\documentclass[11pt, a5paper]{article} \usepackage[utf8]{inputenc} \usepackage[T1]{fontenc} \usepackage[cm]{fullpage} \usepackage[frenchb]{babel} \usepackage{amsmath} \usepackage{xspace} \usepackage{hyperref} %\usepackage{adforn} \usepackage{fourier-orns} \newcommand\arc{{ %\smallskip %\begin{center} \[ \text{\decofourleft} \] %\end{center} %\[ \sim \] %\smallskip %\noindent\emph{#1} }} %\newcommand\reci \newcommand\recit[1]{{ \bigskip %\[ \sim \] %\smallskip \noindent\emph{#1} }} % \aleph % spadesuit et cie % \photon %\aldine %\aldineleft %\aldineright %\aldinesmall %\decofourleft %\decofourright % (fourier ornament) % \leafleft %%%%%%%%%%%%%%%%%ù Noms \newcommand\deesse{Melna\xspace} %\newcommand\seigneur{Bidule\xspace} \newcommand\seigneurchloe{Assem\xspace} \newcommand\nomclan{Bhasthon\xspace} \newcommand\nomroibarbare{Bloupy\xspace} \newcommand\maitreescrime{Ernest\xspace} \newcommand\seigneurtournoi{De Vane\xspace} \newcommand\seigneurismael\seigneurtournoi \newcommand\villetemple{Touryre\xspace} \newcommand\nomfamilleaure{Lalrilë\xspace} \newcommand\carafe{Kahrafe\xspace} \newcommand\potemenestrel{Eldon\xspace} \newcommand\fauxmari{Quayle\xspace} \newcommand\pretre{Khil\xspace} \newcommand\magicienne{Zanakielle\xspace} \newcommand\magemort{Mortag\xspace} \newcommand\mageb{Septim\xspace} %% % Noms de PNJs % Ben % Jerry \newcommand{\aure}{Aldariel\xspace} \newcommand{\aurecourt}{Alda\xspace} \newcommand\chloe{Sélène\xspace} \newcommand\christophe{Uhr\xspace} \newcommand\chris{Uhr\xspace} \newcommand\denise{Silwë\xspace} \newcommand\denisecourt{Sil\xspace} \newcommand\ismael{Irdann\xspace} \newcommand\jerome{Farl\xspace} \newcommand\remi{Zach\xspace} \newcommand\seve{Samantha\xspace} \newcommand\sevecourt{Sam\xspace} \newcommand\bestiole{arakne\xspace} \newcommand\bestioles{araknes\xspace} \newcommand\bestiolecourt{ara\xspace} \parskip=4pt \title{La compagnie d'aventuriers des Pieds Jaloux} \date{} %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%ù %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%% \begin{document} \maketitle ... Ou une histoire qui n'a ni queue, ni tête, mais parce que. \arc \recit{\chloe} Tenant à la main un bougeoir, elle s'avança dans l'immense pièce, éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans. Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les araignées, voire parfois les rats, qu'on trouvait ici~; et \chloe était ravie de s'en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du châ\-teau n'a\-vaient pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n'avait pas été considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du trésor. Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur~? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses deux parents avaient fait en sorte qu'elle soit éduquée comme une future noble, délicate, douce, attentionnée, soumise. Ils n'avaient pas retenu sa passion pour la lecture, se disant qu'au fond, en lisant, elle n'abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur époux. Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée ne l'enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d'autre~? S'évader dans ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait quatorze ans, et cela faisait presque un an qu'elle venait régulièrement lire ici. Elle était arrivée devant l'une des vieilles armoires à moitié rongées par les termites. Le dernier livre qu'elle avait lu parlait de plantes médicinales -- qu'elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d'images--, celui d'avant était un journal de bord d'un grand tacticien militaire, celui d'encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le précédent était un récit historique d'une grande bataille entre les elfes... Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s'intéressait à tout. Alors qu'elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l'étagère de l'armoire qui les maintenait s'effondra brusquement. Elle sursauta et la flamme de la bougie vacilla. Si l'armoire s'était écrasée sur elle... Mais à part un tas de livres par terre, rien de grave ne s'était passé. C'est alors qu'elle aperçut, sur le fond de l'armoire, là où se trouvaient les livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si l'armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque chose~? Le c{\oe}ur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après quelques minutes d'effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s'assit à côté de la bougie pour l'ouvrir. L'écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C'était un livre de magie~! La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit~? Le brûler~? Le ramener à ses parents~? ... Le lire~? Y avait-il un risque à simplement le lire~? Avait-elle déjà perdu son âme en l'ouvrant~? Si c'était le cas, peut-être était-ce déjà trop tard... Elle regarda autour d'elle, vérifiant une fois de plus qu'elle était seule, et avec un sentiment d'excitation coupable, se mit à lire. \recit{\denise} La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.