume, c'était le nom du garde, avait donné rendez-vous à sa fiancée au bal de son village, qui avait lieu ce soir. Malheureusement, un de ses collègues s'étant blessé, il avait dû le remplacer au pied levé pour sa ronde de la soirée. À \chris la charge de transmettre, via une lettre, les excuses à la damoiselle en question. Il avait connu plus dangereux comme mission, à moins que la jeune paysanne ne prenne très mal la nouvelle et ne s'énerve sur lui ? @@ -183,22 +183,213 @@ Il se retourna vers celle qui venait de lui parler. C'était une jeune femme aux --- Qu'est-ce qu'il a, il ne peut pas venir lui-même ?\\ Vu l'expression de la damoiselle, il allait devoir sortir l'outil diplomatie.\\ --- Hélas, il a dû remplacer en urgence un de ses compagnons, qui s'est blessé au service de son seigneur, expliqua-t-il en s'inclinant.\\ -Certes, en vérité, lui avait dit le jeune garde, le compagnon en question s'était blessé à l'épaule en chutant de cheval à cause d'une étrivière trop vieille qui avait lâché. Mais c'était beaucoup moins intéressant à raconter.\\ +En vérité, lui avait dit le jeune garde, le compagnon en question s'était blessé à l'épaule en chutant de cheval à cause d'une étrivière trop vieille qui avait lâché. Mais c'était beaucoup moins intéressant à raconter.\\ --- Quoi, s'énerva \cleo, vous voulez dire qu'il est de service ce soir et qu'il ne viendra pas du tout ?\\ --- Malheureusement, non. Il m'a demandé de vous faire parvenir cette lettre, ajouta \chris en lui tendant la missive. -La jeune paysanne prit la lettre en fronçant les sourcils, et la parcourut des yeux. Un petit sourire et un léger rougissement apparurent sur son visage à la fin de la lecture.\\ +La jeune paysanne prit la lettre en fronçant les sourcils, et la parcourut des yeux. Un petit sourire et un léger rougissement apparurent sur son visage à la fin de la lecture. Puis elle se renfrogna.\\ --- J'espère, avança-t-il prudemment, que vous lui pardonnerez.\\ --- Oh, lui, il passera un sale quart d'heure quand je le verrai !\\ --- Votre fiancé ne fait que son devoir. Il ne va pas laisser son seigneur sans protection, tempéra \chris.\\ --- Justement, le seigneur a plein d'argent ! Pourquoi n'engage-t-il pas quelques gardes en plus ? tempêta-t-elle.\\ ---- Je ne doute pas que s'ils vous engageaient vous, le sieur \seigneurchloe et sa famille seraient plus qu'en sécurité.\\ +--- Je ne doute pas que s'il vous engageait comme garde, le sieur \seigneurchloe et sa famille seraient plus qu'en sécurité.\\ \cleo marqua un moment de surprise, puis voyant l'air amusé de son interlocuteur, éclata de rire. Elle glissa alors la lettre dans son corsage, et reprit, sans transition.\\ --- Bon, c'est pas tout ça, mais j'étais venue danser, et je me retrouve sans cavalier. Vous venez ?\\ Et sans lui laisser le temps de répondre, elle l'entraîna vers la piste de danse. -\noindent --- Vous savez, avoua-t-il humblement après une première danse, je ne connais les danses de la région.\\ +\noindent --- Vous savez, avoua-t-il humblement après une première danse, je ne connais pas du tout les danses de cette région.\\ --- Ah ? Pour quelqu'un qui apprend sur le tas, vous vous en sortez pas mal, répondit-elle en souriant. Mieux que cet idiot de \boulet, qui pourtant est censé les connaître.\\ --- Qui est ce garçon ?\\ Elle leva les yeux au ciel. \\ ---- Le fils du charpentier, mon voisin. Il me tourne autour depuis six mois, même s'il sait que je suis fiancée à \guillaume. J'ai beau l'envoyer balader à chaque fois, il insiste... +--- Le fils du charpentier, mon voisin. Il me tourne autour depuis six mois, même s'il sait que je suis fiancée à \guillaume. J'ai beau l'envoyer balader à chaque fois, il insiste... C'est lui, là-bas.\\ +Il aperçut le jeune homme, fin et élégant, aux cheveux noirs, qui discutait avec le vendeur de boissons.\\ +--- Je vois. Cela vous arrange donc bien que je danse avec vous, n'est-ce pas ?\\ +Elle répondit par un sourire.\\ +--- J'avoue, je prends toutes les excuses pour l'éviter. Et comme je doute qu'il cherche à faire concurrence à votre carrure... dit-elle sur un ton amusé. Mais je ne vais pas vous retenir...\\ +--- Je peux rester à danser un peu, finalement, l'ambiance est sympathique, répondit-il en souriant.\\ +Après tout la compagnie de \cleo était agréable, la bière plutôt bonne, et il était peu probable qu'il rentre à temps s'il se passait quelque chose, alors autant en profiter. + +Ils s'arrêtèrent après la danse suivante, pour terminer leur verre.\\ +--- Cette danse-là était plus difficile, j'ai eu un peu de mal à suivre !\\ +--- J'avoue. D'où venez-vous, pour ne pas connaître la région et ses traditions ?\\ +--- De la capitale, avoua-t-il.\\ +Après tout, que risquait-il à lui dire ?\\ +--- Ha ! Je l'aurais juré, répondit \cleo en riant. J'étais presque sûre d'avoir reconnu votre accent. Vous y faites quoi ?\\ +--- Je suis soldat de la garde.\\ +--- Comme \guillaume ? Ça ne m'étonne pas vue votre stature.\\ +--- Hé oui. Et je connais bien les problèmes liés à son travail... \\ +--- Et vous n'avez pas une fiancée que ça énerve parfois ?\\ +--- Euh... Nous faisons avec, répondit \chris évasivement.\\ +La paysanne termina son verre d'un trait.\\ +--- J'espère d'ailleurs qu'elle ne m'en veut pas trop de vous retenir. Vous devriez peut-être rentrer...\\ +--- C'est vrai. Mais je vous remercie pour cette soirée, je me suis bien amusé.\\ +--- C'est moi qui vous remercie. Dites quand même à cet andouille de \guillaume... que je l'attends à notre point de rendez-vous habituel demain soir pour qu'il s'excuse en personne. Et cette fois, il n'a pas intérêt à se défiler !\\ +--- Je n'y manquerai pas, dit-il en s'inclinant. + +Il se dirigea vers sa monture, qui somnolait tranquillement en attendant son retour. La jeune paysanne l'avait suivi tout en discutant.\\ +--- Vous avez l'air de regarder autour de vous, chercheriez-vous quelque chose ou quelqu'un ? lui demanda \chris.\\ +--- Non... Enfin oui... Je me demandais où était passé \boulet.\\ +Il eut un petit sourire tout en détachant son cheval.\\ +--- Oh, je crois que je l'ai vu rentrer chez lui, avec un certain mal de crâne.\\ +--- Sérieusement ?\\ +--- Oui, je me demande bien ce qui a pu lui arriver sur la piste de danse...\\ +Elle éclata de rire.\\ +--- Haha... Bien vu. Vous êtes vraiment un homme plein de res\-sour\-ces... + +Il monta en selle et se mit en route en lui lançant un geste du bras et un clin d'{\oe}il. + +\recit{\chloe} + +Elle fit quelques pas dans la ruelle quasi déserte. Personne n'avait prêté attention à elle dans les cuisines et les couloirs du château. Une tenue de servante, c'était une tenue de femme invisible, c'était la tenue faite par essence pour se faire oublier, ou plutôt la tenue que tout le monde avait appris à oublier. + +Elle prit quelques grandes inspirations dans la fraîcheur du début de la nuit. Maintenant, plus grand chose ne la séparait de \remi... Elle regarda quelques instants autour d'elle afin de se repérer, et s'engagea dans une direction. Elle avait un peu étudié le plan avec \ismael, mais de nuit, c'était plus compliqué. + +Soudain, un choc mou la projeta à terre.\\ +--- Oh, je suis vraiment confus, je ne vous avais pas vue...\\ +Assise par terre, sur les pavés déjà humides par la rosée nocturne, elle reprit ses esprit. Devant elle, un homme se releva et lui tendit la main.\\ +--- Vraiment, je vous prie de m'excuser... J'espère que vous n'êtes pas blessée !\\ +--- Ça va, merci, dit-elle en acceptant la main tendue.\\ +Elle se releva, et rajusta son châle sur la tête, et vérifia que rien dans sa sacoche n'était abîmé par le choc. Heureusement, elle avait connu pire... L'homme était toujours là. Elle le distinguait mal dans l'obscurité, mais il avait l'air vraiment gêné et désolé.\\ +--- Puisque vous êtes là, vous pourriez peut-être m'aider ? Je cherche la \rueauberge.\\ +--- Oui, je sais où elle est. Il faut prendre cette rue, puis aller à gauche... commença-t-il en montrant les directions. Mais attendez, s'interrompit-il. Je me rends moi-même sur la \rueautre, qui est juste à côté, je peux donc vous montrer directement. Acceptez-vous ?\\ +Il avait vraiment l'air anxieux de se faire pardonner, et puis, si ça pouvait lui éviter de chercher son chemin...\\ +--- D'accord.\\ +Elle se mit à marcher à ses côtés, non sans une certaine méfiance. + +En marchant dans les ruelles, la lumière venant de diverses maisons et enseignes éclairait son étrange compagnon. Il était plutôt jeune, vêtu d'une tunique gris foncé, à manches longues, et d'un pantalon noir par dessus des bottes de cuir. Il lui adressait de temps en temps un léger sourire, qui ne la mettait pas très à l'aise. Elle se contentait de vérifier autour d'elle, le chemin semblait le bon, mais pouvait-elle en être sûre ? Pouvait-il être en train de l'égarer dans les rues de la ville ? Était-elle stupide de se méfier autant ? + +\noindent --- Pardonnez-moi encore une fois, mais que faites-vous seule à cette heure dans les rues de la ville ?\\ +--- Je rends visite à un oncle de passage, improvisa-t-elle.\\ +--- Il loge à l'auberge du \aubergevillechloe ?\\ +Elle sursauta presque.\\ +--- Euh oui, pourquoi ?\\ +Il sourit.\\ +--- C'est la seule de cette rue, alors j'avais de bonnes chances de de\-vi\-ner... \\ +--- Certes.\\ +--- Vous n'êtes pas d'ici ?\\ +--- Je ne connais pas bien cette partie de la ville, répondit-elle précipitamment.\\ +Ses questions commençaient à la mettre mal à l'aise, pourvu qu'ils arrivent vite à destination et qu'elle soit tranquille...\\ +--- Ne craignez-vous pas de faire de mauvaises rencontres en vous déplaçant seule à cette heure ?\\ +Elle fronça les sourcils et se retourna vers lui. Il y avait un sourire inquiétant sur ses lèvres, et elle regretta soudain de l'avoir accompagné. --- Mais ne vous inquiétez pas, reprit-il en se rapprochant d'elle et en baissant légèrement le ton, vous ne craignez rien en ma compagnie, dame \chloe. + +Elle se figea de stupeur, comme si on lui avait asséné un coup de poing dans le ventre.\\ +--- De quoi parlez-vous ? répondit-elle d'une voix faible.\\ +Il sourit.\\ +--- Quoi, cela ne vous rassure pas ?\\ +Son hésitation l'avait de toutes façons déjà trahie. Autant l'affronter franchement... elle se planta face à lui.\\ +--- À quoi jouez vous ?\\ +--- Disons que je voulais être sûr, répondit-il avec un clin d'{\oe}il. Mais rassurez-vous, votre identité restera entre nous.\\ +Il fit quelques pas, l'incitant à le suivre, mais elle ne bougea pas. Constatant qu'elle restait sur place, il s'arrêta à son tour. + +\chloe tremblait, à la fois de rage et de peur, et quelques gouttes de sueur froide perlaient sur son front.\\ +--- Qui êtes-vous ? Comment savez-vous qui je suis ?\\ +--- Je suis un ami d'\ismael.\\ +--- Hmm... Et d'\chris ?\\ +--- Tout à fait. J'en déduis donc que vous avez lu son message.\\ +Elle hocha la tête. Ainsi, c'était l'un des fameux \og compagnons \fg décrits dans le mot.\\ +--- Cela ne répond pas à ma seconde question, reprit-elle après un court silence.\\ +--- À vrai dire, j'attendais de voir arriver \ismael. J'ai été un peu surpris de ne pas le voir, et lorsque je t'ai vue passer, je me suis demandé...\\ +--- Je suis si reconnaissable ?