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arc 9
authorDenise sur Lya <sekhmet@lya>
Mon, 29 Feb 2016 21:55:14 +0000 (22:55 +0100)
committerDenise sur Lya <sekhmet@lya>
Mon, 29 Feb 2016 21:55:14 +0000 (22:55 +0100)
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aventuriers.html [deleted file]
aventuriers.mobi
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@@ -56,25 +56,41 @@ Soudain, \chloe se raidit et tira brusquement sur les rênes. La jument hennit s
 
 Il regarda autour de lui. Les gardes étaient quelques dizaines de mètres derrière eux, et les rejoignaient sans se presser. La route sur laquelle ils avançaient était moyennement large, taillée quasiment à flanc de montagne. Sur la gauche, une pente raide qui aurait presque mérité le nom de précipice si elle n'était pas couverte d'arbres et de fougères, et sur la droite, un pan de falaise qui débouchait quelques mètres plus haut sur une forêt touffue. Tout était calme mais... Tendre une embuscade en cet endroit était un jeu d'enfant pour quelqu'un d'un peu malin. Et pour des mages ?
 
-\noindent --- Il y a un sort de lancé, autour de nous. J'ai du mal à préciser comment... Mais ce n'est vraiment pas bon signe. Je dirais que la source est par là, dit-elle en désignant le fossé à gauche de la route, légèrement devant, dit-elle d'une voix faible.\\
+\noindent --- Il y a un sort de lancé, autour de nous. J'ai du mal à préciser comment... Mais ce n'est vraiment pas bon signe. Je dirais que la source est par là, dit-elle d'une voix faible, en désignant le fossé à gauche de la route, légèrement devant.\\
 --- Tu veux apprendre le galop ? murmura-t-il.\\
 Elle hocha la tête, les yeux à demi-fermés, la panique écrite sur son visage. Il dégaina une des épées qui étaient à sa ceinture.\\
 --- Version courte : accroche toi à la crinière comme tu peux.\\
 Il lança une claque sur la croupe de \carafe, qui se cabra légèrement et partir à toute vitesse. Sans la regarder, il courut, l'épée en avant, dans la direction qu'elle lui avait indiquée.
 
-Lorsqu'il s'appprocha du bord du chemin, il entendit distinctement un cri, suivi d'une multitude de sifflements suivis de bruits sourds. Des sifflements caractéristiques de flèches... Il tourna la tête vers le carosse, et son sang se glaça. Les soldats gisaient au sol, ou sur le toit du carosse, la poitrine transpercée. D'autres projectiles --des carreaux d'arbalète-- volaient et achevaient avec une efficacité effrayante toute l'escorte de \chloe --y compris la pauvre servante. Mais ces carreaux semblaient apparaître spontanément dans l'air...
+Lorsqu'il s'appprocha du bord du chemin, il entendit soudainement un cri bref, puis une multitude de sifflements suivis de bruits sourds. Des sifflements caractéristiques de flèches... Il tourna la tête vers le carosse, et son sang se glaça. Les soldats gisaient au sol, ou sur le toit du carosse, la poitrine transpercée. D'autres projectiles --des carreaux d'arbalète-- volaient et achevaient avec une efficacité effrayante toute l'escorte de \chloe  --y compris sa pauvre servante. Et ces carreaux semblaient apparaître spontanément dans l'air...
 
-\noindent --- Pas un mot, pas un geste, sieur \ismael, et déposez lâchez immédiatement votre arme. Devant lui, sur le bord du fossé, à l'endroit où il y a une seconde il n'y avait que du vide, se trouvaient trois arbalétriers, leur arme pointée sur lui. Il n'était pas assez stupide pour se croire protégé des carreaux avec sa cotte de maille, et il laissa tomber son épée à ses pieds, encore abasourdi par l'apparition.
+\noindent --- Pas un mot, pas un geste, messire \ismael, et déposez lâchez immédiatement votre arme.\\
+ Devant lui, sur le bord du fossé, à l'endroit où il y a une seconde il n'y avait que du vide, se trouvaient trois arbalétriers, leur arme pointée sur lui. Il n'était pas assez stupide pour se croire protégé des carreaux avec sa cotte de maille, et il laissa tomber son épée à ses pieds, encore abasourdi par l'apparition.
 
-Derrière les trois hommes se trouvait celui qui avait prononcé ces paroles. Jeune, de taille moyenne, brun aux yeux noirs, il n'était pas armé si ce n'était d'un grand bâton surmonté d'une pierre de couleur vert-marron. À cet instant, il vit apparaître d'autres hommes, armés d'arbalètes, certains à cheval, aux alentours du carosse, comme si un brouillard s'était subitement levé sur les environs. Comment avaient-ils pu ne pas les voir ?
+Derrière les trois hommes se trouvait celui qui avait prononcé ces paroles. Jeune, de taille moyenne, brun aux yeux noirs, il n'était pas armé si ce n'était d'un grand bâton surmonté d'une pierre de couleur vert-marron. Au même instant, il vit apparaître une dizaine d'autres hommes armés, dont certains à cheval, aux alentours du carosse, comme si un brouillard s'était subitement levé sur les environs. Comment avaient-ils pu ne pas les voir ? Était-ce l'effet d'un sort, justement ?
 
 \noindent --- Rattrappez la, vite ! ordonna l'homme en désignant deux cavaliers, et la direction qu'avait prise \chloe.\\
-Il fit un geste vers lui, et les trois arbalétriers l'obligèrent à avancer jusqu'au carosse. Là, il n'y avait pas que des soldats armés, mais également trois personnages, qui n'avaient pas l'air armés. L'un était une grande  femme d'âge moyen, aux cheveux roux et mi-longs, habillée d'une robe étroite fendue sur un pantalon, et d'une ceinture. À ses côtés, un homme plutôt petit et large d'épaules, habillé comme un serviteur. Tous deux tenaient à la main un bâton de mage, ou ce qui y ressemblait. Un autre homme, désarmé, visiblement plus jeune, se tenait derrière eux. Hormis les vêtements, il aurait pu se croire face à un miroir. Le visage, les cheveux, la silhouette, cet homme était son sosie parfait.
+Il fit un geste vers lui, et les trois arbalétriers l'obligèrent à avancer jusqu'au carosse. Là, parmi les \og~soldats~\fg, se trouvaient trois personnages, qui n'avaient pas l'air armés. L'un était une grande  femme d'âge moyen, aux cheveux roux et mi-longs, habillée d'une robe étroite fendue sur un pantalon. À ses côtés marchait un homme plutôt petit et large d'épaules aux cheveux châtains, habillé comme un serviteur. Tous deux tenaient à la main un bâton de mage, ou ce qui y ressemblait. Un autre homme, les mains vides et visiblement plus jeune, se tenait derrière eux. Il laissa échapper une exclamation de surprise lorsqu'il vit son visage.
 
+Sans la différence de vêtements, il aurait pu être face à un miroir. Le visage, les cheveux, la silhouette, cet homme était son sosie parfait. 
 Muet de stupeur, il ne remarqua même pas les deux autres cavaliers revenir à vive allure.
 
 \recit{\chloe}
 
-Poussée dans le dos, tirée par le bras, elle avait grand peine à se remettre de sa chute. Deux hommes l'avaient rattrappée dans sa course et l'un d'eux avait saisi violemment les rênes de sa monture, qui en stoppant net l'avait projetée au sol. Qui étaient-ils ? Que lui voulaient-ils ? Et \ismael que lui était-il arrivé ?
+Poussée dans le dos, tirée par le bras, elle avait grand peine à se remettre de sa chute. Deux hommes l'avaient rattrappée dans sa course et l'un d'eux avait saisi violemment les rênes de sa monture, qui en stoppant net l'avait projetée au sol. Qui étaient-ils ? Que lui voulaient-ils ? Et \ismael ? Que lui était-il arrivé ?
+
+Ils la traînèrent jusqu'aux abords de son carosse, où elle découvrit avec horreur les corps des membres de son escorte. Elle poussa un cri, craignant de découvrir celui de son ami parmi ceux qui gisaient au sol... Elle entendit, avec un léger soulagement sa voix, non loin d'elle. Levant les yeux, entourés d'autres hommes dépassait la tête d'\ismael. Ou avait-elle mal vu ? Elle avait eu l'impression de l'apercevoir deux fois... Elle cligna des yeux, et tordit son cou pour regarder dans sa direction, malgré les deux hommes qui la poussaient à avancer.
+
+Il y avait deux \ismael. L'un se débattait, et était maintenu fermement par trois hommes qui lui ôtaient de force son tabar et sa cotte de mailles, l'autre, libre, semblait attendre avec un air satisfait qu'on lui tende ces effets. Elle eut à peine le temps de comprendre ce qui se passait qu'elle fut plaquée le dos contre le flanc du carosse.\\
+--- La voilà. Qu'est-ce qu'on fait d'elle ? demanda un des hommes.\\
+Un homme, armé simplement d'un bâton de magie s'approcha d'elle et son visage marqua la stupeur lorsqu'il la vit.\\
+--- \chloe ?\\
+Il fit un geste à ses deux sbires, tout en s'approchant d'elle.\\
+--- Lâchez la, mais restez à côté.
+
+Profitant de cette \og~liberté~\fg toute relative, elle jeta des regards désespérés aux alentours, cherchant un moyen de s'enfuir. Mais outre le mage et les deux cavaliers autour d'elle, il y avait un certain nombre --une dizaine-- d'autres hommes, tous armés, affairés à dégager les corps de ses ex-compagnons, probablement prêts à l'atteindre d'un tir d'arbalète avant qu'elle n'ait le temps de faire quelques mètres.\\
+--- \chloe, pourquoi a-t-il fallu que tu te mêles de tout ça ? lui demanda le mage.\\
+Elle fronça les sourcils. Où avait-elle déjà vu cette tête ? Il y en avait tant à l'université de magie, elle avait probablement croisé celle-ci, mais où ?\\
+--- C'est dommage, reprit-il en soupirant. Je ne peux pas te laisser en travers de notre chemin...\\
+Un frisson la parcourut. Qu'allait-il faire d'elle et d'\ismael ? S'ils étaient tombés entre les mains de brigands \og~normaux~\fg, au moins, elle aurait su à peu près à quoi s'en tenir. Mais là... 
 
-Ils la traînèrent jusqu'au bord du carosse, où elle découvrit avec horreur les corps des membres de son escorte. Elle poussa un cri, craignant de découvrir celui de son ami parmi ceux qui gisaient au sol... Elle entendit, avec un léger soulagement sa voix, non loin d'elle.
diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html
deleted file mode 100644 (file)
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@@ -1,9981 +0,0 @@
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-<head><title>La compagnie d&#8217;aventuriers des Pieds Jaloux</title> 
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->
-   <div class="maketitle">
-                                                                
-                                                                
-                                                                
-                                                                
-
-<h2 class="titleHead">La compagnie d&#8217;aventuriers des Pieds Jaloux</h2>
-<div class="author" ></div><br />
-<div class="date" ></div>
-   </div>... Ou une histoire qui n&#8217;a ni queue, ni tête, mais parce que.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers0x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 88--><p class="nopar" >
-<!--l. 90--><p class="indent" >   Version html<br 
-class="newline" /><a 
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-class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/</span></a>
-<!--l. 92--><p class="indent" >   Version pdf<br 
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-class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.pdf</span></a>
-<!--l. 94--><p class="indent" >   Version livre électronique<br 
-class="newline" /><a 
-href="http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.mobi" class="url" ><span 
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-<!--l. 1--><p class="nopar" >
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 3--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" >   Tenant à la main un bougeoir, elle s&#8217;avança dans l&#8217;immense pièce,
-éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur
-de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues
-manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
-longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
-rubans.
-<!--l. 7--><p class="indent" >   Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, ni les rats qu&#8217;on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; et Sélène était ravie de s&#8217;en
-débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n&#8217;avaient pas été
-rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
-armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n&#8217;avait pas été considéré
-comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
-trésor.
-<!--l. 9--><p class="indent" >   Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
-Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Son père était
-assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
-deux parents avaient fait en sorte qu&#8217;elle soit éduquée comme une
-future noble, délicate, douce, attentionnée, soumise. Ils n&#8217;avaient pas
-retenu sa passion pour la lecture, se disant qu&#8217;au fond, en lisant, elle
-n&#8217;abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
-pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
-époux.
-<!--l. 11--><p class="indent" >   Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
-un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
-ne l&#8217;enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d&#8217;autre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? S&#8217;évader dans
-ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
-quatorze ans, et cela faisait presque un an qu&#8217;elle venait régulièrement lire
-ici.
-<!--l. 13--><p class="indent" >   Elle était arrivée devant l&#8217;une des vieilles armoires à moitié rongées par
-les termites. Le dernier livre qu&#8217;elle avait lu parlait de plantes médicinales &#8211;
-qu&#8217;elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
-d&#8217;images &#8211;, celui d&#8217;avant était un journal de bord d&#8217;un grand tacticien
-militaire, celui d&#8217;encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
-                                                                
-                                                                
-précédent était un récit historique d&#8217;une grande bataille entre les elfes... Il y
-avait de tout, dans le désordre.
-<!--l. 15--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l&#8217;étagère de
-l&#8217;armoire qui les maintenait s&#8217;effondra brusquement. Elle sursauta et la
-flamme de la bougie vacilla. Si l&#8217;armoire s&#8217;était écrasée sur elle... Mais à
-part un tas de livres par terre, rien de grave ne s&#8217;était passé. C&#8217;est
-alors qu&#8217;elle aperçut, sur le fond de l&#8217;armoire, là où se trouvaient les
-livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si
-l&#8217;armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
-main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
-chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 17--><p class="indent" >   Le c&#339;ur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
-quelques minutes d&#8217;effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
-grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
-que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s&#8217;assit à côté de la bougie pour
-l&#8217;ouvrir. L&#8217;écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
-parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C&#8217;était un livre
-de magie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 19--><p class="indent" >   La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers,
-pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur
-âme à des divinités maléfiques. Pour s&#8217;en protéger, on les chassait,
-les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa.
-Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? ... Le
-lire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 21--><p class="indent" >   Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Avait-elle déjà perdu son
-âme en l&#8217;ouvrant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Si c&#8217;était le cas, peut-être était-ce déjà trop
-tard...
-<!--l. 23--><p class="indent" >   Elle regarda autour d&#8217;elle, vérifiant une fois de plus qu&#8217;elle était seule, et
-avec un sentiment d&#8217;excitation coupable, se mit à lire.
-<!--l. 25--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 27--><p class="indent" >   La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Encore raté...<br 
-class="newline" />&#8212; Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n&#8217;es pas si loin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle regarda son frère, qui s&#8217;entraînait à côté. Il aimait la railler à
-chaque fois qu&#8217;elle s&#8217;entraînait &#8211; avec un succès toujours mitigé &#8211; à
-l&#8217;arc.<br 
-class="newline" />&#8212; Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l&#8217;ennemi qui se
-marre à cinq mètres, tu veux dire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Par exemple, proposa-t-il en riant. Ou alors tu attends qu&#8217;il te fonce
-dessus, et tu l&#8217;atteins à bout portant.<br 
-class="newline" />Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une flèche imaginaire, avec
-un petit air de défi.<br 
-class="newline" />&#8212; Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu&#8217;il fit mine d&#8217;esquiver de manière
-spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
-arc de cercle pour empêcher son frère d&#8217;avancer vers elle. Sur le retour, il
-utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
-Elle pivota autour du point de contact, et laissa glisser son arme contre
-la sienne, de façon à se retrouver au contact de son frère. De la
-main gauche, elle dégaina une dague imaginaire qu&#8217;elle plaça sur sa
-gorge.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Les enfants, qu&#8217;est-ce que vous faites là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />La voix de leur mère venait de résonner. Instantanément, ils se séparèrent,
-et répondirent en regardant leurs pieds nus.<br 
-class="newline" />&#8212; On s&#8217;entraîne.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s&#8217;il te plaît<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d&#8217;un homme
-qu&#8217;elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le
-pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats &#8211; c&#8217;était
-également le cas de sa mère &#8211; mais les broderies dorées indiquaient qu&#8217;il
-s&#8217;agissait vraisemblablement de quelqu&#8217;un d&#8217;important. Elle nota qu&#8217;à
-sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu&#8217;utilisent les
-humains, enfin c&#8217;était ce qu&#8217;on lui avait dit. Elle n&#8217;en avait jamais
-vue en vrai jusqu&#8217;alors. L&#8217;homme sembla noter son regard supris,
-et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
-son air sage semblaient témoigner d&#8217;un âge avancé et d&#8217;une grande
-                                                                
-                                                                
-sagesse.
-<!--l. 43--><p class="indent" >   Lui et sa mère la menèrent, d&#8217;échelle de corde en passerelle, près du
-palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
-ressemblait à une salle d&#8217;entraînement.<br 
-class="newline" />&#8212; Ta mère m&#8217;a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Mais je ne suis pas douée à l&#8217;arc... répondit-elle timidement.<br 
-class="newline" />Il lui sourit, et jeta un &#339;il à sa mère, à quelques pas de là.<br 
-class="newline" />&#8212; Il est de toutes façons difficile d&#8217;être aussi bonne archère qu&#8217;elle. Mais
-peut-être serais-tu plus à l&#8217;aise avec autre chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s&#8217;il
-l&#8217;évaluait.<br 
-class="newline" />&#8212; Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Douze ans.<br 
-class="newline" />Il lui tourna le dos, et alla chercher une épée en bois.<br 
-class="newline" />&#8212; Essaie ça.<br 
-class="newline" />Elle prit l&#8217;arme, la soupesa, et hésita.<br 
-class="newline" />&#8212; Essayer, comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Comme ça.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme avait saisi une seconde épée en bois, et s&#8217;était précipité sur elle.
-Surprise, elle fit un pas de côté, et tenta de dévier l&#8217;épée d&#8217;un coup de la
-sienne. Même en bois, l&#8217;épée était un peu lourde... L&#8217;homme attaqua de
-nouveau, elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter
-d&#8217;encaisser un choc qui ne vint pas... L&#8217;homme s&#8217;était arrêté à quelques
-centimètres d&#8217;elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas mal. Je pense que c&#8217;est bon.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que vous voulez dire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il s&#8217;assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.<br 
-class="newline" />&#8212; L&#8217;arc et la dague sont les armes par excellence des elfes, par tradition.
-Mais ce ne sont pas les seules. Nous avons aussi besoin, pour nous protéger,
-de gens sachant se battre avec d&#8217;autres armes, comme l&#8217;épée, très à la mode
-chez les humains, la lance, la hache, le fléau ou même la magie. Je suis le
-dirigeant de ces escouades spécifiques. Ta mère m&#8217;a parlé de tes difficultés à
-l&#8217;arc...<br 
-class="newline" />Sa mère continua, alors qu&#8217;elle rougissait.<br 
-class="newline" />&#8212; Malgré cela, tu sais te battre et as l&#8217;air d&#8217;y prendre de l&#8217;intérêt. C&#8217;est
-                                                                
-                                                                
-pourquoi j&#8217;en ai parlé autour de moi...<br 
-class="newline" />Elle souriait. Depuis le temps qu&#8217;elle était dans le groupe d&#8217;archers d&#8217;élite
-de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme
-reprit en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; À partir de maintenant, tu viendras t&#8217;entraîner régulièrement à l&#8217;épée,
-ici. Cela te convient-t-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-<!--l. 68--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 70--><p class="indent" >   Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus
-de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une
-épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux
-coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien
-qu&#8217;ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes
-de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d&#8217;un
-citadin.
-<!--l. 72--><p class="indent" >   Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu&#8217;ils arrivèrent au sommet de la
-petite colline, il leur fit signe de s&#8217;arrêter.<br 
-class="newline" />&#8212; Là, regardez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Devant eux s&#8217;étalait un troupeau d&#8217;aurochs sauvages, qui broutaient
-paisiblement.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi tu t&#8217;arrêtes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda sa s&#339;ur en lui donnant un coup de
-poing dans les côtes.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, on peut peut-être...<br 
-class="newline" />&#8212; On peut juste attaquer. Tu réfléchis trop, Uhr, ajouta son frère. On y
-va<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
-colline en direction des aurochs.
-<!--l. 80--><p class="indent" >   Uhr haussa les épaules. Il savait qu&#8217;il réfléchissait un peu trop et ne
-tapait pas assez. Pourtant l&#8217;autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
-dents longues des plaines &#8211; pire, une mère protégeant ses petits &#8211; leur
-avaient probablement sauvé la vie. Mais il n&#8217;avait pas besoin de se poser
-autant de questions. Manger, boire, s&#8217;entraîner au combat, chasser,
-combattre, son quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la
-                                                                
-                                                                
-réflexion. Alors pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait
-décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des
-défauts<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il réalisa qu&#8217;il était encore en train de se poser une question
-inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
-s&#339;ur.
-<!--l. 86--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 88--><p class="indent" >   Cela faisait quelques heures qu&#8217;ils marchaient ensemble en silence.
-Le prêtre qui l&#8217;accompagnait semblait de bonne humeur, mais il
-n&#8217;osait pas le questionner. Il n&#8217;avait que onze ans, après tout, et
-s&#8217;il était fils de duc, il savait qu&#8217;il ne fallait pas fâcher un prêtre
-de la déesse. On disait que leurs pouvoirs étaient grands, et qu&#8217;ils
-pouvaient &#8211; entre autres &#8211; foudroyer quelqu&#8217;un sur place en une
-parole.
-<!--l. 90--><p class="indent" >   L&#8217;homme en question, qui devait avoir une quarantaine d&#8217;années, portait
-une robe gris clair, munie d&#8217;une capuche qu&#8217;il avait laissée dans son dos. Un
-pendentif d&#8217;or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
-Il marchait en s&#8217;aidant d&#8217;un long bâton de bois et portait sur le dos un large
-sac en cuir, visiblement rempli.
-<!--l. 92--><p class="noindent" >&#8212; Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d&#8217;une tunique rouge,
-d&#8217;un pantalon brun, et d&#8217;une paire de bottes en cuir épais. Une longue
-épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
-sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux m&#8217;appeler simplement Khil. Vas-y, je t&#8217;écoute Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que je vais devoir faire, pour devenir paladin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien, tu auras une éducation mêlant celle d&#8217;un prêtre et celle d&#8217;un
-soldat. Tu deviendras donc un chevalier, non pas au service d&#8217;un seigneur ou
-d&#8217;une dame, mais au service de la déesse.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça veut dire que je vais apprendre les enchantements secrets de
-Melna<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Cela dépendra surtout de si la déesse t&#8217;en juge digne, n&#8217;oublie pas...
-<br 
-class="newline" />Il resta silencieux quelques instants. Tout ne serait pas simple...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vous qui allez m&#8217;apprendre à me battre à l&#8217;épée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Probablement. As-tu déjà appris un peu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, avec mes deux frères. Comme le veut la tradition, mon frère aîné
-est l&#8217;héritier du duc mon père, et le second est un futur grand général. Et
-moi...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu dois venir au service du temple, je connais. Mais donc tu sais déjà un
-peu utiliser une arme... Tiens attrape ça.<br 
-class="newline" />Il lui lança son bâton de marche, qu&#8217;il saisit au vol. Le prêtre dégaina
-ensuite son épée.<br 
-class="newline" />&#8212; Vas-y, attaque-moi.<br 
-class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c&#8217;était lui qui lui avait demandé,
-n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 108--><p class="indent" >   Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
-son arme de fortune d&#8217;un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
-adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... tu es gaucher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Irdann rougit et changea rapidement son arme de main, enchaînant
-plusieurs attaques aussi rapidement qu&#8217;il put. Après avoir paré avec une
-facilité déconcertante, le prêtre fit un pas en arrière et lui fit signe de
-s&#8217;arrêter.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu t&#8217;en sors plutôt bien.<br 
-class="newline" />Il baissa les yeux, lui rendant son bâton.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais donc tenir une épée des deux mains...<br 
-class="newline" />Il rougit à nouveau, gêné.<br 
-class="newline" />&#8212; ... C&#8217;est très intéressant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Mes frères me disent que se battre de la main gauche, ce n&#8217;était
-pas digne d&#8217;un chevalier, alors...<br 
-class="newline" />Il éclata de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ne les écoute pas. La déesse se moque de savoir de quel bras tu te bats,
-tant que c&#8217;est pour la bonne cause. Et qui sait, changer d&#8217;arme rapidement
-pourrait être un atout en combat, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il leva les yeux, et osa sourire timidement.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez déjà combattu des vrais adversaires<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui fit un clin d&#8217;&#339;il.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Depuis que je suis prêtre, j&#8217;ai beaucoup voyagé, et j&#8217;ai vécu de
-nombreuses aventures...
-<!--l. 125--><p class="indent" >   Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu&#8217;il portait dissimulait
-assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
-montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
-semblant d&#8217;être inoffensif<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il devait être redoutable sur un champ
-de bataille, ou ailleurs... L&#8217;avoir comme maître d&#8217;armes serait un
-honneur.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil,
-comme s&#8217;il devinait ses pensées. D&#8217;ailleurs, il me semble que la tradition
-veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en
-dehors du temple.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Nous
-verrons bien.<br 
-class="newline" />Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu&#8217;à la
-capitale.
-<!--l. 132--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 134--><p class="indent" >   Debout devant elle, ils tremblaient de tous leurs membres. Surprise<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Colère<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Peur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Incrédulité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Panique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Probablement un peu de tout
-cela. Le grenier dans lequel elle les avait amenés était dans un sale état,
-mais c&#8217;était le seul endroit où elle pouvait pratiquer la magie sans être vue
-ou entendue...
-<!--l. 136--><p class="indent" >   Suivant pas à pas les conseils du livre, elle avait découvert qu&#8217;elle avait
-un certain don pour cela. Avec de la persévérance, elle avait réussi à
-lancer son premier sort, paraît-il le plus simple, une boule de feu, et
-elle avait manqué de brûler la bibliothèque. Le livre disait aussi
-qu&#8217;il était très difficile de contrôler sa propre énergie magique... De
-nombreuses traces noires couvraient désormais les murs et le sol
-du grenier, et un certain nombre de vieux meubles en bois avaient
-brûlé.
-<!--l. 139--><p class="indent" >   À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en
-                                                                
-                                                                
-crépitant. Ses parents n&#8217;avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa
-démonstration spectaculaire. <br 
-class="newline" />&#8212; Ce n&#8217;est pas possible...<br 
-class="newline" />&#8212; Notre propre fille, une sorcière...<br 
-class="newline" />Elle se tenait entre eux et la porte du grenier. Elle ne cherchait pas
-particulièrement à les empêcher de sortir, mais elle voulait qu&#8217;ils l&#8217;écoutent
-avant.<br 
-class="newline" />&#8212; Arrêtez avec vos histoires. Les sorciers ne sont pas maléfiques, en tous
-cas pas tous. Vous ne croyez quand même pas à toutes ces histoires de
-démons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ils avouent tout de même...<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête d&#8217;un air rageur.<br 
-class="newline" />&#8212; Avec les tortures qu&#8217;on leur inflige<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? N&#8217;importe qui avouerait n&#8217;importe
-quoi. Ne soyez pas idiots.<br 
-class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s&#8217;en persuader elle-même. Il y avait
-quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
-peut-être n&#8217;était-ce pas le cas de tous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Regardez-moi. Suis-je devenue un monstre en apprenant un peu de
-magie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 151--><p class="indent" >   Ils l&#8217;observèrent un moment. Elle n&#8217;avait pas vraiment changé ces
-dernières années, à part un peu grandi, mais ce n&#8217;était vraisemblablement
-pas une histoire de magie. Pourtant... ils avaient la sensation que leur
-fille leur échappait, qu&#8217;elle n&#8217;était pas la jeune fille qu&#8217;ils auraient
-voulu qu&#8217;elle soit, qu&#8217;elle ne pensait pas comme ils auraient voulu
-qu&#8217;elle pense. Peut-être était-ce juste cela, être une sorcière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ne
-pas être celle que les autres attendaient<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Était-ce maléfique pour
-autant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 153--><p class="indent" >   Elle soupira, et interrompant leurs pensées, fit apparaître lentement une
-seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en
-arrière, effrayés.<br 
-class="newline" />&#8212; Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la
-fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis-à-vis
-de votre peuple.<br 
-class="newline" />La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration.
-Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique
-                                                                
-                                                                
-grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme.
-Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...<br 
-class="newline" />&#8212; Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part
-vous ne le saura.<br 
-class="newline" />La taille de la flamme diminua lentement, à mesure qu&#8217;elle se calmait.<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous me laissez étudier la magie comme je le souhaite, je ferai tout
-pour garder sauf l&#8217;honneur de la famille. Je ferai tout ce que vous voudrez.
-J&#8217;épouserai qui vous voudrez. S&#8217;il vous plaît...<br 
-class="newline" />Un silence passa, durant lequel ils semblèrent considérer cette idée.<br 
-class="newline" />&#8212; Aaaïe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
-énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
-mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d&#8217;une voix &#8211;
-presque &#8211; apaisée.<br 
-class="newline" />&#8212; Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
-former.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux... m&#8217;en occuper.<br 
-class="newline" />Elle se concentra, malgré la douleur vive. Il y avait cet autre sort qu&#8217;elle
-avait appris. Un sort pour soigner... Il était, d&#8217;après le livre, plus complexe
-que celui du feu, et elle avait beaucoup moins d&#8217;occasions de le pratiquer.
-Mais les quelques fois où elle avait essayé, le résultat n&#8217;avait pas été si
-mauvais. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. La douleur avait
-considérablement diminué, et les cloques avaient disparu, même si
-la peau restait un peu rouge et sensible. Elle lâcha un soupir de
-soulagement.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous voyez, la magie peut être bénéfique, aussi.<br 
-class="newline" />Son père observa tour à tour sa main, son visage, et celui de son épouse, qui
-semblait réfléchir, un peu en retrait. Celle-ci finit par s&#8217;approcher
-également.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai peut-être une idée...
-<!--l. 171--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 173--><p class="indent" >   Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
-bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
-                                                                
-                                                                
-formaient d&#8217;excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
-silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
-était quasiment invisible dans la nuit. Ce n&#8217;était pas la première fois qu&#8217;il
-s&#8217;adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d&#8217;ailleurs. À condition de ne
-pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
-bien remplies...
-<!--l. 182--><p class="indent" >   Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
-plus ou moins à l&#8217;abandon, sa pauvre mère n&#8217;ayant pas les moyens de
-le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très
-doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
-échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
-À sa grande surprise, l&#8217;homme qui l&#8217;avait saisi la main dans le sac
-ne l&#8217;avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
-mince et aux cheveux blancs s&#8217;était présenté comme un assassin
-professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
-ans.
-<!--l. 192--><p class="indent" >   Depuis &#8211; il esquissa un sourire à l&#8217;évocation de ce souvenir &#8211;, sa vie avait
-radicalement changé. Déjà parce qu&#8217;il était logé, nourri et habillé
-par son maître, mais surtout parce qu&#8217;il passait ses journées &#8211; et
-surtout ses nuits &#8211; à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
-furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et
-stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir,
-escalade. La ville était devenue un grand terrain d&#8217;entraînement et de
-jeu.
-<!--l. 201--><p class="indent" >   Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
-quelqu&#8217;un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s&#8217;assit sur le
-rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
-&#8211; fêtards, malfaiteurs, gardes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? &#8211; marcher dans la rue sans le voir. Il n&#8217;était
-qu&#8217;une ombre parmi les ombres de la nuit.
-<!--l. 208--><p class="indent" >   Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
-naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
-L&#8217;escalade de ce bâtiment n&#8217;était pas particulièrement difficile, avec toutes
-ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
-commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au cinquième
-                                                                
-                                                                
-étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne lui en restait
-qu&#8217;un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point d&#8217;attache parfait.
-Il sortit de son petit sac à dos en cuir une corde et un grappin, qu&#8217;il
-lança avec habileté jusqu&#8217;au rebord du toit. Après avoir vérifié la
-solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu&#8217;au sommet du
-bâtiment.
-<!--l. 220--><p class="indent" >   Assis sur le faîte du toit, son maître l&#8217;attendait en souriant.
-Était-il monté par l&#8217;escalier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Avait-il escaladé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Plus rien ne le
-suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
-gousset.<br 
-class="newline" />&#8212; Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.<br 
-class="newline" />Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
-fait honorable.<br 
-class="newline" />Il soupira. «&#x00A0;Tout à fait honorable&#x00A0;», c&#8217;était un sacré compliment venant de
-lui. Même si... ce n&#8217;était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
-leva et s&#8217;étira calmement.<br 
-class="newline" />&#8212; Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
-mission.<br 
-class="newline" />Farl le regarda, les yeux brillants.
-<!--l. 231--><p class="noindent" > <span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 233--><p class="noindent" >&#8212; Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
-de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu&#8217;il lui restait à fendre et
-celles qu&#8217;il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme
-lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l&#8217;ombre fraîche et accueillante
-d&#8217;un arbre. L&#8217;aîné des garçons sortit alors un petit pichet de vin, qu&#8217;il
-partagea.<br 
-class="newline" />&#8212; On a bien avancé, encore quelques heures et on aura terminé je
-pense.<br 
-class="newline" />&#8212; À part Zach, qui n&#8217;avance pas.<br 
-class="newline" />&#8212; Héé, je te permets pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Je rigole, te fâche pas. T&#8217;as pas nos bras, c&#8217;est tout.<br 
-class="newline" />&#8212; En fait, t&#8217;es juste jaloux de Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Son frère aîné sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Parce que c&#8217;est avec lui que la fille du cordonnier a bien voulu danser
-l&#8217;autre soir.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est avec son petit air d&#8217;elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n&#8217;aide pas à
-couper du bois.
-<!--l. 246--><p class="indent" >   Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
-se remémorant la soirée de la veille.
-<!--l. 248--><p class="indent" >   C&#8217;est vrai qu&#8217;il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
-deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
-aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
-arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! On l&#8217;avait trouvé, bébé, sur le pas
-d&#8217;une porte du village. Un couple de bûcherons du village l&#8217;avaient alors
-adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
-véritables origines. Il se demandait parfois ce qu&#8217;aurait été sa vie s&#8217;il n&#8217;avait
-pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu&#8217;il
-vivait.
-<!--l. 251--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;ils s&#8217;apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
-carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
-portaient l&#8217;enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
-forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d&#8217;une simple
-tunique, d&#8217;un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils
-étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs
-épées et boucliers au côté.<br 
-class="newline" />&#8212; Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour
-nous et la damoiselle que nous escortons.<br 
-class="newline" />Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours
-masquaient l&#8217;intérieur.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous pouvez vous rendre à l&#8217;auberge du Renard Vif, au milieu du village,
-où vous trouverez de quoi souper et dormir.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci. L&#8217;un d&#8217;entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 258--><p class="indent" >   Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
-chemin, l&#8217;un des soldats l&#8217;interrogea<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:<br 
-class="newline" />&#8212; Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu&#8217;un pour nous guider à
-                                                                
-                                                                
-travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu&#8217;un peut le faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 261--><p class="indent" >   Il réfléchit quelques instants.<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;y a pas de guide disponible. Mais beaucoup de jeunes du village, dont
-mes frères et moi, connaissent très bien cette forêt.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes les enfants du bûcheron, c&#8217;est ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui.<br 
-class="newline" />&#8212; Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Seize ans.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu&#8217;en dis-tu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 269--><p class="indent" >   Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d&#8217;autre. Il
-était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
-puisqu&#8217;il y passait une bonne partie de son temps libre.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord.
-<!--l. 273--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 275--><p class="noindent" >&#8212; Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et
-frêle, vêtue d&#8217;une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème
-argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si
-impressionnant. Et son père avait l&#8217;air si imposant quand il était assis sur
-son trône<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces
-conditions... Sentant sa gène, et constatant qu&#8217;il était seul avec elle,
-il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses
-bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Papa, je voudrais apprendre à me battre.<br 
-class="newline" />Il fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il y a bien plus intéressant à faire, pourtant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Quelque chose
-te manque-t-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Je m&#8217;ennuie. J&#8217;ai déjà appris à m&#8217;occuper des poneys du clan, à soigner
-les animaux et les autres elfes, je connais les secrets du tissage et du pain
-elfique, et j&#8217;ai aussi appris à jouer de la harpe.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu y parviens à merveille d&#8217;ailleurs, surtout le soin. Tu surpasserais
-                                                                
-                                                                
-presque ton maître<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, et... c&#8217;est pour ça que j&#8217;ai envie de faire autre chose.<br 
-class="newline" />Il réfléchit. Ses grands frères et s&#339;urs avaient fini par s&#8217;intéresser à la
-politique du clan, ce qui en compliquait nettement la gestion, tout en créant
-certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut-être mieux qu&#8217;elle
-s&#8217;entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun
-champ de bataille de sa vie &#8211; ou alors que de loin &#8211;, du moins il l&#8217;espérait,
-alors que risquait-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Papa, n&#8217;es-tu pas toi-même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai. Du moins, c&#8217;était vrai jusqu&#8217;à il n&#8217;y a pas si longtemps...
-J&#8217;allais même disputer des tournois chez les humains.<br 
-class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Elle ne savait
-même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
-père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l&#8217;arc
-plutôt que sur les humains, c&#8217;était nettement moins dangereux. &#8212; Soit. Je
-t&#8217;enverrai dès demain un professeur de tir à l&#8217;arc<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: une des meilleures
-archères de mon escouade d&#8217;élite.<br 
-class="newline" />Le visage d&#8217;Aldariel s&#8217;illumina.
-<!--l. 293--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 295--><p class="indent" >   La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
-&#8211; prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs &#8211; y étaient présents.
-Il y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l&#8217;avait
-jamais vue aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C&#8217;était excitant, et
-presque un peu effrayant.
-<!--l. 297--><p class="indent" >   Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d&#8217;intronisation.
-Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Mais cette
-ascension n&#8217;avait pas été sans embûches. Lorsqu&#8217;elle avait huit ans, ses
-parents &#8211; de modestes marchands &#8211; avaient été tués lors d&#8217;un raid barbare.
-Trop petite pour être remarquée, elle avait été épargnée. Les quelques
-survivants de son village, déjà trop démunis pour s&#8217;occuper d&#8217;une bouche
-de plus à nourrir, l&#8217;avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
-qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
-proche.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 300--><p class="indent" >   Une fois la douleur et les difficultés d&#8217;adaptation passées, Samantha
-avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
-devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
-appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
-divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
-concurrentes.
-<!--l. 302--><p class="indent" >   Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
-la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
-première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d&#8217;un
-rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-&#8211;peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?&#8211; en valeur sa féminité. Elle portait un large
-collier d&#8217;or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
-aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
-accompli.
-<!--l. 305--><p class="indent" >   Le prêtre avait terminé son incantation, et s&#8217;écarta en se tournant vers
-elle. Les quelques murmures qu&#8217;elle avait entendus de la foule se turent.
-C&#8217;était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
-pieds nus. Sous l&#8217;ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
-temple s&#8217;arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
-rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
-mélopée.
-<!--l. 307--><p class="indent" >   Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
-puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
-et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
-guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l&#8217;arbre l&#8217;eut
-dépassée de plusieurs têtes, elle s&#8217;arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
-regarder.
-<!--l. 309--><p class="indent" >   Un tonnerre d&#8217;applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
-difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
-intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
-avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s&#8217;avança, tenant
-entre les mains un cercle d&#8217;or qu&#8217;il déposa sur sa tête. Les applaudissements
-redoublèrent.
-<!--l. 312--><p class="indent" >   Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 314--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 316--><p class="noindent" >&#8212; Là-bas, je vois l&#8217;orée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Les soldats laissèrent échapper une exclamation de joie. Après quatre jours
-dans la forêt, ils n&#8217;étaient pas mécontents de retrouver la civilisation. De
-son côté, Zach, installé à côté du cocher, rêvassait. Il se demandait bien qui
-était l&#8217;occupante du carosse, qu&#8217;il n&#8217;avait pas le droit de voir, en théorie. En
-pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
-temps, il avait pu entr&#8217;apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
-petite taille, couverte de la tête aux pieds d&#8217;un long manteau bleu marine
-richement orné.
-<!--l. 319--><p class="noindent" >&#8212; Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
-grand sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as fait du bon boulot en nous guidant jusque là. Tu auras bien gagné
-ta paie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il rougit légèrement.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci.<br 
-class="newline" />&#8212; Ton chemin parallèle pour éviter le sentier embourbé était le bienvenu...
-Nous aurions perdu beaucoup de temps à nous traverser cette partie avec le
-carosse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous allons parfois livrer du bois par là, et ce n&#8217;est pas la première fois
-que ce chemin est inondé...<br 
-class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
-fait longtemps qu&#8217;il est un peu trop âgé pour ça.<br 
-class="newline" />Il lui fit un clin d&#8217;&#339;il.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
-à mon avis.<br 
-class="newline" />Il allait répondre, lorsqu&#8217;un des soldats lui adressa la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on
-arrive<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Sur la grand&#8217;rue, vous ne pouvez pas la rater.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l&#8217;offre. Tu l&#8217;as
-                                                                
-                                                                
-bien mérité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers2x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" >
-<!--l. 3--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" >   Prisonnier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
-humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d&#8217;un clan ennemi, et
-ils n&#8217;avaient rien pu faire. Ceux qui n&#8217;étaient pas morts au combat avait été
-fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
-enrageaient. C&#8217;était peut-être encore pire que de mourir libre, l&#8217;épée à la
-main...
-<!--l. 7--><p class="indent" >   Après une journée de marche intensive, sa colère brute s&#8217;était estompée,
-contrairement à ses compagnons d&#8217;infortune, et il s&#8217;était mis à réfléchir. Il
-allait se venger et venger sa famille, c&#8217;était sûr. Mais pour cela, il lui fallait
-d&#8217;abord se libérer. Alors qu&#8217;ils étaient tous enfermés dans un enclos de
-fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples
-anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s&#8217;endormir,
-épuisé, il les examina longuement. L&#8217;un des anneaux, le huitième qui
-partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait
-un peu moins solide. Plus précisément, il n&#8217;était pas parfaitement
-fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l&#8217;anneau restait
-extrêmement dur. Comment pouvait-il espérer se libérer avec si
-peu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 9--><p class="indent" >   Les jours qui suivirent furent tout aussi difficiles. Uhr subissait les coups
-sans broncher et ne cherchait pas à se rebeller contre ses ennemis, ce qui lui
-permettait d&#8217;éviter de recevoir trop de coups de fouets. Peut-être
-pensaient-ils briser sa volonté rapidement &#8211; il était plus jeune et moins
-costaud que beaucoup de ses compagnons &#8211;, et dans ce cas tant pis pour
-eux.
-<!--l. 11--><p class="indent" >   Le cinquième jour, l&#8217;expédition rejoignit un camp nettement plus
-                                                                
-                                                                
-important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
-d&#8217;ennemis qu&#8217;il n&#8217;avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu&#8217;il
-y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr&#8217;aperçut même celui que ses ennemis appelaient le «&#x00A0;roi Kourhk&#x00A0;», le
-chef de ce grand clan barbare.
-<!--l. 13--><p class="indent" >   Leur petit groupe rejoignit d&#8217;autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
-dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
-et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s&#8217;enfuir à
-présent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
-retint de hurler. D&#8217;abord parce qu&#8217;un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
-ensuite parce que ce n&#8217;était pas la peine d&#8217;attirer des coups de fouet ou de
-bâton en plus.
-<!--l. 15--><p class="indent" >   Une fois seul, il observa l&#8217;objet qui était rentré dans son pied nu. Il
-s&#8217;agissait d&#8217;un clou, enfin, d&#8217;un morceau de métal pointu vaguement muni
-d&#8217;une tête, qui avait vraisemblablement servi à assembler les rondins de bois
-en barricade autour des prisonniers. Le métal était très dur... Il avait
-peut-être une chance de s&#8217;en tirer, en fait.
-<!--l. 17--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 19--><p class="indent" >   Cela faisait deux jours qu&#8217;il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et
-de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa
-tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son
-équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout
-était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe
-et le tranchant brillants, afin d&#8217;éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un
-peu en retrait, dans une cachette, son sac à dos, contenant de quoi survivre,
-ainsi qu&#8217;un assortiment de poisons et antidotes. Il vérifia encore une fois le
-fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
-qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
-prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" >   Devant lui, s&#8217;étendait le campement du roi Kourhk. Combien
-étaient-ils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
-expliqué son maître, ce n&#8217;était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
-le problème pouvait être réglé plus simplement qu&#8217;en envoyant une
-                                                                
-                                                                
-armée...
-<!--l. 23--><p class="indent" >   Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
-et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
-semblaient se débattre des prisonniers, visiblement d&#8217;une ou deux tribus
-rivales. Il nota cette information, cela pourrait faire une diversion efficace au
-besoin.
-<!--l. 25--><p class="indent" >   Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
-visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
-Mais il n&#8217;était pas tout à fait sûr de l&#8217;endroit où se trouvait leur roi. Il lui
-faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
-nettement la tâche.
-<!--l. 27--><p class="indent" >   Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
-jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s&#8217;effondrer
-d&#8217;épuisement, il semblait très affairé à observer ses chaînes. Que faisait-il
-donc<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il s&#8217;approcha doucement, tout en restant à couvert. Il vit alors que le
-jeune barbare s&#8217;efforçait d&#8217;ouvrir l&#8217;un des maillons de sa chaîne, en s&#8217;aidant
-d&#8217;un vieux clou comme levier. Il progressait très lentement, mais il
-persévérait, et se hâtait de cacher son ouvrage dès qu&#8217;un garde s&#8217;approchait
-de lui.
-<!--l. 29--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 31--><p class="indent" >   Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s&#8217;échapper de
-l&#8217;enclos, esquiver les gardes ou s&#8217;en débarrasser, et gagner le petit
-bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
-sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite.
-Quand il en aurait les moyens. De plus, s&#8217;il n&#8217;était plus attaché au sol,
-ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
-limités.
-<!--l. 33--><p class="indent" >   Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le
-calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
-éviter de faire du bruit, et profitant d&#8217;un instant où la lune se cachait
-derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
-regardait dans une autre direction. Encore une dizaine de mètres et tout
-serait bon... Il marchait avec toutes les précautions possibles. Pourtant, ce
-                                                                
-                                                                
-ne fut pas suffisant. Était-ce son pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ses chaînes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Son souffle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un
-hasard<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et
-après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier
-l&#8217;alerte.
-<!--l. 35--><p class="indent" >   C&#8217;est alors qu&#8217;une fine silhouette, aussi noire que la nuit, bondit
-sur le garde, lui trancha la gorge tout en l&#8217;empêchant de crier, et
-l&#8217;accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
-balustrade. Tout s&#8217;était passé en très peu de temps, et pas le moindre
-bruit n&#8217;avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
-ennemi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 37--><p class="indent" >   La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
-bois. S&#8217;il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
-n&#8217;avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
-hâta vers le petit bois, où l&#8217;étranger le rejoignit rapidement, sans faire le
-moindre bruit.<br 
-class="newline" />&#8212; Qui es-tu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
-fait prisonniers. J&#8217;ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br 
-class="newline" />&#8212; Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
-suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Peut-être pouvons-nous nous
-entraider<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
-se charger de cette tâche. Puis la vision de l&#8217;assassinat du garde lui revint en
-mémoire, et il hocha la tête. De toutes façons, ce gars était dangereux,
-mieux valait être de son côté. Et puis n&#8217;importe quel côté valait mieux que
-celui de son ennemi.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai pu observer. Dans les quatre tentes qui sont là-bas, le roi dort dans
-celle qui est la plus opposée à nous. Il y a deux gardes devant, mais c&#8217;est
-tout. Il porte une couronne. Un bandeau de cuir autour du front, avec des
-pierres précieuses rouges dessus.<br 
-class="newline" />Il reprit son souffle. Il n&#8217;avait pas l&#8217;habitude d&#8217;expliquer aussi longuement,
-d&#8217;habitude ses camarades s&#8217;arrêtaient aux quatre premiers mots. Mais
-l&#8217;étranger l&#8217;écoutait attentivement, tout en sortant un sac en cuir d&#8217;un arbre
-creux, et en fouillant dedans.<br 
-class="newline" />&#8212; Dans la tente qui est du côté de la lune, il y a d&#8217;autres chefs barbares, en
-dessous de lui. Celle qui est la plus proche de nous contient son trésor de
-guerre, enfin je crois. La dernière, je crois qu&#8217;il y a des prisonniers
-importants.<br 
-class="newline" />Le jeune homme le regarda, en sortant un outil de son sac.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment as-tu vu tout ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
-seul, comment faire...
-<!--l. 50--><p class="indent" >   Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br 
-class="newline" />&#8212; Donne-moi tes poignets.<br 
-class="newline" />Il obéit, et l&#8217;étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
-rapidement les chaînes qui le retenaient.<br 
-class="newline" />&#8212; Maintenant, nous avons moyen de mettre cette vengeance en pratique.
-<!--l. 55--><p class="indent" >   Il lui sourit, et Uhr lui rendit son sourire. Ami.
-<!--l. 57--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 59--><p class="indent" >   Décidément, ce jeune barbare était hors du commun. Il n&#8217;avait pas l&#8217;air
-si différent des autres, et pourtant il avait réfléchi et observé, espérant la
-vengeance qu&#8217;il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
-Sans compter qu&#8217;avec les informations qu&#8217;il avait, il allait enfin pouvoir
-mettre en place l&#8217;assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques
-instants, alors que le barbare jouait avec ses chaînes défaites, savourant sa
-liberté.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, voilà ce que nous allons faire.<br 
-class="newline" />Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement.
-Le barbare fronça les sourcils, jeta un &#339;il vers le camp, puis vers le plan, et
-sembla comprendre.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais m&#8217;occuper de neutraliser les deux gardes du roi. Tu vas pouvoir
-entrer dans la tente du roi, je te laisse le plaisir de l&#8217;assassiner, je crois que
-tu en es parfaitement capable. Au besoin je viendrai t&#8217;aider. Pendant ce
-temps, je vais aller libérer les prisonniers importants dans la tente d&#8217;à
-côté.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais on va être découverts, ils vont donner l&#8217;alerte, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, évidemment. Mais la panique qui va se créer va nous aider à nous
-                                                                
-                                                                
-enfuir.<br 
-class="newline" />&#8212; Si on a le temps, tu crois qu&#8217;on peut libérer les autres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Éventuellement, on verra. Ça te va<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 69--><p class="indent" >   Le barbare réfléchit encore un instant.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai pas d&#8217;épée. Les chaînes, c&#8217;est bien pour donner des coups de
-poing, mais pour tuer rapidement, ça ne marche pas.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as raison. L&#8217;homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
-Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. D&#8217;ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu&#8217;ils ne voient qu&#8217;il est mort.
-Les gardes changent de temps en temps.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
-et ils se sourirent.
-<!--l. 75--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 77--><p class="indent" >   Il suivit en silence son nouveau compagnon. Malgré sa silhouette si frêle,
-il n&#8217;eut aucun mal à maîtriser les quelques gardes qui le séparaient de son
-objectif, la tente du roi. Et tout cela sans bruit... Il lui fit un signe de tête et
-entra.
-<!--l. 79--><p class="indent" >   Une faible lueur venant d&#8217;une lampe blafarde éclairait l&#8217;intérieur de la
-tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un
-coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux &#8211; un luxe pour
-des standards barbares &#8211;, dormaient deux silhouettes. Celui qu&#8217;il reconnut
-immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une
-jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita
-quelques instants. Devait-il la tuer aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle portait des traces de
-coups sur les bras et le dos. Vraisemblablement, on ne lui avait pas
-laissé le choix de partager la couche du roi. Une prisonnière, comme
-lui...
-<!--l. 81--><p class="indent" >   Sans attendre, il trancha la gorge du roi endormi, tout en plaquant
-brutalement sa main sur la bouche de la jeune fille. Celle-ci se réveilla en
-sursaut, et se mit à paniquer. Il s&#8217;approcha pour lui murmurer à
-l&#8217;oreille.<br 
-class="newline" />&#8212; Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...<br 
-class="newline" />Elle vit la lame ensanglantée s&#8217;approcher de sa gorge, puis aperçut du coin
-                                                                
-                                                                
-de l&#8217;&#339;il le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les deux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Toujours
-est-il qu&#8217;elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant.
-Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
-affaire... Mais après tout, c&#8217;était une barbare, tout comme lui, et elle
-avait dû en voir d&#8217;autres. Elle se leva sans un bruit, et pointa du
-doigt un tas d&#8217;objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
-roi.
-<!--l. 85--><p class="indent" >   Il hocha la tête, et se saisit d&#8217;une belle épée, ornée de quelques pierres.
-Si d&#8217;habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l&#8217;arme
-était d&#8217;excellente facture et les coups sur la lame montraient qu&#8217;elle avait
-servi plus d&#8217;une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
-avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
-probablement. Chez les barbares, quand un bijou n&#8217;était pas une preuve
-d&#8217;un ennemi vaincu, c&#8217;était au pire une monnaie d&#8217;échange, leur aspect
-décoratif étant très secondaire.
-<!--l. 87--><p class="noindent" >&#8212; Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il sursauta, et la jeune fille aussi, cherchant à lui dire des yeux que non, elle
-n&#8217;y était pour rien. Il ne réfléchit pas plus longtemps, saisit la couronne du
-roi et se rua au dehors, son épée à la main.
-<!--l. 90--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 92--><p class="indent" >   Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
-chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement
-musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme
-avaient dans le regard une telle fierté et une telle colère d&#8217;être ainsi réduits
-à l&#8217;état d&#8217;esclaves qu&#8217;il s&#8217;était demandé un instant s&#8217;il n&#8217;était pas encore
-plus dangereux de les délivrer.
-<!--l. 94--><p class="indent" >   Mais il s&#8217;était mis rapidement à l&#8217;&#339;uvre, et les barbares, bien que très
-surpris de voir un moustique en capacité de leur venir en aide, ne s&#8217;étaient
-pas plaints. Il était en train de faire sauter la dernière serrure lorsqu&#8217;il
-entendit un cri à l&#8217;extérieur.
-<!--l. 96--><p class="noindent" >&#8212; Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Les quatre chefs bondirent sur leurs pieds, et ramassant des armes, sortirent
-rapidement en lui adressant un signe de reconnaissance.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 99--><p class="indent" >   Dehors, il n&#8217;eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout
-avec l&#8217;agitation qui démarrait. Les quatre combattants se retrouvèrent nez à
-nez avec d&#8217;autres guerriers, et se défendirent farouchement. Dans la cohue, il
-aperçut la silhouette d&#8217;Uhr, l&#8217;épée ensanglantée. Il eut un soupir de
-soulagement. Ça, c&#8217;était fait. Il se glissa dans sa direction, et lui fit signe de
-le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
-ébullition.
-<!--l. 102--><p class="indent" >   Ils croisèrent soudain cinq barbares, l&#8217;épée à la main, visiblement alertés
-par les cris. Il n&#8217;eut aucun mal à disparaître dans l&#8217;ombre d&#8217;une tente, mais
-pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
-instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c&#8217;était le laisser courir
-à sa perte, et eut des remords. Même s&#8217;il était armé, il était tout de même
-plus petit que ses adversaires, et seul face à cinq... Il s&#8217;accroupit et s&#8217;apprêta
-à bondir à sa défense.
-<!--l. 104--><p class="indent" >   À sa grande surprise, au lieu de brandir son épée, le jeune barbare
-se contenta de désigner du bras le centre du campement, d&#8217;où ils
-venaient.<br 
-class="newline" />&#8212; Là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Il y a des intrus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus
-longuement à la présence d&#8217;Uhr, ni à son butin.
-<!--l. 108--><p class="indent" >   Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l&#8217;enclos des
-prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de
-porte.<br 
-class="newline" />&#8212; Farl, va les libérer pendant que j&#8217;occupe ceux-là.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête, et contournant l&#8217;entrée, il escalada lestement la palissade et
-sauta au milieu des barbares enchaînés. <br 
-class="newline" />Ceux-ci avaient été réveillés par l&#8217;agitation du camp, et prirent un air
-méfiant en le voyant.<br 
-class="newline" />&#8212; Les gars, couvrez-le, il va vous délivrer. <br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix d&#8217;Uhr, de derrière la barrière. Les barbares se calmèrent
-immédiatement, et il se mit à l&#8217;ouvrage. Les sortes de cadenas grossiers
-retenaient plusieurs personnes à la fois, et étaient peu difficiles à crocheter,
-ainsi la tâche allait très vite. Les premiers hommes et femmes libérés
-saisirent leur chaînes, les enroulèrent dans leurs poings et se ruèrent vers
-                                                                
-                                                                
-l&#8217;entrée de l&#8217;enclos en hurlant de rage. Il ne voyait pas ce qui s&#8217;y passait,
-mais à l&#8217;agitation qu&#8217;il devinait, il semblait que les deux gardes avaient été
-rejoints par des renforts.
-<!--l. 116--><p class="indent" >   Dans la cohue, cependant, un des assaillants parvint à pénétrer au c&#339;ur
-de l&#8217;enclos et l&#8217;aperçut, en train de faire sauter la dernière serrure. Surpris
-de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l&#8217;origine de l&#8217;échappée
-des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
-extrêmement rapides, bien qu&#8217;heureusement imprécis que le barbare
-engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
-telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
-barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
-jet...
-<!--l. 119--><p class="indent" >   C&#8217;est alors qu&#8217;une main se referma sur son bras, et le souleva. En un clin
-d&#8217;&#339;il il se retrouva juché au sommet de l&#8217;échafaudage, avec Uhr qui lui
-souriait.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci.<br 
-class="newline" />&#8212; On file et on discute après<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui rendit son sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça marche.
-<!--l. 125--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 127--><p class="indent" >   Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L&#8217;agitation causée par
-les prisonniers qui se rebellaient et la mort du roi avait détourné
-suffisamment l&#8217;attention, et ils atteignirent sans encombre l&#8217;abri des
-arbres. Farl le regardait avec une certaine admiration. Il lui avoua qu&#8217;il
-n&#8217;aurait pas osé lui-même parler aux gardes pour les éloigner, et
-que c&#8217;était très intelligent de sa part, entre autres. Il fit une légère
-moue.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce n&#8217;est pas une qualité très appréciée chez moi... <br 
-class="newline" />L&#8217;étranger lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Comme tu peux le constater, ça n&#8217;a pas été inutile<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, on y dit aussi qu&#8217;il faut être grand et large pour être un bon
-combattant. Et toi, tu es petit, tout frêle, et tu en as tué beaucoup, très
-                                                                
-                                                                
-efficacement ce soir.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci.
-<!--l. 134--><p class="indent" >   Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur
-souffle.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu vas faire maintenant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas. Je n&#8217;ai plus vraiment de clan. Je ne sais pas trop
-où aller. J&#8217;ai gardé quelques objets de valeur, ça peut peut-être
-servir...<br 
-class="newline" />&#8212; Tiens, tu n&#8217;as pas gardé la couronne et l&#8217;épée du roi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Non, ça aurait été compliqué à revendre, enfin je pense. Alors je les ai
-donnés à des prisonniers. En plus, ça représente quelque chose pour
-eux.<br 
-class="newline" />Farl sourit à nouveau.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça aussi c&#8217;est plutôt malin.<br 
-class="newline" />Il se tut quelques instants, puis reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu pourrais presque venir à la capitale. Si tu le
-souhaites bien sûr. Il y a toujours du boulot pour des gens costauds et
-débrouillards...<br 
-class="newline" />Il n&#8217;avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande
-ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois
-décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe
-coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des
-armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient &#8211; humains ou
-autres races humaines &#8211; étaient moins costauds et ne savaient pas se
-battre comme il faut. Et il s&#8217;y passait des choses très compliquées
-parfois...
-<!--l. 146--><p class="indent" >   Il sourit et hocha la tête.
-<!--l. 150--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 152--><p class="indent" >   Il pénétra dans la taverne, et aperçut Uhr, assis à une table. Il lui fit
-signe en souriant, et se hâta de le rejoindre. Il portait une tunique grise sans
-manches et un pantalon de toile sombre tenu par une ceinture de cuir. Il
-avait l&#8217;air d&#8217;un habitant tout à fait normal de la capitale, hors sa
-                                                                
-                                                                
-musculature imposante.
-<!--l. 154--><p class="indent" >   Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait
-énormément changé. Il avait profité de l&#8217;argent de la vente des bracelets
-trouvés pour se payer des vêtements normaux, et en suivant ses conseils,
-avait trouvé un petit travail à charger et décharger des caisses de matériel
-depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C&#8217;était peu, mais assez
-pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
-appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
-compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
-de l&#8217;arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
-d&#8217;autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
-et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d&#8217;un videur de
-taverne.
-<!--l. 156--><p class="indent" >   Et malgré leurs différences, tous deux étaient rapidement devenus aussi
-inséparables que deux frères.
-<!--l. 158--><p class="indent" >   Il s&#8217;installa à sa table, et ils commandèrent des boissons. Son ami était
-radieux, il y avait probablement quelque chose de nouveau dans sa
-vie.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelles nouvelles, Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais changer de métier.<br 
-class="newline" />&#8212; Encore<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai décidé de m&#8217;engager dans la garde de la capitale. Tenir une épée me
-manque trop, décidément...<br 
-class="newline" />&#8212; Sérieusement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Hé oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; La garde a une bonne réputation, ce n&#8217;est pas trop compliqué d&#8217;y
-entrer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a des unités d&#8217;élite, qu&#8217;il est difficile d&#8217;intégrer. Mais il y a de la
-place pour y être simple soldat, et après, qui sait...<br 
-class="newline" />Il lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai que tu pourrais bien t&#8217;en sortir. <br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère en tous cas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Ça promet d&#8217;être intéressant. Et toi, comment va
-ton boulot<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 172--><p class="indent" >   Il prit un moment pour boire une gorgée de bière. Il ne savait pas
-comment aborder le sujet.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien... moi aussi, j&#8217;hésite à changer de métier.<br 
-class="newline" />Uhr eut un regard surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; Vraiment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pourtant, tu avais l&#8217;air de te plaire dans celui d&#8217;assassin...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, je m&#8217;y plaisais... Mais... <br 
-class="newline" />&#8212; Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n&#8217;être qu&#8217;une lame bien
-payée.<br 
-class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
-l&#8217;autre les mêmes questions... en moins bien payé, par contre.<br 
-class="newline" />Uhr lui donna une pichenette sur l&#8217;épaule. Il répondit par un sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Et ton maître assassin, il ne va pas apprécier, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, ça, ça va. En fait c&#8217;est plus ou moins lui qui m&#8217;en a parlé en
-premier. Il m&#8217;expliquait qu&#8217;un bon assassin devait avoir un métier
-relativement normal à côté, pour lui servir de couverture. Il m&#8217;a parlé de
-quelques cas d&#8217;assassins qui avaient progressivement choisi leur seconde vie
-à leur première. Il ne parlait pas d&#8217;eux en traîtres. Je me demande s&#8217;il
-se doute de mes sentiments, en fait... Peut-être a-t-il évoqué cela
-exprès<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 185--><p class="indent" >   Il marqua une pause.<br 
-class="newline" />&#8212; La question est, que vas-tu faire à la place<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas encore. C&#8217;est bien le problème.<br 
-class="newline" />Uhr sourit, et termina sa chope.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.<br 
-class="newline" />Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien,
-oui...
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers3x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" >
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 3--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" >   Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! À la fois émerveillé et
-surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n&#8217;est pas qu&#8217;il n&#8217;avait vu
-personne dans le temple, mais l&#8217;attitude des gens y était fort différente. Par
-crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
-soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s&#8217;aimer et se détester, bref, être
-humains. Sans compter qu&#8217;il n&#8217;avait jamais vu la capitale, qui était très
-différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
-d&#8217;enfant.
-<!--l. 8--><p class="indent" >   La rue qu&#8217;il suivait était si animée, malgré l&#8217;heure très matinale, qu&#8217;il
-regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
-il aurait d&#8217;autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
-maître Ernest, qui devait lui enseigner l&#8217;art de l&#8217;épée. Il existait beaucoup
-de maîtres d&#8217;armes, mais Khil avait décidé de l&#8217;envoyer chez le meilleur
-épéiste qui soit.
-<!--l. 10--><p class="indent" >   Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
-s&#8217;adressa au garde qui en gardait l&#8217;entrée.<br 
-class="newline" />&#8212; Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme l&#8217;observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
-blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un
-pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
-qu&#8217;une ceinture à laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vous le novice du temple de Melna<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il vous attend. Venez.
-<!--l. 15--><p class="indent" >   Irdann suivit le garde à l&#8217;intérieur. Un homme d&#8217;une quarantaine
-d&#8217;années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
-archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! C&#8217;était la
-première fois qu&#8217;il en voyait un. On lui avait dit qu&#8217;on croiserait
-toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s&#8217;y attendre.
-L&#8217;archer était vêtu d&#8217;une tunique verte, d&#8217;un pantalon blanc et d&#8217;une
-cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L&#8217;homme
-souriait.<br 
-class="newline" />&#8212; ...mon grand-père fut son maître d&#8217;escrime. À mon tour d&#8217;instruire son
-élève<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Vous pouvez lui dire de me l&#8217;envoyer dès que possible.<br 
-class="newline" />L&#8217;elfe hocha la tête et sourit en retour, à l&#8217;instant où l&#8217;homme aperçut
-                                                                
-                                                                
-Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, excusez-moi un instant. <br 
-class="newline" />Le garde qui l&#8217;accompagnait le présenta.<br 
-class="newline" />&#8212; Un autre élève<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Quelle heureuse coïncidence. Vous a-t-on expliqué les
-modalités d&#8217;apprentissage ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Irdann secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est très simple. Je ne demande pas d&#8217;argent en échange de mon
-enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
-vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
-du temple<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Et puis, être traité comme un soldat, un garde comme les
-autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l&#8217;apprenti paladin. Le
-maître se tourna vers l&#8217;elfe, qui attendait en retrait.<br 
-class="newline" />&#8212; La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.<br 
-class="newline" />L&#8217;archer hocha la tête et quitta la pièce. Un autre élève comme
-lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un elfe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça aussi, c&#8217;était nouveau et excitant. Il savait qu&#8217;il y
-avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou
-deux dans le temple de Melna. Mais il n&#8217;en avait jamais vraiment
-rencontré...
-<!--l. 27--><p class="indent" >   Tout en se laissant guider hors de la pièce, Il se demanda combien
-d&#8217;élèves avait ce maître, et lesquels.
-<!--l. 29--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 31--><p class="indent" >   Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d&#8217;eux. Dans un coin,
-une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
-Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
-pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
-autres. Il n&#8217;y avait aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre
-apportait un peu de lumière dans ce qui n&#8217;était qu&#8217;un dortoir pour gardes,
-semblable à celui qu&#8217;il avait connu pendant un an, lorsqu&#8217;il s&#8217;était
-engagé.
-<!--l. 33--><p class="indent" >   Il choisit un lit qui avait l&#8217;air inoccupé, et posa les quelques possessions
-qu&#8217;il avait dans le coffre. Puis il s&#8217;assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Maître
-                                                                
-                                                                
-Ernest l&#8217;avait jugé digne de suivre son entraînement à l&#8217;épée, et d&#8217;intégrer
-cette unité d&#8217;élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
-qu&#8217;en tant que soldat de base, mais l&#8217;expérience serait sûrement
-très enrichissante. Un collègue garde l&#8217;avait un peu renseigné sur
-les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont
-beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
-suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
-vie...
-<!--l. 35--><p class="indent" >   Ses pensées furent interrompues par l&#8217;entrée d&#8217;un jeune homme, l&#8217;air un
-peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
-sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
-puis désigna le lit à côté du sien.<br 
-class="newline" />&#8212; Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Je m&#8217;appelle Irdann.
-<!--l. 40--><p class="indent" >   Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le
-soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous
-peu, ils allaient probablement dîner ensemble. La tenue de novice
-l&#8217;intriguait.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu viens d&#8217;un temple<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, je suis apprenti paladin. Et toi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier,
-songeait-il, des profils surprenants qu&#8217;il risquait de rencontrer ici. Combien y
-en aurait-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis Uhr. J&#8217;étais un simple soldat jusqu&#8217;à hier, et j&#8217;ai enfin eu le
-droit d&#8217;intégrer cette unité et de suivre l&#8217;apprentissage de maître
-Ernest.
-<!--l. 46--><p class="indent" >   Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
-du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d&#8217;un
-blason.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;où te vient cette arme<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; De mon père. Il me l&#8217;a offerte quand je suis parti pour le temple, quand
-j&#8217;avais onze ans.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais, ils fournissent les armes ici.<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais, c&#8217;était le cas au temple. Mais c&#8217;est essentiellement le seul objet
-qui me vienne de ma famille. Alors je l&#8217;ai gardée.<br 
-class="newline" />Uhr lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux comprendre. Tu viens de loin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Du duché De Vane.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; En effet, c&#8217;est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Et si différent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d&#8217;elfes par
-exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j&#8217;ai eue en en croisant dans les
-rues...<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;imagine, oui. Sais-tu qu&#8217;il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai entendu parler d&#8217;un elfe qui arrive dans quelques jours...<br 
-class="newline" />Il hocha la tête. Le collègue lui en avait parlé. <br 
-class="newline" />&#8212; Une elfe. Il y a aussi un nain.<br 
-class="newline" />Irdann parut surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; Une elfe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Une femme<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Il y a une autre femme aussi dans la garde. Elles ont cette partie du
-dortoir, là-bas. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le jeune homme sembla hésiter et réfléchir quelques secondes, visiblement
-gêné.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais ne sont-elles pas trop faibles<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Enfin, d&#8217;où je viens... ce n&#8217;est pas
-vraiment courant. Voire pas du tout.<br 
-class="newline" />Uhr haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;où je viens, les femmes se battent comme les autres hommes et ne sont
-pas toujours les plus faibles.<br 
-class="newline" />Son interlocuteur, visiblement mal à l&#8217;aise avec la question d&#8217;une femme à
-l&#8217;épée, profita de la diversion.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;où viens-tu, d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Ce fut son tour d&#8217;hésiter. Il n&#8217;avait pas tellement envie d&#8217;étaler son passé
-dans les plaines barbares.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai des origines... modestes...<br 
-class="newline" />Irdann le regarda quelques instants, et lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; De toutes façons, ça ne change pas grand chose. Nous sommes désormais
-soldats, au même rang, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Soulagé de constater qu&#8217;il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
-                                                                
-                                                                
-son sourire.
