--- Je ne m'attendais pas à ça, effectivement.\\
Il semblait simplement surpris. Mais était-ce en bien ou en mal~? \\
--- Je n'avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois hommes~!\\
---- Mais tu as bien fait de te défendre~!
+--- Mais tu as bien fait de te défendre~! \\
Soulagée, elle sourit --elle était soulagée également de noter qu'il ne voyait pas ses expressions dans le noir, lui-- et répondit nettement plus spontanément.\\
--- Ça n'a pas l'air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes pour défendre sa peau...\\
--- Je trouve dommage qu'il soit nécessaire d'avoir besoin d'une arme pour être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois capable comme les autres.\\
Elle l'entendit soupirer avant de reprendre.\\
---- Tu m'aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j'aurais trouvé ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore... J'ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien présent... Ensuite, j'ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas, je n'ai pas seulement appris l'art de l'épée, j'y ai compris qu'il n'y avait pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d'humains. Peut-être que c'est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en m'envoyant là... \\
---- Ils voulaient faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas une simple épée bien entraînée à faire ce qu'on lui a appris...\\
---- Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères.
+--- Tu m'aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j'aurais trouvé ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore... J'ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien présent... Ensuite, j'ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas, je n'ai pas seulement appris l'art de l'épée, j'y ai compris qu'il n'y avait pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d'humains. Peut-être que c'est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en m'envoyant là... Mais peut-être que c'était juste un effet secondaire. \\
+--- Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas une simple épée bien entraînée et obéissante...\\
+--- Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères...
Elle avait l'impression qu'il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu'est-ce que cela pouvait cacher~? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un «~critère~» particulier en tête~? Elle brûlait d'envie de le questionner, mais peut-être n'était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en souriant.\\
---- Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d'une vraie «~dame~»... \\
+--- Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d'une vraie «~dame~». \\
--- Je vois ça. D'ailleurs, j'y pense, qui t'a appris cette technique~? Il faut un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait~!\\
Elle sourit.\\
---- Personne... J'ai improvisé, dans le feu de l'action. Peut-être qu'à force de côtoyer des gens comme \remi, \aure, \denise, et même toi, leur courage déteint sur moi...
+--- Personne... J'ai improvisé, dans le feu de l'action. Je ne sais pas trop comment. Je ne sais pas si c'est du courage ou de la folie, d'ailleurs. Peut-être qu'à force de fréquenter des gens comme \remi, \aure, \denise, et même toi, ils déteignent sur moi...\\
+--- Leur folie ou leur courage~?\\
+--- Les deux~?\\
+--- Je dirais effectivement qu'il est à la fois courageux et fou de chercher à traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d'un guide.\\
+Il était bien placé pour parler de prudence...\\
+--- Comme d'aller «~secourir~» une noble dame inconnue dans une forêt, seul et sans escorte~?
+
+Il ne répondit pas.\\
+--- Je t'ai vexé~?\\
+--- Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous. Et ça a failli nous coûter cher.\\
+--- Nous seront en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes parents, n'est-ce pas~?
+
+Elle n'arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton neutre. Arriver là-bas, c'était se dire que l'aventure se terminait, redevenir une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir \remi. Mais à quoi bon se poser ce genre de question~? Elle avait su tout cela dès le début.
+
+\noindent --- Oui.\\
+Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi~?\\
+--- Bonne nuit.\\
+--- Bonne nuit.
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-<meta name="date" content="2014-12-29 23:23:00">
+<meta name="date" content="2014-12-30 23:18:00">
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</head><body
>
pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
+vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
<!--l. 13--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
-les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
-qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
+les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales
+–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
-précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
-Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
-tout.
+précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y
+avait de tout, dans le désordre.