\\ +--- Pas tant que ça, pour quelqu'un qui n'y prête pas attention. Mais on voit peu de femmes seules dans les rues, tu avais une allure un peu inhabituelle, et tu semblais chercher ton chemin... Je ne m'y suis pas trompé.\\ +Elle fit une moue. Elle se remettait tout juste de sa surprise, mais n'était toujours pas très rassuré par son interlocuteur.\\ +--- Pourquoi avoir joué tout ce jeu ?\\ +--- Je n'étais pas tout à fait sûr... Pardon pour cette frayeur.\\ +Elle fronça les sourcils.\\ +--- Mon nom est \jerome. Par ailleurs, ce que j'ai dit est sincère, et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de s'éterniser ici. Prenons un air naturel et reprenons notre marche.\\ +Il lui tendit son bras, et après une hésitation, elle le prit et ils se remirent en route. Elle n'était pas très à l'aise, mais la proximité leur permettait au moins de parler très bas.\\ +--- Comment se fait-il que \og tu \fg me connaisses si bien ?\\ +--- \remi m'a parlé de toi. + +\recit{\jerome} + +À l'évocation de ce nom, l'attitude de \chloe changea brusquement. Il aurait peut-être pu prononcer ce mot magique plus tôt...\\ +--- Comment va-t-il ? Que lui est-il arrivé ?\\ +--- Euh, par où je commence, c'est un peu compliqué... il a une vilaine brûlure causée par un mage.\\ +Il sentit sa surprise et sa peur dans le contact de son bras. Elle regardait droit devant elle, hésitant à répondre.\\ +--- Sais-tu que tu vis dans un pays où rien que cette phrase peut te valoir un autre type de brûlure ? murmura-t-elle après un silence.\\ +--- Je suis au très bien au courant. C'est pourquoi nous n'avons pas crié sur les toits les détails de sa blessure.\\ +--- Comment va-t-il ?\\ +Il soupira.\\ +--- Nous sommes rentrés hier matin, et cela fait deux jours qu'il s'est pris ce... coup. Même s'il ne se plaint pas beaucoup, il souffre et n'arrive à dormir qu'avec des drogues... Depuis ce matin, il a de la fièvre. Par moment, il est conscient, par moment je crois qu'il délire un peu...\\ +Il sentit une réaction dans le bras qu'il tenait. Il continua.\\ +--- ... Je crois qu'en cet endroit, tu es la seule qui puisse l'aider.\\ +Elle se raidit soudaidement.\\ +--- Qu'est-ce que tu sais sur moi, au juste ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.\\ +--- Hm... Trop de choses ?\\ +Il ne savait pas précisément comment lui dire, mais en la sentant se mettre à trembler de rage, il en conclut qu'elle avait compris.\\ +--- Comment le savez-vous ? C'est \remi qui m'a trahie ? Qu'il aille cre\-ver !\\ +--- Non, non. Calme-toi. Nous le savions avant de venir.\\ +--- Quoi ? Et... c'est censé me rassurer ?\\ +--- Je n'ai pas vraiment le temps de tout t'expliquer... \\ +C'était vraiment le moment de surveiller sa réaction. Et de choisir ses mots. Il allait devoir lui révéler des choses, mais pas tout...\\ +--- \chris est --en secret bien sûr-- sur une affaire un peu louche, qui implique des mages de la capitale et la présence de créatures dangereuses dans la forêt de \foret...\\ +Elle ouvrit des yeux ronds.\\ +--- Mais... nous avons effectivement rencontré des créatures cau\-che\-mard\-es\-ques durant notre traversée...\\ +--- Précisément. Autant te dire que le concours de \remi nous a été précieux... Même si ce concours a été difficile à obtenir. Ce gars-là ne lâche pas facilement le morceau, tu peux me croire. \\ +Elle hocha la tête, et fit une petite moue.\\ +--- Quelle est cette histoire de mages, alors ?\\ +--- Tu connais un mage du nom \magemort ?\\ +Elle haussa les épaules.\\ +--- De réputation. Des professeurs de l'université m'ont déjà parlé de lui. Sur quoi travaille-t-il déjà ? Les plantes, ou quelque chose comme ça ?\\ +--- Il étudiait les animaux magiques.\\ +--- Pourquoi étudiait ? Il a changé de discipline ?\\ +--- Il est mort. Dans un accident tragique.\\ +--- Quoi ? Mais... j'en aurais entendu parler... ça fait longtemps ?\\ +Sa réaction semblait sincère. Ou alors elle était très bonne comédienne. Mais si les visages savent mentir, les corps ont souvent plus de mal...\\ +--- C'était le lendemain de ton départ. Et d'après celui qui nous envoie, ce n'est pas un accident.\\ +Elle fronça les sourcils et sembla plongée dans la réflexion quelques ins\-tants. Puis elle s'arrêta net, l'obligeant à stopper à son tour.\\ +--- Vous n'imaginez quand même pas que je pourrais avoir quelque chose à voir là-dedans ?\\ +--- À mon avis, que tu le veuilles ou non, tu es liée d'une façon ou d'une autre à cette histoire. Rappelle-toi ce qui t'est arrivé dans la forêt. Crois-tu que ce soit sans autre conséquence qu'un affreux souvenir ? Soit tu es complice, soit tu risques tôt ou tard de devenir une cible.\\ +Elle frissonna. Puis se remit en route, et tourna son visage vers lui.\\ +--- Donc tu m'accompagnes pour me surveiller de près...\\ +--- Ou assurer ta sécurité, coupa-t-il.\\ +Elle le regarda de haut en bas, comme si elle estimait sa capacité à la protéger.\\ +--- Quel genre de danger peut me menacer ? Des \bestioles ?\\ +--- Ou le genre de sort qui a mis \remi dans l'état où il est actuellement... Et crois-moi, ce n'est pas beau à voir.\\ +Ils marchèrent en silence pendant quelque temps, puis elle reprit.\\ +--- Si ça te va, on s'occupe de lui et on réfléchit après ?\\ +--- Ça me va, répondit-il. + +Ils arrivaient en vue de l'auberge. Finalement, la discussion qu'il avait eue avec \chloe était finalement instructive. Sa réaction semblait sincère, il est possible qu'elle n'ait pas été au courant de l'assassinat de \magemort. Et... elle semblait réellement tenir à \remi, ce qui était plutôt bon signe pour la santé de ce dernier. Il n'était pas tout à fait sûr de ce qu'il y avait entre les deux, mais après tout, tant que ça lui permettait d'être sur pied... + +\recit{\chloe} + +Ils arrivèrent enfin à l'auberge du \aubergevillechloe. En voyant l'enseigne se découper dans la faible lumière de la rue, elle ne put s'empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Il ne s'était pas amusée à la perdre dans la ville. Étrange personnage que ce \jerome... Elle ne savait pas trop quoi penser de lui, et de cette histoire avec \magemort qu'il lui avait racontée. Était-elle vraie ou totalement inventée ? Et pourquoi dans ce cas ? La faire réagir ? C'était bizarre quand même. + +Elle fut presque soulagée de pénétrer dans l'animation et le bruit de la taverne. Malgré l'heure tardive, de nombreuses personnes étaient présentes, terminant leur repas ou buvant un verre joyeusement. \jerome ne perdit pas de temps, et lui fit traverser la salle rapidement.\\ +--- Le fameux \chris n'est pas là ce soir, il avait une course urgente. Je t'amène directement auprès de \remi, il est dans une des chambres là-haut... + +L'escalier, en bois grinçant et raide, menait sur un couloir étroit au premier étage, sur lequel on pouvait voir cinq ou six portes en bois massif. \jerome, la précédent, se dirigea vers la troisième et ouvrit la porte. + +La chambre était une petite pièce rectangulaire, munie d'une armoire miteuse, d'une petite vasque et d'un miroir dont le tain était rouillé, le tout posé sur une commode, et de deux petits lits parallèles au couloir, la tête au niveau du mur de droite. En face, une minuscule fenêtre qui ne devait pas donner beaucoup de lumière même en plein jour. Sur l'une des tables de chevet était posée une lampe, qui éclairait assez la pièce pour qu'elle puisse voir une silhouette familière étendue sur le lit. + +\noindent --- \remi !\\ +La silhouette se redressa péniblement sur son coude, et tenta de tourner la tête vers elle avec difficultés. Elle aperçut l'horrible blessure laissée à l'air libre, et se précipita vers lui.\\ +--- Qu'est-ce que... \chloe ? murmura-t-il faiblement.\\ +Elle toucha son visage, qui était brûlant. Elle s'assit sur le lit, et se tourna vers \jerome, qui entretemps avait fermé la porte derrière lui.\\ +--- Explique-moi.\\ +--- Un sort qui ressemble à un fouet brûlant, très long. D'ailleurs, \chris a paré un de ses coups avec sa lame, et regarde ce que ça a donné.\\ +Il dégaina l'épée du soldat, posée contre l'armoire, à côté de celle de \remi. À mi-hauteur, la lame portait des encoches profondes et arrondies, comme si le métal avait purement et simplement fondu. \\ +--- Je ne savais pas qu'on pouvait faire une chose pareille, murmura-t-elle.\\ +--- De faire des marques pareilles sur une épée ?\\ +Elle secoua la tête.\\ +--- Non. Enfin si, mais surtout d'être capable de manier une épée aussi grande et lourde.\\ +--- Ne sous-estime pas \chris, répondit-il en souriant.\\ +--- Quand au sort, pour répondre à ton autre question, je n'en connais pas un qui soit tel que tu le décris, mais je ne suis pas spécialiste... Dans tous les cas, il en existe qui auraient fait se vaporiser la lame en une seconde, alors il a quand même eu de la chance... Il avait son armure ?\\ +--- Oui, et regarde dans quel état elle se trouve.\\ +\jerome sortit alors ce qui restait de l'armure de \remi. Le cuir avait totalement brûlé en forme de courbe, exactement la même qu'il y avait sur son dos. Elle frissonna, puis posa sa main sur celle du blessé, qui s'était rallongé mais qui avait néanmoins réussi à tourner la tête vers elle, et ne la quittait pas des yeux. Elle le regarda pendant quelques secondes, puis se leva et accompagna \jerome jusqu'à la porte. + +\noindent --- Pour l'aider, je vais devoir utiliser... les grands moyens, lui murmura-t-elle.\\ +--- Tu peux le soigner ?\\ +Il y avait de l'anxiété, de l'inquiétude dans son regard. Il semblait plus naturel, plus sincère que durant tout le trajet jusqu'ici. Peut-être qu'il tenait à \remi, après tout... Elle hocha la tête.\\ +--- Oui. Est-ce que tu peux... me laisser seule avec lui pendant un petit moment ?\\ +Elle ne put s'empêcher de rougir légèrement, et se demanda s'il l'avait remarqué. \jerome hésita, puis regarda alternativement \remi, elle, la porte et le couloir, puis la fenêtre exigue.\\ +--- D'accord. Mais promets-moi de prendre soin de lui...\\ +--- Je te le promets, lui répondit-elle avec un sourire. + +Il recula, et sortit de la pièce. Juste avant qu'elle ne ferme la porte et le verrou, il sembla se raviser et, bloquand la porte de son pied, il se pencha vers elle.\\ +--- Je ne suis pas parfaitement sûr de tes intentions, \chloe. Alors je préfère te prévenir d'une chose. S'il lui arrivait quoi que ce soit de mal... \\ +Elle entendit distinctement un léger bruit métallique venant de sa main. Sa main, qui était vide il y a quelques instants, tenait désormais une lame, aussi noire qu'acérée, pointée dans sa direction. Mais cette même main tremblait. Passé la seconde de peur, elle trouva ce geste presque touchant. Il tenait donc réellement à son ami... Elle posa doucement la main sur le poing, évitant soigneusement le fil de la dague, écartant lentement la lame tranchante de sa direction.\\ +--- Fais-moi au moins confiance là-dessus, \jerome. Je lui veux tout sauf du mal. + +Il recula, en tremblant toujours légèrement, et la laissa fermer et verrouiller la porte. diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index 08fca86..86e1e33 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - + @@ -6892,8 +6892,8 @@ avec ?
— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...

Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller » -avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires. -Il hocha la tête.
— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...
Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur le sujet.
— Encore quelqu’un qui se rend au tournoi du duc De Vane ? demanda Zach.
— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il -vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations, +vient au tournoi surtout pour se faire des relations et les entretenir, expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je @@ -7082,7 +7082,7 @@ D’apr il y a un détail cocasse, que j’ai noté au cas où : Sélène est la fille aînée du seigneur Assem.
Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.
— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve ?
— C’est bien la seigneurie sur laquelle on se trouve ?
— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant l’« incident ».
Sam l’interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. — Pour le -moment, je serais d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti que nous +moment, je suis d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti que nous pour lui parler...
Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les rires allaient bon train. Il sourit à son tour.
— Tu veux un coup avant d’y aller ?
— Euh, merci mais je crois que j’ai un peu trop bu hier...
Il sourit.
— Oh, il n’y a presque pas d’alcool. Et puis,
— Oh, il n’y a presque pas d’alcool. Et puis...
Il se rapprocha alors qu’il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un clin d’œil.
— J’ai parié un pichet de vin avec Ragan sur toi, me déçois pas, @@ -7374,13 +7374,13 @@ les comp particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux atouts importants. -

Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus -technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la -progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter -quelqu’un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale. -Lorsqu’on est habitué à tenir les réglettes fines et humides formées par les -interstices entre les pierres, les petits gratons de roche qu’il trouvait ici -étaient presque confortables. +

Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais +plus technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, +et la progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour +arrêter quelqu’un qui avait passé des années à escalader les murs de +la capitale. À côté des réglettes fines et humides formées par les +interstices entre les pierres, les petits gratons d’ici étaient presque +confortables.

Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d’avoir gardé sa tunique à manches longues. Sauf que s’il avait dû se mettre torse nu comme Zach, il aurait dû, d’une façon ou d’une autre, montrer le fourreau @@ -7399,7 +7399,7 @@ class="ecti-1095">Zach fatigue dans ses avant-bras. Mais Farl, qui avait choisi un autre chemin, ne semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu’on apprenait aux apprentis ménestrels, mais il doutait que l’escalade en fasse partie... -Peut-être venait-il de régions montagneuses où on apprenait à grimper +Peut-être venait-il de ces régions montagneuses où on apprenait à grimper avant d’apprendre à marcher ?

Il profita d’une bonne prise pour s’essuyer le front et prendre une grande inspiration avant l’ascension finale. Il lui restait moins d’une dizaine de @@ -7418,7 +7418,7 @@ class="ecti-1095">Farl avant-bras tendu et le rejoignit. Il lui sourit.
— Bon, d’accord, tu as gagné, lui dit-il en reprenant son souffle.
— Merci. Tu grimpes très bien aussi. -

Ils restèrent quelques instants silencieux masser leurs avant-bras +

Ils restèrent quelques instants silencieux à masser leurs avant-bras endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la silhouette du château du seigneur et la ville qui l’entourait. @@ -7508,8 +7508,11 @@ class="newline" />Le jeune m class="newline" />— Tu vois cette histoire plus ou moins crédible de ruine antique que recherche Uhr ?
Il hocha la tête.
— Ce qu’il cherche est bien chose d’« antique », qui est censé avoir disparu -depuis des siècles... mais ce n’est pas un tas de cailloux. +class="newline" />— Ce qu’il cherche est bien quelque chose d’« antique », qui est +censé avoir disparu depuis des siècles... mais ce n’est pas un tas de +cailloux. + +

Zach se tut quelques instants, le temps de comprendre.
— Oh.

Il jeta un œil à Zach. Évidemment, il ne pouvait pas tout dire devant - - lui.
— ... Et que va-t-il faire à votre avis ? Envoyer quelques hommes pour enquêter... Et comme il souhaite – a priori – que ce soit dans la discrétion, il @@ -7582,8 +7583,6 @@ class="newline" />— Non. Enfin si, mais pas de ma part. Je ne peux pas tou mais...
Uhr lui jeta un regard, ainsi qu’à Farl.
— ... Disons qu’on a de bonnes raisons de croire qu’un type s’est fait - - assassiner pour l’avoir su.

Zach resta quelques instants silencieux. Puis il prit la parole.
— Si vous en avez les moyens, nous pouvons louer des montures pour @@ -7615,11 +7614,11 @@ capitale, un de ses premiers petits boulots – et un de ses pr avait été celui de garçon d’écurie, et il s’y connaissait plutôt bien maintenant.

Il avait choisi deux chevaux de taille moyenne, qui ne payaient pas de -mine mais dociles et endurants. Ils n’avaient pas besoin de pur-sangs -nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s’ajoutaient leurs -chevaux d’attelage, deux grands percherons qu’ils avaient achetés à la +mine mais qui étaient dociles et endurants. Ils n’avaient pas besoin de +pur-sangs nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s’ajoutaient +leurs chevaux d’attelage, deux grands percherons qu’ils avaient achetés à la capitale. Lui et Sam montaient l’un de ses chevaux, qui en plus étaient chargés de la majorité du matériel. Farl et Zach ouvraient la route, tout en discutant. @@ -7653,9 +7652,9 @@ Ce n’ ajouta-t-il. Et la dame en question est bien la fille du seigneur Assem, Sélène. Pourquoi ? Vous la connaissez ?