\\ --- Encore raté...\\ --- Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n'es pas si loin~!\\ Elle regarda son frère, qui s'entraînait à côté. Il aimait la railler à chaque fois qu'elle s'entraînait -- avec un succès toujours mitigé -- à l'arc.\\ --- Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l'ennemi qui se marre à cinq mètres, tu veux dire~?\\ --- Par exemple, proposa-t-il en riant. Ou alors tu attends qu'il te fonce dessus, et tu l'atteins à bout portant.\\ Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une flèche imaginaire, avec un petit air de défi.\\ --- Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi~!\\ Elle lâcha la flèche imaginaire, qu'il fit mine d'esquiver de manière spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand arc de cercle pour empêcher son frère d'avancer vers elle. Sur le retour, il utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde. Elle pivota autour du point de contact, et laissa glisser son arme contre la sienne, de façon à se retrouver au contact de son frère. De la main gauche, elle dégaina une dague imaginaire qu'elle plaça sur sa gorge.\\ --- Ah, ah~!\\ --- Les enfants, qu'est-ce que vous faites là~?\\ La voix de leur mère venait de résonner. Instantanément, ils se séparèrent, et répondirent en regardant leurs pieds nus.\\ --- On s'entraîne.\\ --- Je vois ça. \denise, tu peux venir avec nous s'il te plaît~?\\ Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats -- c'était également le cas de sa mère -- mais les broderies dorées indiquaient qu'il s'agissait vraisemblablement de quelqu'un d'important. Elle nota qu'à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu'utilisent les humains, enfin c'était ce qu'on lui avait dit. Elle n'en avait jamais vue en vrai jusqu'alors. L'homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d'un âge avancé et d'une grande sagesse. Lui et sa mère la menèrent, d'échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui ressemblait à une salle d'entraînement.\\ --- Ta mère m'a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle~?\\ --- Oui. Mais je ne suis pas douée à l'arc... répondit-elle timidement.\\ Il lui sourit, et jeta un {\oe}il à sa mère, à quelques pas de là.\\ --- Il est de toutes façons difficile d'être aussi bonne archère qu'elle. Mais peut-être serais tu plus à l'aise avec autre chose~?\\ Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s'il l'évaluait.\\ --- Quel âge as-tu~?\\ --- Douze ans.\\ Il lui tourna le dos, et alla chercher une épée en bois.\\ --- Essaie ça.\\ Elle prit l'arme, la soupesa, et hésita.\\ --- Essayer, comment~?\\ --- Comme ça.\\ L'homme avait saisi une seconde épée en bois, et s'était précipité sur elle. Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l'épée d'un coup de la sienne. Même en bois, l'épée était un peu lourde... L'homme attaqua de nouveau, elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d'enchaisser un choc qui ne vint pas... L'homme s'était arrêté à quelques centimètres d'elle...\\ --- Pas mal. Je pense que c'est bon.\\ --- Qu'est-ce que vous voulez dire~?\\ Il s'assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.\\ --- L'arc et la dague sont les armes par excellence des elfes, par tradition. Mais ce ne sont pas les seules. Nous avons aussi besoin, pour nous protéger, de gens sachant se battre avec d'autres armes, comme l'épée, très à la mode chez les humains, la lance, la hache, le fléau ou même la magie. Je suis le dirigeant de ces escouades spécifiques. Ta mère m'a parlé de tes difficultés à l'arc...\\ Sa mère continua, alors qu'elle rougissait.\\ --- Malgré cela, tu sais te battre et as l'air d'y prendre de l'intérêt. C'est pourquoi j'en ai parlé autour de moi...\\ Elle souriait. Depuis le temps qu'elle était dans le groupe d'archers d'élite de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme reprit en souriant.\\ --- À partir de maintenant, tu viendras t'entraîner régulièrement à l'épée, ici. Cela te convient-t-il~?\\ Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête. \recit{\christophe} Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien qu'ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d'un citadin. \chris, le plus jeune, était en tête. Lorsqu'ils arrivèrent au sommet de la petite colline, il leur fit signe de s'arrêter.\\ --- Là, regardez~!