<!--l. 15--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
+chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 17--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
-chaque fois qu’elle s’entraînait – avec un succès toujours mitigé – à
+chaque fois qu’elle s’entraînait –avec un succès toujours mitigé– à
l’arc.<br
class="newline" />— Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l’ennemi qui se
marre à cinq mètres, tu veux dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
+
+
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
class="newline" />— Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s’il te plaît<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d’un homme
qu’elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le
-pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats – c’était
-également le cas de sa mère – mais les broderies dorées indiquaient qu’il
+pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats –c’était
+également le cas de sa mère– mais les broderies dorées indiquaient qu’il
s’agissait vraisemblablement de quelqu’un d’important. Elle nota qu’à
sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu’utilisent les
humains, enfin c’était ce qu’on lui avait dit. Elle n’en avait jamais
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 70--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
+ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
-ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille,
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
+pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
-pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
quelqu’un sur place en une parole.
<!--l. 90--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
class="newline" />— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil,
comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition
veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en
-
-
dehors du temple.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Nous
class="newline" />— Ils avouent tout de même...<br
class="newline" />Elle secoua la tête d’un air rageur.<br
class="newline" />— Avec les tortures qu’on leur inflige<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’importe qui avouerait n’importe
+
+
quoi. Ne soyez pas idiots.<br
class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
class="newline" />— Aaaïe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
+mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
-mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
–presque– apaisée.<br
class="newline" />— Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
+ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
-ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
class="newline" />— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.<br
class="newline" />Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.<br
class="newline" />— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
+
+
fait honorable.<br
class="newline" />Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de
lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
<!--l. 248--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
+arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
-arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
+
+
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
<!--l. 302--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
+rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de voir, en théorie. En
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
+petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
-petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
richement orné.
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
src="aventuriers1x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
-
-
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
+présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
-présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
besoin.
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
+Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
-Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’empêchant de crier, et
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
+bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
-bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
class="newline" />— Comment as-tu vu tout ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
seul, comment faire...
-
-
<!--l. 50--><p class="indent" > Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br
class="newline" />— Donne moi tes poignets.<br
class="newline" />Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
+
+
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
+Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
-Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
soulagement. Ça, c’était fait. Il se glissa dans sa direction, et lui fit signe de
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
+<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
-<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
de l’enclos et l’aperçut, en train de faire sauter la dernière serrure. Surpris
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
+extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
-extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
class="newline" />— Qu’est-ce que tu vas faire maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Je n’ai plus vraiment de clan. Je ne sais pas trop
où aller. J’ai gardé quelques objets de valeur, ça peut peut-être
-
-
servir...<br
class="newline" />— Tiens, tu n’as pas gardé la couronne et l’épée du roi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il secoua la tête.<br
avait trouvé un petit travail à charger et décharger des caisses de matériel
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
+appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
-appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
+
+
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
+différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
-différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
modalités d’apprentissage ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
+enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
+vie...
-vie...
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
+
+
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 80--><p class="indent" > C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
-
-
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
+
+
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
class="newline" />— J’y suis la grande prêtresse, mais j’y vis enfermée. Le personnel du
temple croit qu’il est inconvenant pour une prêtresse de quitter l’endroit,
alors que tant de gens dans le monde pourraient profiter de mes
-
-
bénédictions. J’ai besoin de toi pour m’enfuir.<br
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
vain.
<!--l. 32--><p class="indent" > Elle suivit la jeune novice, munie d’une bougie, qui la ramenait à sa
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
-
-
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
+
+
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
l’intelligence posée, et la subtilité. Cela les faisait sourire de savoir qu’en
réalité, la petite elfe à l’air fragile était tout autant capable que les autres
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
-
-
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
class="newline" />— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...<br
class="newline" />— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien
-
-
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
+
+
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
+
+
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
approcherez pas des prêtres de toutes façons.<br
class="newline" />Irdann, qui semblait un peu gêné, fit part d’une remarque.<br
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
-
-
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
+
+
s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
class="newline" />Il se mit à rire devant son air méfiant.<br
class="newline" />— Je vais vous présenter le type qu’il nous faut. Un ami à moi,
capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en
-
-
poisons.<br
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée
-
-
Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître
Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui
+
+
sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur
plan.