Uhr hésita. Que pouvait-il lui dire ? Il jeta un regard à Sam, qui fit une -moue. Apparemment, pour elle, non. Le regard de Farl passa de Zach à lui, +moue. Apparemment, pour elle, non. Le regard de Farl passa de Zach à lui, et dans l’autre sens. Puis il haussa les épaules. Il lui laissait la décision. Après tout, lui donner quelques éléments et observer sa réaction pouvait être intéressante...
— Tu crois qu’on peut faire confiance est réputé pour ses compétences de pisteur qu’il n’est pas impliqué dans une histoire compliquée.
— Je n’en suis pas tout à fait sûr, évidemment. Mais dans ce cas, pourquoi - - aurait-il accepté de nous emmener là où sont les araknes, maintenant qu’il sait ce qu’on cherche ?
— Il pourrait nous emmener dans un piège... @@ -7727,10 +7724,10 @@ mais... fais comme tu le sens.

Zach

Le soir était tombé. Ses compagnons l’avaient aidé à installer le -camp avec une certaine efficacité, ils n’en étaient pas à leur première -expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s’étaient installés autour d’un +camp avec une certaine efficacité, ils n’en étaient pas à leur première +expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s’étaient assis autour d’un petit feu de camp pour partager leur repas, et l’ambiance était assez détendue.

— Penses-tu que nous aurons besoin de monter la garde cette nuit ? @@ -7763,9 +7760,9 @@ class="newline" />— Vous allez m’apprendre que S class="newline" />— Oui, répondit Uhr en soupirant. Tu as deviné, n’est-ce pas ?
— Non. Je le savais déjà, et c’est la raison pour laquelle j’évitais de vous parler d’elle à la base. -

La surprise se dessina sur le visage de ses trois interlocuteurs. Il étendit +

La surprise se dessina sur le visage de ses trois interlocuteurs. Il étendit sa jambe droite, et désigna un accroc réparé sur son pantalon.
— Une de ces créatures m’a mordue. Sans ses soins magiques, je serais mort.
— C’est vrai, admit Uhr. Mais d’apr d’aller en forêt. Tu aurais eu des doutes si elle t’avait demandé de changer de route au milieu, non ?
Il se remémora les premiers jours avec la jeune femme. Si en réalité elle + + connaissait la forêt, elle était excellente comédienne.
— Elle m’a tout de même sauvé de la morsure de ces créatures, en prenant le risque de révéler le fait qu’elle est magicienne...
— Hein ? Oui class="newline" />— Tu as l’air ailleurs, insista-t-il.
Il haussa les épaules.
— Juste des souvenirs de cette fameuse nuit qui me reviennent... - - Bon, que fait-on alors ? reprit-il en se tournant vers les deux autres cavaliers.
— Inutile de courir vers le danger. On peut probablement observer d’ici, à l’abri.
— Je croyais qu’elles n’allaient pas d’approcher du cours d’eau ? ajouta Sam.
— Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose en plus de nuit. +class="newline" />— Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose, surtout de nuit. Il faudra donc aller voir directement... Commençons par installer le camp pas loin d’ici.

Il n’était pas très étonnant que la rivière n’ait pas de vrai nom. @@ -7942,8 +7939,6 @@ class="newline" />— Probablement sans le savoir d’ailleurs, ajouta S class="newline" />— Quand cette histoire sera terminée, j’aimerais en tous cas faire un détour par le duché De Vane... pas vous ? demanda Farl.
— Pourquoi pas, répondit Uhr en souriant. Mais je ne sais pas quand tout - - cela sera terminé...

Zach continua à préparer un feu de camp, se demandant s’il irait voir ce fameux tournoi, comme ça, juste par curiosité. Sélène avait parlé @@ -7977,9 +7972,9 @@ clairi qu’ils puissent, en cas de besoin, passer sur l’autre sans toucher le sol. De là, ils avaient installé une corde qui leur permettrait de revenir sur un troisième un peu plus loin. Cela ne les menait pas encore à la -rivière, mais suffisamment près pour qu’en courant ils soient à l’abri, si +rivière, mais suffisamment près pour qu’en courant ils soient à l’abri, si tout allait bien. Mais peut-être n’auraient-ils pas besoin de tout cela...

Même une branche confortable paraît dure au bout d’un moment. Pour @@ -8014,10 +8009,10 @@ probablement plus que ce qu’on ne l’imaginait en r bien être l’un d’eux.
— Si tu avais du sang d’elfe, tes parents te l’auraient dit je suppose ?
— Mes parents adoptifs n’en savent pas plus que moi, ils m’ont récupéré -nouveau-né. Mais mes frères, pour me taquiner me traitaient d’elfe, parce -que j’étais beaucoup plus frêle qu’eux.
Il ne savait pas trop comment réagir à cette confession.
— En général, par chez nous, ce n’est pas très gentil. Mais au final, reprit-il en souriant, ils m’aiment bien, et ils étaient quand même là pour défendre @@ -8051,9 +8046,9 @@ compliqu class="newline" />— Je t’aiderai.

Zach -

Il fallait se mettre en route, dans une direction ou une autre, bouger. +

Il fallait se mettre en route, dans une direction ou une autre, bouger. Tout plutôt que de penser à ce qui aurait pu lui arriver si Sélène n’avait pas pu le soigner. La progression par les arbres n’était pas aisée, mais les araknes n’allaient pas très vite de toutes façons. Farl se @@ -8070,7 +8065,7 @@ class="newline" />— Euh, je ne suis pas s pointant du doigt. Il y en a d’autres en chasse...
Farl plissa les yeux, et vit la créature.
— En effet. Cela dit, elles ont l’air d’aller en ligne droite, on peut peut-être -essayer de viser où elles vont ?
 ?
— Bonne idée.
Il attrapa la branche au dessus de lui et se hissa.
— Ça va, tu arrives à suivre Farl ?
— Je ne pense pas que ce soit très sûr, dit-il, tout en sortant, à tâtons, une corde de son sac.
— Elles ont l’air de fuir l’orage qui arrive. Mais ça ne veut pas dire qu’elles -ne sont pas dangereuses, je te l’accorde... Mais qu’est-ce que tu comptes +ne sont pas dangereuses, je te l’accorde... Mais qu’est-ce que tu comptes faire avec ça ?
— Bah, descendre. Ce n’est pas parce que c’est dangereux qu’on ne va pas y aller, non ? @@ -8133,9 +8128,9 @@ souri.

Zach

Grâce à la corde de Farl, ils furent très vite au sol. Aucune arakne -n’était visible, même par lui, et il se détendit un peu. Ils se détendirent un -peu, mais même sans se concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et -firent quelques pas prudents. +n’était visible, même par lui. Ils se détendirent un peu, mais sans se +concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et firent quelques pas +prudents.

— Je vois très mal, qu’est-ce qu’on voit là-bas ? demanda Farl.
Le ménestrel-assassin était à l’aise dans le noir, mais il n’avait pas la chance d’avoir ses yeux...
— C’est l’animal que les araknes ramenaient. abandonnée pour courir plus vite...

La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les deux hommes s’approchèrent. Farl s’agenouilla près d’elle, et alluma une -petite lanterne de poing pour observer l’animal de plus près. La pauvre bête -bougeait à peine, et semblait avoir de la peine à respirer. Il détourna son -regard pour surveiller les environs, alors que les premières gouttes d’eau +petite lanterne de poing pour observer l’animal de plus près. La pauvre +bête bougeait à peine, respirait péniblement. Il détourna son regard +pour surveiller les environs, alors que les premières gouttes d’eau commençaient à tomber. Il était certain d’avoir vu des créatures passer pas très loin, et il n’était pas tout à fait sûr de leur forme... Il eut un léger frisson et serra un peu plus fort la poignée de son @@ -8158,9 +8153,9 @@ lames au poing. Il eut juste le temps de voir Zach, de dos, donner un coup d’épée sur une silhouette indistincte. Deux morceaux tombèrent au sol avec un bruit mat.

Une seconde éternellement longue passa, mais aucune autre menace ne -sembla sortir des buissons. Zach se tourna vers lui, et lui fit signe de venir. Il +sembla sortir des buissons. Zach se tourna vers lui, et lui fit signe de venir. Il ramassa la lanterne et s’approcha.

La forme correspondait bien à une arakne, du moins une demi-arakne. Son « sang » noir et visqueux se répandait sur le sol, et il voyait la @@ -8193,9 +8188,9 @@ inqui

— Ils sont là ! s’écria-t-elle en pointant du doigt des silhouettes floues à travers le rideau de pluie, qui s’était épaissi.
Les deux hommes, trempés mais indemnes, s’engouffrèrent sous la tente, et -tous deux poussèrent un soupir de soulagement. +tous deux poussèrent un soupir de soulagement.

L’abri était effectivement petit, et le feu était à l’entrée pour laisser la fumée s’échapper. Farl et Zach se déshabillèrent pour tenter de sécher, tout en racontant ce qui s’était passé. @@ -8204,10 +8199,10 @@ bien des araknes, j’ai non-tolérance de l’eau.
— Et je dois pouvoir retrouver l’endroit où elles semblaient toutes converger, ajouta Zach en l’imitant.
Uhr suivait la conversation, tout en observant le morceau de arakne. Il était -très abîmé, à la fois par l’eau et la lame de Zach. Il prit un petit carnet qui -était resté au sec et commença à en faire un croquis le plus précis -possible.
Uhr suivait la conversation, tout en observant le morceau de l’arakne. Il +était très abîmé, à la fois par l’eau et la lame de Zach. Il prit un petit +carnet qui était resté au sec et commença à en faire un croquis le plus +précis possible.
— À quelle distance se trouverait ce lieu selon toi ?
— Passe-moi les cartes, Sam... Oui, oui, je sèche mes mains d’abord. Les créatures couraient dans cette direction, au pied des montagnes Guéralek. @@ -8229,16 +8224,16 @@ fait quoi ? demanda Zach.
— On improvise ? proposa Uhr.
— C’est vrai que ça serait bête d’être arrivés jusque là pour faire demi-tour maintenant, ajouta Sam. -

Zach ne semblait toujours pas très enthousiaste, mais il sembla +

Zach ne semblait toujours pas très enthousiaste, mais il sembla acquiescer à la remarque de Sam.
— Tu n’as pas l’habitude de voir des mages, n’est-ce pas ? lui demanda-t-il.
Il haussa les épaules en terminant de se sécher.
— C’est à dire... La seule que j’aie recontrée c’est Sélène. Mais ça ne compte pas, elle est gentille, elle...
Elle est surtout vraisemblablement jolie et sait faire tourner les têtes et les -cœurs, pensa-t-il.
— C’est une guérisseuse, comme l’était Septim, avant de se mettre à étudier la métamorphose. L’un des meilleurs... et un de ses professeurs.
Zach haussa les épaules à nouveau, puis se tourna vers la petite marmite à @@ -8265,14 +8260,14 @@ montrant le chemin qui s’ouvrait class="newline" />L’amas rocheux devant eux n’était pas très pentu, et eux n’auraient probablement aucun mal à le gravir, mais avec toutes ces irrégularités et pierres qui ne tenaient qu’à la mousse qui poussait dessus, les chevaux -risquaient de se blesser sérieusement. Ils les attachèrent près d’un arbre, et +risquaient de se blesser sérieusement. Ils les attachèrent près d’un arbre, et commencèrent leur ascension.