\\ Devant eux s'étalait un troupeau d'aurochs sauvages, qui broutait paisiblement.\\ --- Pourquoi tu t'arrêtes~? demanda sa s{\oe}ur en lui donnant un coup de poing dans les côtes.\\ --- Bah, on peut peut-être...\\ --- On peut juste attaquer. Tu réfléchis trop, \chris, ajouta son frère. On y va~!\\ Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la colline en direction des aurochs. \chris haussa les épaules. Il savait qu'il réfléchissait un peu trop et ne tapait pas assez. Pourtant l'autre jour son hésitation à attaquer un fauve à dents longues des plaines --pire, une mère protégeant ses petits-- leur avaient probablement sauvé la vie. Mais il n'avait pas besoin de se poser autant de questions. Manger, boire, s'entraîner au combat, chasser, combattre, son quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion. Alors pourquoi~? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des défaut~? Il réalisa qu'il était encore en train de se poser une question inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa s{\oe}ur. \recit{\ismael} Cela faisait quelques heures qu'ils marchaient ensemble en silence. Le prêtre qui l'accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n'osait pas le questionner. Il n'avait que onze ans, après tout, et s'il était fils de duc, il savait qu'il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs pouvoirs étaient grands, et qu'ils pouvaient --entre autres-- foudroyer quelqu'un sur place en une parole. L'homme en question, qui devait avoir une quarantaine d'années, portait une robe gris clair, munie d'une capuche qu'il avait laissée dans son dos. Un pendentif d'or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir. Il marchait en s'aidant d'un long bâton de bois et portait sur le dos un large sac en cuir, visiblement rempli. \noindent --- Hm... prêtre \pretre~?\\ Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d'une tunique rouge, d'un pantalon brun, et d'une paire de bottes en cuir épais. Une longue épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui sourit.\\ --- Tu peux m'appeler simplement \pretre. Vas-y, je t'écoute \ismael.\\ --- Qu'est-ce que je vais devoir faire, pour devenir paladin~?\\ --- Hé bien, tu auras une éducation mêlant celle d'un prêtre et celle d'un soldat. Tu deviendras donc un chevalier, non pas au service d'un seigneur ou d'une dame, mais au service de la déesse.\\ --- Ça veut dire que je vais apprendre les enchantements secrets de \deesse~?\\ --- Cela dépendra surtout de si la déesse t'en juge digne, n'oublie pas... \\ Il resta silencieux quelques instants. Tout ne serait pas simple...\\ --- C'est vous qui allez m'apprendre à me battre à l'épée~?\\ --- Probablement. As-tu déjà appris un peu~?\\ --- Oui, avec mes deux frères. Comme le veut la tradition, mon frère aîné est l'héritier du duc mon père, et le second est un futur grand général. Et moi...\\ --- Tu dois venir au service du temple, je connais. Mais donc tu sais déjà un peu utiliser une arme... Tiens attrape ça.\\ Il lui lança son bâton de marche, qu'il saisit au vol. Le prêtre dégaina ensuite son épée.\\ --- Vas-y, attaque-moi.\\ \ismael hésita un instant. Mais après tout, c'était lui qui lui avait demandé, n'est-ce pas~? Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains sur le bâton, porta un premier coup, que \pretre para habilement. Puis il saisit son arme de fortune d'un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.\\ --- Mais... tu es gaucher~?\\ \ismael rougit et changea rapidement son arme de main, enchaînant plusieurs attaques aussi rapidement qu'il put. Après avoir paré avec une facilité déconcertante, le prêtre fit un pas en arrière et lui fit signe de s'arrêter.\\ --- Tu t'en sors plutôt bien.\\ Il baissa les yeux, lui rendant son bâton.\\ --- Merci.\\ --- Tu sais donc tenir une épée des deux mains...\\ Il rougit à nouveau, gêné.\\ --- ... C'est très intéressant~!\\ --- Ah~? Mes frères me disent que se battre de la main gauche, ce n'était pas digne d'un chevalier, alors...\\ Il éclata de rire.\\ --- Ne les écoute pas. La déesse se moque de savoir de quel bras tu te bats, tant que c'est pour la bonne cause. Et qui sait, changer d'arme rapidement pourrait être un atout en combat, non~?\\ Il leva les yeux, et osa sourire timidement.\\ --- Vous avez eu à combattre contre des vrais adversaires~?\\ Il lui fit un clin d'{\oe}il.\\ --- Oui. Depuis que je suis prêtre, j'ai beaucoup voyagé, et j'ai vécu de nombreuses aventures... \ismael regarda à nouveau le prêtre. La robe qu'il portait dissimulait assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire semblant d'être inoffensif~? Il devait être redoutable sur un champ de bataille, ou ailleurs... L'avoir comme maître d'armes serait un honneur.