-<!--l. 76--><p class="indent" >   Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
-tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
-<!--l. 78--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 80--><p class="indent" >   C&#8217;était la première fois qu&#8217;elle voyait une grande ville humaine. Des
-centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
-construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
-bien peu d&#8217;arbres... Et il y avait tant d&#8217;humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! D&#8217;accord, c&#8217;était idiot,
-elle s&#8217;attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; mais ici, il n&#8217;était même pas possible de les
-éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
-maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
-observaient, elle et l&#8217;archer qui l&#8217;accompagnait, d&#8217;un air curieux. Elle se
-rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu&#8217;on disait sur les humains n&#8217;était
-pas toujours très rassurant.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, ne panique pas. Les humains ne sont pas méchants. Et maître
-Ernest est quelqu&#8217;un de très bien. D&#8217;ailleurs, nous arrivons.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers4x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 3--><p class="nopar" >
-<!--l. 5--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 7--><p class="indent" >   Une grande plaine s&#8217;étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse,
-et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au
-centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il
-le savait. Une belle jeune femme apparut debout devant lui. Elle
-portait la longue tunique rouge et or et les attributs des grandes
-prêtresses de Melna. Elle était auréolée de lumière. Il s&#8217;agenouilla devant
-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann, tu es un futur grand paladin.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci, ô grande prêtresse.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai besoin de toi pour une mission importante.<br 
-class="newline" />Il releva la tête, surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; Mon nom est Samantha, et je vis dans ce temple que tu vois, près de la
-ville de Touryre.<br 
-class="newline" />Elle désigna le temple au centre de la plaine.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;y suis la grande prêtresse, mais j&#8217;y vis enfermée. Le personnel du
-temple croit qu&#8217;il est inconvenant pour une prêtresse de quitter l&#8217;endroit,
-alors que tant de gens dans le monde pourraient profiter de mes
-bénédictions. J&#8217;ai besoin de toi pour m&#8217;enfuir.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Crois-moi, j&#8217;ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
-revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu&#8217;il me
-faut, c&#8217;est une légende. Et un héros pour m&#8217;enlever.<br 
-class="newline" />&#8212; Un héros<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur
-toi, Irdann.<br 
-class="newline" />La jeune femme sourit, et disparut subitement. Le décor vacilla quelques
-secondes, puis disparut à son tour.
-<!--l. 21--><p class="indent" >   Irdann ouvrit les yeux. Il faisait nuit, le dortoir était calme à
-part quelques ronflements venant des lits voisins. Quel était ce rêve
-étrange<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 23--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 25--><p class="indent" >   Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante.
-C&#8217;était la première fois qu&#8217;elle envoyait un rêve à quelqu&#8217;un qu&#8217;elle
-ne connaissait pas, c&#8217;est peut-être la raison de la difficulté de la
-tâche.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous allez bien, grande prêtresse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s&#8217;approcha. Elle lui
-sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je te remercie. Juste un peu d&#8217;épuisement.<br 
-class="newline" />L&#8217;avantage d&#8217;être grande prêtresse, c&#8217;est qu&#8217;on lui posait peu de
-questions sur ce qu&#8217;elle faisait dans le temple. L&#8217;inconvénient, c&#8217;est qu&#8217;on
-ne la laissait pas sortir et qu&#8217;elle était surveillée tout le temps...
-Ah quelle malchance elle avait eu de se retrouver prêtresse dans ce
-                                                                
-                                                                
-trou perdu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il
-avait pu quitter son temple, et partir à l&#8217;aventure. Cela l&#8217;avait fait
-rêver. Mais comment sortir du temple<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ils étaient si bornés, si
-butés... impossible de leur faire comprendre... Elle avait essayé, en
-vain.
-<!--l. 32--><p class="indent" >   Elle suivit la jeune novice, munie d&#8217;une bougie, qui la ramenait à sa
-chambre. S&#8217;enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c&#8217;était difficile, les
-prêtres étant pour une bonne partie d&#8217;entre eux formés au combat. Elle
-avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne &#8211; bien
-cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
-d&#8217;hommes armées d&#8217;épées<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
-qu&#8217;il lui fallait un héros. Quelqu&#8217;un qui parviendrait à pénétrer dans le
-temple, pour l&#8217;enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour
-impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
-recherche. Construire une légende, voilà ce qu&#8217;il lui fallait. Une légende, rien
-que ça...
-<!--l. 34--><p class="indent" >   Elle avait envoyé un rêve à ce fameux aventurier prêtre de la capitale.
-Lui était libre comme l&#8217;air, et pouvait lui trouver ce héros. Quelques jours
-plus tard, il lui avait envoyé un rêve en retour, il était à présent beaucoup
-trop loin pour ça. En revanche, il connaissait peut-être l&#8217;homme de la
-situation<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: un jeune apprenti paladin du nom d&#8217;Irdann, qu&#8217;il avait formé à
-l&#8217;épée quelques années plus tôt, et qui finissait sa formation dans la
-garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître
-Ernest.
-<!--l. 36--><p class="indent" >   Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la
-pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu&#8217;il y parvienne...
-Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie
-des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d&#8217;un jeune homme courageux,
-droit, et intelligent. Il pouvait réussir...
-<!--l. 38--><p class="indent" >   À présent, elle ne pouvait qu&#8217;attendre qu&#8217;il se passe quelque chose. Dans
-combien de temps<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il pouvait mettre des jours, voire des semaines à
-arriver... Cette attente allait être longue et insupportable, mais peut-être y
-avait-il la liberté à la clé. Peut-être.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 40--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 42--><p class="indent" >   Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et
-Silwë. Ils formaient un trio à la fois très disparate et redoutablement
-efficace. Visuellement, ils incarnaient respectivement la force brute,
-l&#8217;intelligence posée, et la subtilité. Cela les faisait sourire de savoir qu&#8217;en
-réalité, la petite elfe à l&#8217;air fragile était tout autant capable que les autres
-de manier l&#8217;épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
-qu&#8217;il n&#8217;en avait l&#8217;air. Mais ce petit jeu d&#8217;apparences était à leur avantage, et
-ils n&#8217;hésitaient pas à jouer avec.
-<!--l. 44--><p class="indent" >   Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l&#8217;occasion de
-discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu&#8217;Irdann n&#8217;était pas
-dans son assiette depuis ce matin, mais n&#8217;avait pas osé aborder le
-sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
-l&#8217;entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en
-parla.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai fait un rêve louche, cette nuit.<br 
-class="newline" />&#8212; Raconte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai vu une grande prêtresse de Melna, qui me demandait de l&#8217;aide pour
-la sortir de son temple.<br 
-class="newline" />&#8212; Et c&#8217;est la première fois que tu rêves de grandes prêtresses<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pourtant,
-tu as dû en voir beaucoup durant ton enfance, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? questionna
-Silwë.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui mais... là j&#8217;ai l&#8217;impression que... c&#8217;était différent. Elle était
-extrêmement nette, ainsi que le décor derrière elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Les prêtres de Melna ont-ils la capacité d&#8217;envoyer des rêves<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je crois. Il me semble que c&#8217;est une invocation très difficile, mais c&#8217;est
-pour ça que ce rêve m&#8217;intrigue.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi une grande prêtresse aurait-elle besoin d&#8217;aide pour sortir de son
-temple<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;après elle, le personnel du temple ne veut pas qu&#8217;elle le quitte. Et elle
-souhaite qu&#8217;on vienne l&#8217;enlever... de façon spectaculaire.<br 
-class="newline" />Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.<br 
-class="newline" />&#8212; Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout
-nous raconter en détail<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 57--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
-sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as une idée en tête, c&#8217;est ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Une petite. On se retrouve ce soir à la taverne habituelle, je vous
-explique tout ça.<br 
-class="newline" />&#8212; On ne sait même pas si c&#8217;est un vrai rêve ou un message...<br 
-class="newline" />&#8212; Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
-ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien
-grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
-non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 64--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 66--><p class="indent" >   Elle regarda aux alentours lorsqu&#8217;elle entra dans la taverne. Il y avait pas
-mal de monde, comme d&#8217;habitude, mais ils appréciaient l&#8217;ambiance
-détendue de cet endroit, où se côtoyaient toutes sortes d&#8217;humains. Certains
-soirs, comme celui-ci, des ménestrels ajoutaient un peu d&#8217;animation. Elle
-regarda d&#8217;un &#339;il distrait un joueur de mandoline accompagner de sa
-musique un jongleur de couteaux, tout en cherchant ses amis au milieu de la
-foule.
-<!--l. 68--><p class="indent" >   Elle finit par les apercevoir, à une table un peu à l&#8217;écart. Irdann,
-visiblement essoufflé, venait d&#8217;entrer. Elle leur fit un geste et les
-rejoignit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom
-de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d&#8217;ici.
-Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le
-temple.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête. Il ne s&#8217;agissait donc pas d&#8217;un rêve...<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, maintenant il n&#8217;y a plus qu&#8217;à construire une légende.<br 
-class="newline" />Uhr avait pris un sourire à la fois amusé et mystérieux. Il continua.<br 
-class="newline" />&#8212; Que peut-on trouver de plus épique et légendaire qu&#8217;un mystérieux
-barbare venu de nulle part, pénétrant dans le temple, éliminant ses ennemis
-à mains nues, enlevant la belle prêtresse et s&#8217;enfuyant sur son cheval
-blanc<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle le regarda un instant, légèrement incrédule. Il avait le physique de
-                                                                
-                                                                
-l&#8217;emploi, c&#8217;était évident, mais de là à réussir une telle tâche... Elle jeta un
-&#339;il à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr
-éclata de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est ce que les prêtres et les habitants verront, évidemment. Il va
-falloir mettre en scène tout cela, et on ne sera pas trop de trois,
-croyez-moi.<br 
-class="newline" />Il prit une grande inspiration et se pencha vers l&#8217;avant de la table, abaissant
-la voix.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
-débrouiller pour lui parler d&#8217;une façon ou d&#8217;une autre. Ensuite, faire en
-sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
-exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
-fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
-façon à ce qu&#8217;elle ait l&#8217;air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des
-détails à régler...<br 
-class="newline" />Irdann hocha la tête et prit la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Les prêtres de Melna savent normalement se battre. Ils sont une
-quinzaine dans ce temple, d&#8217;après ce que j&#8217;ai entendu dire. Le reste du
-personnel ne devrait pas poser de soucis je pense... Mais ces prêtres, outre
-des compétences à l&#8217;épée, peuvent lancer des enchantements, et c&#8217;est de ça
-qu&#8217;il faudra se protéger.<br 
-class="newline" />&#8212; Peux-tu préciser<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons...
-De ce fait, les prêtres ne possèdent qu&#8217;un seul enchantement purement
-offensif, il s&#8217;agit bien sûr de l&#8217;invocation de foudre. J&#8217;y suis moi-même
-immunisé, tout comme l&#8217;intérieur du temple, mais tu ne l&#8217;es pas...<br 
-class="newline" />Silwë fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Cette protection peut-elle s&#8217;étendre à d&#8217;autres personnes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Seulement si je m&#8217;interpose entre le ciel et la cible, donc à moins d&#8217;être
-sur le même cheval que vous deux, ça sera compliqué. Et ce serait dommage
-pour la légende que je sois vu... Sans compter le poids que va devoir
-supporter la pauvre bête.<br 
-class="newline" />&#8212; La grande prêtresse ne peut-elle pas l&#8217;immuniser elle-même<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Après
-tout, elle souhaite qu&#8217;on l&#8217;enlève, si j&#8217;ai bien compris...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, à condition qu&#8217;elle puisse coopérer activement, et de plus c&#8217;est un
-                                                                
-                                                                
-risque qu&#8217;on la voit l&#8217;aider...<br 
-class="newline" />Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la
-parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, vous m&#8217;avez donné une très bonne idée. Dans la fuite, il faut que
-vous deux preniez ma place et celle de la prêtresse, d&#8217;une façon ou d&#8217;une
-autre.<br 
-class="newline" />&#8212; En supposant je puisse me faire passer pour toi, effectivement, ça
-règlerait le souci de l&#8217;immunité.<br 
-class="newline" />&#8212; En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
-permettrait aussi de te remplacer... N&#8217;oublions pas que la bataille dans le
-temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
-blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je ne te ressemble
-pas beaucoup, et je t&#8217;assure que, dans mon rêve, la prêtresse n&#8217;est pas non
-plus le style de Silwë...<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; De nuit, à une distance raisonnable, je pense que personne ne verrait le
-changement. Bien sûr, il faut faire l&#8217;échange hors de vue, et le plus
-loin d&#8217;eux possible. On peut même en profiter pour leur faire croire
-qu&#8217;on a pris une sacrée longueur d&#8217;avance, si vous partez de plus
-loin...<br 
-class="newline" />&#8212; Tout ce qu&#8217;ils verront, finalement, c&#8217;est une silhouette masculine, sur un
-cheval, portant dans ses bras une jeune femme dans une robe et ça leur
-suffira<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Exactement. En plus, si ça tourne mal, je peux vous faire confiance pour
-vous défendre et vous cacher efficacement...
-<!--l. 98--><p class="indent" >   Ils firent une petite pause pour commander à manger et à boire. Le plan
-se dessinait lentement.<br 
-class="newline" />&#8212; Il reste l&#8217;introduction dans le temple pour parler à la prêtresse.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë, tu sais faire ça, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Dans une forêt, oui, je peux circuler à peu près partout sans être vue.
-Mais dans un temple, c&#8217;est plus compliqué...<br 
-class="newline" />&#8212; Ne vous inquiétez pas, je connais quelqu&#8217;un qui peut nous aider pour
-                                                                
-                                                                
-ça.<br 
-class="newline" />&#8212; Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse
-aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Surtout qu&#8217;il n&#8217;est pas nécessaire que les doublures aient un costume
-parfait, il suffit que ça soit à peu près ressemblant de loin. Vous ne vous
-approcherez pas des prêtres de toutes façons.<br 
-class="newline" />Irdann, qui semblait un peu gêné, fit part d&#8217;une remarque.<br 
-class="newline" />&#8212; Tout de même, j&#8217;aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
-temple de Melna...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est pour ça qu&#8217;on va essayer au maximum de les assommer, et de
-s&#8217;enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut être une solution.<br 
-class="newline" />&#8212; S&#8217;enfuir d&#8217;un temple endormi, ce n&#8217;est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il faudra ajuster pour qu&#8217;ils soient juste assez sonnés pour être
-peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
-enchantements pour se protéger...<br 
-class="newline" />Silwë fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann, Peux-tu nous faire la liste complète de ce que ces prêtres peuvent
-invoquer, en fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Des charmes de protection, qui rendent la peau plus résistante
-aux armes tranchantes. D&#8217;autres incluant la météo et la végétation,
-mais ce sont plutôt les hauts prêtres qui en sont spécialistes. Je
-me souviens aussi que certains prêtres de mon temple avaient des
-charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour
-d&#8217;eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc
-faire vite, et que nous fassions l&#8217;échange rapidement. Que sais-tu faire, en
-tant qu&#8217;apprenti paladin de la déesse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; À part l&#8217;immunité dont je vous ai parlé, je ne vois rien qui puisse nous
-aider. Mais c&#8217;est déjà pas mal...<br 
-class="newline" />&#8212; Quelle drogue pourrait fatiguer les prêtres juste assez pour qu&#8217;ils soient
-moins efficaces sans s&#8217;en rendre compte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? <br 
-class="newline" />Uhr sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je connais quelqu&#8217;un qui peut nous fournir ça, ne vous inquiétez
-pas.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 121--><p class="indent" >   Silwë soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Qui sont ces gens dont tu nous parles qui peuvent nous aider<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Ou...<br 
-class="newline" />Elle vit son ami sourire de plus en plus.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Ou cette personne, en fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se mit à rire devant son air méfiant.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais vous présenter le type qu&#8217;il nous faut. Un ami à moi,
-capable de s&#8217;introduire dans n&#8217;importe quel bâtiment, et spécialiste en
-poisons.<br 
-class="newline" />&#8212; Un assassin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br 
-class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
-haussant les sourcils.
-<!--l. 131--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 133--><p class="indent" >   Farl terminait son assiette avec appétit. C&#8217;était effectivement une
-excellente adresse, il regrettait de ne pas être venu ici plus tôt. Uhr lui avait
-proposé de le retrouver ici pour un plan bien précis, sans lui donner de
-détails. Tant qu&#8217;à venir, il avait proposé ses services et ceux de son ami
-Eldon pour animer la taverne. Le cachet n&#8217;était pas énorme, mais le repas
-était compris, et c&#8217;était déjà bien pour des ménestrels qui n&#8217;avaient pas
-totalement terminé leur formation. De plus, l&#8217;ambiance était agréable, et le
-public accueillant. La soirée commençait bien. Mais que lui voulait son
-ami<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 135--><p class="indent" >   La gérante s&#8217;approcha en souriant et proposa aux deux artistes une
-nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s&#8217;apprêtait à faire de même
-lorsqu&#8217;il aperçut Uhr s&#8217;approcher de la table. Il souriait.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu nous rejoins<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien sûr. Tu vas me dire ce que tu prépares, enfin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;apporte une nouvelle assiette à la table au fond, si j&#8217;ai bien compris<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-demanda la gérante.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, merci<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Tant qu&#8217;à y être, amenez-en quatre, ajouta Uhr.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 143--><p class="indent" >   Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c&#8217;était la
-première fois qu&#8217;il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en
-soldats &#8211; d&#8217;une tunique brune et cotte de maille &#8211;, mais ils étaient aussi
-surprenants que différents.
-<!--l. 145--><p class="indent" >   Le dénommé Irdann, l&#8217;apprenti paladin, était un grand brun, aux
-cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
-qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d&#8217;hommes avaient l&#8217;air frêles à côté,
-en fait. L&#8217;autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
-cheveux clairs, nommée Silwë. S&#8217;il ne connaissait pas la réputation de la
-garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu&#8217;elle y
-faisait. Ils lui sourirent et il s&#8217;assit à côté d&#8217;eux, pendant que Uhr lui
-détailla leur plan.
-<!--l. 147--><p class="indent" >   Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... c&#8217;est complètement insensé votre histoire.<br 
-class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; S&#8217;introduire dans un temple qui se situe loin d&#8217;ici, enlever la grande
-prêtresse, faire toute cette mise en scène, et s&#8217;enfuir, comme ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;est
-totalement fou.<br 
-class="newline" />Uhr sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu te joins à nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il éclata de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
-légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
-peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques artifices, très
-pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
-moi.<br 
-class="newline" />Il sourit devant leur regard incrédule. Il était toujours vêtu de sa tunique
-orange décorée, plus adaptée à une scène de spectacle qu&#8217;à une mission
-secrète. Il se pencha vers le centre de la table.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vous expliquerai tout cela en détails plus tard, c&#8217;est un peu long à
-raconter. Faites-moi confiance pour le moment.<br 
-class="newline" />Ils terminèrent leurs plats et se levèrent.<br 
-class="newline" />&#8212; Il se fait tard, il nous faut rentrer. On se retrouve demain pour mettre au
-                                                                
-                                                                
-point les détails<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Quand partirons-nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d&#8217;ici
-une dizaine de jours... le temps de tout préparer. Il faut compter le trajet
-aussi.<br 
-class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
-<!--l. 165--><p class="indent" >   Farl rentra seul, son compagnon l&#8217;ayant quitté nettement plus tôt.
-Avait-il eu raison d&#8217;embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ils n&#8217;y gagneraient
-aucune gloire, puisqu&#8217;ils resteraient incognito... Peu d&#8217;argent, sauf s&#8217;ils
-volaient de l&#8217;or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu&#8217;il n&#8217;était
-pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d&#8217;un grand
-troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
-pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 167--><p class="indent" >   Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
-valaient-ils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? S&#8217;ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
-des virtuoses de l&#8217;épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait
-confiance en son ami, qui n&#8217;était pas du genre à tenter des projets insensés
-sans avoir mûrement réfléchi aux risques. Lui connaissait ses amis depuis
-quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu&#8217;il faisait.
-<!--l. 169--><p class="indent" >   Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s&#8217;il y
-avait quelque chose entre l&#8217;elfe et le jeune paladin, qui semblaient très
-familiers l&#8217;un envers l&#8217;autre. Ils l&#8217;étaient aussi avec Uhr, en fait, et
-cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes
-façons.
-<!--l. 171--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 173--><p class="indent" >   Irdann et Farl s&#8217;avançaient dans les rues de Touryre, se dirigeant vers le
-temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se
-fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait
-qu&#8217;ils n&#8217;étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir
-de Talecombe, même à cheval.
-<!--l. 176--><p class="indent" >   Il avait suggéré d&#8217;aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu&#8217;elle
-le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l&#8217;accompagner, en en
-profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient
-                                                                
-                                                                
-préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu&#8217;à
-l&#8217;enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité &#8211; les elfes
-étant peu courants dans cette région &#8211; dont ils pouvaient se passer. Ils
-étaient donc tous deux restés en dehors de la ville, à installer un
-campement discret dans la forêt.
-<!--l. 178--><p class="indent" >   Il avait d&#8217;ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë.
-Oh, il n&#8217;était pas le premier, c&#8217;était certain. La petite elfe, avec ses yeux
-bleus et son air innocent &#8211; malgré l&#8217;uniforme de soldat &#8211; attirait les regards.
-Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
-positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
-depuis qu&#8217;elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu&#8217;elle avait
-connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 180--><p class="noindent" >&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s&#8217;étendait devant
-eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
-tête à Farl, et ils gravirent lentement les marches qui menaient à
-l&#8217;entrée.
-<!--l. 183--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 185--><p class="indent" >   Elle avait hâte que l&#8217;après-midi se termine. La journée avait été
-épuisante. Dans trois jours avait lieu l&#8217;anniversaire de son intronisation, et
-le personnel du temple était en effervescence. À cela s&#8217;ajoutait une
-file incessante de fidèles, venus offrir des cadeaux, demander des
-conseils à la déesse, ou quémander son pardon. Il était rare qu&#8217;elle
-ait besoin d&#8217;invoquer de réels enchantements, souvent un sourire
-encourageant et quelques paroles redonnaient confiance à la plupart des
-villageois.
-<!--l. 187--><p class="indent" >   Les deux derniers visiteurs &#8211; qu&#8217;elle n&#8217;avait jamais vus en ville, mais
-celle-ci était grande &#8211; s&#8217;avancèrent et s&#8217;agenouillèrent, conformément aux
-usages. Pourtant, lorsque l&#8217;un d&#8217;eux releva la tête pour lui adresser les
-paroles habituelles, elle eut un sursaut de surprise. C&#8217;était comme si elle le
-connaissait sans l&#8217;avoir jamais vu... Se pouvait-il...
-<!--l. 189--><p class="indent" >   Elle s&#8217;avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma
-les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C&#8217;était lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Le fameux
-                                                                
-                                                                
-apprenti paladin qu&#8217;elle avait imploré de venir...<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura-t-elle.<br 
-class="newline" />Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis venu à votre demande, Grande Prêtresse. Avec des compagnons.<br 
-class="newline" />Elle jeta un &#339;il au second jeune homme, plus petit, qui sous ses airs
-sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n&#8217;y avait personne qui
-puisse les entendre maintenant, mais d&#8217;autres prêtres et prêtresses
-circulaient régulièrement autour d&#8217;eux, et la grande salle du temple
-ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
-présent peut s&#8217;introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
-quand peut-il vous trouver seule<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
-silence, elle répondit, plus bas encore.<br 
-class="newline" />&#8212; Vers minuit. Dans la partie nord du temple, où sont mes appartements.
-J&#8217;allumerai une bougie à la fenêtre quand je serai seule.
-<!--l. 199--><p class="indent" >   Puis elle fit quelques pas en arrière. Ils se relevèrent et la saluèrent
-respectueusement, et sortirent. En les observant quitter la grande salle du
-temple, elle sentait son c&#339;ur battre. Il était arrivé... et non seulement il
-avait une idée, mais en plus il n&#8217;était pas seul<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Qui étaient ces fameux
-compagnons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 201--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 203--><p class="indent" >   La silhouette sombre, quasi-invisible dans la nuit, escalada lestement le
-mur du temple. Arrivé à son sommet, elle s&#8217;arrêta pour observer la
-cour intérieure. Le bâtiment était calme, et de l&#8217;une des fenêtres, au
-rez-de-chaussée, on voyait vaciller la lueur d&#8217;une bougie. Farl observa
-silencieusement les alentours, et après avoir constaté qu&#8217;il n&#8217;y avait
-personne, désescalada le mur et s&#8217;approcha de la fenêtre.
-<!--l. 206--><p class="indent" >   La prêtresse était assise à son lit, vêtue d&#8217;une longue tunique blanche,
-seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à
-l&#8217;intérieur.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 208--><p class="indent" >   Elle sursauta, et retint un cri.<br 
-class="newline" />&#8212; N&#8217;ayez pas peur, c&#8217;est moi, Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! murmura-t-il.<br 
-class="newline" />Elle reprit son souffle en l&#8217;observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des
-gens de la nuit, mais elle n&#8217;eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui
-accompagnait Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Personne ne vous a vu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non, rassurez-vous.<br 
-class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n&#8217;avait
-été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Que prévoyez-vous de
-faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 216--><p class="indent" >   Il commença ses explications. Samantha l&#8217;écouta attentivement, en
-l&#8217;interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
-elle s&#8217;était assise, le regard dans le vide.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est... insensé. J&#8217;étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
-spectaculaire, et me contenter d&#8217;une évasion discrète... Mais tel que vous
-le préparez, c&#8217;est possible. Et je vais pouvoir vous aider de mon
-mieux.<br 
-class="newline" />Elle rejeta ses cheveux en arrière et se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Tout d&#8217;abord, commença-t-elle, je ne suis pas sûre qu&#8217;il soit nécessaire de
-droguer les prêtres. Dans trois jours, c&#8217;est l&#8217;anniversaire de mon
-intronisation, et le vin coulera à flots. Le soir, tout le personnel sera
-passablement ivre. Par contre, tu peux utiliser un tel statagème pour
-droguer leurs chevaux.<br 
-class="newline" />&#8212; Les prêtres de Melna ont des chevaux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce n&#8217;était pas prévu...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, et nul doute qu&#8217;ils les enfourcheront pour partir à notre poursuite.
-Mais il est relativement simple d&#8217;introduire un produit dans leur abreuvoir.
-Tu sauras préparer ce qu&#8217;il faut<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je pense, même si je ne connais pas la quantité exacte pour un cheval...
-j&#8217;improviserai.<br 
-class="newline" />&#8212; Très bien.<br 
-class="newline" />Elle se mit à marcher dans la chambre, l&#8217;air décidé.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe
-bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier
-visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je
-                                                                
-                                                                
-le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à
-couvrir notre fuite.<br 
-class="newline" />Farl hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Trois jours, c&#8217;est peu mais c&#8217;est tout à fait envisageable. Je vous apporte
-la drogue demain, à la même heure. D&#8217;autres recommandations<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle réfléchit quelques instants.<br 
-class="newline" />&#8212; Méfiez-vous de Feyne. C&#8217;est mon second, il est très intelligent et assez
-puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu&#8217;il porte, insigne de
-son rang. D&#8217;ailleurs, puisque j&#8217;y pense... <br 
-class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
-moyenne, visiblement lourd.<br 
-class="newline" />&#8212; Je m&#8217;étais dit qu&#8217;un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
-sur l&#8217;or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br 
-class="newline" />Il ouvrit le sac qu&#8217;elle lui tendit. Il était rempli de pièces d&#8217;or.<br 
-class="newline" />&#8212; En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sourit et lui fit un clin d&#8217;&#339;il.<br 
-class="newline" />&#8212; Je préférais ne pas voir arriver un héros uniquement attiré par l&#8217;appât
-du gain.
-<!--l. 237--><p class="indent" >   Il lui sourit en retour, prit le sac et sortit silencieusement.
-<!--l. 239--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 241--><p class="indent" >   Le grand jour était arrivé. La fête était grandiose, le temple rempli de
-chants, de louanges et de victuailles. Elle avait enchanté le public en faisant
-fleurir devant tous l&#8217;arbre qui poussait au centre de la grande salle. Le jour
-touchait à sa fin, et les rayons du soleil couchant, entrant par la porte du
-temple, donnaient une teinte orangée, presque enflammée, aux statues qui
-entouraient la pièce.
-<!--l. 243--><p class="indent" >   Tout à coup, elle entendit quelques cris de surprise, venus de dehors, et
-le bruit d&#8217;un cheval lancé en plein galop. Elle se redressa, et prit le même
-air surpris que ses compagnons. Le bruit de sabots frappant le marbre
-s&#8217;approcha, jusqu&#8217;à ce qu&#8217;à la surprise et la peur générale, un cavalier
-surgisse dans la grande salle.
-<!--l. 245--><p class="indent" >   Elle avait beau s&#8217;y attendre, il fallait reconnaître qu&#8217;il était
-impressionnant. L&#8217;homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé,
-                                                                
-                                                                
-vêtu d&#8217;un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets
-rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs
-une épée presque aussi grande que lui, comme s&#8217;il s&#8217;agissait d&#8217;une
-brindille.
-<!--l. 247--><p class="indent" >   Quelques prêtres, un peu moins abasourdis que les autres, tentèrent de
-s&#8217;interposer. Il les envoya bouler d&#8217;un coup de poing ou de pommeau
-d&#8217;épée, puis courut vers elle. C&#8217;était le moment de jouer le grand
-jeu...
-<!--l. 249--><p class="indent" >   À l&#8217;instant où il allait l&#8217;attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
-mine de s&#8217;évanouir dans ses bras.
-<!--l. 251--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 253--><p class="indent" >   Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
-une douce chaleur l&#8217;envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
-même l&#8217;impression que celle-ci brillait de reflets d&#8217;or, mais peut-être était-ce
-une illusion due au crépuscule, et à l&#8217;huile qu&#8217;il s&#8217;était mise sur le
-corps pour paraître plus impressionnant &#8211; huile au final bien inutile,
-car la transpiration aurait eu le même effet. La bénédiction de la
-déesse...
-<!--l. 255--><p class="indent" >   Il poussa un grand cri de rage, mit la jeune femme sur son épaule,
-enfourcha sa monture, et se rua vers l&#8217;entrée de la salle. Les prêtres s&#8217;étaient
-ressaisis, plusieurs avaient empoigné une épée et certains semblaient en
-train d&#8217;invoquer des enchantements.
-<!--l. 257--><p class="indent" >   Les prêtres étaient-ils vraiment ivres, ou étaient-ils si peu doués que
-cela au combat<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? L&#8217;enchantement de protection de la grande prêtresse
-était-il si efficace<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le sentiment d&#8217;être un héros de légende lui donnait-il
-des ailes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou peut-être un peu de tout cela à la fois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Toujours est-il qu&#8217;il
-n&#8217;eut aucun mal à parer les coups d&#8217;épée et à les rendre. Il mit ainsi hors
-combat sept ou huit hommes, à coups de poings et d&#8217;épée, avant d&#8217;arriver
-en bas des escaliers.
-<!--l. 259--><p class="indent" >   C&#8217;est alors qu&#8217;il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours
-sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il ne réfléchit pas
-plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant
-                                                                
-                                                                
-mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui
-risquaient de se mettre sur son chemin.
-<!--l. 261--><p class="indent" >   Alors que le soleil était en train de disparaître et que l&#8217;obscurité
-tombait sur l&#8217;entrée de la ville, un brouillard se leva, aussi soudain que
-dense.<br 
-class="newline" />&#8212; Voilà. Avec ça, ils vont avoir plus de mal à nous suivre...<br 
-class="newline" />Il sursauta presque. La jeune prêtresse s&#8217;était redressée, et le regardait en
-souriant.
-<!--l. 265--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 267--><p class="indent" >   Tapis à l&#8217;entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
-par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l&#8217;arrivée d&#8217;Uhr. Il vérifia
-une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l&#8217;«&#x00A0;échange&#x00A0;»
-efficacement, même si l&#8217;arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
-ces opérations.
-<!--l. 269--><p class="indent" >   Irdann s&#8217;était vêtu, comme Uhr, d&#8217;un pagne et de bottes, et même s&#8217;il
-n&#8217;avait pas la carrure du jeune barbare, il était plutôt crédible de loin. Silwë
-avait enfilé une longue robe rouge et or, que lui avait fourni auparavant la
-prêtresse, et qui l&#8217;aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
-taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s&#8217;apprêtaient à
-enfourcher leur monture.
-<!--l. 271--><p class="indent" >   Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il
-ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas
-d&#8217;herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les
-sens...
-<!--l. 273--><p class="indent" >   Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin
-le grand cri de rage d&#8217;Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l&#8217;instant où la monture épuisée
-passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l&#8217;entrée du
-chemin.
-<!--l. 278--><p class="indent" >   Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
-descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
-invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l&#8217;abri derrière
-                                                                
-                                                                
-le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des
-chevaux au galop, sans s&#8217;arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir
-de soulagement.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous êtes blessés<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelques entailles, rien de critique.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais je ne suis pas sûre qu&#8217;ils s&#8217;en sortent seuls. Même un peu ivres, ils
-sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez vous mettre à l&#8217;abri et vous reposer. Je vais les suivre.
-<!--l. 287--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 289--><p class="indent" >   La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
-compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
-les rênes et avait l&#8217;air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
-tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
-présentes.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n&#8217;ont pas vu le
-changement apparemment. Tout va bien pour le moment.<br 
-class="newline" />Irdann savait qu&#8217;il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est étrange qu&#8217;ils n&#8217;aient pas encore essayé de nous foudroyer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-demanda-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suppose qu&#8217;ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut
-pas dire qu&#8217;ils n&#8217;essaieront pas plus tard...
-<!--l. 295--><p class="indent" >   Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il
-avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n&#8217;était pas très confortable
-d&#8217;être à deux sur le dos nu d&#8217;un cheval. Petit à petit, le brouillard avait
-diminué, peut-être que les prêtres l&#8217;avaient fait se dissiper en partie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou
-bien l&#8217;enchantement de la prêtresse était-il limité dans l&#8217;espace ou
-le temps... Un doute lui parvint, qu&#8217;il finit par émettre à hautre
-voix.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu&#8217;il pouvait lire de son
-visage dans l&#8217;obscurité n&#8217;était pas particulièrement rassurant.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les
-semer, notre monture va fatiguer rapidement.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l&#8217;esprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m&#8217;avais montré
-une rivière et un pont un peu vieux...<br 
-class="newline" />&#8212; Exact. Précise ton idée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu penses qu&#8217;avec quelques bons coups d&#8217;épée dans les cordes et les
-vieux morceaux de bois, il s&#8217;effondrerait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien
-dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si
-bien qu&#8217;il dut presque s&#8217;accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le
-pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les
-broussailles.<br 
-class="newline" />&#8212; On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d&#8217;inquiétude pour la
-vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s&#8217;ils nous suivent. Si tu suis le
-sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
-trop ce qu&#8217;il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
-soucis.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
-la nuit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper
-dans la nuit, et s&#8217;il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux
-que toi. Ils te trouveraient trop facilement s&#8217;ils se mettaient à te
-chercher...<br 
-class="newline" />Il soupira. Elle n&#8217;avait pas tort. Sauf que...<br 
-class="newline" />&#8212; Même avec une longue robe rouge et or<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle marqua une pause.<br 
-class="newline" />&#8212; Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.<br 
-class="newline" />Il tendit le bras et saisit les rênes qu&#8217;elle lui tendit dans sa main
-gauche, tandis qu&#8217;à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu&#8217;elle lui
-tendit.<br 
-class="newline" />&#8212; Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que
-je suis toujours avec toi.<br 
-class="newline" />Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui
-restait.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bonne chance...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu en auras besoin aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 319--><p class="indent" >   La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson.
-<!--l. 321--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 323--><p class="indent" >   Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d&#8217;un
-cheval au galop &#8211; même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus
-très vite. Avec le peu de vêtements qu&#8217;elle portait, elle se retrouvait
-couverte de coupures, de bleus et d&#8217;égratignures. Mais rien de grave,
-heureusement.
-<!--l. 325--><p class="indent" >   Elle n&#8217;avait que peu de temps. Aussi vite qu&#8217;elle le put, elle se glissa sous
-le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
-son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
-de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n&#8217;est pas le
-meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
-la mousse et du lierre.
-<!--l. 327--><p class="indent" >   Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n&#8217;avait pas tout à
-fait terminé...<br 
-class="newline" />&#8212; Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle.
-<!--l. 330--><p class="indent" >   Elle prit une grande inspiration et plongea dans l&#8217;eau.
-<!--l. 332--><p class="indent" >   Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à
-l&#8217;abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le
-pont quand les cordes usées par les coups d&#8217;épées finirent par céder. Dans
-un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont
-s&#8217;effondra.
-<!--l. 334--><p class="indent" >   Un silence suivit, dans lequel elle commença à s&#8217;éloigner doucement et
-silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses
-vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les
-prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L&#8217;un des cavaliers avait
-réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son
-cheval, dans l&#8217;eau, et ses compagnons l&#8217;aidaient à en sortir. La rivière ne
-faisait que quelques mètres de large et n&#8217;était pas très profonde, mais aucun
-des chevaux épuisés n&#8217;avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
-                                                                
-                                                                
-prêtres tentèrent de faire traverser le cours d&#8217;eau à leurs montures, avec
-plus ou moins de succès.<br 
-class="newline" />&#8212; Prends de l&#8217;avance, et essaie de les rattraper<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! cria l&#8217;un d&#8217;eux au
-chanceux qui les attendait de l&#8217;autre côté.<br 
-class="newline" />Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d&#8217;Irdann.
-<!--l. 339--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 341--><p class="indent" >   Silwë avait réussi... Il n&#8217;avait pas vraiment vu ce qui s&#8217;était passé, mais
-il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
-de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
-suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
-l&#8217;accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il valait
-mieux continuer à s&#8217;éloigner.
-<!--l. 343--><p class="indent" >   Il n&#8217;avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
-Il n&#8217;y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
-maintenant pour qu&#8217;il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
-À sa droite, s&#8217;élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais
-un vieux sentier la longeait. S&#8217;il s&#8217;éloignait encore un peu de la rivière, il
-serait enfin invisible, à l&#8217;abri...
-<!--l. 345--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;il commençait un peu à se rassurer, le bruit d&#8217;un galop tant
-redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais
-tomber<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il soupira, se remit en selle &#8211; ou plutôt à cru &#8211; et repartit, malgré
-les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son
-poursuivant était seul. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;eut pas le temps de réfléchir à cette
-question qu&#8217;il déboucha brusquement dans une clairière à l&#8217;extrémité
-de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher
-un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore
-sur un cul-de-sac<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait
-falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou bien
-escalader la falaise<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit
-mied à terre, et, plus par habitude qu&#8217;autre chose, dégaina son épée.
-Combattre le prêtre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Cette idée ne l&#8217;enchentait guère, mais avait-il le
-choix<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d&#8217;or de la
-prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
-                                                                
-                                                                
-figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
-tête. Le prêtre n&#8217;était pas tout près, son cheval devait être fatigué
-lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
-visage.
-<!--l. 348--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 350--><p class="indent" >   Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes
-sylvains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de
-faire traverser leurs montures réticentes, que ce n&#8217;était pas bien difficile. Et
-même sans cela, une forêt n&#8217;était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
-Ce n&#8217;était pourtant pas si compliqué de faire moins de bruit que
-ça...
-<!--l. 352--><p class="noindent" >&#8212; Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! ordonna l&#8217;un d&#8217;eux, qui semblait
-visiblement en charge.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
-boîte.<br 
-class="newline" />Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée.
-La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand
-le pont s&#8217;était effondré. De plus, elle tremblait encore plus que les
-autres.<br 
-class="newline" />&#8212; Alors venez m&#8217;aider à faire traverser celui-là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Vite<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 357--><p class="indent" >   Se cacher était d&#8217;autant plus efficace qu&#8217;ils ne cherchaient personne en
-particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l&#8217;heure
-qu&#8217;ils n&#8217;auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour
-imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses
-bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit,
-avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé
-pour s&#8217;éloigner d&#8217;eux, mais ce n&#8217;était pas suffisant pour lui tenir
-chaud...
-<!--l. 359--><p class="noindent" >&#8212; Là bas, on dirait qu&#8217;il est de retour<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Un prêtre montrait du doigt la silhouette d&#8217;Odal, qui revenait au galop en
-leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
-celui-ci désigna du doigt la direction d&#8217;où il revenait.<br 
-class="newline" />&#8212; Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
-                                                                
-                                                                
-est seule, je pense qu&#8217;il y a un piège...<br 
-class="newline" />Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
-n&#8217;était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
-quelques mots et tendit un bras vers lui.
-<!--l. 364--><p class="indent" >   Un éclair bleu d&#8217;une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se
-dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour
-ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus
-de l&#8217;homme, l&#8217;éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de
-suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
-comme si une sphère invisible l&#8217;avait protégé. Il lui sembla que même
-les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
-suivirent.
-<!--l. 366--><p class="noindent" >&#8212; Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? questionna un
-des prêtres à côté de Feyne.<br 
-class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Allez, en
-route.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais nous sommes deux à n&#8217;avoir pas pu faire traverser nos montures<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Alors restez ici et soyez sur vos gardes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 372--><p class="indent" >   Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux
-et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les
-regarda s&#8217;éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au
-point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les
-deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une
-branche voisine.<br 
-class="newline" />&#8212; Il est fou, Feyne, ou quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, il a cru que c&#8217;était quelqu&#8217;un d&#8217;autre. Il a trop bu je te
-dis.<br 
-class="newline" />&#8212; Parle pour toi, tu empestes le vin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Le prêtre haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Toi aussi. Tiens, tu n&#8217;aurais pas une lampe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il fait de plus en plus
-sombre, je n&#8217;aime pas ça...<br 
-class="newline" />L&#8217;autre fouilla ses poches.<br 
-class="newline" />&#8212; Non, par contre j&#8217;ai des allumettes. On peut allumer un petit
-                                                                
-                                                                
-feu.
-<!--l. 382--><p class="indent" >   Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
-pont. <br 
-class="newline" />&#8212; Au moins, on voit quelque chose, maintenant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! dit l&#8217;un des prêtres avec
-un sourire satisfait.<br 
-class="newline" />Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son
-avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins
-bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l&#8217;air de
-l&#8217;appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
-froid.<br 
-class="newline" />&#8212; Et si quelqu&#8217;un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
-l&#8217;autre.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crois qu&#8217;on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
-Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
-même pas l&#8217;avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
-S&#8217;il fallait en venir là...
-<!--l. 389--><p class="indent" >   L&#8217;homme s&#8217;approcha de l&#8217;arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le
-moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle
-laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers
-son compagnon. Celui-ci s&#8217;était assis et observait les environs, peu
-rassuré.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crains vraiment que quelqu&#8217;un n&#8217;arrive<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il..<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, si le barbare n&#8217;est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter
-un &#339;il aux alentours<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de
-détection, si ça peut te rassurer...
-<!--l. 394--><p class="indent" >   Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements
-marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Détectaient-ils les
-elfes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser
-précisément<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Quelle serait leur réaction s&#8217;ils tombaient sur une elfe
-trempée et peu vêtue<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 396--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 398--><p class="indent" >   Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu&#8217;à faire. Heureusement, même
-s&#8217;il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
-était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
-marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les
-prêtres n&#8217;avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper
-encore. Ivres, certes, mais c&#8217;est peut-être justement ça qui les avait fait
-se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les
-rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les
-broussailles...
-<!--l. 400--><p class="indent" >   Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il ne
-pouvait s&#8217;empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
-et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
-Irdann, et les rares fois où il l&#8217;avait vue s&#8217;entraîner avec ses compagnons,
-elle savait très bien s&#8217;en servir. À mesure qu&#8217;il se rapprochait, il lui sembla
-que le bruit ne s&#8217;éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;était
-plus très loin lorsqu&#8217;il aperçut l&#8217;éclair illuminer le ciel d&#8217;une lueur
-bleutée. Il frissonna. Ce n&#8217;était clairement pas bon signe. Il se mit à
-courir.
-<!--l. 402--><p class="indent" >   Une lueur était apparue, au loin. Il s&#8217;approcha avec précautions. C&#8217;était
-un feu, et deux prêtres s&#8217;y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un
-peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce
-qu&#8217;il en restait. Que s&#8217;était-il passé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et où étaient les autres prêtres, et ses
-compagnons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il s&#8217;approcha encore, en essayant de ne pas faire de
-bruit.
-<!--l. 404--><p class="indent" >   Les prêtres n&#8217;avaient pas l&#8217;air particulièrement rassurés. L&#8217;un d&#8217;eux
-s&#8217;était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec
-précautions. En ville, c&#8217;était différent. Il n&#8217;y avait pas des branches et
-feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l&#8217;invisibilité dans une cité
-consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que
-personne n&#8217;ait envie de faire attention à lui.
-<!--l. 406--><p class="indent" >   Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son
-épée de sa ceinture, paniqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi, sursauta l&#8217;autre. Il y a quatre hommes autour de nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Farl se figea. Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment avait-il vu les yeux fermés<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et
-où<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu&#8217;il y en a deux qui
-nous menaçent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Tu es sûr de toi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence
-des chevaux.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules, hésitant.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne pense pas... Je n&#8217;ai jamais entendu dire que cet enchantement
-pouvait faire ça...
-<!--l. 415--><p class="indent" >   Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l&#8217;ivresse le faisait
-«&#x00A0;sentir&#x00A0;» double, c&#8217;est qu&#8217;il y avait quelqu&#8217;un d&#8217;autre. Où<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et qui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? En
-tous cas, à la réaction des prêtres, ce n&#8217;était pas un de leurs amis... Reste à
-savoir si c&#8217;était un des siens.
-<!--l. 417--><p class="indent" >   Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
-tout de même des zones d&#8217;ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
-lancer, imprégnés d&#8217;un somnifère très puissant, et s&#8217;approcha encore. À
-cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s&#8217;avancer plus le ferait repérer
-de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles
-aussi vite et précisément que possible.
-<!--l. 419--><p class="indent" >   En l&#8217;espace de quelques secondes, les deux hommes s&#8217;étaient effondrés. Il
-poussa un soupir de soulagement, et s&#8217;avança dans la lumière pour
-récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
-bruit dans son dos.
-<!--l. 421--><p class="indent" >   C&#8217;était Silwë. Elle n&#8217;avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
-courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
-couvraient son épaule et son bras droit.
-<!--l. 423--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 425--><p class="indent" >   Farl s&#8217;était retourné brusquement, et elle ne put s&#8217;empêcher de noter
-avec un léger frisson qu&#8217;il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
-noire, qui étaient apparus encore plus vite qu&#8217;il n&#8217;avait bougé. Il resta figé
-quelques instants, immobile, à la fixer.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est moi...<br 
-class="newline" />Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
-                                                                
-                                                                
-restait du pont.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui s&#8217;est passé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pourquoi es-tu trempée et...<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai saboté le pont pour donner de l&#8217;avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
-restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
-besoin d&#8217;aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
-endormis.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci, au fait.<br 
-class="newline" />Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu&#8217;elle. Des
-bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
-de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s&#8217;aplatirent dans un
-buisson.
-<!--l. 434--><p class="indent" >   Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
-s&#8217;arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d&#8217;un cavalier
-mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle se redressa
-doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s&#8217;approcha.
-<!--l. 436--><p class="indent" >   C&#8217;était un prêtre, qui s&#8217;avançait prudemment, en regardant aux
-alentours, l&#8217;épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
-immédiatement.
-<!--l. 438--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 440--><p class="noindent" >&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
-bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.<br 
-class="newline" />&#8212; La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu fais là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Habillé en prêtre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;est-ce qui s&#8217;est passé
-là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vous expliquerai plus tard. C&#8217;est le moment de s&#8217;éclipser, ils ne vont
-pas tarder à revenir.<br 
-class="newline" />Ils s&#8217;éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
-<!--l. 447--><p class="indent" >   Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
-Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
-soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
-une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
-mais attendirent qu&#8217;ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
-                                                                
-                                                                
-questions.
-<!--l. 449--><p class="indent" >   Il leur raconta alors qu&#8217;une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
-robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s&#8217;était
-avancé pour regarder ce qui se passait, il l&#8217;avait assommé et pris sa
-tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n&#8217;avaient pas fait
-attention...<br 
-class="newline" />&#8212; L&#8217;un d&#8217;eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
-Silwë.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Heureusement, le fait d&#8217;avoir échoué l&#8217;a suffisamment convaincu...<br 
-class="newline" />&#8212; Et que s&#8217;est-il passé ensuite<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
-qui n&#8217;était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
-d&#8217;eux, et après être sûr qu&#8217;ils ne m&#8217;avaient pas suivi, j&#8217;ai fait le tour
-pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
-morts<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
-Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Et qu&#8217;est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-demanda Uhr.<br 
-class="newline" />Irdann sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
-tête...<br 
-class="newline" />Ses compagnons sourirent à leur tour.
-<!--l. 460--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 462--><p class="indent" >   Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s&#8217;était passé ce
-soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
-quelques heures de route, ils s&#8217;arrêtèrent enfin et s&#8217;installèrent dans une
-maison isolée et en ruines, qu&#8217;ils avaient apparemment repérée à
-l&#8217;aller.
-<!--l. 464--><p class="indent" >   Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il y avait Uhr, le «&#x00A0;barbare&#x00A0;». Sans
-son pagne, il avait l&#8217;air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait
-impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait
-lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre,
-                                                                
-                                                                
-qui s&#8217;occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la
-jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain
-forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre
-compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou
-d&#8217;espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu&#8217;avait subi la
-jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse,
-nota-t-elle.
-<!--l. 466--><p class="noindent" >&#8212; Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
-assez loin de Touryre, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Irdann était revenu s&#8217;asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
-Uhr hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère. Qu&#8217;en pensez-vous Samantha<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
-bonne distance. Que comptez-vous faire à présent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire,
-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
-mais ne se faisait pas tant d&#8217;illusions que cela sur la réussite de son
-enlèvement.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
-capitale est un bon endroit pour être discret, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux vous confirmer que c&#8217;est effectivement le meilleur endroit pour se
-faire oublier et commencer une nouvelle vie.
-<!--l. 476--><p class="indent" >   Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de
-nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et
-Silwë...
-<!--l. 479--><p class="indent" >   Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que
-variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; Irdann
-le fils du duc, apprenti paladin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; Silwë, future soldat d&#8217;élite elfe, tous les
-trois apprentis d&#8217;un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl,
-enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel.
-<!--l. 481--><p class="indent" >   Tout en s&#8217;enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu&#8217;il allait
-                                                                
-                                                                
-advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu&#8217;elle
-n&#8217;était pas au bout de ses surprises.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers5x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" >
-<!--l. 3--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" >   Sélène jura intérieurement. Elle venait de rater le départ du convoi
-public, composé d&#8217;une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
-de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d&#8217;être escortée des gardes de
-son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
-eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
-seule. La première partie du trajet s&#8217;était passée sans aucun problème, elle
-avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
-journées moins longues.
-<!--l. 8--><p class="indent" >   Elle soupira. On était en milieu d&#8217;après-midi, et il fallait bien qu&#8217;elle
-fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
-alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu&#8217;elle, au
-visage accueillant.<br 
-class="newline" />&#8212; Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
-Mais que fait donc une dame de votre rang seule dans ce modeste
-village<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; À vrai dire... j&#8217;ai subi un léger contretemps. D&#8217;ailleurs, peut-être
-pouvez-vous me renseigner. Je cherche un moyen de traverser la forêt pour
-me rendre en la seigneurie de Assem.<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous savez monter, vous pouvez louer des chevaux et engager
-des hommes pour vous protéger. Je peux vous indiquer quelques
-contacts.<br 
-class="newline" />Sélène réfléchit quelques instants. Elle n&#8217;aimait pas voyager avec beaucoup
-d&#8217;argent sur elle, et n&#8217;était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une
-escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son
-embarras.<br 
-class="newline" />&#8212; En fait, si vous n&#8217;avez pas peur de marcher et que vous n&#8217;êtes pas
-pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte
-est vraiment nécessaire. Il y a beaucoup de bandits dans ces bois. Je peux
-vous recommander...<br 
-class="newline" />La jeune femme sembla réfléchir quelques instants.<br 
-class="newline" />&#8212; Mince, maintenant que j&#8217;y pense, la plupart des hommes disponibles et
-compétents sont déjà partis escorter d&#8217;autres convois à travers la forêt. Ils
-rentreront dans quelques jours.<br 
-class="newline" />À sa mine déçue, elle ajouta<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a bien Zach, qui habite la petite cabane en bordure du village. Il est
-parti plus tôt que les autres, et le connaissant, il sera très rapidement de
-retour, peut-être même l&#8217;est-il déjà. Mais ne partez pas seule avec lui, il est
-un peu...<br 
-class="newline" />&#8212; Un peu... quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />La tenancière haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh ne vous inquiétez pas, il n&#8217;est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
-de vraiment grave avec lui. C&#8217;est même probablement le meilleur guide de la
-région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
-délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
-puis me permettre.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
-<!--l. 23--><p class="indent" >   Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle hésitait. Attendre
-quelques jours n&#8217;était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
-parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D&#8217;un
-autre côté, le «&#x00A0;jeune fille de votre rang&#x00A0;» lui restait un peu en travers de la
-gorge. Elle avait l&#8217;habitude, à l&#8217;université de magie, d&#8217;être traitée comme les
-autres, et n&#8217;aimait pas, lorsqu&#8217;elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
-femme posée et douce, à l&#8217;attitude noble qui sied à son rang. Rien que pour
-cela, l&#8217;idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
-Qu&#8217;avait-elle à perdre à aller voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;était peut-être pas rentré de toutes
-façons.
-<!--l. 25--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
-instant d&#8217;hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu&#8217;à
-une maison. Une partie d&#8217;elle-même sembla presque soulagée de ne voir
-aucune lumière à l&#8217;intérieur. Elle s&#8217;approcha néanmoins de la porte, et
-                                                                
-                                                                
-s&#8217;apprêta à y frapper.
-<!--l. 27--><p class="noindent" >&#8212; Vous cherchez quelqu&#8217;un<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Surprise, elle se retourna vivement. Elle n&#8217;avait pas entendu l&#8217;homme
-approcher dans son dos.<br 
-class="newline" />&#8212; Je cherche un guide du nom de Zach. S&#8217;agit-il de vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est moi.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme était très différent de ceux qu&#8217;elle avait déjà fréquentés. En fait il
-était très différent de tous ceux qu&#8217;elle avait pu voir, qu&#8217;il s&#8217;agisse de nobles,
-de serviteurs, de collègues magiciens ou de paysans. Son air fin et élancé
-rappelait celui des elfes, mais sa barbe et ses oreilles le démentait. Il était
-vêtu d&#8217;une tunique en lin gris et usée, d&#8217;un pantalon de toile épaisse brune,
-et à son côté pendait une épée.<br 
-class="newline" />&#8212; Je cherche à me rendre dans la seigneurie de Assem.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes seule<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous avez une monture<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis seule et à pied.<br 
-class="newline" />Le guide marqua un temps d&#8217;arrêt, hésitant. Il semblait la jauger du regard.
-Peut-être ne la croyait-il pas capable de le suivre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Cela va durer six à sept jours.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça ne m&#8217;effraie pas.<br 
-class="newline" />&#8212; Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
-éviter les attaques. Donc il n&#8217;y aura pas d&#8217;auberge ou de refuge sur le
-chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate
-aussi.<br 
-class="newline" />Il essayait de la faire renoncer, c&#8217;est sûr. Mais le trajet ne l&#8217;effrayait pas. La
-vie à la dure ne lui faisait pas peur, cela lui rappellerait sa première année
-d&#8217;université, avec les paillasses inconfortables pour dormir et le chauffage
-intermittent en plein hiver.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord.<br 
-class="newline" />Il hocha alors légèrement la tête, et fit un pas vers elle. Puis soudain, il
-attrapa un pan de sa robe et le souleva. Elle poussa un cri de colère et de
-surprise en même temps, tout en se dégageant et en reculant d&#8217;un pas.
-Comment osait-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? <br 
-class="newline" />&#8212; Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça.
-Trouvez-vous des bottes.<br 
-class="newline" />Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L&#8217;homme en face était plus
-grand, plus fort qu&#8217;elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait
-pas renoncer maintenant. Ne serait-ce que pour ne pas perdre la
-face.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;aurai les chaussures qu&#8217;il faut demain. D&#8217;autres... détails<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle avait peut-être un peu trop insisté sur le mot «&#x00A0;détails&#x00A0;», mais c&#8217;était
-sorti tout seul, d&#8217;agacement. Il ne releva pas, et se contenta de hausser les
-épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Rendez-vous demain matin, dès les premières lueurs de l&#8217;aube. Je
-m&#8217;occuperai des vivres. Le trajet coûtera cinq pièces d&#8217;or. Marché conclu,
-mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br 
-class="newline" />&#8212; Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
-<!--l. 51--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 53--><p class="indent" >   Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
-voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
-réservait quelques surprises.
-<!--l. 55--><p class="indent" >   Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
-bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu&#8217;à une
-voyageuse. L&#8217;air de défi qu&#8217;elle avait correspondait aussi, bien qu&#8217;il était
-plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
-douceur et obéissance. Alors que sur son geste &#8211; certes à la fois ambigü et
-peu délicat de sa part &#8211; pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes
-qu&#8217;il avait croisé auraient &#8211; selon la situation &#8211; hurlé de peur, manqué de
-s&#8217;évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; elle avait plutôt donné l&#8217;impression de vouloir le
-transpercer d&#8217;une épée. Heureusement qu&#8217;elle n&#8217;en avait pas à ce moment
-là, en fait...
-<!--l. 57--><p class="indent" >   Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c&#8217;était étrange.
-<!--l. 59--><p class="indent" >   Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? D&#8217;habitude,
-les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
-faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
-chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 61--><p class="indent" >   À l&#8217;aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
-                                                                
-                                                                
-avec un manteau brun, et munie d&#8217;un sac en cuir en bandoulière, en
-apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards
-de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris
-foncé.
-<!--l. 63--><p class="indent" >   Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu&#8217;elle mit dans
-son sac sans dire un mot, et ils se mirent en route.
-<!--l. 65--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 67--><p class="indent" >   Sélène regrettait un peu d&#8217;avoir accepté de le suivre. Zach avait un
-rythme de marche très soutenu qu&#8217;il était difficile de suivre. De plus, elle se
-prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
-avait décidé de l&#8217;empêcher d&#8217;avancer. Lui était tellement à l&#8217;aise qu&#8217;il
-semblait que ces mêmes obstacles s&#8217;effaçaient devant lui. Sur une
-racine particulièrement vicieuse, elle s&#8217;étala de tout son long dans des
-branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s&#8217;arrêta pourtant
-instantanément, et se retourna. Pourvu qu&#8217;il évite une remarque
-sarcastique, c&#8217;était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
-tendit simplement la main, et la releva. Elle n&#8217;avait pas osé croiser son
-regard.
-<!--l. 69--><p class="indent" >   Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
-sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
-décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
-pause exprès pour elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Certes, il était midi, mais peut-être qu&#8217;il ne
-s&#8217;arrêtait pas toujours, et mangeait en chemin.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment vont vos pieds<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Parce que vous boitez, depuis trois heures. Ampoules<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle avait essayé de ne pas le montrer, pourtant. Et puis elle n&#8217;avait
-pourtant rien dit, de quoi il se plaignait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle garda le regard fixé sur le
-liseré de la manche de sa robe, évitant son regard. <br 
-class="newline" />&#8212; Oui peut-être. Mais je peux continuer, hein.<br 
-class="newline" />Elle ôta ses bottes et ses chaussettes et retint un gémissement. C&#8217;était
-encore pire que ce à quoi elle s&#8217;attendait.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez tremper vos pieds dans le ruisseau juste là, pendant que je sors de
-                                                                
-                                                                
-quoi manger.<br 
-class="newline" />Le ton s&#8217;était adouci. Venait-elle de passer une sorte de test<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou avait-il
-pitié, finalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle releva les yeux et son regard croisa le sien le temps
-d&#8217;une seconde. Il lui souriait.
-<!--l. 79--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 81--><p class="indent" >   Il était évident que Sélène n&#8217;avait quasiment jamais mis les pieds dans
-une forêt. Elle trébuchait sur chaque branche, chaque racine, sursautait à
-chaque bruit. Pourtant, il ne l&#8217;avait pas entendue se plaindre de la journée,
-il évita donc quelques remarques amusées qui lui brûlaient les lèvres. Il
-remarqua aussi très rapidement qu&#8217;elle n&#8217;avait pas l&#8217;habitude de marcher
-tout court. Non seulement elle s&#8217;était mise à boiter, mais son souffle était de
-plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
-jusqu&#8217;au soir, et quand les ombres s&#8217;allongèrent, il la sentit à bout.
-Ayant repéré un endroit convenable, il s&#8217;arrêta et se tourna vers
-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br 
-class="newline" />Elle répondit immédiatement, d&#8217;un ton presque agacé.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci, mais je vais bien, je peux rester debout, et vous aider.<br 
-class="newline" />Il lui sourit. Décidément, elle avait du cran, et ça lui plaisait.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas la peine de me le cacher, je vois bien que vous êtes épuisée. Il n&#8217;y a
-pas de mal à ça.<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais
-traverser cette forêt ne suivent pas mon rythme comme vous sans se
-plaindre, croyez-moi.<br 
-class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s&#8217;assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
-échapper un léger soupir de soulagement.
-<!--l. 91--><p class="indent" >   Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
-trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
-avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
-même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle avait
-vraiment l&#8217;air épuisée, c&#8217;est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
-étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
-fronça les sourcils. Il se souvenait d&#8217;avoir vu ses pieds presque en
-                                                                
-                                                                
-sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
-tout, ses chaussettes posées à côté d&#8217;elle en portaient toujours les
-traces.
-<!--l. 93--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 95--><p class="noindent" >&#8212; Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sursauta et ouvrit les yeux. Il faisait noir autour d&#8217;elle. Elle cacha
-rapidement ses pieds sous sa robe, en se redressant.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, oui. Je crois que je me suis assoupie, désolée...<br 
-class="newline" />Ah, pourquoi ce moment d&#8217;endormissement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? En fait, elle savait très bien.
-Elle avait tellement mal aux pieds qu&#8217;elle avait profité de l&#8217;absence de
-son guide pour lancer un léger sort. Un qui n&#8217;avait pas besoin de
-son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures
-mineures. Elle eut honte, pourtant ce n&#8217;était pas sa première blessure, et
-d&#8217;habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu&#8217;on s&#8217;entraîne à la magie,
-c&#8217;est même très courant. En plus, c&#8217;était un risque, il aurait pu la
-voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
-moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
-Mais ce n&#8217;était pas un si petit sort qui aurait dû l&#8217;endormir, tout de
-même<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 101--><p class="indent" >   Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
-semblait pas se douter de ce qui s&#8217;était passé. Ouf, elle n&#8217;était passée pas
-loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
-forces, et plus encore le repas qu&#8217;il lui tendit, composé essentiellement de
-pain, de fromage et de lard.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai pu trouver quelques myrtilles pour le dessert. C&#8217;est toujours ça.
-Peut-être que demain, j&#8217;aurai le temps de chasser quelque chose, ça
-améliorera le repas.<br 
-class="newline" />Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Son
-sourire semblait plutôt franc.<br 
-class="newline" />&#8212; Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
-nuit.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous ne dormez pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ce coin de forêt est assez calme, et j&#8217;ai vérifié les alentours. Il n&#8217;y a pas
-de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
-                                                                
-                                                                
-voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
-quelque chose d&#8217;anormal se passe.
-<!--l. 108--><p class="indent" >   Elle sortit la couverture, s&#8217;enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace
-et avant d&#8217;avoir le temps de constater que le sol était bien trop dur, elle
-s&#8217;endormit profondément.
-<!--l. 110--><p class="noindent" > <span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 112--><p class="indent" >   Pendant les quelques minutes où il s&#8217;occupait du feu, de façon à
-s&#8217;assurer qu&#8217;il ne dégénère pas, il observa la jeune femme. Elle était
-épuisée. Peut-être avait-il été un peu rude avec elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Finalement, elle
-suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n&#8217;était pas
-désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s&#8217;annonçaient pas si mal.
-Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l&#8217;esprit. Non, pas
-avec une noble. Surtout sa cliente. Ç&#8217;aurait été une paysanne, ou
-une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
-damoiselle de haut rang, c&#8217;était le meilleur moyen de s&#8217;attirer les pires
-ennuis...
-<!--l. 114--><p class="indent" >   Il se leva en s&#8217;étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
-s&#8217;enroula dans sa propre couverture, de l&#8217;autre côté du feu, et s&#8217;endormit à
-son tour.
-<!--l. 116--><p class="indent" >   Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
-même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
-en se levant, il se rappela que ce n&#8217;était pas le cas de tout le monde. Si on y
-ajoutait les courbatures dues à l&#8217;effort qu&#8217;elle avait fourni la veille,
-le réveil était probablement beaucoup moins agréable pour elle.
-Pourtant, elle suivit sans broncher le même rythme, et semblait un
-peu plus détendue. Il se permit même quelques remarques amusées,
-qu&#8217;elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l&#8217;après-midi, elle lui
-posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu&#8217;ils
-croisèrent.
-<!--l. 119--><p class="indent" >   Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
-aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
-peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
-pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
-                                                                
-                                                                
-avancé. Ce n&#8217;était pas parce qu&#8217;il avait une réputation de sauvage qu&#8217;il ne
-savait pas apprécier quelques bons moments.
-<!--l. 121--><p class="indent" >   Son sang se glaça soudain lorsqu&#8217;il entendit un cri. C&#8217;était sa voix. Si
-elle avait été n&#8217;importe quelle autre fille, il aurait cru à une rencontre
-inattendue avec une araignée. Mais là... Dégainant d&#8217;un même geste son
-épée de sa ceinture et son couteau de sa botte, il se précipita vers le
-camp.
-<!--l. 123--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 125--><p class="indent" >   Elle recula lentement, de façon à garder toujours dans son champ de
-vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
-ils étaient armés l&#8217;un d&#8217;un gourdin et l&#8217;autre d&#8217;une vieille épée. Ne pas
-paniquer. À l&#8217;université de magie, elle s&#8217;était entraînée à combattre
-physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d&#8217;une arme
-lorsqu&#8217;elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n&#8217;avait trouvé
-à la place qu&#8217;une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; mais
-elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
-gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
-maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 127--><p class="indent" >   Elle était si concentrée qu&#8217;elle ne fit même pas attention à ce
-qu&#8217;ils lui dirent. L&#8217;un d&#8217;eux, celui à l&#8217;épée, s&#8217;avança. Elle pivota
-et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
-s&#8217;approcher, coûte que coûte. Qu&#8217;avait-elle à perdre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ces deux brigands
-n&#8217;allaient pas se contentent du peu d&#8217;or qu&#8217;elle possédait de toutes
-façons...
-<!--l. 129--><p class="indent" >   À l&#8217;instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l&#8217;homme au
-gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
-monter, elle dirigea d&#8217;un mouvement brusque la branche vers le visage de
-l&#8217;autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
-pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
-branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s&#8217;avancer vers elle d&#8217;un
-pas.
-<!--l. 131--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;il allait l&#8217;atteindre, il s&#8217;effondra brusquement, à ses pieds. Elle
-n&#8217;eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu&#8217;une main se
-                                                                
-                                                                
-posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
-Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
-bras vers elle, elle donna un grand coup dans son dos, de toutes ses
-forces. Elle sentit un choc, entendit un bruit mat et un gémissement
-étouffé.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, c&#8217;est moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Reconnaissant la voix, elle se retourna. Zach était là, sa main gauche posée
-sur ses côtes, son épée couverte de sang dans la main droite, et un couteau
-aussi sale glissé rapidement dans sa ceinture. Elle regarda alors autour
-d&#8217;elle. Les deux hommes gisaient à terre. Elle lâcha la branche, en
-tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br 
-class="newline" />&#8212; Viens, il ne faut pas traîner ici. D&#8217;autres pourraient venir.
-<!--l. 136--><p class="indent" >   Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l&#8217;emmena au
-pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
-<!--l. 138--><p class="indent" >   Combien de temps s&#8217;était passé lorsqu&#8217;elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Elle l&#8217;ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
-à faiblir. Il n&#8217;avait pas lâché sa main.<br 
-class="newline" />&#8212; Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je connais un endroit où on est sûrs de passer une nuit en sécurité. Nous
-y sommes presque.<br 
-class="newline" />Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
-n&#8217;hésite pas à t&#8217;accrocher de l&#8217;autre à la roche ou à la végétation.
-<!--l. 144--><p class="indent" >   L&#8217;ascension fut difficile, et tenait presque plus de l&#8217;escalade que de la
-marche. Elle devait se tenir sans cesse à la paroi qu&#8217;elle voyait de plus
-en plus mal. Sans compter qu&#8217;elle ne pouvait plus tenir sa robe,
-et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
-avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
-effort<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 146--><p class="indent" >   Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
-léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
-chercha &#8211; en vain &#8211; de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
-autre main s&#8217;aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
-échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s&#8217;arrêta
-                                                                
-                                                                
-une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
-salvatrice.<br 
-class="newline" />&#8212; Tout va bien. Reprends tes appuis, tranquillement. Attrape la racine, au
-niveau de ta tête.<br 
-class="newline" />Ne pas regarder en bas. Ne pas regarder en bas. Tremblante, elle saisit la
-prise qu&#8217;il lui avait désignée, et reposa ses pieds sur un rocher. Puis elle leva
-les yeux vers lui. Il lui adressa un sourire encourageant.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est presque fini.
-<!--l. 151--><p class="indent" >   Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
-Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br 
-class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître
-dans le buisson sombre. Puis ce buisson s&#8217;écarta légèrement, laissant
-entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
-ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu&#8217;à
-lui. Le buisson se replaça sur l&#8217;entrée de la faille, coupant toute
-lumière.
-<!--l. 155--><p class="noindent" >&#8212; Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Dans une petite grotte cachée sur cette falaise. Fais attention, c&#8217;est un
-peu bas de plafond. Il n&#8217;y a que moi qui connaisse cet endroit.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment peux-tu en être sûr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je l&#8217;ai découverte il y a quelques années, je l&#8217;utilise parfois pour stocker
-des choses. Jusqu&#8217;ici, hormis la nourriture, rien n&#8217;a jamais disparu. Mais en
-général, c&#8217;est simplement un lieu de bivouac plutôt confortable. Enfin,
-quand je suis seul.<br 
-class="newline" />&#8212; Quel est ce bruit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? De l&#8217;eau qui coule<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a un petit ruisseau qui se déverse dans une vasque dans un coin de la
-grotte. Ce léger bruit a l&#8217;avantage de masquer nos sons, déjà un peu
-étouffés par la paroi et les buissons. D&#8217;ailleurs, je vais en profiter pour
-remplir les gourdes d&#8217;eau fraîche.