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
-
-
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
+
+
réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour
écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les
journées moins longues.
-
-
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
+
+
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
visage accueillant.<br
class="newline" />— Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
class="newline" />— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la
région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
-
-
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
-
-
réservait quelques surprises.
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
+
+
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
-
-
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
+
+
<!--l. 69--><p class="indent" > Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
-
-
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+
+
<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
-
-
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
+
+
son tour.
<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
-
-
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
-
-
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
-
-
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
+
+
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune
marque de blessure.
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
-
-
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
+
+
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme.
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
-
-
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 208--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
+
+
ne disait rien... N’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Au point où il en
était... <br
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
class="newline" />Il la sentit sourire à cette plaisanterie.<br
class="newline" />— Certes. <br
class="newline" />Il hésita à la questionner plus. Elle avait l’air de connaître un peu le sujet...
+
+
<br
class="newline" />— Comment tu ferais, toi, pour savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
class="newline" />— C’est drôle, tu n’as pas l’air de considérer cela comme une tare.<br
class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.<br
class="newline" />— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
+
+
de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
<!--l. 265--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
-
-
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
+
+
silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir...
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
+
+
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
l’intriguait.
<!--l. 294--><p class="indent" > Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
-
-
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
+
+
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
-
-
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
+
+
Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague.
Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
-
-
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
+
+
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
-
-
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
+
+
étaient entrées dans la taverne.<br
class="newline" />— Pourquoi certains humains nous détestent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle l’entendit soupirer.<br
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
-
-
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
+
+
qui viennent.
<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
-
-
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
+
+
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise,
<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
+
+
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
-
-
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
+
+
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
Touryre.
<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
-
-
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
+
+
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
class="newline" />— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai
compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la
class="newline" />— Où tu veux en venir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. <br
class="newline" />— Je me demande si c’est vraiment un accident et s’ils sont vraiment
+
+
morts.<br
class="newline" />— Aucune idée. Mais tu sais, ce n’est pas à toi ni à moi que l’enquête a été
confiée... Et puis comment le vérifier<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
-
-
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
+
+
vie.
<!--l. 70--><p class="indent" > Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
-
-
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
+
+
Samantha.
<!--l. 80--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
-
-
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
disparaisse pour de bon...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais je risque ma carrière en faisant ça. J’hésite... Même si
effectivement il faudrait leur dire. Peut-être les aiguiller sur cette
+
+
piste<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ils vont perdre trop de temps... C’est tellement bête... Pourquoi n’ont-ils
pas pensé à faire appel à un prêtre pour ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
-
-
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
+
+
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions<span class="frenchb-nbsp"> </span>: sortir et
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
-
-
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
-
-
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
-
-
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
+
+
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
class="newline" />— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
-
-
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
-
-
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Proposa Samantha.<br
class="newline" />— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
pas ma spécialité.
+
+
<!--l. 222--><p class="noindent" >— D’un point de vue plus pratique, on fait quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On dit quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr regarda les trois autres.<br
class="newline" />— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...<br
class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
fait.<br
class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
-
-
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à
+
+
faire appel à un prêtre.<br
class="newline" />Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec
Samantha et Farl... s’ils acceptaient.<br
class="newline" />— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais
+
+
besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien
entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou
que tu m’apprennes ce que tu trouves.<br
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à la
considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d’un point à
un autre.
+
+
<!--l. 9--><p class="indent" > Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
-
-
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
rassurant...<br
class="newline" />
+
+
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 25--><p class="noindent" >— Une arakne<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
-
-
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 59--><p class="indent" > Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
des filaments de lumière blanche, légèrement moirés, traversèrent son iris.