\\ --- Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit \pretre, comme s'il devinait ses pensées. D'ailleurs, il me semble que la tradition veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en dehors du temple.\\ --- Ah~? Comment~?\\ --- Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon~! Nous verrons bien.\\ Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu'à la capitale. \recit{\jerome} \jerome prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres formaient d'excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment, silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il était quasiment invisible dans la nuit. Ce n'était pas la première fois qu'il s'adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d'ailleurs. À condition de ne pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si bien remplies... Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé plus ou moins à l'abandon, sa pauvre mère n'ayant pas les moyens de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité. Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre. À sa grande surprise, l'homme qui l'avait saisi la main dans le sac ne l'avait pas dénoncé. À la place, cet étrange homme, mince et aux cheveux blancs s'était présenté comme un assassin professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept ans. Depuis -- il esquissa un sourire à l'évocation de ce souvenir --, sa vie avait radicalement changé. Déjà parce qu'il était logé, nourri et habillé par son maître, mais surtout parce qu'il passait ses journées -- et surtout ses nuits -- à apprendre les ficelles du métier. Déplacement furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir, escalade. La ville était devenue un grand terrain d'entraînement et de jeu. Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si quelqu'un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s'assit sur le rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants -- fêtards, malfaiteurs, gardes~? -- marcher dans la rue sans le voir. Il n'était qu'une ombre parmi les ombres de la nuit. Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension. L'escalade de ce bâtiment n'était pas particulièrement difficile, avec toutes ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au cinquième étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne lui en restait qu'un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point d'attache parfait. Il sortit de son petit sac à dos en cuir une corde et un grappin, qu'il lança avec habileté jusqu'au rebord du toit. Après avoir vérifié la solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu'au sommet du bâtiment. Assis sur le faîte du toit, son maître l'attendait en souriant. Était-il monté par l'escalier~? Avait-il escaladé~? Plus rien ne le suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à gousset.\\ --- Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.\\ Un peu essoufflé, \jerome sourit en rangeant son grappin et sa corde.\\ --- Je t'ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à fait honorable.\\ Il soupira. «~Tout à fait honorable~», c'était un sacré compliment venant de lui. Même si... ce n'était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se leva et s'étira calmement.\\ --- Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première mission.\\ \jerome le regarda, les yeux brillants. \recit{ \remi} \noindent --- Bon, allez, on fait une pause~?\\ À ces mots bénis, \remi se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu'il lui restait à fendre et celles qu'il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l'ombre fraîche et accueillante d'un arbre. L'aîné des garçons sortit alors un petit pichet de vin, qu'il partagea.\\ --- On a bien avancé, encore quelques heures et on aura terminé je pense.\\ --- À part \remi, qui n'avance pas.\\ --- Héé, je te permets pas~!\\ --- Je rigole, te fâche pas. T'as pas nos bras, c'est tout.\\ --- En fait, t'es juste jaloux de \remi.\\ --- Quoi~?\\ Son frère aîné sourit.\\ --- Parce que c'est avec lui que la fille du cordonnier a bien voulu danser l'autre soir.\\ --- C'est avec son petit air d'elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n'aide pas à couper du bois. \remi sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraî\-chissante, se remémorant la soirée de la veille. C'est vrai qu'il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux, aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des arbres, comme leur père. Et pour cause~! \remi, savait qu'il avait été trouvé bébé sur le pas de la porte de cette famille de bûcherons. Ils l'avaient adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses véritables origines. Il se demandait parfois ce qu'aurait été sa vie s'il n'avait pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu'il vivait. Alors qu'ils s'apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats portaient l'enseigne de leur seigneur, sire \seigneurchloe, et se dirigaient vers la forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d'une simple tunique, d'un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs épées et boucliers au côté.