-<!--l. 162--><p class="indent" >   Elle l&#8217;entendit des bruits de pas s&#8217;éloigner rapidement vers le
-fond de la grotte, tandis qu&#8217;elle-même s&#8217;éloignait de l&#8217;entrée de la
-grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Mais comment fais-tu pour t&#8217;y retrouver dans cette obscurité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et pour
-ne pas te prendre la paroi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je ne vois absolument rien...<br 
-class="newline" />&#8212; Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.
-<!--l. 166--><p class="indent" >   Elle l&#8217;entendit revenir et s&#8217;asseoir face à elle. Il prit doucement sa main
-et y déposa la gourde qu&#8217;il venait de remplir. L&#8217;eau était délicieusement
-glacée. Puis il fit de même avec un morceau de pain. Qu&#8217;il connaisse sa
-cachette les yeux fermés, d&#8217;accord, mais qu&#8217;il trouve directement sa
-main...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vois dans le noir, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Ses doigts étaient encore en contact avec les siens, et elle le sentit, pour la
-première fois, marquer un instant d&#8217;hésitation gêné.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai des yeux de chat, il paraît.<br 
-class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
-<!--l. 172--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
-le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
-êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
-mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
-loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
-machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n&#8217;y sentir aucune
-marque de blessure.
-<!--l. 174--><p class="indent" >   Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
-parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Voulait-il éloigner le sujet des «&#x00A0;yeux de chat&#x00A0;»<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Toujours est-il qu&#8217;il
-reprit la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Désolé, on fait mieux question confort. Mais au moins on est en sécurité
-ici.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu penses vraiment qu&#8217;il peut y avoir d&#8217;autres brigands<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle l&#8217;entendit soupirer.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;habitude, ce coin de forêt est plutôt calme, et ça m&#8217;a surpris d&#8217;en voir.
-C&#8217;est ma faute, j&#8217;aurais dû mieux vérifier. Ces deux gars étaient peut-être
-un cas isolé, mais dans le doute...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu emmènes souvent des gens dans cette cachette<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Tu es la première.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 182--><p class="noindent" > <span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 184--><p class="indent" >   Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite,
-l&#8217;ascension, la chute, la cachette... Tout cela devait faire beaucoup pour
-quelqu&#8217;un qui n&#8217;avait pas l&#8217;habitude. Elle semblait un peu choquée, mais elle
-tenait étonamment bien le coup. Ou alors elle cachait-elle très bien son
-trouble<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 186--><p class="indent" >   Il la vit frotter ses mains et ses bras. Avant qu&#8217;il ne fasse une remarque
-sur la température, elle anticipa.<br 
-class="newline" />&#8212; Il fait froid dans cette grotte.<br 
-class="newline" />Il se rappela qu&#8217;elle ne voyait rien, contrairement à lui. Cela devait être
-extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
-retour.<br 
-class="newline" />&#8212; On ne peut pas faire de feu, et l&#8217;humidité n&#8217;aide pas. Installe-toi sur le
-lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
-Ce n&#8217;est pas très confortable, mais c&#8217;est mieux que la roche, et ça isole du
-froid.
-<!--l. 191--><p class="indent" >   Pendant qu&#8217;elle s&#8217;installait, il se rapprocha de l&#8217;entrée et écarta
-légèrement le buisson qui la masquait. L&#8217;autre avantage de cette cachette,
-c&#8217;est qu&#8217;elle faisait un excellent point d&#8217;observation. La forêt était calme.
-Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
-Brigands ou voyageurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Rien d&#8217;inquiétant vue la distance de toutes
-façons.
-<!--l. 193--><p class="indent" >   Il revint vers le fond de la grotte, et ne put s&#8217;empêcher de remarquer que
-Sélène tremblait.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as toujours froid<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, un peu.<br 
-class="newline" />Il marqua une seconde d&#8217;hésitation, et se racla la gorge.<br 
-class="newline" />&#8212; Il reste un moyen de se réchauffer<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: se serrer l&#8217;un contre l&#8217;autre.<br 
-class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna
-vers lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon d&#8217;accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté,
-sinon...<br 
-class="newline" />&#8212; Compris<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il n&#8217;avait pas forcément envie d&#8217;entendre la liste des supplices qu&#8217;elle
-                                                                
-                                                                
-prévoyait de lui faire subir s&#8217;il avait le malheur de laisser traîner une main
-au mauvais endroit. De plus, son ton presque menaçant lui donnait
-l&#8217;impression qu&#8217;elle allait mieux. Et pour être honnête avec lui-même, sans
-cela, il aurait probablement eu froid lui aussi. Il défit sa ceinture qu&#8217;il
-posa près de lui, de façons à garder son épée à portée de main en
-cas de besoin, et s&#8217;enroula dans sa couverture, tout contre la jeune
-femme.
-<!--l. 203--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 206--><p class="indent" >   Zach sentait la transpiration et le cuir de son armure &#8211; qu&#8217;il n&#8217;avait
-même pas enlevée &#8211;, mais elle réalisa subitement qu&#8217;elle-même ne devait
-pas sentir bien meilleur. Elle ne l&#8217;aurait pas admis tout haut, mais elle était
-soulagée de l&#8217;avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
-présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
-de mal à réaliser tout ce qui s&#8217;était passé cette soirée. Il l&#8217;avait sauvée des
-bandits, l&#8217;avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
-seul... Était-il sincère lorsqu&#8217;il lui avait avoué qu&#8217;elle était la première à y
-pénétrer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 208--><p class="indent" >   Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
-incapable de s&#8217;enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
-garder prisonnière ici s&#8217;il le voulait. Que pourrait-elle faire, s&#8217;il décidait
-d&#8217;abuser de la situation<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle chassa cette idée. Il n&#8217;aurait pas attendu ce
-soir pour ça.
-<!--l. 210--><p class="noindent" >&#8212; Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça va<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, oui...<br 
-class="newline" />Son visage n&#8217;était pas tourné vers elle. Il avait dû sentir son trouble aux
-battements de son c&#339;ur.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux te poser une question bête<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, vas-y...<br 
-class="newline" />&#8212; Où tu as trouvé des bottes en si peu de temps, l&#8217;autre jour<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! J&#8217;en ai discuté avec la tenancière de la taverne. Elle a été ravie
-d&#8217;échanger mes jolies chaussures contre une paire de bottines à elle. Même
-si elle m&#8217;a répété plusieurs fois que c&#8217;était une mauvaise idée de partir avec
-                                                                
-                                                                
-toi.<br 
-class="newline" />Il se mit à rire. <br 
-class="newline" />&#8212; Ça ne m&#8217;étonne pas de ma s&#339;ur ça.<br 
-class="newline" />&#8212; Et elle avait parfaitement raison<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: c&#8217;était une mauvaise idée de partir
-avec toi. Tu as vu dans quelle situation je me retrouve<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle marqua une pause, puis se remémora la gérante de la taverne.
-Charmante femme, au teint pâle et aux cheveux roux...<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, attends... c&#8217;est ta s&#339;ur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle n&#8217;avait pas besoin de voir son visage pour savoir qu&#8217;elle venait de
-pointer du doigt quelque chose. La tension dans son corps était explicite.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Oui...<br 
-class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu&#8217;elle avait toujours vu si assuré, si
-calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l&#8217;aise sur ce genre de
-question<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 227--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 229--><p class="indent" >   Il n&#8217;avait pas besoin d&#8217;entendre ses questions ou ses interrogations. Son
-corps à côté du sien semblait lui crier qu&#8217;il se moquait d&#8217;elle. Pourtant elle
-ne disait rien... Peut-être qu&#8217;elle n&#8217;osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il soupira.
-Au point où il en était... <br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai été abandonné bébé, sur le pas d&#8217;une porte. Les gens qui
-vivaient là, des bûcherons, m&#8217;ont recueilli et élevé comme si j&#8217;étais le
-leur. Mais effectivement, j&#8217;admets qu&#8217;il n&#8217;y a pas vraiment d&#8217;air de
-famille.<br 
-class="newline" />Surprise, Sélène se tut quelques instants. Puis elle reprit, légèrement gênée
-à son tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Désolée...<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
-<!--l. 235--><p class="indent" >   Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
-qu&#8217;au début. Il valait mieux qu&#8217;elle se pose des questions sur lui que sur
-tout ce qui s&#8217;était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
-qu&#8217;elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus
-tard.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux te poser une question à mon tour<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules et sourit dans le noir &#8211; l&#8217;avait-elle perçu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est ton tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Ta capacité à voir dans le noir... Ça m&#8217;intrigue beaucoup. Tu n&#8217;aurais pas
-du sang elfe par hasard<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira. Il aurait dû se douter qu&#8217;elle finirait par revenir là-dessus. Il
-arrivait bien à cacher ce don, habituellement, mais en l&#8217;emmenant dans
-cette grotte obscure, il était illusoire de s&#8217;imaginer le garder secret... Elle
-dut sentir sa gêne, et reprit doucement.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu ne veux peut-être pas en parler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non, non... En fait, je n&#8217;en sais pas plus que toi. Rapport à ce que je t&#8217;ai
-dit plus tôt. Je ne connais pas mes géniteurs. Et puis tu sais, d&#8217;où je viens,
-elfe, ce n&#8217;est pas vraiment un compliment.<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais. Je ne disais pas ça pour me moquer, rassure-toi. Tu ne t&#8217;es
-jamais posé la question<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si, à vrai dire. Mais comment savoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Aller voir des elfes, et leur dire
-«&#x00A0;Bonjour, est-ce que tu penses que je peux être ton fils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?»<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il la sentit sourire à cette plaisanterie.<br 
-class="newline" />&#8212; Certes. <br 
-class="newline" />Il hésita à la questionner plus. Elle avait l&#8217;air de connaître un peu le sujet...
-<br 
-class="newline" />&#8212; Comment tu ferais, toi, pour savoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
-exactement comment tu fais<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai pas l&#8217;impression de voir différemment. En fait si je laisse mes yeux
-s&#8217;accoutumer à l&#8217;obscurité, je finis par voir très bien. J&#8217;ai même été très
-surpris de constater que j&#8217;étais le seul de ma fratrie à pouvoir faire ça, je
-croyais ça tout à fait naturel... J&#8217;ai l&#8217;impression que s&#8217;il n&#8217;y avait aucune
-source de lumière, je ne verrais rien. Mais ça n&#8217;arrive jamais, il y a toujours
-un petit quelque chose...<br 
-class="newline" />Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça correspond bien à la vision d&#8217;un elfe. Les nains voient différemment<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:
-ils ont l&#8217;infravision, c&#8217;est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les
-corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
-loups-garous, eux, ont l&#8217;odorat tellement développé qu&#8217;ils ont une aussi
-bonne perception de leur environnement que s&#8217;ils avaient les yeux ouverts en
-                                                                
-                                                                
-pleine lumière. Il reste les vampires, qui comme certains magiciens, ont une
-vision nocturne parfaite grâce à leurs pouvoirs magiques. Ce qui n&#8217;a pas l&#8217;air
-d&#8217;être ton cas.
-<!--l. 254--><p class="indent" >   Zach était impressionné.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;où tu sais tout ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je l&#8217;ai lu.<br 
-class="newline" />À ses battements de c&#339;ur et la très légère tension dans son corps, il sut
-qu&#8217;elle ne disait pas tout à fait la vérité. Il hésitait à la questionner, mais il
-risquait de la braquer. Or, il apprenait tout de même des choses
-intéressantes... Ce fut elle qui reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec
-une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques.
-C&#8217;est plutôt rare cela dit. Vu ta silhouette, il est plus probable que tu aies
-des antécédents elfiques.<br 
-class="newline" />Elle avait ça d&#8217;un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou
-animosité.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est drôle, tu n&#8217;as pas l&#8217;air de considérer cela comme une tare.<br 
-class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;où je viens aussi, c&#8217;est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
-de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
-<!--l. 265--><p class="indent" >   Zach se demanda d&#8217;où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu&#8217;un
-qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou... dans
-ce qu&#8217;elle n&#8217;avait pas dit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
-de sa carrière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des
-autres races humaines, d&#8217;autres n&#8217;en avaient rien à faire, d&#8217;autres les
-admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux, plus
-agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en général de
-donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait d&#8217;en
-rencontrer avant de juger. Il n&#8217;avait jamais croisé de nain, et avait
-entr&#8217;aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n&#8217;ayant pas
-besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n&#8217;aimant pas trop
-voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d&#8217;opportunités. Pouvait-il
-lui-même avoir du sang elfique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;était une question qu&#8217;il n&#8217;avait
-jamais envisagée sérieusement jusqu&#8217;alors. Mais Sélène semblait
-bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n&#8217;était pas du
-                                                                
-                                                                
-bluff.
-<!--l. 267--><p class="indent" >   Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s&#8217;était endormie.
-Bercé par ce rythme régulier et la chaleur de son corps à côté du sien, il ne
-tarda pas à faire de même.
-<!--l. 269--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 271--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;elle ouvrit les yeux, Sélène mit un petit moment à savoir où elle
-était. La grotte était éclairée par la lumière du jour, qui filtrait largement à
-travers le buisson masquant son entrée. Elle pouvait enfin voir à quoi
-ressemblait cette fameuse cachette. Elle était plus petite que ce qu&#8217;elle
-s&#8217;était imaginé<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
-sa main droite alors que l&#8217;entrée n&#8217;était qu&#8217;à quelques mètres à sa
-gauche. Elle s&#8217;assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
-cela.
-<!--l. 273--><p class="indent" >   Zach n&#8217;était plus étendu près d&#8217;elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
-et son épée, sa tunique et son armure. Elle l&#8217;aperçut au fond de la grotte,
-cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s&#8217;écoulait un
-mince filet d&#8217;eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
-silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
-la force qu&#8217;il avait eue lorsqu&#8217;il fallait la hisser la veille au soir...
-Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l&#8217;université
-de magie, mais elle n&#8217;avait pas forcément eu le loisir de les voir à
-demi-nus.
-<!--l. 275--><p class="indent" >   Elle réalisa soudainement que ce n&#8217;était peut-être pas très convenable
-de l&#8217;observer ainsi, d&#8217;autant plus qu&#8217;il ignorait probablement qu&#8217;elle était
-éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br 
-class="newline" />&#8212; Ouille<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Le plafond était effectivement bas. Entendant cela, Zach se retourna. Il lui
-sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien dormi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, à part le choc du réveil...<br 
-class="newline" />Elle chercha tout d&#8217;abord à ne pas le regarder, puis constata qu&#8217;il ne
-semblait nullement gêné d&#8217;être torse nu devant elle. Elle remarqua alors une
-marque rouge, longue d&#8217;une dizaine de centimètres, sur son épaule
-                                                                
-                                                                
-gauche.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu as là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu t&#8217;es blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il regarda son épaule.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, ça... Je me suis pris un mauvais coup, il y a dix jours. Rien de
-grave.<br 
-class="newline" />&#8212; Fais voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 286--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 288--><p class="indent" >   Sélène s&#8217;approcha, s&#8217;accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
-examina la coupure d&#8217;un air critique. Certes, ce n&#8217;était pas un coup si
-anodin... Même s&#8217;il avait déjà connu pire. Et la blessure était en bonne voie
-de cicatrisation.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu n&#8217;avais pas pu recoudre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pas vraiment...<br 
-class="newline" />&#8212; Ne bouge pas.<br 
-class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
-quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
-transportant ce même sac, et n&#8217;y avait pas prêté attention dans l&#8217;urgence.
-Maintenant qu&#8217;il avait le temps de se poser la question, son contenu
-l&#8217;intriguait.
-<!--l. 294--><p class="indent" >   Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
-qu&#8217;elle ouvrit.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais, ça va, ne t&#8217;en fais pas pour moi.<br 
-class="newline" />&#8212; Donne ton épaule.<br 
-class="newline" />Le ton était calme, mais ferme. Presque surpris lui-même, il obéit. Elle
-étala délicatement un baume sur sa blessure. Il piquait légèrement, mais
-son odeur était agréable.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va accélérer la cicatrisation, expliqua-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, merci.<br 
-class="newline" />Il ne savait pas quoi répondre d&#8217;autre. Certes, il avait l&#8217;habitude de se
-débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une
-petite aide spontanée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et puis, le contact de sa main n&#8217;était pas
-désagréable.
-<!--l. 302--><p class="indent" >   Il se leva, et alla ramasser ses affaires.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tu veux, tu peux profiter de la vasque au fond pour te rafraîchir. Je
-vais faire un tour pendant ce temps.<br 
-class="newline" />Il lui adressa un sourire rapide, et sortit. Le soleil était déjà haut dans le
-ciel, et il savait qu&#8217;ils allaient devoir repartir rapidement, mais après ce
-qu&#8217;ils avaient vécu hier, prendre un peu de temps ne serait pas forcément
-perdu. Adossé à la paroi, debout sur la petite corniche en dessous de
-l&#8217;entrée de la grotte, il finissait de s&#8217;équiper tout en réfléchissant. Cette
-Sélène était décidément hors du commun... Quels secrets cachait-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-D&#8217;où tenait-elle tout ce savoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Quelles autres surprises l&#8217;attendait avec
-cette étrange voyageuse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il réalisa alors qu&#8217;il s&#8217;était mis à la tutoyer depuis
-la veille au soir. Elle aussi. S&#8217;en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça n&#8217;avait pas eu
-l&#8217;air de la choquer...
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers6x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" >
-<!--l. 3--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" >   Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
-magnifiquement décorée, mais l&#8217;impressionnait bien moins qu&#8217;avant, et son
-air était décidé.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, Aldariel. J&#8217;ai réfléchi à ce que tu m&#8217;as dit.<br 
-class="newline" />Son père lui souriait. Avait-il l&#8217;intention d&#8217;accepter<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Nous savons tous les deux que ce serait un grand honneur pour le clan
-d&#8217;avoir l&#8217;un des nôtres qui participe au grand tournoi humain de tir à l&#8217;arc,
-organisé par le duc De Vane. Mon confrère appréciait particulièrement
-ma venue, même bien après que ma blessure m&#8217;empêche de viser
-droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes
-sylvains.<br 
-class="newline" />Aldariel n&#8217;ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai discuté avec ton professeur de tir à l&#8217;arc, qui trouve que tu la
-surpasses quasiment. Nous pensons que tu ferais honneur au clan en
-participant à ce tournoi.<br 
-class="newline" />Elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Cependant... J&#8217;ai peur pour toi.<br 
-class="newline" />Son visage se ferma. Le convaincre allait être compliqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Les humains n&#8217;aiment pas toujours les elfes, tu le sais.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais tu as déjà été chez les humains non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ils sont si... différents<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Si
-dangereux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est différent. Déjà c&#8217;était il y a plus de dix ans, et les choses ont pu
-changer. Ensuite, tu es une femme.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça change quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez
-les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à
-leurs parents ou maris... on n&#8217;imaginerait pas les voir se promener
-seules.<br 
-class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d&#8217;incrédulité.<br 
-class="newline" />&#8212; Sérieusement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je l&#8217;ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n&#8217;est pas le cas dans
-toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De
-Vane, c&#8217;est le cas.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu penses que c&#8217;est vraiment dangereux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Laisse-moi terminer. Je ne veux pas que tu y ailles seule, c&#8217;est tout. J&#8217;ai
-cherché le compagnon idéal pour te protéger.<br 
-class="newline" />Aldariel leva les yeux au ciel. Si son père savait qu&#8217;elle n&#8217;était plus aussi
-innocente qu&#8217;elle n&#8217;en avait l&#8217;air... Enfin bon, s&#8217;il fallait supporter un garde
-ou deux pour avoir un peu de liberté, ça pourrait peut-être le faire. Et puis
-il pourrait être sympathique, voire... plus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
-humains.
-<!--l. 29--><p class="indent" >   Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
-d&#8217;une tunique mi-longue verte, d&#8217;un pantalon blanc, et des bottes.
-Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
-fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
-princesse.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci. Silwë, je te présente ma fille, Aldariel.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules
-chez les humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez
-les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le
-maniement de l&#8217;épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te
-protéger.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça veut dire que tu me laisses y aller<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. J&#8217;ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l&#8217;invitant à vous
-accueillir toutes les deux.<br 
-class="newline" />Aldariel retint un cri de joie.
-<!--l. 39--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 41--><p class="indent" >   Silwë était debout face à une table où s&#8217;étalait une carte, dans un salon
-du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s&#8217;attendait pas
-à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! C&#8217;était un grand
-honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
-que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
-mission...
-<!--l. 43--><p class="indent" >   Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
-professeur particulier de tir à l&#8217;arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
-la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu&#8217;en
-était-il en réalité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Que serait le trajet avec elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Allait-elle devoir
-jouer les serviteurs, en plus d&#8217;être son garde du corps<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle n&#8217;était
-certainement pas très douée pour la première des tâches, en tous cas. Et
-savait-elle se défendre un minimum, ou allait-elle devoir la protéger à
-chaque pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? En tous cas, elle avait eu l&#8217;air vraiment heureuse de
-partir à l&#8217;aventure. Pouvait-elle l&#8217;en blâmer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle-même l&#8217;avait été
-aussi...
-<!--l. 46--><p class="indent" >   C&#8217;est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
-une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
-remplacé ses jolies sandales, et elle n&#8217;avait gardé pour bijou que son fin
-diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à
-la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d&#8217;archerie,
-                                                                
-                                                                
-en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée
-correctement.
-<!--l. 48--><p class="indent" >   Elle s&#8217;apprêta à s&#8217;incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
-s&#8217;abstenir. Elle s&#8217;approcha de la table.<br 
-class="newline" />&#8212; Quel est notre trajet<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Silwë lui montra la carte étalée sur la table.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;abord nous allons sortir de la forêt des elfes par ici, en quelques jours
-nous y serons. Après il nous faut traverser cette région des humains. Trois
-ou quatre jours. C&#8217;est proche de la capitale humaine, où on trouve de
-tout, et les gens y sont assez ouverts d&#8217;esprit, et plutôt accueillants.
-Attendez-vous à des regards curieux, ils ne voient pas des elfes tous les jours
-non plus.<br 
-class="newline" />&#8212; On ne verra pas la capitale<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />La jeune princesse prit un air déçu.<br 
-class="newline" />&#8212; Non, j&#8217;en suis désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous
-n&#8217;avons pas tellement le temps...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est dommage... On m&#8217;a dit que cette ville est très belle. N&#8217;est-ce pas là
-que tu as vécu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines
-personnes qui y vivent.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Et croyez-moi, ça me ferait plaisir d&#8217;y retourner... Peut-être
-pourrons-nous y passer au retour<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Comment dort-on chez les humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Nous irons dans des auberges.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela veut dire qu&#8217;on va aussi manger de la nourriture des humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-C&#8217;est bon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est différent, mais très bon aussi. Ne vous inquiétez pas pour ça. Elle
-se retourna vers la carte.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus
-à l&#8217;aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne
-connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n&#8217;aurons
-aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je
-dirais.<br 
-class="newline" />Aldariel pointa du doigt la zone de l&#8217;autre côté.<br 
-class="newline" />&#8212; Et cette région, c&#8217;est celle du duc De Vane<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Presque, c&#8217;est celle d&#8217;un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et
-encore celle-ci, avant d&#8217;arriver, après deux jours, au château du duc, enfin.
-C&#8217;est cette région qui est particulière<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: ils n&#8217;aiment pas trop les elfes
-et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y
-ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux
-dieux.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qu&#8217;on fera<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Cela ne veut pas dire qu&#8217;ils vont nous attaquer, en principe, ils
-respecteront votre couronne de princesse et votre rôle d&#8217;ambassadrice. Mais
-on n&#8217;y sera pas forcément très bien vues. Au pire, on évitera les villages, et
-c&#8217;est tout.<br 
-class="newline" />&#8212; Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
-d&#8217;ailleurs que notre venue puisse changer &#8211; un petit peu &#8211; les choses... Mais
-nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
-dire.
-<!--l. 72--><p class="indent" >   Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu&#8217;elle vérifiait
-son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
-qu&#8217;elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
-elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
-Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague.
-Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois
-protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
-fournissait un morceau de sangle en cas de besoin. Là encore, c&#8217;était un
-souvenir pratique de chez les humains. Puis elle vérifia le contenu de
-son sac. Tout était bon. Sauf peut-être de quoi se soigner en cas de
-problèmes. D&#8217;accord, il n&#8217;y aurait probablement pas de problèmes.
-Mais...<br 
-class="newline" />&#8212; Princesse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle hésita une seconde. Est-ce que ce genre de chose se demande à une
-princesse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />La jeune princesse sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; En effet. Je pensais d&#8217;ailleurs emmener quelques baumes et de quoi
-                                                                
-                                                                
-panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle poussa un soupir de soulagement.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, tout à fait.<br 
-class="newline" />La princesse sourit, puis ajouta.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce que je peux te demander quelque chose d&#8217;un peu... inhabituel<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh... oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; À l&#8217;instant où on quitte le village des elfes, arrête de m&#8217;appeler princesse.
-Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S&#8217;il-te-plaît.<br 
-class="newline" />Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps. <br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord.
-<!--l. 89--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 91--><p class="indent" >   Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
-lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
-angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
-Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
-voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n&#8217;était pas encore
-montée.
-<!--l. 93--><p class="indent" >   Trois jours qu&#8217;elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
-d&#8217;après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
-effrayée, elle n&#8217;avait pas quitté sa compagne &#8211; qui semblait très à l&#8217;aise &#8211;
-d&#8217;une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
-et elles s&#8217;étaient dirigées vers l&#8217;auberge. Le repas qui y avait été servi &#8211; une
-soupe de légumes et de lard, avec du pain des humains &#8211; avait été une
-nouvelle surprise. Sa compagne l&#8217;avait dévoré avec appétit, mais
-elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il
-paraît qu&#8217;on s&#8217;y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait
-bien.
-<!--l. 96--><p class="indent" >   À cet instant, Silwë entra dans la pièce.<br 
-class="newline" />&#8212; Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n&#8217;es pas encore
-couchée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;avoue que... ces lits m&#8217;intriguent...<br 
-class="newline" />Elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tu ne te sens pas à l&#8217;aise, tu peux toujours t&#8217;enrouler dans ta
-                                                                
-                                                                
-couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d&#8217;être plus épaisses
-pour être aussi chaudes, c&#8217;est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais
-elles sont très bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 102--><p class="indent" >   Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement
-entre les draps. Un peu hésitante, elle l&#8217;imita. Ce n&#8217;était pas aussi
-inconfortable qu&#8217;à première vue, finalement.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Rappelle-toi que les humains voient très mal dans l&#8217;obscurité, ainsi ils
-utilisent beaucoup plus de lampes que nous. Imagine-toi que là, pour lire, ils
-ont besoin de lumière supplémentaire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça doit être difficile d&#8217;être un humain<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
-extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
-solutions<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
-ressources et d&#8217;idées, parfois...
-<!--l. 109--><p class="indent" >   Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
-remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
-leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
-sourcils. Un homme s&#8217;était éloigné à la table la plus loin d&#8217;elles lorsqu&#8217;elles
-étaient entrées dans la taverne.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi certains humains nous détestent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle l&#8217;entendit soupirer.<br 
-class="newline" />&#8212; Déjà parce que nous sommes différents. Pour certains, avoir des oreilles
-pointues ou pas de barbe, ça suffit. Ensuite, je crois que certains
-nous envient. Ils nous trouvent plus beaux, plus intelligents, plus
-agiles. D&#8217;autres voient plutôt que nous sommes plus frêles, moins
-forts physiquement, que nous vivons dans les arbres, et nous voient
-comme des animaux sauvages. Il y a peut-être souvent un mélange des
-deux...<br 
-class="newline" />Elle marqua une pause, puis reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Et il y a, surtout, la différence des m&#339;urs. Tu sais, depuis mon retour,
-j&#8217;ai un cousin qui m&#8217;ignore royalement, parce que soi-disant, je suis
-«&#x00A0;devenue humaine&#x00A0;». Comme quoi, il ne faut pas grand chose... Et
-puis il y a autre chose aussi. Les humains ne contrôlent pas leur
-fertilité.<br 
-class="newline" />&#8212; Sérieusement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu&#8217;il est très mal
-d&#8217;avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est un peu vrai chez nous, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez
-coincés sur le sujet... Ajoute à ça le fait que certains considèrent qu&#8217;une
-femme doit être soumise, et je te laisse imaginer la réputation qu&#8217;on peut
-avoir auprès d&#8217;eux...<br 
-class="newline" />&#8212; Forcément, vu comme ça...<br 
-class="newline" />&#8212; Cela dit, ne t&#8217;inquiète pas trop, ça ne veut pas dire qu&#8217;on est en danger
-chez les humains. Je crois te l&#8217;avoir déjà dit, mais même s&#8217;ils ne
-nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
-de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
-simplement parce qu&#8217;ils n&#8217;ont pas envie de s&#8217;en mêler. Donc pas
-d&#8217;inquiétude.
-<!--l. 122--><p class="indent" >   Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d&#8217;autres
-questions qu&#8217;elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les nains, par exemple,
-en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Mais elle entendit à sa respiration qu&#8217;elle s&#8217;était
-endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
-qui viennent.
-<!--l. 126--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 128--><p class="indent" >   La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
-elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de
-nouveau à son aise, bien qu&#8217;elle se soit accoutumée très rapidement. Elle
-avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce
-matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins
-bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d&#8217;Aldariel était
-vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
-une amie et non une princesse.
-<!--l. 130--><p class="indent" >   C&#8217;est vers le début de l&#8217;après-midi qu&#8217;elles entendirent un bruit
-inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
-puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s&#8217;approcher prudemment. À
-cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns
-                                                                
-                                                                
-des autres, ce qui leur permit d&#8217;arriver de façon très discrète. Quelques
-minutes plus tard, la scène s&#8217;étalait sous leurs yeux.
-<!--l. 132--><p class="indent" >   Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
-décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval &#8211;
-certains avaient mis pied à terre &#8211; les défendaient contre un groupe de
-pillards qui les avaient pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant
-quelques secondes, surprise. Les soldats avaient fort à faire, avec les brigands
-qui semblaient chercher à atteindre le carosse décoré en priorité. Il ne
-restait qu&#8217;un garde pour défendre le second, d&#8217;où elle vit apparaître une
-tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de
-fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
-difficilement.
-<!--l. 134--><p class="indent" >   Aldariel n&#8217;était plus à côté d&#8217;elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
-et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
-jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
-dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
-bataille.
-<!--l. 136--><p class="indent" >   Le trait fin et meurtrier, partant de l&#8217;arbre, toucha dans la nuque l&#8217;un
-des brigands, qui s&#8217;effondra. L&#8217;un des survivants, méfiant, fit signe à
-son comparse de rester face au garde pendant qu&#8217;il allait voir ce
-qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
-retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise,
-qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la
-poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu&#8217;à être au bord
-du sentier. Le brigand restant, le plus fort des trois, avait acculé le
-garde jusque contre la porte du carosse, et lui avait porté un coup
-violent au bras droit, lui faisant lâcher son épée. Parant les coups
-qu&#8217;il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
-soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son
-adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la
-carrure imposante de l&#8217;homme qui s&#8217;effondrait lentement, et disparut à
-nouveau dans le buisson. Une seconde avant d&#8217;être parfaitement
-dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l&#8217;autre carosse, un
-quatrième homme qui courait vers elle. Il l&#8217;aperçut, et ouvrit la
-                                                                
-                                                                
-bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
-second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
-l&#8217;&#339;il.
-<!--l. 138--><p class="indent" >   Elle rejoignit Aldariel dans l&#8217;arbre et lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci, c&#8217;était tout juste.<br 
-class="newline" />Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat
-seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre
-ce qui s&#8217;était passé. À côté de l&#8217;autre carosse, les autres gardes avaient repris
-le dessus sur les brigands, et les survivants étaient en fuite. Elle
-remarqua alors que sa compagne, qui n&#8217;avait pas bougé, tremblait
-légèrement.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est la première fois que tu tires sur quelqu&#8217;un<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui...<br 
-class="newline" />Elle lui posa la main sur l&#8217;épaule, doucement.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.
-<!--l. 146--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 148--><p class="indent" >   Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
-premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d&#8217;instinct, sans trop
-réfléchir. Était-ce une bonne idée de s&#8217;impliquer dans un combat d&#8217;humains
-qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pourtant son amie avait fait de même.
-Elles avaient failli être vues d&#8217;ailleurs... Elle réalisa qu&#8217;elle avait
-laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et qui étaient ces
-gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Trop de questions se bousculaient dans son
-esprit.
-<!--l. 150--><p class="indent" >   Elles s&#8217;arrêtèrent face à une large rivière, qu&#8217;elles longèrent jusqu&#8217;à
-trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait
-à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
-cours d&#8217;eau. Ils les aperçurent avant qu&#8217;elles n&#8217;aient le temps de se cacher.
-D&#8217;abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent
-rapidement vers elles. Elle reconnut l&#8217;un des brigands qui avait attaqué les
-voyageurs... Le premier souriait.<br 
-class="newline" />&#8212; Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
-ce soir...<br 
-class="newline" />&#8212; Méfie-toi, elles sont armées quand même.<br 
-class="newline" />&#8212; Et alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Moi aussi.<br 
-class="newline" />Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle
-entendit son amie dégainer son épée à côté d&#8217;elle, et s&#8217;adresser à
-eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites
-encore un pas, et vous êtes morts.<br 
-class="newline" />Deux des hommes hésitèrent. Le premier qui avait parlé ne sembla pas
-prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle
-prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s&#8217;effondra à
-ses pieds, la poitrine transpercée d&#8217;une flèche. Silwë était restée en garde à
-ses côtés et n&#8217;avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et
-s&#8217;éloignèrent rapidement.
-<!--l. 158--><p class="noindent" >&#8212; Bien joué, Alda.<br 
-class="newline" />Son amie était allée rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis
-était revenue près d&#8217;elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de
-l&#8217;admiration dans son regard.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, on la traverse cette rivière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, oui... Est-ce qu&#8217;on va croiser d&#8217;autres brigands dans cette
-forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Silwë, qui s&#8217;avançait déjà dans l&#8217;eau, haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
-va s&#8217;éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.
-<!--l. 165--><p class="indent" >   Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
-moment, sans rien dire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, Aldariel<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.<br 
-class="newline" />Son amie la prit par les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as fait exactement ce qu&#8217;il fallait faire. Tu es une vraie combattante,
-maintenant.<br 
-class="newline" />Elle sourit.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers7x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 1--><p class="nopar" >
-<!--l. 3--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 5--><p class="indent" >   Elle se concentra sur le pot qu&#8217;elle tenait entre les mains, et murmura
-une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble,
-grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire
-satisfait.
-<!--l. 7--><p class="indent" >   Elle posa le pot par terre et se redressa en soupirant. Connaître les
-grands enchantements de la déesse et les utiliser pour être fleuriste, c&#8217;était
-un peu triste, c&#8217;est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
-rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
-qu&#8217;on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
-n&#8217;était pas inutile.
-<!--l. 9--><p class="indent" >   Cela faisait presque deux ans qu&#8217;elle s&#8217;était enfuie avec Uhr et ses amis,
-et les rumeurs qu&#8217;ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
-Si tout le monde parlait de ce mystérieux enlèvement, l&#8217;histoire se
-modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
-plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d&#8217;entendre des
-récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
-lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
-Touryre.
-<!--l. 11--><p class="indent" >   En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
-installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En
-même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour
-intérieure où elle faisait pousser ses plantes pour pénétrer dans la boutique.
-Malgré l&#8217;heure tardive, quelqu&#8217;un venait d&#8217;y entrer.
-<!--l. 13--><p class="indent" >   Un soldat se tenait dans l&#8217;entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
-d&#8217;une cotte de mailles sur d&#8217;une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
-des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
-complétait sa tenue. Elle lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Tu as fini ta journée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, enfin. Ce n&#8217;était pas de tout repos...<br 
-class="newline" />&#8212; Quel genre de problème<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, rien de très grave. Mais devoir annoncer à une femme la mort
-tragique de son compagnon, ce n&#8217;est jamais drôle...<br 
-class="newline" />Il s&#8217;assit sur un petit siège, pendant qu&#8217;elle fermait la boutique.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle devait être effondrée...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, et je t&#8217;avoue que j&#8217;étais plutôt mal à l&#8217;aise. Surtout que c&#8217;est plutôt
-le genre magicienne spécialisée dans le combat que douce et délicate épouse
-éplorée...<br 
-class="newline" />&#8212; Aïe. Elle n&#8217;a pas trop mal réagi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, comme quelqu&#8217;un qui apprend la mort de son compagnon, que
-veux-tu...<br 
-class="newline" />&#8212; Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
-incendie ravageur.<br 
-class="newline" />Sam frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
-prêtres, au moins n&#8217;étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
-avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son
-«&#x00A0;enlèvement&#x00A0;» ne s&#8217;était pas fait dans la délicatesse...
-<!--l. 28--><p class="indent" >   Elle prit un tabouret, s&#8217;assit à côté de lui et lui prit le bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
-ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne suis pas chargé directement de l&#8217;enquête. Mais d&#8217;après ce que j&#8217;ai
-compris, l&#8217;un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la
-magie. L&#8217;autre était un soigneur et métamorphe.<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils. Elle ne s&#8217;intéressait pas vraiment aux différentes
-branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des
-magiciens, et pourtant elle n&#8217;avait jamais entendu parler de métamorphose.<br 
-class="newline" />&#8212; Métamorphe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça existe, ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas, visiblement oui.
-<!--l. 35--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 37--><p class="indent" >   Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l&#8217;interpellait.
-Depuis qu&#8217;il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
-                                                                
-                                                                
-d&#8217;une fleuriste, d&#8217;une jeune femme modèle de la cité &#8211; elle portait
-actuellement une jupe rouge sombre, un chemisier blanc et un petit corset
-noir &#8211;, mais il savait bien que derrière, elle brûlait d&#8217;envie de faire
-de grandes choses. Ils savaient tous deux qu&#8217;ils devaient attendre
-encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que
-feraient-ils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 39--><p class="indent" >   Il avait pensé «&#x00A0;que feraient-ils&#x00A0;» et non «&#x00A0;que fera-t-elle&#x00A0;». Encore. Il
-savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés &#8211; et même plus &#8211;,
-mais de là à penser de la sorte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 41--><p class="noindent" >&#8212; Quand même, un métamorphe... Tu ne trouves pas ça bizarre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il sursauta, interrompant le fil de ses pensées.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu penses à quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Déjà c&#8217;est surprenant qu&#8217;ils se soient tous les deux tués. Qu&#8217;il n&#8217;y en ait
-pas un qui ait pris le dessus.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu verrais l&#8217;incendie qu&#8217;il y a eu, tout l&#8217;appartement a été ravagé il
-paraît...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, mais enfin, à force de manipuler le feu, ils devraient être habitués à
-le gérer non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Où tu veux en venir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules. <br 
-class="newline" />&#8212; Je me demande si c&#8217;est vraiment un accident et s&#8217;ils sont vraiment
-morts.<br 
-class="newline" />&#8212; Aucune idée. Mais tu sais, ce n&#8217;est pas à toi ni à moi que l&#8217;enquête a été
-confiée... Et puis comment le vérifier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle se redressa et lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux le faire.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Trouve moi un objet qui leur appartient. N&#8217;importe lequel, et je te donne
-la réponse.
-<!--l. 57--><p class="indent" >   Il considéra un instant cette proposition. Il devait admettre qu&#8217;il était
-un peu curieux d&#8217;en savoir plus, mais ce n&#8217;était pas son travail...
-<br 
-class="newline" />&#8212; Mais ça ne va pas être évident de se procurer de tels objets. Je te
-rappelle que je ne suis pas chargé de l&#8217;enquête, et leurs appartements sont
-                                                                
-                                                                
-sous scellés maintenant...<br 
-class="newline" />Elle lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Ne connais-tu pas quelqu&#8217;un qui pourrait y pénétrer discrètement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 62--><p class="indent" >   Si, évidemment. Mais il n&#8217;avait pas vraiment envie de se mêler de cette
-histoire, ni d&#8217;y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté
-son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a
-six mois, il voyait bien que celui-ci n&#8217;était plus aussi enthousiaste
-qu&#8217;avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les
-idées.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crois que Farl aimerait s&#8217;en mêler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, c&#8217;est un plan douteux. Bien sûr qu&#8217;il aimerait s&#8217;en mêler.
-<!--l. 66--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 68--><p class="indent" >   Cela faisait longtemps qu&#8217;il n&#8217;avait pas revêtu les vêtements sombres
-d&#8217;un assassin. Depuis qu&#8217;il avait décidé de changer de voie, il n&#8217;avait joué à
-ce petit jeu-là qu&#8217;à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Dès
-qu&#8217;il avait une occasion, il s&#8217;efforçait de s&#8217;entraîner, discrètement, au
-maniement de ses armes, à l&#8217;escalade, et à être furtif. Même en tunique
-orange. Il n&#8217;était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
-d&#8217;ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
-n&#8217;arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
-vie.
-<!--l. 70--><p class="indent" >   Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
-sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
-personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
-d&#8217;idée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Mais Sam semblait savoir ce qu&#8217;elle faisait. Et puis, personne ne le
-saurait...
-<!--l. 72--><p class="indent" >   Il leva les yeux. Le bâtiment devant lui portait les traces fraîches du
-terrible incendie. Cet immeuble de trois étages, abritant plusieurs locataires,
-avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
-été scellées à l&#8217;aide de panneaux de bois. C&#8217;était là, dans l&#8217;appartement de
-feu le mage Mortag qu&#8217;il devait aller. Tout en constatant que cette
-expression était d&#8217;assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
-le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
-                                                                
-                                                                
-l&#8217;intérieur.
-<!--l. 74--><p class="indent" >   Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement
-l&#8217;intérieur était sombre. Ah, s&#8217;il avait les yeux d&#8217;elfe de Silwë... Il secoua la
-tête. Ce n&#8217;était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la
-pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol,
-dessinant les contours des deux corps, ressortaient d&#8217;autant plus. Il
-n&#8217;allait rien trouver ici. Il s&#8217;avança précautionneusement vers la pièce
-qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble,
-une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à
-trouver mieux, et puis c&#8217;était toujours un objet personnel, même
-abîmé. Sam lui avait dit qu&#8217;elle se débrouillerait même dans ce
-cas.
-<!--l. 76--><p class="indent" >   Le second bâtiment qu&#8217;il devait visiter, la demeure du mage Septim,
-était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
-semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n&#8217;était pas plus
-surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
-bois de l&#8217;autre demeure.
-<!--l. 78--><p class="indent" >   À l&#8217;intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées &#8211; pour
-quelqu&#8217;un qui n&#8217;avait pas forcément prévu de mourir ce soir là &#8211; et
-quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d&#8217;un bougeoir
-ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
-Sam.
-<!--l. 80--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 82--><p class="noindent" >&#8212; Alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;avança dans la petite pièce, où l&#8217;attendaient Farl et Uhr avec
-impatience et inquiétude. <br 
-class="newline" />&#8212; Tu en as mis du temps...<br 
-class="newline" />&#8212; Je voulais être sûre.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;assit à table avec les deux hommes, posant les deux objets au
-centre.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce type-là, Mortag, n&#8217;est plus de ce monde, c&#8217;est sûr.<br 
-class="newline" />Elle désigna la broche fondue.<br 
-class="newline" />&#8212; Par contre, l&#8217;autre est vivant.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Ils avaient sursauté en même temps lorsqu&#8217;elle avait désigné le bougeoir.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai bien vérifié plusieurs fois. Il est en vie, j&#8217;en suis certaine.<br 
-class="newline" />Ils marquèrent un instant de silence. Tous suivaient la même pensée.<br 
-class="newline" />&#8212; Donc ce n&#8217;est pas un accident, c&#8217;est un meurtre.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Cette histoire de métamorphose m&#8217;a donné envie de vérifier. Avec une
-telle compétence, il doit être aisé de changer de visage, ou de changer celui
-d&#8217;un cadavre...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est bien beau, mais que fait-on<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je ne peux pas débarquer à la garde
-en leur expliquant ce qu&#8217;on a fait...<br 
-class="newline" />Farl se leva et ramassa les objets.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu&#8217;on
-s&#8217;aperçoive qu&#8217;ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
-pendant ce temps.
-<!--l. 101--><p class="indent" >   Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
-regarda Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Je me sens mal à l&#8217;aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
-auront peut-être une chance de retrouver le coupable avant qu&#8217;il ne
-disparaisse pour de bon...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai, mais je risque ma carrière en faisant ça. J&#8217;hésite... Même si
-effectivement il faudrait leur dire. Peut-être les aiguiller sur cette
-piste<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ils vont perdre trop de temps... C&#8217;est tellement bête... Pourquoi n&#8217;ont-ils
-pas pensé à faire appel à un prêtre pour ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Parce qu&#8217;il fallait deviner que les prêtres ont ce genre de pouvoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il me
-semble que ce n&#8217;est pas de notoriété publique...<br 
-class="newline" />Elle soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as raison. Attendons le retour de Farl, et nous discuterons de ça
-ensuite.
-<!--l. 109--><p class="indent" >   Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
-<!--l. 111--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 113--><p class="indent" >   De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
-                                                                
-                                                                
-broche à sa place, et d&#8217;effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
-Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu&#8217;il était passé par
-là.
-<!--l. 115--><p class="indent" >   Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas
-lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré.
-Son sang se glaça. Quelqu&#8217;un était entré... Il éteignit rapidement sa
-minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un &#339;il à l&#8217;autre
-pièce.
-<!--l. 117--><p class="indent" >   La lumière n&#8217;était pas celle, jaunâtre, d&#8217;une bougie ou d&#8217;une lampe.
-C&#8217;était une lumière blanche, presque aveuglante, qui semblait sortir
-des yeux d&#8217;une silhouette de taille moyenne. Un mage<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Cela
-confirmait que quelque chose de louche se passait ici. Allait-il venir
-vers lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Allait-il le voir, l&#8217;entendre, ou le détecter d&#8217;une façon
-quelconque<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 119--><p class="indent" >   La silhouette, qu&#8217;il finit par identifier comme celle d&#8217;une femme, passa
-devant la porte derrière laquelle il se tenait et s&#8217;avança droit vers un pan
-de mur. Elle semblait l&#8217;examiner avec précautions, et fit briller ses
-yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
-venant de l&#8217;extérieur la fit sursauter, et elle se retourna. Elle tenait un
-bâton de mage à la main, qu&#8217;elle avait dirigé contre le bruit, en
-tremblant légèrement. Pas très à l&#8217;aise visiblement... mais toujours aussi
-dangereuse.
-<!--l. 121--><p class="indent" >   Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
-l&#8217;appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: sortir et
-s&#8217;échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br 
-class="newline" />&#8212; Puis-je savoir ce que vous cherchez ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de
-la chambre, et se posa devant elle, en tentant d&#8217;avoir l&#8217;air le plus calme
-possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l&#8217;air &#8211; trop &#8211;
-menaçant...<br 
-class="newline" />&#8212; Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Que faites vous ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
-que ses yeux se mirent à voler autour d&#8217;elle, de son bâton, et se concentrer
-dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.<br 
-class="newline" />&#8212; Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d&#8217;être plus ici que moi.
-Peut-on discuter calmement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sembla marquer un instant d&#8217;hésitation. Dans sa main, les filaments
-lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d&#8217;une étoile de glace
-aux bords acérés... Elle se redressa.<br 
-class="newline" />&#8212; Je me donne ce droit. Je n&#8217;ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois
-pas à cette histoire d&#8217;accident qui a tué mon compagnon. Alors j&#8217;ai décidé
-de venir par moi-même. Et vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l&#8217;étoile mortelle
-venait de prendre forme. Il n&#8217;avait jamais combattu de magicien, et ne
-savait pas qui serait le plus rapide, mais ce n&#8217;était pas le moment de le
-tester. Il s&#8217;avança et sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien, voyez-vous, je suis là pour à peu de choses près la même raison
-que vous. Et j&#8217;ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
-accident.<br 
-class="newline" />Elle hésita, puis l&#8217;étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s&#8217;en
-échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
-apparue. <br 
-class="newline" />&#8212; Expliquez-vous.<br 
-class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
-vivant.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu&#8217;on serait
-mieux ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On pourrait finir par nous voir ou nous entendre...
-<!--l. 138--><p class="indent" >   La magicienne le regarda en fronçant les sourcils. Elle ne semblait pas
-tout à fait sûre de pouvoir lui faire confiance, ce qui était compréhensible en
-fait... Lui non plus, à vrai dire. Elle finit par reprendre la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord. Mais pas avant d&#8217;avoir récupéré ce que je suis venue chercher
-ici.<br 
-class="newline" />Elle fit quelques pas vers un angle de la pièce, qu&#8217;elle éclaira de son regard
-luminescent. Elle passa ses mains sur le mur de briques noircies, et en
-trouva une descellée. Elle l&#8217;extirpa avec précautions, puis passa sa main
-dans l&#8217;ouverture.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah. Mince.<br 
-class="newline" />Elle lui montra. Au fond de l&#8217;ouverture se trouvait une paroi métallique
-munie d&#8217;une serrure. Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-on censé y trouver<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le «&#x00A0;on&#x00A0;» sembla la rassurer un
-peu.<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais qu&#8217;il y mettait des objets et documents auxquels il tenait.
-Peut-être qu&#8217;ils... nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? donneront des indices.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;était mis au «&#x00A0;nous&#x00A0;». Même s&#8217;il avait senti son hésitation, c&#8217;était
-bon signe.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas où il gardait la clé. Probablement sur lui...<br 
-class="newline" />&#8212; Une clé... normale<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; N&#8217;aurait-il pas protégé magiquement cette cachette<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
-dans ce lieu, avec ce qui s&#8217;y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
-une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s&#8217;en sortir face à
-un glyphe de protection magique, peu d&#8217;entre eux savent forcer une serrure,
-en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
-dire.<br 
-class="newline" />Il eut un petit sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vois tout à fait. Et, si vous me permettez, c&#8217;est tout à fait dans mes
-compétences.<br 
-class="newline" />Elle recula pour le laisser passer.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vous en prie.
-<!--l. 158--><p class="indent" >   Il s&#8217;agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
-déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
-rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
-d&#8217;une minute. Au fond de ce qui ressemblait à un coffre d&#8217;acier, il y avait
-des rouleaux de papier et un large rubis monté sur un collier d&#8217;or. Elle eut
-un sourire en les saisissant.<br 
-class="newline" />&#8212; Bravo. Allons regarder cela ailleurs, comme vous l&#8217;avez proposé.<br 
-class="newline" />&#8212; Tout à fait. Je propose de venir chez les amis qui m&#8217;ont envoyé
-ici.<br 
-class="newline" />Elle eut un regard légèrement méfiant, puis finit par accepter.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 163--><p class="indent" >   Ils marchaient dans la rue, faiblement éclairée par quelques lampadaires.
-S&#8217;ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants
-ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l&#8217;habitude de ce genre de
-situation<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: la tenue d&#8217;assassin était conçue pour disparaître aisément dans
-les ombres, mais aussi pour paraître tout à fait normale &#8211; le noir n&#8217;étant
-pas si rare &#8211; en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N&#8217;étant
-plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la
-magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d&#8217;une longue
-robe noire &#8211; pour le deuil, ou la discrétion<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Peut-être les deux,
-en fait&#8211;, ses traits semblaient tirés comme si elle était épuisée ou
-particulièrement éprouvée. C&#8217;était probablement le cas, en fait... Il lui
-aurait donné une quarantaine d&#8217;années, et sans ce visage fermé et
-ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d&#8217;un air décidé,
-sans cacher son bâton de magie, surmonté d&#8217;une grande pierre bleu
-glacé.
-<!--l. 165--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 167--><p class="indent" >   Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
-Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il soupira. Et s&#8217;il
-lui arrivait quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? S&#8217;il était vu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le couvrir serait très
-compliqué...<br 
-class="newline" />La tête posée sur son épaule, Sam murmura.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu dors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Je m&#8217;inquiète pour Farl.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;a
-aucune raison d&#8217;être plus lent cette fois-ci...
-<!--l. 175--><p class="indent" >   À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
-coups nets sur la porte d&#8217;entrée. La silhouette sombre et familière
-de Farl se profila. Il sursauta lorsqu&#8217;il s&#8217;aperçut qu&#8217;il n&#8217;était pas
-seul, et fut d&#8217;autant plus surpris de reconnaître la personne qui
-l&#8217;accompagnait.<br 
-class="newline" />&#8212; Zanakielle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Mais... <br 
-class="newline" />À son tour, elle marqua un instant de suprise.<br 
-class="newline" />&#8212; N&#8217;êtes-vous pas l&#8217;un des gardes qui sont venus cet après-midi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; En effet. Farl, peux-tu m&#8217;expliquer...<br 
-class="newline" />Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
-Puis raconta l&#8217;étrange rencontre qu&#8217;il avait faite sur les lieux de ce qu&#8217;il
-fallait désormais appeler un crime.
-<!--l. 183--><p class="noindent" >&#8212; J&#8217;avais aussi un doute quand à cette histoire d&#8217;accident. Mais je sais que
-la douleur d&#8217;avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au
-moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C&#8217;est pourquoi
-je n&#8217;ai pas pensé à vous en parler. Et que je suis allée vérifier par
-moi-même...<br 
-class="newline" />Elle fit une pause, et détourna le regard de la lumière de la bougie,
-étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 188--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 190--><p class="indent" >   Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n&#8217;avait révélé à
-personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
-Traditionnellement, mages et prêtres s&#8217;entendaient toujours assez mal.
-Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
-<!--l. 192--><p class="indent" >   Mais l&#8217;heure n&#8217;était pas à ce genre de querelle.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
-conditions, par exemple le fait d&#8217;avoir en main un objet appartenant à ma
-cible. C&#8217;est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
-ces objets.<br 
-class="newline" />La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
-de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
-légèrement, et elle parut gênée.<br 
-class="newline" />&#8212; Excusez ma réaction. C&#8217;est idiot.<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;y a pas de mal, la rassura-t-elle. Toujours est-il que j&#8217;ai la certitude
-que Septim est vivant, contrairement à...<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;interrompit. La magicienne s&#8217;était levée, et avait fait quelques pas,
-leur cachant son visage. Sam voyait bien que la pauvre femme était
-                                                                
-                                                                
-terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
-de papiers, et un collier ouvragé. Le visage de Zanakielle était de
-nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous
-trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle
-tâche.
-<!--l. 201--><p class="indent" >   Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou &#8211; qui
-n&#8217;était vraisemblablement qu&#8217;un objet de grande valeur mis à l&#8217;abri &#8211;, et un
-certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois
-ou quatre feuilles, écrites à la main, qui ressemblaient à des notes de
-recherche.
-<!--l. 203--><p class="noindent" >&#8212; Effectivement, il m&#8217;avait parlé de ça... Regardez. Ce document n&#8217;est pas
-de sa main, c&#8217;est une lettre qu&#8217;on lui a transmise. Un rapport d&#8217;un garde
-vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
-bizarre, le cadavre d&#8217;une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
-rivière.<br 
-class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d&#8217;un insecte de la
-taille d&#8217;un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
-l&#8217;observer plus en détail, la carcasse s&#8217;était en partie dissoute. En dessous,
-avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
-une note<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: «&#x00A0;araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?&#x00A0;».<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que cela<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Les araknes sont des créatures aujourd&#8217;hui disparues. Des sortes
-d&#8217;araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 208--><p class="indent" >   Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
-sortes d&#8217;araignées &#8211; elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
-les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus &#8211;
-semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
-sortant que lorsqu&#8217;elles n&#8217;y trouvaient pas assez à manger, et encore,
-seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l&#8217;eau pure, elles
-n&#8217;existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
-quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
-chassées par les elfes noirs et les humains, et il n&#8217;en restait plus en
-                                                                
-                                                                
-théorie.
-<!--l. 210--><p class="noindent" >&#8212; Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il est très peu probable qu&#8217;elles soient apparues toutes seules, surtout
-dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, et s&#8217;il n&#8217;y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
-qui travaille sur le sujet et ses documents<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? ajouta Zanakielle.<br 
-class="newline" />Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
-pour faire une remarque.<br 
-class="newline" />&#8212; La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
-il peut y avoir n&#8217;importe quoi, y compris des grottes assez grandes et
-profondes pour y loger ces bestioles... non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 216--><p class="indent" >   Ils firent une pause pour faire le point. Si Septim avait cherché à cacher
-les découvertes de Mortag, c&#8217;est que quelqu&#8217;un était vraisemblablement en
-train de les réintroduire au c&#339;ur de cette forêt. Et secrètement.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
-ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
-pauvre créature disparue.<br 
-class="newline" />&#8212; N&#8217;y a-t-il pas un moyen de les contrôler d&#8217;une façon ou d&#8217;une autre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-proposa Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
-personne n&#8217;y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n&#8217;est
-pas ma spécialité.
-<!--l. 222--><p class="noindent" >&#8212; D&#8217;un point de vue plus pratique, on fait quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On dit quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr regarda les trois autres.<br 
-class="newline" />&#8212; Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...<br 
-class="newline" />&#8212; Soit on mène l&#8217;enquête de notre côté, soit on leur dit. Mais on ne peut
-pas ne rien faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as raison, Sam. Mais je crains que ce problème ne nous dépasse.<br 
-class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
-jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
-de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
-faire.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;était levée, décidée, presque en colère.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez raison. Je ne pourrai pas garder ce secret indéfiniment, et
-mieux vaut qu&#8217;ils l&#8217;apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le
-capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d&#8217;en informer les enquêteurs.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; En attendant, je vous propose de recopier rapidement tout ce qu&#8217;il y a
-sur ces documents. Puis, il faudra les redéposer à leur place...<br 
-class="newline" />Ils jetèrent un &#339;il à Farl, qui poussa un soupir.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, ça ne sera que la troisième fois de la nuit...
-<!--l. 236--><p class="indent" >   Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.
-<!--l. 238--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 240--><p class="indent" >   Le capitaine faisait les cent pas, très énervé.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
-fait.<br 
-class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l&#8217;aise. La magicienne leur avait dit qu&#8217;elle irait
-le voir pour leur raconter l&#8217;histoire, et prendre leur défense, mais à quel
-point l&#8217;avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n&#8217;était
-pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n&#8217;était pas elle qui
-risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu&#8217;elle avait perdu
-pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;avais bien quelques doutes sur cette histoire d&#8217;accident. J&#8217;avais engagé
-une enquête à ce sujet... Même si j&#8217;admets que personne n&#8217;avait pensé à
-faire appel à un prêtre.<br 
-class="newline" />Il n&#8217;avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br 
-class="newline" />&#8212; Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
-Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
-comme souvent, mais il savait, pour l&#8217;avoir fréquenté, qu&#8217;il n&#8217;était pas
-un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait
-pas une sanction disproportionnée. Sauf qu&#8217;objectivement, il savait
-qu&#8217;il en avait mérité une... Même s&#8217;il n&#8217;était pas seul dans cette
-histoire.
-<!--l. 248--><p class="indent" >   Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
-posta face à lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l&#8217;enquête que
-nous n&#8217;aurions fait en une semaine.<br 
-class="newline" />Il avait parlé d&#8217;une voix calme. Y avait-il un espoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Sauf que je suis très embêté. Officiellement, l&#8217;enquête n&#8217;en est pas là.
-Officiellement, il s&#8217;agit toujours d&#8217;un accident.<br 
-class="newline" />Il se tut, et fit quelques pas, réfléchissant.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais ces informations vont nous faire gagner un temps précieux, surtout
-si l&#8217;assassin ne sait pas qu&#8217;il est identifié. Puisque tu es le seul au courant,
-tu vas partir enquêter discrètement sur ce qui se passe dans cette
-forêt.<br 
-class="newline" />Il leva les yeux vers lui. Il lui sembla qu&#8217;il attendait une réponse.<br 
-class="newline" />&#8212; Seul<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux emmener quelques personnes de confiance avec toi. Par exemple,
-les amis qui t&#8217;ont aidé dans cette tâche<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je couvrirai vos dépenses, bien
-entendu.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, d&#8217;accord.<br 
-class="newline" />&#8212; De mon côté, je vais faire avancer l&#8217;enquête comme je pourrai, afin de
-parvenir à la même conclusion officiellement. Mais tu auras pris de l&#8217;avance
-en attendant, une avance précieuse.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête. Non seulement il échappait au pire, mais l&#8217;idée d&#8217;une
-mission importante n&#8217;était pas pour lui déplaire. Une mission avec Sam et
-Farl... s&#8217;ils acceptaient.<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c&#8217;est que j&#8217;aurais
-besoin d&#8217;être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien
-entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l&#8217;enquête, ou
-que tu m&#8217;apprennes ce que tu trouves.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai peut-être une idée pour ce point, interrompit-il.<br 
-class="newline" />Le capitaine sembla surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;écoute.<br 
-class="newline" />&#8212; Les prêtres possèdent un moyen de communiquer par la pensée. Si je
-voyage avec une prêtresse, il m&#8217;est possible de vous tenir au courant de mon
-avancée rapidement.<br 
-class="newline" />&#8212; Mh, c&#8217;est effectivement plutôt malin. Bien que je n&#8217;aie jamais
-fait cela, je dois reconnaître que c&#8217;est une bonne idée. Soit. Tu vas
-aller préparer ton départ, au plus vite. Je m&#8217;occupe d&#8217;autres détails
-                                                                
-                                                                
-techniques.
-<!--l. 267--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela
-une dernière fois.<br 
-class="newline" />&#8212; Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je devrais être furieux pour ce que vous avez fait, mais je suis quand
-même un peu fier. Ne me déçois pas pour la suite.<br 
-class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers8x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 2--><p class="nopar" >
-<!--l. 5--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 7--><p class="indent" >   Deux jours s&#8217;étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
-avaient été plutôt calmes. En s&#8217;éloignant encore des sentiers, ils n&#8217;avaient
-pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
-commençait à se sentir à l&#8217;aise en forêt &#8211; ou était-ce une aisance avec lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-&#8211; et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à
-la considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d&#8217;un point à
-un autre.
-<!--l. 9--><p class="indent" >   Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui
-avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
-avancer, mais aussi &#8211; potentiellement &#8211; de moyen de défense. Il avait été
-impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui
-apprendre quelques techniques.
-<!--l. 11--><p class="indent" >   Il lui sourit alors qu&#8217;elle passait à côté de lui. Il sentait encore le coup
-qu&#8217;elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu&#8217;il n&#8217;avait pas
-enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
-bizarres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Sa coupure à l&#8217;épaule gauche était complètement guérie, grâce à
-elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
-semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s&#8217;annonçait plutôt
-                                                                
-                                                                
-bien.
-<!--l. 13--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 15--><p class="indent" >   Sélène s&#8217;arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle
-était à présent très à l&#8217;aise en forêt. Ou était-elle très à l&#8217;aise avec son
-guide particulier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle essayait de l&#8217;imaginer accompagnant d&#8217;autres
-voyageurs, mais elle doutait fort qu&#8217;il avait la même familiarité avec
-d&#8217;autres... Entre eux s&#8217;était tissée une solide complicité.
-<!--l. 17--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;il s&#8217;accroupissaient tous les deux pour préparer le feu &#8211; elle
-n&#8217;avait pas sa technique, mais elle apprenait vite &#8211;, elle aperçut, dans son
-dos, quatre disques rouges, brillants, dans l&#8217;ombre. Elle se redressa
-subitement.<br 
-class="newline" />&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Derrière toi...<br 
-class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que c&#8217;est que...<br 
-class="newline" />Il n&#8217;eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
-arracha un cri de surprise et d&#8217;horreur. La créature ressemblait à une
-araignée, noire, de la taille d&#8217;un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
-yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n&#8217;en avait vu
-que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
-rassurant...
-<!--l. 23--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 25--><p class="noindent" >&#8212; Une arakne<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Zach avait dégainé son épée. Lorsque la créature se jeta sur lui, il fit un pas
-de côté, et d&#8217;un geste vif, planta son arme dans son corps. La bête roula au
-sol, recroquevillant ses longues pattes, alors qu&#8217;un liquide noir coulait de sa
-blessure. Rapidement, elle ne bougea plus et la lueur rouge de ses deux
-paires d&#8217;yeux s&#8217;éteignit. Assez étrangement, le sang noir coula de sa lame
-sans y laisser la moindre trace, comme s&#8217;il ne pouvait pas adhérer au
-métal.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelle est cette horreur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il leva les yeux vers Sélène, aussi effrayée que lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Une arakne. Je n&#8217;en avais vu que dans des livres jusque là... Je croyais
-                                                                
-                                                                
-que ces créatures étaient éteintes, du moins sous nos contrées. Que fait-elle
-ici, je n&#8217;en sais rien...<br 
-class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
-d&#8217;horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
-la suite.<br 
-class="newline" />&#8212; Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester
-ici...<br 
-class="newline" />&#8212; Attention<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
-et Sélène, et sortit son couteau de sa botte. Deux adversaires humains, il
-avait déjà fait, mais deux bestioles comme ça...
-<!--l. 35--><p class="indent" >   La plus grosse des créatures bondit, et vint s&#8217;embrocher sur son épée et
-y resta. D&#8217;un geste ample, il dégagea le corps inerte de la bête de son arme
-&#8211; au moins, elles n&#8217;étaient pas très résistantes &#8211; et chercha du regard la
-deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
-L&#8217;arakne venait d&#8217;y planter ses mandibules.
-<!--l. 37--><p class="indent" >   Avant qu&#8217;il n&#8217;ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
-précipita, et au lieu d&#8217;utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
-le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
-bruit qui ressemblait à un cri de douleur. L&#8217;eau semblait la brûler, et une
-fumée inquiétante semblait s&#8217;échapper de son corps. Elle s&#8217;écroula sans vie
-à ses pieds.<br 
-class="newline" />&#8212; Les araknes ne supportent pas l&#8217;eau pure, expliqua-t-elle. Donc le
-meilleur moyen de se mettre à l&#8217;abri, c&#8217;est de trouver une rivière ou un lac.
-Et vite. Même un petit ruisseau suffira...<br 
-class="newline" />Zach regarda aux alentours, craignant de voir arriver une autre de ces
-horreurs, mais pour le moment, rien. Il s&#8217;adossa à un arbre et jeta un &#339;il à
-sa jambe.
-<!--l. 41--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 43--><p class="noindent" >&#8212; Assieds-toi.<br 
-class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
-plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
-l&#8217;arakne. Heureusement, elle n&#8217;avait laissé aucun morceau, mais elle savait
-                                                                
-                                                                
-que ce n&#8217;était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br 
-class="newline" />&#8212; Première étape, nettoyer ça. Après, je vais te donner quelque chose pour
-retarder la diffusion du poison...<br 
-class="newline" />&#8212; Poison<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Un poison qui paralyse lentement, et tue en une dizaine d&#8217;heures. Ne
-bouge pas, je te dis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />L&#8217;inquiétude se lisait sur son visage. Elle essaya de le rassurer.<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais fabriquer l&#8217;antidote pour ce genre de cas. Mais cela prend du
-temps, et il faut trouver les bonnes plantes...<br 
-class="newline" />Il lui prit le bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Donne-moi ce que tu peux, et mets-toi à l&#8217;abri de suite... Si tout se
-passe bien, tu peux peut-être revenir à temps avec l&#8217;antidote. Sinon...
-au moins tu seras en sécurité. Pas la peine d&#8217;être deux à mourir
-ici.<br 
-class="newline" />Elle le regarda. Elle réalisa alors que pour rien au monde elle ne le laisserait
-ici. <br 
-class="newline" />&#8212; Oh, et puis zut.<br 
-class="newline" />Il n&#8217;y avait qu&#8217;une seule solution, et elle le savait. Elle rejeta ses cheveux en
-arrière, dégagea son bras de sa prise, et se releva.
-<!--l. 57--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 59--><p class="indent" >   Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
-des filaments de lumière blanche, légèrement moirés, traversèrent son iris.
-Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la
-place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées,
-presque aussi grand qu&#8217;elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce
-qui ressemblait à une pierre, qui brillait de la même façon que ses
-yeux.
-<!--l. 61--><p class="indent" >   Une sorcière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Il ne savait pas s&#8217;il devait hurler, ou s&#8217;enfuir en
-courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
-choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
-lent...
-<!--l. 63--><p class="indent" >   Ses yeux brillèrent plus fort alors qu&#8217;elle s&#8217;approchait de lui. D&#8217;autres
-filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
-                                                                
-                                                                
-son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
-de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
-terrible.
-<!--l. 65--><p class="indent" >   Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s&#8217;apaiser,
-les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux
-s&#8217;apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée
-délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène
-étaient de nouveaux normaux. Quelques gouttes de sueur perlaient de son
-front. Elle le regardait intensément.
-<!--l. 67--><p class="indent" >   Tremblant, il posa sa main sur la sienne. Une partie de lui-même lui
-criait de s&#8217;enfuir pendant qu&#8217;il en était encore temps. Qu&#8217;il risquait de
-tomber sous son charme. Qu&#8217;elle était en train de l&#8217;ensorceler. Une autre
-voix, plus raisonnable, lui posait des milliers de questions. Les sorciers
-devaient-ils forcément être maléfiques, après tout<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ne venait-elle pas de lui
-sauver la vie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Une troisième petite voix, mais
-criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
-dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d&#8217;accord sur le fait
-que, s&#8217;il voulait éviter de tomber sous son charme, c&#8217;était déjà bien trop
-tard.