Sam ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quelques villageois l’avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval -c’était infiniment plus confortable, et pour marcher dans ce chaos avec une -robe longue aurait vraiment été un enfer...
— Regardez, sur la gauche !
Elle releva la tête. Uhr, qui marchait devant elle, montrait du doigt un renfoncement rocheux important.

Zach

— Farl, Zach, venez voir !
Le petit filet d’eau commençait à couler doucement dans vers la grotte, mais -le débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au +class="newline" />Le petit filet d’eau commençait à couler doucement dans la grotte, mais le +débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au mieux, cela ferait peut-être une flaque pour gêner ces sales bêtes. -Il fit un signe de tête à Farl et tous deux redescendirent dans la +Il fit un signe de tête à Farl et tous deux redescendirent dans la grotte.

— Qu’est-ce que c’est ? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble ? demanda Farl.
— Ah m’inquiète, c’est plutôt ce qu’on va trouver derrière, si on arrive à l’ouvrir.
— Tu as vraiment envie de voir ce qu’il y a derrière cette porte ? lui -demanda Uhr en souriant. Pas peur des mages ou d’autres créatures +demanda Uhr en souriant. Pas peur des mages ou d’autres créatures démoniaques ?
— Maintenant qu’on est arrivés jusque là, ce serait dommage de s’arrêter non ? répondit-il en souriant à son tour. @@ -8375,8 +8370,6 @@ class="newline" />— Non, sache, mais je te préviens Zach...
Elle fit quelques pas vers lui.
— Tu as peut-être l’habitude qu’on te dise de garder le secret n’est-ce - - pas ?
Il hocha la tête sans répondre. Ce n’était pas comme s’il avait tendance à tout raconter même en temps normal...
— On peut regarder ? demanda-t-il inquiet.
— Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu’on ne la dérange pas. Et ne t’inquiète pas pour les menaces qu’elle a proférées à ton -encontre, en général, évite de foudroyer les gens, ce n’est pas très +encontre, en général elle ne foudroie pas les gens, ce n’est pas très discret.

Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir -l’entrée de la grotte, et Sam qui s’affairait au pied de l’ouverture. Puis, elle +l’entrée de la grotte, et Sam qui s’affairait au pied de l’ouverture. Puis, elle se redressa, et resta quelques secondes immobile, les yeux fermés. Enfin, elle entama une douce mélopée, tout en se déplaçant lentement. La lumière du soleil qui arrivait maintenant au pied de la dalle se mit à briller plus @@ -8426,7 +8419,7 @@ plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bient bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les branches qui s’affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un côté. Après un temps qu’il n’aurait pas su mesurer, le pan de pierre -perdit son équilibre et bascula vers l’arrière, s’écrasant dans un grand +perdit son équilibre, bascula vers l’arrière, et s’écrasa dans un grand fracas.

Zach @@ -8446,9 +8439,9 @@ situation. Il n’avait de toutes fa longuement, mieux valait profiter du fait qu’elle soit de son côté... pour le moment.

Sam s’était assise à côté de l’ouverture, les yeux mi-clos, quelques -gouttes de sueur ruisselant le long de son front. Les trois hommes restèrent +gouttes de sueur ruisselant le long de son front. Les trois hommes restèrent silencieux quelques instants devant les deux petits chênes qui avaient, en poussant, soulevé la dalle de pierre. Celle-ci gisait, fracturée à de nombreux endroits, sur le sol à l’intérieur de ce qui semblait être une autre grotte. @@ -8482,15 +8475,17 @@ suite. mètres, puis il s’ouvrait de nouveau sur le jour, si ses yeux ne le trompaient pas. De cette extrémité, couraient vers eux trois silhouettes, s’ajoutant aux deux hommes qui se trouvaient à portée d’épée de Zach et Uhr. Des cris + + indistincts lui parvenaient.
— Des intrus !
— Ils sont armés !
— Ne les laissez pas s’enfuir !
— Mais d’où viennent-ils ? -

Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et étaient de -toutes façons plus à même de combattre au corps à corps que lui. Il rangea -rapidement ses lames, inutiles, et sortit un dard de lancer empoisonné. Mais -viser correctement risquait d’être compliqué...

Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et il pouvait +difficilement leur prêter main-forte. Il rangea rapidement ses lames, inutiles, +et sortit une dague de lancer. Mais viser correctement risquait d’être +compliqué...
— Farl ! cria Uhr entre deux coups d’épée. Repli !
Il connaissait trop bien son compagnon pour douter de la pertinence de son ordre. Il sortit de l’une de ses poches de sa tunique une fumigène, qu’il @@ -8516,10 +8511,11 @@ eux aussi. homme d’une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était celle d’une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à -luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. Farl concentra -sa prise sur son dard de lancer.
— Attention ! hurla Sam.

Uhr @@ -8550,17 +8546,17 @@ armure. Farl.

Il rejoignit rapidement Sam, qui avait dévalé le massif montagneux. Semblant sortir du décor, comme à son habitude, le jeune ménestrel assassin se mit à courir à ses côtés. + +

Sam

Sam ne comprenait pas vraiment tout ce qui s’était passé, sauf une - - chose bien claire, c’était qu’il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux et de monter en selle. Farl et Uhr la suivaient de près, soutenant Zach, qui -semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il était +semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il est vivant, pensa-t-elle avec un frisson.
— Tu penses pouvoir monter à cheval ? lui demanda Farl.
— Tu vas pouvoir monter à cheval ? lui demanda Farl.
— Je pense que ça ira... répondit-il faiblement.

Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en selle.
 ?

Devant lui, Zach s’était courbé sur sa monture, qui ralentissait. Sam le vit, et lui fit un signe. Elle accéléra, et arrivée à la hauteur du + + blessé, lui murmura quelque chose et attrapa ses rênes. Guidant son cheval d’une main et celui de Zach de l’autre, elle leur fit aisément rattraper leur retard. C’est vrai que Sam avait appris l’équitation avec - - Uhr, qui était un des meilleurs cavaliers qu’il connaissait... et c’était heureux.

Après une course effrénée qui lui sembla durer un siècle, Uhr leur fit @@ -8622,16 +8618,16 @@ class="newline" />— On va monter la garde je suppose— C’est ça. Essayez quand même de dormir un peu, ça ne serait pas inutile. Comment va Zach ?

Farl, de son côté, avait aidé le guide à s’asseoir et avait commencé à + + dégager son dos. La brûlure formait un trait courbe partant de son flanc gauche vers le milieu du dos, dessinant un arc qui s’enroulait. Il parvint à dénouer son armure de cuir, sérieusement noircie, mais il dut déchirer sa - - tunique pour dégager la plaie.
— Pas terrible, répondit-il. Tu peux faire quelque chose ?

Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu’ils avaient, mais Uhr, qui avait appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien -pour une telle brûlure. Il se contenta d’appiquer un baume et un bandage +pour une telle brûlure. Il se contenta d’appliquer un baume et un bandage pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en faisant le point.
— Si tout se passe bien, nous devrions sortir de la forêt demain en début de @@ -8645,7 +8641,7 @@ class="newline" />— Tu veux vraiment montrer une br faudrait lui expliquer d’où elle vient...
— Et je doute qu’il puisse faire des miracles de toutes façons, coupa Uhr. Ce qu’il lui faut, si on ne veut pas que cette blessure mette des semaines, -voire plus, à guérir, c’est un mage soigneur.
— Il n’y a qu’à la capitale qu’on peut trouver ça, et le trajet est beaucoup trop long, non ? ajouta Farl.
— Cela ferait d’une pierre deux coups : il faut absolument qu’on @@ -8694,11 +8690,11 @@ sommeil.
— Ça va ? lui demanda-t-il.
— J’ai connu mieux, murmura-t-il.
— Je suis vraiment désolé... J’aurais dû réagir plus vite, et t’éviter ce coup -en lançant mon dard plus tôt...
— Peut-être... ou peut-être qu’elle t’aurait vu et t’aurait visé à ma -place ? +en lançant mon arme plus tôt...
— Peut-être... ou peut-être qu’elle t’aurait vu et t’aurait visé à ma +place ?

Ils se turent quelques instants.
— Tu peux être persuadé d’une chose, Zach, nous ne sommes pas du genre à abandonner nos compagnons. Nous allons faire tout ce que nous pouvons @@ -8729,6 +8725,8 @@ d class="newline" />— De départ pour où ?
Le garde se mit à rire.
— Comment, vous ne savez pas ? Dame Sélène et lui partent demain, à + + l’aube, pour le duché De Vane. Il fait partie de son escorte...
— Je vous en prie, je dois absolument lui parler ! Dites-lui mon nom, et il me fera entrer...