\\ --- Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour nous et la damoiselle que nous escortons.\\ Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours masquaient l'intérieur.\\ --- Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de quoi souper et dormir.\\ --- Merci. L'un d'entre vous peut-il nous y conduire~? \remi se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En chemin, l'un des soldats l'interrogea~:\\ --- Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu'un pour nous guider à travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu'un peut le faire~? Il réfléchit quelques instants.\\ --- Il n'y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.\\ --- Vous êtes les enfants du bûcheron, c'est ça~?\\ --- Oui.\\ --- Quel âge as-tu~?\\ --- Seize ans.\\ --- Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu'en dis-tu~? \remi se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. Était-il à la hauteur~? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d'autre guide possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt, puisqu'il y passait une bonne partie de son temps libre.\\ --- D'accord. \recit{\aure} \noindent --- Oui, \aure, tu voulais me voir~?\\ La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d'une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père avait l'air si imposant quand il était assis sur son trône~! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et constatant qu'il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses bras.\\ --- Papa, je voudrais apprendre à me battre.\\ Il fronça les sourcils.\\ --- Pourquoi~? Il y a bien plus intéressant à faire, pourtant~! Quelque chose te manque-t-il~?\\ Elle soupira.\\ --- Je m'ennuie. J'ai déjà appris à m'occuper des poneys du clan, à soigner les animaux et les autres elfes, je connais les secrets du tissage et du pain elfique, et j'ai aussi appris à jouer de la harpe.\\ --- Tu y parviens à merveille d'ailleurs, surtout le soin. Tu surpasserais presque ton maître~!\\ --- Oui, et... c'est pour ça que j'ai envie de faire autre chose.\\ Il réfléchit. Ses grands frères et s{\oe}urs avaient fini par s'intéresser à la politique du clan, ce qui en compliquait nettement la gestion, tout en créant certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut-être mieux qu'elle s'entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun champ de bataille de sa vie -- ou alors que de loin --, du moins il l'espérait, que risquait-il~?\\ --- Papa, n'es-tu pas toi même un excellent archer~?\\ Il soupira.\\ --- C'est vrai. Du moins, c'était vrai jusqu'à il n'y a pas si longtemps... J'allais même disputer des tournois chez les humains.\\ Chez les humains... On disait tant de choses des humains~! Elle ne savait même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l'arc plutôt que sur les humains, c'était nettement moins dangereux. --- Soit. Je t'enverrai dès demain un professeur de tir à l'arc~: une des meilleures archères de mon escouade d'élite.\\ Le visage d'\aure s'illumina. \recit{\seve} La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple --prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs-- y étaient présents. Il y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l'avait jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C'était excitant, et presque un peu effrayant. Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d'intronisation. Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà~! Mais cette ascension n'avait pas été sans embûches. Lorsqu'elle avait huit ans, ses parents --de modestes marchands-- avaient été tués lors d'un raid barbare. Trop petite pour être remarquée, elle avait été épargnée. Les quelques survivants de son village, déjà trop démunis pour s'occuper d'une bouche de plus à nourrir, l'avaient confiée à un prêtre itinérant de \deesse, qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus proche. Une fois la douleur et les difficultés d'adaptation passées, \seve avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit, appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les concurrentes. Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d'un rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien --peut-être un peu trop~?