+
+
Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la
place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées,
presque aussi grand qu’elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
-
-
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. <br
class="newline" />— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...<br
class="newline" />— Je sais. Tu risques d’être brûlée vive, et moi avec, rien que pour avoir
+
+
pris ta défense.<br
class="newline" />Elle sembla un peu rassurée de l’entendre dire qu’il la défendrait sans
conditions.<br
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
-
-
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
-
-
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait
dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent
+
+
coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques
pas.
<!--l. 105--><p class="indent" > Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
elfe Aldariel Lalrilë, qui t’ordonne de la lâcher immédiatement si tu ne veux
pas que cette flèche traverse ton cou.<br
class="newline" />Le ton de la voix était impératif, et la pointe dans sa nuque l’était
+
+
tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers
lui.
rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment
blanche. Une boule de feu...
<!--l. 129--><p class="indent" > Toujours immobile, impuissante, elle vit Aldariel hésiter, tandis que
+
+
l’homme avait pris une expression mêlant soulagement, crainte et surprise.
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
-
-
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
-
-
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 180--><p class="indent" > Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la
guerrière à sa droite. Tous trois scrutaient les environs avec inquiétude,
+
+
mais rien n’arrivait. Pouvaient-ils être venus à bout de ces horreurs,
finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 182--><p class="indent" > Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
-
-
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
class="newline" />— Comment va-t-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Elle respire calmement.<br
class="newline" />L’elfe se leva et posa une main délicate sur le front de la jeune femme
+
+
endormie.<br
class="newline" />— Elle a un peu froid. Tu devrais la couvrir.<br
class="newline" />Il prit leurs deux couvertures dans leurs sacs respectifs et l’enveloppa
dormir.<br
class="newline" />Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au
lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
+
+
faire de même. Il hésita un peu. Le pain était rassis, la viande encore plus
séchée, mais il leur proposa tout de même. <br
class="newline" />— Désolé, ce n’est pas très frais, mais si vous en voulez...<br
riche en émotions... Aldariel hocha la tête.<br
class="newline" />— Il est effectivement temps de se reposer.<br
class="newline" />— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne fais
+
+
pas ça d’habitude, mais le danger qui nous menace est assez inhabituel,
proposa-t-il.<br
class="newline" />— Pourquoi pas, répondit Silwë, puisque visiblement nous sommes tous les
class="newline" />— Tu vois encore mieux que nous dans l’obscurité. Tout comme ta légère
sensibilité à la lumière, c’est typique des elfes noirs. Il faut que tu
saches que... nous ne sommes pas vraiment en bons termes avec
+
+
eux.<br
class="newline" />Elle semblait gênée. Son amie reprit, presque doucement.<br
class="newline" />— Tu n’y es pour rien. Mais je te conseille de cacher ce don face à des elfes
retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
+
+
aguets. Devait-il être rassuré ou inquiet<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’eut pas le temps de se
poser plus longtemps la question, la fatigue l’envahit et il s’endormit
profondément.
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
-
-
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle
l’occasion le lendemain<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 289--><p class="indent" > L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter
+
+
la garde à sa place. Était-il vraiment de confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait avoué avoir agi
par peur, lorsqu’il avait attaqué Silwë, mais qu’est-ce qu’il lui disait qu’il
n’agirait pas ainsi d’autres fois<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si il les attaquait, toutes les deux, alors
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
-
-
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
répéta-t-elle...
<!--l. 302--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 304--><p class="indent" > Une partie de la nuit était déjà passée, et il n’avait pas –encore– eu la
gorge tranchée pendant son sommeil... jusque là, tout allait bien. Enfin, si
on exceptait les araknes, la révélation de Sélène, la rencontre –peu amicale
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
-
-
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
inconnue et étrange<span class="frenchb-nbsp"> </span>: raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient
appris la langue des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il en doutait, sinon elles auraient
utilisé –au moins ponctuellement– leur langage pour parler dans son
+
+
dos.