— Attendez !
Il se retourna en entendant la voix du garde.
— Si vous tenez vraiment à contacter votre ami, et s’il est vraiment votre -ami...
— Si vous tenez vraiment à contacter le sieur Irdann, et s’il est vraiment +votre ami...
— Oui ?
— Je peux peut-être lui faire parvenir un mot de votre part.
— Vraiment ? demanda Uhr, avec une lueur d’espoir dans les yeux.
— Ha, qu’allez-vous imaginer ! Je vous ai dit que j’étais loyal à mon maître. Absolument rien d’illégal, d’immoral ou de dangereux ! Êtes-vous libre ce soir ? -

Irdann +

Irdann

Cher Irdann,

 ? Quelles Le bruit de quelqu’un frappant à la porte l’interrompit dans ses pensées.
— Irdann ? demanda la voix de Sélène.
Il courut lui ouvrir. La jeune femme, vêtue d’une ample robe violet et -crème, entra dans la chambre.
Il courut lui ouvrir. La jeune femme entra dans la pièce, vêtue d’une longue +robe violette. Ses manches amples s’arrêtaient aux coudes, par dessus +d’autres manches crème aux bordures dorées. Le bas était fendu sur les +côtés, s’ouvrant sur un long jupon de couleur crème, et une ceinture +ouvragée soulignait sa taille.
— Tu voulais me voir ?
Pour toute réponse, il lui tendit le morceau de papier, tout en fermant soigneusement la porte derrière lui.

Sélène lut la lettre une première fois en fronçant les sourcils.
— Je ne comprends pas pourquoi tu me montres tout ça... Je ne connais pas + + ce Uhr et...
Elle s’interrompit et relut un passage.
— Attends, qu’est-ce qu’il veut dire par « un jeune guide de la région que tu @@ -8855,6 +8858,8 @@ class="newline" />— Tu veux y aller alors& class="newline" />— Évidemment. Je ne sais pas encore comment, par contre.
— Et tu feras quoi une fois auprès de lui ?
— Je verrai, je suppose. Pourquoi, demanda-t-il, tu vois autre chose ? + +

Sélène fit quelque pas et le fixa droit dans les yeux.
— Je peux y aller à ta place.
— Quoi ?
Elle se leva.
— Allons Irdann, comme moi, tu as grandi dans ce genre de place forte n’est-ce pas ? Conçue à la base pour résister à une armée d’assaillants...
— Oui, c’est bien la raison pour laquelle il est à la fois difficile d’y entrer et + + d’en sortir.
— Mais ne me dis pas que, au château du duc De Vane, il n’y a pas, quelque part, un souterrain qui, en temps de guerre, permettait de se sauver si tout espoir était perdu...
— Si, admit-il. De mémoire, mon père l’avait fait murer parce qu’il était -devenu inutile en cette période de paix, et il menaçait de s’effondrer.
— Si, admit-il. De mémoire, mon père l’avait fait murer parce qu’il +était devenu inutile en cette période de paix, et qu’il menaçait de +s’effondrer.
En fait, maintenant qu’il y réfléchissait, il était bien possible qu’il ne s’agisse que de la version officielle... Sélène reprit, interrompant ses réflexions.
— Ici, une partie de ce passage a aménagée en ville pour que les serviteurs puissent faire facilement des allers et retours au gré des besoins.
— Et cette sortie est gardée ?
— Un seul garde, qui peut pas connaître tout le personnel, et qui ne saura -pas que c’est moi évidemment.
— Un seul garde, qui ne peut pas connaître tout le personnel, et qui ne +saura pas que c’est moi évidemment.
— Tu en es sûre ?
Elle haussa les épaules.
— J’ai été absente durant plusieurs années, donc mon visage a été un peu +class="newline" />— J’ai été absente durant plusieurs années, et mon visage a été un peu oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute qu’on me pose beaucoup de questions.
— Laisse-moi t’accompagner, au moins. Je peux aussi m’habiller de manière @@ -8916,21 +8924,21 @@ class="newline" />— Ce serait l’id class="newline" />— Il reste à voir comment nous allons masquer notre absence. Y a-t-il des serviteurs en qui tu as suffisamment confiance ?
Elle fit la moue.
— Pas trop, justement, puisque j’ai été absente trop longtemps... +class="newline" />— Pas trop, justement, puisque je suis restée éloignée trop longtemps...
Elle fit quelques pas dans la pièce en réfléchissant.
— En fait, le seul moyen que je voie, c’est que tu couvres mon absence. Et -que tu restes ici.
— En fait, le seul moyen que je voie, c’est que tu couvres mon absence, et +donc que tu restes ici.
— Pardon ?
— Je n’ai qu’à faire croire que je suis avec toi, ici. Ta chambre n’est pas très loin des cuisines, d’où je pourrai facilement rejoindre la sortie sans être + + remarquée.
Irdann rougit soudainement.
— Mais tout le monde va croire que nous...
Elle pouffa de rire.
— Tout le monde en est déjà persuadé, ça ne changera pas grand chose. - - En plus, c’est l’excuse parfaite pour refuser qu’on ouvre la porte, non ?
— Certes...

En sortant, elle croisa la servante en question, et lorsqu’elle lui expliqua où elle allait, la jeune femme lui adressa un regard à la fois complice et + + envieux. C’est vrai que le jeune et élégant paladin avait déclenché de nombreux sourires admiratifs parmi le personnel féminin, et elle connaissait plus d’un homme qui en aurait abondamment profité. Irdann ne semblait pas les voir, ou peut-être était-il suffisamment malin pour tirer parti de la situation en toute discrétion, qui sait ? - - -

Zach, lui, aurait été du genre à en profiter, c’est sûr. D’ailleurs, -depuis le temps qu’il était guide, combien de voyageuses avaient -fini dans ses bras ? Et dire que vis-à-vis d’elle il n’osait pas assumer -grand-chose... Quel idiot, vraiment. Il était bien courageux quand il -fallait affronter des bandits ou des monstres, mais face à elle, quel -froussard... +

Zach, lui, aurait été du genre à en profiter, c’est sûr. D’ailleurs, depuis le +temps qu’il était guide, combien de voyageuses avaient fini dans ses bras ? Et +dire que vis-à-vis d’elle il n’osait pas assumer grand-chose... Quel idiot, +vraiment. Il était bien courageux quand il fallait affronter des bandits ou +des monstres, mais devant elle...

Elle secoua la tête. Comment pouvait-elle médire de lui comme cela, alors que d’après la lettre adressée à Irdann, il était gravement blessé ? Et blessé comment, à quel point, pourquoi ? Et s’il ne tenait pas le coup jusqu’à @@ -8999,13 +9006,13 @@ class="newline" />— J’imagine oui. Il n’est pas cens class="newline" />— Aucune idée de qui il peut s’agir. Tout dépend de la raison pour laquelle il est ici.
— Il est censé t’attendre, ou attendre de tes nouvelles. Si je dis que je viens + + de ta part il devrait me faire confiance non ?
— Probable. Je ne sais pas jusqu’à quel point, mais je suppose qu’il te laissera au moins t’occuper de Zach...
— Mais j’espère bien ! Sinon pourquoi en aurait-il parlé dans sa lettre ?
— Je pensais plutôt au fait qu’il ne sait pas qui tu es et ce dont tu es - - capable...
— C’est vrai. Peut-être que Zach pourra parler en ma faveur ? Enfin, s’il est conscient...
— Promets-moi de ne prendre aucun risque, lui murmura-t- quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais...

Uhr + +

Le soir était tombé, et Uhr s’était mis en route à travers la campagne. Sa monture avançait calmement sur le soleil qui se couchait. Il avait choisi de partir en avance, afin de pouvoir prendre son temps. Après leur course -éperdue dans la forêt, les pauvres bêtes avaient besoin d’être ménagées. Et +effrénée dans la forêt, les pauvres bêtes avaient besoin d’être ménagées. Et puis, la « mission » qu’on lui avait confiée n’était pas à la minute - - près...

Luros, c’était le nom du garde, avait donné rendez-vous à sa fiancée au bal de son village, qui avait lieu ce soir. Malheureusement, un de ses @@ -9077,8 +9084,8 @@ class="newline" />— Qu’est-ce qu’il a, il ne peut pas venir lu class="newline" />Vu l’expression de la damoiselle, il allait devoir sortir l’outil diplomatie.
— Hélas, il a dû remplacer en urgence un de ses compagnons, qui s’est blessé au service de son seigneur, expliqua-t-il en s’inclinant.
Certes, en vérité, lui avait dit le jeune garde, le compagnon en question -s’était blessé à l’épaule en chutant de cheval à cause d’une étrivière trop +class="newline" />En vérité, lui avait dit le jeune garde, le compagnon en question s’était +blessé à l’épaule en chutant de cheval à cause d’une étrivière trop vieille qui avait lâché. Mais c’était beaucoup moins intéressant à raconter.
— Quoi, s’énerva Lysielle, vous voulez dire qu’il est de service ce soir et @@ -9087,14 +9094,14 @@ class="newline" />— Malheureusement, non. Il m’a demand lettre, ajouta Uhr en lui tendant la missive.

La jeune paysanne prit la lettre en fronçant les sourcils, et la parcourut des yeux. Un petit sourire et un léger rougissement apparurent sur son -visage à la fin de la lecture.
— J’espère, avança-t-il prudemment, que vous lui pardonnerez.
— Oh, lui, il passera un sale quart d’heure quand je le verrai !
— Votre fiancé ne fait que son devoir. Il ne va pas laisser son seigneur sans protection, tempéra Uhr.
— Justement, le seigneur a plein d’argent ! Pourquoi n’engage-t-il pas quelques gardes en plus ? tempêta-t-elle.
— Je ne doute pas que s’ils vous engageaient vous, le sieur Assem et sa +class="newline" />— Je ne doute pas que s’il vous engageait comme garde, le sieur Assem et sa famille seraient plus qu’en sécurité.
Lysielle marqua un moment de surprise, puis voyant l’air amusé de son interlocuteur, éclata de rire. Elle glissa alors la lettre dans son corsage, et @@ -9104,21 +9111,374 @@ cavalier. Vous venez ?
Et sans lui laisser le temps de répondre, elle l’entraîna vers la piste de danse.