-<!--l. 69--><p class="noindent" >&#8212; Merci.<br 
-class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. <br 
-class="newline" />&#8212; Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais. Tu risques d&#8217;être brûlée vive, et moi avec, rien que pour avoir
-pris ta défense.<br 
-class="newline" />Elle sembla un peu rassurée de l&#8217;entendre dire qu&#8217;il la défendrait sans
-conditions.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère que personne ne nous a vus, ou entendus...<br 
-class="newline" />Comme répondant à son interrogation, des éclats de voix leur parvinrent. Ils
-sursautèrent tous les deux.<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />À l&#8217;idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
-araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
-dans la direction des voix.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 79--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 81--><p class="noindent" >&#8212; Aldariel... C&#8217;est quoi ces horreurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Les deux créatures gisaient sur le sol, devant elles. L&#8217;une était transpercée
-d&#8217;une flèche, l&#8217;autre fendue en deux. <br 
-class="newline" />&#8212; Ça me dit quelque chose... je crois que j&#8217;ai vu ça dans un livre. Des
-araknes, si mes souvenirs sont bons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Attention, là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Deux autres bêtes s&#8217;approchaient à grande vitesse. Silwë bondit, et cueillit
-au vol la première. Aldariel voulut armer une flèche, mais elle était trop
-près pour avoir le temps de viser. Elle fit deux pas rapides en arrière pour
-tenter de gagner du temps. La créature avait bondi. Alors qu&#8217;elle tentait
-d&#8217;esquiver, elle vit son amie, à sa gauche, s&#8217;interposer, et son épée la
-transpercer d&#8217;un coup d&#8217;estoc.
-<!--l. 86--><p class="indent" >   Elle recula encore de quelques pas, l&#8217;arc tendu. Plus d&#8217;autre arakne en
-vue. Elle se tourna alors vers son amie, agenouillée au sol, le visage crispé
-par la douleur.<br 
-class="newline" />&#8212; Sil<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />L&#8217;épée avait si bien traversé la bête que son corps s&#8217;était enfoncé jusqu&#8217;à la
-garde, et que ses mandibules s&#8217;étaient plantées profondément dans son
-poignet. S&#8217;asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
-commença par dégager avec précaution les pinces de l&#8217;arakne. Son
-avant-bras comportait deux entailles. L&#8217;une des mandibules avait
-été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l&#8217;autre
-s&#8217;était plantée directement dans la chair, et la plaie était inquiétante.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Avant toute chose, tu vas boire ça.<br 
-class="newline" />Elle sortit un petit flacon de son sac.<br 
-class="newline" />&#8212; Un antipoison. Il met un peu de temps à faire effet, donc bois-le de
-suite.<br 
-class="newline" />Silwë obéit, tandis qu&#8217;elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie.
-C&#8217;est alors qu&#8217;elle aperçut, dans l&#8217;obscurité, une lueur vive derrière les
-arbres, à une trentaine de mètres environ. D&#8217;autres araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou pire
-encore<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que c&#8217;est que ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle ramassa son arc, et Silwë son épée, en grimaçant légèrement. Toutes
-deux avancèrent vers la lueur qui s&#8217;estompait lentement.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça ira ton bras, Sil<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura-t-elle en voyant le sang couler de la
-plaie.<br 
-class="newline" />&#8212; On fera avec...<br 
-class="newline" />La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait
-des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l&#8217;abri dans un buisson, tandis
-que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
-s&#8217;approcha de l&#8217;arbre. C&#8217;est alors qu&#8217;un homme surgit et se rua sur
-Silwë.
-<!--l. 99--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 101--><p class="indent" >   Son adversaire était plus petit que lui, mais il parait ses coups avec
-précision. Il ne devait pas le sous-estimer. Sur le troisième coup qu&#8217;il lui
-porta, il sentit pourtant une certaine faiblesse dans la parade. Maintenant le
-contact de sa lame contre la sienne, il força son adversaire à écarter son
-épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
-d&#8217;épaule qui l&#8217;envoya contre l&#8217;arbre, tout en saisissant son poignet de sa
-main libre.
-<!--l. 103--><p class="indent" >   À sa grande surprise, l&#8217;adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
-léger gémissement de douleur. L&#8217;avant-bras qu&#8217;il maintenait était
-couvert de sang. Il constata alors que celui qu&#8217;il avait pris, au vu de
-sa silhouette, pour un adolescent, était en fait une jeune femme.
-Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
-qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l&#8217;elfe avait
-dégainé une fine dague, qu&#8217;il para de justesse, tandis qu&#8217;un violent
-coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques
-pas.
-<!--l. 105--><p class="indent" >   Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
-garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se
-rapprochant d&#8217;elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser
-convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
-souleva d&#8217;un coup de hanche et l&#8217;accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
-coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
-droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l&#8217;empêcher de se
-relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu&#8217;il posa la lame de son
-                                                                
-                                                                
-épée à plat sur sa gorge.
-<!--l. 107--><p class="indent" >   C&#8217;était la première fois qu&#8217;il voyait une elfe de si près. Il l&#8217;observa avec
-curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
-bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles
-pointues, elle n&#8217;était pas si différente physiquement d&#8217;une humaine,
-finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
-beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d&#8217;un tissu
-étrange, en apparence très léger, qu&#8217;il n&#8217;avait jamais vu. Son regard
-se porta vers son avant-bras. La blessure qui s&#8217;y trouvait rappelait
-beaucoup une autre qu&#8217;il avait subie il y a très peu de temps... Elle
-aussit s&#8217;était battue contre des araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le souvenir de la douleur
-associée lui donna des frissons, et il desserra très légèrement son
-étreinte.
-<!--l. 109--><p class="indent" >   Reprenant ses esprits, il appuya légèrement la lame contre sa
-gorge.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous
-espionnes.<br 
-class="newline" />Il n&#8217;eut pas le temps d&#8217;attendre sa réponse. Zach sentit soudainement une
-pointe acérée se poser sur sa nuque. Il aurait dû se douter qu&#8217;elle n&#8217;était pas
-seule...<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais répondre à sa place. Elle, c&#8217;est le garde du corps de la princesse
-elfe Aldariel Lalrilë, qui t&#8217;ordonne de la lâcher immédiatement si tu ne veux
-pas que cette flèche traverse ton cou.<br 
-class="newline" />Le ton de la voix était impératif, et la pointe dans sa nuque l&#8217;était
-tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
-silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d&#8217;un arc tendu vers
-lui.
-<!--l. 115--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 117--><p class="indent" >   Elle n&#8217;avait rien pu faire. Elle enrageait d&#8217;être ainsi blessée, et à la merci
-de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l&#8217;observait avec une
-fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
-signe qu&#8217;il n&#8217;avait &#8211; apparemment &#8211; pas l&#8217;intention de la tuer tout de
-suite. Peut-être comptait-il abuser d&#8217;elle avant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce n&#8217;était guère
-                                                                
-                                                                
-mieux...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous
-espionnes.<br 
-class="newline" />Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite
-d&#8217;inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle tenta de
-reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n&#8217;aidait pas.
-Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s&#8217;apprêtait à répondre, quand elle
-aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le
-menacer à son tour.
-<!--l. 121--><p class="indent" >   L&#8217;homme sembla hésiter. Si Aldariel décidait de le tuer, il avait de
-toutes façons le temps de l&#8217;égorger avant de mourir. De même, il
-pouvait choisir de la tuer elle, mais le payerait de sa vie. Il sembla
-choisir la solution raisonnable. Elle le vit éloigner lentement son épée
-de sa gorge, sans la quitter des yeux. Mais il ne l&#8217;avait pas encore
-lâchée.
-<!--l. 125--><p class="indent" >   C&#8217;est alors que de derrière l&#8217;arbre surgit une jeune femme, portant une
-longue robe violette et un bâton de magie dans la main droite.<br 
-class="newline" />&#8212; Lâche-le immédiatement.<br 
-class="newline" />Ses yeux et son bâton se mirent à briller, et des filaments d&#8217;une lumière
-presque aveuglante vinrent se concentrer juste au dessus de son autre main,
-qu&#8217;elle tenait paume vers le ciel. Une sphère lumineuse s&#8217;y forma, d&#8217;abord
-rouge sombre, puis qui s&#8217;éclaircit progressivement jusqu&#8217;à devenir quasiment
-blanche. Une boule de feu...
-<!--l. 129--><p class="indent" >   Toujours immobile, impuissante, elle vit Aldariel hésiter, tandis que
-l&#8217;homme avait pris une expression mêlant soulagement, crainte et surprise.
-C&#8217;est alors qu&#8217;elle remarqua des lueurs rouges, dans l&#8217;obscurité, derrière la
-magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
-seuls quelques mots en sortirent.
-<!--l. 131--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 133--><p class="indent" >   Il sentit un mouvement venant de l&#8217;elfe qu&#8217;il tenait toujours plaquée au
-sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br 
-class="newline" />&#8212; Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
-                                                                
-                                                                
-pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
-hurla.<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d&#8217;un arc qui se
-détendait.
-<!--l. 139--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 141--><p class="indent" >   Sélène obéit instinctivement et fit un pas rapide vers la droite. Une
-énorme arakne bondit à l&#8217;endroit où elle se tenait quelques secondes
-plus tôt, et y fut accueillie par une flèche droit dans un de ses yeux.
-La bête continua sa course et s&#8217;effondra, inerte, aux pieds de Zach,
-stupéfait. Une seconde créature, arrivant du même endroit, se dirigea
-droit vers elle. Avant de lui laisser le temps de réagir, elle reprit le
-contrôle de sa boule de feu &#8211; toujours suspendue dans les airs, là où elle
-l&#8217;avait laissée &#8211; et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
-bête, qui ne fut bientôt plus qu&#8217;un petit tas de cendres à l&#8217;odeur
-désagréable.
-<!--l. 144--><p class="indent" >   Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
-prisonnière, et se tenait debout, l&#8217;épée à la main. L&#8217;archère armait une
-nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l&#8217;autre elfe, blessée, se
-redressait avec difficultés. <br 
-class="newline" />&#8212; Je suggère qu&#8217;on règle nos différents plus tard, une fois à l&#8217;abri des
-araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir
-d&#8217;autres...<br 
-class="newline" />L&#8217;archère et Zach se fixèrent d&#8217;un air méfiant quelques instants, puis
-hochèrent la tête. Sélène aperçut alors, à ses pieds, une épée. Celle de la
-guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.
-<!--l. 148--><p class="noindent" >&#8212; D&#8217;autres araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de l&#8217;archère, montrant d&#8217;un signe de tête un nouveau groupe
-de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S&#8217;ils devaient combattre
-ces horreurs, ils allaient avoir besoin d&#8217;un bras supplémentaire. Au sens
-propre... Elle ramassa l&#8217;épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
-grimaçant de douleur.<br 
-class="newline" />&#8212; &#8217;Bouge pas, je m&#8217;occupe de ça.<br 
-class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
-sort.
-<!--l. 154--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 156--><p class="indent" >   Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l&#8217;étrange homme
-s&#8217;étaient placés de part et d&#8217;autre de la magicienne et de Silwë, pour
-les protéger du mieux qu&#8217;ils pouvaient. Mais son arc n&#8217;était pas
-l&#8217;arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait
-tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la
-magicienne, dans son dos, mais elle ne pouvait pas s&#8217;en préoccuper
-maintenant. Elle lâcha un trait sur une autre créature, de justesse.
-Aurait-elle assez de flèches<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ah, si Silwë était à leurs côtés pour
-combattre...
-<!--l. 158--><p class="indent" >   Comme répondant à sa pensée, elle vit la silhouette familière passer
-entre elle et l&#8217;homme, et bondir, l&#8217;épée à la main, sur les créatures. Son
-avant-bras était intact. D&#8217;un coup de taille, elle trancha littéralement en
-deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
-seconde, d&#8217;un retour rapide de lame. De l&#8217;autre côté, elle vit la jeune
-magicienne préparer une petite boule de feu, qu&#8217;elle dirigea avec
-précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
-courage.
-<!--l. 160--><p class="indent" >   Quelques instants plus tard, le calme se fit. Les quatre jeunes gens,
-toujours dos à dos, laissèrent passer quelques secondes, reprenant leur
-souffle. Des dizaines de cadavres d&#8217;araknes gisaient au sol.<br 
-class="newline" />&#8212; Il ne faut pas rester ici. On ne sait pas... combien il y en a.. Il faut... ooh
-ma tête...<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle
-était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle
-tremblait. Son compagnon l&#8217;avait déjà attrapée par les épaules pour la
-soutenir.<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène, tu vas bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sans répondre, la jeune femme s&#8217;effondra dans ses bras. <br 
-class="newline" />&#8212; Épuisement magique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? proposa-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />L&#8217;humain semblait paniqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Lorsque les mages invoquent beaucoup de sorts puissants d&#8217;affilée, ils
-s&#8217;épuisent très vite, expliqua-t-elle. <br 
-class="newline" />Elle posa sa main sur le front de la jeune magicienne, et hocha la tête en
-guise de confirmation. Elle connaissait très bien ce phénomène, très
-classique chez les mages.<br 
-class="newline" />&#8212; Et on fait quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Aldariel haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Rien, elle a juste besoin de se reposer. Nous aussi de toutes façons, et il
-faut qu&#8217;on se mette à l&#8217;abri, rien ne nous dit qu&#8217;il ne va pas y avoir d&#8217;autres
-araknes.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle avait dit... que ces bestioles ne supportaient pas l&#8217;eau pure, et qu&#8217;il
-fallait trouver une rivière. De mémoire, il y en a une dans cette
-direction.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête, tout en ramassant ses flèches aux alentours. Cela lui
-revenait maintenant, elle avait bien lu quelque chose comme ça.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Transporte-la, on vous couvre.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme les regarda toutes les deux. Il sembla hésiter une seconde, puis
-rangea son épée, prit la magicienne inanimée dans ses bras ainsi que son
-bâton, et se mit en route.
-<!--l. 178--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 180--><p class="indent" >   Ils avançaient en silence dans la forêt. L&#8217;archère était à sa gauche, et la
-guerrière à sa droite. Tous trois scrutaient les environs avec inquiétude,
-mais rien n&#8217;arrivait. Pouvaient-ils être venus à bout de ces horreurs,
-finalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 182--><p class="indent" >   Il repensa à la bataille qu&#8217;ils venaient de mener. L&#8217;archère n&#8217;avait pas
-raté une seule fois sa cible, même si elle n&#8217;était pas toujours dans la
-meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière...
-Était-ce la rage d&#8217;être restée passive pendant toute une partie de l&#8217;action,
-blessée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? L&#8217;efficacité meurtrière qu&#8217;elle avait
-mise en &#339;uvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-Rassurante parce qu&#8217;elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
-bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu&#8217;elle
-                                                                
-                                                                
-était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l&#8217;envie
-l&#8217;en prenait. Il savait qu&#8217;il n&#8217;aurait de toutes façons pas le temps de
-dégainer son épée, et aucun espoir de s&#8217;enfuir avec Sélène dans ses
-bras.
-<!--l. 184--><p class="indent" >   Certes, ils avaient convenu d&#8217;une trêve, le temps de se mettre à l&#8217;abri des
-araknes. Et c&#8217;est grâce à Sélène qu&#8217;elle était guérie. Mais... que se
-passerait-il une fois qu&#8217;ils seraient en sécurité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Lui pardonnerait-elle, entre
-autres, de l&#8217;avoir plaquée au sol et menacée lorsqu&#8217;elle était blessée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et
-si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il détestait se sentir ainsi,
-à la merci de ces deux inconnues. Mais avait-il le choix, de toutes
-façons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il était le seul assez fort pour pouvoir porter facilement
-Sélène. À bien y réfléchir, il n&#8217;aurait pas laissé quelqu&#8217;un d&#8217;autre le
-faire.
-<!--l. 186--><p class="indent" >   Le son de l&#8217;eau qui coule se fit rapidement entendre, et la large rivière,
-calme, apparut sous leurs yeux.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous y voici. Il n&#8217;y a plus qu&#8217;à traverser. Tu sauras nager avec
-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de l&#8217;archère, qui s&#8217;était tournée vers lui. Il hocha la tête,
-même si l&#8217;idée de se jeter à l&#8217;eau avec tout son équipement et la jeune
-femme inanimée, ne l&#8217;enchantait guère.<br 
-class="newline" />&#8212; On n&#8217;est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
-peut la longer jusqu&#8217;à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
-se transforme en torrent d&#8217;ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
-l&#8217;eau en cas de gros problème.<br 
-class="newline" />Ils acquiescèrent, et suivirent le cours d&#8217;eau vers l&#8217;aval.
-<!--l. 192--><p class="indent" >   Ce n&#8217;est que quelques minutes plus tard qu&#8217;il remarqua que le lit de la
-rivière s&#8217;était élargi, et qu&#8217;elle semblait nettement moins profonde.
-Quelques rochers affleuraient même à la surface.<br 
-class="newline" />&#8212; Là, on peut peut-être traverser.<br 
-class="newline" />Sans répondre, l&#8217;archère s&#8217;avança dans l&#8217;eau. À mi-chemin, elle n&#8217;avait de
-l&#8217;eau qu&#8217;à mi-mollet. Elle s&#8217;arrêta et lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien vu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il s&#8217;avança à sa suite. Soudain, alors qu&#8217;elle atteignait presque la rive
-opposée, l&#8217;elfe s&#8217;arrêta brusquement et se retourna vers lui, les sourcils
-                                                                
-                                                                
-froncés.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë... Tu ne m&#8217;avais pas dit que les humains voyaient très mal dans
-l&#8217;obscurité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sans avoir besoin de se retourner, il entendit la guerrière, qui le
-suivait, s&#8217;arrêter à son tour. La nuit était tombée depuis presque une
-heure.<br 
-class="newline" />&#8212; Si...<br 
-class="newline" />Il sentait leurs regards, interrogateurs, presque menaçants. Ce n&#8217;était
-peut-être pas le moment de se lancer dans de longues explications...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est une longue histoire, je vous explique après, promis. Est-ce qu&#8217;on
-peut se mettre en sûreté d&#8217;abord<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />L&#8217;archère, devant lui, hocha la tête, et se remit en marche.
-<!--l. 204--><p class="noindent" >&#8212; On peut peut-être s&#8217;arrêter là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Les deux elfes regardèrent les alentours, et hochèrent la tête. Ils étaient à
-une trentaine de mètres de la rivière. Il vit les deux jeunes femmes le jauger
-du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
-armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s&#8217;assit au sol,
-déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
-soulager ses bras douloureux.
-<!--l. 207--><p class="indent" >   Les deux elfes s&#8217;installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
-L&#8217;archère prit la parole, d&#8217;une voix douce.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment va-t-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Elle respire calmement.<br 
-class="newline" />L&#8217;elfe se leva et posa une main délicate sur le front de la jeune femme
-endormie.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle a un peu froid. Tu devrais la couvrir.<br 
-class="newline" />Il prit leurs deux couvertures dans leurs sacs respectifs et l&#8217;enveloppa
-doucement dedans. Un silence passa, puis il se décida.<br 
-class="newline" />&#8212; Je m&#8217;appelle Zach. Je suis guide, et j&#8217;escorte cette jeune personne,
-Sélène, à travers la forêt, jusqu&#8217;à la seigneurie de Assem. Et... vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë et moi-même, Aldariel, sommes des elfes sylvaines. Nous sommes
-invitées par le duc De Vane, qui organise un grand tournoi de tir à
-l&#8217;arc.<br 
-class="newline" />Zach allait demander s&#8217;il n&#8217;était pas dangereux pour deux femmes seules de
-faire ce long trajet. Puis il se souvint des traits de l&#8217;archère et de l&#8217;épée de
-                                                                
-                                                                
-la guerrière, et se ravisa. Cette dernière reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Pour répondre à ta question initiale, nous n&#8217;étions pas en train de vous
-espionner. Nous avons été attaquées par les araknes, et nous avons vu de la
-lumière... Je suppose que c&#8217;était elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; En effet. Nous avons, comme vous, été attaqués par ces créatures...
-J&#8217;étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner.
-<br 
-class="newline" />Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la
-dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle
-défit la bande de cuir qui entourait son poignet droit. La peau était
-intacte, mais le cuir marquait de profondes entailles. Il soupira et
-continua.<br 
-class="newline" />&#8212; La magie fait très peur, dans nos contrées. Les magiciens sont
-pourchassés et brûlés vifs... Jusqu&#8217;à ce moment, j&#8217;ignorais qu&#8217;elle
-avait de tels pouvoirs, et si quelqu&#8217;un nous dénonce, nous sommes
-en grave danger... J&#8217;ai eu peur. Désolé de ma réaction un peu...
-brutale.<br 
-class="newline" />L&#8217;archère reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous avons tous eu peur, je crois. Et sans coopérer, nous ne serions pas
-tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de
-dormir.<br 
-class="newline" />Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu&#8217;au
-lendemain, et c&#8217;était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
-faire de même. Il hésita un peu. Le pain était rassis, la viande encore plus
-séchée, mais il leur proposa tout de même. <br 
-class="newline" />&#8212; Désolé, ce n&#8217;est pas très frais, mais si vous en voulez...<br 
-class="newline" />Alors que, jusque là, la guerrière avait gardé un air légèrement méfiant, elle
-sourit et se servit une tranche de pain et de lard qu&#8217;elle mangea avec
-appétit. En retour, elle lui tendit une petite galette.<br 
-class="newline" />&#8212; Du pain elfique. C&#8217;est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s&#8217;en
-lasse au bout d&#8217;un moment.<br 
-class="newline" />Il la remercia d&#8217;un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
-avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
-finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
-                                                                
-                                                                
-grimace.<br 
-class="newline" />&#8212; Excuse-moi, mais je n&#8217;ai pas encore l&#8217;habitude de la nourriture
-humaine...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est la première fois que vous venez en territoires humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Silwë sourit entre deux bouchées de pain.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle, oui. En ce qui me concerne, j&#8217;ai passé cinq ans chez les humains,
-donc ce n&#8217;est pas une nouveauté pour moi...<br 
-class="newline" />Devant son regard surpris, elle expliqua.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;y ai appris le maniement de l&#8217;épée. C&#8217;est d&#8217;ailleurs pour ça, et
-pour mon expérience humaine, que j&#8217;ai eu l&#8217;honneur d&#8217;escorter notre
-princesse.<br 
-class="newline" />Elle adressa un sourire amusé à Aldariel. Elle était donc bien une princesse,
-comme elle lui avait annoncé &#8211; il eut un léger frisson &#8211; à la pointe de sa
-flèche... Il se demanda s&#8217;il devait la traiter en tant que telle. Son
-«&#x00A0;garde du corps&#x00A0;» ne semblait pas s&#8217;encombrer de protocole, mais
-lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je te préviens, ne t&#8217;avise pas de m&#8217;appeler «&#x00A0;princesse&#x00A0;» si tu ne veux
-pas recevoir une flèche perdue.<br 
-class="newline" />Avait-elle suivi sa pensée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Son ton était ferme, mais il y avait une petite
-pointe de plaisanterie dans sa voix...
-<!--l. 238--><p class="indent" >   Il ne put retenir un bâillement. La journée avait été longue, épuisante et
-riche en émotions... Aldariel hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Il est effectivement temps de se reposer.<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je ne fais
-pas ça d&#8217;habitude, mais le danger qui nous menace est assez inhabituel,
-proposa-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi pas, répondit Silwë, puisque visiblement nous sommes tous les
-trois capables de voir dans le noir.<br 
-class="newline" />Elle le pointa du doigt.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;ailleurs, à ce sujet, tu nous dois quelques explications...<br 
-class="newline" />Il avait presque oublié ce détail. Mais finalement, ce n&#8217;était pas forcément
-plus mal. Maintenant qu&#8217;il avait enfin des elfes face à lui, il allait peut-être
-savoir...<br 
-class="newline" />&#8212; Effectivement, j&#8217;ai la capacité de voir dans l&#8217;obscurité, mais j&#8217;ignore
-pourquoi. Je suis un enfant trouvé sur le pas d&#8217;une porte et adopté... Sélène
-                                                                
-                                                                
-pense que j&#8217;ai des antécédents elfiques.<br 
-class="newline" />Les deux jeunes femmes l&#8217;observèrent un moment. Puis se jetèrent un
-regard entendu. Aldariel se leva et vint s&#8217;asseoir à côté de lui, une main sur
-son épaule, puis pointa du doigt un arbre au loin.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vois la chouette sur sa branche, là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Celle qui tient dans ses serres un cadavre de mulot<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou celle qui est
-quelques branches plus haut<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Mmm... Et dans ce buisson à droite, tu distingues quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a ce qui ressemble à une entrée de terrier, et un renard semble en
-sortir avec prudence. Ah, il vient de rentrer...<br 
-class="newline" />Nouveau regard entendu, presque inquiet. Il avait l&#8217;impression d&#8217;avoir fait
-quelque chose de mal, mais quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Silwë reprit la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce qu&#8217;il t&#8217;arrive d&#8217;être gêné par la lumière du jour, en été<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Parfois, quand le soleil est haut dans le ciel et qu&#8217;il n&#8217;y a aucun nuage,
-admit-il. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Les deux jeunes femmes semblaient mal à l&#8217;aise.<br 
-class="newline" />&#8212; Elfe noir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura l&#8217;archère.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui...<br 
-class="newline" />Il se racla la gorge, et fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce que je peux savoir de quoi vous parlez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Aldariel prit une grande inspiration, et expliqua.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vois encore mieux que nous dans l&#8217;obscurité. Tout comme ta légère
-sensibilité à la lumière, c&#8217;est typique des elfes noirs. Il faut que tu
-saches que... nous ne sommes pas vraiment en bons termes avec
-eux.<br 
-class="newline" />Elle semblait gênée. Son amie reprit, presque doucement.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu n&#8217;y es pour rien. Mais je te conseille de cacher ce don face à des elfes
-sylvains...<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai déjà l&#8217;habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal
-vus, d&#8217;où je viens, et déjà qu&#8217;on me traitait d&#8217;elfe quand j&#8217;étais petit, parce
-que j&#8217;étais soi-disant tout frêle...<br 
-class="newline" />Silwë sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; De ce que j&#8217;ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
-peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
-juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
-                                                                
-                                                                
-silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
-oreilles pointues en moins.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu penses qu&#8217;il est un... hybride<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui.<br 
-class="newline" />L&#8217;archère parut considérer cette réponse.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... c&#8217;est courant, des liaisons entre elfes et humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ça... arrive.<br 
-class="newline" />L&#8217;archère sembla considérer son amie avec curiosité et retenir une question.
-Puis elle se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, je prends la première garde. Allez dormir.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord, je prendrai la suivante, ajouta-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; Je m&#8217;occuperai de la dernière.
-<!--l. 276--><p class="indent" >   Il commença à s&#8217;installer près de Sélène, qui à son grand soulagement,
-semblait toujours dormir paisiblement. Aldariel lui tendit ce qui ressemblait
-à un drap léger.<br 
-class="newline" />&#8212; Laisse-lui les deux couvertures, et prends la mienne pour dormir. Ne
-t&#8217;inquiète pas, elle est assez chaude.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci.<br 
-class="newline" />Il posa, comme à son habitude, sa ceinture à côté de lui et s&#8217;enroula dans la
-couverture. Elle était effectivement très confortable et tenait chaud, malgré
-sa finesse. Un mètre à sa droite, Silwë l&#8217;avait imitée. Son épée se
-retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
-Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;aurait pas su dire. Puis elle ferma les
-yeux. Il vit, du coin de l&#8217;oeil, l&#8217;archère, perchée sur une branche, aux
-aguets. Devait-il être rassuré ou inquiet<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;eut pas le temps de se
-poser plus longtemps la question, la fatigue l&#8217;envahit et il s&#8217;endormit
-profondément.
-<!--l. 281--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 283--><p class="indent" >   Les heures s&#8217;étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il
-fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
-menace ne semblait se profiler à l&#8217;horizon, même venant de la rivière. Elle se
-leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
-réchauffer.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 285--><p class="indent" >   Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu&#8217;elle y pensait,
-il avait bien un petit air d&#8217;elfe, si elle l&#8217;imaginait sans barbe. Mais était-ce
-important, finalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il semblait plutôt sincère lorsqu&#8217;il avait
-expliqué qu&#8217;il ne connaissait pas ses antécédents. Bien sûr, il aurait
-pu mentir pour éviter d&#8217;être pris pour un elfe noir, surtout auprès
-d&#8217;elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait
-assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains
-semblaient fonctionner de la même manière, même si l&#8217;étiquette
-différait. Mais elle n&#8217;était pas aussi sûre qu&#8217;elle le voulait. Cela dit, dans
-ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur
-sa vue<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il aurait très bien pu prétendre voir un petit peu moins
-bien...
-<!--l. 287--><p class="indent" >   Il avait eu une attitude très... protectrice vis-à-vis de la magicienne.
-Prenait-il son travail très au sérieux, ou était-il réellement attaché à elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Si elle avait été sûre que le langage corporel des humains était le même que
-celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
-curieuse d&#8217;observer l&#8217;attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
-réveillerait. Sélène, qui avait soigné &#8211; presque &#8211; sans hésiter son amie...
-Certes, d&#8217;un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
-plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
-faire pardonner de l&#8217;avoir menacée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Dommage qu&#8217;elle soit restée inanimée,
-elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle
-l&#8217;occasion le lendemain<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 289--><p class="indent" >   L&#8217;heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter
-la garde à sa place. Était-il vraiment de confiance<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il avait avoué avoir agi
-par peur, lorsqu&#8217;il avait attaqué Silwë, mais qu&#8217;est-ce qu&#8217;il lui disait qu&#8217;il
-n&#8217;agirait pas ainsi d&#8217;autres fois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Si il les attaquait, toutes les deux, alors
-qu&#8217;elles dormaient<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce serait bien un comportement irrationnel d&#8217;elfe noir
-ça... Elle secoua la tête. C&#8217;était ridicule. Il avait grandi chez les
-humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour
-ce qu&#8217;elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n&#8217;avait
-jamais rencontré d&#8217;elfe noir, peut-être que tout ce qu&#8217;on disait sur eux
-n&#8217;était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
-la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tiens, maintenant qu&#8217;elle y pensait, elle
-                                                                
-                                                                
-était persuadée d&#8217;avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
-lorsqu&#8217;elle avait parlé de relations hybrides. Était-ce un sujet tabou,
-là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou se pouvait-il que...<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les humains étaient si différents
-des elfes, elle avait du mal à imaginer une telle relation. Mais qui
-sait...<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 294--><p class="noindent" >&#8212; Zach... Réveille-toi...<br 
-class="newline" />L&#8217;homme ouvrit les yeux et parut mettre quelques instants à réaliser ce qui
-se passait.<br 
-class="newline" />&#8212; Que se passe-t-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Rien, c&#8217;est juste ton tour de veiller.<br 
-class="newline" />Il se leva, s&#8217;étira et ramassa son épée. Puis il lui tendit la couverture et
-s&#8217;éloigna rapidement pour trouver un point d&#8217;où surveiller le campement.
-<!--l. 300--><p class="indent" >   Allongée dans sa couverture &#8211; qui avait une odeur... d&#8217;humain<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? &#8211;, elle
-mit quelques minutes à s&#8217;endormir, malgré la fatigue. Le calme était revenu
-sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
-un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n&#8217;en doutait pas. Il
-voyait mieux qu&#8217;elle dans la nuit, et elle l&#8217;avait vu manier l&#8217;épée
-avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l&#8217;&#339;uvre, elle
-doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
-Silwë, même blessée. Il n&#8217;y avait pas de raison de s&#8217;inquiéter, se
-répéta-t-elle...
-<!--l. 302--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 304--><p class="indent" >   Une partie de la nuit était déjà passée, et il n&#8217;avait pas &#8211; encore &#8211; eu la
-gorge tranchée pendant son sommeil... jusque là, tout allait bien. Enfin, si
-on exceptait les araknes, la révélation de Sélène, la rencontre &#8211; peu amicale
-au premier abord &#8211; avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain
-nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très
-loin.
-<!--l. 306--><p class="indent" >   Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
-serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
-elle n&#8217;avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
-horreurs. Qu&#8217;est-ce qu&#8217;il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
-tout à l&#8217;heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le contre-coup de la
-                                                                
-                                                                
-douleur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? La crainte de mourir qui s&#8217;était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le
-choc d&#8217;apprendre qu&#8217;elle possédait des pouvoirs hors du commun<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Le danger que ces mêmes pouvoirs représentaient<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Finalement,
-heureusement qu&#8217;il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une
-sacrée bêtise. Elle n&#8217;aurait probablement pas apprécié, et il se serait
-vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou
-ailleurs.
-<!--l. 308--><p class="indent" >   Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes
-d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elles avaient l&#8217;air d&#8217;être un peu moins âgées que lui, mais
-les elfes ayant la réputation d&#8217;avoir une grande longévité, ça ne
-voulait peut-être pas dire grand chose... Elles dormaient l&#8217;une contre
-l&#8217;autre. Pour le froid, ou y avait-il plus que de l&#8217;amitié entre elles<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il
-ne connaissait les m&#339;urs des elfes que de réputation, et on disait
-des choses bien étranges sur leur sujet... Il fit mentalement la liste
-de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
-qu&#8217;il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
-Mieux valait peut-être s&#8217;en tenir à ce qu&#8217;il pouvait observer. Les
-elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
-combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
-battent à l&#8217;arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
-et chaudes. Ça, il avait effectivement validé. Ils parlent une langue
-inconnue et étrange<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient
-appris la langue des humains<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il en doutait, sinon elles auraient
-utilisé &#8211; au moins ponctuellement &#8211; leur langage pour parler dans son
-dos.
-<!--l. 311--><p class="indent" >   Il soupira. Après tout, s&#8217;il se posait des questions idiotes, c&#8217;est qu&#8217;il était
-encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce serait
-Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très
-bien... peut-être même trop bien. Elle n&#8217;avait pas apprécié d&#8217;avoir été
-humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d&#8217;une lame sur la
-gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n&#8217;aurait pas trop
-aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Cela dit, elle n&#8217;avait
-rien tenté contre lui lorsqu&#8217;ils fuyaient les araknes, et qu&#8217;il était
-désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
-devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
-                                                                
-                                                                
-lui...
-<!--l. 313--><p class="indent" >   Quand à la «&#x00A0;princesse&#x00A0;»... qui ne souhaitait pas qu&#8217;on la traite en tant
-que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment
-traitait-on les princesses là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Peut-être en avait-elle assez des
-courbettes. Ou c&#8217;était peut-être tout simplement la situation d&#8217;urgence, qui
-faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas,
-elle était redoutable, elle aussi. Il n&#8217;avait jamais vu un archer aussi
-efficace, rapide et précis. Il se remémora l&#8217;instant terrible où il avait
-entendu le son de son arc se détendre dans son dos. Fort heureusement,
-elle avait estimé que l&#8217;arakne était une meilleure cible que lui... Il
-frissonna.
-<!--l. 315--><p class="indent" >   Il y a quelques jours, il n&#8217;aurait jamais admis, ni même imaginé une
-seule seconde avoir peur d&#8217;une femme. Et pourtant, les trois qui étaient
-étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
-endormies, sans défense &#8211; ou presque &#8211; l&#8217;effrayaient. Mais... n&#8217;est-ce pas ce
-qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
-côté<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
-forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu&#8217;il apprenait qu&#8217;il était
-peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n&#8217;était pas vraiment en
-reste.
-<!--l. 319--><p class="indent" >   L&#8217;heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
-jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
-nocturnes. Tout allait bien. Il s&#8217;approcha doucement de Silwë, et lui posa la
-main sur l&#8217;épaule.<br 
-class="newline" />&#8212; Psst... Silwë<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />L&#8217;elfe se réveilla et sembla paniquer à sa vue. Sa main se tendit vers son
-arme, posée à côté d&#8217;elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, ne t&#8217;affole pas. C&#8217;est moi, Zach.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;assit, et le reconnaissant, se calma.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, pardon. Je suppose que c&#8217;est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Rien à signaler pour le moment.<br 
-class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s&#8217;équipa rapidement et s&#8217;éloigna.
-<!--l. 329--><p class="indent" >   Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
-inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
-                                                                
-                                                                
-chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
-Était-il dangereux de dormir si près d&#8217;une... sorcière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? De toutes façons, ce
-n&#8217;était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau,
-apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu&#8217;on lui
-avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même
-temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme
-celle qu&#8217;il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d&#8217;entretenir une telle
-haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse
-peur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 331--><p class="indent" >   La fatigue l&#8217;envahit à nouveau, interrompant ses pensées. Il ferma les
-yeux, et s&#8217;endormit à son tour.
-<!--l. 333--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 335--><p class="indent" >   La nuit allait bientôt s&#8217;achever, sans qu&#8217;il se soit passé quoi que ce soit.
-C&#8217;était plutôt rassurant... Pas d&#8217;autre menace venant de la rivière. Pas de
-menace non plus de leurs compagnons d&#8217;infortune. La magicienne dormait
-toujours, et à ses côtés, Zach semblait s&#8217;être endormi. Il n&#8217;avait pas
-tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
-demandait s&#8217;il était vraiment un guide ou s&#8217;il était juste un brigand qui
-avait inventé cette histoire pour se couvrir. L&#8217;un n&#8217;empêchait pas
-l&#8217;autre après tout... Même si la jeune femme qui l&#8217;accompagnait
-semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu&#8217;elle était magicienne
-n&#8217;était pas rien, dans cette région, même si c&#8217;était pour lui sauver la
-vie...
-<!--l. 337--><p class="indent" >   Elle se demandait, d&#8217;ailleurs, quelle était la relation réelle entre ces deux
-jeunes gens. À voir Zach, en tous cas, il semblait évident qu&#8217;il y avait
-plus qu&#8217;un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle
-interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en
-fait.
-<!--l. 339--><p class="indent" >   Mais la magicienne l&#8217;avait quand même sauvée, elle... Alors qu&#8217;elle
-l&#8217;avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
-l&#8217;épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
-simple opportunisme, sachant qu&#8217;il leur fallait un bras de plus pour
-combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? S&#8217;étaient-ils alliés à elles parce qu&#8217;ils se
-                                                                
-                                                                
-savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
-fois la magicienne réveillée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait
-imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
-elles, deux voyageurs surpris par ces créatures, et avaient eu peur.
-D&#8217;où venaient ces horreurs d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle aurait payé cher pour le
-savoir...
-<!--l. 342--><p class="indent" >   Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
-sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
-avec une épée d&#8217;ailleurs... Ah si elle avait été valide, elle ne se serait
-pas retrouvée immobilisée aussi facilement. Elle prendrait bien sa
-revanche, mais l&#8217;attaquer n&#8217;était pas forcément la meilleure façon de lui
-montrer ses bonnes intentions... d&#8217;autant qu&#8217;il semblait se méfier
-un peu d&#8217;elle. Et... aurait-elle le dessus, en fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce n&#8217;était pas
-clair...
-<!--l. 344--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 346--><p class="indent" >   Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
-d&#8217;elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
-autres fois, il récupérait plus vite qu&#8217;elle et se levait avant... Peut-être
-s&#8217;était-il plus fatigué hier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Hier... Les évènements de la veille lui revinrent
-brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
-soin... il savait désormais. Et l&#8217;étrange rencontre avec les deux elfes,
-leur alliance temporaire quand d&#8217;autres créatures avaient attaqué,
-et... le trou noir. Elle avait lancé beaucoup de sorts en si peu de
-temps, elle n&#8217;avait pas tenu le coup. Elle manquait encore tellement
-d&#8217;entraînement.
-<!--l. 348--><p class="indent" >   Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son
-compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l&#8217;archère
-elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s&#8217;était-il donc
-passé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bien dormi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L&#8217;autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
-adossée à un arbre, l&#8217;épée à la main. Elle lui souriait.<br 
-class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d&#8217;elle. Devait-elle se
-                                                                
-                                                                
-méfier d&#8217;elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture &#8211; pour la
-rassurer peut-être<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? &#8211; et lui fit signe de s&#8217;approcher.<br 
-class="newline" />&#8212; Laisse les autres dormir. Ils sont épuisés.<br 
-class="newline" />Elle lui raconta tout ce qui s&#8217;était passé depuis son évanouissement.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez vraiment monté la garde toute la nuit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Nous nous sommes relayés... C&#8217;est pourquoi Zach et Aldariel
-dorment encore.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête. Beaucoup trop de questions lui venaient à l&#8217;esprit, elle ne
-savait pas par où commencer. Peut-être par la plus critique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si je ne me trompe pas, vous êtes des elfes sylvaines<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; En effet.<br 
-class="newline" />&#8212; La magie n&#8217;est pas interdite chez vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non pas du tout. Mais je sais très bien que là où nous allons, c&#8217;est le cas,
-et elle y est même pire qu&#8217;interdite... Je comprends que tu aies eu peur
-d&#8217;être découverte. Tu ferais mieux de cacher ton bâton de magie,
-d&#8217;ailleurs.<br 
-class="newline" />Il n&#8217;y avait pas besoin d&#8217;avoir à expliquer la situation, au moins. Elle poussa
-un soupir de soulagement.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis désolée pour le malentendu hier... Sans vous deux, nous n&#8217;aurions
-pas pu passer cette rivière vivants.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est moi qui dois te remercier de toutes façons...<br 
-class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers9x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 2--><p class="nopar" >
-<!--l. 4--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 6--><p class="indent" >   Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d&#8217;un mois qu&#8217;il avait
-été adoubé paladin de la déesse, et qu&#8217;il pouvait sillonner le pays,
-rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu&#8217;il ne ferait
-pas fortune ainsi, mais il était libre comme l&#8217;air et accueilli plutôt
-                                                                
-                                                                
-généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Peut-être
-un peu de compagnie. Oh non, il était loin du cliché du chevalier
-parcourant le pays avec sa Dame l&#8217;attendant dans son château<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; mais
-ses anciens amis de la garde lui manquaient un peu. Il ne les avait
-pas vus depuis qu&#8217;il était reparti dans le temple pour finaliser sa
-formation. Et ils avaient quitté la capitale entre deux... S&#8217;ils l&#8217;avaient vu
-maintenant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 9--><p class="indent" >   Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d&#8217;un écusson argent à
-l&#8217;effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une
-cotte de mailles légère, ainsi que de solides gants de cuir. À sa ceinture, il
-portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d&#8217;un heaume
-ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s&#8217;approchait du château
-du seigneur Assem, qui ferait une bonne étape pour la nuit. Peut-être
-pourrait-il y rester quelques jours pour se reposer, après la traversée
-épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu&#8217;il n&#8217;avait pas vus
-depuis des années, qu&#8217;il serait présent pour l&#8217;ouverture du grand tournoi de
-tir à l&#8217;arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
-finalement.
-<!--l. 13--><p class="noindent" >&#8212; Sieur Irdann, c&#8217;est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
-qui étaient venus le saluer personnellement. La situation de paladin semblait
-effectivement respectée ici, et il était tout de même le fils de leur suzerain,
-bien que n&#8217;en portant pas le titre. Le seigneur se leva pour l&#8217;accompagner
-lui-même à la chambre qui lui était préparée. Il ne s&#8217;attendait pas à un tel
-accueil.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous ferez-vous le plaisir de dîner avec nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bien volontiers, d&#8217;autant que voilà plusieurs jours que je n&#8217;ai pas fait un
-bon repas à table.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez traversé la forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; En effet.<br 
-class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
-quelque chose. Il sembla hésiter, puis s&#8217;arrêta au milieu du couloir.<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
-certains de ses secrets, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d&#8217;une requête...<br 
-class="newline" />Ah, voilà une des raisons, peut-être, de leur attitude. Mais après tout,
-pourquoi pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Mon épée est à votre service, seigneur.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme soupira, puis lui montra un portrait dans le couloir.<br 
-class="newline" />&#8212; Voici notre fille, Sélène. Il y a quelques années, elle a épousé un riche
-seigneur de la capitale, et nous la voyons peu.<br 
-class="newline" />Irdann observa le portrait. La damoiselle devait avoir une quinzaine
-d&#8217;années quand le tableau avait été peint. Des longs cheveux châtains
-tressés avec des rubans, de jolis yeux gris-vert, et une longue robe de
-couleur crème, brodée d&#8217;or. Un air sage, convenable à une jeune fille de son
-rang.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle devait nous rendre visite, seule car son époux est très occupé, et a
-préféré ne pas attendre le carosse et l&#8217;escorte de soldats que nous lui
-envoyions d&#8217;habitude. Mais elle devrait déjà être arrivée, depuis plusieurs
-jours déjà...<br 
-class="newline" />Le seigneur s&#8217;interrompit. Il semblait sincèrement inquiet.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous n&#8217;avons eu aucune nouvelle, si ce n&#8217;est des rumeurs populaires sur
-une recrudescence de brigands dans la forêt qu&#8217;elle devait traverser...<br 
-class="newline" />Irdann n&#8217;ajouta rien. Il aurait bien confirmé ces rumeurs, mais ce n&#8217;était
-peut-être pas la peine d&#8217;accabler le seigneur.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle est peut-être morte, ou enlevée par des bandits... Comment savoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Vous, un paladin, vous pouvez peut-être la retrouver...<br 
-class="newline" />&#8212; Mais comment la trouver<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? La forêt est immense, et si dense...<br 
-class="newline" />L&#8217;homme le regarda un instant.<br 
-class="newline" />&#8212; Les paladins de Melna sont instruits, dit-on, des secrets divins. Ceux qui
-permettent de retrouver n&#8217;importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui
-sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus
-grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu&#8217;il chevaucha
-droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son
-aimé, se jeta du haut de sa tour à l&#8217;instant où celui-ci mourait sous
-les coups de l&#8217;ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
-sa mort... Il y en a d&#8217;autres comme celle-ci, je pense que vous les
-connaissez.<br 
-class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
-                                                                
-                                                                
-et dangereux, mais ne l&#8217;avait jamais mis en place jusqu&#8217;alors... Mais
-peut-être était-ce le moment où jamais. Et puis, une quête héroïque, digne
-d&#8217;un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
-du seigneur acheva de le convaincre.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem,
-vous pouvez me faire confiance.<br 
-class="newline" />Il le vit esquisser un sourire plein d&#8217;espoir, et lui serrer le bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
-noble paladin.
-<!--l. 41--><p class="indent" >   Il ferma soigneusement la porte de la chambre de Sélène, après avoir
-demandé à n&#8217;être dérangé sous aucun prétexte. Puis il fit le tour de la
-pièce. Ça n&#8217;allait pas être simple, et il le savait. Ne connaissant pas
-personnellement la jeune femme, il lui fallait trouver un objet très
-personnel, auquel elle était attachée émotionnellement. Mais lequel<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un
-vêtement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? S&#8217;il devait invoquer l&#8217;enchantement
-de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n&#8217;avait pas
-terminé.
-<!--l. 44--><p class="indent" >   Il s&#8217;assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
-nombreuses années, il y avait probablement peu d&#8217;objets auxquels elle tenait
-réellement. S&#8217;il supposait qu&#8217;un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Tout d&#8217;abord, elle n&#8217;a pas emmené cet objet chez son époux. Donc elle le lui
-cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
-tâche s&#8217;il devait en plus fouiller toutes les cachettes potentielles... Un bijou
-offert par un amour d&#8217;adolescente<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un journal intime<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Mais si elle est
-réellement attachée à cet hypothétique objet, elle aurait pu tenter de
-l&#8217;emmener avec elle, caché dans le grand coffre qu&#8217;elle emportait en tant que
-trousseau. Donc... cet objet, s&#8217;il existe, n&#8217;est pas petit et discret.
-Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d&#8217;un
-point de vue purement logique, s&#8217;il devait chercher un objet petit et
-caché, il n&#8217;avait probablement aucune chance. Mais un objet d&#8217;un
-volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
-chercher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 47--><p class="indent" >   Il se leva et se mit à chercher. Au bout d&#8217;une vingtaine de minutes, il
-finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
-                                                                
-                                                                
-et le sommier. S&#8217;il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le c&#339;ur
-battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.
-<!--l. 49--><p class="indent" >   C&#8217;était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d&#8217;or, aux pages jaunies
-par le temps. Il l&#8217;ouvrit et en lut quelques lignes. C&#8217;était un livre de
-sorcellerie... Il en eut des sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la
-magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait
-office d&#8217;avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
-avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n&#8217;en n&#8217;était pas question.
-Et puis il avait commencé à vivre à la capitale... où se côtoyaient toutes
-sortes d&#8217;êtres &#8211; presque &#8211; sans frictions et où la magie était une pratique
-courante &#8211; il y avait même une université pour l&#8217;apprendre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Le contraste
-avec cette région était si saisissant... À la garde, maître Ernest ne
-faisait même pas la différence entre les hommes et les femmes, alors
-qu&#8217;ici...
-<!--l. 51--><p class="indent" >   Il secoua la tête. Ce n&#8217;était pas le moment de faire revenir de vieux
-souvenirs, il avait autre chose à s&#8217;occuper. Ce livre était plus qu&#8217;interdit ici,
-il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n&#8217;était pas la jeune épouse
-parfaite, douce et délicate qu&#8217;il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
-lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
-la capitale<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce nom, d&#8217;ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
-pas tout le gratin de la ville, mais il s&#8217;attendait à un nom un minimum
-familier.
-<!--l. 53--><p class="indent" >   Il sortit de sa poche un simple caillou qu&#8217;il avait ramassé dans la cour, et
-le posa à côté du livre, et débuta son incantation.
-<!--l. 55--><p class="indent" >   Combien de temps s&#8217;était passé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Difficile à dire, mais de ce qu&#8217;il voyait
-par la fenêtre, la nuit était tombée. Il ramassa délicatement la pierre posée
-sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
-enchantement, et Sélène était vivante... L&#8217;enchantement du c&#339;ur,
-ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre
-allait désormais pulser au rythme de ses battements de c&#339;ur. En se
-concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
-elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu&#8217;elle se
-trouve.
-<!--l. 59--><p class="indent" >   Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d&#8217;origine
-                                                                
-                                                                
-et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu&#8217;il se
-mettrait en route dès le lendemain, à l&#8217;aube, et partit se coucher,
-épuisé.
-<!--l. 63--><p class="indent" >   Trois heures qu&#8217;il était en route. Trois heures qu&#8217;il sentait, au
-fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu&#8217;il voyageait
-dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu&#8217;il avançait, il
-se sentait de plus en plus mal à l&#8217;aise. Les pulsations indiquaient
-qu&#8217;elle était toujours en vie, ce qui était rassurant, mais les variations
-de rythme le perturbaient. Cette accélération soudaine, il y a une
-demi-heure, était-elle due à un moment de peur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un effort physique
-immédiat<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un émoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un danger<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tout s&#8217;était calmé rapidement...
-Impossible de savoir évidemment, mais cela donnait une sensation
-étrange, voire vraiment gênante. L&#8217;impression d&#8217;être dans l&#8217;intimité
-de quelqu&#8217;un, sans le voir ni l&#8217;entendre, juste à ses battements de
-c&#339;ur.
-<!--l. 65--><p class="indent" >   Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
-enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
-tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
-d&#8217;entraînement et d&#8217;écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
-sensations, quand bien même elle garderait un visage parfaitement
-impassible. C&#8217;était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
-tenu secret...
-<!--l. 67--><p class="indent" >   De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
-retrouvant leur bien-aimée. Sauf qu&#8217;il en connaissait la face sombre. Celle
-qui racontait que nombre d&#8217;entre eux, hantés, obsédés par ces battements
-incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l&#8217;objet de leurs pensées tout
-en ayant la sensation d&#8217;en être si proches, avaient fini par perdre
-complètement la raison.
-<!--l. 69--><p class="indent" >   Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n&#8217;avait
-aucun lien affectif avec la personne qu&#8217;il recherchait, sinon, le même sort
-l&#8217;attendait. Mais même malgré cela il était mal à l&#8217;aise. Il ouvrit les
-sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
-dans laquelle il enveloppa la pierre, qu&#8217;il plaça au fond d&#8217;une des sacoches.
-                                                                
-                                                                
-Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient &#8211; enfin &#8211; plus
-perceptibles. Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans
-quelques heures pour vérifier sa direction, c&#8217;était bien suffisant. Et dès qu&#8217;il
-aurait retrouvé dame Sélène, il faudrait qu&#8217;il se débarrasse de cet objet au
-plus vite.
-<!--l. 71--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 73--><p class="indent" >   Assise en tailleur, Sélène observait le contenu du petit chaudron, posé
-sur un feu, qui se trouvait devant elle. Depuis la veille, ils avaient décidé de
-faire route avec les deux elfes, qui s&#8217;étaient avérées d&#8217;agréables compagnes
-de voyage. Elles étaient aussi à l&#8217;aise en forêt que des poissons dans l&#8217;eau,
-plus encore que Zach. Aldariel, assise en face d&#8217;elle, lui avait parlé de
-recettes de potions à base de plantes, et Sélène avait été enthousiaste à
-l&#8217;idée de les partager. <br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br 
-class="newline" />Sélène sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, même si je regrette celui que j&#8217;ai à l&#8217;université... Ah je pourrais te
-montrer d&#8217;autres mélanges<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;aimerais beaucoup... si nous en avons l&#8217;occasion.<br 
-class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça s&#8217;épaissit, je pense que ça va bientôt être bon.<br 
-class="newline" />&#8212; Il faudra filtrer quand même, il y a plein de morceaux de feuilles... Tiens,
-je me demande si on ne peut pas ajouter ça...<br 
-class="newline" />Elle fouilla dans son sac, et en sortit une petite fiole qu&#8217;elle tendit à l&#8217;elfe.
-Celle-ci tenta de lire l&#8217;étiquette, fronça les sourcils. Puis elle l&#8217;ouvrit, renifla
-légèrement le contenu.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme...<br 
-class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. &#8212;
-J&#8217;avoue, j&#8217;ai toujours acheté les plantes chez l&#8217;herboriste, sous forme d&#8217;huile
-ou de plantes séchées... C&#8217;est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans
-la forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Et encore, il faudra que je te montre certaines qu&#8217;on ne trouve pas
-ici...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux dire, dans votre forêt elfique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, il y a des plantes médicinales spécifiques à notre région... Ça te
-                                                                
-                                                                
-plaira<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 90--><p class="indent" >   Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui
-frémissait et l&#8217;odeur agréable qui s&#8217;en dégageait. Il faisait beau,
-et ils avaient profité d&#8217;un coin calme et d&#8217;un bras de rivière pour
-faire une pause pour se laver. Zach, qui avait sagement attendu son
-tour, devait encore y être. Elle l&#8217;avait aperçu, en allant remplir le
-chaudron d&#8217;eau. Elle était restée quelques secondes à l&#8217;observer,
-légèrement gênée de constater qu&#8217;elle n&#8217;avait pas du tout honte de le
-faire.
-<!--l. 92--><p class="indent" >   Elle détendit ses jambes. Sa robe n&#8217;était plus aussi impeccable qu&#8217;au
-départ... Toutes les broderies du bas étaient sales ou abîmées à force de
-marcher dans la forêt, et une longue déchirure verticale remontait jusqu&#8217;à
-son genou gauche. Il y a une semaine, elle aurait trouvé ça presque
-indécent, mais à présent elle s&#8217;en moquait. Ses courbatures et ampoules
-du début s&#8217;étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
-sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
-forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
-suprises...
-<!--l. 94--><p class="indent" >   Zach s&#8217;était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
-bataille que d&#8217;habitude, et il finissait d&#8217;enfiler sa tunique.<br 
-class="newline" />&#8212; L&#8217;eau était bonne<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Excellente. Vous auriez dû venir.<br 
-class="newline" />Son sourire se figea soudain en voyant le petit chaudron et son contenu, d&#8217;un
-jaune verdâtre, frémir doucement. Il fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que vous faites<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 101--><p class="noindent" >&#8212; Aldariel me montre une recette de chez elle. Ne t&#8217;inquiète pas, ce n&#8217;est
-pas dangereux.<br 
-class="newline" />Il s&#8217;approcha de l&#8217;étrange mixture, et prit un air dubitatif.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
-quinquaillerie avec Silwë.<br 
-class="newline" />Il s&#8217;éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
-<!--l. 106--><p class="indent" >   Une fois qu&#8217;il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
-regardèrent en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Il ne faut pas lui en vouloir, il n&#8217;a pas l&#8217;habitude...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce qu&#8217;on lui dit que ce n&#8217;est qu&#8217;une recette de savon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oh non, surtout pas.<br 
-class="newline" />Elles éclatèrent de rire.
-<!--l. 113--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 115--><p class="indent" >   Ses longs cheveux lâchés autour d&#8217;elle pour les laisser sécher, assise dos à
-un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne
-leva même pas la tête lorsqu&#8217;il approcha.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui t&#8217;arrive<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle lui montra son ouvrage. Une couture latérale, visiblement destinée à
-ajuster la tunique de cuir à des formes féminines, avait rompu.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;essaie de réparer ça... Mais je n&#8217;ai pas tout à fait ce qu&#8217;il faut.<br 
-class="newline" />Au moins, il s&#8217;agissait d&#8217;une occupation plus rassurante que ce qu&#8217;il venait
-de voir... Il s&#8217;assit à côté d&#8217;elle et observa l&#8217;armure. Elle ressemblait de
-beaucoup à la sienne, même si le cuir n&#8217;était pas le même...<br 
-class="newline" />&#8212; Elle vient de chez les elfes, cette armure<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non, je l&#8217;ai achetée à la capitale. Les bonnes armures elfiques sont très
-rares. Par contre, ils ont dû faire quelques retouches qui n&#8217;ont pas très bien
-tenu.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as appris l&#8217;épée durant ton séjour à la capitale, c&#8217;est ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, chez maître Ernest. Tu le connais<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; De réputation, mais je ne l&#8217;ai jamais rencontré directement. D&#8217;ailleurs...
-<br 
-class="newline" />Il se leva et alla chercher son épée, posée avec sa ceinture quelques mètres
-plus loin. <br 
-class="newline" />&#8212; Je suis curieux de voir ce que donne son enseignement.<br 
-class="newline" />Elle leva les yeux vers la lame, qu&#8217;il avait pointée sur elle en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu en as déjà eu l&#8217;occasion, il me semble.<br 
-class="newline" />Était-ce une pointe d&#8217;amertume dans sa voix<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle n&#8217;avait toujours pas
-bougé. <br 
-class="newline" />&#8212; Tu étais blessée. Il n&#8217;y avait aucun challenge.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Vexée, voire même furieuse, elle s&#8217;était levée, et le fixait, les bras croisés. Il
-                                                                
-                                                                
-avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et
-comprendre son jeu, elle soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.<br 
-class="newline" />Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui,
-son arme pointée, avec un léger sourire de défi.<br 
-class="newline" />&#8212; En garde<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 138--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 140--><p class="indent" >   Elle avait à la fois redouté et espéré ce moment. Mais elle s&#8217;était faite
-piéger, et n&#8217;avait pas l&#8217;intention de reculer maintenant. Ils passèrent
-quelques instants à se mesurer du regard. Zach tenait son épée, un peu plus
-courte que la sienne, à une main. Sa position de garde était impeccable. Il
-semblait hésiter à porter le premier coup. Était-il aussi sûr de lui
-qu&#8217;il en avait l&#8217;air, finalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle prit une grande inspiration
-et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
-et précision, et contre-attaqua immédiatement, d&#8217;un coup qu&#8217;elle
-dévia rapidement. Comme elle l&#8217;avait deviné, elle avait affaire à
-un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l&#8217;avait effectivement
-fait remarquer, elle n&#8217;était pas blessée. Le défi promettait d&#8217;être
-intéressant...
-<!--l. 143--><p class="indent" >   Ils échangèrent d&#8217;autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très
-bon escrimeur, corrigea-t-elle mentalement. Pourtant... sur une passe un peu
-inhabituelle, elle réussit à créer une faible ouverture dans sa garde. Faible,
-mais suffisante... Son épée s&#8217;arrêta à quelques millimètres de sa poitrine.
-Elle esquissa un léger sourire.
-<!--l. 145--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 147--><p class="noindent" >&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu&#8217;elle ait stoppé son
-coup. Leur échange n&#8217;avait pas duré une quinzaine de secondes.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien joué.<br 
-class="newline" />Il lui sourit et recula d&#8217;un pas. Il avait bien l&#8217;intention de ne pas en rester là
-de toutes façons...<br 
-class="newline" />&#8212; On remet ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
-<!--l. 154--><p class="indent" >   Ils reprirent le combat. L&#8217;épée de Silwë était légèrement plus longue que
-la sienne, et elle la maniait à deux mains la plupart du temps. Sa main
-gauche, alors placée près du pommeau, l&#8217;aidait à orienter plus rapidement
-et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants
-de ce style, elle savait aussi, et n&#8217;hésitait pas à lâcher de temps en temps la
-seconde main, pour profiter de l&#8217;amplitude que seuls certains mouvements à
-une main permettaient.
-<!--l. 156--><p class="indent" >   Il n&#8217;arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
-difficulté les coups qu&#8217;elle lui rendait. Non, ce n&#8217;était pas parce que son
-épée était mieux équilibrée, ou plus longue. Sa technique était juste
-irréprochable. Sur les trois échanges qui suivirent, il ne parvint à en gagner
-qu&#8217;un, de peu.
-<!--l. 158--><p class="indent" >   Leurs lames s&#8217;entrechoquèrent à nouveau, et glissèrent jusqu&#8217;à la garde.
-Il était tout proche d&#8217;elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
-tempes et des mèches de ses cheveux &#8211; toujours détachés &#8211; étaient collées
-sur son visage. Au moins, il n&#8217;était pas pour elle un adversaire facile... Et
-sur ce genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À
-l&#8217;instant où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
-lame autour du point d&#8217;appui, et sa garde vint s&#8217;appuyer de l&#8217;autre
-côté de la poignée de sa propre arme. L&#8217;élan qu&#8217;il avait pour tenter
-de la faire reculer, combiné à l&#8217;effet de levier qu&#8217;elle appliquait, lui
-fit lâcher son épée. Perdu encore... ou pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il était toujours très
-près d&#8217;elle, à une distance peu pratique pour manipuler une arme
-longue.
-<!--l. 160--><p class="indent" >   Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant
-de pause, et au dernier moment se jeta sur elle, saisissant son poignet et
-déviant son arme vers le haut. De l&#8217;autre bras, il lui entoura les épaules et
-l&#8217;entraîna au sol.<br 
-class="newline" />&#8212; Hééé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! C&#8217;est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Quelle triche<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
-règles<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 164--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 166--><p class="indent" >   Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s&#8217;être
-faite avoir si facilement, et puis, il avait raison...<br 
-class="newline" />&#8212; Certes.<br 
-class="newline" />Elle avait cru gagner, et avait relâché son attention. Elle aurait dû reculer
-plus vite, et l&#8217;esquiver. Elle avait été bête, c&#8217;est tout... Alors qu&#8217;elle
-cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu&#8217;il lui souriait. Il jouait.
-Pourquoi s&#8217;énerver ainsi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit
-quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis
-brusquement, ramena sa jambe droite qu&#8217;elle utilisa pour repousser la
-poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son
-poignet qu&#8217;il maintenait toujours fermement, et la torsion infligée lui fit
-lâcher son arme à son tour. Ils se redressèrent rapidement, en souriant
-toujours. Le jeu continuait.
-<!--l. 170--><p class="indent" >   Elle s&#8217;était déjà entraînée à lutter, y compris contre des adversaires
-plus grands et forts qu&#8217;elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
-qu&#8217;elle ne l&#8217;aurait imaginé... surtout qu&#8217;il ne commettrait évidemment pas
-l&#8217;erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
-d&#8217;attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
-tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
-tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
-<!--l. 172--><p class="indent" >   Sauf qu&#8217;au lieu de reculer d&#8217;un pas pour reprendre son équilibre, il se
-laissa volontairement tomber en arrière, profitant de l&#8217;élan pour la faire
-tomber à son tour. Il roulèrent tous les deux, chacun tentant de renverser
-l&#8217;autre sur le dos. Malgré ses efforts, Zach eut rapidement le dessus. Après
-l&#8217;avoir immobilisée, il plaça ses mains autour de son cou et fit mine de
-l&#8217;étrangler. Elle sourit légèrement.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien vu.
-<!--l. 175--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 177--><p class="indent" >   Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
-la main et l&#8217;aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
-en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu&#8217;il s&#8217;avançait
-vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d&#8217;un coup de
-genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
-                                                                
-                                                                
-reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s&#8217;approcher pour lui
-saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
-esquiver habilement le coup de pied qui le menaçait. Il retenta la
-même approche deux fois. Elle sautait avec légèreté, donnant presque
-l&#8217;impression de danser en l&#8217;évitant, insaisissable. Mais elle s&#8217;épuiserait vite
-ainsi.
-<!--l. 179--><p class="indent" >   Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
-essoufflée... Profitant de l&#8217;occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
-choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n&#8217;eut aucun mal à saisir son bras
-et à la bloquer d&#8217;une clé de bras dans son dos.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien défendu, mais tu t&#8217;es fatiguée trop vite...<br 
-class="newline" />Elle ne répondit pas de suite, trop occupée à retrouver sa respiration. Puis
-elle se tendit soudainement. Au même instant, il lui sembla entendre un
-bruit inhabituel. Un cheval qui renâclait... Il recula rapidement dans un
-buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelqu&#8217;un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br 
-class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
-rapprochaient.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? chuchota-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux quand même me lâcher, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ah... euh oui désolé.
-<!--l. 189--><p class="indent" >   Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent
-de manière à voir l&#8217;intrus arriver sans être découverts.
-<!--l. 191--><p class="indent" >   Le cavalier qui s&#8217;approchait était vêtu de blanc et portait un large
-heaume masquant son visage. Un chevalier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Il était seul, ce qui était
-plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
-pour l&#8217;attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
-que l&#8217;homme portait à sa ceinture. Il n&#8217;était pas rare de voir des
-combattants en possédant deux. Silwë avait une dague en plus de son
-épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
-lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
-que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
-longues...
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 193--><p class="indent" >   Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
-horreur qu&#8217;il l&#8217;avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
-d&#8217;Aldariel. Il tourna la tête vers Silwë, tout aussi démunie que lui. Et leurs
-épées étaient à une quinzaine de mètres de là...
-<!--l. 195--><p class="indent" >   Le chevalier, qui ne les avait visiblement pas remarqués, semblait
-concentré à fouiller dans une des sacoches cavalières de sa monture. Puis
-regarda aux alentours, semblant chercher sa direction. <br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est moi ou il a l&#8217;intention d&#8217;aller droit vers le campement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il avait à peine prononcé les mots, mais l&#8217;elfe semblait avoir compris. Ils se
-regardèrent, inquiets. Puis elle secoua la tête, se leva et se pencha vers son
-oreille.<br 
-class="newline" />&#8212; File chercher du renfort. Je vais essayer de lui parler pour le retenir.<br 
-class="newline" />Il lui attrapa le bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux te faire tuer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle lui adressa un léger sourire qu&#8217;elle voulait probablement rassurant.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est un paladin. En principe il a un code d&#8217;honneur. Il ne me tuera pas
-tout de suite... En principe...<br 
-class="newline" />Il soupira et relâcha le bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Au pire, tu peux toujours essayer de lui faire du charme...<br 
-class="newline" />Elle ne releva pas sa tentative désespérée d&#8217;humour pour se rassurer, et se
-leva en direction de l&#8217;étranger. Sans perdre de temps, il se leva à son tour et
-se mit à courir vers le campement.
-<!--l. 207--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 209--><p class="indent" >   Il savait qu&#8217;il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui
-donnait aucune indication de la distance à laquelle se trouvait dame
-Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
-avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
-réussissait à garder son sang-froid quand il la manipulait, désormais,
-mais il se demandait toujours ce qu&#8217;il ferait lorsqu&#8217;il rencontrerait
-la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment l&#8217;en sortirait-il si c&#8217;était le
-cas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 211--><p class="indent" >   Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
-                                                                
-                                                                
-vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
-rapidement et silencieusement qu&#8217;il eut l&#8217;impression de la voir se
-matérialiser sous ses yeux.
-<!--l. 213--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 215--><p class="indent" >   Le c&#339;ur battant, elle se planta à quelques mètres du paladin. Pourvu
-qu&#8217;il fasse vite...<br 
-class="newline" />&#8212; Stop<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Où vous rendez-vous comme ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />L&#8217;homme, la voyant se placer sur son chemin, dégaina aussitôt ses armes, et
-se plaça en position défensive.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis à la recherche de dame Sélène, et aucun obstacle ni aucun homme
-ne m&#8217;éloignera de ma route.<br 
-class="newline" />Elle frissonna. Il avait dégainé l&#8217;épée de la main gauche juste avant la main
-droite... Cela lui rappelait quelqu&#8217;un... <br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />C&#8217;était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
-Zach, dépêche-toi...
-<!--l. 223--><p class="indent" >   À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />D&#8217;où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
-modifiée par le port de ce casque... Est-ce que ça pouvait-être...<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le chevalier planta ses deux épées dans le sol à côté de lui. Puis il souleva
-son casque, dévoilant son visage. C&#8217;était lui, aussi surpris qu&#8217;elle de le
-voir.
-<!--l. 229--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 231--><p class="indent" >   Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n&#8217;avait pas revu Silwë
-depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de
-souvenirs partagés lui revint à l&#8217;esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui
-pour l&#8217;enlacer.
-<!--l. 233--><p class="indent" >   À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachées
-par les cheveux en bataille de l&#8217;elfe. Son sourire se figea.
-<!--l. 235--><p class="indent" >   La première était celle d&#8217;un homme armé d&#8217;une épée courte, une
-                                                                
-                                                                
-seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
-concentré disparut instantanément lorsqu&#8217;il l&#8217;aperçut, et il sembla si
-surpris qu&#8217;il manqua d&#8217;en lâcher son arme. La seconde silhouette
-était celle, plus petite et frêle, d&#8217;une jeune elfe aux longs cheveux
-noirs. Rapidement, elle dépassa l&#8217;homme, toujours immobile, et en
-l&#8217;espace d&#8217;un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son
-arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière
-l&#8217;homme, mais il put entrevoir les traits d&#8217;une jeune femme aux cheveux
-détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu&#8217;elle avait sur un
-bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d&#8217;être
-compliquées...