<!--l. 311--><p class="indent" > Il soupira. Après tout, s’il se posait des questions idiotes, c’est qu’il était
encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce serait
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
-
-
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
<!--l. 319--><p class="indent" > L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
nocturnes. Tout allait bien. Il s’approcha doucement de Silwë, et lui posa la
+
+
main sur l’épaule.<br
class="newline" />— Psst... Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’elfe se réveilla et sembla paniquer à sa vue. Sa main se tendit vers son
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-
-
toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait
semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne
n’était pas rien, dans cette région, même si c’était pour lui sauver la
+
+
vie...
<!--l. 337--><p class="indent" > Elle se demandait, d’ailleurs, quelle était la relation réelle entre ces deux
jeunes gens. À voir Zach, en tous cas, il semblait évident qu’il y avait
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-
-
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes,
leur alliance temporaire quand d’autres créatures avaient attaqué,
+
+
et... le trou noir. Elle avait lancé beaucoup de sorts en si peu de
temps, elle n’avait pas tenu le coup. Elle manquait encore tellement
d’entraînement.
class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
+
+
<img
src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
-
-
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
effectivement respectée ici, et il était tout de même le fils de leur suzerain,
bien que n’en portant pas le titre. Le seigneur se leva pour l’accompagner
lui-même à la chambre qui lui était préparée. Il ne s’attendait pas à un tel
+
+
accueil.<br
class="newline" />— Nous ferez-vous le plaisir de dîner avec nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien volontiers, d’autant que voilà plusieurs jours que je n’ai pas fait un
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
tâche s’il devait en plus fouiller toutes les cachettes potentielles... Un bijou
offert par un amour d’adolescente<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un journal intime<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais si elle est
+
+
réellement attachée à cet hypothétique objet, elle aurait pu tenter de
l’emmener avec elle, caché dans le grand coffre qu’elle emportait en tant que
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
-
-
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
familier.
<!--l. 53--><p class="indent" > Il sortit de sa poche un simple caillou qu’il avait ramassé dans la cour, et
le posa à côté du livre, et débuta son incantation.
+
+
<!--l. 55--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Difficile à dire, mais de ce qu’il voyait
par la fenêtre, la nuit était tombée. Il ramassa délicatement la pierre posée
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
-
-
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
tenu secret...
<!--l. 67--><p class="indent" > De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
+
+
retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui
racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
-
-
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
je me demande si on ne peut pas ajouter ça...<br
class="newline" />Elle fouilla dans son sac, et en sortit une petite fiole qu’elle tendit à l’elfe.
Celle-ci tenta de lire l’étiquette, fronça les sourcils. Puis elle l’ouvrit, renifla
+
+
légèrement le contenu.<br
class="newline" />— Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme...<br
class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
-
-
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— Tu as appris l’épée durant ton séjour à la capitale, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, chez maître Ernest. Tu le connais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— De réputation, mais je ne l’ai jamais rencontré directement. D’ailleurs...
+
+
<br
class="newline" />Il se leva et alla chercher son épée, posée avec sa ceinture quelques mètres
plus loin. <br
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
-
-
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
bon escrimeur, corrigea-t-elle mentalement. Pourtant... sur une passe un peu
inhabituelle, elle réussit à créer une faible ouverture dans sa garde. Faible,
mais suffisante... Son épée s’arrêta à quelques millimètres de sa poitrine.
+
+
Elle esquissa un léger sourire.
<!--l. 145--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
-
-
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
de la faire reculer, combiné à l’effet de levier qu’elle appliquait, lui
fit lâcher son épée. Perdu encore... ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il était toujours très
près d’elle, à une distance peu pratique pour manipuler une arme
+
+
longue.
<!--l. 160--><p class="indent" > Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant
de pause, et au dernier moment se jeta sur elle, saisissant son poignet et
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
-
-
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
laissa volontairement tomber en arrière, profitant de l’élan pour la faire
tomber à son tour. Il roulèrent tous les deux, chacun tentant de renverser
l’autre sur le dos. Malgré ses efforts, Zach eut rapidement le dessus. Après
+
+
l’avoir immobilisée, il plaça ses mains autour de son cou et fit mine de
l’étrangler. Elle sourit légèrement.<br
class="newline" />— Bien vu.