— Vous savez, avoua-t-il humblement après une première danse, je ne -connais les danses de la région.
— Ah ? Pour quelqu’un qui apprend sur le tas, vous vous en sortez pas mal, -répondit-elle en souriant. Mieux que cet idiot de [ToDo!], qui pourtant est +répondit-elle en souriant. Mieux que cet idiot de Firor, qui pourtant est + + censé les connaître.
— Qui est ce garçon ?
Elle leva les yeux au ciel.
— Le fils du charpentier, mon voisin. Il me tourne autour depuis six mois, même s’il sait que je suis fiancée à Luros. J’ai beau l’envoyer balader à - - -chaque fois, il insiste... +chaque fois, il insiste... C’est lui, là-bas.
Il aperçut le jeune homme, fin et élégant, aux cheveux noirs, qui discutait +avec le vendeur de boissons.
— Je vois. Cela vous arrange donc bien que je danse avec vous, n’est-ce +pas ?
Elle répondit par un sourire.
— J’avoue, je prends toutes les excuses pour l’éviter. Et comme je doute +qu’il cherche à faire concurrence à votre carrure... dit-elle sur un ton amusé. +Mais je ne vais pas vous retenir...
— Je peux rester à danser un peu, finalement, l’ambiance est sympathique, +répondit-il en souriant.
Après tout la compagnie de Lysielle était agréable, la bière plutôt bonne, et +il était peu probable qu’il rentre à temps s’il se passait quelque chose, alors +autant en profiter. +

Ils s’arrêtèrent après la danse suivante, pour terminer leur verre.
— Cette danse-là était plus difficile, j’ai eu un peu de mal à suivre !
— J’avoue. D’où venez-vous, pour ne pas connaître la région et ses +traditions ?
— De la capitale, avoua-t-il.
Après tout, que risquait-il à lui dire ?
— Ha ! Je l’aurais juré, répondit Lysielle en riant. J’étais presque sûre +d’avoir reconnu votre accent. Vous y faites quoi ?
— Je suis soldat de la garde.
— Comme Luros ? Ça ne m’étonne pas vue votre stature.
— Hé oui. Et je connais bien les problèmes liés à son travail...
— Et vous n’avez pas une fiancée que ça énerve parfois ?
— Euh... Nous faisons avec, répondit Uhr évasivement.
La paysanne termina son verre d’un trait.
— J’espère d’ailleurs qu’elle ne m’en veut pas trop de vous retenir. Vous +devriez peut-être rentrer...
— C’est vrai. Mais je vous remercie pour cette soirée, je me suis bien +amusé.
— C’est moi qui vous remercie. Dites quand même à cet andouille de +Luros... que je l’attends à notre point de rendez-vous habituel demain soir +pour qu’il s’excuse en personne. Et cette fois, il n’a pas intérêt à se +défiler !
— Je n’y manquerai pas, dit-il en s’inclinant. +

Il se dirigea vers sa monture, qui somnolait tranquillement en attendant +son retour. La jeune paysanne l’avait suivi tout en discutant.
— Vous avez l’air de regarder autour de vous, chercheriez-vous quelque +chose ou quelqu’un ? lui demanda Uhr.
— Non... Enfin oui... Je me demandais où était passé Firor.
Il eut un petit sourire tout en détachant son cheval.
— Oh, je crois que je l’ai vu rentrer chez lui, avec un certain mal de +crâne.
— Sérieusement ?
— Oui, je me demande bien ce qui a pu lui arriver sur la piste de +danse...
Elle éclata de rire.
— Haha... Bien vu. Vous êtes vraiment un homme plein de ressources... +

Il monta en selle et se mit en route en lui lançant un geste du bras et un +clin d’œil. +

Sélène +

Elle fit quelques pas dans la ruelle quasi déserte. Personne n’avait prêté +attention à elle dans les cuisines et les couloirs du château. Une tenue de +servante, c’était une tenue de femme invisible, c’était la tenue faite par +essence pour se faire oublier, ou plutôt la tenue que tout le monde avait +appris à oublier. +

Elle prit quelques grandes inspirations dans la fraîcheur du début de la +nuit. Maintenant, plus grand chose ne la séparait de Zach... Elle regarda +quelques instants autour d’elle afin de se repérer, et s’engagea dans une +direction. Elle avait un peu étudié le plan avec Irdann, mais de nuit, c’était +plus compliqué. + + +

Soudain, un choc mou la projeta à terre.
— Oh, je suis vraiment confus, je ne vous avais pas vue...
Assise par terre, sur les pavés déjà humides par la rosée nocturne, elle +reprit ses esprit. Devant elle, un homme se releva et lui tendit la +main.
— Vraiment, je vous prie de m’excuser... J’espère que vous n’êtes pas +blessée !
— Ça va, merci, dit-elle en acceptant la main tendue.
Elle se releva, et rajusta son châle sur la tête, et vérifia que rien dans sa +sacoche n’était abîmé par le choc. Heureusement, elle avait connu pire... +L’homme était toujours là. Elle le distinguait mal dans l’obscurité, mais il +avait l’air vraiment gêné et désolé.
— Puisque vous êtes là, vous pourriez peut-être m’aider ? Je cherche la rue +des Sabots Fendus.
— Oui, je sais où elle est. Il faut prendre cette rue, puis aller à gauche... +commença-t-il en montrant les directions. Mais attendez, s’interrompit-il. Je +me rends moi-même sur la rue du Petit Homme, qui est juste à côté, je +peux donc vous montrer directement. Acceptez-vous ?
Il avait vraiment l’air anxieux de se faire pardonner, et puis, si ça pouvait +lui éviter de chercher son chemin...
— D’accord.
Elle se mit à marcher à ses côtés, non sans une certaine méfiance. +

En marchant dans les ruelles, la lumière venant de diverses maisons et +enseignes éclairait son étrange compagnon. Il était plutôt jeune, vêtu d’une +tunique gris foncé, à manches longues, et d’un pantalon noir par dessus des +bottes de cuir. Il lui adressait de temps en temps un léger sourire, qui ne la +mettait pas très à l’aise. Elle se contentait de vérifier autour d’elle, le +chemin semblait le bon, mais pouvait-elle en être sûre ? Pouvait-il être en +train de l’égarer dans les rues de la ville ? Était-elle stupide de se méfier +autant ? +

— Pardonnez-moi encore une fois, mais que faites-vous seule à cette heure +dans les rues de la ville ?
— Je rends visite à un oncle de passage, improvisa-t-elle.
— Il loge à l’auberge du Taureau à une corne ?
Elle sursauta presque.
— Euh oui, pourquoi ?
Il sourit.
— C’est la seule de cette rue, alors j’avais de bonnes chances de deviner... +
— Certes.
— Vous n’êtes pas d’ici ?
— Je ne connais pas bien cette partie de la ville, répondit-elle +précipitamment.
Ses questions commençaient à la mettre mal à l’aise, pourvu qu’ils arrivent +vite à destination et qu’elle soit tranquille...
— Ne craignez-vous pas de faire de mauvaises rencontres en vous déplaçant +seule à cette heure ?
Elle fronça les sourcils et se retourna vers lui. Il y avait un sourire +inquiétant sur ses lèvres, et elle regretta soudain de l’avoir accompagné. — +Mais ne vous inquiétez pas, reprit-il en se rapprochant d’elle et en baissant +légèrement le ton, vous ne craignez rien en ma compagnie, dame +Sélène. +

Elle se figea de stupeur, comme si on lui avait asséné un coup de poing +dans le ventre.
— De quoi parlez-vous ? répondit-elle d’une voix faible.
Il sourit.
— Quoi, cela ne vous rassure pas ?
Son hésitation l’avait de toutes façons déjà trahie. Autant l’affronter +franchement... elle se planta face à lui.
— À quoi jouez vous ?
— Disons que je voulais être sûr, répondit-il avec un clin d’œil. Mais +rassurez-vous, votre identité restera entre nous.
Il fit quelques pas, l’incitant à le suivre, mais elle ne bougea pas. Constatant +qu’elle restait sur place, il s’arrêta à son tour. +

Sélène tremblait, à la fois de rage et de peur, et quelques gouttes de +sueur froide perlaient sur son front.
— Qui êtes-vous ? Comment savez-vous qui je suis ?
— Je suis un ami d’Irdann.
— Hmm... Et d’Uhr ?
— Tout à fait. J’en déduis donc que vous avez lu son message.
Elle hocha la tête. Ainsi, c’était l’un des fameux « compagnons » décrits +dans le mot.
— Cela ne répond pas à ma seconde question, reprit-elle après un court +silence.
— À vrai dire, j’attendais de voir arriver Irdann. J’ai été un peu +surpris de ne pas le voir, et lorsque je t’ai vue passer, je me suis +demandé...
— Je suis si reconnaissable ?
— Pas tant que ça, pour quelqu’un qui n’y prête pas attention. Mais on +voit peu de femmes seules dans les rues, tu avais une allure un peu +inhabituelle, et tu semblais chercher ton chemin... Je ne m’y suis pas +trompé.
Elle fit une moue. Elle se remettait tout juste de sa surprise, mais n’était +toujours pas très rassuré par son interlocuteur.
— Pourquoi avoir joué tout ce jeu ?
— Je n’étais pas tout à fait sûr... Pardon pour cette frayeur.
Elle fronça les sourcils.
— Mon nom est Farl. Par ailleurs, ce que j’ai dit est sincère, et je ne pense +pas que ce soit une bonne idée de s’éterniser ici. Prenons un air naturel et +reprenons notre marche.
Il lui tendit son bras, et après une hésitation, elle le prit et ils se remirent en +route. Elle n’était pas très à l’aise, mais la proximité leur permettait au +moins de parler très bas.
— Comment se fait-il que « tu » me connaisses si bien ?
— Zach m’a parlé de toi. +