-<!--l. 240--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 242--><p class="indent" >   Qu&#8217;avait-il dit déjà<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Que Silwë tenterait de... discuter pour leur laisser
-le temps d&#8217;arriver<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On ne pouvait nier son efficacité, l&#8217;homme ayant
-visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s&#8217;attendait pas vraiment à ce genre
-de comportement. Devant elle, Zach n&#8217;avait pas bougé, et ce fut l&#8217;archère
-qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
-chevalier, son arc toujours pointé.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens-tu faire ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />L&#8217;étranger lâcha l&#8217;elfe, et fit un pas en avant.<br 
-class="newline" />&#8212; Mon nom est Irdann, je suis paladin de la déesse Melna. Je suis à la
-recherche de dame Sélène.<br 
-class="newline" />Elle ne put retenir une exclamation de surprise. Il l&#8217;aperçut, la dévisagea,
-puis fit un pas dans sa direction, et posa un genou à terre devant
-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle recula d&#8217;un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
-sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s&#8217;interposa entre
-eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que vous me voulez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d&#8217;encre pour
-vous. Ils m&#8217;ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignent que vous ne soyez
-morte, ou enlevée par des brigands...<br 
-class="newline" />Elle écarta le bras de Zach et se planta devant le chevalier.<br 
-class="newline" />&#8212; Comme vous pouvez le voir, je vais très bien, je suis parfaitement libre de
-mes mouvements, et je serai bientôt rendue à bon port. Pourquoi
-s&#8217;inquiètent-ils à ce point<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ils ont eu votre message lorsque vous partiez de chez votre époux, le sieur
-de Quayle, mais d&#8217;après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq
-jours...<br 
-class="newline" />Elle croisa les bras, vexée. Il n&#8217;avait pas besoin de révéler tout cela devant
-ses compagnons non plus...<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j&#8217;ai engagé
-un guide et protecteur, et je suis venue à pied à travers la forêt. Vous
-pouvez donc les rassurer, je vais très bien.<br 
-class="newline" />Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement. <br 
-class="newline" />&#8212; La déesse soit louée, c&#8217;est le cas.<br 
-class="newline" />À cet instant, Aldariel s&#8217;avança, son arc toujours pointé vers la tête de
-l&#8217;étranger.<br 
-class="newline" />&#8212; Un instant. Qu&#8217;est-ce qui nous dit qu&#8217;on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Moi.
-<!--l. 262--><p class="indent" >   Silwë s&#8217;avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l&#8217;archère,
-pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
-son arme.<br 
-class="newline" />&#8212; Je connais très bien Irdann, depuis des années, et je réponds de
-lui.<br 
-class="newline" />Elle la regarda, légèrement méfiante.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment le connais-tu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Lui et moi avons été élèves de maître Ernest, à la capitale. C&#8217;est un ami
-que je craignais de ne jamais revoir d&#8217;ailleurs...<br 
-class="newline" />Le sourire qu&#8217;ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se
-retourna vers elle à nouveau.<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu&#8217;à moi. Je lui confierais ma
-vie sans aucune hésitation.
-<!--l. 270--><p class="indent" >   Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
-l&#8217;homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
-plus.<br 
-class="newline" />&#8212; Que faisiez-vous chez mes parents<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les
-                                                                
-                                                                
-miens, après de longues années d&#8217;absence. Mon retour devrait d&#8217;ailleurs
-coïncider avec l&#8217;ouverture d&#8217;un grand tournoi de tir à l&#8217;arc que mon père
-organise régulièrement. Comptiez-vous vous y rendre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes... le fils du duc De Vane<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il s&#8217;inclina légèrement.<br 
-class="newline" />&#8212; Leur troisième fils.<br 
-class="newline" />Elle réfléchit quelques instants. Il ne lui semblait pas l&#8217;avoir déjà
-croisé, plus jeune, or elle avait déjà fait connaissance avec toute
-l&#8217;aristocratie locale, incluant &#8211; surtout &#8211; les potentiels jeunes hommes à
-marier.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... pourquoi n&#8217;ai-je jamais entendu parler de vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Dès l&#8217;âge de dix ans, j&#8217;ai été envoyé dans un temple de la capitale, pour
-y devenir un paladin. Je n&#8217;ai presque pas revu ma famille depuis, et ai
-conversé avec eux essentiellement par courrier.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d&#8217;envoyer les troisièmes
-fils dans des temples, tradition qu&#8217;elle avait toujours trouvé idiote,
-d&#8217;ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d&#8217;un signe de tête confirma la
-version d&#8217;Irdann. Et puis il n&#8217;était pas responsable de la peur de ses
-parents, finalement... et n&#8217;avait pas l&#8217;air si désagréable que cela. Elle se
-détendit légèrement, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui la mettait
-mal à l&#8217;aise. C&#8217;était peut-être le moment de ranger les couteaux
-tirés.<br 
-class="newline" />&#8212; Permettez-moi de vous présenter Zach, le meilleur guide de la région,
-sans qui je ne serais pas en vie en ce moment...<br 
-class="newline" />La main tendue obligea Zach à ranger son épée pour le saluer. C&#8217;était le
-but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br 
-class="newline" />&#8212; ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...<br 
-class="newline" />L&#8217;achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
-Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C&#8217;est vrai que cette
-façon de saluer les femmes n&#8217;était pas vraiment courante chez les
-elfes...<br 
-class="newline" />&#8212; ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
-tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
-déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
-                                                                
-                                                                
-ensemble.<br 
-class="newline" />&#8212; Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
-que dame Sélène est en sécurité avec vous. Je suis certain d&#8217;ailleurs que le
-seigneur Assem sera ravi d&#8217;accueillir les courageux compagnons qui ont
-guidé leur fille jusqu&#8217;à eux.<br 
-class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
-à accepter. Elle jeta un &#339;il à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
-revanche, semblait extrêmement réticent.
-<!--l. 289--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 291--><p class="indent" >   La tension semblait s&#8217;être apaisée, même si le guide semblait encore très
-mal à l&#8217;aise.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... Les châteaux, les
-courbettes, ce n&#8217;est pas vraiment fait pour moi. Allez-y sans moi.<br 
-class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d&#8217;un ton ferme.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous discuterons de cela plus tard. Allons d&#8217;abord nous restaurer et nous
-reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
-boire.<br 
-class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
-sembla alors se réveiller d&#8217;une longue apathie et jeta un regard à
-Sélène.<br 
-class="newline" />&#8212; Je prends un peu d&#8217;avance, vous me rejoindrez...<br 
-class="newline" />Irdann ne put s&#8217;empêcher de regarder l&#8217;elfe s&#8217;éloigner rapidement, avec
-légèreté et aisance. Les elfes sylvains étaient en forêt comme des poissons
-dans l&#8217;eau...
-<!--l. 299--><p class="indent" >   Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La
-princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
-qu&#8217;il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
-questions sur la fameuse capitale humaine, qu&#8217;elle semblait rêver de visiter.
-Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui
-racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d&#8217;éloges pour son
-guide, qui pourtant restait à l&#8217;écart et ne parlait que pour ajouter quelques
-précisions.
-<!--l. 301--><p class="indent" >   Ils finirent par convenir qu&#8217;elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
-                                                                
-                                                                
-seraient bien accueillies au château du duc, seraient probablement mal
-venues dans la seigneurie d&#8217;Assem, où elles risquaient d&#8217;être regardées de
-travers. Bien qu&#8217;elles y seraient fort bien traitées, les deux jeunes femmes
-préféraient un trajet tranquille en rase campagne à des draps de soie et un
-accueil plus ou moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s&#8217;encombrer
-de protocole et de belles paroles, était-ce le fait d&#8217;être en petit groupe en
-forêt, ou était-elle toujours ainsi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 303--><p class="indent" >   Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l&#8217;attacher solidement
-à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l&#8217;écart.
-Il se demandait bien ce qu&#8217;ils se disaient, mais par respect il l&#8217;attendit à
-bonne distance. Il lui sembla qu&#8217;elle lui effleura le bras, puis tourna
-le dos à son guide et se dirigea droit vers lui. Son visage semblait
-impassible.<br 
-class="newline" />&#8212; Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s&#8217;inquiéter.<br 
-class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
-monta derrière elle, et ils se mirent en route.
-<!--l. 307--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 309--><p class="indent" >   Ils s&#8217;étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
-Irdann. Elle avait posé quelques questions à son amie sur le fameux paladin,
-auxquelles elle avait répondu avec enthousiaste. Ainsi, ils avaient appris
-l&#8217;escrime auprès du même maître et avaient déjà vécu des tas de choses
-ensemble... Quelle chance avait-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 311--><p class="indent" >   Ils s&#8217;arrêtèrent au pied d&#8217;un grand arbre, que Silwë proposa d&#8217;escalader
-pour vérifier leur chemin. Zach, qui n&#8217;avait pas dit un mot depuis que le
-chevalier les avait quittés, haussa les épaules. Pourtant, c&#8217;était lui
-qui connaissait bien le coin, normalement... Alors qu&#8217;il s&#8217;asseyait au
-pied de l&#8217;arbre, elle se hissa sur une branche à peine au dessus de sa
-tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, ne fais pas cette tête. Si tu voulais la revoir, tu n&#8217;avais qu&#8217;à aller
-avec elle.<br 
-class="newline" />Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;arrive juste pas à croire qu&#8217;elle ne m&#8217;ait rien dit...<br 
-class="newline" />Elle sourit. Elle avait réussi à le faire parler, déjà.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;elle ne t&#8217;ait pas dit pour sa magie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non, ça je comprends... Mais qu&#8217;elle soit la fille du seigneur Assem, et
-qu&#8217;elle soit mariée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Ce n&#8217;est pas rien tout de même, et ce n&#8217;est pas comme
-si sa vie en dépendait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, tu savais bien qu&#8217;elle était noble, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui mais... ce n&#8217;est pas pareil. J&#8217;ai grandi dans un petit village non loin
-de son château... Techniquement, je suis, enfin j&#8217;étais, son fidèle
-sujet...<br 
-class="newline" />Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite
-pichenette sur le front.<br 
-class="newline" />&#8212; Et alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça change quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle bondit sur une branche un peu plus loin, un peu plus haut. Il soupira,
-et se hissa à son tour là où elle était assise quelques instants plus
-tôt.<br 
-class="newline" />&#8212; Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
-pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
-en la voyant.<br 
-class="newline" />&#8212; Et elle ne m&#8217;a pas dit qu&#8217;elle était mariée, et elle n&#8217;a pas d&#8217;alliance. Que
-je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle se tut, et se contenta de monter encore d&#8217;un cran, toujours en souriant.
-Vexé, il s&#8217;élança lestement vers elle, et se rétablit sur la même branche. Sa
-réaction était presque drôle, en fait... <br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que ça veut dire, hein<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 330--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 332--><p class="indent" >   L&#8217;archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était
-sur la même branche qu&#8217;elle, tout près, et ce sourire narquois lui donnait
-presque envie de la frapper. C&#8217;était ridicule...<br 
-class="newline" />&#8212; Ça veut dire que tu es juste bête.<br 
-class="newline" />&#8212; Hééé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle le poussa brusquement du coude, il perdit l&#8217;équilibre et se rattrapa de
-justesse à une branche au dessus de sa tête.<br 
-class="newline" />&#8212; À ton avis, grand bêta, si elle ne te l&#8217;a pas dit, c&#8217;est qu&#8217;elle préférait que
-                                                                
-                                                                
-tu l&#8217;ignores... non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il reposa ses pieds sur une branche près de celle de l&#8217;archère, et s&#8217;accouda
-sur une autre, face à elle. Il tenta de contenir la colère qui montait
-en lui. Contre qui d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Contre Aldariel, qui continuait de le
-regarder d&#8217;un &#339;il moqueur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Contre Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Contre Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Contre
-lui-même<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 339--><p class="indent" >   Il soupira et tenta de réfléchir.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle peut avoir plein de raisons pour que je l&#8217;ignore, ne serait-ce que pour
-ne pas révéler son identité complète. Ce n&#8217;est pas la première fois que
-j&#8217;escorte des gens qui souhaitent rester discrets.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à
-l&#8217;épaule, du bout du doigt. Il savait bien que ce n&#8217;était pas la réponse
-qu&#8217;elle attendait, ni celle que lui souhaitait donner et qui commençait à
-naître dans son esprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Non, tu délires, je n&#8217;ai jamais eu aucune chance avec elle.<br 
-class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Dis plutôt que tu n&#8217;as pas osé saisir cette chance.<br 
-class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l&#8217;archère. Elle ne chercha même pas
-à se dégager.<br 
-class="newline" />&#8212; À ta place, je n&#8217;aurais pas hésité.<br 
-class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues m&#339;urs légères des
-elfes, et se ravisa. Il soupira, et relâcha sa poigne.<br 
-class="newline" />&#8212; Facile à dire. C&#8217;est une noble dame, il lui faut un preux chevalier, pas un
-sauvageon barbu et fauché.<br 
-class="newline" />Elle gagna à nouveau une branche un peu plus élevée. Il ne l&#8217;aurait pas
-avoué, mais pouvoir vider son sac le soulageait un peu. Il continua son
-ascension à son tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce paladin, d&#8217;ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s&#8217;était figé.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et
-j&#8217;en passe, est trop parfait pour être vrai<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il fit une moue.<br 
-class="newline" />&#8212; Je m&#8217;inquiète pour Sélène, c&#8217;est tout.<br 
-class="newline" />Elle eut un petit sourire et le rejoignit sur sa branche.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui t&#8217;inquiète<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;il ne soit pas ce paladin loyal, courageux,
-                                                                
-                                                                
-fort aux airs de prince charmant qu&#8217;il semble être, et qu&#8217;elle soit en danger
-avec lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou... Est-ce que tu crains qu&#8217;il soit précisément un paladin loyal,
-courageux, fort, aux airs de prince charmant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Vexé, il bouscula sans ménagement l&#8217;archère. Celle-ci tomba en arrière,
-tendit le bras pour saisir une branche à peine plus bas, et gracieusement, se
-rétablit sur celle-ci. Puis elle remonta à sa hauteur. Pour se faire pardonner
-d&#8217;avoir été si peu délicat, il lui tendit la main.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu grimpes sacrément bien pour, euh...<br 
-class="newline" />Il arrêta net sa phrase. Elle le fixa en fronçant les sourcils. <br 
-class="newline" />&#8212; Pour... une fille<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Une princesse<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh...<br 
-class="newline" />Refusant sa main, elle bondit à nouveau sur sa branche, et profita de son
-élan pour le pousser à son tour. Déséquilibré, il se rattrapa des deux bras
-à la branche sur laquelle il se trouvait un peu plus tôt. Aldariel,
-toujours debout sur cette même branche, l&#8217;observait d&#8217;un air critique. Il
-effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
-tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, tu t&#8217;en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
-<!--l. 365--><p class="indent" >   Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
-bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d&#8217;épaule en sautant avec
-légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
-tentant encore une fois de la pousser, mais elle avait encore une fois bondi
-un peu plus loin. Il n&#8217;y avait pas d&#8217;autre prise derrière elle, pouvait-elle lui
-échapper cette fois-ci<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il plia les genoux, et sauta dans sa direction,
-cherchant à l&#8217;attraper à la taille. Elle fit un pas en arrière, se laissant
-tomber verticalement, et saisit avec ses deux mains la branche sur laquelle
-elle se trouvait une seconde plus tôt. Ses bras à lui n&#8217;attrapèrent que du
-vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
-pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d&#8217;un air narquois.
-Il savait bien qu&#8217;il n&#8217;aurait pas dû jouer à ce jeu-là avec une elfe
-sylvaine...
-<!--l. 368--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 370--><p class="noindent" >&#8212; Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
-jouer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
-légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
-rapidement l&#8217;arbre, jusqu&#8217;à la rejoindre à la cime, qui surplombait une
-bonne partie de la forêt. Debout sur une branche fine, qui ployait
-légèrement sous son poids, elle fixait l&#8217;horizon qui s&#8217;assombrissait avec la
-tombée de la nuit.
-<!--l. 373--><p class="indent" >   Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
-partis. Une route &#8211; qu&#8217;ils avaient probablement rejointe depuis &#8211; se dessinait
-à travers la forêt, à l&#8217;orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
-village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
-attroupement, vraisemblablement humain, ainsi que ce qui ressemblait à des
-feux.<br 
-class="newline" />&#8212; Zach, toi qui vois encore mieux que nous...<br 
-class="newline" />Il avait plissé les yeux pour mieux distinguer la zone.<br 
-class="newline" />&#8212; Une douzaine d&#8217;hommes, qui campent dans la clairière. Ils n&#8217;ont pas
-d&#8217;uniforme de soldat, mais sont armés apparemment... Pas des voyageurs
-non plus apparemment. Je ne vois qu&#8217;une solution, ce sont probablement des
-brigands.<br 
-class="newline" />&#8212; Si nombreux et près du village<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment est-ce possible<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;en sais rien, et ce n&#8217;est pas rassurant. Ils ont l&#8217;air d&#8217;attendre quelque
-chose...<br 
-class="newline" />Il pâlit.<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Silwë se mordit les lèvres.<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann est très doué, mais il aura du mal face à tant de monde, surtout
-s&#8217;il doit la protéger en même temps...<br 
-class="newline" />Zach n&#8217;avait pas écouté et avait commencé sa descente. Aldariel le rattrapa
-par un bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé, où tu cours comme ça tout seul<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Son visage était paniqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas si j&#8217;ai une chance d&#8217;arriver à temps, mais je ne resterai pas
-ici sans rien tenter.<br 
-class="newline" />Elle lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Évidemment qu&#8217;on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
-qu&#8217;on ne va pas te laisser y aller seul.<br 
-class="newline" />Elle lâcha son bras, et se redressa.<br 
-class="newline" />&#8212; Ils n&#8217;ont pas énormément d&#8217;avance sur nous, surtout s&#8217;ils ont dû faire
-avancer un cheval dans une forêt dense. Zach, tu es le plus rapide à la
-course à pied, et le plus endurant. Pars devant, et n&#8217;oublie pas que
-l&#8217;obscurité est ton alliée. Silwë et moi nous occuperons de prendre tes
-affaires. Nous arriverons aussi vite que possible, un peu après toi. En
-route<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il lui adressa un sourire de reconnaissance, puis se rua en bas.
-<!--l. 393--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 395--><p class="indent" >   Il sentait que la jeune femme n&#8217;était pas très à l&#8217;aise avec lui. En même
-temps, il pouvait la comprendre... Sans Silwë pour parler en sa faveur, elle
-n&#8217;aurait probablement jamais accepté de venir avec lui, sans compter les
-difficultés à s&#8217;expliquer avec ses compagnons. La situation était étrange
-pour lui. Il avait tant entendu parler d&#8217;elle, mais sans jamais la voir.
-Il avait pensé à elle, senti son c&#339;ur battre dans sa main tant de
-fois, qu&#8217;il l&#8217;avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
-au fond<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
-rassurer.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
-trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
-parents.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous n&#8217;aurez pas de mal à trouver votre chemin, à la nuit tombante<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis arrivé par là. Il suffit d&#8217;aller tout droit et de retrouver la route.
-Même si la nuit tombe avant que nous ne sortions de la forêt, il sera facile
-de la suivre.<br 
-class="newline" />&#8212; Parlant de ça... Comment m&#8217;avez-vous trouvée, au beau milieu de nulle
-part<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira. C&#8217;était la question qu&#8217;il souhaitait éviter justement...<br 
-class="newline" />&#8212; Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de
-retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.<br 
-class="newline" />Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le
-questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de
-silence, elle reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi êtes-vous parti seul<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il la remercia intérieurement de ne pas insister plus que cela sur
-l&#8217;enchantement.<br 
-class="newline" />&#8212; Vos parents m&#8217;avaient proposé une armée pour m&#8217;accompagner... Mais
-d&#8217;une part je souhaitais éviter d&#8217;attendre plusieurs jours qu&#8217;elle soit prête,
-et d&#8217;autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite,
-dans une forêt, c&#8217;est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais
-vous repérer, et si l&#8217;intervention d&#8217;hommes armés était nécessaire, je
-pouvais toujours revenir chercher de l&#8217;aide.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, bien sûr.<br 
-class="newline" />Elle soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas monter à cheval, et je ne suis pas très à l&#8217;aise en selle. Et
-en plus, je crois qu&#8217;on fatigue inutilement votre monture, qui a déjà bien du
-mal à avancer dans cette végétation dense. Vous ne croyez pas qu&#8217;on serait
-tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
-avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
-pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Sieur Irdann, voilà presque six jours que je marche dans la forêt, avec
-mon sac, et je suis toujours vivante. Je crois bien que je préfère
-marcher.<br 
-class="newline" />Il l&#8217;attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en
-route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n&#8217;avoir plus
-tout ce poids à porter.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je devais prendre une diligence publique... mais je l&#8217;ai ratée. Je n&#8217;avais
-pas assez d&#8217;argent sur moi pour engager une escorte complète et des
-chevaux. Mais finalement, ce n&#8217;est pas désagréable, en fait.<br 
-class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
-que ce à quoi il s&#8217;attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
-son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
-nuque.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
-rencontres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête, laissant échapper un léger frisson.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, des brigands. Heureusement qu&#8217;il était là d&#8217;ailleurs... Après cela, il a
-préféré s&#8217;éloigner des sentiers battus pour éviter d&#8217;autres problèmes de ce
-genre.<br 
-class="newline" />Il désigna du doigt l&#8217;ouverture dans les arbres.<br 
-class="newline" />&#8212; Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le
-soir tombe.
-<!--l. 425--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 427--><p class="indent" >   La diversion de la route tombait à pic. Elle hésitait à aborder le sujet
-des araknes avec lui. Pourtant, ils devaient en parler à quelqu&#8217;un, prévenir...
-Mais qui, et comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qui la croirait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il faudrait qu&#8217;elle explique aussi
-comment elle savait tout cela sur ces créatures, et ce qui s&#8217;était passé...
-Non, impossible de lui en parler. C&#8217;était presque rageant, de savoir autant
-de choses importantes et de devoir les taire.<br 
-class="newline" />&#8212; Dame Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh oui... Est-ce que je peux vous demander, au moins tant que nous
-sommes seuls, de m&#8217;appeler simplement Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui sourit et hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Gardons le protocole pour plus tard. Vous pouvez même me tutoyer et
-m&#8217;appeler Irdann.<br 
-class="newline" />Elle poussa un soupir de soulagement et sourit. Ce paladin était plutôt
-sympathique, finalement... <br 
-class="newline" />&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as bien fait de laisser tomber le casque, tu as vraiment l&#8217;air effrayant
-avec.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë m&#8217;a dit ça. En plus, elle a raison sur le fait que, sans ce
-casque qui limite ma vue, j&#8217;aurais eu une chance de les repérer, elle et
-Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais vraiment te battre avec deux épées ou tu as ces armes pour
-impressionner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais réellement les utiliser. J&#8217;ai appris chez maître Ernest, à la
-capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j&#8217;étais
-ambidextre, il m&#8217;a enseigné le maniement spécifique aux deux épées...
-J&#8217;admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux
-armes. Cela fait aussi partie du jeu.<br 
-class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
-<!--l. 442--><p class="noindent" >&#8212; Qu&#8217;est-ce que c&#8217;est que ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d&#8217;hommes armés
-arrivait en courant dans leur direction. Elle se retourna vivement, deux
-autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br 
-class="newline" />&#8212; Place-toi derrière moi.<br 
-class="newline" />En un clin d&#8217;&#339;il, il avait dégainé ses armes, et s&#8217;était placé en garde,
-surveillant les deux groupes s&#8217;approchant. Elle recula entre lui et la jument,
-rageant de ne pouvoir l&#8217;aider. Elle n&#8217;avait même pas son bâton de marche
-pour se défendre...
-<!--l. 447--><p class="indent" >   Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l&#8217;air à une
-vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
-se déplaça aussi vivement pour la protéger d&#8217;autres hommes qui arrivaient.
-Il y en avait beaucoup trop pour qu&#8217;il tienne le coup... Difficile à dire
-combien, avec l&#8217;obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
-posture.<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène, mets-toi à l&#8217;abri...<br 
-class="newline" />Il avait crié ça entre deux coups d&#8217;épée. Elle recula vers la jument.
-Pourrait-elle tenir en selle et s&#8217;enfuir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et l&#8217;abandonner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle repéra au sol
-un coutelas, abandonné par un des brigands qui gisait au sol. Saurait-elle
-s&#8217;en servir de toutes façons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 451--><p class="indent" >   Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
-occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d&#8217;elle pour
-intervenir. L&#8217;homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à
-trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
-Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
-essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
-poussant un léger gémissement, s&#8217;effondra. Elle n&#8217;avait pas besoin de
-jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
-                                                                
-                                                                
-façons...
-<!--l. 453--><p class="indent" >   Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
-avait-elle rêvé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les yeux fermés, elle sentit son bras s&#8217;approcher du sol,
-tandis que l&#8217;homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou
-simplement peu pressé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas
-changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
-ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage
-et d&#8217;énergie l&#8217;envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant,
-planta l&#8217;arme droit dans la poitrine de l&#8217;homme. Il eut un sursaut
-et tomba au sol, le visage marqué d&#8217;un mélange de surprise et de
-douleur.
-<!--l. 455--><p class="indent" >   Elle n&#8217;eut pas le temps de réfléchir plus à son geste. Irdann était
-toujours en difficulté, et deux autres brigands s&#8217;approchaient d&#8217;elle, l&#8217;arme
-en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune fille
-effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas &#8211;
-couvert de sang &#8211; dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
-enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d&#8217;elle...
-sûrement.
-<!--l. 457--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 459--><p class="indent" >   Il avait couru sans s&#8217;arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu&#8217;à
-débouler sur le chemin. Il s&#8217;était figé un instant en apercevant le champ de
-bataille. Le paladin, entouré de plusieurs hommes, peinait à se défendre
-malgré son adresse aux épées. Les bandits semblaient plus occupés avec lui
-et ne semblaient pas surveiller Sélène, attendant visiblement d&#8217;avoir éliminé
-leur menace principale.
-<!--l. 461--><p class="indent" >   Sauf un, qui s&#8217;était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
-Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
-et s&#8217;effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s&#8217;était ralenti pour
-lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il avait l&#8217;impression qu&#8217;il n&#8217;arriverait jamais jusqu&#8217;à elle. Dans le soir qui
-tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
-sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
-                                                                
-                                                                
-sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
-ses forces son agresseur.
-<!--l. 466--><p class="indent" >   Il fut si surpris qu&#8217;il trébucha, et manqua de s&#8217;étaler par terre. Mais
-ayant assisté à la scène, d&#8217;autres brigands s&#8217;approchaient déjà d&#8217;elle... Ce
-n&#8217;était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier
-des deux hommes, qu&#8217;il transperça d&#8217;un coup d&#8217;épée. L&#8217;autre se
-retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un
-instant, il fut près d&#8217;elle. Elle tenait toujours à la main le couteau
-qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
-temps d&#8217;une fraction de seconde, et il se plaça entre elle et l&#8217;autre
-brigand.
-<!--l. 468--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 470--><p class="noindent" >&#8212; Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il avait vu l&#8217;homme s&#8217;approcher, il l&#8217;avait vue se sentir mal, sans pouvoir
-rien faire. Il avait toujours trois adversaires face à lui, et peinait à parer
-leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
-contentaient d&#8217;attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
-l&#8217;épuiser lentement. S&#8217;il bondissait à son secours, il n&#8217;avait aucune chance...
-ils n&#8217;attendaient que ça probablement. Et s&#8217;il le faisait tuer, alors qui
-pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 473--><p class="indent" >   Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l&#8217;&#339;il, il eut
-l&#8217;impression de voir la jeune femme poignarder violemment son adversaire
-d&#8217;un couteau. Ne s&#8217;était-elle pas évanouie quelques instants plus tôt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le
-stress du combat, avec l&#8217;obscurité qui tombait, devait lui jouer des tours. Et
-l&#8217;épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il
-aperçut d&#8217;autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
-directions. Il recula de quelques pas, jusqu&#8217;à un large tronc, à la fois
-pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
-adversaires &#8211; et les nouveaux &#8211; de le contourner. L&#8217;un sembla marquer un
-instant d&#8217;hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
-profita pour s&#8217;en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
-remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
-distribuer des coups d&#8217;épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
-                                                                
-                                                                
-lentement.
-<!--l. 475--><p class="indent" >   Soudain, une silhouette bondit depuis l&#8217;arbre au dessus de lui, en
-poussant un cri de rage, et atterrit à ses côtés. Une silhouette féminine qu&#8217;il
-reconnut immédiatement malgré l&#8217;obscurité.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs
-cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu&#8217;un des
-brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.<br 
-class="newline" />&#8212; Besoin d&#8217;un coup de main<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;épée, plutôt.<br 
-class="newline" />Leurs adversaires semblèrent surpris une seconde de ce retournement de
-situation. Il reprit courage. Il n&#8217;était plus seul... Ils se placèrent dos à dos,
-et firent face aux brigands. <br 
-class="newline" />&#8212; Comme au bon vieux temps, Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Comme au bon vieux temps<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 484--><p class="indent" >   Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu&#8217;ils avaient lorsqu&#8217;ils
-combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
-pieds.<br 
-class="newline" />&#8212; Vite, il faut aller aider Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Ne t&#8217;inquiète pas pour elle. On s&#8217;occupe de tout.<br 
-class="newline" />&#8212; On<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Zach et Alda sont là aussi.<br 
-class="newline" />D&#8217;un même geste, ils achevèrent leurs derniers adversaires. Il laissa passer
-un instant pour reprendre son souffle, puis observa enfin le champ de
-bataille.
-<!--l. 491--><p class="indent" >   À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
-semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
-était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l&#8217;obscurité d&#8217;un air
-inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de
-là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché
-en travers de la selle, la poitrine transpercée d&#8217;une flèche. Avait-il
-cherché à s&#8217;enfuir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il aperçut alors d&#8217;autres hommes au sol, le corps
-transpercé d&#8217;une ou plusieurs flèches. Combien d&#8217;adversaires avaient-ils dû
-affronter<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 493--><p class="noindent" >&#8212; Vous venez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de l&#8217;archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
-quelques difficultés. La lame d&#8217;un des brigands lui avait fait une belle
-entaille au niveau du genou. Il l&#8217;aperçut alors, debout sur un des brigands,
-toujours vivant &#8211; du moins pour le moment &#8211;, allongé à plat ventre. La
-botte gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait
-son arc pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes
-morts de ses traits. D&#8217;ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir
-manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même &#8211; encore plus &#8211;
-lorsqu&#8217;il s&#8217;agit d&#8217;une princesse à l&#8217;air innocent, délicat et fragile.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Je vous en ai gardé un.
-<!--l. 497--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 499--><p class="indent" >   Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
-arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
-bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
-arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
-restants, qui tentaient de s&#8217;approcher des combattants ou de s&#8217;emparer du
-cheval, laissé à l&#8217;abandon. Voyant le dernier d&#8217;entre eux s&#8217;enfuir, elle avait
-cherché à le capturer vivant. Si elle n&#8217;avait pas l&#8217;entraînement à la lutte de
-Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
-fait l&#8217;affaire.
-<!--l. 501--><p class="indent" >   Ses compagnons s&#8217;approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L&#8217;aurait-il prise
-pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de son prisonnier.<br 
-class="newline" />&#8212; Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous
-ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
-Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />L&#8217;homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
-question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
-hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
-redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
-                                                                
-                                                                
-enfin le visage de celle qui l&#8217;avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
-la peur.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas. Le chef a dit qu&#8217;il y aurait un paladin allant chercher une
-dame riche qui passerait par ici.<br 
-class="newline" />N&#8217;osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et
-Sélène. Nous avons vu le paladin à l&#8217;aller, et nous l&#8217;avons attendu à son
-retour sur le sentier.<br 
-class="newline" />&#8212; Qui vous a dit ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? interrogea Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l&#8217;info. Moi je
-ne sais rien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Laissez-moi partir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Tout en surveillant l&#8217;homme du coin de l&#8217;&#339;il, les compagnons se regardèrent.
-Aldariel se pencha vers Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as parlé de ton expédition à beaucoup de monde autour de
-toi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Mais j&#8217;imagine que les rumeurs vont vite...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
-gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br 
-class="newline" />&#8212; Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
-Silwë.
-<!--l. 517--><p class="indent" >   Après avoir vérifié que l&#8217;homme ne portait plus aucune arme, ils le
-laissèrent partir, préférant ne pas s&#8217;encombrer d&#8217;un prisonnier. Il s&#8217;enfuit
-sans demander son reste.
-<!--l. 519--><p class="indent" >   Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin.
-<!--l. 521--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 523--><p class="noindent" >&#8212; Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il faillit répondre que ce n&#8217;était rien, mais la douleur manqua de le faire
-trébucher. Il retint une grimace.<br 
-class="newline" />&#8212; On dirait.<br 
-class="newline" />&#8212; Assieds-toi, je vais regarder ça.<br 
-class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes, s&#8217;était
-approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un &#339;il à Silwë, qui
-lui sourit. Un peu soulagé &#8211; si elle lui faisait confiance, il n&#8217;avait
-                                                                
-                                                                
-rien à craindre &#8211;, il s&#8217;assit dos à un large tronc. Elle s&#8217;assit face à
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je l&#8217;ai
-laissé, ainsi que les vôtres, dans cet arbre.<br 
-class="newline" />Alors que sa compagne s&#8217;éloignait, elle lui fit remonter son pantalon pour
-mieux examiner sa blessure.<br 
-class="newline" />&#8212; Ils ne t&#8217;ont pas raté. Tu as pu continuer à combattre avec ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Dans le feu de l&#8217;action, et quand on a sa vie en danger... Et puis je
-n&#8217;avais pas tellement besoin de me déplacer.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;ai vu dans la bataille, de loin. Tu es impressionnant avec tes
-épées<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Merci. Mais je ne sais pas ce que je serais devenu si vous n&#8217;étiez pas
-venus tous les trois à notre secours... Nous vous devons la vie.
-<!--l. 536--><p class="indent" >   À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
-compagne.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t&#8217;occupes de lui. Et après on
-file au plus vite.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;éloigna de nouveau. Alors qu&#8217;Aldariel fouillait dans ses affaires à la
-recherche d&#8217;il-ne-savait-quoi, il réalisa qu&#8217;avec toutes ces émotions il n&#8217;avait
-pas pensé à Sélène. Alors qu&#8217;il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Comment avait-il
-pu oublier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
-Il tourna la tête, mais il faisait sombre, et il ne la voyait pas. La jeune elfe
-lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Si c&#8217;est pour Sélène et Zach que tu t&#8217;inquiètes, rassure-toi, ils sont
-quelques pas derrière toi, et ils vont très bien. <br 
-class="newline" />Soulagé, il laissa la jeune elfe s&#8217;occuper de son genou.
-<!--l. 543--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 545--><p class="indent" >   Était-ce la peur qu&#8217;elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
-combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ils avaient regardé l&#8217;homme partir
-avec méfiance, et l&#8217;instant d&#8217;après &#8211; ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? &#8211;, elle s&#8217;était
-retrouvée dans les bras de Zach. Elle entendait les voix de leurs
-compagnons, autour d&#8217;eux, ils n&#8217;étaient pas loin, mais elle n&#8217;y prêtait pas
-attention. <br 
-class="newline" />&#8212; Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai rien, ça va.<br 
-class="newline" />Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci d&#8217;être venu à mon secours. À notre secours.<br 
-class="newline" />&#8212; ... J&#8217;ai eu si peur quand je t&#8217;ai vue aux prises avec ce bandit.<br 
-class="newline" />&#8212; Moi aussi. Je ne pensais pas que j&#8217;y arriverais...<br 
-class="newline" />Il ne répondit pas, et ne bougea pas, la gardant contre lui. Il sentait la
-sueur, le cuir de son armure, et le sang. Mais elle n&#8217;avait pas la moindre
-envie d&#8217;en bouger.
-<!--l. 555--><p class="noindent" >&#8212; Hm... désolée de vous interrompre, mais il faudrait qu&#8217;on bouge.<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de Silwë. Ils se lâchèrent instantanément. Elle avait remis
-son sac en bandoulière, et tenait la jument d&#8217;Irdann par la bride. Quelques
-mètres plus loin, celui-ci s&#8217;approchait en boitant, tout en s&#8217;appuyant sur
-Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des
-traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l&#8217;aider, alors qu&#8217;il était
-blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s&#8217;était occupée de sa plaie aussi
-bien, voire mieux qu&#8217;elle. Il était évidemment hors de question qu&#8217;elle lui
-montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
-blessure.
-<!--l. 558--><p class="noindent" >&#8212; En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
-nuit.<br 
-class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
-marcher, et ils durent insister pour qu&#8217;il monte sur le cheval.<br 
-class="newline" />&#8212; Je me sens mal à l&#8217;aise d&#8217;être à cheval si tu vas à pied...<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant
-pis pour le code d&#8217;honneur.<br 
-class="newline" />Il soupira, et finit par accepter l&#8217;aide de Zach pour monter sur le dos de sa
-jument.
-<!--l. 565--><p class="noindent" >&#8212; Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
-chambre sans problème, si on ne vous l&#8217;offre pas directement, vu votre rang
-et votre nom.<br 
-class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu&#8217;il parlait de «&#x00A0;leur nom&#x00A0;»<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce n&#8217;était
-                                                                
-                                                                
-peut-être pas le moment de le relever.<br 
-class="newline" />&#8212; Et vous trois, que ferez-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Zach haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Je connais ce village, c&#8217;est celui de mon enfance. S&#8217;il n&#8217;y a plus de
-place à l&#8217;auberge, j&#8217;irai dormir chez mes parents, qui habitent une
-petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre
-battue...<br 
-class="newline" />&#8212; Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d&#8217;un arbre ou de
-cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région,
-n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je préfère dormir par terre que d&#8217;avoir à craindre pour ma sécurité,
-confirma Aldariel.
-<!--l. 574--><p class="indent" >   Ils avancèrent encore un peu en silence, puis Zach se tourna vers le
-groupe.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux toujours proposer à ma famille de nous héberger. Je ne pense
-pas qu&#8217;ils hurleraient à la vue de deux elfes, et je suis sûr qu&#8217;on est en
-sécurité chez eux.<br 
-class="newline" />Il marqua une pause, hésitant, puis se tourna vers elle et Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes également les bienvenus. Même si je comprendrais que vous
-préfériez une taverne à une petite chaumière.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j&#8217;accepte volontiers.
-Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.<br 
-class="newline" />Cela voulait dire voir Zach un tout petit peu plus longtemps. Elle hocha la
-tête en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu&#8217;il était content, lui aussi, de l&#8217;accompagner encore un
-peu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, si ce n&#8217;était pas le cas, ils n&#8217;auraient pas décidé de m&#8217;adopter, avec
-ma tête d&#8217;elfe.<br 
-class="newline" />Devant la tête suprise du paladin, il s&#8217;expliqua.<br 
-class="newline" />&#8212; Il semble que j&#8217;aie du sang d&#8217;elfe. Je n&#8217;en ai pas la certitude, puisqu&#8217;on
-m&#8217;a trouvé sur le pas d&#8217;une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
-là m&#8217;ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d&#8217;avoir
-son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
-sais toujours pas si elle n&#8217;avait rien contre les elfes à l&#8217;époque, ou si
-                                                                
-                                                                
-elle m&#8217;a d&#8217;abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
-question.<br 
-class="newline" />Zach semblait un peu plus à l&#8217;aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une
-impression<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
-succintement.
-<!--l. 587--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Silw</span><span 
-class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 589--><p class="indent" >   Ils étaient vivants, tous les cinq, et quasiment sans blessure. C&#8217;était déjà
-beaucoup... Et ils allaient peut-être pouvoir passer la nuit au chaud. Tout
-n&#8217;allait pas si mal... Elle tourna la tête vers ses compagnons. Irdann
-discutait avec Sélène et Aldariel, qui marchaient à côté de la jument. Ils
-avaient l&#8217;air de s&#8217;entendre plutôt bien, finalement. Zach marchait devant,
-d&#8217;un pas décidé, en surveillant les alentours. Pourquoi avait-elle un mauvais
-pressentiment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Était-ce la nuit, la fatigue, les émotions<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle s&#8217;approcha
-du guide, en frissonnant.<br 
-class="newline" />&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il tourna la tête vers elle. Il semblait d&#8217;assez bonne humeur.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu en penses quoi, de ces brigands<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu disais que ce n&#8217;était pas normal
-d&#8217;en voir autant et si près...<br 
-class="newline" />Son visage se ferma. Il se rapprocha d&#8217;elle, et lui parla à voix basse.<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;est pas très surprenant de croiser des brigands dans cette forêt.
-Surtout en ces temps difficiles, et lorsqu&#8217;un grand évènement est organisé,
-faisant venir beaucoup de monde de loin, notamment des personnalités
-riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui
-attendaient précisément Sélène et Irdann... <br 
-class="newline" />&#8212; Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des
-personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de
-nom.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui... <br 
-class="newline" />Ah. Ce n&#8217;était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne
-humeur. Elle soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Je délire peut-être, je suis épuisée. J&#8217;étais juste inquiète. J&#8217;ai une
-princesse à protéger, je te rappelle.<br 
-class="newline" />Elle lui adressa un clin d&#8217;&#339;il. Il répondit par un coup de coude.<br 
-class="newline" />&#8212; Moi aussi j&#8217;ai pour mission d&#8217;escorter et de protéger une noble dame
-                                                                
-                                                                
-jusqu&#8217;à la sortie de la forêt.<br 
-class="newline" />À son tour, elle lui lança un coup de coude.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai bien vu ta façon de la protéger.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.<br 
-class="newline" />Il semblait fixer attentivement l&#8217;horizon, mais il souriait. Puis soudainement,
-il désigna du doigt une lueur au loin.<br 
-class="newline" />&#8212; Là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Tu vois cette chaumière, avec la lumière à la fenêtre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Nous
-arrivons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />La petite équipe poussa un soupir de soulagement.
-<!--l. 608--><p class="indent" >   La maison, de taille moyenne, était la première en arrivant du sentier.
-Elle était faite de pierre, recouverte en partie de lierre et visiblement vieille.
-Une extension, partiellement en bois, semblait faire office de grange et
-d&#8217;écurie. Plus loin, on voyait apparaître quelques autres habitations, et
-encore derrière, la silhouette d&#8217;un village se découpait dans l&#8217;ombre. Zach
-leur fit signe d&#8217;attendre.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.<br 
-class="newline" />Il s&#8217;élança vers la porte.
-<!--l. 612--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 614--><p class="indent" >   La porte s&#8217;ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
-découpa dans la lumière, ainsi qu&#8217;une autre, plus massive.<br 
-class="newline" />&#8212; Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
-nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme s&#8217;avança vers eux, et s&#8217;inclina.<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous me le permettez, seigneur, je vais m&#8217;occuper de votre cheval.
-<br 
-class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s&#8217;appuya sur Zach venu l&#8217;aider.
-Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
-puis se décida à entrer la première.
-<!--l. 620--><p class="indent" >   Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
-mélangés, l&#8217;accueillit d&#8217;une révérence un peu maladroite.<br 
-class="newline" />&#8212; Noble dame<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! C&#8217;est un tel honneur de vous accueillir ici... J&#8217;espère que
-notre pauvre logis vous conviendra. <br 
-class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
-                                                                
-                                                                
-entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
-un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère
-et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce
-odeur de légumes et de viande émanait de la pièce voisine. La pièce
-était éclairée par plusieurs lampes à huile et chandelles, et semblait
-assez accueillante malgré sa simplicité. Elle inclina la tête et lui
-sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci, je pense que ce sera parfait.<br 
-class="newline" />Derrière, Zach et Irdann, l&#8217;un aidant toujours l&#8217;autre à marcher, passèrent
-la porte à leur tour.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère que vous avez fait un bon voyage...<br 
-class="newline" />La femme se tourna vers Zach, et lui lança un regard qui aurait foudroyé
-une armée.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Et qu&#8217;il vous a traitée avec tous les honneurs dus à votre rang.
-N&#8217;est-ce pas Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se figea. Sélène retint un sourire amusé, commençant une liste mentale
-de tout ce qu&#8217;elle pourrait lui reprocher sur ce point. Il semblait
-d&#8217;ailleurs éviter son regard. Elle se tourna à nouveau vers sa mère et
-sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Il a été très correct, rassurez-vous.<br 
-class="newline" />Elle jeta un dernier coup d&#8217;&#339;il suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
-paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br 
-class="newline" />&#8212; Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m&#8217;a dit que vous aviez été blessé
-face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci.
-<!--l. 634--><p class="indent" >   Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce
-que c&#8217;était d&#8217;être traitée comme une princesse, et ce n&#8217;était pas
-une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
-qui avait l&#8217;air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère &#8211; ça,
-par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l&#8217;instant où
-Irdann fit de même à côté d&#8217;elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
-tour.
-<!--l. 636--><p class="indent" >   La femme du bûcheron n&#8217;avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
-alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
-instants, dévisageant les deux jeunes femmes d&#8217;un air incrédule.
-                                                                
-                                                                
-Pourtant, Sélène trouvait qu&#8217;elles n&#8217;étaient pas si différentes que ça des
-humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
-sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
-l&#8217;obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
-fine. Tout cela, et on pouvait y ajouter d&#8217;autres critères, comme la
-tradition des cheveux longs, devait vraisemblablement entretenir, bien
-malgré eux, l&#8217;image des elfes comme idéal de beauté. À moins que
-ce canon de beauté n&#8217;ait été influencé, il y a bien longtemps, par
-eux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 638--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;elle laissait ses pensées divaguer, les deux jeunes femmes
-s&#8217;étaient assises, et le père de Zach venait d&#8217;entrer à son tour. Il jeta un &#339;il
-inquiet à la pile d&#8217;armes posées dans un coin de la pièce, les compta, tenta
-d&#8217;attribuer mentalement une à chacun et fronça les sourcils en dévisageant
-Silwë et Aldariel. Zach présenta rapidement les différents membres du
-groupe, et ils commencèrent à manger.
-<!--l. 640--><p class="indent" >   Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
-du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
-soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
-viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
-constater qu&#8217;ils mangeaient avec appétit tout ce qu&#8217;elle leur servait. Zach fit
-un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
-elfes, puis celle du paladin, et enfin l&#8217;attaque des brigands près du village.
-Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
-quelques questions.<br 
-class="newline" />&#8212; Excusez notre curiosité, mais c&#8217;est la première fois que nous voyons des
-elfes. Que faites-vous dans la région<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand
-tournoi de tir à l&#8217;arc, et j&#8217;ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde
-du corps.<br 
-class="newline" />Yzar se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de l&#8217;autre côté. Il
-considéra un instant son air frêle, puis son regard se porta sur Aldariel, en
-face d&#8217;elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lui
-envoya un coup de coude pour le faire taire.<br 
-class="newline" />&#8212; Crois-moi, tu n&#8217;as pas envie d&#8217;être du mauvais côté de son épée.<br 
-class="newline" />Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un
-                                                                
-                                                                
-respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu&#8217;elle aimerait inspirer un tel
-respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Ici, elle était coincée
-avec le protocole, et ce titre de «&#x00A0;dame&#x00A0;». N&#8217;importe quoi. Vivement qu&#8217;elle
-rentre à la capitale, les rues sentaient peut-être mauvais parfois, mais au
-moins on y respirait la liberté.
-<!--l. 647--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 649--><p class="indent" >   Le repas avançant, Zach fut soulagé de constater que l&#8217;ambiance
-s&#8217;était petit à petit détendue. Si ses parents étaient toujours très
-respectueux envers Sélène et Irdann, ils semblaient avoir compris que ces
-nobles gens appréciaient la simplicité de leur accueil. Quant aux deux
-elfes, une fois passé l&#8217;effet de curiosité mêlée de crainte, elles furent
-traitées chaleureusement, presque comme si elles faisaient partie
-de la famille. Sa mère insista même pour qu&#8217;Aldariel se resserve
-plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu&#8217;elle était un peu
-frêle.
-<!--l. 651--><p class="indent" >   Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu&#8217;ils se levèrent
-de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
-ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment «&#x00A0;il s&#8217;en
-sortait&#x00A0;» avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d&#8217;&#339;il peu discret.
-Pris de court, il avait répondu qu&#8217;il ne se passait rien, mais il n&#8217;était pas sûr
-de l&#8217;avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
-un regard gêné, tandis qu&#8217;Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
-fou rire.
-<!--l. 653--><p class="indent" >   Mais c&#8217;était probablement le seul «&#x00A0;incident&#x00A0;» qu&#8217;il pourrait déplorer. Il
-y avait pire. Par contre, au moment d&#8217;aller se coucher, ses parents avaient
-rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
-avaient insisté pour que les deux «&#x00A0;nobles&#x00A0;» prennent la meilleure des deux,
-la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs
-enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
-suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
-laissent faire.
-<!--l. 655--><p class="indent" >   Il fit quelques pas dans la pièce, qui l&#8217;avait abrité pendant toute
-son enfance. Elle n&#8217;avait pas tellement changé depuis, si ce n&#8217;est
-                                                                
-                                                                
-qu&#8217;elle paraissait vide sans ses trois frères et sa s&#339;ur. Trois lits sur les
-cinq avaient été faits. Il s&#8217;assit et posa son sac sur celui qui avait
-été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses
-bottes et son armure lorsque Silwë entra, une bougie à la main.
-Constatant qu&#8217;il n&#8217;y avait que lui, elle l&#8217;éteignit et la posa sur une table à
-côté.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce n&#8217;est pas comme si nous en avions besoin... Mais je n&#8217;ai pas osé
-refuser.<br 
-class="newline" />Elle déposa son sac et celui d&#8217;Aldariel, puis vint s&#8217;asseoir à son tour sur un
-lit avec un sourire de satisfaction.<br 
-class="newline" />&#8212; On a beau dire, les matelas humains sont quand même confortables.<br 
-class="newline" />&#8212; Et c&#8217;est une elfe qui dit ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle marqua une pause dans le démêlage de ses longs cheveux pour lui
-lancer un regard qu&#8217;elle aurait probablement voulu meurtrier. Constatant
-son échec, elle esquissa un sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Tiens, j&#8217;y pense, d&#8217;où te vient une telle réputation<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, de quoi tu parles<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />C&#8217;est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre
-&#8211; ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle
-s&#8217;installa à son tour et sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; À propos de la remarque de ton père, tout à l&#8217;heure, tu sais bien.
-<!--l. 666--><p class="indent" >   Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
-répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
-sur les elfes. Mais il savait bien qu&#8217;elles ne se contenteraient pas de
-ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
-l&#8217;obscurité lui donnaient l&#8217;impression de le clouer au mur derrière lui. Il
-abdiqua.
-<!--l. 668--><p class="indent" >   Il finit d&#8217;ôter sa tunique et s&#8217;allongea, préférant regarder le plafond.<br 
-class="newline" />&#8212; Quand j&#8217;étais adolescent, j&#8217;avais pas mal de succès auprès des filles, c&#8217;est
-vrai. Le petit air d&#8217;elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc,
-j&#8217;avoue, je n&#8217;ai pas volé ma réputation. Après...<br 
-class="newline" />Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.<br 
-class="newline" />&#8212; Après j&#8217;ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
-traverser la forêt. Ce n&#8217;est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
-du temps pour «&#x00A0;ce&#x00A0;» genre de choses... Et puis qui voudrait d&#8217;un
-                                                                
-                                                                
-mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
-un lit, et qu&#8217;on ne voit jamais<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Certes, je rencontre beaucoup de
-gens très différents, et j&#8217;ai bien eu des... occasions. Mais au final...
-<br 
-class="newline" />Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Au final, je vis seul. Ma fiancée, c&#8217;est la forêt. Ma seule vraie
-compagne, fidèle et sincère, c&#8217;est mon épée.
-<!--l. 675--><p class="indent" >   Il se tut. Pourquoi n&#8217;avait-il pas tout à fait l&#8217;impression de dire la
-vérité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le visage de Sélène était encore présent dans son esprit. Mais
-n&#8217;était-elle pas, finalement, qu&#8217;une de ces «&#x00A0;occasions&#x00A0;» comme les autres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Qu&#8217;il avait plus ou moins &#8211; à tort ou à raison &#8211; laissée passer. L&#8217;oublierait-il
-aussi facilement que les autres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comme si elle semblait saisir le fil de ses
-pensées, Aldariel s&#8217;approcha et posa doucement une main sur son
-épaule.<br 
-class="newline" />&#8212; Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n&#8217;imaginais pas à quel
-point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des
-relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez
-nous...<br 
-class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu&#8217;elle avait raison, mais peut-être aussi que la
-situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
-surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
-la main, les hommes comme le reste.
-<!--l. 679--><p class="noindent" >&#8212; À ce propos, Alda, comment va la blessure d&#8217;Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Et il fallait qu&#8217;elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
-rétorquer que ce n&#8217;était pas la peine de retourner le couteau dans la
-plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
-que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, plutôt bien. Rien de crucial n&#8217;a été touché, je suis sûre qu&#8217;il se
-remettra très vite.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est plutôt une bonne nouvelle.<br 
-class="newline" />Il aurait bien aimé voir ce qu&#8217;il y avait sur le visage de la jeune princesse,
-mais elle s&#8217;était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
-bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
-sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu&#8217;il
-                                                                
-                                                                
-pensait.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;ailleurs, qu&#8217;est-ce que tu m&#8217;as dit, un peu plus tôt aujourd&#8217;hui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;à
-ma place, tu n&#8217;aurais pas hésité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle se retourna brusquement vers lui, les sourcils froncés.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu veux dire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il regarda le plafond, sans pouvoir retenir un sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; À ton avis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 690--><p class="indent" >   Aldariel semblait à la fois choquée et en colère. Silwë s&#8217;était glissée sous
-les draps et s&#8217;était tue. Soit elle était épuisée et voulait dormir, soit elle lui
-laissait volontairement le champ libre. Après tout, c&#8217;était bien son tour de
-se venger... <br 
-class="newline" />&#8212; Non, je n&#8217;aurais pas hésité à ta place. Et<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il avait connu des attaques verbales plus difficiles à contrer. Son sourire
-s&#8217;élargit.<br 
-class="newline" />&#8212; Et le «&#x00A0;noble paladin aux airs de prince charmant&#x00A0;», ça compte comme
-une hésitation<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle marqua une pause, surprise.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... qu&#8217;est-ce que tu imagines<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;est un humain. Un elfe, je ne dirais
-pas, mais c&#8217;est un humain<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Belle tentative d&#8217;esquive, mais ratée. À moins que... sa surprise semblait
-sincère. C&#8217;était encore plus drôle en fait.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est ça. Et moi, je sors d&#8217;où, alors, si elfes et humains ne sont pas
-compatibles<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle répliqua aussitôt, pointant son doigt dans sa direction.<br 
-class="newline" />&#8212; Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le
-reste. Tu as dit toi-même que tu ne savais rien d&#8217;eux, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
-il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
-une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
-effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourtant, j&#8217;ai bien l&#8217;impression que Silwë, elle, ne s&#8217;arrête pas à ce genre
-de détail.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;est-ce que tu en sais<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Son attaque avait donc touché. Il ne fallait pas baisser sa garde maintenant.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Elle a passé cinq ans chez les humains. Je pense qu&#8217;elle a dû avoir un
-certain succès auprès d&#8217;eux. Tu lui poseras la question...<br 
-class="newline" />Cherchant désespérément un peu de soutien, Aldariel se tourna vers son
-amie, qui s&#8217;était visiblement endormie. Tout du moins, elle faisait
-suffisamment bien semblant. Il l&#8217;en remercia intérieurement.<br 
-class="newline" />&#8212; ...sinon tu te rappelleras sa réaction quand, un soir, tu avais évoqué la
-question.<br 
-class="newline" />Quelle chance il avait eu de retenir ce détail pourtant insignifiant, malgré la
-situation qui ne s&#8217;y prêtait guère... Ils étaient plus à un cheveu de
-s&#8217;entretuer que de jouer à ce jeu-là.
-<!--l. 709--><p class="indent" >   Elle lui lança un dernier regard assassin, qu&#8217;il fit mine de ne pas
-remarquer. Mais il avait du mal à se retenir de sourire. Elle soupira,
-remonta ses draps sur ses épaules et ferma les yeux.
-<!--l. 711--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 713--><p class="indent" >   Il referma la porte de la petite chambre et posa le bougeoir sur la table
-de chevet.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Je m&#8217;attendais à ce que nos noms soient respectés, mais à ce
-point...<br 
-class="newline" />Sélène sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai que c&#8217;était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
-a dit qu&#8217;Aldariel était la fille du roi des elfes.<br 
-class="newline" />&#8212; Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
-était un choc...<br 
-class="newline" />Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah. Il y a un petit problème technique. Il n&#8217;y a qu&#8217;un lit.<br 
-class="newline" />&#8212; Effectivement. En même temps, c&#8217;est assez logique, c&#8217;est leur
-chambre...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crois qu&#8217;ils pensent qu&#8217;on...<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules. Il n&#8217;avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et
-surtout, de leur demander du travail en plus alors qu&#8217;ils se donnaient déjà
-tellement de mal pour eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, ne t&#8217;inquiète pas, je dormirai par terre. J&#8217;ai connu pire, tu
-sais<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
-                                                                
-                                                                
-presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah mais ça n&#8217;a rien à voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 727--><p class="indent" >   Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien
-répondu qu&#8217;elle était une dame et c&#8217;était une histoire de code d&#8217;honneur,
-mais il doutait de l&#8217;efficacité de cet argument. Il n&#8217;avait pas affaire à une
-noble dame comme les autres, ça, il avait bien saisi. Ce fut finalement elle
-qui prit une décision.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon écoute, on ne va quand même pas dormir tous les deux par
-terre, ce serait vraiment stupide. Il y a de la place pour deux sur ce
-matelas. Chacun son côté, chacun sa couverture, ça te va comme
-compromis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; À condition que tu prennes quand même les draps prévus pour ça. Et
-moi je prends une couverture de voyage.<br 
-class="newline" />Elle sourit en lui donnant un petit coup de coude.<br 
-class="newline" />&#8212; Vendu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 733--><p class="indent" >   Ils s&#8217;installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la
-pièce dans l&#8217;obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce
-compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le
-sommeil ne venait pas. Trop de choses s&#8217;étaient passées dans cette journée...
-À commencer par Sélène. La jeune femme qu&#8217;il devait chercher était
-saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n&#8217;avait pas eu l&#8217;air si
-heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l&#8217;unissait à son
-«&#x00A0;guide&#x00A0;», d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Leurs regards étaient tout de même assez
-éloquents...
-<!--l. 735--><p class="indent" >   Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l&#8217;ambiance
-des cours, il connaissait assez bien la façon dont les mariages étaient
-conclus. Il s&#8217;agissait bien souvent d&#8217;un enjeu complexe d&#8217;alliances entre
-seigneurs et de cessions de terres, quand il ne s&#8217;agissait pas de guerres,
-toujours est-il qu&#8217;on ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles.
-Bien sûr, on essayait généralement de faire en sorte qu&#8217;ils s&#8217;apprécient au
-moins un peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour
-aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n&#8217;était pas eux qui
-décidaient sur ce plan-là. Certains s&#8217;en accomodaient plutôt bien, d&#8217;autres
-trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
-                                                                
-                                                                
-qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n&#8217;était officiel,
-mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des
-choses...
-<!--l. 737--><p class="indent" >   Il avait tendance à considérer que ce genre d&#8217;histoire ne le regardait pas.
-Après tout, entre un mari à la capitale, et ses parents ici, elle avait bien
-droit à un peu de liberté entre deux... Il se mit à penser qu&#8217;il avait de la
-chance d&#8217;être un paladin. Personne n&#8217;allait le forcer à se marier contre son
-gré, et il était vraiment libre... Certes, il devait rendre des services au nom
-de la déesse, mais à côté d&#8217;avoir toujours quelqu&#8217;un sur le dos, ce n&#8217;était
-pas grand chose.
-<!--l. 739--><p class="noindent" >&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle ne dormait donc pas non plus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suppose qu&#8217;on repart demain... ça va aller ta blessure<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je pense, oui. Aldariel s&#8217;en est très bien occupé. Mais c&#8217;est surtout une
-chance que personne d&#8217;autre n&#8217;ait été blessé.<br 
-class="newline" />Il eu l&#8217;impression qu&#8217;elle frissonnait.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ose pas imaginer ce qui se serait passé si les autres n&#8217;étaient pas
-venus à notre secours...<br 
-class="newline" />C&#8217;était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
-faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c&#8217;était dans le meilleur des
-cas...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, je me passerai des détails, merci.<br 
-class="newline" />&#8212; Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu&#8217;ils
-restent avec nous au moins jusqu&#8217;à la sortie de la forêt.<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
-bénéficier d&#8217;un effet de surprise...<br 
-class="newline" />Pour quelqu&#8217;un qui n&#8217;avait connu que le confort des châteaux, elle avait une
-sacrée tête froide. Elle n&#8217;avait pas l&#8217;air trop choquée par tout ce qui s&#8217;était
-passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu&#8217;elle semblait plutôt
-encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est possible. J&#8217;y pense, il y a quelque chose que je n&#8217;ai pas tout à fait
-compris dans ce combat.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement
-tranquille... Puis il y en a un qui s&#8217;est approché de toi, je t&#8217;ai vue
-t&#8217;effondrer... enfin je crois. Et puis l&#8217;instant d&#8217;après, c&#8217;est lui qui était
-effondré à tes pieds. Je n&#8217;ai pas l&#8217;impression que Zach soit arrivé si
-tôt...<br 
-class="newline" />Elle marqua une seconde de silence, mais lorsqu&#8217;elle répondit, il aurait juré
-qu&#8217;elle souriait.
-<!--l. 757--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 759--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;elle termina son récit, il laissa passer un moment de silence. Que
-pouvait-il bien en penser<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne m&#8217;attendais pas à ça, effectivement.<br 
-class="newline" />Il semblait simplement surpris. Mais était-ce en bien ou en mal<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien
-attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois
-hommes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Mais tu as bien fait de te défendre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! <br 
-class="newline" />Soulagée, elle sourit &#8211; elle était soulagée également de noter qu&#8217;il ne voyait
-pas ses expressions dans le noir, lui &#8211; et répondit nettement plus
-spontanément.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça n&#8217;a pas l&#8217;air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes
-pour défendre sa peau...<br 
-class="newline" />&#8212; Je trouve dommage qu&#8217;il soit nécessaire d&#8217;avoir besoin d&#8217;une arme pour
-être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois
-capable comme les autres.<br 
-class="newline" />Elle l&#8217;entendit soupirer avant de reprendre.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu m&#8217;aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j&#8217;aurais trouvé
-ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore...
-J&#8217;ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
-aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels était bien
-présent... Ensuite, j&#8217;ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
-je n&#8217;ai pas seulement appris l&#8217;art de l&#8217;épée, j&#8217;y ai compris qu&#8217;il n&#8217;y avait
-pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d&#8217;humains.
-Peut-être que c&#8217;est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
-                                                                
-                                                                
-m&#8217;envoyant là... Mais peut-être que c&#8217;était juste un effet secondaire.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
-une simple épée bien entraînée et obéissante...<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères...
-<!--l. 772--><p class="indent" >   Elle eut l&#8217;impression qu&#8217;il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu&#8217;est-ce
-que cela pouvait cacher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un
-«&#x00A0;critère&#x00A0;» particulier en tête<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle brûlait d&#8217;envie de le questionner, mais
-peut-être n&#8217;était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en
-souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d&#8217;une vraie
-«&#x00A0;dame&#x00A0;». <br 
-class="newline" />&#8212; Je vois ça. D&#8217;ailleurs, j&#8217;y pense, qui t&#8217;a appris cette technique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il faut
-un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Personne... J&#8217;ai improvisé, dans le feu de l&#8217;action. Je ne sais pas trop
-comment. Je ne sais pas si c&#8217;est du courage ou de la folie, d&#8217;ailleurs.
-Peut-être qu&#8217;à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et
-même toi, ils déteignent sur moi...<br 
-class="newline" />&#8212; Leur folie ou leur courage<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Les deux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je dirais effectivement qu&#8217;il est à la fois courageux et fou de chercher à
-traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d&#8217;un guide.<br 
-class="newline" />Il était bien placé pour parler de prudence...<br 
-class="newline" />&#8212; Comme d&#8217;aller «&#x00A0;secourir&#x00A0;» une noble dame inconnue dans une forêt,
-seul et sans escorte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 783--><p class="indent" >   Il ne répondit pas.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;ai vexé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous.
-Et ça a failli nous coûter cher.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
-parents, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 788--><p class="indent" >   Elle n&#8217;arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
-neutre. Arriver là-bas, c&#8217;était se dire que l&#8217;aventure se terminait, redevenir
-                                                                
-                                                                
-une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
-bon se poser ce genre de question<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle avait su tout cela dès le
-début.
-<!--l. 790--><p class="noindent" >&#8212; Oui.<br 
-class="newline" />Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bonne nuit.<br 
-class="newline" />&#8212; Bonne nuit.
-<!--l. 795--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 797--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;Aldariel ouvrit les yeux, le jour était déjà levé depuis un
-moment. À ses côtés, les lits de Zach et de Silwë étaient vides. Il faut dire
-que ces lits humains étaient plutôt confortables, surtout comparés à la terre
-battue de la forêt... Et après les évènements de la veille, une bonne nuit
-n&#8217;était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les
-éclats de voix qu&#8217;elle entendait du rez-de-chaussée.
-<!--l. 800--><p class="indent" >   Installés autour de la grande table, en train d&#8217;avaler un petit déjeuner
-solide, se trouvaient Silwë, Irdann et Beolie. Celle-ci était en train de
-tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l&#8217;abreuvant de
-recommandations.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d&#8217;ici. Je vous ai
-donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
-voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c&#8217;est même encore
-mieux.<br 
-class="newline" />&#8212; Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? intervint Aldariel.<br 
-class="newline" />Beolie redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
-lui préparant une assiette.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;interrompit pour déposer l&#8217;assiette généreusement garnie devant elle,
-puis jeta un &#339;il à Irdann, assis à côté d&#8217;elle.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle,
-mais c&#8217;est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas
-comme ça...<br 
-class="newline" />Silwë lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées
-                                                                
-                                                                
-non plus. Tenez, voici pour les provisions.<br 
-class="newline" />Elle lui tendit une petite pile de pièces.
-<!--l. 811--><p class="indent" >   C&#8217;est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de
-protestation de principe de la part de Beolie.<br 
-class="newline" />&#8212; Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Très bien, je vous remercie. Zach n&#8217;est pas là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il dort encore
-peut-être<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Il est parti, aux aurores, avec son père et d&#8217;autres hommes du village,
-pour... «&#x00A0;découvrir&#x00A0;» ce qui s&#8217;est passé la nuit dernière. Ils ont découvert
-les corps de brigands apparemment...
-<!--l. 817--><p class="indent" >   Un silence passa. Chacun sembla se remémorer avec un léger frisson la
-bataille de la nuit dernière. Puis Aldariel reprit la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelle est la... version «&#x00A0;officielle&#x00A0;» de cette histoire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas encore. Ils ont bien sûr promis de ne pas parler de vous
-deux, dit-elle en désignant les deux elfes. Ils ne devraient plus tarder de
-toutes façons. Vous partez bientôt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Nous allons nous mettre en route dès que possible, n&#8217;est-ce pas
-Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s&#8217;empressa de compléter. &#8212;
-... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de Yzar, pour savoir
-à quoi s&#8217;en tenir.<br 
-class="newline" />Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire.
-<!--l. 825--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 827--><p class="indent" >   Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
-Leur passage avait d&#8217;ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
-Des rumeurs avaient couru sur l&#8217;attaque des brigands de la veille, mais
-personne ne semblait évoquer la présence d&#8217;elfes. Par contre, certains,
-apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la
-blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions.
-Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et
-impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n&#8217;était pas la
-sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les
-                                                                
-                                                                
-gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et
-c&#8217;était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et
-puis, avait-elle ajouté, il n&#8217;avait pas totalement volé cette gloire non
-plus.
-<!--l. 829--><p class="indent" >   Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s&#8217;étaient arrêtés au
-bord d&#8217;un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes,
-elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur
-une longue distance. Mais qu&#8217;importe, ni lui ni Sélène ne semblaient
-pressés. Celle-ci était assise dans l&#8217;herbe à côté de lui, en train de boire à
-une gourde fraîchement remplie.<br 
-class="newline" />&#8212; Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...<br 
-class="newline" />Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le
-regardait d&#8217;un air interrogateur.<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais
-que tu ne veuilles pas me répondre, mais...<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules et referma la gourde.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelle question<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.<br 
-class="newline" />&#8212; Avant que tu ne t&#8217;inquiètes, je te dis tout de suite que je n&#8217;en ai parlé à
-personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en
-qui pourtant j&#8217;ai entière confiance. Et je n&#8217;ai pas l&#8217;intention de le
-faire.<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils, et l&#8217;incita, d&#8217;un regard, à continuer.<br 
-class="newline" />&#8212; Quand j&#8217;étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j&#8217;ai trouvé,
-dans ta chambre, caché... un livre de magie.
-<!--l. 842--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 844--><p class="indent" >   Elle resta figée quelques instants, d&#8217;horreur d&#8217;abord, puis de colère, et de
-panique. Comment savait-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment l&#8217;avait-il trouvé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment
-avait-il osé fouiller dans sa chambre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;allait-elle faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? S&#8217;enfuir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et
-pour aller où<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; S&#8217;il-te-plaît, calme-toi, je t&#8217;assure que je n&#8217;ai pas l&#8217;intention de révéler
-cela à quiconque.<br 
-class="newline" />Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait
-l&#8217;air sincère. Mais cela n&#8217;expliquait pas comment... Elle s&#8217;approcha
-doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage
-neutre au cas où quelqu&#8217;un passerait par là, lui demanda à voix
-basse<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:<br 
-class="newline" />&#8212; Comment as-tu trouvé cet objet<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il parut quelque peu soulagé qu&#8217;elle engage la conversation au lieu de
-s&#8217;enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort &#8211; à quoi pouvait-il s&#8217;attendre
-d&#8217;ailleurs<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il avait l&#8217;air plutôt gêné...<br 
-class="newline" />&#8212; Hm... c&#8217;est quelque chose qui a à voir avec l&#8217;enchantement qui m&#8217;a
-permis de te retrouver.<br 
-class="newline" />Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.<br 
-class="newline" />&#8212; Soit. Je t&#8217;explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet
-enchantement.<br 
-class="newline" />Il parut choqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais c&#8217;est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la
-déesse...<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Le secret que tu as me concernant peut m&#8217;emmener au bûcher, je
-suppose que tu le sais. Alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait
-déjà beaucoup trop de toutes façons...
-<!--l. 858--><p class="indent" >   Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord. Pour te retrouver, j&#8217;ai dû enchanter une pierre, et pour cela je
-devais avoir un objet auquel tu tenais...<br 
-class="newline" />Elle écouta, surprise, l&#8217;histoire de l&#8217;enchantement du c&#339;ur, et du livre qui
-lui avait permis de l&#8217;invoquer.<br 
-class="newline" />&#8212; Et... cette pierre, qu&#8217;en as-tu fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je l&#8217;ai toujours. Je pensais m&#8217;en débarrasser aussitôt que possible, par
-exemple en la jetant au fond d&#8217;un lac. Mais je n&#8217;ai pas eu d&#8217;occasion, et puis
-maintenant que tu sais...<br 
-class="newline" />Il se leva, et en boitant, s&#8217;approcha de sa jument. Il fouilla dans une
-des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
-laquelle il sortit un caillou. Elle s&#8217;était attendue à une pierre ornée,
-semi-précieuse, ou d&#8217;une forme particulière, et fut presque déçue de
-                                                                
-                                                                
-constater qu&#8217;il s&#8217;agissait d&#8217;un simple petit morceau de grès, qui n&#8217;avait rien
-de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
-rien.