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
-
-
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ah... euh oui désolé.
<!--l. 189--><p class="indent" > Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent
de manière à voir l’intrus arriver sans être découverts.
+
+
<!--l. 191--><p class="indent" > Le cavalier qui s’approchait était vêtu de blanc et portat un large
heaume masquant son visage. Un chevalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était seul, ce qui était
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
se mit à courir vers le campement.
<!--l. 207--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
+
+
<!--l. 209--><p class="indent" > Il savait qu’il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui
donnait aucune indication de la distance à laquelle se trouvait dame
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
-
-
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
class="newline" />— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le chevalier planta ses deux épées dans le sol à côté de lui. Puis il souleva
son casque, dévoilant son visage. C’était lui, aussi surpris qu’elle de le
+
+
voir.
<!--l. 229--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
-
-
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mon nom est Irdann, je suis paladin de la déesse Melna. Je suis à la
recherche de dame Sélène.<br
class="newline" />Elle ne put retenir une exclamation de surprise. Il l’aperçut, la dévisagea,
+
+
puis fit un pas dans sa direction, et posa un genou à terre devant
elle.<br
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
-
-
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
-
-
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
mal à l’aise. C’était peut-être le moment de ranger les couteaux
tirés.<br
class="newline" />— Permettez-moi de vous présenter Zach, le meilleur guide de la région,
+
+
sans qui je ne serais pas en vie en ce moment...<br
class="newline" />La main tendue obligea Zach à ranger son épée pour le saluer. C’était le
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
-
-
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
class="newline" />— Je prends un peu d’avance, vous me rejoindrez...<br
class="newline" />Irdann ne put s’empêcher de regarder l’elfe s’éloigner rapidement, avec
légèreté et aisance. Les elfes sylvains étaient en forêt comme des poissons
+
+
dans l’eau...
<!--l. 299--><p class="indent" > Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
-
-
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
l’escrime auprès du même maître et avaient déjà vécu des tas de choses
ensemble... Quelle chance avait-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 311--><p class="indent" > Ils s’arrêtèrent au pied d’un grand arbre, que Silwë proposa d’escalader
+
+
pour vérifier leur chemin. Zach, qui n’avait pas dit un mot depuis que le
chevalier les avait quittés, haussa les épaules. Pourtant, c’était lui
qui connaissait bien le coin, normalement... Alors qu’il s’asseyait au
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
-
-
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
Vexé, il s’élança lestement vers elle, et se rétablit sur la même branche. Sa
réaction était presque drôle, en fait... <br
class="newline" />— Qu’est-ce que ça veut dire, hein<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 330--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 332--><p class="indent" > L’archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
-
-
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
sauvageon barbu et fauché.<br
class="newline" />Elle gagna à nouveau une branche un peu plus élevée. Il ne l’aurait pas
avoué, mais pouvoir vider son sac le soulageait un peu. Il continua son
+
+
ascension à son tour.<br
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.<br
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
-
-
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
échapper cette fois-ci<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il plia les genoux, et sauta dans sa direction,
cherchant à l’attraper à la taille. Elle fit un pas en arrière, se laissant
tomber verticalement, et saisit avec ses deux mains la branche sur laquelle
+
+
elle se trouvait une seconde plus tôt. Ses bras à lui n’attrapèrent que du
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
-
-
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
-
-
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
marcher.<br
class="newline" />Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en
route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus
+
+
tout ce poids à porter.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pour se défendre...
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
-
-
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
class="newline" />Il avait crié ça entre deux coups d’épée. Elle recula vers la jument.
Pourrait-elle tenir en selle et s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et l’abandonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle repéra au sol
un coutelas, abandonné par un des brigands qui gisait au sol. Saurait-elle
+
+
s’en servir de toutes façons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
-
-
sûrement.