Farl +

À l’évocation de ce nom, l’attitude de Sélène changea brusquement. Il +aurait peut-être pu prononcer ce mot magique plus tôt...
— Comment va-t-il ? Que lui est-il arrivé ?
— Euh, par où je commence, c’est un peu compliqué... il a une vilaine +brûlure causée par un mage.
Il sentit sa surprise et sa peur dans le contact de son bras. Elle regardait +droit devant elle, hésitant à répondre.
— Sais-tu que tu vis dans un pays où rien que cette phrase peut te valoir un + + +autre type de brûlure ? murmura-t-elle après un silence.
— Je suis au très bien au courant. C’est pourquoi nous n’avons pas crié sur +les toits les détails de sa blessure.
— Comment va-t-il ?
Il soupira.
— Nous sommes rentrés hier matin, et cela fait deux jours qu’il s’est pris +ce... coup. Même s’il ne se plaint pas beaucoup, il souffre et n’arrive +à dormir qu’avec des drogues... Depuis ce matin, il a de la fièvre. +Par moment, il est conscient, par moment je crois qu’il délire un +peu...
Il sentit une réaction dans le bras qu’il tenait. Il continua.
— ... Je crois qu’en cet endroit, tu es la seule qui puisse l’aider.
Elle se raidit soudaidement.
— Qu’est-ce que tu sais sur moi, au juste ? demanda-t-elle en fronçant les +sourcils.
— Hm... Trop de choses ?
Il ne savait pas précisément comment lui dire, mais en la sentant se mettre +à trembler de rage, il en conclut qu’elle avait compris.
— Comment le savez-vous ? C’est Zach qui m’a trahie ? Qu’il aille +crever !
— Non, non. Calme-toi. Nous le savions avant de venir.
— Quoi ? Et... c’est censé me rassurer ?
— Je n’ai pas vraiment le temps de tout t’expliquer...
C’était vraiment le moment de surveiller sa réaction. Et de choisir ses mots. +Il allait devoir lui révéler des choses, mais pas tout...
— Uhr est –en secret bien sûr– sur une affaire un peu louche, qui implique +des mages de la capitale et la présence de créatures dangereuses dans la +forêt de Sossirant...
Elle ouvrit des yeux ronds.
— Mais... nous avons effectivement rencontré des créatures cauchemardesques +durant notre traversée...
— Précisément. Autant te dire que le concours de Zach nous a été +précieux... Même si ce concours a été difficile à obtenir. Ce gars-là ne lâche +pas facilement le morceau, tu peux me croire.
Elle hocha la tête, et fit une petite moue.
— Quelle est cette histoire de mages, alors ?
— Tu connais un mage du nom Mortag ?
Elle haussa les épaules.
— De réputation. Des professeurs de l’université m’ont déjà parlé de lui. +Sur quoi travaille-t-il déjà ? Les plantes, ou quelque chose comme +ça ?
— Il étudiait les animaux magiques.
— Pourquoi étudiait ? Il a changé de discipline ?
— Il est mort. Dans un accident tragique.
— Quoi ? Mais... j’en aurais entendu parler... ça fait longtemps ?
Sa réaction semblait sincère. Ou alors elle était très bonne comédienne. +Mais si les visages savent mentir, les corps ont souvent plus de mal...
— C’était le lendemain de ton départ. Et d’après celui qui nous envoie, ce +n’est pas un accident.
Elle fronça les sourcils et sembla plongée dans la réflexion quelques instants. +Puis elle s’arrêta net, l’obligeant à stopper à son tour.
— Vous n’imaginez quand même pas que je pourrais avoir quelque chose à +voir là-dedans ?
— À mon avis, que tu le veuilles ou non, tu es liée d’une façon ou +d’une autre à cette histoire. Rappelle-toi ce qui t’est arrivé dans +la forêt. Crois-tu que ce soit sans autre conséquence qu’un affreux +souvenir ? Soit tu es complice, soit tu risques tôt ou tard de devenir une +cible.
Elle frissonna. Puis se remit en route, et tourna son visage vers lui.
— Donc tu m’accompagnes pour me surveiller de près...
— Ou assurer ta sécurité, coupa-t-il.
Elle le regarda de haut en bas, comme si elle estimait sa capacité à la +protéger.
— Quel genre de danger peut me menacer ? Des araknes ?
— Ou le genre de sort qui a mis Zach dans l’état où il est actuellement... Et +crois-moi, ce n’est pas beau à voir.
Ils marchèrent en silence pendant quelque temps, puis elle reprit.
— Si ça te va, on s’occupe de lui et on réfléchit après ?
— Ça me va, répondit-il. +

Ils arrivaient en vue de l’auberge. Finalement, la discussion qu’il avait + + +eue avec Sélène était finalement instructive. Sa réaction semblait sincère, il +est possible qu’elle n’ait pas été au courant de l’assassinat de Mortag. Et... +elle semblait réellement tenir à Zach, ce qui était plutôt bon signe pour la +santé de ce dernier. Il n’était pas tout à fait sûr de ce qu’il y avait +entre les deux, mais après tout, tant que ça lui permettait d’être sur +pied... +

Sélène +

Ils arrivèrent enfin à l’auberge du Taureau à une corne. En voyant +l’enseigne se découper dans la faible lumière de la rue, elle ne put +s’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Il ne s’était +pas amusée à la perdre dans la ville. Étrange personnage que ce +Farl... Elle ne savait pas trop quoi penser de lui, et de cette histoire +avec Mortag qu’il lui avait racontée. Était-elle vraie ou totalement +inventée ? Et pourquoi dans ce cas ? La faire réagir ? C’était bizarre quand +même. +

Elle fut presque soulagée de pénétrer dans l’animation et le bruit de la +taverne. Malgré l’heure tardive, de nombreuses personnes étaient présentes, +terminant leur repas ou buvant un verre joyeusement. Farl ne perdit pas de +temps, et lui fit traverser la salle rapidement.
— Le fameux Uhr n’est pas là ce soir, il avait une course urgente. Je +t’amène directement auprès de Zach, il est dans une des chambres +là-haut... +

L’escalier, en bois grinçant et raide, menait sur un couloir étroit au +premier étage, sur lequel on pouvait voir cinq ou six portes en bois +massif. Farl, la précédent, se dirigea vers la troisième et ouvrit la +porte. +

La chambre était une petite pièce rectangulaire, munie d’une armoire +miteuse, d’une petite vasque et d’un miroir dont le tain était rouillé, le tout +posé sur une commode, et de deux petits lits parallèles au couloir, la tête +au niveau du mur de droite. En face, une minuscule fenêtre qui ne +devait pas donner beaucoup de lumière même en plein jour. Sur l’une +des tables de chevet était posée une lampe, qui éclairait assez la +pièce pour qu’elle puisse voir une silhouette familière étendue sur le + + +lit. +

— Zach !
La silhouette se redressa péniblement sur son coude, et tenta de tourner la +tête vers elle avec difficultés. Elle aperçut l’horrible blessure laissée à l’air +libre, et se précipita vers lui.
— Qu’est-ce que... Sélène ? murmura-t-il faiblement.
Elle toucha son visage, qui était brûlant. Elle s’assit sur le lit, et +se tourna vers Farl, qui entretemps avait fermé la porte derrière +lui.
— Explique-moi.
— Un sort qui ressemble à un fouet brûlant, très long. D’ailleurs, +Uhr a paré un de ses coups avec sa lame, et regarde ce que ça a +donné.
Il dégaina l’épée du soldat, posée contre l’armoire, à côté de celle +de Zach. À mi-hauteur, la lame portait des encoches profondes et +arrondies, comme si le métal avait purement et simplement fondu. +
— Je ne savais pas qu’on pouvait faire une chose pareille, murmura-t-elle.
— De faire des marques pareilles sur une épée ?
Elle secoua la tête.
— Non. Enfin si, mais surtout d’être capable de manier une épée aussi +grande et lourde.
— Ne sous-estime pas Uhr, répondit-il en souriant.
— Quand au sort, pour répondre à ton autre question, je n’en connais pas +un qui soit tel que tu le décris, mais je ne suis pas spécialiste... Dans +tous les cas, il en existe qui auraient fait se vaporiser la lame en +une seconde, alors il a quand même eu de la chance... Il avait son +armure ?
— Oui, et regarde dans quel état elle se trouve.
Farl sortit alors ce qui restait de l’armure de Zach. Le cuir avait totalement +brûlé en forme de courbe, exactement la même qu’il y avait sur son dos. Elle +frissonna, puis posa sa main sur celle du blessé, qui s’était rallongé mais qui +avait néanmoins réussi à tourner la tête vers elle, et ne la quittait pas des +yeux. Elle le regarda pendant quelques secondes, puis se leva et accompagna +Farl jusqu’à la porte. + + +

— Pour l’aider, je vais devoir utiliser... les grands moyens, lui +murmura-t-elle.
— Tu peux le soigner ?
Il y avait de l’anxiété, de l’inquiétude dans son regard. Il semblait plus +naturel, plus sincère que durant tout le trajet jusqu’ici. Peut-être qu’il +tenait à Zach, après tout... Elle hocha la tête.
— Oui. Est-ce que tu peux... me laisser seule avec lui pendant un petit +moment ?
Elle ne put s’empêcher de rougir légèrement, et se demanda s’il l’avait +remarqué. Farl hésita, puis regarda alternativement Zach, elle, la porte et le +couloir, puis la fenêtre exigue.
— D’accord. Mais promets-moi de prendre soin de lui...
— Je te le promets, lui répondit-elle avec un sourire. +

Il recula, et sortit de la pièce. Juste avant qu’elle ne ferme la porte et le +verrou, il sembla se raviser et, bloquand la porte de son pied, il se pencha +vers elle.
— Je ne suis pas parfaitement sûr de tes intentions, Sélène. Alors je préfère +te prévenir d’une chose. S’il lui arrivait quoi que ce soit de mal... +
Elle entendit distinctement un léger bruit métallique venant de sa main. Sa +main, qui était vide il y a quelques instants, tenait désormais une lame, +aussi noire qu’acérée, pointée dans sa direction. Mais cette même main +tremblait. Passé la seconde de peur, elle trouva ce geste presque touchant. Il +tenait donc réellement à son ami... Elle posa doucement la main sur le +poing, évitant soigneusement le fil de la dague, écartant lentement la lame +tranchante de sa direction.
— Fais-moi au moins confiance là-dessus, Farl. Je lui veux tout sauf du +mal. +

Il recula, en tremblant toujours légèrement, et la laissa fermer et +verrouiller la porte.

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