-<!--l. 865--><p class="indent" >   Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna
-lorsqu&#8217;elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres
-battements de c&#339;ur...<br 
-class="newline" />&#8212; Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi
-en faire.<br 
-class="newline" />&#8212; Y a-t-il un risque, pour moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux dire, que quelque chose t&#8217;arrive à cause de cet enchantement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Que je sache, rien ne peut t&#8217;arriver directement à cause de cette pierre.
-Enfin...<br 
-class="newline" />Il prit une inspiration.<br 
-class="newline" />&#8212; Enfin, si on excepte le fait que quelqu&#8217;un ayant cette pierre peut toujours
-te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à
-quel moment tu dors...<br 
-class="newline" />Elle eut un frisson d&#8217;horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son
-pouls s&#8217;accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et
-effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu&#8217;il
-enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans
-la petite bourse de cuir, qu&#8217;il lui tendit.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
-en lieu sûr, ou de t&#8217;en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
-souhaites.
-<!--l. 874--><p class="indent" >   Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l&#8217;air parfaitement
-anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
-nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir
-les fioles de remèdes divers qu&#8217;elle transportait. Puis elle poussa un
-soupir.
-<!--l. 876--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 878--><p class="noindent" >&#8212; À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
-encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
-                                                                
-                                                                
-soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.<br 
-class="newline" />Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
-avoir l&#8217;air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre
-trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses
-parents avaient fait en sorte de l&#8217;envoyer à la capitale, en grand secret.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... alors tu n&#8217;es pas vraiment mariée, en fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Les Quayle sont une famille d&#8217;amis de ma mère qui vivent à la
-capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de
-l&#8217;université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais
-jamais assez...<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;admets que c&#8217;est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la
-capitale, seule<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, dans une petite chambre de l&#8217;université. C&#8217;est moins luxueux que la
-demeure d&#8217;un riche marchand, mais c&#8217;est tranquille.<br 
-class="newline" />&#8212; Et quelle magie tu apprends, là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent
-venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs,
-et je compte bien en être dès que j&#8217;aurai fini mon apprentissage.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Tu ne connais que des sortilèges pour soigner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
-sais tout de même lancer des boules de feu, c&#8217;est un sort que j&#8217;ai
-appris avant de venir à la capitale. Mais ce n&#8217;est pas si efficace que
-cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
-combat...<br 
-class="newline" />Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai pu voir quelques démonstrations, c&#8217;est effectivement impressionnant.
-<!--l. 894--><p class="indent" >   Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir.
-Alors qu&#8217;il s&#8217;approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur
-son épaule.<br 
-class="newline" />&#8212; Attends. Montre-moi ton genou.<br 
-class="newline" />Il hésita.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux... le soigner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? N&#8217;est-ce pas risqué ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si je n&#8217;utilise pas mon bâton de magie, ce n&#8217;est pas trop visible. Même si
-le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi.
-<!--l. 900--><p class="indent" >   Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose
-finalement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il
-eut l&#8217;impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être
-était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la
-douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu&#8217;il s&#8217;efforçait d&#8217;ignorer,
-s&#8217;estompa pour de bon.
-<!--l. 902--><p class="indent" >   Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage,
-elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Essaie de marcher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu&#8217;il avait crainte ne
-revenait pas, même s&#8217;il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la
-tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c&#8217;est déjà
-bien.<br 
-class="newline" />Il lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers10x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 3--><p class="nopar" >
-<!--l. 5--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 7--><p class="indent" >   L&#8217;homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Où précisément<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr étala la carte de la forêt de Sossirant, et désigna du doigt une zone,
-assez éloignée des villes et des chemins tracés.<br 
-class="newline" />&#8212; Par ici.<br 
-class="newline" />Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard
-droit dans le sien.<br 
-class="newline" />&#8212; Écoutez, ce n&#8217;est pas mon genre de poser des questions à mes clients,
-mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en
-général, les gens veulent aller d&#8217;une ville à une autre. Pas au milieu de nulle
-part.<br 
-class="newline" />Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa
-motivation.<br 
-class="newline" />&#8212; Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Ragan secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens
-à ma peau.<br 
-class="newline" />Uhr jeta un &#339;il à sa droite, où Farl et Sam mangeaient tranquillement, en
-attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua
-légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu.
-<!--l. 19--><p class="indent" >   Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Après, si vous n&#8217;avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l&#8217;homme
-qu&#8217;il vous faut.<br 
-class="newline" />&#8212; Voulez-vous un autre verre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en
-forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S&#8217;il y a
-un type qui connaît cet endroit, c&#8217;est lui. Est-ce qu&#8217;il acceptera de vous y
-conduire, c&#8217;est autre chose...<br 
-class="newline" />&#8212; Savez-vous où je peux le trouver<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand
-il est dans le coin.
-<!--l. 27--><p class="indent" >   À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon
-de s&#8217;insérer dans la conversation.<br 
-class="newline" />&#8212; Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si, justement. Tu l&#8217;as vu récemment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle posa les boissons sur la table.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner
-quelqu&#8217;un qui allait dans la seigneurie d&#8217;Assem. Il est probablement quelque
-part en forêt en ce moment.<br 
-class="newline" />&#8212; Croyez-vous qu&#8217;on puisse le rattraper<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Uhr.<br 
-class="newline" />Le guide sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est envisageable. Vous avez un véhicule, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez
-nous emmener<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Cela dépend. Savez-vous vous défendre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le
-dossier de sa chaise. <br 
-class="newline" />&#8212; Ça suffira<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou pensez-vous qu&#8217;on ait besoin d&#8217;autres renforts<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l&#8217;épée, puis son regard
-se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la
-tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi
-une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre
-femme et le petit gars qui sont avec vous n&#8217;ont pas peur d&#8217;être un
-peu secoués. Je ne vous cache pas qu&#8217;on peut faire de mauvaises
-rencontres...<br 
-class="newline" />Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s&#8217;étaient replongés dans leur
-assiette.<br 
-class="newline" />&#8212; Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous.
-<!--l. 44--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 46--><p class="indent" >   Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en
-terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement
-le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu&#8217;au final, il était plus
-confortablement installé sur le siège du cocher qu&#8217;à l&#8217;intérieur. De
-plus, les chevaux n&#8217;ayant pas besoin de beaucoup d&#8217;indications, il
-pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s&#8217;exercer à
-la jonglerie, sous les yeux surpris &#8211; au moins la première fois &#8211; de
-Ragan.
-<!--l. 48--><p class="noindent" >&#8212; Je n&#8217;aime pas trop ça, pour être franc.<br 
-class="newline" />Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide,
-qui chevauchait devant.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qu&#8217;il y a<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je vous ai dit qu&#8217;on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne
-va pas tarder à atteindre l&#8217;orée de la forêt, et je n&#8217;ai vu aucune trace de
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est si inquiétant que cela<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Soit il a emprunté d&#8217;autres chemins que les habituels, ce qu&#8217;il fait plutôt
-quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose. <br 
-class="newline" />Il marqua un temps d&#8217;arrêt, puis continua.<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a plus de brigands qu&#8217;avant. Il paraît que les dernières récoltes ont
-été mauvaises dans la seigneurie d&#8217;Assem. Cela plus cette histoire de
-tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à
-voyager... <br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n&#8217;ont pas
-insisté.<br 
-class="newline" />Ragan sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n&#8217;étaient que trois, en même
-temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée
-presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec
-des couteaux sur le toit de la voiture<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ils ne doivent pas voir ça tous les
-jours...<br 
-class="newline" />Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à
-jouer avec.<br 
-class="newline" />&#8212; Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler
-avec<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, s&#8217;il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...
-<!--l. 64--><p class="indent" >   Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune
-ménestrel, l&#8217;imaginant vraisemblablement en train de se «&#x00A0;débrouiller&#x00A0;»
-avec plus de couteaux que ses mains ne pouvaient tenir face à des
-adversaires. Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...<br 
-class="newline" />Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il
-n&#8217;avait pas tout à fait envie de s&#8217;étaler sur le sujet.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, si tout va bien, il sera probablement en train de prendre un verre à
-la taverne du village. Ou chez ses parents, comme ça lui arrive de loger
-quand il est dans le coin.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous le connaissez bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se
-                                                                
-                                                                
-connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble.
-<!--l. 72--><p class="indent" >   Farl n&#8217;osa pas demander «&#x00A0;Et si tout ne va pas bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?&#x00A0;». Après tout,
-était-ce la peine de s&#8217;inquiéter<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il fallait juste espérer que cet homme soit
-à la hauteur de sa réputation et puisse les guider. Et qu&#8217;ils trouvent quelque
-chose là-bas...
-<!--l. 74--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 76--><p class="indent" >   Il y avait comme toujours cinq tables rectangulaires en bois massif,
-entourées de bancs et de quelques tabourets, et la porte qui menait à la
-cuisine avait encore la trace de brûlure qu&#8217;il avait toujours connu.
-La lumière &#8211; à cette heure, essentiellement fournie par la grande
-cheminée sur le côté et les plusieurs lampes suspendues sur les murs
-&#8211; et les odeurs n&#8217;avaient pas changé non plus. Comme si rien ne
-s&#8217;était passé, et rien ne se passait jamais à l&#8217;auberge du Renard
-Vif.
-<!--l. 78--><p class="indent" >   Depuis qu&#8217;il avait laissé partir Sélène, le paladin et les deux elfes, il
-avait erré dans le village sans trop savoir quoi faire. Le contraste entre
-l&#8217;extraordinaire qu&#8217;il avait vécu dans les derniers jours et la routine paisible
-qui régnait ici était tel qu&#8217;il se demandait presque s&#8217;il n&#8217;avait pas rêvé toute
-cette aventure.
-<!--l. 80--><p class="indent" >   Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire.
-Le brave homme le connaissait depuis qu&#8217;il était un petit garçon,
-et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n&#8217;avait pas
-changé.<br 
-class="newline" />&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Ça fait un moment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Viens te joindre à nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l&#8217;une des tables.
-Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en
-soldats. Ils lui expliquèrent qu&#8217;ils formaient la garde rapprochée d&#8217;un riche
-seigneur, et qu&#8217;ils avaient engagé un guide pour lui faire traverser la forêt
-avec sa suite.<br 
-class="newline" />&#8212; Encore quelqu&#8217;un qui se rend au tournoi du duc De Vane<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda
-Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il
-vient au tournoi surtout pour se faire des relations et les entretenir,
-                                                                
-                                                                
-expliqua l&#8217;un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je
-pense...<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, c&#8217;est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion
-de voir du pays, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? répondit son collègue.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tant est qu&#8217;on n&#8217;y reste pas...<br 
-class="newline" />Le soldat montra alors son bras en écharpe.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh. Vous avez été attaqués<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le guide et les deux soldats hochèrent la tête. Ils racontèrent alors un
-affrontement particulièrement violent avec des bandits au milieu de la
-forêt.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai bien cru que j&#8217;allais y rester, ajouta le soldat. Je me suis retrouvé à
-un moment donné face à trois de ces hommes, et...<br 
-class="newline" />&#8212; Laisse tomber, c&#8217;est pas crédible, ton histoire, tu nous l&#8217;a déjà racontée,
-interrompit son ami.<br 
-class="newline" />Le soldat blessé haussa les épaules et reprit tout de même, en abaissant la
-voix légèrement.<br 
-class="newline" />&#8212; Personne ne me croit, évidemment. Mais j&#8217;ai vu certains de mes ennemis
-tomber au sol, morts.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;était peut-être juste tes compagnons qui sont venus t&#8217;aider, que tu n&#8217;as
-pas vus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? suggéra Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Aucun d&#8217;entre nous n&#8217;avait d&#8217;arc.<br 
-class="newline" />Il sortit de sa poche une flèche brisée qu&#8217;il posa sur la table.<br 
-class="newline" />&#8212; Et je suis sûr que notre maître n&#8217;a pas des flèches taillées comme
-ça.<br 
-class="newline" />Zach fronça les sourcils et observa la pointe. Elle était fine et acérée... il
-n&#8217;était pas spécialiste en archerie mais il lui semblait bien que les pointes de
-flèche standard étaient moins travaillées. Du moins les flèches standard
-humaines... Cela pouvait-il être une flèche d&#8217;elfe sylvain<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;était
-possible. Il regretta de ne pas avoir observé de plus près les armes
-d&#8217;Aldariel.
-<!--l. 100--><p class="noindent" >&#8212; Et toi, Zach, qu&#8217;est-ce que tu as fait pendant ce temps<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il releva la tête brusquement, sortant de sa rêverie. Les soldats avaient
-rangé la mystérieuse flèche et s&#8217;était reportés sur leur assiette et leur
-verre.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène...
-Enfin si, rien de l&#8217;en empêchait, mais il y avait toute une partie qu&#8217;il ne
-pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même
-on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des
-ennuis aux deux jeunes femmes. Et tout ce qui s&#8217;était passé ensuite... Il
-haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Une traversée sans histoire.
-<!--l. 106--><p class="indent" >   Personne n&#8217;insista. Après tout, chacun était libre de raconter ce qu&#8217;il
-voulait. Il suivit distraitement la suite de la conversation. Il y avait les
-interrogations sur le fameux tournoi, et qui y viendrait. Il y avait des
-nouvelles de la dernière née de Dacus, qui allait avoir deux ans la semaine
-prochaine. Il y avait l&#8217;incendie qui s&#8217;était déclaré il y a un mois dans la
-grange d&#8217;un des paysans, et que personne n&#8217;expliquait. Il y avait
-la cuisine de la taverne, qui était décidément très bonne ce soir,
-ou alors c&#8217;était parce que la nouvelle serveuse était jolie. Aidé par
-le bon repas et le vin, il se laissa bercer par ces histoires, comme
-si elles le ramenaient sur terre après une excursion dans une vie
-différente.
-<!--l. 108--><p class="indent" >   Puis, la porte sur l&#8217;extérieur s&#8217;ouvrit, et parmi les deux silhouettes qui
-entrèrent, Zach reconnut immédiatement la première.<br 
-class="newline" />&#8212; Ragan, quelle bonne surprise<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! s&#8217;exclama son voisin de droite.
-<!--l. 111--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 113--><p class="indent" >   Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre.
-Le gérant de la taverne leur avait dit qu&#8217;il n&#8217;avait plus d&#8217;autre chambre de
-libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers
-s&#8217;étalaient autour d&#8217;eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;as-tu tiré d&#8217;intéressant sur les... créatures qu&#8217;on cherche<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui
-demanda-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Au final peu de choses très précises. Les documents qu&#8217;on m&#8217;a donnés
-sont très vieux, ce sont des récits de voyageurs, ou des traductions
-imparfaites de natifs de la région, et il est difficile de faire la part entre
-ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de
-l&#8217;imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son
-                                                                
-                                                                
-contraire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Heureusement qu&#8217;il y a les croquis et notes de Mortag, même si
-ce n&#8217;est pas complet.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;où venaient-elles<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l&#8217;abri de
-la lumière vive et de l&#8217;humidité. C&#8217;est un des points sur lequel les différents
-témoignages semblent se recouper, et qui est bon à savoir. On ne sait pas
-trop quand et comment elles ont disparu. Ici ils parlent d&#8217;une aide divine,
-invoquée par des humains locaux, pour s&#8217;en débarrasser. Là d&#8217;une traque
-intensive et sans fin pour les éliminer toutes. Dans celui-ci, les elfes noirs les
-auraient domestiquées pour chasser les humains de la région, alors que dans
-celui-là, ils les combattaient. Je ne suis pas sûr qu&#8217;on puisse se fier à
-grand-chose...<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne savais pas que les elfes noirs vivaient ici aussi à l&#8217;époque.<br 
-class="newline" />&#8212; Moi non plus. À vrai dire, il faut reconnaître que nous ne savons pas
-grand chose d&#8217;eux. Cela ne fait qu&#8217;à peine un siècle qu&#8217;elfes et humains se
-parlent, et encore. D&#8217;accord, nous avons croisé un ou deux elfes noirs à la
-capitale, mais ce n&#8217;était peut-être pas bienvenu de l&#8217;aborder et lui
-demander les archives détaillées de sa nation... Même Silwë, rappelle-toi.
-Elle nous parlait de temps en temps de petits détails personnels de
-la vie des elfes, mais n&#8217;a jamais dit grand chose de l&#8217;histoire des
-sylvains.
-<!--l. 121--><p class="indent" >   Sam hocha la tête. Uhr reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu&#8217;elles ont une
-morsure extrêmement venimeuse. Une morsure tue un humain en une
-dizaine d&#8217;heures, beaucoup moins pour un petit animal. Si la cible bouge
-encore après quelques morsures, elles attendent simplement que le poison
-fasse effet.<br 
-class="newline" />&#8212; Charmant programme.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;un point de vue très pragmatique, cela veut dire qu&#8217;il suffit d&#8217;avoir le
-bon antidote. Farl a sélectionné plusieurs antipoisons basés sur diverses
-morsures d&#8217;araignées connues, et si j&#8217;en crois certains de ces textes, ils
-devraient fonctionner.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tout va bien.
-<!--l. 127--><p class="indent" >   Uhr ne répondit pas. Il se contenta de désigner la pile de feuilles qu&#8217;il y
-avait sur les genoux de Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Et toi, qu&#8217;as-tu trouvé d&#8217;intéressant dans ces dossiers<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle
-avait résumé ses notes.<br 
-class="newline" />&#8212; Comme tu le sais, c&#8217;est un dossier avec des informations sur tout un
-nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag
-ou Septim. Et ça en fait des noms...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est le capitaine Mazrok qui t&#8217;a donné ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il a obtenu ça d&#8217;après ses
-dossiers de la garde<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai des doutes. Je pense qu&#8217;il est allé demandé au recteur de l&#8217;université
-de magie. Il s&#8217;agit essentiellement de données administratives<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: nom,
-adresse, origine, domaine de compétence, ... Mais il y a sur certaines fiches
-quelques informations rajoutées à la hâte, d&#8217;une autre écriture<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: il a
-peut-être cru bon de rajouter certains points intéressants. Pour nous aider,
-peut-être<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi cet excès de zèle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être qu&#8217;il se méfie de certains mages. Peut-être qu&#8217;il veut se faire
-bien voir du capitaine Mazrok. Peut-être qu&#8217;il a une autre raison, je n&#8217;en
-sais rien. On ne va pas se plaindre.<br 
-class="newline" />&#8212; Et qu&#8217;as-tu tiré de tout cela<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 137--><p class="indent" >   Elle soupira et regarda son carnet.<br 
-class="newline" />&#8212; Septim est originaire de la région. Du comté de Belram, qui n&#8217;est pas
-très loin d&#8217;ailleurs. Fils de tailleur, il est parti à l&#8217;adolescence à la
-capitale pour finir son apprentissage... Et a découvert une autre
-voie.<br 
-class="newline" />&#8212; Original, un mage puissant venu d&#8217;un pays où on craint la magie...<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;est pas le seul. J&#8217;en ai noté quatre autres comme ça. Il y a
-la fameuse Zanakielle, notamment. Ainsi que trois autres mages<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:
-Plimel, Tenedrinn et Sélène. La dernière de la liste est intéressante
-aussi.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qu&#8217;elle a de particulier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Déjà, son domaine de magie &#8211; le soin &#8211; est proche de celui de Septim.
-D&#8217;après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et
-il y a un détail cocasse, que j&#8217;ai noté au cas où<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: Sélène est la fille aînée du
-seigneur Assem.<br 
-class="newline" />Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est bien la seigneurie sur laquelle on se trouve<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui... Mais ce n&#8217;est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C&#8217;est
-qu&#8217;apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant
-l&#8217;«&#x00A0;incident&#x00A0;».<br 
-class="newline" />&#8212; Pour où<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je
-n&#8217;avais pas eu l&#8217;idée de bavarder avec la femme du propriétaire de
-l&#8217;auberge.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment pourrait-elle savoir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demada Uhr, de plus en plus
-incrédule.<br 
-class="newline" />Sam sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; On l&#8217;a vue ce matin, traverser le village, accompagnée d&#8217;un jeune et
-mystérieux chevalier qui serait allé la secourir.<br 
-class="newline" />Il haussa les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Sérieusement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ce sont des rumeurs, qui valent ce qu&#8217;elle valent...
-<!--l. 159--><p class="indent" >   Uhr se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Intéressant. Je ne sais pas si cela peut avoir un rapport avec notre
-histoire, mais... J&#8217;entends du bruit en bas, la salle à manger doit être
-pleine. D&#8217;après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le
-fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j&#8217;ai
-faim.
-<!--l. 163--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 166--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu&#8217;il y avait pas mal
-d&#8217;animation dans la petite salle. À une grande table près de la cheminée
-étaient attablés une petite dizaine d&#8217;hommes, à la conversation animée et
-joyeuse.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez, Farl, montre-nous.<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix de Ragan, au milieu des rires. Le jeune homme se leva de sa
-chaise, en souriant, prit trois couverts en bois et se mit à jongler avec, sous
-les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas
-une occasion de se donner en spectacle, même &#8211; et surtout &#8211; improvisé. Ce
-soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui
-venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand
-                                                                
-                                                                
-sourire.
-<!--l. 170--><p class="indent" >   Il jeta un &#339;il à Sam, qui semblait avoir suivi son regard.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, laissons-le s&#8217;amuser. Qu&#8217;est-ce qu&#8217;il pourrait lui arriver de grave
-après tout<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Ils s&#8217;assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors
-qu&#8217;ils se demandaient comment ils allaient bien aborder le fameux guide, un
-homme s&#8217;approcha de la table.
-<!--l. 174--><p class="noindent" >&#8212; Je suis Zach. J&#8217;ai cru comprendre que vous me cherchiez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 176--><p class="indent" >   L&#8217;homme était vêtu de façon semblable à ses compagnons. Pantalon de
-toile et bottes de cuir solide, tunique de lin grise, usée et délavée de façon
-non-uniforme, comme s&#8217;il portait régulièrement un autre vêtement sur son
-torse. Il remarqua aussi l&#8217;usure caractéristique sur le côté gauche de sa
-ceinture, celle que forme, avec le temps, un fourreau d&#8217;épée qui y pend
-régulièrement. Pourtant, sa carrure état moins imposante que celle de
-Ragan et il paraissait nettement plus jeune. Sa réputation était-elle
-surfaite<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 178--><p class="noindent" >&#8212; Effectivement. Asseyez-vous en face. Mon nom est Uhr, voici ma femme
-Sam. Nous cherchons quelqu&#8217;un pour nous emmener dans certaines régions
-peu connues de la forêt de Sossirant. Il semble que vous soyiez le seul à
-pouvoir le faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Zach s&#8217;assit en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Sans vouloir me vanter, il me semble que si je ne peux pas vous y
-conduire, alors aucun humain ne le peut. Par quel moyen<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? À pied<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 182--><p class="indent" >   Au fur et à mesure que la conversation s&#8217;engageait sur des détails
-pratiques &#8211; prix, moyen de transport, matériel &#8211;, Uhr commençait
-à avoir confiance. Il savait de quoi il parlait. Et après tout, ce ne
-sont ni l&#8217;âge ni les gros bras qui font un bon guide. Il sembla un
-peu hésitant quand à la venue potentielle de Sam, mais un regard
-foudroyant de celle-ci le convaincut rapidement. Lui même avait
-vaguement essayé de la dissuader de venir jusque dans la forêt &#8211; elle
-pourrait rester dans la ville et apprendre des choses &#8211;, mais vaguement
-seulement. Il savait bien que lorsqu&#8217;elle avait décidé de faire quelque
-chose, la déesse elle-même ne l&#8217;arrêterait pas. Alors quelqu&#8217;un comme
-Zach...
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 184--><p class="indent" >   Il craignait un peu qu&#8217;il ne leur pose un peu trop de questions sur le but
-de leur voyage &#8211; s&#8217;il prévoyait de lui en parler une fois la ville quittée, il ne
-voulait pas détailler tout de suite &#8211;, mais s&#8217;il fronça légèrement les sourcils
-à leur explication vague de recherche de ruines d&#8217;anciennes civilisations, il
-s&#8217;en contenta.
-<!--l. 186--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;Uhr pointa, sur la vieille carte du guide, les zones qu&#8217;il comptait
-explorer, celui-ci commença par hocher la tête, puis se figea l&#8217;espace d&#8217;un
-instant.<br 
-class="newline" />&#8212; Par contre, je n&#8217;emmène personne ici.<br 
-class="newline" />Uhr et Sam le regardèrent, surpris, puis leur regard se porta à nouveau sur
-la carte, sur la zone qu&#8217;Uhr pointait. Elle n&#8217;était pourtant pas si éloignée
-que cela de la ville, même si elle semblait très peu fréquentée au vu de
-l&#8217;absence de chemin qui la parcourait.<br 
-class="newline" />&#8212; Ailleurs si vous voulez, même là, ajouta-t-il en pointant une zone bien
-plus éloignée. <br 
-class="newline" />Le visage de Zach s&#8217;était fermé, et était devenu indéchiffrable. Il reprit,
-alors que Sam ouvrait la bouche pour lui demander pourquoi.<br 
-class="newline" />&#8212; Les autres guides ne vous emmèneraient pas parce qu&#8217;ils ne connaissent
-pas cette région. Je ne vous y emmène pas parce justement je la connais. Et
-je tiens à ma peau et je suppose que vous aussi.<br 
-class="newline" />Il se leva brusquement.<br 
-class="newline" />&#8212; Attendez. Et si nous y allions avec une meilleur escorte, peut-être
-que...<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous me trouvez une armée, peut-être, coupa-t-il.<br 
-class="newline" />Il se dirigea vers le comptoir et fit un geste au tenancier, sans dire un mot.
-Uhr et Sam se regardèrent, surpris.
-<!--l. 197--><p class="noindent" >&#8212; Hé, Zach, tu ne vas pas nous quitter comme ça quand même<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />C&#8217;était la voix d&#8217;un de ses compagnons de table, qui l&#8217;appelait d&#8217;un
-air enjoué. Le jeune homme sembla hésiter, puis se retourna vers
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Le p&#8217;tit gars a encore des trucs à nous montrer, je suis sûr que ça va te
-plaire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il pointa du doigt l&#8217;autre côté de la table, où Farl faisait tenir un large
-couteau en équilibre sur son nez, sous le regard amusé des autres convives.
-Zach sembla hésiter, regarda le jeune ménestrel quelques instants, puis
-                                                                
-                                                                
-sourit en s&#8217;approchant de la table.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux essayer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 203--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 205--><p class="indent" >   Ils restèrent silencieux quelques instants, regardant le jeune homme
-quitter la table. <br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui lui a pris<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas. Il s&#8217;est vraiment braqué d&#8217;un coup... Tu crois qu&#8217;il
-faudrait le rappeler, essayer de lui parler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; On peut. Mais j&#8217;ai l&#8217;impression qu&#8217;on a peu de chances. Et sans lui,
-impossible de mener à bien notre mission. Mmmh...<br 
-class="newline" />Il s&#8217;interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, Sam tourna son regard
-vers l&#8217;autre table. Le jeune guide avait rejoint ses compagnons, parmi
-lesquels se trouvait Farl...
-<!--l. 211--><p class="indent" >   Zach s&#8217;était pris au jeu. Il avait récupéré le long couteau et lui aussi le
-faisait tenir en équilibre sur son nez. Il se débrouillait plutôt bien, et à en
-voir la réaction de la petite foule, ce n&#8217;était pas la première fois
-qu&#8217;il jouait à ce genre de jeu. Et ce soir-là, il avait un concurrent
-sérieux...
-<!--l. 213--><p class="indent" >   Farl lui jeta un &#339;il interrogateur. Elle haussa les épaules en faisant
-la moue. Une fraction de seconde plus tard il s&#8217;était de nouveau
-tourné vers son nouveau compagnon pour lui proposer un nouveau
-défi.
-<!--l. 215--><p class="noindent" >&#8212; La zone dans laquelle il refuse d&#8217;aller se recoupe en partie avec celle
-qu&#8217;on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et
-peut-être que d&#8217;ici là... commença Uhr.<br 
-class="newline" />Sam l&#8217;interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. &#8212; Pour le
-moment, je suis d&#8217;avis de laisser faire Farl, il a l&#8217;air mieux parti que nous
-pour lui parler...<br 
-class="newline" />Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les
-rires allaient bon train. Il sourit à son tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as peut-être raison. Attendons demain.
-<!--l. 221--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 223--><p class="indent" >   Il secoua la tête tout en foulant l&#8217;herbe humide de rosée, comme si cela
-lui permettait de chasser ces pensées qui se bousculaient. Il n&#8217;aurait
-peut-être pas dû... Il y avait un certain nombre de choses qu&#8217;il n&#8217;aurait pas
-dû faire hier soir.
-<!--l. 225--><p class="indent" >   Boire, pour commencer. Ou tout du moins pas autant. Mais lorsqu&#8217;il y
-pensait, ce n&#8217;était pas la première fois qu&#8217;il se faisait cette réflexion, et il
-avait beau tenter de se persuader du contraire, une petite voix lui disait que
-ça ne serait pas la dernière. Au moins cette pensée-là était habituelle, elle
-en était presque rassurante au fond.
-<!--l. 227--><p class="indent" >   Il n&#8217;aurait pas dû refuser tout net ce que proposait Uhr. Surtout qu&#8217;il
-semblait être le genre de gars à être prêt à payer cher sans poser trop de
-questions pour aller là où il voulait. Et après tout, s&#8217;il avait refusé, c&#8217;était
-justement pour éviter les questions... Elles auraient mené trop loin, si on ne
-le prenait pas pour un fou. Sélène, Irdann, les deux elfes, les araknes, leur
-morsure, Sélène...
-<!--l. 229--><p class="indent" >   Pourtant la soirée s&#8217;était passé plutôt bien ensuite. Il avait fait
-connaissance avec ce jeune homme, un ménestrel apparemment, qui avait
-voyagé avec Uhr et sa femme. Un jongleur, qui avait épaté la galerie avec
-divers tours d&#8217;adresse avec tous les objets qui lui étaient passés sous la
-main. Il s&#8217;était joint au public. Il n&#8217;aurait pas dû. Il savait bien qu&#8217;il aurait
-à un moment donné envie d&#8217;essayer, lui-même étant amateur de ce genre de
-jeu. Il n&#8217;était d&#8217;ailleurs pas mauvais, mais face à un vrai jongleur, il savait
-bien qu&#8217;il n&#8217;avait aucune chance. Qui avait suggéré l&#8217;idée de le défier sur un
-terrain qui était plus le sien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Était-ce Dacus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il n&#8217;était plus sûr. Ça
-aurait bien pu être le ménestrel. Ou bien lui-même, pour ce qu&#8217;il se
-souvenait de la fin de la soirée. S&#8217;il avait été sobre et s&#8217;il n&#8217;y avait
-pas eu ses compagnons autour de lui, il n&#8217;aurait jamais accepté,
-évidemment.
-<!--l. 231--><p class="indent" >   Il marchait depuis presque une heure, et au fur et à mesure que l&#8217;air frais
-lui éclaircissait l&#8217;esprit, il hésitait. Était-ce une bonne idée, d&#8217;aller quand
-même à ce rendez-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Après tout, il ne connaissait même pas ce jeune
-homme. Et puis il avait mieux à faire que d&#8217;aller relever des défis
-idiots.
-<!--l. 233--><p class="indent" >   Il soupira. En fait il n&#8217;avait pas vraiment mieux à faire, puisqu&#8217;il avait
-                                                                
-                                                                
-refusé le «&#x00A0;boulot&#x00A0;» d&#8217;Uhr. Et puis, il aimait relever des défis, même idiots.
-Mais quand même...
-<!--l. 235--><p class="noindent" >&#8212; Héé Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il tourna la tête. C&#8217;était Ragan qui le rattrapait au pas de course. Un grand
-sourire barrait son visage.<br 
-class="newline" />&#8212; Ha, je savais bien que tu n&#8217;allais pas te débiner au dernier moment.<br 
-class="newline" />L&#8217;enthousiasme de son compagnon chassa vite ses interrogations, et il lui
-sourit en retour.<br 
-class="newline" />&#8212; Et l&#8217;autre, tu crois qu&#8217;il va se dégonfler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça m&#8217;étonnerait.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, c&#8217;est vrai que tu as fait le trajet avec lui, j&#8217;avais oublié. Tu le connais
-plutôt bien alors...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. C&#8217;est un p&#8217;tit gars un peu étrange parfois, mais au fond, il n&#8217;est pas
-bien méchant.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête et reporta son regard au loin. Ils étaient tout proches de
-leur destination.
-<!--l. 245--><p class="indent" >   Le lac du Croissant était un endroit magnifique. Il était passé à
-plusieurs reprises à côté de ce point d&#8217;eau qui devait son nom à la large
-falaise qui le bordait sur la moitié de sa circonférence. Si on pouvait voir
-quelques grands arbres aux alentours, seuls quelques buissons secs
-poussaient au sommet de la barre rocheuse, la faisant apparaître d&#8217;autant
-plus pâle. Bien qu&#8217;à une petite heure de marche du prochain village,
-l&#8217;endroit était pourtant peu fréquenté. Divers mythes parlaient d&#8217;une
-malédiction, mais Zach, pragmatique, croyait plus volontiers que l&#8217;endroit
-présentait en réalité peu d&#8217;intérêt<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: le lieu n&#8217;était pas vraiment sur des
-routes fréquentées, la terre était pauvre, il y avait peu d&#8217;animaux à y
-chasser et les alentours regorgeaient de nombreux autres points d&#8217;eau plus
-fournis en poissons. Son seul intérêt était probablement sa beauté, mais
-bien peu de gens pouvaient &#8211; ou souhaitaient &#8211; prendre le temps de
-l&#8217;apprécier.
-<!--l. 247--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 249--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;il aperçut la silhouette de Zach au loin, il laissa un léger sourire
-se marquer sur ses lèvres. <br 
-class="newline" />&#8212; Tu pensais qu&#8217;il ne viendrait pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il tourna la tête vers Dacus, un autre ami de Zach, qui était arrivé en
-même temps que lui. Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Je dois t&#8217;avouer que j&#8217;ai eu quelques doutes...<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, Zach rate rarement un défi. Quoique, quand il pense vraiment qu&#8217;il
-va rater... Mais il est là en tous cas.
-<!--l. 255--><p class="indent" >   Il était là. Un peu nerveux, visiblement, mais lui-même l&#8217;était aussi
-finalement. Il était venu sans son épée &#8211; un fourreau vide à sa ceinture
-l&#8217;attestait &#8211;, mais il lui semblait deviner le manche d&#8217;un couteau qui
-dépassait de sa botte droite. En dehors de cela, il était venu les mains vides.
-C&#8217;était plutôt bon signe.
-<!--l. 257--><p class="noindent" >&#8212; Nous y voilà. Alors, qu&#8217;est-ce que tu attends de moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu veux, j&#8217;ai beaucoup entendu parler de toi. Oh je ne
-comptais pas te défier sur tes compétences de guide ou de pisteur, elles
-sont suffisamment reconnues et ce n&#8217;est de toutes façons pas mon
-domaine. J&#8217;ai déjà eu l&#8217;occasion de jouer à des jeux d&#8217;adresse avec toi
-hier.<br 
-class="newline" />Le jeune guide haussa les épaules. Maintenant que Farl y prêtait attention,
-Zach semblait nettement plus jeune que ses amis. Il devait avoir son âge, ou
-peut-être moins, difficile à dire.<br 
-class="newline" />&#8212; Évidemment, je ne comptais pas te défier sur la jonglerie.<br 
-class="newline" />Son interlocuteur laissa échapper un sourire mais ne répondit pas.<br 
-class="newline" />&#8212; En fait, tes collègues m&#8217;ont dit que tu étais un excellent grimpeur. Et
-puis j&#8217;ai vu cet endroit...<br 
-class="newline" />Il se tourna et désigna la barre rocheuse derrière lui. Zach suivit son geste,
-et ses yeux se mirent à briller alors que son sourire s&#8217;agrandissait.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Je dois reconnaître que cette falaise m&#8217;a déjà tenté. Mais je n&#8217;ai jamais
-vraiment pris le temps...<br 
-class="newline" />Farl sourit à son tour et s&#8217;approcha de la roche.<br 
-class="newline" />&#8212; On part en traversée, au ras de l&#8217;eau. L&#8217;idée est de finir là haut, de
-l&#8217;autre côté, au niveau de ce petit arbre. <br 
-class="newline" />Zach ne répondit pas, et continuait à fixer la falaise, observant et
-étudiant le trajet à effectuer. Ragan lui donna une tape sur l&#8217;épaule en
-souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Ha, je savais que ça te plairait. J&#8217;aurais bien tenté, mais je n&#8217;ai pas ton
-agilité<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 270--><p class="indent" >   Zach se tourna vers lui en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Le dernier arrivé paye un pot ce soir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Le dernier arrivé ou le premier à l&#8217;eau.<br 
-class="newline" />Les deux autres guides approuvèrent en riant.
-<!--l. 275--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 277--><p class="indent" >   Le soleil montait petit à petit à l&#8217;horizon, et la pierre était très claire. Il
-aurait vite chaud. Il se défit de sa ceinture et de son armure de cuir, et
-après quelques hésitations, de sa tunique. Après tout, autant être léger, et
-puis ses amis pouvaient garder ses affaires. Puis il rejoignit Farl, qui avait
-posé son petit sac en cuir noir et s&#8217;était approché de la paroi. S&#8217;il avait
-proposé ce défi, c&#8217;est qu&#8217;il était plutôt bon grimpeur lui aussi. Mais à quel
-point<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 279--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;il passait sa main sur la roche, Dacus lui tendit une flasque
-ouverte.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux un coup avant d&#8217;y aller<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, merci mais je crois que j&#8217;ai un peu trop bu hier...<br 
-class="newline" />Il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, il n&#8217;y a presque pas d&#8217;alcool. Et puis...<br 
-class="newline" />Il se rapprocha alors qu&#8217;il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un
-clin d&#8217;&#339;il.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai parié un pichet de vin avec Ragan sur toi, me déçois pas,
-hein<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 287--><p class="indent" >   Zach sourit et prit finalement une petite gorgée &#8211; Dacus n&#8217;avait pas la
-même notion de «&#x00A0;presque pas d&#8217;alcool&#x00A0;» que lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais faire de mon mieux.<br 
-class="newline" />Il tendit ensuite la flasque au jeune ménestrel, qui prit une gorgée à son
-tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Bonne chance, Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Bonne chance à toi aussi.
-<!--l. 293--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 295--><p class="indent" >   Il se demandait vaguement à quel point ses amis avaient exagéré
-les compétences de Zach, mais il fut vite convaincu. Il n&#8217;allait pas
-particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était
-aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux
-atouts importants.
-<!--l. 297--><p class="indent" >   Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais
-plus technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares,
-et la progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour
-arrêter quelqu&#8217;un qui avait passé des années à escalader les murs de
-la capitale. À côté des réglettes fines et humides formées par les
-interstices entre les pierres, les petits gratons d&#8217;ici étaient presque
-confortables.
-<!--l. 299--><p class="indent" >   Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d&#8217;avoir gardé sa
-tunique à manches longues. Sauf que s&#8217;il avait dû se mettre torse nu comme
-Zach, il aurait dû, d&#8217;une façon ou d&#8217;une autre, montrer le fourreau
-d&#8217;avant-bras qu&#8217;il portait dessous. Et on faisait mieux pour inspirer
-confiance qu&#8217;une arme d&#8217;assassin. Maintenant qu&#8217;il y pensait, il aurait dû
-simplement la laisser à l&#8217;auberge, ce n&#8217;est pas comme si il craignait
-grand-chose...
-<!--l. 301--><p class="indent" >   En parlant de confiance, est-ce qu&#8217;il devait plutôt le laisser gagner ou
-pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il tourna la tête rapidement pour voir son avancement. Il était
-maintenant juste derrière lui. Leurs regards se croisèrent et ils esquissèrent
-tous deux un sourire au milieu de l&#8217;effort. Il s&#8217;en sortait très très bien. Hors
-de question de le laisser gagner.
-<!--l. 303--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 305--><p class="indent" >   L&#8217;escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la
-fatigue dans ses avant-bras. Mais Farl, qui avait choisi un autre chemin, ne
-semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu&#8217;on apprenait aux
-apprentis ménestrels, mais il doutait que l&#8217;escalade en fasse partie...
-Peut-être venait-il de ces régions montagneuses où on apprenait à grimper
-avant d&#8217;apprendre à marcher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 307--><p class="indent" >   Il profita d&#8217;une bonne prise pour s&#8217;essuyer le front et prendre une grande
-inspiration avant l&#8217;ascension finale. Il lui restait moins d&#8217;une dizaine de
-                                                                
-                                                                
-mètres à grimper, et il pouvait encore peut-être rattraper son concurrent.
-Et vu de près, il lui semblait bien qu&#8217;il commençait à fatiguer lui
-aussi...
-<!--l. 309--><p class="indent" >   Mais pas suffisamment. Quelques mètres à peine au dessus de
-lui, Farl se hissa sur le replat qu&#8217;ils avaient convenu comme lieu
-d&#8217;arrivée. Il se redressa, puis se tourna vers lui et lui tendit son bras en
-souriant.
-<!--l. 311--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 313--><p class="indent" >   Zach sembla avoir un instant d&#8217;hésitation et une moue. Puis il saisit son
-avant-bras tendu et le rejoignit. Il lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, d&#8217;accord, tu as gagné, lui dit-il en reprenant son souffle.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci. Tu grimpes très bien aussi.
-<!--l. 317--><p class="indent" >   Ils restèrent quelques instants silencieux à masser leurs avant-bras
-endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le
-lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la
-silhouette du château du seigneur et la ville qui l&#8217;entourait.
-<!--l. 319--><p class="noindent" >&#8212; Je peux te poser une question<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Farl sortit de sa rêverie brusquement.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh oui.<br 
-class="newline" />&#8212; Je me demandais si tu avais quelque chose au bras droit. Une blessure, ou
-une protection spécifique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il hésita quelques instants, puis se décida à soulever sa manche. Il s&#8217;était
-déjà dit qu&#8217;il aurait dû laisser ça à l&#8217;auberge, mais maintenant...
-<!--l. 325--><p class="indent" >   Zach observa en silence le fourreau de cuir qui entourait son avant-bras,
-puis Farl actionna le mécanisme pour libérer la dague, et d&#8217;un mouvement
-sec la fit glisser dans la main. Il continua de fixer la lame acérée, peinte en
-noir pour éviter les reflets.
-<!--l. 327--><p class="noindent" >&#8212; J&#8217;avais entendu parler des assassins de la capitale. Mais j&#8217;ai toujours
-pensé qu&#8217;il s&#8217;agissait d&#8217;une légende ou d&#8217;un groupe disparu.<br 
-class="newline" />Il essayait de dire cela d&#8217;un ton factuel, mais la nervosité pointait dans sa
-voix &#8211; et il y avait de quoi.<br 
-class="newline" />&#8212; Les rares personnes à avoir vu cette arme et à être encore en vie sont des
-                                                                
-                                                                
-amis.<br 
-class="newline" />Ce n&#8217;était pas la meilleure des tirades, il devait l&#8217;admettre, mais les traits de
-son interlocuteur se détendirent un peu. Le jeune guide tourna ensuite la
-tête vers la rive où les attendaient leurs amis. Il leur fit un geste, puis se
-leva.<br 
-class="newline" />&#8212; On devrait rentrer, dit-il. Par là, ajouta-t-il en pointant du doigt les
-buissons rabougris qui poussaient sur la falaise, il y a un sentier qui mène au
-pied du rocher.
-<!--l. 333--><p class="indent" >   Farl remit sa manche et se mit en route à sa suite. Il hésitait à
-questionner Zach, mais ce fut lui qui prit la parole au bout de quelques
-minutes.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu travailles pour Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pas vraiment... Uhr et moi sommes amis de longue date et nous
-entraidons régulièrement. <br 
-class="newline" />&#8212; Vous êtes donc tous les trois à la recherche de cette... ruine<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Enfin ça ne
-me regarde peut-être pas...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est une histoire compliquée, je ne sais pas si j&#8217;ai le droit de te
-dire...
-<!--l. 339--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 341--><p class="indent" >   Il devait admettre que l&#8217;histoire de Farl l&#8217;intriguait, mais il avait depuis
-longtemps pris la résolution de ne pas questionner trop ses clients
-&#8211; même potentiels. En général, c&#8217;était ce qu&#8217;on attendait de lui.
-Il avait la certitude que certains des voyageurs qu&#8217;il avait escortés
-n&#8217;avaient pas forcément des activités strictement légales. Surtout
-ceux qui demandaient à traverser hors des sentiers, de préférence
-discrètement, et qui payaient très bien pour ça, y compris pour son
-silence.
-<!--l. 343--><p class="indent" >   Jusque là, il le savait pour avoir écouté les rumeurs de village, il ne
-s&#8217;agissait que de petite contrebande ou de petits malfrats qui fuyaient la
-région. Il saurait refuser ce genre de marché si on lui proposait quelque
-chose de vraiment louche. Il ne savait pas trop où il mettrait cette limite, et
-il devait reconnaître qu&#8217;il était plus confortable de ne pas poser trop de
-questions.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 345--><p class="indent" >   La voix de Farl interrompit ses pensées.<br 
-class="newline" />&#8212; Tiens, à propos de choses qu&#8217;on ne dit pas... Peux-tu me dire pourquoi tu
-n&#8217;as pas voulu dire précisément quels dangers nous attendent dans la
-forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules. Après tout...<br 
-class="newline" />&#8212; Essentiellement, parce que personne ne m&#8217;aurait cru.<br 
-class="newline" />Le ménestrel sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, dis toujours, j&#8217;aime bien les histoires extraordinaires. Au pire ça
-fera un joli conte à raconter.<br 
-class="newline" />Il eut un sourire un peu amer.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça fera une histoire pour faire peur aux enfants pas sages alors...<br 
-class="newline" />Il prit une inspiration.<br 
-class="newline" />&#8212; Lors de ma dernière traversée, nous avons rencontré des créatures
-cauchemardesques et mortelles, des sortes d&#8217;araignées géantes, appelées
-araknes...
-<!--l. 356--><p class="indent" >   Il s&#8217;interrompit, remarquant que Farl était resté quelques pas en arrière.
-Son visage s&#8217;était figé sur une expression de surprise.<br 
-class="newline" />&#8212; Je sais, c&#8217;est complètement incroyable, hein...<br 
-class="newline" />Farl était tout pâle.<br 
-class="newline" />&#8212; Plus que tu ne crois. Enfin, moins même. <br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il le rejoignit, et posa sa main sur son épaule en hochant la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Zach... Tu veux bien m&#8217;accompagner jusqu&#8217;à l&#8217;auberge du Renard Vif, où
-nous avons nos chambres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh oui...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu voudras bien expliquer tout ça à Uhr et Sam aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Nous n&#8217;allons
-pas le crier sur les toits, rassure-toi.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh... d&#8217;accord, mais pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le jeune ménestrel marqua une pause, semblant chercher ses mots.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vois cette histoire plus ou moins crédible de ruine antique que
-recherche Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce qu&#8217;il cherche est bien quelque chose d&#8217;«&#x00A0;antique&#x00A0;», qui est
-censé avoir disparu depuis des siècles... mais ce n&#8217;est pas un tas de
-cailloux.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 371--><p class="indent" >   Zach se tut quelques instants, le temps de comprendre.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh.
-<!--l. 374--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 376--><p class="indent" >   Uhr déplia la carte sur le lit de la chambre de l&#8217;auberge, qui était
-décidement trop petite pour quatre personnes.<br 
-class="newline" />&#8212; Si je résume bien, toi et ta cliente avez fait ce trajet, passant par là, et
-là, dit-il en dessinant une trajectoire au crayon sur le papier. Et vous avez
-croisé des araknes où déjà<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ici, précisa Zach, en pointant la carte. Nous avons ensuite traversé la
-rivière là, ce qui nous a mis à l&#8217;abri de ces créatures.<br 
-class="newline" />Uhr hocha la tête et se tourna vers elle.<br 
-class="newline" />&#8212; On est d&#8217;accord qu&#8217;elles ne peuvent pas traverser de rivière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête en relisant les quelques notes qu&#8217;ils avaient.<br 
-class="newline" />&#8212; En principe non. Sauf s&#8217;il y a un pont dans le coin, peut-être.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est trop reculé pour que des hommes soient venus construire des ponts,
-à ma connaissance. Il y a quelques gués, au mieux.<br 
-class="newline" />&#8212; La zone clé est donc située entre cette rivière et son affluent, ce n&#8217;est pas
-si grand comme région. C&#8217;est une très bonne nouvelle, ajouta Uhr en
-souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu trouves<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; On nous a demandé d&#8217;enquêter sur la présence possible de ces bestioles
-dans la forêt, pas forcément d&#8217;y aller et de leur serrer la pince. Le
-témoignage de Zach est déjà très riche<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-<!--l. 388--><p class="indent" >   À condition qu&#8217;il dise bien la vérité, pensa-t-elle. Elle voulait en parler
-discrètement à Uhr et Farl, mais elle était sûre qu&#8217;il mentait. C&#8217;était
-absurde, pourtant, qu&#8217;il invente une histoire pareille. Et pourtant, la façon
-dont il en parlait, ses gestes parasites, tout son corps exprimait qu&#8217;il
-mentait. Ou alors il ne disait pas tout, peut-être<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Cette hypothèse était un
-peu plus crédible. Il faudrait trouver le moyen de le questionner, mais
-peut-être un peu plus subtilement que directement...
-<!--l. 390--><p class="noindent" >&#8212; Il est évident que je vais essayer d&#8217;envoyer un rapport écrit. Mais
-réfléchissez, si nous rentrons maintenant avec ces informations, reprit Uhr,
-c&#8217;est sûr que... celui qui nous envoie sera plutôt satisfait...<br 
-class="newline" />Il jeta un &#339;il à Zach. Évidemment, il ne pouvait pas tout dire devant
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Et que va-t-il faire à votre avis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Envoyer quelques hommes pour
-enquêter... Et comme il souhaite &#8211; a priori &#8211; que ce soit dans la discrétion, il
-va éviter de mettre trop de monde au courant. Je vous laisse donc deviner
-qui va devoir y aller.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, mais nous pourrions avoir des renforts, ou de l&#8217;équipement
-adapté, ajouta Farl, plongé jusque-là dans l&#8217;inspection de son sac à
-dos.<br 
-class="newline" />&#8212; Quel meilleur équipement pourrions-nous avoir qu&#8217;on ne pourrait pas
-trouver ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? répondit Sam. Et en plus, les informations de Zach sont plus
-utiles que la plupart des livres qu&#8217;on pourrait trouver à la capitale... Et nous
-serions quatre. <br 
-class="newline" />Elle tourna la tête vers Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Enfin, si tu acceptes de nous emmener là-bas.
-<!--l. 398--><p class="indent" >   Tous tournèrent la tête vers le jeune guide, qui ne semblait pas très
-emballé par l&#8217;idée.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela reste dangereux... Même si avec des équipiers avertis ce n&#8217;est
-peut-être pas complètement suicidaire...<br 
-class="newline" />&#8212; Bien sûr, nous serons prudents, ajouta Uhr. Nous n&#8217;allons pas nous jeter
-dans le nid de ces bestioles, nous voulons juste des informations
-plus précises sur leur apparition, ou plutôt leur réapparition dans
-nos contrées. De plus, Farl est expert en poisons, et a prévu des
-antidotes.<br 
-class="newline" />&#8212; Certes...<br 
-class="newline" />&#8212; Par contre, tu ne seras pas surpris si, quelle que soit ta décision, je
-te décourage très fortement de parler de cette histoire autour de
-toi.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu m&#8217;as suffisamment payé pour cela, je crois.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça pourrait t&#8217;attirer des ennuis.<br 
-class="newline" />Zach fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Je dois le prendre comme une menace<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Enfin si, mais pas de ma part. Je ne peux pas tout te dire
-mais...<br 
-class="newline" />Uhr lui jeta un regard, ainsi qu&#8217;à Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Disons qu&#8217;on a de bonnes raisons de croire qu&#8217;un type s&#8217;est fait
-assassiner pour l&#8217;avoir su.
-<!--l. 411--><p class="indent" >   Zach resta quelques instants silencieux. Puis il prit la parole.<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous en avez les moyens, nous pouvons louer des montures pour
-chacun d&#8217;entre nous pour aller un peu plus vite. Mais la voiture ne fera
-que nous encombrer puisque le trajet se fera hors des sentiers. Par
-contre...<br 
-class="newline" />Il tourna la tête vers Sam en fronçant les sourcils. Elle lui jeta un regard
-noir. S&#8217;il me dit que c&#8217;est trop dangereux pour moi, je lui en colle une,
-pensa-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Le père Hersur, qui loue des chevaux, ne fait habituellement pas dans le
-transport délicat. Il n&#8217;a pas de selle amazone. Cela te pose un problème de
-monter comme un homme<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle ravala mentalement sa baffe. <br 
-class="newline" />&#8212; Ah oui, pas de problèmes.<br 
-class="newline" />&#8212; Parfait.
-<!--l. 419--><p class="indent" >   Ce type mentait peut-être, mais au moins, il ne la prenait pas pour une
-stupide vendeuse de fleurs incapable.
-<!--l. 421--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 423--><p class="indent" >   Ils étaient partis le lendemain matin. Tout était allé très vite. Sam avait
-organisé avec Zach leurs provisions &#8211; pour eux et leurs montures &#8211; pour le
-trajet, Farl avait trouvé une petite tente et des couvertures pour
-être un peu plus à l&#8217;aise qu&#8217;à la belle étoile, tandis que lui-même
-s&#8217;occupait des chevaux. Il avait toujours été très à l&#8217;aise avec ces
-animaux. Il n&#8217;y avait pas de chevaux dans sa tribu natale, mais petit, il
-était fasciné d&#8217;observer ces animaux à l&#8217;état sauvage, ou montés par
-des barbares de tribus rivales un peu plus avancées. Plus tard, à la
-capitale, un de ses premiers petits boulots &#8211; et un de ses préférés &#8211;
-avait été celui de garçon d&#8217;écurie, et il s&#8217;y connaissait plutôt bien
-maintenant.
-<!--l. 425--><p class="indent" >   Il avait choisi deux chevaux de taille moyenne, qui ne payaient pas de
-mine mais qui étaient dociles et endurants. Ils n&#8217;avaient pas besoin de
-pur-sangs nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s&#8217;ajoutaient
-                                                                
-                                                                
-leurs chevaux d&#8217;attelage, deux grands percherons qu&#8217;ils avaient achetés à la
-capitale. Lui et Sam montaient l&#8217;un de ses chevaux, qui en plus étaient
-chargés de la majorité du matériel. Farl et Zach ouvraient la route, tout en
-discutant.
-<!--l. 427--><p class="noindent" >&#8212; Je me demande, commença-t-il à l&#8217;intention du guide, pourquoi nous
-sommes passés devant les restes d&#8217;un grand feu, sur le sentier.<br 
-class="newline" />Zach tourna la tête vers eux, mais Sam répondit avant lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, ça, je sais. C&#8217;est l&#8217;histoire dont je t&#8217;ai parlé hier, Uhr, et dont tout le
-monde parle... La nuit précédente, une horde de brigands aurait attaqué
-une noble dame et un chevalier serait venu à son secours... On raconte qu&#8217;il
-a combattu cent hommes, durant toute la nuit, et qu&#8217;il a pu en venir à bout,
-gravement blessé. Au matin, il aurait traversé le village sur sa monture,
-avec sa dame, pour la ramener en son château et s&#8217;effondrer d&#8217;épuisement
-sur le pont-levis.
-<!--l. 432--><p class="indent" >   Zach haussa un sourcil, retenant un sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien, commença Uhr. Et les cendres<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Les villageois sont venus nettoyer l&#8217;endroit et ont brûlé les corps.<br 
-class="newline" />&#8212; Et quelle est la part de vrai là-dedans, s&#8217;il y en a une<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sam sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi, un brave chevalier contre cent brigands, ce n&#8217;est pas crédible<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je
-plaisante. J&#8217;ai recoupé quelques informations çà et là... tout n&#8217;est pas très
-clair. Mais il y avait vraisemblablement une dizaine d&#8217;hommes. Et, comme
-je te l&#8217;ai dit hier Uhr, la noble dame en question n&#8217;est autre que Sélène de
-Quayle.
-<!--l. 441--><p class="indent" >   Le demi-sourire de Zach se figea, en même temps que Farl se retournait
-pour suivre la conversation.<br 
-class="newline" />&#8212; ... mais peut-être que notre guide, qui est du coin, est plus au courant
-que nous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? reprit-elle.<br 
-class="newline" />Le guide en question poussa un soupir et se retourna vers la route.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;étais avec les habitants du village quand il a fallu... nettoyer la route.
-Ce n&#8217;était pas un travail agréable croyez-moi... Je confirme la dizaine,
-ajouta-t-il. Et la dame en question est bien la fille du seigneur Assem,
-Sélène. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous la connaissez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 446--><p class="indent" >   Uhr hésita. Que pouvait-il lui dire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il jeta un regard à Sam, qui fit une
-                                                                
-                                                                
-moue. Apparemment, pour elle, non. Le regard de Farl passa de Zach à lui,
-et dans l&#8217;autre sens. Puis il haussa les épaules. Il lui laissait la décision.
-Après tout, lui donner quelques éléments et observer sa réaction pouvait
-être intéressante...<br 
-class="newline" />&#8212; Nous avons quelques éléments qui nous font penser qu&#8217;elle pourrait être
-liée à cette histoire d&#8217;araknes.<br 
-class="newline" />Zach lui tournait le dos, semblant observer attentivement la route. Mais il
-avait quand même sursauté, et son cheval aussi.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, je ne sais pas ce qui vous fait penser ça, commença-t-il après un
-petit moment de silence. Mais je suis persuadé qu&#8217;elle n&#8217;a rien à voir
-là-dedans.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui te fait dire ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu la connais<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le guide ne répondit pas tout de suite. Il arrêta sa monture, mit pied à
-terre, et désigna un fourré. De là partait un étroit sentier, probablement
-taillé par des animaux.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est par là. J&#8217;ouvre la marche, suivez-moi.<br 
-class="newline" />Puis il se retourna vers lui, hésita, mais ajouta tout de même<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>:<br 
-class="newline" />&#8212; Quand je suis tombé sur ces créatures, elle était avec moi. Nous avons
-fait face tous les deux.
-<!--l. 456--><p class="indent" >   Il se remit en selle et s&#8217;engagea dans les sous-bois. Farl le suivit, puis
-Sam, non sans lui avoir jeté un regard surpris. Il se retrouva à fermer la
-marche. Le sentier, qui n&#8217;en était pas vraiment un, était bien trop étroit
-pour qu&#8217;ils puissent marcher à deux de front. Ils avaient convenu de cette
-configuration, qui était probablement la meilleure, mais pas pour discuter.
-Et Zach était tout devant...
-<!--l. 458--><p class="indent" >   Sam se retourna sur sa selle pour lui parler à mi-voix.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment se fait-il qu&#8217;il ait été avec elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Que vient faire le chevalier
-là-dedans<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je ne comprends plus, ou alors il nous raconte n&#8217;importe
-quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Cela expliquerait qu&#8217;on ait perdu trace de Sélène aux abords de la
-forêt... Si elle a décidé d&#8217;engager un guide pour traverser la forêt
-discrètement...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crois qu&#8217;on peut faire confiance à ce guide<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce n&#8217;est pas parce qu&#8217;il
-est réputé pour ses compétences de pisteur qu&#8217;il n&#8217;est pas impliqué dans
-une histoire compliquée.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;en suis pas tout à fait sûr, évidemment. Mais dans ce cas, pourquoi
-aurait-il accepté de nous emmener là où sont les araknes, maintenant qu&#8217;il
-sait ce qu&#8217;on cherche<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il pourrait nous emmener dans un piège...
-<!--l. 465--><p class="indent" >   Il resta quelques instants silencieux, se concentrant sur sa monture qui
-avait du mal à passer un fossé avec son chargement. Oui, ils étaient
-peut-être en train de courir droit dans un piège. Il se rassura en
-se disant qu&#8217;il avait envoyé un messager avec un rapport précis,
-et chiffré, au capitaine Mazrok. Mais il mettrait plusieurs jours à
-arriver.<br 
-class="newline" />&#8212; Sam<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle se retourna à nouveau.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Penses-tu que tu pourrais envoyer un message par enchantement au
-capitaine<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ce soir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est épuisant, mais s&#8217;il le faut... Tu veux que je dise quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Lui expliquer brièvement la situation, et où nous allons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;il s&#8217;alarme
-de ne pas avoir de nouvelles de nous d&#8217;ici une semaine<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il ne retiendra pas tous les détails, dans un rêve, mais je suppose qu&#8217;il
-saisira l&#8217;idée. J&#8217;imagine que tu aimerais que j&#8217;y mette le visage de
-Zach...<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi pas.<br 
-class="newline" />&#8212; Par contre, il va falloir que je m&#8217;isole pendant un bon moment... Ce ne
-sera pas très discret. On lui dit quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; On lui dit tout.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu es fou<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il est pour le moment seul avec nous trois. Il saura que nous avons
-envoyé ces messages. Que peut-il faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sam marqua un temps d&#8217;arrêt avant de répondre.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu marques un point. Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée
-mais... fais comme tu le sens.
-<!--l. 482--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 484--><p class="indent" >   Le soir était tombé. Ses compagnons l&#8217;avaient aidé à installer le
-                                                                
-                                                                
-camp avec une certaine efficacité, ils n&#8217;en étaient pas à leur première
-expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s&#8217;étaient assis autour d&#8217;un
-petit feu de camp pour partager leur repas, et l&#8217;ambiance était assez
-détendue.
-<!--l. 486--><p class="noindent" >&#8212; Penses-tu que nous aurons besoin de monter la garde cette nuit<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-demanda Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; En cette saison et dans le coin, je m&#8217;en passe habituellement. Mais vu les
-circonstances...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu fais référence à ce qui s&#8217;est passé il y a quelques nuits aux abords du
-village.<br 
-class="newline" />Il soupira. Il aurait voulu éviter de parler de cet incident, mais...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui.
-<!--l. 492--><p class="indent" >   Uhr semblait avoir senti sa réticence. Il marqua une pause, puis
-reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Écoute, j&#8217;ai l&#8217;impression que tu ne veux pas raconter ce qui s&#8217;est vraiment
-passé lors de ta dernière traversée, avec Sélène.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh...<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;en connais pas la raison, même si j&#8217;ai une petite idée là-dessus. Or
-il se trouve que savoir ce qui s&#8217;est réellement passé nous aiderait
-beaucoup dans notre mission... Alors je vais tout te révéler de la
-nôtre. Si, après ça, tu estimes toujours nécessaire de garder ton
-secret...<br 
-class="newline" />Uhr échangea un regard avec Sam et Farl, qui hochèrent la tête. Puis il
-commença son récit.
-<!--l. 501--><p class="indent" >   Le feu avait sérieusement diminué. Il rajouta machinalement
-quelques branches. Quelque chose lui disait qu&#8217;ils n&#8217;étaient pas encore
-couchés.<br 
-class="newline" />&#8212; Voilà, tu sais à peu près tout ce que nous savons de cette affaire. Quant à
-Sélène... Elle fait partie de ces gens qui connaissaient Septim, et qui a
-quitté la ville peu de temps avant cet... accident.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous allez m&#8217;apprendre que Sélène est une magicienne<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, répondit Uhr en soupirant. Tu as deviné, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Je le savais déjà, et c&#8217;est la raison pour laquelle j&#8217;évitais de vous
-parler d&#8217;elle à la base.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 509--><p class="indent" >   La surprise se dessina sur le visage de ses trois interlocuteurs. Il étendit
-sa jambe droite, et désigna un accroc réparé sur son pantalon.<br 
-class="newline" />&#8212; Une de ces créatures m&#8217;a mordue. Sans ses soins magiques, je serais
-mort.<br 
-class="newline" />Il marqua une pause, puis soupira. Au point où il en était.<br 
-class="newline" />&#8212; Et puisque j&#8217;y suis, je vais vous raconter le reste.
-<!--l. 514--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 516--><p class="indent" >   Le feu s&#8217;était presque éteint. Il commençait à être tard.<br 
-class="newline" />&#8212; Je comprends mieux ton hésitation, commença-t-il. Des créatures
-cauchemardesques, une cliente qui s&#8217;avère être une sorcière, des elfes
-trouvées sur le chemin, et un paladin qui débarque d&#8217;on ne sait-où, je pense
-qu&#8217;il y a de quoi te demander d&#8217;aller décuver. <br 
-class="newline" />Zach eut un sourire amer.<br 
-class="newline" />&#8212; Dans le meilleur des cas, oui... Honnêtement, reprit-il, si je ne vous avais
-pas rencontrés, je crois qu&#8217;au bout d&#8217;un moment j&#8217;aurai cru avoir rêvé tout
-cet épisode.<br 
-class="newline" />Sam hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;imagine. Rassure-toi, pour nous cela ne pose pas de problèmes. Nous
-croisons régulièrement à la capitale des mages et des elfes, et nous
-n&#8217;avons rien contre eux. Surtout Farl, ajouta-t-elle en lui adressant un
-sourire.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules. Il n&#8217;avait pas envie de parler de tout cela maintenant,
-alors qu&#8217;ils avaient plus important à s&#8217;occuper. De toutes façons, Zach
-n&#8217;avait heureusement pas relevé cette remarque.
-<!--l. 524--><p class="noindent" >&#8212; Avec tout ça, reprit Zach, j&#8217;ai du mal à imaginer Sélène avoir
-un rapport avec votre affaire... Pourquoi aurait-elle voulu traverser
-la forêt seule avec moi, sachant qu&#8217;elle risquait de rencontrer les
-araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai, admit Uhr. Mais d&#8217;après ton récit elle n&#8217;avait pas l&#8217;habitude
-d&#8217;aller en forêt. Tu aurais eu des doutes si elle t&#8217;avait demandé de changer
-de route au milieu, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Elle m&#8217;a tout de même sauvé de la morsure de ces créatures,
-en m&#8217;avouant qu&#8217;elle était magicienne, ce qui était quand même
-risqué...<br 
-class="newline" />&#8212; Elle devait savoir que, sans toi, elle n&#8217;avait aucune chance de sortir de la
-forêt<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? proposa Sam.
-<!--l. 529--><p class="indent" >   Zach semblait réagir un peu vivement chaque fois qu&#8217;on parlait de
-Sélène, y avait-il quelque chose entre eux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Après tout, ils avaient bien passé
-une bonne partie du trajet seuls tous les deux, il semblait. Rien dans son
-récit n&#8217;allait dans ce sens, mais rien ne l&#8217;infirmait non plus. Dans
-tous les cas, ce n&#8217;était pas le moment de poser ce genre de question
-indiscrète...
-<!--l. 531--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 534--><p class="indent" >   Il dut admettre que l&#8217;argument de Sam était plutôt logique. Elle avait
-besoin de son guide, et avait donc besoin de le garder en vie pour sortir de
-la forêt. Cela dit, elle avait eu l&#8217;air aussi horrifiée et effrayée que
-lui de rencontrer ces créatures. Mais avait-il vraiment observé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il
-n&#8217;arrivait vraiment pas à superposer mentalement l&#8217;image de Sélène avec
-celle d&#8217;une complice de meurtre d&#8217;une comploteuse. Mais... si c&#8217;était
-vrai<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Cependant je reconnais, reprit Uhr, interrompant ses pensées, que si elle
-savait à propos de ces créatures, il aurait été plus malin d&#8217;attendre le convoi
-officiel une semaine plus tard. Sauf si elle avait une raison de quitter la
-province au plus vite... <br 
-class="newline" />&#8212; Vous pensez encore sérieusement qu&#8217;elle est impliquée là-dedans<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-insista-t-il.<br 
-class="newline" />Uhr haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Disons que, pour le moment, je reste réservé sur ce sujet.
-<!--l. 541--><p class="noindent" >&#8212; En dehors de cela, ajouta Sam, on peut tout de même noter un point
-important<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: deux autres personnes sont au courant pour les araknes, les
-deux elfes dont tu m&#8217;as parlé.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Et elles se rendent au château du duc De Vane, pour ce fameux
-tournoi de tir à l&#8217;arc. Je leur ai conseillé de ne pas passer par les grandes
-villes. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous voulez leur parler aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, je suis peut-être un peu paranoïaque. Je ne pense pas qu&#8217;«&#x00A0;on&#x00A0;»
-cherche à les faire disparaître, mais... penses-tu qu&#8217;elles arriveront saines et
-sauves à leur destination<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Zach marqua une seconde de pause, le temps de se remémorer les flèches
-acérées de l&#8217;une et l&#8217;épée tranchante de l&#8217;autre.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça devrait aller.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela dit, interrompit Uhr, l&#8217;idée d&#8217;aller leur parler n&#8217;est pas si absurde.
-Ne serait-ce que pour les prévenir. Mais nous n&#8217;en avons pas le temps, nous
-avons une autre mission en vue.<br 
-class="newline" />Sam se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. En ce qui me concerne, je vais... envoyer un message...<br 
-class="newline" />Elle jeta un regard à son compagnon, qui sembla comprendre.<br 
-class="newline" />&#8212; Pardon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est un peu compliqué, intervint Uhr. Sache juste que nous avons
-prévenu quelqu&#8217;un de l&#8217;avancement de notre enquête, avec tous les détails
-qui y sont associés. Et ce quelqu&#8217;un s&#8217;inquiètera de ne pas nous revoir avant
-une dizaine de jours.<br 
-class="newline" />Zach fronça les sourcils. Était-ce pour le rassurer ou l&#8217;inquiéter<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Dans tous
-les cas, ils seraient de retour bien avant la fin de ce délai. Il se demandait
-vaguement de quoi parlait la jeune femme, par contre, mais il avait encaissé
-trop d&#8217;informations nouvelles et inquiétantes pour se préoccuper de ce
-détail.<br 
-class="newline" />&#8212; Le seul problème, reprit Sam, c&#8217;est que je serai trop épuisée pour monter
-la garde ce soir. Ça ira à vous trois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh oui, je suppose.<br 
-class="newline" />Il avait presque déjà compté sans elle, n&#8217;ayant de toutes façons pas
-l&#8217;habitude qu&#8217;une femme monte la garde. L&#8217;expédition précédente ne
-comptait pas, et puis c&#8217;étaient des elfes. Hum, ce n&#8217;est pas comme si celle-là
-était des plus « normales », à bien y réfléchir...<br 
-class="newline" />&#8212; Je commence, proposa Uhr.