-- en valeur sa féminité. Elle portait un large collier d'or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets, aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin accompli. Le prêtre avait terminé son incantation, et s'écarta en se tournant vers elle. Les quelques murmures qu'elle avait entendus de la foule se turent. C'était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses pieds nus. Sous l'ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du temple s'arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce mélopée. Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, puis se mit à grandir, lentement. \seve leva lentement les bras, et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l'arbre l'eut dépassée de plusieurs têtes, elle s'arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le regarder. Un tonnerre d'applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi, avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s'avança, tenant entre les mains un cercle d'or qu'il déposa sur sa tête. Les applaudissements redoublèrent. Elle était désormais \seve, grande prêtresse de \deesse. %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%% %%%%%%%%%%%%% fin présentation personnages %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%% %% arc CJ \input{arc_JC.tex} %%%%%%% \recit{\ismael} Enfin, il avait le droit de sortir du temple~! À la fois émerveillé et surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n'est pas qu'il n'avait vu personne dans le temple, mais l'attitude des gens y était fort différente. Par crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s'aimer et se détester, bref, être humains. Sans compter qu'il n'avait jamais vu la capitale, qui était très différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs d'enfant. La rue qu'il suivait était si animée, malgré l'heure très matinale, qu'il regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons, il aurait d'autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec maître \maitreescrime, qui devait lui enseigner l'art de l'épée. Il existait beaucoup de maîtres d'armes, mais \pretre, le prêtre qui s'occupait de son éducation et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de son élève, et avait décidé de l'envoyer chez le meilleur épéiste qui soit. Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et s'adressa au garde qui en gardait l'entrée.\\ --- Excusez-moi, je dois voir maître \maitreescrime.\\ L'homme l'observa quelques instants. \ismael portait une longue tunique blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi qu'une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.\\ --- C'est vous le novice du temple de \deesse~? Il vous attend. Venez. \ismael suivit le garde à l'intérieur. Un homme d'une quarantaine d'années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe~! C'était la première fois qu'il en voyait un. On lui avait dit qu'on croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s'y attendre. L'archer était vêtu d'une tunique verte, d'un pantalon blanc et d'une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L'homme sourit à l'elfe, alors qu'il entendit quelques morceaux de conversation.\\ --- ...mon grand-père fut son maître d'escrime. À mon tour d'instruire son élève~! Vous pouvez lui dire de me l'envoyer dès que possible.\\ L'elfe hocha la tête et sourit en retour, à l'instant où l'homme aperçut \ismael.\\ --- Ah, excusez-moi un instant. \\ Le garde qui l'accompagnait le présenta.\\ --- Un autre élève~! Quelle heureuse coïncidence. Vous a-t-on expliqué les modalités d'apprentissage ici~?\\ \ismael secoua la tête.\\ --- C'est très simple. Je ne demande pas d'argent en échange de mon enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient~?\\ \ismael hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie du temple~! Et puis, être traité comme un soldat, un garde comme les autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l'apprenti paladin. Le maître se tourna vers l'elfe, qui attendait en retrait.\\ --- La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.\\ L'archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme lui~? Un elfe~? Ça aussi, c'était nouveau et excitant. Il savait qu'il y avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le temple de \deesse. Mais il n'en avait jamais vraiment rencontré... Il se demanda combien d'élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le guider hors de la pièce. \recit{\christophe} Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d'eux. Dans un coin, une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple. Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait un peu de lumière dans ce qui n'était qu'un dortoir pour gardes, semblable à celui qu'il avait connu pendant un an, lorsqu'il s'était engagé. Il choisit un lit qui avait l'air inoccupé, et posa les quelques possessions qu'il avait dans le coffre. Puis il s'assit, pensif. Il avait réussi~! Maître \maitreescrime l'avait jugé digne de suivre son entraînement à l'épée, et d'intégrer cette unité d'élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé qu'en tant que soldat de base, mais l'expérience serait sûrement très enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d'épéistes qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et lui~? Resterait-il à la garde toute sa vie~? Ses pensées furent interrompues par l'entrée d'un jeune homme, l'air un peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce, puis désigna le lit à côté du sien.\\ --- Celui-ci est libre~?\\ --- Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue~?\\ --- Oui. Je m'appelle \ismael. Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé \ismael serra. Le soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La tenue de novice l'intriguait.\\ --- Tu viens d'un temple~?\\ --- Oui, je suis apprenti paladin.\\ Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier, songeait-il, des profils surprenants qu'il risquait de rencontrer ici. Combien y en aurait-il~?\\ --- Je suis \christophe. J'étais un simple soldat jusqu'à hier, et j'ai enfin eu le droit d'intégrer cette unité et de suivre l'apprentissage de maître \maitreescrime. Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d'un blason.\\ --- D'où te vient cette arme~?\\ --- De mon père. Il me l'a offerte quand je suis parti pour le temple, quand j'avais onze ans.\\ --- Tu sais, ils fournissent les armes ici.\\ --- Je sais, c'était le cas au temple. Mais c'est essentiellement le seul objet qui me vienne de ma famille. Alors je l'ai gardée.\\ \christophe lui sourit.\\ --- Je peux comprendre. Tu viens de loin~?\\ --- Du duché \seigneurismael.\\ Il hocha la tête.\\ --- En effet, c'est assez éloigné~!\\ --- Et si différent~! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d'elfes par exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j'ai eue en en croisant dans les rues...\\ --- J'imagine, oui. Sais-tu qu'il y en a à la garde~?\\ --- J'ai entendu parler d'un elfe qui arrive dans quelques jours...\\ Il hocha la tête. Un collègue garde lui avait donné à l'avance une liste des éléments de cette unité. L'avantage de connaître déjà en partie la place. \\ --- Une elfe. Il y a aussi un nain.\\ \ismael parut surpris.\\ --- Une elfe~? Une femme~?\\ --- Oui. Il y a une autre femme aussi dans la garde. Elles ont cette partie du dortoir, là-bas. Pourquoi~?\\ Le jeune homme sembla hésiter et réfléchir quelques secondes, visiblement gêné.\\ --- Mais ne sont-elles pas trop faibles~? Enfin, d'où je viens... ce n'est pas vraiment courant. Voire pas du tout.\\ \christophe haussa les épaules.\\ --- D'où je viens, les femmes se battent comme les autres hommes et ne sont pas toujours les plus faibles.\\ Son interlocuteur, visiblement mal à l'aise avec la question d'une femme à l'épée, profita de la diversion.\\ --- D'où viens-tu, d'ailleurs~?\\ Ce fut son tour d'hésiter. Il n'avait pas tellement envie d'étaler son passé dans les plaines barbares.\\ --- J'ai des origines... modestes...\\ \ismael le regarda quelques instants, et lui sourit.\\ --- De toutes façons, ça ne change pas grand chose. Nous sommes désormais soldats, au même rang, n'est-ce pas~?\\ Soulagé de constater qu'il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit son sourire. Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir. \recit{\denise} La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et bien peu d'arbres... Et il y avait tant d'humains~! Certes, elle s'attendait à en voir, mais ici, il n'était même pas possible de les éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains originaux... Ils les regardaient, elle et l'archer qui l'accompagnait, d'un air curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu'on disait sur les humains n'était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa crainte.\\ --- Ne t'inquiète pas. Maître \maitreescrime est quelqu'un de très bien. Et il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous arrivons. %%%% Libération seve \input{arc_libeseve.tex} %%%%%%%%%% R et C, 1 \input{arc_3RC.tex} %%%%%%%%% A & D \input{arc_4AD.tex} %%%%%%%%% J, C, S (capitale, pendant ce temps) \input{arc_4.5_JCS.tex} %%%%%%% R, C & D, A \input{arc_5RCDA.tex} %%%%%% I et C (mais pas que) \input{arc_6_CI.tex} %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%% \end{document}