-<!--l. 558--><p class="indent" >   Il vérifia rapidement l&#8217;état du feu et s&#8217;enroula dans sa couverture. Il vit
-Farl faire de même. Le jeune ménestrel était resté silencieux durant la fin
-de la conversation, probablement épuisé lui aussi.
-<!--l. 560--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 562--><p class="indent" >   La journée s&#8217;était déroulée sans encombres, et ni Zach, ni ses deux
-compagnons n&#8217;avaient abordé leur affaire compliquée. L&#8217;ambiance était
-plutôt détendue, et ils avançaient plutôt efficacement, même si les chevaux
-                                                                
-                                                                
-n&#8217;allaient pas aussi vite que sur un vrai sentier.
-<!--l. 564--><p class="indent" >   On était en fin d&#8217;après-midi. Il commençait à faire chaud, et la petite
-rivière qu&#8217;ils venaient d&#8217;atteindre avait un côté rafraîchissant rien qu&#8217;à la
-regarder.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce la rivière dont tu nous as parlé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, répondit Zach. C&#8217;est l&#8217;un des nombreux cours d&#8217;eau qui se jettent
-dans l&#8217;Indécise, le large fleuve qui serpente dans toute la région. Celui-ci n&#8217;a
-même pas de nom, à ce que je sache. Nous avions traversé par un gué, qui
-doit être un peu en amont, suivez-moi.
-<!--l. 568--><p class="indent" >   Quelques minutes plus tard, leur guide mit pied à terre face à l&#8217;eau.
-La rivière était plus large à cet endroit, ce devait être le fameux
-gué.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il sembla sortir de sa rêverie.<br 
-class="newline" />&#8212; Hein<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Oui. Voilà l&#8217;endroit où nous avons traversé.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as l&#8217;air ailleurs, insista-t-il.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Juste des souvenirs de cette fameuse nuit qui me reviennent...
-Bon, que fait-on alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? reprit-il en se tournant vers les deux autres
-cavaliers.<br 
-class="newline" />&#8212; Inutile de courir vers le danger. On peut probablement observer d&#8217;ici, à
-l&#8217;abri.<br 
-class="newline" />&#8212; Je croyais qu&#8217;elles n&#8217;allaient pas d&#8217;approcher du cours d&#8217;eau<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? ajouta
-Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose, surtout de nuit.
-Il faudra donc aller voir directement... Commençons par installer le camp
-pas loin d&#8217;ici.
-<!--l. 579--><p class="indent" >   Il n&#8217;était pas très étonnant que la rivière n&#8217;ait pas de vrai nom.
-Même si elle n&#8217;était pas si petite, les alentours étaient tellement
-envahis de végétation que peu d&#8217;hommes devaient s&#8217;y promener.
-D&#8217;ailleurs...<br 
-class="newline" />&#8212; Tiens je pense à quelque chose. Zach, tu sais grimper aux arbres je
-suppose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je me demandais si on ne pouvait pas s&#8217;installer dans un de ces grands
-arbres, ce soir, pour observer ce qui se passe.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi pas, remarqua Uhr tout en déchargeant sa monture. De ce que
-j&#8217;ai compris, les araknes adultes sont trop lourdes pour grimper aux arbres.
-Qu&#8217;en penses-tu Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;y avais pas pensé, mais c&#8217;est vrai que ce n&#8217;est pas bête, admit-il. Je
-ne crois pas les avoir vues grimper, donc nous pourrions vérifier leur
-présence à l&#8217;abri... Par contre il faut trouver un moyen de rentrer, ou
-décider de passer la nuit dans un arbre.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, tu as l&#8217;habitude, n&#8217;est-ce pas, Farl... ajouta Sam en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? ajouta-t-il en fronçant les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Évidemment, reprit-elle en lui faisant un clin d&#8217;&#339;il, tu y serais
-en moins bonne compagnie qu&#8217;avec Silwë... sans vouloir te vexer,
-Zach.
-<!--l. 589--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 591--><p class="noindent" >&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu sais, je ne cherchais pas du tout à te vexer, c&#8217;est juste que
-Farl a...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as bien dit Silwë<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? interrompit-il brusquement.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh oui...<br 
-class="newline" />&#8212; Est-ce que beaucoup d&#8217;elfes sylvains portent le même nom<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Farl qui leur avait tourné le dos à la remarque de Sam se retourna vers
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Une jolie petite elfe aux cheveux clairs très longs et aux yeux bleus, qui
-se bat comme un diable avec une épée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai rencontré trop peu d&#8217;elfes pour savoir si ces critères sont
-suffisamment sélectifs, mais ça correspond, oui...<br 
-class="newline" />&#8212; Comment va-t-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Où est-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le ménestrel s&#8217;était presque précipité sur lui. Heureusement, la veille au
-soir, il n&#8217;avait pas détaillé précisément la façon dont il avait adressé la
-parole à Silwë pour la première fois... Farl l&#8217;aurait probablement mal
-pris.<br 
-class="newline" />&#8212; Aux dernières nouvelles, elle est en route vers le château du duc De
-Vane, avec la princesse qu&#8217;elle protège... Et elle allait très bien la dernière
-fois que je l&#8217;ai vue. J&#8217;avais cru comprendre qu&#8217;elle avait vécu un moment à
-                                                                
-                                                                
-la capitale, avec les humains...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, pour y apprendre entre autres l&#8217;escrime chez maître Ernest,
-interrompit Uhr. C&#8217;est là que je l&#8217;ai rencontrée. <br 
-class="newline" />&#8212; Sacrée coïncidence, commenta Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Mmh, pas tant que ça, si on y réfléchit, ajouta Uhr. Il ne doit pas y avoir
-tant de sujets du roi des elfes qui ont une bonne connaissance des
-humains.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais j&#8217;y pense, Silwë connaissait le paladin que nous avons rencontré.
-Peut-être que vous aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Un paladin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Cela ne peut être qu&#8217;Irdann alors. Irdann De Vane<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui...
-<!--l. 608--><p class="indent" >   Ils continuèrent à installer le camp en silence.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien, reprit Uhr après un moment, au moins nous avons une raison
-personnelle de nous intéresser à cette histoire, puisque deux de nos amis y
-sont impliqués.<br 
-class="newline" />&#8212; Probablement sans le savoir d&#8217;ailleurs, ajouta Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Quand cette histoire sera terminée, j&#8217;aimerais en tous cas faire un détour
-par le duché De Vane... pas vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi pas, répondit Uhr en souriant. Mais je ne sais pas quand tout
-cela sera terminé...
-<!--l. 614--><p class="indent" >   Zach continua à préparer un feu de camp, se demandant s&#8217;il irait voir ce
-fameux tournoi, comme ça, juste par curiosité. Sélène avait parlé
-de s&#8217;y rendre, elle y était invitée, mais elle hésitait. Quant à lui...
-bah, à quoi bon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Même s&#8217;il y allait, elle lui serait aussi inaccessible
-qu&#8217;avant, même encore plus, entourée de gardes et de serviteurs qui ne
-laisseraient pas un gueux comme lui s&#8217;approcher d&#8217;une noble dame. Il
-pourrait toujours regarder le spectacle des archers venus du monde
-entier, ce qui pouvait être divertissant. Mais tout ce trajet juste pour
-ça...
-<!--l. 616--><p class="noindent" >&#8212; Zach, tu viens<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il attrapa par réflexe la corde que Farl venait de lui lancer.<br 
-class="newline" />&#8212; On va repérer les lieux, voir si on peut effectivement observer des
-araknes sans être à leur portée, et rentrer sans danger. Non que ça
-me dérange de passer la nuit avec toi dans un arbre, ajouta-t-il en
-                                                                
-                                                                
-souriant, mais j&#8217;aimerais profiter du repas avec les autres quand
-même.<br 
-class="newline" />Il se leva, et après avoir vérifié qu&#8217;il avait son épée et son couteau, le suivit
-vers la rivière.<br 
-class="newline" />&#8212; Restez à portée de voix. S&#8217;il se passe quelque chose d&#8217;anormal, on pourra
-vous venir en aide, rappela Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela dit, je ne sais pas si on verra quelque chose ce soir, ajouta Sam. Il y
-a de l&#8217;orage dans l&#8217;air, il va peut-être pleuvoir...<br 
-class="newline" />&#8212; On peut toujours aller voir, répondit Farl.
-<!--l. 624--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 626--><p class="indent" >   Ils mirent assez peu de temps à trouver le bon point d&#8217;observation. Zach
-avait retrouvé l&#8217;endroit où ils avaient rencontré les araknes la première fois,
-et ils avaient repéré un arbre moyen d&#8217;où ils pourraient observer la petite
-clairière en sécurité. L&#8217;arbre était suffisamment serré contre un autre pour
-qu&#8217;ils puissent, en cas de besoin, passer sur l&#8217;autre sans toucher le sol. De
-là, ils avaient installé une corde qui leur permettrait de revenir sur
-un troisième un peu plus loin. Cela ne les menait pas encore à la
-rivière, mais suffisamment près pour qu&#8217;en courant ils soient à l&#8217;abri, si
-tout allait bien. Mais peut-être n&#8217;auraient-ils pas besoin de tout
-cela...
-<!--l. 628--><p class="indent" >   Même une branche confortable paraît dure au bout d&#8217;un moment. Pour
-s&#8217;occuper, il passait en revue son matériel. Il avait des bandages et plusieurs
-ampoules d&#8217;antidote, au cas où. Et s&#8217;il fallait affronter les sales bêtes en
-question, ou d&#8217;autres, il avait ses dagues de lancer.<br 
-class="newline" />&#8212; Belle quincaillerie, commenta Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Merci. Contrairement à toi, j&#8217;ai plus l&#8217;habitude de me battre au
-corps-à-corps... Face aux araknes, je pense que c&#8217;est une mauvaise idée,
-alors j&#8217;ai pris quelques armes à distance. Mais elles ne sont pas vraiment
-faites pour du combat de masse... Je n&#8217;en ai pas beaucoup.<br 
-class="newline" />&#8212; Elles sont empoisonnées<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; En général oui, là je pense que c&#8217;est inutile donc je n&#8217;ai pas pris la peine.
-Mais j&#8217;espère ne pas en avoir besoin.<br 
-class="newline" />&#8212; S&#8217;il pleut, il y a effectivement des chances qu&#8217;on ne s&#8217;en serve
-pas.<br 
-class="newline" />Il continua son inventaire. Un peu à manger, une gourde, une couverture
-légère, une petite lanterne de poing et de quoi l&#8217;allumer.<br 
-class="newline" />&#8212; La lanterne va être nécessaire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;aimerais m&#8217;en passer, mais je n&#8217;ai pas des yeux d&#8217;elfe... soupira-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; Hm... moi, si.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se retourna vers son compagnon, surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; En général, je ne le crie pas sur les toits &#8211; ou les arbres &#8211;, mais je peux
-voir dans le noir, comme eux.<br 
-class="newline" />Il dévisagea le guide pendant quelques instants. Il avait déjà croisé pas mal
-d&#8217;hybrides elfe-humain à la capitale. Probablement parce que c&#8217;était un des
-rares endroits où ils pouvaient vivre tranquille. Certains ressemblaient plus
-ou moins à des elfes ou à des humains, parfois la différence avec l&#8217;une ou
-l&#8217;autre des catégories était fine. Silwë lui avait dit qu&#8217;il y en avait
-probablement plus que ce qu&#8217;on ne l&#8217;imaginait en réalité. Zach pourrait très
-bien être l&#8217;un d&#8217;eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tu avais du sang d&#8217;elfe, tes parents te l&#8217;auraient dit je suppose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Mes parents adoptifs n&#8217;en savent pas plus que moi, ils m&#8217;ont récupéré
-nouveau-né sur le pas d&#8217;une porte. Mais mes frères, pour me taquiner me
-traitaient d&#8217;elfe, parce que j&#8217;étais beaucoup plus frêle qu&#8217;eux.<br 
-class="newline" />Il ne savait pas trop comment réagir à cette confession. <br 
-class="newline" />&#8212; En général, par chez nous, ce n&#8217;est pas très gentil. Mais au final, reprit-il
-en souriant, ils m&#8217;aiment bien, et ils étaient quand même là pour défendre
-leur petit frère adoptif, donc...<br 
-class="newline" />Son visage se figea brusquement. Il baissa la voix et pointa son doigt vers les
-sous-bois.<br 
-class="newline" />&#8212; Là-bas.<br 
-class="newline" />Il se retourna sans bruit et suivit la direction indiquée. Il commençait à
-faire sombre, mais il voyait encore bien.
-<!--l. 650--><p class="indent" >   Il avait vu quelques illustrations d&#8217;araknes sur papier. Il avait vu leur
-description et s&#8217;était préparé à leur rencontre. Mais il ne put s&#8217;empêcher
-d&#8217;avoir un frisson lorsqu&#8217;il vit trois de ces créatures passer à ses pieds. Une
-quatrième arriva, traînant difficilement ce qui ressemblait à une jeune biche
-ou un faon. Les autres bêtes aidèrent la première à traîner l&#8217;animal, qui
-bougeait encore légèrement.<br 
-class="newline" />&#8212; Quand je pense que j&#8217;ai été mordu par une de ces horreurs... murmura
-Zach tout près de lui.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;avoue que ça fait froid dans le dos... Combien de voyageurs égarés ont
-ainsi succombé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et dire que Silwë, et les autres...<br 
-class="newline" />Zach se redressa et secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Je crois que ni toi ni moi n&#8217;avons envie d&#8217;imaginer tout ça. Si on essayait
-plutôt de voir où elles vont<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On peut progresser un peu par les arbres et
-essayer de voir...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as raison. Il commence à faire sombre, par contre, tu crois que ces
-sales bêtes seraient attirées par la lumière<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Aucune idée, mais si tu allumes ta lanterne, je verrai moins bien au loin,
-et ce serait dommage.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai l&#8217;habitude de grimper dans l&#8217;obscurité, mais c&#8217;est tout de même plus
-compliqué.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;aiderai.
-<!--l. 661--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 663--><p class="indent" >   Il fallait se mettre en route, dans une direction ou une autre, bouger.
-Tout plutôt que de penser à ce qui aurait pu lui arriver si Sélène n&#8217;avait
-pas pu le soigner. La progression par les arbres n&#8217;était pas aisée,
-mais les araknes n&#8217;allaient pas très vite de toutes façons. Farl se
-débrouillait étonamment bien, pour quelqu&#8217;un qui voyait mal. La
-nuit n&#8217;était pas encore totalement tombée, et comme il le disait, il
-avait dû s&#8217;entraîner dans ces circonstances... Mais son aide était
-appréciée.
-<!--l. 665--><p class="indent" >   Arriva une autre clairière, où il n&#8217;y avait plus d&#8217;arbre suffisamment
-proche pour suivre les créatures.<br 
-class="newline" />&#8212; Raté. Est-ce qu&#8217;on essaie de les suivre à pied<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? proposa Farl.<br 
-class="newline" />Comme pour répondre à sa question, une autre arakne, seule, passa sous
-leur arbre.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, répondit-il en la
-pointant du doigt. Il y en a d&#8217;autres en chasse...<br 
-class="newline" />Farl plissa les yeux, et vit la créature.<br 
-class="newline" />&#8212; En effet. Cela dit, elles ont l&#8217;air d&#8217;aller en ligne droite, on peut peut-être
-                                                                
-                                                                
-deviner où elles vont<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bonne idée.<br 
-class="newline" />Il attrapa la branche au dessus de lui et se hissa.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, tu arrives à suivre Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; À peu près... Il y a un peu plus de lumière là-haut.
-<!--l. 676--><p class="indent" >   Cet arbre-là ne surplombait pas la forêt, mais il la connaissait assez pour
-viser la direction où les araknes semblaient aller.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne vois pas très bien, elles sont bien là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Farl en le
-rejoignant.
-<!--l. 679--><p class="indent" >   À cet instant, un éclair illumina la scène d&#8217;une lumière blanchâtre.
-Le temps d&#8217;une fraction de seconde, tous deux purent distinguer
-clairement une dizaine d&#8217;araknes, toutes tournées dans une même
-direction.
-<!--l. 682--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 684--><p class="indent" >   L&#8217;éclair fut suivi rapidement d&#8217;un coup de tonnerre.
-<!--l. 686--><p class="noindent" >&#8212; Tiens, un orage.<br 
-class="newline" />Elle sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;avais prévenu. On devrait installer la tente peut-être<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, sinon on sera trempés d&#8217;ici quelques minutes. Et Zach et Farl seront
-contents de pouvoir se mettre au sec...<br 
-class="newline" />&#8212; À ce propos, je m&#8217;inquiète un peu pour eux... On devrait peut-être aller
-voir s&#8217;il leur est arrivé quelque chose.<br 
-class="newline" />Il se leva pour sortir une grande toile d&#8217;un des sacs, et se tourna vers
-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; On ira faire un tour si tu veux. Rien de ne presse, montons l&#8217;abri plutôt.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Comment peux-tu être si calme dans cette situation<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et s&#8217;il leur était
-arrivé quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Comme tu l&#8217;as dit, il va pleuvoir, probablement violemment, d&#8217;ici
-quelques minutes à peine. Or les araknes ne supportent pas l&#8217;eau n&#8217;est-ce
-pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; ... C&#8217;est vrai.<br 
-class="newline" />Elle rejoignit Uhr, et l&#8217;aida à tailler une longue branche d&#8217;arbre à l&#8217;aide d&#8217;un
-coutelas.<br 
-class="newline" />&#8212; Et il faudrait se dépêcher si on ne veut pas que toutes nos affaires soient
-trempées, reprit-il.
-<!--l. 700--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 702--><p class="indent" >   Il était resté figé, aveuglé. C&#8217;était comme si l&#8217;image était restée
-imprimée au fond de ses yeux et l&#8217;empêchait de voir autre chose. Une main
-se posa sur son bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je suppose que tu as vu tout ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui...<br 
-class="newline" />&#8212; On va voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 707--><p class="indent" >   Ses yeux étaient en train de se réhabituer lentement à l&#8217;obscurité
-et il distinguait la silhouette de Zach à côté de lui, mais pas son
-expression.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne pense pas que ce soit très sûr, dit-il, tout en sortant, à tâtons, une
-corde de son sac.<br 
-class="newline" />&#8212; Elles ont l&#8217;air de fuir l&#8217;orage qui arrive. Mais ça ne veut pas dire qu&#8217;elles
-ne sont pas dangereuses, je te l&#8217;accorde... Mais qu&#8217;est-ce que tu comptes
-faire avec ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, descendre. Ce n&#8217;est pas parce que c&#8217;est dangereux qu&#8217;on ne va pas y
-aller, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 712--><p class="indent" >   Il ne pouvait pas voir le visage de Zach, mais il aurait juré qu&#8217;il avait
-souri.
-<!--l. 714--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 716--><p class="indent" >   Grâce à la corde de Farl, ils furent très vite au sol. Aucune arakne
-n&#8217;était visible, même par lui. Ils se détendirent un peu, mais sans se
-concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et firent quelques pas
-prudents.
-<!--l. 718--><p class="noindent" >&#8212; Je vois très mal, qu&#8217;est-ce qu&#8217;on voit là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Farl.<br 
-class="newline" />Le ménestrel-assassin était à l&#8217;aise dans le noir, mais il n&#8217;avait pas la chance
-d&#8217;avoir ses yeux... <br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est l&#8217;animal que les araknes ramenaient. Je crois qu&#8217;elles l&#8217;ont
-                                                                
-                                                                
-abandonnée pour courir plus vite...
-<!--l. 722--><p class="indent" >   La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les
-deux hommes s&#8217;approchèrent. Farl s&#8217;agenouilla près d&#8217;elle, et alluma une
-petite lanterne de poing pour observer l&#8217;animal de plus près. La pauvre
-bête bougeait à peine, respirait péniblement. Il détourna son regard
-pour surveiller les environs, alors que les premières gouttes d&#8217;eau
-commençaient à tomber. Il était certain d&#8217;avoir vu des créatures
-passer pas très loin, et il n&#8217;était pas tout à fait sûr de leur forme...
-Il eut un léger frisson et serra un peu plus fort la poignée de son
-épée.
-<!--l. 724--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 726--><p class="indent" >   Il se redressa brusquement, alerté par un bruit trop proche pour être
-rassurant. Il laissa tomber sa lanterne et se mit en garde instinctivement, ses
-lames au poing. Il eut juste le temps de voir Zach, de dos, donner un coup
-d&#8217;épée sur une silhouette indistincte. Deux morceaux tombèrent au sol avec
-un bruit mat.
-<!--l. 728--><p class="indent" >   Une seconde éternellement longue passa, mais aucune autre menace ne
-sembla sortir des buissons. Zach se tourna vers lui, et lui fit signe de venir. Il
-ramassa la lanterne et s&#8217;approcha.
-<!--l. 730--><p class="indent" >   La forme correspondait bien à une arakne, du moins une demi-arakne.
-Son «&#x00A0;sang&#x00A0;» noir et visqueux se répandait sur le sol, et il voyait la
-chitine de la carapace s&#8217;abîmer légèrement à chaque goutte d&#8217;eau qui
-tombait.<br 
-class="newline" />&#8212; Farl... on ferait peut-être mieux de ne pas traîner, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as raison, murmura-t-il.
-<!--l. 734--><p class="indent" >   Il revint auprès de la biche étendue, ramassa son sac, et juste avant de
-partir, lui trancha la gorge.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est probablement le mieux qu&#8217;on puisse faire pour cette pauvre
-bête.<br 
-class="newline" />Zach ramassa, avec prudence, un morceau de ce qui restait de l&#8217;arakne, et ils
-s&#8217;éloignèrent rapidement, sous la pluie qui s&#8217;intensifiait.
-<!--l. 738--><p class="noindent" >&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Si tu n&#8217;arrives pas à voir où tu vas, essaie juste de me suivre...
-avec la pluie et l&#8217;obscurité...<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va. Je voulais juste te dire merci.
-<!--l. 742--><p class="indent" >   Il ne répondit pas, et continua son avancée au pas de course vers la
-rivière.
-<!--l. 745--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 747--><p class="indent" >   Ils prirent peu de temps à installer la large branche entre deux troncs, et
-par dessus la toile qui formait un petit abri dans lequel ils devraient se
-serrer à quatre avec leur matériel. Les chevaux pourraient bien dormir sous
-la pluie. Il avait beau avoir une certaine confiance en Farl et Zach, ainsi
-qu&#8217;en la protection &#8211; théorique &#8211; qu&#8217;offrait l&#8217;orage, il ne pouvait s&#8217;empêcher
-d&#8217;être un peu nerveux. Sam, à côté de lui, scrutait la rivière en tremblant
-légèrement, le coutelas à la main, prête à bondir au moindre bruit
-inquiétant.
-<!--l. 749--><p class="noindent" >&#8212; Ils sont là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! s&#8217;écria-t-elle en pointant du doigt des silhouettes floues à
-travers le rideau de pluie, qui s&#8217;était épaissi.<br 
-class="newline" />Les deux hommes, trempés mais indemnes, s&#8217;engouffrèrent sous la tente, et
-tous deux poussèrent un soupir de soulagement.
-<!--l. 752--><p class="indent" >   L&#8217;abri était effectivement petit, et le feu était à l&#8217;entrée pour laisser la
-fumée s&#8217;échapper. Farl et Zach se déshabillèrent pour tenter de sécher, tout
-en racontant ce qui s&#8217;était passé.
-<!--l. 754--><p class="noindent" >&#8212; En conclusion, reprit Farl en s&#8217;enveloppant dans une couverture, on a
-bien des araknes, j&#8217;ai à peu près identifié leur venin, et on confirme leur
-non-tolérance de l&#8217;eau.<br 
-class="newline" />&#8212; Et je dois pouvoir retrouver l&#8217;endroit où elles semblaient toutes
-converger, ajouta Zach en l&#8217;imitant.<br 
-class="newline" />Uhr suivait la conversation, tout en observant le morceau de l&#8217;arakne. Il
-était très abîmé, à la fois par l&#8217;eau et la lame de Zach. Il prit un petit
-carnet qui était resté au sec et commença à en faire un croquis le plus
-précis possible.<br 
-class="newline" />&#8212; À quelle distance se trouverait ce lieu selon toi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Passe-moi les cartes, Sam... Oui, oui, je sèche mes mains d&#8217;abord. Les
-créatures couraient dans cette direction, au pied des montagnes Guéralek.
-                                                                
-                                                                
-Est-ce qu&#8217;elles visaient le haut ou juste ici, je ne sais pas... Mais il me
-semble qu&#8217;il y a plein de grottes dans le coin, donc c&#8217;est crédible. C&#8217;est assez
-proche en fait... quelques heures de marche à pied, un peu moins à
-cheval.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu penses qu&#8217;on peut trouver quoi d&#8217;intéressant, à part peut-être le nid
-de ces sales bêtes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être autre chose, répondit Uhr. Réfléchissez<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: si ces créatures ne
-supportent pas la pluie, c&#8217;est quand même surprenant qu&#8217;elles aient survécu
-ici depuis tant de temps... sauf si on les y aide.
-<!--l. 762--><p class="indent" >   Il releva les yeux de son croquis pour observer ses compagnons. Sam
-semblait toujours aussi déterminée. Farl aussi, mais un peu moins,
-probablement le fait d&#8217;avoir vu de près les araknes l&#8217;avait un peu refroidi.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Et si on tombe sur un dangereux mage qui élève ce genre de créature, on
-fait quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; On improvise<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? proposa Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai que ça serait bête d&#8217;être arrivés jusque là pour faire demi-tour
-maintenant, ajouta Sam.
-<!--l. 767--><p class="indent" >   Zach ne semblait toujours pas très enthousiaste, mais il sembla
-acquiescer à la remarque de Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu n&#8217;as pas l&#8217;habitude de voir des mages, n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules en terminant de se sécher.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est à dire... La seule que j&#8217;aie recontrée c&#8217;est Sélène. Mais ça ne
-compte pas, elle est gentille, elle...<br 
-class="newline" />Elle est surtout vraisemblablement jolie et sait faire tourner les têtes et les
-c&#339;urs, compléta mentalement Uhr. <br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est une guérisseuse, comme l&#8217;était Septim, avant de se mettre à
-étudier la métamorphose. L&#8217;un des meilleurs... et un de ses professeurs.<br 
-class="newline" />Zach haussa les épaules à nouveau, puis se tourna vers la petite marmite à
-l&#8217;entrée de la tente et en souleva le couvercle.<br 
-class="newline" />&#8212; Tout ça m&#8217;a donné très faim... On peut manger<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pareil, enchaîna Farl, qui n&#8217;avait pas l&#8217;air mécontent non plus de changer
-de sujet.
-<!--l. 777--><p class="indent" >   C&#8217;était peut-être idiot de chercher à le provoquer sur le sujet, après
-                                                                
-                                                                
-tout, pensa-t-il en se servant une part de soupe bien chaude. Si ladite Sélène
-l&#8217;a aveuglé ou charmé pour se couvrir ou couvrir ses complices, ce pauvre
-Zach n&#8217;y est probablement pour rien.
-<!--l. 779--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 781--><p class="indent" >   La pluie avait cessé au milieu de la nuit, et la météo s&#8217;annonçait plutôt
-agréable. Ils prirent le temps de faire sécher leurs affaires et de se préparer.
-C&#8217;est peu après un repas rapide à midi qu&#8217;ils traversèrent le gué, et
-s&#8217;approchèrent de l&#8217;endroit où, d&#8217;après Zach et Farl, les créatures s&#8217;étaient
-réfugiées. Le paysage était un peu moins arboré, et plus rocheux. Comme le
-disait leur guide, ils étaient proches des monts Guéralek, et c&#8217;était peu
-surprenant. C&#8217;est seulement une vingtaine de minutes après la rivière qu&#8217;ils
-durent mettre pied à terre.
-<!--l. 784--><p class="indent" >   &#8212; Je crois que les chevaux vont avoir du mal à aller par ici, dit Uhr en
-montrant le chemin qui s&#8217;ouvrait à eux.<br 
-class="newline" />L&#8217;amas rocheux devant eux n&#8217;était pas très pentu, et eux n&#8217;auraient
-probablement aucun mal à le gravir, mais avec toutes ces irrégularités et
-pierres qui ne tenaient qu&#8217;à la mousse qui poussait dessus, les chevaux
-risquaient de se blesser sérieusement. Ils les attachèrent près d&#8217;un arbre, et
-commencèrent leur ascension.
-<!--l. 787--><p class="indent" >   Sam ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quelques
-villageois l&#8217;avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval
-c&#8217;était infiniment plus confortable, et marcher dans ce chaos avec une robe
-longue aurait vraiment été un enfer...<br 
-class="newline" />&#8212; Regardez, sur la gauche<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Elle releva la tête. Uhr, qui marchait devant elle, montrait du doigt un
-renfoncement rocheux important.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça ressemble à une grotte. On va voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Tous les trois opinèrent, et le suivirent.
-<!--l. 793--><p class="indent" >   C&#8217;était une sorte de large grotte, peu profonde et très éclairée,
-partiellement encombrée de végétation poussant dans de nombreuses
-fissures. Ils repérèrent rapidement, à l&#8217;entrée d&#8217;une des failles, quelques
-filaments collants qui ne ressemblaient pas à des toiles d&#8217;araignées
-ordinaires. Comme le fit remarquer Uhr, les araknes ne laissant quasiment
-                                                                
-                                                                
-aucune trace au sol, il fallait bien se fier à un indice ou un autre.
-<!--l. 795--><p class="indent" >   Farl et Zach sortirent du renfoncement, et ayant repéré un petit filet
-d&#8217;eau qui tombait en cascade non loin de là, commencèrent à le
-détourner pour qu&#8217;il pénètre dans la faille. La tâche n&#8217;était pas
-facile et demandait quasiment d&#8217;escalader pour atteindre l&#8217;eau. Uhr
-et elle, se sentant peu utiles dans ce genre d&#8217;acrobaties, se mirent
-à fouiller la grotte un peu plus méthodiquement. Au bout d&#8217;une
-dizaine de minutes, son compagnon lui désigna un pan de roche
-cachée derrière un buisson. Couverte en partie de mousse, et bien
-dissimulée derrière les broussailles, se trouvait une sorte de dalle de
-pierre, qui semblait fermer, de l&#8217;intérieur, une ouverture dans la
-paroi.
-<!--l. 797--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 799--><p class="noindent" >&#8212; Farl, Zach, venez voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Le petit filet d&#8217;eau commençait à couler doucement dans la grotte, mais le
-débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au
-mieux, cela ferait peut-être une flaque pour gêner ces sales bêtes.
-Il fit un signe de tête à Farl et tous deux redescendirent dans la
-grotte.
-<!--l. 802--><p class="noindent" >&#8212; Qu&#8217;est-ce que c&#8217;est<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-demanda Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; On dirait, répondit Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça pourrait peut-être être naturel... Tu en penses quoi, Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<br 
-class="newline" />Il ne répondit pas et examina le buisson et la mousse que le soldat avaient
-dégagés. La mousse poussait partout sur la paroi rocheuse, tout comme ce
-genre d&#8217;arbuste. Il désigna ses racines.<br 
-class="newline" />&#8212; Soit il y a peu de terre dans cette grotte, soit tu es vraiment plus fort que
-je ne l&#8217;imaginais, Uhr. D&#8217;habitude, ce genre de plante enfonce ses racines
-jusque dans les plus petites failles de la roche, et ça ne s&#8217;arrache pas si
-facilement.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais me vexer, fais attention, reprit Uhr en souriant. Mais c&#8217;est vrai
-que c&#8217;est curieux. Comme si cet arbuste avait été planté ou replanté exprès
-                                                                
-                                                                
-ici...<br 
-class="newline" />Zach haussa les épaules et se releva.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est tout à fait probable. Il y a quelques mois, un an tout au
-plus.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela ne répond pas à une question essentielle, ajouta Sam. Si ceci est une
-porte, comment s&#8217;ouvre-t-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 812--><p class="indent" >   Il n&#8217;y avait ni poignée, ni serrure à l&#8217;étrange porte, et aucun mécanisme
-n&#8217;était visible sur les parois alentours.<br 
-class="newline" />&#8212; Soit c&#8217;est un accès qui a été condamné, soit elle ne s&#8217;ouvre que de
-l&#8217;intérieur. Il semble que ce pan de rocher est appuyé de ce côté, proposa
-Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce qui signifie, dans les deux cas, qu&#8217;il y a un autre accès, compléta
-Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Se pourrait-il que ce panneau soit déplacé par magie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? suggéra
-Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah ça, c&#8217;est vous les experts en magie, pas moi, répondit Zach. Ce qui
-m&#8217;inquiète, c&#8217;est plutôt ce qu&#8217;on va trouver derrière, si on arrive à
-l&#8217;ouvrir.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as vraiment envie de voir ce qu&#8217;il y a derrière cette porte<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui
-demanda Uhr en souriant. Pas peur des mages ou d&#8217;autres créatures
-démoniaques<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Maintenant qu&#8217;on est arrivés jusque là, ce serait dommage de s&#8217;arrêter
-non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? répondit-il en souriant à son tour.
-<!--l. 820--><p class="indent" >   Pendant ce temps, Farl s&#8217;était approché de la dalle pour l&#8217;observer de
-plus près.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas quel est le poids de cette chose, mais même si nous avions
-une dizaine d&#8217;hommes, il n&#8217;y a aucune prise pour l&#8217;attraper<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; On dirait qu&#8217;il y a un léger jour si on gratte la terre au sol, ajouta Sam
-qui s&#8217;était agenouillée.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça ne nous aide pas beaucoup, rétorqua Farl. Si la dalle n&#8217;était pas trop
-grosse, on pourrait peut-être utiliser un levier, mais...<br 
-class="newline" />&#8212; Nous non, mais avec un peu d&#8217;aide divine...
-<!--l. 826--><p class="indent" >   Samantha se tourna vers Zach et le dévisagea un moment. Puis elle se
-tourna vers Uhr en le pointant du doigt.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;avais pas pensé à... lui. <br 
-class="newline" />&#8212; Tu pensais à quoi de précis, Sam<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle le fixa d&#8217;un air gêné et répondit à mi-voix à son compagnon.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne peux pas lui montrer... certaines choses.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu pensais à utiliser... mais comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça peut marcher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je crois que le pouvoir est assez puissant, en tous cas il paraît que
-certains l&#8217;ont réussi, mais je n&#8217;ai jamais essayé.<br 
-class="newline" />Uhr hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça vaudrait le coup d&#8217;essayer...
-<!--l. 836--><p class="indent" >   Ils parlaient d&#8217;une voix relativement faible, mais il ne pouvait
-s&#8217;empêcher de les entendre. Qu&#8217;est-ce qu&#8217;ils cherchaient encore à cacher<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il
-jeta un regard à Farl, toujours accroupi au pied de la porte, mais qui avait
-lui aussi écouté le dialogue d&#8217;Uhr et Farl. Il regarda dans sa direction, puis
-vers les deux autres et se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tu veux, Sam, on peut aller faire autre chose avec Zach. Par exemple,
-chercher le reste de notre équipement, ou...<br 
-class="newline" />&#8212; Non, ça ira, coupa-t-elle d&#8217;un air excédé. De toutes façons, autant qu&#8217;il
-sache, mais je te préviens Zach...<br 
-class="newline" />Elle fit quelques pas vers lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as peut-être l&#8217;habitude qu&#8217;on te dise de garder le secret n&#8217;est-ce
-pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il hocha la tête sans répondre. Ce n&#8217;était pas comme s&#8217;il avait tendance à
-tout raconter même en temps normal...<br 
-class="newline" />&#8212; Essaie de ne pas oublier cette promesse-là, alors. Parce que cette fois,
-ce n&#8217;est pas les gens que nous pourchassons qui en voudront à ta
-peau.
-<!--l. 844--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 846--><p class="indent" >   Il eut presque pitié du pauvre Zach qui n&#8217;avait pas mérité ces menaces,
-en plus de tout ce qu&#8217;il avait dû encaisser depuis le début du voyage.
-Mais Sam avait l&#8217;air un peu calmée, c&#8217;était déjà ça. Si elle voulait
-utiliser un enchantement divin, c&#8217;était peut-être mieux... Quoique.
-<br 
-class="newline" />&#8212; Tu as besoin de quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Trouvez-moi quelques glands en bon état, et essayez de dégager quelques
-                                                                
-                                                                
-buissons pour avoir le maximum de lumière au pied de la porte. Et si vous
-pouvez trouver de la meilleure terre, humide et riche, c&#8217;est encore mieux.
-<br 
-class="newline" />Ils s&#8217;éloignèrent et mirent peu de temps à préparer tout ce qu&#8217;elle
-demandait. Puis, à sa demande, ils s&#8217;éloignèrent tous les trois.
-<!--l. 851--><p class="noindent" >&#8212; Tu l&#8217;as déjà vue à l&#8217;&#339;uvre, Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Elle ne l&#8217;a jamais fait devant moi.<br 
-class="newline" />Zach les regarda en fronçant les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Est-elle une magicienne<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-il.<br 
-class="newline" />Il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle est mieux que ça. Ou peut-être pire, ça dépend du point de vue. Tu
-vas voir.<br 
-class="newline" />&#8212; On peut regarder<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-il inquiet.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu&#8217;on ne la
-dérange pas. Et ne t&#8217;inquiète pas pour les menaces qu&#8217;elle a proférées à ton
-encontre, en général elle ne foudroie pas les gens, ce n&#8217;est pas très
-discret.
-<!--l. 860--><p class="indent" >   Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir
-l&#8217;entrée de la grotte, et Sam qui s&#8217;affairait au pied de l&#8217;ouverture. Puis, elle
-se redressa, et resta quelques secondes immobile, les yeux fermés. Enfin, elle
-entama une douce mélopée, tout en se déplaçant lentement. La lumière du
-soleil qui arrivait maintenant au pied de la dalle se mit à briller plus
-fort, comme lorsqu&#8217;un rideau couvrant une fenêtre s&#8217;écarte, laissant
-pleinement entrer la clarté du jour. Et aux pieds de Sam, dans la
-terre fraîchement retournée, une pousse, puis deux commençèrent à
-sortir.
-<!--l. 862--><p class="indent" >   Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous
-la dalle de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les
-plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bientôt un
-bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les
-branches qui s&#8217;affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un
-côté. Après un temps qu&#8217;il n&#8217;aurait pas su mesurer, le pan de pierre
-perdit son équilibre, bascula vers l&#8217;arrière, et s&#8217;écrasa dans un grand
-fracas.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 864--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 866--><p class="indent" >   Il resta quelques instants abasourdi, figé, le regard fixé sur l&#8217;ouverture et
-la poussière qui s&#8217;en dégageait.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est l&#8217;&#339;uvre d&#8217;un dieu ça... murmura-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; De la déesse Melna, lui répondit Uhr à côté de lui. Mais tu sais...<br 
-class="newline" />Il posa une main sur son épaule.<br 
-class="newline" />&#8212; Il ne faut pas croire tout ce qu&#8217;on dit sur les prêtresses.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; La réalité est bien au-delà, ajouta-t-il en souriant. Allez viens, elle nous
-appelle.
-<!--l. 874--><p class="indent" >   Il suivit Uhr et Farl qui s&#8217;étaient élancés vers l&#8217;entrée du trou. Il avait
-l&#8217;impression de commencer à comprendre beaucoup de choses sur Sam, mais
-il ne savait toujours pas s&#8217;il devait se réjouir ou s&#8217;inquiéter de la
-situation. Il n&#8217;avait de toutes façons pas vraiment le temps d&#8217;y réfléchir
-longuement, mieux valait profiter du fait qu&#8217;elle soit de son côté... pour le
-moment.
-<!--l. 876--><p class="indent" >   Sam s&#8217;était assise à côté de l&#8217;ouverture, les yeux mi-clos, quelques
-gouttes de sueur ruisselant le long de son front. Les trois hommes restèrent
-silencieux quelques instants devant les deux petits chênes qui avaient, en
-poussant, soulevé la dalle de pierre. Celle-ci gisait, fracturée à de nombreux
-endroits, sur le sol à l&#8217;intérieur de ce qui semblait être une autre grotte.
-L&#8217;obscurité qui y régnait, en contraste avec la luminosité ambiante, ne
-permettait pas de voir l&#8217;intérieur, aussi Zach fit-il quelques pas à
-l&#8217;intérieur.
-<!--l. 879--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 881--><p class="noindent" >&#8212; Tu y vois quelque chose, Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est un couloir taillé dans la roche, répondit-il. Il a l&#8217;air de monter puis
-part légèrement sur la droite après une vingtaine de mètres... Prenez de
-quoi y voir et venez.<br 
-class="newline" />&#8212; Il a de bons yeux, notre guide, dis donc, murmura Uhr à son
-intention.<br 
-class="newline" />&#8212; Je t&#8217;expliquerai. Rejoignons-le vite.
-<!--l. 886--><p class="indent" >   Farl et Uhr entrèrent à leur tour, munis d&#8217;une petite lanterne. Le sol,
-                                                                
-                                                                
-plat et quasiment dénué de mousses ou de poussières, indiquait clairement
-que ce couloir avait été emprunté récemment. Zach, à peine visible dans le
-faible rayon d&#8217;action de la lanterne, les avait précédés jusqu&#8217;au fameux
-coude.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crois que c&#8217;est prudent d&#8217;aller au bout de ce couloir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il.<br 
-class="newline" />Pour toute réponse, le guide dégaina son épée en haussant les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce n&#8217;est pas comme si on pouvait espérer être discrets...<br 
-class="newline" />Il avança un peu plus loin dans l&#8217;obscurité. Uhr fit de même et courut dans
-le couloir à sa rencontre. Il s&#8217;apprêtait à faire de même lorsqu&#8217;il
-entendit des exclamations et beaucoup trop de bruits de pas pour
-deux personnes. Il glissa la lanière de la lanterne à son poignet et
-dégaina d&#8217;une seule pensée ses couteaux tout en s&#8217;élançant à leur
-suite.
-<!--l. 892--><p class="indent" >   Passé ce léger tournant, le couloir continuait encore sur une trentaine de
-mètres, puis il s&#8217;ouvrait de nouveau sur le jour, si ses yeux ne le trompaient
-pas. De cette extrémité, couraient vers eux trois silhouettes, s&#8217;ajoutant aux
-deux hommes qui se trouvaient à portée d&#8217;épée de Zach et Uhr. Des cris
-indistincts lui parvenaient.<br 
-class="newline" />&#8212; Des intrus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Ils sont armés<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Ne les laissez pas s&#8217;enfuir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! <br 
-class="newline" />&#8212; Mais d&#8217;où viennent-ils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 898--><p class="indent" >   Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et il pouvait
-difficilement leur prêter main-forte. Il rangea rapidement ses lames, inutiles,
-et sortit une dague de lancer. Mais viser correctement risquait d&#8217;être
-compliqué...<br 
-class="newline" />&#8212; Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! cria Uhr entre deux coups d&#8217;épée. Repli<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il connaissait trop bien son compagnon pour douter de la pertinence de son
-ordre. Il sortit de l&#8217;une de ses poches de sa tunique une fumigène, qu&#8217;il
-lança à leurs pieds en criant.<br 
-class="newline" />&#8212; Attention<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Un nuage opaque obscurcit brusquement la lumière venant de l&#8217;autre
-extrémité. Il vit volte-face et courut vers l&#8217;entrée, où Sam s&#8217;était relevée en
-entendant le bruit et scrutait le tunnel d&#8217;un air inquiet.<br 
-class="newline" />&#8212; Aux chevaux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! lui cria-t-il.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 905--><p class="indent" >   Juste avant de bondir dans la lumière extérieure, Farl jeta un &#339;il
-derrière lui. Uhr courait, sortant du nuage de poussière, tirant par
-le bras un Zach qui se couvrait les yeux de la main. Il n&#8217;avait pas
-eu le temps de le prévenir de l&#8217;effet de la fumigène évidemment...
-Il rejoignit en quelques bonds Sam, et ils se plaquèrent contre un
-rocher en contrebas pour reprendre leur souffle en attendant les deux
-autres.
-<!--l. 907--><p class="indent" >   Au même instant, Uhr jaillit hors du tunnel, sautant par dessus les
-arbustes, et traînant toujours Zach qui semblait péniblement reprendre ses
-esprits, mais qui heureusement suivait son compagnon sans poser de
-questions. À peine quelques secondes derrière eux, leurs adversaires sortirent
-eux aussi.
-<!--l. 909--><p class="indent" >   Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d&#8217;un
-homme d&#8217;une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était
-celle d&#8217;une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de
-cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à
-luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. Farl
-concentra sa prise sur sa dague, regrettant qu&#8217;il n&#8217;ait pas décidé de
-l&#8217;empoisonner...<br 
-class="newline" />&#8212; Attention<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! hurla Sam.
-<!--l. 912--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 914--><p class="indent" >   Uhr tourna la tête en entendant le cri de Sam, pour voir un jet de
-lumière orangé et blanc jaillir depuis l&#8217;entrée de la grotte, dans leur
-direction. Il eut à peine le temps de lâcher le bras de Zach pour sauter sur le
-côté gauche. Celui-ci, qui entretemps avait récupéré l&#8217;usage de ses yeux,
-s&#8217;écarta sur la droite, mais pas assez vite.
-<!--l. 916--><p class="indent" >   Le trait incandescent toucha Zach au milieu du dos, dans un
-horrible bruit de cuir et de chair brûlés. Celui-ci poussa un cri et tomba
-à genoux. Le trait de lumière ondulait toujours autour d&#8217;eux, tel
-un fouet de lumière brûlante. Uhr se retourna, saisit Zach d&#8217;une
-main, le chargea sur son épaule et tout en reculant, plaça son épée
-entre eux et l&#8217;étrange serpent de lumière, prêt à parer un éventuel
-coup.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 918--><p class="indent" >   Le filament de lumière s&#8217;enroula brusquement autour de l&#8217;épée, et le
-métal de la lame devint rouge. Uhr recula &#8211;encore quelques mètres et il
-serait derrière un rocher&#8211; alors que le « fouet » s&#8217;élançait de nouveau en
-l&#8217;air. La chaleur transmise à son arme commençait à lui chauffer la main,
-malgré la protection de la poignée de son épée. Quand bien même il
-arriverait à parer un troisième coup, il ne pourrait probablement plus tenir
-son arme...
-<!--l. 920--><p class="indent" >   Mais le troisième coup ne vint pas. À la place, la lanceuse de sort poussa
-un cri et s&#8217;effondra, soutenue par l&#8217;homme qui était à ses côtés. Il était
-difficile de bien distinguer à cette distance, mais il lui semblait voir un petit
-objet métallique planté dans son cou, laissé découvert par son épaisse
-armure. Farl.
-<!--l. 922--><p class="indent" >   Il rejoignit rapidement Sam, qui avait dévalé le massif montagneux.
-Semblant sortir du décor, comme à son habitude, le jeune ménestrel
-assassin se mit à courir à ses côtés.
-<!--l. 924--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 926--><p class="indent" >   Sam ne comprenait pas vraiment tout ce qui s&#8217;était passé, sauf une
-chose bien claire, c&#8217;était qu&#8217;il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en
-questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux
-et de monter en selle. Farl et Uhr la suivaient de près, soutenant Zach, qui
-semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il est
-vivant, pensa-t-elle avec un frisson.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu vas pouvoir monter à cheval<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Je pense que ça ira... répondit-il faiblement.
-<!--l. 930--><p class="indent" >   Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en
-selle.<br 
-class="newline" />&#8212; Je crois qu&#8217;ils ont lancé quelqu&#8217;un à notre poursuite, ne traînons pas,
-cria Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez vite vers le gué, je vous couvre, répondit-elle tranquillement.
-<!--l. 934--><p class="indent" >   Elle ferma les yeux un instant. Juste un petit brouillard, une petite
-brume locale pour couvrir leur fuite... elle venait d&#8217;invoquer un charme
-extrêmement puissant, mais si elle pouvait avoir encore un tout petit peu de
-grâce divine pour ça...
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 936--><p class="indent" >   Elle pouvait entendre le bruit du galop des chevaux, et déjà, des cris de
-rage puis de surprise venant de l&#8217;autre direction. Elle ouvrit les yeux, et ne
-vit que du blanc à quelques mètres autour d&#8217;elle. Elle eut un sourire satisait
-et lança sa monture au galop pour rejoindre les autres. Un peu plus et
-elle-même les perdait de vue...
-<!--l. 938--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 940--><p class="indent" >   Il fermait la marche avec Sam. Il était difficile de savoir si on les
-poursuivait avec le bruit du galop des chevaux, mais quelques cris au loin ne
-lui donnaient pas beaucoup d&#8217;espoirs. Pourtant, si leurs poursuivants avaient
-des chevaux, il leur faudrait probablement un peu de temps pour les faire
-passer par le passage et descendre le massif... à moins qu&#8217;ils n&#8217;aient une
-autre solution<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 942--><p class="indent" >   Devant lui, Zach s&#8217;était courbé sur sa monture, qui ralentissait. Sam
-le vit, et lui fit un signe. Elle accéléra, et arrivée à la hauteur du
-blessé, lui murmura quelque chose et attrapa ses rênes. Guidant son
-cheval d&#8217;une main et celui de Zach de l&#8217;autre, elle leur fit aisément
-rattraper leur retard. C&#8217;est vrai que Sam avait appris l&#8217;équitation avec
-Uhr, qui était un des meilleurs cavaliers qu&#8217;il connaissait... et c&#8217;était
-heureux.
-<!--l. 944--><p class="indent" >   Après une course effrénée qui lui sembla durer un siècle, Uhr leur fit
-signe de ralentir. Ils étaient sortis du brouillard depuis bien longtemps, et ils
-n&#8217;entendaient que les bruits de la forêt autour d&#8217;eux.<br 
-class="newline" />&#8212; Inutile de tuer les chevaux. On va continuer plus lentement, en cherchant
-plutôt à masquer nos traces.<br 
-class="newline" />&#8212; On retourne en ville<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ils ne vont pas nous y trouver<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? s&#8217;inquiéta
-Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Si. Mais il sera plus compliqué de nous trouver ou d&#8217;agir là-bas qu&#8217;au
-milieu de la forêt.
-<!--l. 949--><p class="indent" >   Ils se remirent en route au pas. Ils coupèrent d&#8217;abord tout droit en
-direction du village d&#8217;où venait Zach, puis changèrent plusieurs fois de
-direction pour brouiller les pistes. Ils marchèrent ensuite dans un petit
-ruisseau pendant un moment. L&#8217;eau glacée rafraîchissait les jarrets brûlants
-des chevaux, tout en ne laissant aucune trace derrière eux. Malgré toutes
-                                                                
-                                                                
-ces précautions, Farl passa le reste du trajet à surveiller le moindre bruit
-suspect derrière lui.
-<!--l. 951--><p class="indent" >   Le soir arriva, rien ne s&#8217;était passé. Zach était de plus en plus pâle et
-s&#8217;était contenté, durant le trajet, d&#8217;enrouler la crinière de son cheval dans
-ses mains pour ne pas tomber. Il fallut le soutenir pour qu&#8217;il ne s&#8217;effondre
-pas en descendant.<br 
-class="newline" />&#8212; On mange un morceau et on souffle quatre ou cinq heures pas plus,
-ordonna Uhr en sortant du matériel des sacoches.<br 
-class="newline" />&#8212; N&#8217;est-ce pas risqué de s&#8217;arrêter quand même<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? interrogea Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Les chevaux sont épuisés, inutile de les tuer, nous en avons besoin pour
-continuer demain, répondit-il en secouant la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; On va monter la garde je suppose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pas de feu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est ça. Essayez quand même de dormir un peu, ça ne serait pas inutile.
-Comment va Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 958--><p class="indent" >   Farl, de son côté, avait aidé le guide à s&#8217;asseoir et avait commencé à
-dégager son dos. La brûlure formait un trait courbe partant de son flanc
-gauche vers le milieu du dos, dessinant un arc qui s&#8217;enroulait. Il parvint à
-dénouer son armure de cuir, sérieusement noircie, mais il dut déchirer sa
-tunique pour dégager la plaie.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas terrible, répondit-il. Tu peux faire quelque chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 961--><p class="indent" >   Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu&#8217;ils avaient, mais Uhr, qui avait
-appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien
-pour une telle brûlure. Il se contenta d&#8217;appliquer un baume et un bandage
-pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en
-faisant le point.<br 
-class="newline" />&#8212; Si tout se passe bien, nous devrions sortir de la forêt demain en début de
-matinée, commença Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Et ensuite, que fait-on<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On ne peut pas laisser Zach dans cet état, ajouta
-Farl. C&#8217;est à cause de nous qu&#8217;il est comme ça...<br 
-class="newline" />Il lança un regard à son compagnon. Il avait réussi à manger un peu, et
-s&#8217;était allongé sur le ventre, pâle mais conscient.<br 
-class="newline" />&#8212; Les médecins sont-ils bons, dans ce pays<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux vraiment montrer une brûlure comme celle-ci à un médecin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il
-faudrait lui expliquer d&#8217;où elle vient...<br 
-class="newline" />&#8212; Et je doute qu&#8217;il puisse faire des miracles de toutes façons, coupa Uhr.
-Ce qu&#8217;il lui faut, si on ne veut pas que cette blessure mette des semaines,
-voire des mois, à guérir, c&#8217;est un mage soigneur.<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;y a qu&#8217;à la capitale qu&#8217;on peut trouver ça, et le trajet est beaucoup
-trop long, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? ajouta Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela ferait d&#8217;une pierre deux coups<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: il faut absolument qu&#8217;on
-rapporte au capitaine Mazrok tout ce que nous avons vu, fit remarquer
-Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu n&#8217;y penses pas... Le trajet est long, dangereux, et pénible pour un
-blessé... D&#8217;autant plus dangereux avec tout ce que nous avons à raconter,
-objecta Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Que veux-tu faire d&#8217;autre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Sam, un peu énervée. Trouve donc
-un soigneur efficace dans la région<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Il y a Sélène...
-<!--l. 974--><p class="indent" >   Ils se retournèrent vers Zach, qui avait ouvert les yeux et s&#8217;était redressé
-sur son coude en grimaçant.<br 
-class="newline" />&#8212; Tiens, tu as tout suivi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda Farl.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête. Il était toujours aussi pâle. Les trois autres échangèrent un
-regard, puis se tournèrent à nouveau vers lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Où est-elle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Elle est partie avec le paladin, Irdann. Au château de son père, le
-seigneur Assem. Je ne sais pas si elle y est toujours... Elle devait partir pour
-le fameux tournoi, ou peut-être pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je ne sais plus...<br 
-class="newline" />&#8212; Mais peut-on lui faire vraiment confiance<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Si elle est de mèche avec nos
-adversaires, c&#8217;est se jeter droit dans leurs griffes...<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis prêt à prendre le risque, au point où j&#8217;en suis, coupa Zach. Et n&#8217;y
-allez pas avec moi, inutile de risquer de vous compromettre.<br 
-class="newline" />Sam regarda alternativement le blessé et Farl puis leva les yeux au ciel. Soit
-Zach était vraiment mal au point, soit il était vraiment accro à cette fille...
-Peut-être les deux.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est bien beau, répliqua Sam, mais tu ne vas pas aller frapper à la
-porte du château du seigneur, « Bonjour, je suis un de vos fidèles
-sujets et je suis blessé. Pouvez-vous laisser votre fille magicienne me
-soigner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? ».<br 
-class="newline" />Zach soupira et s&#8217;apprêta à répondre. Mais Uhr l&#8217;en empêcha.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai une meilleure idée dans un premier temps, sans prendre de risque ni
-pour nous ni pour Zach<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: tenter de contacter Irdann. Il a côtoyé Sélène
-pendant un petit moment, et si besoin il pourra peut-être nous mettre
-en contact avec elle. Au pire, il nous conseillera, il connaît bien
-le coin, et il est le fils d&#8217;un des seigneurs les plus puissants de la
-région. Et personne ici ne doute de sa loyauté envers nous, n&#8217;est-ce
-pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Ils hochèrent la tête. C&#8217;était probablement l&#8217;idée la plus raisonnable pour le
-moment... Il ne put s&#8217;empêcher de remarquer une légère moue de la part du
-blessé. Était-ce la douleur ou un doute<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 987--><p class="indent" >   Farl se porta volontaire pour la première garde. Alors que Sam et
-Uhr s&#8217;étaient endormis, épuisés, Zach ne semblait pas trouver le
-sommeil.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai connu mieux, murmura-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis vraiment désolé... J&#8217;aurais dû réagir plus vite, et t&#8217;éviter ce coup
-en lançant mon arme plus tôt...<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être... ou peut-être qu&#8217;elle t&#8217;aurait vu et t&#8217;aurait visé à ma
-place<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 993--><p class="indent" >   Ils se turent quelques instants.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux être persuadé d&#8217;une chose, Zach, nous ne sommes pas du genre
-à abandonner nos compagnons. Nous allons faire tout ce que nous pouvons
-pour que tu sois sur pied au plus vite, et en sécurité. Essaie de dormir
-quelques heurs déjà...<br 
-class="newline" />&#8212; Difficile...
-<!--l. 997--><p class="indent" >   Farl se leva, fouilla dans les sacoches et en sortit un petit sachet de
-poudre, qu&#8217;il dilua dans un peu d&#8217;eau dans le fond d&#8217;une gourde.<br 
-class="newline" />&#8212; Bois ça. Ça te fera dormir et calmera ta douleur pour un temps.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, c&#8217;est quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Un poison d&#8217;assassin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Parfois, les assassins ont besoin de neutraliser quelqu&#8217;un en le gardant
-vivant, répondit-il en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Hm... Je ne sais pas si ça doit me rassurer ou m&#8217;inquiéter.
-<!--l. 1003--><p class="indent" >   Il but néanmoins le contenu de la gourde, et quelques minutes plus tard,
-tout le camp hormis Farl dormait profondément.
-                                                                
-                                                                
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers11x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 3--><p class="nopar" >
-<!--l. 5--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 7--><p class="noindent" >&#8212; Le sieur Irdann est encore ici, mais non il ne vous est pas possible de le
-voir, indiqua le garde avec fermeté.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Il ne reçoit pas de visiteurs. De plus, il est en grands préparatifs de
-départ et ne souhaite pas être dérangé.<br 
-class="newline" />&#8212; De départ pour où<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Le garde se mit à rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment, vous ne savez pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Dame Sélène et lui partent demain, à
-l&#8217;aube, pour le duché De Vane. Il fait partie de son escorte... <br 
-class="newline" />&#8212; Je vous en prie, je dois absolument lui parler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Dites-lui mon nom, et il me
-fera entrer...<br 
-class="newline" />L&#8217;homme secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Je respecte les ordres de mes maîtres.<br 
-class="newline" />&#8212; Ne peut-on pas s&#8217;arranger<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Vous ne devez pas être très bien payé, à
-garder l&#8217;entrée du château.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis loyal à mon seigneur, et je ne mange pas de ce pain-là,
-monsieur.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous faites bien. Pardonnez moi. Au revoir et bonne garde.
-<!--l. 20--><p class="indent" >   Uhr soupira et lui tourna le dos. Pour une fois qu&#8217;il regrettait d&#8217;avoir
-affaire à un garde vraiment honnête... Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il fit
-demi-tour, réfléchissant à comment contacter Irdann avant qu&#8217;il ne quitte la
-région. Ou peut-être pouvait-il lui parler en chemin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Sam lui avait dit
-qu&#8217;elle ne pouvait plus invoquer d&#8217;enchantement puissant avant quelques
-jours, et son prochain rêve était de toutes façons destiné à informer le
-capitaine de leurs aventures...
-<!--l. 22--><p class="noindent" >&#8212; Attendez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il se retourna en entendant la voix du garde.<br 
-class="newline" />&#8212; Si vous tenez vraiment à contacter le sieur Irdann, et s&#8217;il est vraiment
-votre ami...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? <br 
-class="newline" />&#8212; Je peux peut-être lui faire parvenir un mot de votre part.<br 
-class="newline" />&#8212; Vraiment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Uhr, avec une lueur d&#8217;espoir dans les yeux.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne crois pas que ce soit défendu. Mais ce ne sera pas avant trois
-heures, quand je suis relevé de ma garde.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce serait formidable, comment vous en remercier<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien, puisque vous le dites, dit le garde avec un air un peu gêné,
-j&#8217;aimerais que vous me rendiez un petit service en échange.<br 
-class="newline" />Uhr se rapprocha de lui. Le même garde qui ne « mangeait pas de ce
-pain-là » il y a quelques instants... Comme s&#8217;il devinait sa pensée, l&#8217;homme
-éclata de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ha, qu&#8217;allez-vous imaginer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Je vous ai dit que j&#8217;étais loyal à mon maître.
-Absolument rien d&#8217;illégal, d&#8217;immoral ou de dangereux<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Êtes-vous libre ce
-soir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 34--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 43--><p class="indent" >   <span 
-class="ecti-1095">Cher Irdann,</span>
-<!--l. 43--><p class="indent" >   <span 
-class="ecti-1095">J&#8217;esp</span><span 
-class="ecti-1095">ère que cette lettre va te parvenir </span><span 
-class="ecti-1095">à temps.</span>
-<!--l. 43--><p class="indent" >   <span 
-class="ecti-1095">Je suis en ville actuellement, avec quelques compagnons. Il est trop long</span>
-<span 
-class="ecti-1095">et dangereux de t&#8217;expliquer sur ce papier pourquoi et comment, toujours</span>
-<span 
-class="ecti-1095">est-il que nous avons besoin de ton conseil et </span><span 
-class="ecti-1095">éventuellement de ton secours.</span>
-<span 
-class="ecti-1095">Un de nos compagnons, un jeune guide de la r</span><span 
-class="ecti-1095">égion que tu sembles</span>
-<span 
-class="ecti-1095">conna</span><span 
-class="ecti-1095">ître, est gravement bless</span><span 
-class="ecti-1095">é. Peux tu nous trouver, ce soir, </span><span 
-class="ecti-1095">à l&#8217;auberge du</span>
-<span 
-class="ecti-1095">Taureau </span><span 
-class="ecti-1095">à une corne</span><span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span><span 
-class="ecti-1095">? Que tu viennes toi ou que tu envoies quelqu&#8217;un de</span>
-<span 
-class="ecti-1095">confiance, il est imp</span><span 
-class="ecti-1095">ératif que tout cela se fasse dans la plus grande</span>
-<span 
-class="ecti-1095">discr</span><span 
-class="ecti-1095">étion. Je t&#8217;expliquerai.</span>
-                                                                <div class="flushright" 
->
-<!--l. 43--><p class="noindent" >
- <span 
-class="ecti-1095">Ton ami,</span><br />
-<span 
-class="ecti-1095">Uhr </span></div>
-<!--l. 45--><p class="indent" >   Assis sur le lit de la chambre &#8211;petite mais confortable&#8211; qui lui
-                                                                
-                                                                
-avait été attribué, il relisait la lettre, qu&#8217;un de ses gardes lui avait
-apporté il y a une heure, essayant de comprendre. Que faisait Uhr
-ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Quelles étaient ces histoires qui demandaient de la discrétion<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-Le bruit de quelqu&#8217;un frappant à la porte l&#8217;interrompit dans ses
-pensées.<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda la voix de Sélène.<br 
-class="newline" />Il courut lui ouvrir. La jeune femme entra dans la pièce, vêtue d&#8217;une longue
-robe violette. Ses manches amples s&#8217;arrêtaient aux coudes, par dessus
-d&#8217;autres manches crème aux bordures dorées. Le bas était fendu sur les
-côtés, s&#8217;ouvrant sur un long jupon de couleur crème, et une ceinture
-ouvragée soulignait sa taille.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Pour toute réponse, il lui tendit le morceau de papier, tout en fermant
-soigneusement la porte derrière lui.
-<!--l. 51--><p class="indent" >   Sélène lut la lettre une première fois en fronçant les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne comprends pas pourquoi tu me montres tout ça... Je ne connais pas
-ce Uhr et...<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;interrompit et relut un passage.<br 
-class="newline" />&#8212; Attends, qu&#8217;est-ce qu&#8217;il veut dire par « un jeune guide de la région que tu
-sembles connaître »<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? De qui parle-t-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il parle probablement de Zach... Je ne vois pas quel autre jeune guide je
-suis censé connaître dans le coin.<br 
-class="newline" />&#8212; Le message dit qu&#8217;il est blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Comment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et qui est ce Uhr à la
-fin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Uhr est un ami que j&#8217;ai rencontré à la capitale, lorsque j&#8217;étais à la garde
-du palais, avec Silwë entre autres.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais que fait-il ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;a-t-il à voir avec Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ça, je l&#8217;ignore. La dernière fois que je l&#8217;ai vu, il était toujours à la
-garde, il avait même obtenu une promotion intéressante, et il s&#8217;était
-installé en ville avec sa... femme, qui est fleuriste. Je ne sais pas ce
-qu&#8217;il peut être venu faire dans la région. Quand au rapport avec
-Zach...<br 
-class="newline" />Il espérait qu&#8217;elle ne remarque pas son hésitation, mais vraisemblablement
-Sélène se préoccupait peu de ces détails pour l&#8217;instant. Il reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Comme toi, d&#8217;autres gens peuvent avoir besoin d&#8217;un guide,
-                                                                
-                                                                
-non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sélène haussa les épaules et attendit quelques instants avant de répondre.
-Comme si elle se rappelait soudainement la raison initiale pour laquelle elle
-s&#8217;était mise en contact avec Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Admettons. Que fait-on alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si je n&#8217;avais pas entièrement confiance en Uhr, je dirais que c&#8217;est un
-piège plutôt mal monté.<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu es sûr que c&#8217;est lui, au moins<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Je reconnais son écriture, et sa façon assez inimitable de signer. De
-plus, la description que m&#8217;en a fait le garde qui m&#8217;a apportée ce message
-correspond.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux y aller alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Évidemment. Je ne sais pas encore comment, par contre.<br 
-class="newline" />&#8212; Et tu feras quoi une fois auprès de lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je verrai, je suppose. Pourquoi, demanda-t-il, tu vois autre chose<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 73--><p class="indent" >   Sélène fit quelque pas et le fixa droit dans les yeux.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux y aller à ta place.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se tut quelques instants, surpris. Elle en profita pour continuer.<br 
-class="newline" />&#8212; Le mot ne précise-t-il pas que tu peux envoyer quelqu&#8217;un de confiance à
-ta place<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et puis tu ne peux pas faire grand chose pour Zach, s&#8217;il est
-vraiment blessé. Moi oui.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu marques un point, admit-il.<br 
-class="newline" />Elle afficha un petit sourire de victoire et s&#8217;assit sur une chaise en face de
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... cela reste très risqué. Tu comptes utiliser ta... magie pour l&#8217;aider<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-objecta-t-il.<br 
-class="newline" />Il avait malgré lui prononcé le mot « magie » un peu plus bas que les
-autres, comme s&#8217;il craignait que malgré l&#8217;épaisseur des murs, on puisse
-l&#8217;entendre.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est mon problème. D&#8217;abord je n&#8217;ai pas que mes sorts, ensuite Zach
-connaît déjà mon secret.<br 
-class="newline" />&#8212; Et si c&#8217;était un piège<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ce n&#8217;est pas toi qui disais que tu étais sûr de l&#8217;origine de la lettre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je fais confiance à Uhr, y compris pour assurer ta sécurité s&#8217;il le faut,
-mais si quelqu&#8217;un t&#8217;attendait sur le chemin<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Si ce quelqu&#8217;un s&#8217;attend à te voir toi, cela peut le contrarier de ne pas
-te voir arriver. Voire mieux, il peut ne même pas faire attention à
-moi...
-<!--l. 88--><p class="indent" >   Il fit une moue en s&#8217;asseyant sur le lit.<br 
-class="newline" />&#8212; Il reste le « comment ». Comment tu comptes sortir incognito du
-château, comment tu vas te rendre là-bas, ...<br 
-class="newline" />Elle savait qu&#8217;elle était en train, petit à petit de le convaincre. Elle
-sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça, c&#8217;est la partie facile.<br 
-class="newline" />&#8212; Vraiment, demanda-t-il en fronçant les sourcils.<br 
-class="newline" />Elle se leva.<br 
-class="newline" />&#8212; Allons Irdann, comme moi, tu as grandi dans ce genre de place forte
-n&#8217;est-ce pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Conçue à la base pour résister à une armée d&#8217;assaillants...<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, c&#8217;est bien la raison pour laquelle il est à la fois difficile d&#8217;y entrer et
-d&#8217;en sortir. <br 
-class="newline" />&#8212; Mais ne me dis pas que, au château du duc De Vane, il n&#8217;y a pas, quelque
-part, un souterrain qui, en temps de guerre, permettait de se sauver si tout
-espoir était perdu...<br 
-class="newline" />&#8212; Si, admit-il. De mémoire, mon père l&#8217;avait fait murer parce qu&#8217;il
-était devenu inutile en cette période de paix, et qu&#8217;il menaçait de
-s&#8217;effondrer.<br 
-class="newline" />En fait, maintenant qu&#8217;il y réfléchissait, il était bien possible qu&#8217;il ne
-s&#8217;agisse que de la version officielle... Sélène reprit, interrompant ses
-réflexions.<br 
-class="newline" />&#8212; Ici, une partie de ce passage a été réhabilitée, et une sortie a été
-aménagée en ville pour que les serviteurs puissent faire facilement des allers
-et retours au gré des besoins.<br 
-class="newline" />&#8212; Et cette sortie est gardée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Un seul garde, qui ne peut pas connaître tout le personnel, et qui ne
-saura pas que c&#8217;est moi évidemment.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu en es sûre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai été absente durant plusieurs années, et mon visage a été un peu
-                                                                
-                                                                
-oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute
-qu&#8217;on me pose beaucoup de questions.<br 
-class="newline" />&#8212; Laisse-moi t&#8217;accompagner, au moins. Je peux aussi m&#8217;habiller de manière
-modeste, et assurer ta sécurité.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce serait l&#8217;idéal, en effet.<br 
-class="newline" />&#8212; Il reste à voir comment nous allons masquer notre absence. Y a-t-il des
-serviteurs en qui tu as suffisamment confiance<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle fit la moue.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas trop, justement, puisque je suis restée éloignée trop longtemps...
-<br 
-class="newline" />Elle fit quelques pas dans la pièce en réfléchissant.<br 
-class="newline" />&#8212; En fait, le seul moyen que je voie, c&#8217;est que tu couvres mon absence, et
-donc que tu restes ici.<br 
-class="newline" />&#8212; Pardon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai qu&#8217;à faire croire que je suis avec toi, ici. Ta chambre n&#8217;est pas très
-loin des cuisines, d&#8217;où je pourrai facilement rejoindre la sortie sans être
-remarquée.<br 
-class="newline" />Irdann rougit soudainement.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais tout le monde va croire que nous...<br 
-class="newline" />Elle pouffa de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Tout le monde en est déjà persuadé, ça ne changera pas grand chose.
-En plus, c&#8217;est l&#8217;excuse parfaite pour refuser qu&#8217;on ouvre la porte,
-non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Certes...<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, le repas de ce soir ne va pas tarder à être servi, on se retrouve ici
-après<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux y aller ce soir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; On doit partir demain, ça va être compliqué de trouver une excuse pour
-rester un jour de plus...<br 
-class="newline" />&#8212; Tu auras le temps de trouver des vêtements adaptés<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je me débrouille, ne t&#8217;inquiète pas.
-<!--l. 125--><p class="indent" >   Lorsqu&#8217;elle fut sortie, Irdann resta quelques instants seul à réfléchir, un
-peu abasourdi par la tournure qu&#8217;avaient pris les événements. Il
-n&#8217;aurait peut-être pas dû montrer la lettre à Sélène après tout... Mais
-il reconnaissait qu&#8217;en effet, s&#8217;il fallait soigner un blessé, elle était
-                                                                
-                                                                
-probablement la plus compétente. Surtout s&#8217;il s&#8217;agissait de Zach... Mais tout
-de même, et même si elle avait su montrer qu&#8217;elle avait plus de sang-froid et
-de ressources que beaucoup d&#8217;autres jeunes femmes, il ne pouvait
-s&#8217;empêcher de craindre pour sa sécurité. Si au moins il pouvait lui donner
-un moyen de défense... Mais il n&#8217;avait que ses épées, et qu&#8217;en ferait-elle de
-toutes façons<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 127--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 129--><p class="indent" >   Sélène quitta sa chambre une vingtaines de minutes après le dîner. Elle
-avait emprunté quelques vêtements à sa femme de chambre, qui logeait
-juste à côté. Si elle lui ramenait le lendemain, celle-ci ne s&#8217;en rendrait
-probablement même pas compte... Au pire elle inventerait une excuse
-quelconque.
-<!--l. 131--><p class="indent" >   En sortant, elle croisa la servante en question, et lorsqu&#8217;elle lui expliqua
-où elle allait, la jeune femme lui adressa un regard à la fois complice et
-envieux. C&#8217;est vrai que le jeune et élégant paladin avait déclenché de
-nombreux sourires admiratifs parmi le personnel féminin, et elle connaissait
-plus d&#8217;un homme qui en aurait abondamment profité. Irdann ne semblait
-pas les voir, ou peut-être était-il suffisamment malin pour tirer parti de la
-situation en toute discrétion, qui sait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 133--><p class="indent" >   Zach, lui, aurait été du genre à en profiter, c&#8217;est sûr. D&#8217;ailleurs, depuis le
-temps qu&#8217;il était guide, combien de voyageuses avaient fini dans ses bras<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et
-dire que vis-à-vis d&#8217;elle il n&#8217;osait pas assumer grand-chose... Quel idiot,
-vraiment. Il était bien courageux quand il fallait affronter des bandits ou
-des monstres, mais devant elle...
-<!--l. 135--><p class="indent" >   Elle secoua la tête. Comment pouvait-elle médire de lui comme cela,
-alors que d&#8217;après la lettre adressée à Irdann, il était gravement blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et
-blessé comment, à quel point, pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et s&#8217;il ne tenait pas le coup jusqu&#8217;à
-ce qu&#8217;elle arrive<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Elle chassa aussitôt cette pensée terrible, et frappa à la
-porte de la chambre d&#8217;Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, tu es là. Tu as tout ce qu&#8217;il faut<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle montra sa sacoche en entrant dans la pièce.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai là dedans tout un tas de remèdes, et une robe de servante.<br 
-class="newline" />&#8212; Personne ne t&#8217;a posé de questions dessus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-il en fronçant les
-                                                                
-                                                                
-sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Les serviteurs sont vraisemblablement bien plus intéressés par les ragots
-que par ça, répondit-elle en souriant.
-<!--l. 142--><p class="indent" >   Elle commença à se préparer, tandis qu&#8217;Irdann, le dos tourné, lui
-donnait quelques instructions.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu reconnaîtras Uhr facilement. C&#8217;est un grand gaillard, au teint pâle,
-aux cheveux châtains bouclés et à la carrure impressionnante.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce n&#8217;est pas courant, comme nom... d&#8217;où vient-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il est originaire des plaines barbares. Mais ne te fie pas à son air de brute
-épaisse, il est aussi stupide que Silwë ou Aldariel sont inoffensives... si tu
-vois que je veux dire.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;imagine oui. Il n&#8217;est pas censé avoir des « compagnons »<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Aucune idée de qui il peut s&#8217;agir. Tout dépend de la raison pour laquelle
-il est ici.<br 
-class="newline" />&#8212; Il est censé t&#8217;attendre, ou attendre de tes nouvelles. Si je dis que je viens
-de ta part il devrait me faire confiance non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Probable. Je ne sais pas jusqu&#8217;à quel point, mais je suppose qu&#8217;il te
-laissera au moins t&#8217;occuper de Zach...<br 
-class="newline" />&#8212; Mais j&#8217;espère bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Sinon pourquoi en aurait-il parlé dans sa lettre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je pensais plutôt au fait qu&#8217;il ne sait pas qui tu es et ce dont tu es
-capable...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai. Peut-être que Zach pourra parler en ma faveur<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Enfin, s&#8217;il est
-conscient...<br 
-class="newline" />Irdann haussa les épaules, toujours tourné vers le mur.<br 
-class="newline" />&#8212; Sinon, il te faudra le convaincre. Puisque je suppose que tu n&#8217;as pas
-l&#8217;intention de tout lui expliquer.<br 
-class="newline" />&#8212; Évidemment que non. Ça va pas la tête<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pense alors à trouver une explication, si ton moribond se met à sauter de
-son lit après quelques minutes de soin.<br 
-class="newline" />&#8212; ... En effet.<br 
-class="newline" />&#8212; Dans tous les cas, garde en tête le fait qu&#8217;il vient de la capitale. Tu dois
-le savoir encore mieux que moi, les mages soigneurs y ont pignon sur rue,
-et même lui a déjà eu affaire à eux... Il sait parfaitement ce que
-c&#8217;est.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux te retourner.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 161--><p class="indent" >   Elle avait enfilé une robe à bretelles marron foncé par dessus une
-chemise de lin blanche &#8211;du moins qui avait été blanche à un moment donné.
-À ses pieds, elle avait mis les bottines qu&#8217;elle avait gardées après son
-escapade dans la forêt, et qui allaient très bien avec son déguisement. Pour
-parfaire le tout, et en guise de manteau, elle avait couvert sa tête et ses
-épaules d&#8217;un long châle de laine grise.<br 
-class="newline" />&#8212; Alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Impeccable, répondit-il en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, je vais me mettre en route... Je pense que c&#8217;est le bon moment,
-dit-elle en réajustant sa sacoche.<br 
-class="newline" />Irdann la raccompagna jusqu&#8217;à la porte.<br 
-class="newline" />&#8212; Promets-moi de ne prendre aucun risque, lui murmura-t-il. S&#8217;il t&#8217;arrivait
-quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais...
-<!--l. 168--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 170--><p class="indent" >   Le soir était tombé, et Uhr s&#8217;était mis en route à travers la campagne.
-Sa monture avançait calmement sur le soleil qui se couchait. Il avait choisi
-de partir en avance, afin de pouvoir prendre son temps. Après leur course
-effrénée dans la forêt, les pauvres bêtes avaient besoin d&#8217;être ménagées. Et
-puis, la « mission » qu&#8217;on lui avait confiée n&#8217;était pas à la minute
-près...
-<!--l. 172--><p class="indent" >   Luros, c&#8217;était le nom du garde, avait donné rendez-vous à sa fiancée au
-bal de son village, qui avait lieu ce soir. Malheureusement, un de ses
-collègues s&#8217;étant blessé, il avait dû le remplacer au pied levé pour sa ronde
-de la soirée. À Uhr la charge de transmettre, via une lettre, les excuses à la
-damoiselle en question. Il avait connu plus dangereux comme mission, à
-moins que la jeune paysanne ne prenne très mal la nouvelle et ne s&#8217;énerve
-sur lui<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 174--><p class="indent" >   Il déplorait son absence au chevet de Zach, surtout si Irdann devait venir
-le voir ce soir, mais il faisait confiance à Sam et Farl pour gérer efficacement
-la situation. Ces derniers s&#8217;étaient relayés durant la journée pour se
-renseigner sur les différentes entrées et sorties du château, ainsi que
-du personnel, pour savoir d&#8217;où viendrait leur ami, et si possible lui
-faciliter la tâche. Mais il ignorait si ces recherches avaient porté leurs
-                                                                
-                                                                
-fruits.
-<!--l. 176--><p class="indent" >   Après un tournant sur le sentier, il arriva en vue du village. Des
-lumières de lampions, visibles dans la nuit tombée, et des bribes de musique
-lui confirmèrent qu&#8217;il était au bon endroit. Il mit pied à terre en arrivant
-sur la place, et après avoir attaché et pris soin de sa monture, il se dirigea, à
-travers l&#8217;animation, vers un comptoir installé sur quelques tréteaux. Il
-commença par commander une bière, puis s&#8217;adressa au jeune homme qui
-servait les boissons.<br 
-class="newline" />&#8212; Excusez-moi, vous ne connaîtriez pas une damoiselle du nom de
-Lysielle<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est moi, répondit une voix derrière lui.
-<!--l. 180--><p class="indent" >   Il se retourna vers celle qui venait de lui parler. C&#8217;était une jeune femme
-aux longs cheveux noirs, au regard noisette et à l&#8217;air décidé. Elle était
-accoudée au comptoir avec un verre, elle aussi.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que vous voulez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je viens de la part de votre fiancé, Luros.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qu&#8217;il a, il ne peut pas venir lui-même<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Vu l&#8217;expression de la damoiselle, il allait devoir sortir l&#8217;outil diplomatie.<br 
-class="newline" />&#8212; Hélas, il a dû remplacer en urgence un de ses compagnons, qui s&#8217;est
-blessé au service de son seigneur, expliqua-t-il en s&#8217;inclinant.<br 
-class="newline" />En vérité, lui avait dit le jeune garde, le compagnon en question s&#8217;était
-blessé à l&#8217;épaule en chutant de cheval à cause d&#8217;une étrivière trop
-vieille qui avait lâché. Mais c&#8217;était beaucoup moins intéressant à
-raconter.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi, s&#8217;énerva Lysielle, vous voulez dire qu&#8217;il est de service ce soir et
-qu&#8217;il ne viendra pas du tout<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Malheureusement, non. Il m&#8217;a demandé de vous faire parvenir cette
-lettre, ajouta Uhr en lui tendant la missive.
-<!--l. 190--><p class="indent" >   La jeune paysanne prit la lettre en fronçant les sourcils, et la parcourut
-des yeux. Un petit sourire et un léger rougissement apparurent sur son
-visage à la fin de la lecture. Puis elle se renfrogna.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère, avança-t-il prudemment, que vous lui pardonnerez.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, lui, il passera un sale quart d&#8217;heure quand je le verrai<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Votre fiancé ne fait que son devoir. Il ne va pas laisser son seigneur sans
-                                                                
-                                                                
-protection, tempéra Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Justement, le seigneur a plein d&#8217;argent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Pourquoi n&#8217;engage-t-il pas
-quelques gardes en plus<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? tempêta-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne doute pas que s&#8217;il vous engageait comme garde, le sieur Assem et sa
-famille seraient plus qu&#8217;en sécurité.<br 
-class="newline" />Lysielle marqua un moment de surprise, puis voyant l&#8217;air amusé de son
-interlocuteur, éclata de rire. Elle glissa alors la lettre dans son corsage, et
-reprit, sans transition.<br 
-class="newline" />&#8212; Bon, c&#8217;est pas tout ça, mais j&#8217;étais venue danser, et je me retrouve sans
-cavalier. Vous venez<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Et sans lui laisser le temps de répondre, elle l&#8217;entraîna vers la piste de
-danse.
-<!--l. 200--><p class="noindent" >&#8212; Vous savez, avoua-t-il humblement après une première danse, je ne
-connais pas du tout les danses de cette région.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pour quelqu&#8217;un qui apprend sur le tas, vous vous en sortez pas mal,
-répondit-elle en souriant. Mieux que cet idiot de Firor, qui pourtant est
-censé les connaître.<br 
-class="newline" />&#8212; Qui est ce garçon<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle leva les yeux au ciel. <br 
-class="newline" />&#8212; Le fils du charpentier, mon voisin. Il me tourne autour depuis six mois,
-même s&#8217;il sait que je suis fiancée à Luros. J&#8217;ai beau l&#8217;envoyer balader à
-chaque fois, il insiste... C&#8217;est lui, là-bas.<br 
-class="newline" />Il aperçut le jeune homme, fin et élégant, aux cheveux noirs, qui discutait
-avec le vendeur de boissons.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vois. Cela vous arrange donc bien que je danse avec vous, n&#8217;est-ce
-pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle répondit par un sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;avoue, je prends toutes les excuses pour l&#8217;éviter. Et comme je doute
-qu&#8217;il cherche à faire concurrence à votre carrure... dit-elle sur un ton amusé.
-Mais je ne vais pas vous retenir...<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux rester à danser un peu, finalement, l&#8217;ambiance est sympathique,
-répondit-il en souriant.<br 
-class="newline" />Après tout la compagnie de Lysielle était agréable, la bière plutôt bonne, et
-il était peu probable qu&#8217;il rentre à temps s&#8217;il se passait quelque chose, alors
-autant en profiter.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 212--><p class="indent" >   Ils s&#8217;arrêtèrent après la danse suivante, pour terminer leur verre.<br 
-class="newline" />&#8212; Cette danse-là était plus difficile, j&#8217;ai eu un peu de mal à suivre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;avoue. D&#8217;où venez-vous, pour ne pas connaître la région et ses
-traditions<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; De la capitale, avoua-t-il.<br 
-class="newline" />Après tout, que risquait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ha<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Je l&#8217;aurais juré, répondit Lysielle en riant. J&#8217;étais presque sûre
-d&#8217;avoir reconnu votre accent. Vous y faites quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis soldat de la garde.<br 
-class="newline" />&#8212; Comme Luros<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ça ne m&#8217;étonne pas vue votre stature.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé oui. Et je connais bien les problèmes liés à son travail... <br 
-class="newline" />&#8212; Et vous n&#8217;avez pas une fiancée que ça énerve parfois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh... Nous faisons avec, répondit Uhr évasivement.<br 
-class="newline" />La paysanne termina son verre d&#8217;un trait.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;espère d&#8217;ailleurs qu&#8217;elle ne m&#8217;en veut pas trop de vous retenir. Vous
-devriez peut-être rentrer...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est vrai. Mais je vous remercie pour cette soirée, je me suis bien
-amusé.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est moi qui vous remercie. Dites quand même à cet andouille de
-Luros... que je l&#8217;attends à notre point de rendez-vous habituel demain soir
-pour qu&#8217;il s&#8217;excuse en personne. Et cette fois, il n&#8217;a pas intérêt à se
-défiler<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;y manquerai pas, dit-il en s&#8217;inclinant.
-<!--l. 229--><p class="indent" >   Il se dirigea vers sa monture, qui somnolait tranquillement en attendant
-son retour. La jeune paysanne l&#8217;avait suivi tout en discutant.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous avez l&#8217;air de regarder autour de vous, chercheriez-vous quelque
-chose ou quelqu&#8217;un<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda Uhr.<br 
-class="newline" />&#8212; Non... Enfin oui... Je me demandais où était passé Firor.<br 
-class="newline" />Il eut un petit sourire tout en détachant son cheval.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, je crois que je l&#8217;ai vu rentrer chez lui, avec un sérieux mal de
-crâne.<br 
-class="newline" />&#8212; Sérieusement<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, je me demande bien ce qui a pu lui arriver sur la piste de danse...
-avec tout ce monde qui bouge, un coup de coude malheureux est si vite
-arrivé.<br 
-class="newline" />Elle éclata de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Haha... Bien vu. Vous êtes vraiment un homme plein de ressources...
-<!--l. 239--><p class="indent" >   Il monta en selle et se mit en route en lui lançant un geste du bras et un
-clin d&#8217;&#339;il.
-<!--l. 241--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 243--><p class="indent" >   Elle fit quelques pas dans la ruelle quasi déserte. Personne n&#8217;avait prêté
-attention à elle dans les cuisines et les couloirs du château. Une tenue de
-servante, c&#8217;était une tenue de femme invisible, c&#8217;était la tenue faite par
-essence pour se faire oublier, ou plutôt la tenue que tout le monde avait
-appris à oublier.
-<!--l. 245--><p class="indent" >   Elle prit quelques grandes inspirations dans la fraîcheur du début de la
-nuit. Maintenant, plus grand chose ne la séparait de Zach... Elle regarda
-quelques instants autour d&#8217;elle afin de se repérer, et s&#8217;engagea dans une
-direction. Elle avait un peu étudié le plan avec Irdann, mais de nuit, c&#8217;était
-plus compliqué.
-<!--l. 247--><p class="indent" >   Soudain, un choc mou la projeta à terre.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh, je suis vraiment confus, je ne vous avais pas vue...<br 
-class="newline" />Assise par terre, sur les pavés déjà humides par la rosée nocturne, elle
-reprenait ses esprit. Face à elle, au sol également, un homme se releva et lui
-tendit la main.<br 
-class="newline" />&#8212; Vraiment, je vous prie de m&#8217;excuser... J&#8217;espère que vous n&#8217;êtes pas
-blessée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, merci, dit-elle en acceptant la main tendue.<br 
-class="newline" />Elle se releva, et rajusta son châle sur la tête, et vérifia que rien dans sa
-sacoche n&#8217;était abîmé par le choc. Heureusement, elle avait connu pire...
-L&#8217;homme était toujours là. Elle le distinguait mal dans l&#8217;obscurité, mais il
-avait l&#8217;air vraiment gêné et désolé.<br 
-class="newline" />&#8212; Puisque vous êtes là, vous pourriez peut-être m&#8217;aider<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je cherche la rue
-des Sabots Fendus.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, je sais où elle est. Il faut prendre cette rue, puis aller à gauche...
-commença-t-il en montrant les directions. Mais attendez, s&#8217;interrompit-il. Je
-me rends moi-même sur la rue du Petit Homme, qui est juste à côté, je
-peux donc vous montrer directement. Acceptez-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il avait vraiment l&#8217;air anxieux de se faire pardonner, et puis, si ça pouvait
-lui éviter de chercher son chemin...<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord.<br 
-class="newline" />Elle se mit à marcher à ses côtés, non sans une certaine méfiance.
-<!--l. 259--><p class="indent" >   En marchant dans les ruelles, la lumière venant de diverses maisons et
-enseignes éclairait son étrange compagnon. Il était plutôt jeune, vêtu d&#8217;une
-tunique gris foncé, à manches longues, et d&#8217;un pantalon noir par dessus des
-bottes de cuir. Il lui adressait de temps en temps un léger sourire, qui ne la
-mettait pas très à l&#8217;aise. Elle se contentait de vérifier autour d&#8217;elle, le
-chemin semblait le bon, mais pouvait-elle en être sûre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pouvait-il être en
-train de l&#8217;égarer dans les rues de la ville<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Était-elle stupide de se méfier
-autant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 261--><p class="noindent" >&#8212; Pardonnez-moi encore une fois, mais que faites-vous seule à cette heure
-dans les rues de la ville<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je rends visite à un oncle de passage, improvisa-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Il loge à l&#8217;auberge du Taureau à une corne<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle sursauta presque.<br 
-class="newline" />&#8212; Euh oui, pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;est la seule de cette rue, alors j&#8217;avais de bonnes chances de deviner...
-<br 
-class="newline" />&#8212; Certes.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous n&#8217;êtes pas d&#8217;ici<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne connais pas bien cette partie de la ville, répondit-elle
-précipitamment.<br 
-class="newline" />Ses questions commençaient à la mettre mal à l&#8217;aise, pourvu qu&#8217;ils arrivent
-vite à destination et qu&#8217;elle soit tranquille...<br 
-class="newline" />&#8212; Ne craignez-vous pas de faire de mauvaises rencontres en vous déplaçant
-seule à cette heure<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils et se retourna vers lui. Il y avait un sourire
-inquiétant sur ses lèvres, et elle regretta soudain de l&#8217;avoir accompagné.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais ne vous inquiétez pas, reprit-il en se rapprochant d&#8217;elle et en
-baissant légèrement le ton, vous ne craignez rien en ma compagnie, dame
-Sélène.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 275--><p class="indent" >   Elle se figea de stupeur, comme si on lui avait asséné un coup de poing
-dans le ventre.<br 
-class="newline" />&#8212; De quoi parlez-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? répondit-elle d&#8217;une voix faible.<br 
-class="newline" />Il sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi, cela ne vous rassure pas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Son hésitation l&#8217;avait de toutes façons déjà trahie. Autant l&#8217;affronter
-franchement... elle se planta face à lui.<br 
-class="newline" />&#8212; À quoi jouez vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Disons que je voulais être sûr, répondit-il avec un clin d&#8217;&#339;il. Mais
-rassurez-vous, votre identité restera entre nous.<br 
-class="newline" />Il fit quelques pas, l&#8217;incitant à le suivre, mais elle ne bougea pas. Constatant
-qu&#8217;elle restait sur place, il s&#8217;arrêta à son tour.
-<!--l. 284--><p class="indent" >   Sélène tremblait, à la fois de rage et de peur, et quelques gouttes de
-sueur froide perlaient sur son front.<br 
-class="newline" />&#8212; Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Comment savez-vous qui je suis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis un ami d&#8217;Irdann.<br 
-class="newline" />&#8212; Hmm... Et d&#8217;Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tout à fait. J&#8217;en déduis donc que vous avez lu son message.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête. Ainsi, c&#8217;était l&#8217;un des fameux « &#x00A0;compagnons&#x00A0; » décrits
-dans le mot.<br 
-class="newline" />&#8212; Cela ne répond pas à ma seconde question, reprit-elle après un court
-silence.<br 
-class="newline" />&#8212; À vrai dire, j&#8217;attendais de voir arriver Irdann. J&#8217;ai été un peu
-surpris de ne pas le voir, et lorsque je t&#8217;ai vue passer, je me suis
-demandé...<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis si reconnaissable<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Pas tant que ça, pour quelqu&#8217;un qui n&#8217;y prête pas attention. Mais on
-voit peu de femmes seules dans les rues, tu avais une allure un peu
-inhabituelle, et tu semblais chercher ton chemin... Je ne m&#8217;y suis pas
-trompé.<br 
-class="newline" />Elle fit une moue. Elle se remettait tout juste de sa surprise, mais n&#8217;était
-toujours pas très rassuré par son interlocuteur.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi avoir joué tout ce jeu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;étais pas tout à fait sûr... Pardon pour cette frayeur.<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Mon nom est Farl. Par ailleurs, ce que j&#8217;ai dit est sincère, et je ne pense
-pas que ce soit une bonne idée de s&#8217;éterniser ici. Prenons un air naturel et
-reprenons notre marche.<br 
-class="newline" />Il lui tendit son bras, et après une hésitation, elle le prit et ils se remirent en
-route. Elle n&#8217;était pas très à l&#8217;aise, mais la proximité leur permettait au
-moins de parler très bas.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment se fait-il que « &#x00A0;tu&#x00A0; » me connaisses si bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Zach m&#8217;a parlé de toi.
-<!--l. 303--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 305--><p class="indent" >   À l&#8217;évocation de ce nom, l&#8217;attitude de Sélène changea brusquement. Il
-aurait peut-être pu prononcer ce mot magique plus tôt...<br 
-class="newline" />&#8212; Comment va-t-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Que lui est-il arrivé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Euh, par où je commence, c&#8217;est un peu compliqué... il a une vilaine
-brûlure causée par un mage.<br 
-class="newline" />Il sentit sa surprise et sa peur dans le contact de son bras. Elle regardait
-droit devant elle, hésitant à répondre.<br 
-class="newline" />&#8212; Sais-tu que tu vis dans un pays où rien que cette phrase peut te valoir un
-autre type de brûlure<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura-t-elle après un silence.<br 
-class="newline" />&#8212; Je suis très bien au courant. C&#8217;est pourquoi nous n&#8217;avons pas crié sur les
-toits les détails de sa blessure.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment va-t-il<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous sommes rentrés hier matin, et cela fait deux jours qu&#8217;il s&#8217;est pris
-ce... coup. Même s&#8217;il ne se plaint pas beaucoup, il souffre et n&#8217;arrive
-à dormir qu&#8217;avec des drogues... Depuis ce matin, il a de la fièvre.
-Par moment, il est conscient, par moment je crois qu&#8217;il délire un
-peu...<br 
-class="newline" />Il sentit une réaction dans le bras qu&#8217;il tenait. Il continua.<br 
-class="newline" />&#8212; ... Je crois qu&#8217;en cet endroit, tu es la seule qui puisse l&#8217;aider.<br 
-class="newline" />Elle se raidit soudaidement.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu sais sur moi, au juste<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-elle en fronçant les
-sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Hm... Trop de choses<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il ne savait pas précisément comment lui dire, mais en la sentant se mettre
-                                                                
-                                                                
-à trembler de rage, il en conclut qu&#8217;elle avait compris.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment le savez-vous<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;est Zach qui m&#8217;a trahie<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;il aille
-crever<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Non, non. Calme-toi. Nous le savions avant de venir.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et... c&#8217;est censé me rassurer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai pas vraiment le temps de tout t&#8217;expliquer... <br 
-class="newline" />C&#8217;était vraiment le moment de surveiller sa réaction. Et de choisir ses mots.
-Il allait devoir lui révéler des choses, mais pas tout...<br 
-class="newline" />&#8212; Uhr est &#8211;en secret bien sûr&#8211; sur une affaire un peu louche, qui implique
-des mages de la capitale et la présence de créatures dangereuses dans la
-forêt de Sossirant...<br 
-class="newline" />Elle ouvrit des yeux ronds.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais... nous avons effectivement rencontré des créatures cauchemardesques
-durant notre traversée...<br 
-class="newline" />&#8212; Précisément. Autant te dire que le concours de Zach nous a été
-précieux... Même si ce concours a été difficile à obtenir. Ce gars-là ne lâche
-pas facilement le morceau, tu peux me croire. <br 
-class="newline" />Elle hocha la tête, et fit une petite moue.<br 
-class="newline" />&#8212; Quelle est cette histoire de mages, alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Tu connais un mage du nom de Mortag<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; De réputation. Des professeurs de l&#8217;université m&#8217;ont déjà parlé de lui.
-Sur quoi travaille-t-il déjà<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Les plantes, ou quelque chose comme
-ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il étudiait les animaux magiques.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi étudiait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il a changé de discipline<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Il est mort. Dans un accident tragique.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Mais... j&#8217;en aurais entendu parler... ça fait longtemps<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Sa réaction semblait sincère. Ou alors elle était très bonne comédienne.
-Mais si les visages savent mentir, les corps ont souvent plus de mal...<br 
-class="newline" />&#8212; C&#8217;était le lendemain de ton départ. Et d&#8217;après celui qui nous envoie, ce
-n&#8217;est pas un accident.<br 
-class="newline" />Elle fronça les sourcils et sembla plongée dans la réflexion quelques instants.
-Puis elle s&#8217;arrêta net, l&#8217;obligeant à stopper à son tour.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous n&#8217;imaginez quand même pas que je pourrais avoir quelque chose à
-                                                                
-                                                                
-voir là-dedans<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; À mon avis, que tu le veuilles ou non, tu es liée d&#8217;une façon ou
-d&#8217;une autre à cette histoire. Rappelle-toi ce qui t&#8217;est arrivé dans
-la forêt. Crois-tu que ce soit sans autre conséquence qu&#8217;un affreux
-souvenir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Soit tu es complice, soit tu risques tôt ou tard de devenir une
-cible.<br 
-class="newline" />Elle frissonna. Puis se remit en route, et tourna son visage vers lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Donc tu m&#8217;accompagnes pour me surveiller de près...<br 
-class="newline" />&#8212; Ou assurer ta sécurité, compléta-t-il à sa place.<br 
-class="newline" />Elle le regarda de haut en bas, comme si elle estimait sa capacité à la
-protéger.<br 
-class="newline" />&#8212; Quel genre de danger peut me menacer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Des araknes<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ou le genre de sort qui a mis Zach dans l&#8217;état où il est actuellement... Et
-crois-moi, ce n&#8217;est pas beau à voir.<br 
-class="newline" />Ils marchèrent en silence pendant quelque temps, puis elle reprit.<br 
-class="newline" />&#8212; Si ça te va, on s&#8217;occupe de lui et on réfléchit après<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Ça me va, répondit-il.
-<!--l. 353--><p class="indent" >   Ils arrivaient en vue de l&#8217;auberge. Finalement, la discussion qu&#8217;il avait
-eue avec Sélène était plutôt instructive. Sa réaction semblait sincère, il est
-possible qu&#8217;elle n&#8217;ait pas été au courant de l&#8217;assassinat de Mortag. Et... elle
-semblait réellement tenir à Zach, ce qui était plutôt bon signe pour la
-santé de ce dernier. Il s&#8217;interrogeait toujours sur ce qu&#8217;il y avait
-entre ces deux-là, mais après tout, tant que ça permettait de sauver
-Zach...
-<!--l. 355--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 357--><p class="indent" >   Ils arrivèrent enfin à l&#8217;auberge du Taureau à une corne. En voyant
-l&#8217;enseigne se découper dans la faible lumière de la rue, elle ne put
-s&#8217;empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement. Il ne s&#8217;était
-pas amusée à la perdre dans la ville. Étrange personnage que ce
-Farl... Elle ne savait pas trop quoi penser de lui, et de cette histoire
-avec Mortag qu&#8217;il lui avait racontée. Était-elle vraie ou totalement
-inventée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et pourquoi dans ce cas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? La faire réagir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;était bizarre quand
-même.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 359--><p class="indent" >   Elle fut presque soulagée de pénétrer dans l&#8217;animation et le bruit de la
-taverne. Malgré l&#8217;heure tardive, de nombreuses personnes étaient présentes,
-terminant leur repas ou buvant un verre joyeusement. Farl ne perdit pas de
-temps, et lui fit traverser la salle rapidement.<br 
-class="newline" />&#8212; Le fameux Uhr n&#8217;est pas là ce soir, il avait une course urgente. Je
-t&#8217;amène directement auprès de Zach, il est dans une des chambres
-là-haut...
-<!--l. 362--><p class="indent" >   L&#8217;escalier, en bois grinçant et raide, menait sur un couloir étroit au
-premier étage, sur lequel on pouvait voir cinq ou six portes en bois
-massif. Farl, la précédent, se dirigea vers la troisième et ouvrit la
-porte.
-<!--l. 364--><p class="indent" >   La chambre était une petite pièce rectangulaire, munie d&#8217;une armoire
-miteuse, d&#8217;une petite vasque et d&#8217;un miroir dont le tain était rouillé, le tout
-posé sur une commode, et de deux petits lits parallèles au couloir, la tête
-au niveau du mur de droite. En face, une minuscule fenêtre qui ne
-devait pas donner beaucoup de lumière même en plein jour. Sur l&#8217;une
-des tables de chevet était posée une lampe, qui éclairait assez la
-pièce pour qu&#8217;elle puisse voir une silhouette familière étendue sur le
-lit.
-<!--l. 366--><p class="noindent" >&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />La silhouette se redressa péniblement sur son coude, et tenta de tourner la
-tête vers elle avec difficultés. Elle aperçut l&#8217;horrible blessure laissée à l&#8217;air
-libre, et se précipita vers lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que... Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura-t-il faiblement.<br 
-class="newline" />Elle toucha son visage, qui était brûlant. Elle s&#8217;assit sur le lit, et
-se tourna vers Farl, qui entretemps avait fermé la porte derrière
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Explique-moi.<br 
-class="newline" />&#8212; Un sort qui ressemble à un fouet brûlant, très long. D&#8217;ailleurs,
-Uhr a paré un de ses coups avec sa lame, et regarde ce que ça a
-donné.<br 
-class="newline" />Il dégaina l&#8217;épée du soldat, posée contre l&#8217;armoire, à côté de celle
-de Zach. À mi-hauteur, la lame portait des encoches profondes et
-arrondies, comme si le métal avait purement et simplement fondu.
-                                                                
-                                                                
-<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne savais pas qu&#8217;on pouvait faire une chose pareille, murmura-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; De faire des marques pareilles sur une épée<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Non. Enfin si, mais surtout d&#8217;être capable de manier une épée aussi
-grande et lourde.<br 
-class="newline" />&#8212; Ne sous-estime pas Uhr, répondit-il en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Quand au sort, pour répondre à ton autre question, je n&#8217;en connais pas
-un qui soit tel que tu le décris, mais je ne suis pas spécialiste... Dans
-tous les cas, il en existe qui auraient fait se vaporiser la lame en
-une seconde, alors il a quand même eu de la chance... Il avait son
-armure<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, et regarde dans quel état elle se trouve.<br 
-class="newline" />Farl sortit alors ce qui restait de l&#8217;armure de Zach. Le cuir avait totalement
-brûlé en forme de courbe, exactement la même qu&#8217;il y avait sur son dos. Elle
-frissonna, puis posa sa main sur celle du blessé, qui s&#8217;était rallongé mais qui
-avait néanmoins réussi à tourner la tête vers elle, et ne la quittait pas des
-yeux. Elle le regarda pendant quelques secondes, puis se leva et accompagna
-Farl jusqu&#8217;à la porte.
-<!--l. 382--><p class="noindent" >&#8212; Pour l&#8217;aider, je vais devoir utiliser... les grands moyens, lui
-murmura-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux le soigner<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il y avait de l&#8217;anxiété, de l&#8217;inquiétude dans son regard. Il semblait plus
-naturel, plus sincère que durant tout le trajet jusqu&#8217;ici. Peut-être qu&#8217;il
-tenait à Zach, après tout... Elle hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui. Est-ce que tu peux... me laisser seule avec lui pendant un petit
-moment<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle ne put s&#8217;empêcher de rougir légèrement, et se demanda s&#8217;il l&#8217;avait
-remarqué. Farl hésita, puis regarda alternativement Zach, elle, la porte et le
-couloir, puis la fenêtre exigue.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;accord. Mais promets-moi de prendre soin de lui...<br 
-class="newline" />&#8212; Je te le promets, lui répondit-elle avec un sourire.
-<!--l. 390--><p class="indent" >   Il recula, et sortit de la pièce. Juste avant qu&#8217;elle ne ferme la porte et le
-verrou, il sembla se raviser et, bloquant la porte de son pied, il se pencha
-vers elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne suis pas parfaitement sûr de tes intentions, Sélène. Alors je préfère
-te prévenir d&#8217;une chose. S&#8217;il lui arrivait quoi que ce soit de mal...
-<br 
-class="newline" />Elle entendit distinctement un léger bruit métallique venant de la main du
-jeune homme. Cette main, qui était vide il y a quelques instants, tenait
-désormais une lame, aussi noire qu&#8217;acérée, pointée dans sa direction. Mais
-cette même main tremblait. Passé la seconde de peur, elle trouva ce geste
-presque touchant. Il tenait donc réellement à son ami... Elle posa doucement
-la main sur le poing, évitant soigneusement le fil de la dague, écartant
-lentement la lame tranchante de sa direction.<br 
-class="newline" />&#8212; Fais-moi au moins confiance là-dessus, Farl. Je lui veux tout sauf du
-mal.
-<!--l. 395--><p class="indent" >   Il recula, en tremblant toujours légèrement, et la laissa fermer et
-verrouiller la porte.
-<!--l. 397--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Sam</span>
-<!--l. 399--><p class="indent" >   Il se faisait tard. Elle avait passé un long moment, dans sa petite
-chambre, à faire le point sur les derniers événements. Uhr s&#8217;apprêtait à
-envoyer son rapport détaillé au capitaine, mais évidemment le message
-mettrait quatre ou cinq jours à lui parvenir... Autant le préparer
-correctement. De toutes façons, ils allaient commencer à manquer
-de liquidités s&#8217;ils voulaient continuer leurs investigations dans la
-région.
-<!--l. 401--><p class="indent" >   Elle soupira. Toujours pas de nouvelles d&#8217;Uhr, ni d&#8217;Irdann, ni de Farl.
-Elle s&#8217;étira et se leva, un petit verre et quelque chose à manger lui feraient
-du bien. En sortant de la chambre, elle aperçut le jeune ménestrel, assis par
-terre, la tête posée sur ses genoux pliés, immobile. Il était adossé à la
-chambre de Zach...
-<!--l. 403--><p class="noindent" >&#8212; Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu dors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Qu&#8217;est-ce qui se passe<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se réveilla en sursaut.<br 
-class="newline" />&#8212; Hein<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? C&#8217;est toi Sam<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ah oui... J&#8217;étais un peu fatigué...<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu fais là<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Je croyais que tu attendais Irdann... Tu ne l&#8217;as
-pas trouvé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? insista-t-elle.<br 
-class="newline" />Il se leva en bâillant.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai trouvé mieux, dit-il en pointant la porte derrière lui, Sélène.<br 
-class="newline" />&#8212; Hm... Je veux bien des explications, demanda Sam en croisant les
-bras.<br 
-class="newline" />Il lui raconta alors sa rencontre avec la jeune femme.<br 
-class="newline" />&#8212; Attends, tu es en train de me dire que tu l&#8217;as laissée seule avec
-Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui.<br 
-class="newline" />&#8212; Mais tu pouvais rester avec elle, histoire d&#8217;être sûr... pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Parce qu&#8217;elle me l&#8217;a demandé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Furieuse, elle se précipita vers la porte, qui était fermée à clé. Avec le bruit
-venant du rez-de-chaussée, on ne pouvait rien entendre de ce qui se passait
-dans la chambre.<br 
-class="newline" />&#8212; Et tu as accepté<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Mais tu es fou<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On ne sait toujours pas ce qu&#8217;elle veut<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-Et si elle le tuait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Et qu&#8217;est-ce qu&#8217;elle ferait ensuite<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Cette porte est l&#8217;unique issue, la
-fenêtre est bien trop étroite pour qu&#8217;elle passe par là, même mince comme
-elle est.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu serais prêt à sacrifier Zach pour vérifier qu&#8217;elle est coupable<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il soupira, et continua, aussi calmement qu&#8217;elle s&#8217;énervait.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;ai un peu discuté avec elle jusqu&#8217;ici. Elle eu une réaction plutôt
-sincère. Je ne suis pas tout à fait sûr de son innocence, mais je pense qu&#8217;elle
-ne veut pas de mal à Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Et si elle joue juste très très bien le jeu<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Dans ces cas-là, elle jouera le jeu pour le soigner aussi, non<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 425--><p class="indent" >   Elle se mit à faire les cent pas dans le couloir, retenant difficilement sa
-fureur. Les arguments de Farl étaient plutôt logiques et rationnels, ce qui
-était d&#8217;autant plus énervant... Mais...<br 
-class="newline" />&#8212; Pfff... ou alors elle t&#8217;a fait tourner la tête à toi aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il éclata de rire, ce qui n&#8217;aida pas la calmer.
-<!--l. 429--><p class="indent" >   C&#8217;est à cet instant que le bruit d&#8217;un verrou se fit entendre et que la porte
-s&#8217;ouvrit sur une jeune femme vêtue d&#8217;une robe modeste, tenant un châle à
-la main.<br 
-class="newline" />&#8212; Alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Farl avant même qu&#8217;elle n&#8217;ait le temps de dire quoi que
-ce soit.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Il va bien.<br 
-class="newline" />Elle s&#8217;effaça pour les laisser entrer tous les deux, et fronça les sourcils
-lorsque son regard croisa celui de Sam.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah, j&#8217;oubliais, intervint Farl. Sam, voici Sélène. Sélène, Sam, la
-femme d&#8217;Uhr. Je ne sais pas si je t&#8217;avais précisé qu&#8217;il n&#8217;était pas là ce
-soir...<br 
-class="newline" />Sélène hocha la tête et les laissa contourner le premier lit pour aller au
-chevet de Zach.
-<!--l. 437--><p class="indent" >   Il semblait dormir profondément, allongé sur le dos, le visage détendu.
-Son souffle était profond et régulier. Elle passa la main sur son front, qui
-semblait normal. Et s&#8217;il dormait sur le dos, c&#8217;est qu&#8217;il n&#8217;avait plus trop mal...
-Mais pouvait-elle en être sûre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Zach<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-elle.<br 
-class="newline" />Il ne répondit pas.<br 
-class="newline" />&#8212; Il est épuisé, c&#8217;est tout. Il faut le laisser dormir, expliqua Sélène.<br 
-class="newline" />Sam ne répondit pas et poussa le jeune homme sur le côté, non sans
-quelques efforts. Zach grogna légèrement, puis se retourna, sans
-même se réveiller. La couverture laissait entrevoir son dos, intact.
-Elle laissa échapper un soupir de soulagement, tandis que Sélène
-lui jetait un regard qui semblait dire « &#x00A0;je te l&#8217;avais dit&#x00A0; », mais
-ne fit aucun commentaire. Même Farl avait pris une expression de
-soulagement.
-<!--l. 443--><p class="noindent" >&#8212; Je devrais peut-être rentrer, dit Sélène après un silence. Irdann doit se
-faire un sang d&#8217;encre et il ne faudrait pas qu&#8217;on s&#8217;aperçoive de mon
-absence... Vous avez encore besoin de moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle échangea un regard avec Farl et secoua la tête.
-<!--l. 446--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 448--><p class="indent" >   Il descendit avec Sélène le petit escalier, puis traversa la salle à manger
-de l&#8217;auberge rapidement. Ils allaient atteindre la porte d&#8217;entrée, lorsqu&#8217;une
-voix familière retentit dans son dos.<br 
-class="newline" />&#8212; Oh mais c&#8217;est Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Où tu vas comme ça<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Il se retourna, en essayant d&#8217;avoir l&#8217;air le plus naturel possible. C&#8217;était
-                                                                
-                                                                
-la haute stature de Ragan, qui s&#8217;avançait vers lui avec un grand
-sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Bonsoir, Ragan. Je resterais bien prendre un verre, mais je dois
-ramener cette jeune femme chez elle... commença-t-il en désignant
-Sélène.<br 
-class="newline" />Le guide s&#8217;approcha d&#8217;eux, et en baissant légèrement le ton et un peu plus
-sérieusement, insista en le retenant par le bras.<br 
-class="newline" />&#8212; Avant que tu ne partes... Tu sais, j&#8217;ai entendu les rumeurs... C&#8217;est vrai
-que Zach est blessé<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Le serveur me dit qu&#8217;il vous a vus revenir avec lui et
-qu&#8217;il n&#8217;avait pas l&#8217;air bien...<br 
-class="newline" />Il regarda Sélène, qui semblait prendre pitié du pauvre guide inquiet,
-même si celui-ci faisait au moins deux fois sa taille et deux fois sa
-largeur.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça va, dit-elle doucement en posant sa main sur son bras, et en prenant
-un ton rassurant. Il va s&#8217;en remettre, ce n&#8217;est pas grave.<br 
-class="newline" />L&#8217;homme dévisagea un moment la jeune femme, puis sembla arriver à une
-conclusion. Il jeta un regard complice à Farl et reprit en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah ah, je vois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Avec un « &#x00A0;médecin&#x00A0; » pareil, Zach sera vite sur pied,
-c&#8217;est sûr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Il leur fit un gros clin d&#8217;&#339;il et gratifia Farl d&#8217;un coup de coude tel qu&#8217;il lui
-coupa le souffle quelques secondes.
-<!--l. 460--><p class="indent" >   Sélène regardait ailleurs en rougissant légèrement, mais comme elle le
-faisait en se tournant vers lui, il put constater qu&#8217;elle se mordait les
-lèvres pour ne pas rire. Ragan était à la fois si proche et si loin de la
-vérité...<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;ailleurs, reprit Farl à voix basse, ce serait justement une bonne idée
-si tu pouvais ne pas parler de la présence de la petite dame ici...
-Surtout de sa présence auprès de Zach. Si tu vois ce que je veux
-dire...<br 
-class="newline" />Après tout, rebondir sur l&#8217;idée même de Ragan n&#8217;était pas une si mauvaise
-piste... Il sembla comprendre ce qu&#8217;on attendait de lui, et reprit, sans quitter
-son sourire, mais à voix basse comme lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas de problèmes. Les secrets de mes amis sont les miens. Raccompagne-la
-bien, et avec discrétion.
-<!--l. 465--><p class="indent" >   Il sortit rapidement, en tenant Sélène par le bras qui se retenait
-                                                                
-                                                                
-difficilement son rire.
-<!--l. 467--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 469--><p class="indent" >   Il faisait les cent pas dans sa petite chambre, de plus en plus inquiet.
-Cela faisait un bon moment que Sélène était partie. Il n&#8217;avait pas
-d&#8217;horloge et pouvait difficilement estimer combien de temps exactement,
-mais à voir comment la bougie descendait, cela faisait plus d&#8217;une
-heure...
-<!--l. 471--><p class="indent" >   Au début, il avait enfilé une chemise de nuit ample et s&#8217;était apprêté à
-se coucher. Autant prendre un peu de repos en l&#8217;attendant. Mais il avait été
-bien sûr incapable de dormir. Elle avait probablement réussi à sortir,
-car si on l&#8217;avait reconnue avant qu&#8217;elle ne soit dehors, il en aurait
-entendu des échos. Mais trouverait-elle l&#8217;auberge<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Trouverait-elle Uhr<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-D&#8217;accord, les rues étaient plutôt sûres, mais il pouvait quand même lui
-arriver quelque chose en chemin... Et si elle tombait dans un piège qui
-lui était destiné<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Et même si tout ça se passait bien, pour rentrer,
-que ferait-elle si le garde ne la laissait pas passer<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Ou pire, s&#8217;il la
-reconnaissait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 473--><p class="indent" >   Son regard se porta sur son épée et sa ceinture. C&#8217;est décidé, s&#8217;il n&#8217;avait
-pas de nouvelles d&#8217;ici pas trop longtemps, il se rhabillait et sortait
-à sa rencontre, tant pis pour la discrétion. Sa sécurité importait
-plus...
-<!--l. 475--><p class="indent" >   Il sursauta lorsqu&#8217;il entendit à la porte de la chambre trois coups
-timides, suivies d&#8217;une seconde de silence et de deux autres coups. Le signal
-qu&#8217;ils avaient convenu... Il se précipita pour lui ouvrir, et eut l&#8217;impression de
-respirer pour la première fois depuis des heures lorsqu&#8217;elle se glissa à
-l&#8217;intérieur.<br 
-class="newline" />&#8212; La déesse soit louée, tu vas bien<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! murmura-t-il en prenant ses mains
-glacées dans les siennes.<br 
-class="newline" />Elle lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, je suis là, et je vais bien. Et je suis contente d&#8217;être rentrée dans
-soucis...<br 
-class="newline" />&#8212; Alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Zach va bien aussi. Plus précisément, il va mieux.<br 
-class="newline" />Il laissa échapper un second soupir de soulagement.
-<!--l. 483--><p class="indent" >   Alors qu&#8217;elle se changeait et remettait sa robe de châtelaine, elle lui
-raconta son expédition, sa rencontre avec Farl, puis la blessure de Zach, que
-seule sa magie avait pu soigner, et enfin les quelques éléments étranges que
-lui avaient donnés Farl.<br 
-class="newline" />&#8212; Et pour rentrer, tu n&#8217;as pas eu d&#8217;ennuis<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-il le dos
-tourné.<br 
-class="newline" />&#8212; Le trajet n&#8217;a pas posé de problèmes, mais je me suis retrouvée très
-embêtée devant la porte verrouillée... Je n&#8217;avais pas pensée que, passée une
-certaine heure, ils la fermaient.<br 
-class="newline" />&#8212; Aïe... Comment as-tu fait<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Tu as trouvé un autre accès<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Apparemment, une serrure n&#8217;est pas un obstacle suffisant pour ton ami
-Farl. En quelques minutes il l&#8217;avait ouverte... et a refermé derrière
-moi.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;aurais dû m&#8217;en douter.
-<!--l. 490--><p class="indent" >   Elle lui tapa légèrement sur l&#8217;épaule pour lui signaler qu&#8217;elle était
-prête.<br 
-class="newline" />&#8212; Je vais aller dormir, tout ça m&#8217;a épuisée. On pourra toujours discuter
-demain des autres choses étranges que m&#8217;a racontées Farl... Sérieusement, il
-fait quoi dans la vie, ce gars<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Oh<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Il est jongleur, répondit-il en souriant.<br 
-class="newline" />Il ne put s&#8217;empêcher de rire en voyant son air stupéfait et incrédule.<br 
-class="newline" />&#8212; Allez, je t&#8217;expliquerai demain, moi aussi je suis épuisé.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu peux parler, tu es resté tout ce temps bien au chaud dans ta chambre<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!
-répliqua-t-elle.<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, à me mordre les doigts jusqu&#8217;au sang de ne rien pouvoir faire...
-j&#8217;aurais préféré un million de fois y aller avec toi, qu&#8217;est-ce que tu
-crois<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Tu marques un point, admit-elle avec un sourire. Allez, bonne
-nuit Irdann. Et merci pour tout, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la
-porte.
-<!--l. 499--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 501--><p class="indent" >   Il était près de midi lorsqu&#8217;il poussa du pied la porte de la petite
-                                                                
-                                                                
-chambre d&#8217;auberge qu&#8217;il partageait avec Zach. Lorsqu&#8217;il s&#8217;était levé ce
-matin, le jeune homme dormait encore profondément...
-<!--l. 503--><p class="indent" >   Zach était réveillé, vraisemblablement depuis peu. Il avait enfilé un
-pantalon, et faisait quelques torsions pour tenter d&#8217;observer son dos dans le
-vieux miroir terni de la petite pièce.<br 
-class="newline" />&#8212; Te voilà sur pied<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Ça fait plaisir, lui dit-il en souriant.<br 
-class="newline" />&#8212; Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! Il faudra que tu me racontes tout ce qui s&#8217;est passé, je crois que j&#8217;ai
-raté un ou deux épisodes.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête et lui tendit l&#8217;assiette et le petit pichet de vin qu&#8217;il avaient
-montés.<br 
-class="newline" />&#8212; Pas de soucis. Mais d&#8217;abord, à table<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />Les yeux du jeune homme s&#8217;allumèrent en voyant l&#8217;assiette, contenant un
-mélange de légumes dans lequel flottait un morceau de lard fumé, ainsi
-qu&#8217;une grosse tranche de pain. Zach s&#8217;assit sur le lit et dévora son repas
-comme s&#8217;il n&#8217;avait rien mangé depuis plusieurs jours, ce qui n&#8217;était pas loin
-d&#8217;être le cas.
-<!--l. 510--><p class="indent" >   Après avoir fini jusqu&#8217;à la dernière miette et bu la dernière goutte du
-vin, il posa le tout sur le lit d&#8217;à côté avec un air satisfait.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça fait du bien de revivre.<br 
-class="newline" />&#8212; Comment tu te sens<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il.<br 
-class="newline" />&#8212; L&#8217;impression d&#8217;avoir fait un cauchemar... et de m&#8217;être réveillé dans les
-bras d&#8217;un beau rêve.<br 
-class="newline" />Farl lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; En tous cas ton dos a l&#8217;air comme neuf... quoique<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? On dirait
-qu&#8217;il te reste une fine cicatrice, là, reprit-il en montrant du doigt
-une fine ligne un peu pâle qui dessinait une courbe dans le dos de
-Zach.<br 
-class="newline" />&#8212; Peut-être. Mais je n&#8217;ai plus rien à part ça, c&#8217;est vraiment miraculeux,
-dit-il en se levant en en effectuant quelques mouvements. Alors, cette
-histoire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Farl lui raconta alors la fin de leur périple, le mot envoyé à Irdann et la
-venue de Sélène.
-<!--l. 519--><p class="noindent" >&#8212; Qu&#8217;est-ce que tu comptes faire maintenant<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda Farl après un
-silence.<br 
-class="newline" />Zach s&#8217;interrompit en plein étirement, comme s&#8217;il n&#8217;attendait pas du tout
-cette question.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas, j&#8217;avoue... Ça me fait un drôle d&#8217;effet de reprendre
-le boulot habituel après une telle aventure. Mais il faudra bien...
-Pourquoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Hé bien, d&#8217;abord parce que tu es arrivé ici en sale état, et que certaines
-personnes te connaissent. Ils vont trouver ça étrange que tu sautes
-comme un cabri dès aujourd&#8217;hui, même si nous avons minimisé ta
-blessure.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;avais pas pensé à ça en effet, répondit-il. Je peux faire semblant
-d&#8217;être un peu mal en point, et de toutes façons quelques jours de repos me
-feraient du bien. J&#8217;ai encore un peu de mal à réaliser tout ce qui nous est
-arrivé.<br 
-class="newline" />&#8212; Ensuite, continua Farl, parce qu&#8217;il est probable que ceux qui ont causé ta
-blessure en veuillent encore à ta peau.<br 
-class="newline" />Il vit le jeune homme frissonner malgré la température douce de la
-pièce.<br 
-class="newline" />&#8212; Aucun d&#8217;entre nous ne s&#8217;attendait à cela, reprit-il en voyant que
-Zach restait silencieux, et toute cette affaire nous dépasse. Nous
-n&#8217;étions pas préparés à cela, même si j&#8217;ai bien du mal à voir qui
-aurait pu l&#8217;être... Toujours est-il que ces gens ont vu ton visage et
-celui d&#8217;Uhr, peut-être même les nôtres, et que je doute qu&#8217;ils nous
-laissent en paix. Je ne sais pas combien de temps il leur faudra pour
-nous retrouver, mais si tu connais un endroit où disparaître pour un
-moment...<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Je peux peut-être aller voir de la famille... J&#8217;ai des cousins dans la
-seigneurie voisine, qui s&#8217;occupent d&#8217;une ferme, perdue au milieu de la
-campagne. Je pense qu&#8217;ils m&#8217;accueilleraient sans soucis, et je pourrais
-m&#8217;occuper en plus...<br 
-class="newline" />&#8212; Par exemple.<br 
-class="newline" />&#8212; Et vous, demanda-t-il, qu&#8217;allez vous faire<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Quoique ça ne me regarde
-peut-être pas mais...<br 
-class="newline" />Il lui sourit.<br 
-class="newline" />&#8212; Nous avons pas mal discuté avec Uhr et Sam. Nous pensions à la base
-                                                                
-                                                                
-revenir à la capitale, mais finalement, nous allons nous rendre au duché De
-Vane.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? s&#8217;étonna-t-il. Tu veux aller voir une certaine elfe là-bas<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? reprit-il
-avec un sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Qui ça, moi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-il avec un air qu&#8217;il espérait en partie innocent.
-Plus sérieusement, nous sommes toujours en contact avec le capitaine qui
-emploie Uhr. Sam lui a raconté via un enchantement notre aventure,
-c&#8217;est un peu compliqué à détailler, et sa réponse n&#8217;est pas encore
-claire, mais il préfèrerait qu&#8217;on reste dans la région au cas où. Il nous
-enverra éventuellement des instructions et de l&#8217;or s&#8217;il a besoin de
-nous, mais en attendant, nous sommes en congé. Alors tant qu&#8217;à
-faire...<br 
-class="newline" />&#8212; Je vois. Mais vous ne seriez pas en danger vous aussi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Bien sûr, mais pas autant que si nous décidions de retraverser la
-forêt... Je ne suis pas à la place de nos poursuivants, mais le chemin
-qui mène à la capitale me paraît peu sûr pour nous. Alors qu&#8217;il y
-en a de nombreux qui mènent au duché De Vane, et pas mal de
-détournés.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous n&#8217;avez plus d&#8217;argent<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Pourtant vous m&#8217;avez bien payé...<br 
-class="newline" />&#8212; Ne t&#8217;inquiète pas. Nous avons de quoi nous débrouiller pendant quelque
-temps, et puis il fallait bien te payer une nouvelle chemise, c&#8217;était un
-minimum...
-<!--l. 540--><p class="indent" >   Il sortit alors en souriant une tunique de lin neuve, de couleur vert
-foncé.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;après Sam, c&#8217;est un coup de chance. Le tailleur d&#8217;habit avait une
-commande annulée, alors il lui a fait un prix, et en plus on a pu l&#8217;avoir
-suffisamment tôt.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;après Sam<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-il en haussant un sourcil tout en enfilant le
-vêtement.<br 
-class="newline" />Il haussa les épaules en souriant toujours.<br 
-class="newline" />&#8212; Je ne sais pas ce qu&#8217;elle a magouillé avec lui, mais quand elle
-veut quelque chose, elle est d&#8217;une efficacité presque inquiétante.
-Disons juste que je pense que je n&#8217;aurais pas voulu être à la place du
-tailleur.
-<!--l. 546--><p class="indent" >   La chemise lui allait à merveille. Il se leva pour prendre ses affaires, et
-                                                                
-                                                                
-son regard tomba sur ce qui restait de son armure de cuir.<br 
-class="newline" />&#8212; Par contre nous n&#8217;avons pas eu le temps, ni l&#8217;argent, de faire réparer
-cette armure... J&#8217;en suis désolé.<br 
-class="newline" />Il passa sa main sur le dos, carbonisé en forme de courbe presque
-artistique, et frissonna. Puis il se remit à sourire en regroupant ses
-affaires.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, après tout ce qui m&#8217;est arrivé, je suis en vie, en bonne santé et vous
-m&#8217;avez assez largement payé. Je ne vais pas me plaindre. Et puis je connais
-des bourreliers sympas et discrets...<br 
-class="newline" />&#8212; Tant que tu es prudent.<br 
-class="newline" />&#8212; Vous allez vous mettre en route alors<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Zach en attachant sa
-ceinture à sa taille.<br 
-class="newline" />&#8212; D&#8217;ici la fin de l&#8217;après-midi, oui. Si jamais tu veux venir avec nous, c&#8217;est
-encore possible...
-<!--l. 554--><p class="indent" >   Le jeune homme sembla hésiter, puis haussa les épaules.<br 
-class="newline" />&#8212; Bah, autant que j&#8217;aille de mon côté. Mais si je vous cherche, je saurai où
-vous trouver, et si jamais vous avez besoin de moi, demandez la ferme des
-Sept béliers, dans la seigneurie de Tournelle.<br 
-class="newline" />&#8212; J&#8217;y penserai, si je dois affronter des rats géants morts-vivants à
-tentacules. C&#8217;est toujours plus sympa à deux, répondit Farl en souriant. Ah,
-un dernier détail, avant que tu ne descendes... ton ami Ragan s&#8217;inquiétait
-pour toi hier.<br 
-class="newline" />&#8212; Ah<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Disons qu&#8217;il m&#8217;a vu avec Sélène...<br 
-class="newline" />&#8212; Aïe, murmura-t-il en se mordant les lèvres. Il l&#8217;a reconnue<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Non, non pas du tout. Mais disons que je lui ai fait croire... ou plutôt je
-l&#8217;ai laissé se convaincre tout seul que la jeune femme qui m&#8217;accompagnait
-était ta maîtresse.<br 
-class="newline" />Il haussa les sourcils.<br 
-class="newline" />&#8212; Ne t&#8217;inquiète pas, il ne connaît même pas son nom. Mais le laisser croire
-qu&#8217;elle trompait un mari imaginaire était le meilleur moyen pour qu&#8217;il se
-taise à son sujet, si tu vois ce que je veux dire...<br 
-class="newline" />&#8212; Je vois, dit-il en revérifiant attentivement le contenu de sa sacoche.<br 
-class="newline" />Farl aurait juré qu&#8217;il était en train de sourire.<br 
-class="newline" />&#8212; Autant que tu sois au courant s&#8217;il te pose la question.
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 567--><p class="indent" >   Zach hocha la tête et quitta la pièce en lui adressant un signe amical de
-la main. <br 
-class="newline" />&#8212; Ah, et je te rappelle que tu me dois un pot, pour notre escalade de
-l&#8217;autre jour<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>! lui lança-t-il alors qu&#8217;il passait la porte.<br 
-class="newline" />Il lui fit un clin d&#8217;&#339;il avant de disparaître.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;oublie pas. Et je prendrais bien ma revanche à l&#8217;occasion, ajouta-t-il
-avec un air malicieux.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers12x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 3--><p class="nopar" >
-<!--l. 5--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">S</span><span 
-class="ecti-1095">él</span><span 
-class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 7--><p class="indent" >   La route était belle, il faisait un temps magnifique, et le carosse avançait
-bien. Si tout se passait bien, lui avait dit le garde qui tenait les rênes, ils
-seraient au château du duc De Vane avant le lendemain soir. Jusqu&#8217;à il n&#8217;y a
-pas longtemps, elle aurait peut-être refusé d&#8217;aller à ce fameux tournoi. Elle
-n&#8217;appréciait pas plus que cela les fêtes un peu trop formelles qui lui
-rappelaient trop son adolescence, où ses parents &#8211;et tout son entourage&#8211;
-attendaient d&#8217;elle qu&#8217;elle noue des amitiés, et plus, avec les jeunes seigneurs
-voisins.
-<!--l. 9--><p class="indent" >   La situation était quelque peu différente maintenant. Il faudrait toujours
-qu&#8217;elle joue un peu la comédie, mais étant officiellement mariée à la
-capitale, elle n&#8217;était plus un enjeu important dans l&#8217;échiquier complexe des
-petites alliances de la noblesse. Et puis elle y verrait des amis. Il y avait
-Aldariel et Silwë, même si officiellement elle connaissait pas encore les deux
-elfes. Et il y avait Irdann, qui l&#8217;accompagnait sur le trajet, avec qui elle
-pouvait discuter librement... Enfin presque.
-<!--l. 11--><p class="indent" >   Leur escorte était composée de cinq gardes dont trois à cheval autour de
-son carosse, et deux perchés sur le toit. Il y avait aussi Irdann, évidemment.
-Elle aurait voulu partir avec le moins de serviteurs possibles, et une seule
-femme de chambre l&#8217;accompagnait, assise sur le siège en face d&#8217;elle. Celle-ci
-                                                                
-                                                                
-passait une partie du trajet à discuter poliment avec sa maîtresse, l&#8217;autre à
-effectuer divers travaux de couture &#8211;et ce, malgré les cahots de la
-route.
-<!--l. 13--><p class="indent" >   Elle souleva le fin rideau qui fermait la fenêtre du carosse, et appela
-Irdann, qui accourut aussitôt à la hauteur du carosse.<br 
-class="newline" />&#8212; Que puis-je pour le service de dame Sélène<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle pouffa de rire.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu crois que tu peux m&#8217;apprendre à monter à cheval<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda-t-elle
-après avoir repris son sérieux.<br 
-class="newline" />Il prit un air surpris.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu n&#8217;as pas appris<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Quand j&#8217;étais jeune, très peu, et à la capitale je n&#8217;ai pas tellement eu
-l&#8217;occasion... Et là, je m&#8217;ennuie sérieusement et j&#8217;ai envie de bouger un
-peu.<br 
-class="newline" />&#8212; Pourquoi pas alors.<br 
-class="newline" />Irdann fit signe au cocher de s&#8217;arrêter quelques instants.
-<!--l. 23--><p class="noindent" ><span 
-class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 25--><p class="indent" >   Il mit pied à terre, et fit monter Sélène à sa place sur la selle. Après
-avoir réglé les étriers pour qu&#8217;elle puisse au moins caler sa jambe gauche &#8211;il
-était impensable qu&#8217;elle ne monte pas en amazone&#8211;, il lui mit les rênes dans
-les mains, et guidant sa fidèle jument, l&#8217;emmena d&#8217;abord au pas. Le reste du
-convoi se remit en route à son allure<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>; après tout, ils n&#8217;étaient pas si pressés
-que cela.
-<!--l. 27--><p class="noindent" >&#8212; Essaie d&#8217;être moins crispée sur les rênes, Kahrafe est douce mais
-n&#8217;apprécie pas qu&#8217;on lui tire sur la bouche... pose tes mains sur l&#8217;encolure,
-comme ça.<br 
-class="newline" />Appliquant avec soin ses conseils, elle prenait rapidement de l&#8217;assurance. À
-un moment où son escorte était suffisamment loin d&#8217;eux, elle se pencha vers
-lui.<br 
-class="newline" />&#8212; Je voulais en profiter pour te parler... de tout ce que que j&#8217;ai entendu hier
-soir.<br 
-class="newline" />Il hocha la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Ça me trottait dans la tête à moi aussi, avoua-t-il. Je ne pense pas que
-                                                                
-                                                                
-Farl ait eu un quelconque intérêt à te mentir là-dessus...<br 
-class="newline" />&#8212; Farl<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? Lorsqu&#8217;on marchait dans la ville, il était en train de jouer à me
-tester, il aurait pu me raconter n&#8217;importe quoi juste pour me faire
-réagir<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>!<br 
-class="newline" />&#8212; Oui, mais après, je pense qu&#8217;il aurait démenti en partie. Donc
-cette histoire de mage, décédé dans un accident qui n&#8217;en est pas
-un...<br 
-class="newline" />&#8212; Mortag, précisa Sélène. Il étudiait les animaux magiques. Et il y a
-quelque chose que je ne t&#8217;ai pas dit sur notre séjour en forêt, qui pourrait
-avoir un lien avec cette histoire...
-<!--l. 36--><p class="indent" >   Elle lui raconta alors l&#8217;épisode des araknes, qui avait mené à leur
-rencontre avec les elfes.<br 
-class="newline" />&#8212; Hé mais c&#8217;est évident, s&#8217;exclama-t-il. Ou presque. Ce type était d&#8217;une
-façon ou d&#8217;une autre au courant pour ces créatures, et on a voulu le faire
-taire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ou encore, proposa Sélène, il y est pour quelque chose dans leur
-réapparition. Normalement, elles ne sont plus censées exister... Mais on en
-revient au fait qu&#8217;on a voulu le faire taire.<br 
-class="newline" />&#8212; Ce qui est inquiétant, c&#8217;est qu&#8217;il y a d&#8217;autres mages derrière tout ça,
-notamment ceux qui ont blessé Zach. Combien sont-ils<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />&#8212; Difficile à dire... Il ne t&#8217;a pas donné plus de détails<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?<br 
-class="newline" />Elle secoua la tête.<br 
-class="newline" />&#8212; Je n&#8217;ai pas pensé à lui en demander, j&#8217;étais plutôt concentrée sur la
-santé de Zach...<br 
-class="newline" />&#8212; Je comprends, dit-il en souriant. Enfin, je suppose que nous ne sommes
-pas trop directement visés par tout cela. Je m&#8217;inquiète juste pour nos
-amis...
-<!--l. 45--><p class="indent" >   Ils marchèrent quelque instants en silence.<br 
-class="newline" />&#8212; On peut trotter, en amazone<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? demanda Sélène <br 
-class="newline" />&#8212; Il suffit d&#8217;essayer, répondit-il, ravi de ce changement de sujet.<br 
-class="newline" />Il claqua de la langue, et se mit à courir à côté de Kahrafe.
-<!--l. 50--><p class="indent" >   Soudain, Sélène se raidit et tira brusquement sur les rênes. La jument
-hennit s&#8217;arrêta net.<br 
-class="newline" />&#8212; Qu&#8217;est-ce qui t&#8217;arrive<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? lui demanda-t-il, un peu essoufflé par sa
-                                                                
-                                                                
-course.<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann, je... je suis très inquiète...<br 
-class="newline" />&#8212; Il n&#8217;y a vraiment pas de quoi. Notre escorte n&#8217;est pas loin, dit-il sur un
-ton rassurant en montrant les cavaliers et le carosse non loin derrière, et
-Kahrafe ne te jettera pas à terre, qu&#8217;est-ce qui...<br 
-class="newline" />&#8212; Irdann, l&#8217;interrompit-elle en se penchant vers lui. Son visage était
-pâle et elle tremblait. Il y a des mages tout près de nous... Je le
-sens.<br 
-class="newline" />&#8212; Quoi<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 57--><p class="indent" >   Il regarda autour de lui. Les gardes étaient quelques dizaines de mètres
-derrière eux, et les rejoignaient sans se presser. La route sur laquelle ils
-avançaient était moyennement large, taillée quasiment à flanc de montagne.
-Sur la gauche, une pente raide qui aurait presque mérité le nom de précipice
-si elle n&#8217;était pas couverte d&#8217;arbres et de fougères, et sur la droite, un pan
-de falaise qui débouchait quelques mètres plus haut sur une forêt
-touffue. Tout était calme mais... Tendre une embuscade en cet endroit
-était un jeu d&#8217;enfant pour quelqu&#8217;un d&#8217;un peu malin. Et pour des
-mages<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>?
-<!--l. 59--><p class="noindent" >&#8212; Il y a un sort de lancé, autour de nous. J&#8217;ai du mal à préciser comment...
-Mais ce n&#8217;est vraiment pas bon signe. Je dirais que la source est par là,
-dit-elle en désignant le fossé à gauche de la route, légèrement devant,
-dit-elle d&#8217;une voix faible.<br 
-class="newline" />&#8212; Tu veux apprendre le galop<span class="frenchb-thinspace">&nbsp;</span>? murmura-t-il.<br 
-class="newline" />Elle hocha la tête, les yeux à demi-fermés, la panique écrite sur son visage.
-Il dégaina une des épées qui étaient à sa ceinture.<br 
-class="newline" />&#8212; Version courte<span class="frenchb-nbsp">&nbsp;</span>: accroche toi à la crinière comme tu peux.<br 
-class="newline" />Il lança une claque sur la croupe de Kahrafe, qui se cabra légèrement et
-partir à toute vitesse. Sans la regarder, il courut, l&#8217;épée en avant, dans la
-direction qu&#8217;elle lui avait indiquée.
-   <center class="par-math-display" >
-<img 
-src="aventuriers13x.png" alt="[
-" class="par-math-display" ></center>
-                                                                
-                                                                
-<!--l. 147--><p class="nopar" >
-    
-</body></html> 
-
-                                                                
-
-
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