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
bataille. Le paladin, entouré de plusieurs hommes, peinait à se défendre
malgré son adresse aux épées. Les bandits semblaient plus occupés avec lui
et ne semblaient pas surveiller Sélène, attendant visiblement d’avoir éliminé
+
+
leur menace principale.
<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
class="newline" />Il avait vu l’homme s’approcher, il l’avait vue se sentir mal, sans pouvoir
rien faire. Il avait toujours trois adversaires face à lui, et peinait à parer
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
-
-
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
l’impression de voir la jeune femme poignarder violemment son adversaire
d’un couteau. Ne s’était-elle pas évanouie quelques instants plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
stress du combat, avec l’obscurité qui tombait, devait lui jouer des tours. Et
+
+
l’épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
class="newline" />— Comme au bon vieux temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 484--><p class="indent" > Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
-
-
pieds.<br
class="newline" />— Vite, il faut aller aider Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Ne t’inquiète pas pour elle. On s’occupe de tout.<br
class="newline" />D’un même geste, ils achevèrent leurs derniers adversaires. Il laissa passer
un instant pour reprendre son souffle, puis observa enfin le champ de
bataille.
+
+
<!--l. 491--><p class="indent" > À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
<!--l. 499--><p class="indent" > Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
-
-
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+
+
pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...<br
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
-
-
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
Silwë.
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
sans demander son reste.
<!--l. 519--><p class="indent" > Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin.
+
+
<!--l. 521--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 536--><p class="indent" > À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
compagne.<br
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
-
-
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l’aider, alors qu’il était
blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
-
-
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
tête en souriant.<br
class="newline" />— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
+
+
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
ma tête d’elfe.<br
riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui
attendaient précisément Sélène et Irdann... <br
class="newline" />— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des
+
+
personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de
nom.<br
class="newline" />— Oui... <br
leur fit signe d’attendre.<br
class="newline" />— Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.<br
class="newline" />Il s’élança vers la porte.
-
-
<!--l. 612--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="newline" />— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci.
<!--l. 634--><p class="indent" > Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce
que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas
+
+
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
<!--l. 640--><p class="indent" > Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
-
-
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu’elle était un peu
frêle.
<!--l. 651--><p class="indent" > Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu’ils se levèrent
-
-
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
fou rire.
+
+
<!--l. 653--><p class="indent" > Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
class="newline" />— Tiens, j’y pense, d’où te vient une telle réputation<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Euh, de quoi tu parles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre
-
-
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
+
+
l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il
abdiqua.
<!--l. 668--><p class="indent" > Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.<br
class="newline" />— Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n’imaginais pas à quel
point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des
relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez
-
-
nous...<br
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
+
+
rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la
plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
class="newline" />— Vendu<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 733--><p class="indent" > Ils s’installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la
pièce dans l’obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce
-
-
compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
+
+
<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
class="newline" />— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils
+
+
restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.<br
class="newline" />— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
bénéficier d’un effet de surprise...<br
class="newline" />— Je n’avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien
attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois
hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />— Mais tu as bien fait de te défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Soulagée, elle sourit –elle était
-soulagée également de noter qu’il ne voyait pas ses expressions dans le noir,
-lui– et répondit nettement plus spontanément.<br
+class="newline" />— Mais tu as bien fait de te défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>! <br
+class="newline" />Soulagée, elle sourit –elle était soulagée également de noter qu’il ne voyait
+pas ses expressions dans le noir, lui– et répondit nettement plus
+spontanément.<br
class="newline" />— Ça n’a pas l’air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes
pour défendre sa peau...<br
class="newline" />— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour
être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois
+
+
capable comme les autres.<br
class="newline" />Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.<br
class="newline" />— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
-je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait pas
-vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains. Peut-être
-que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en m’envoyant
-là... <br
-class="newline" />— Ils voulaient faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas une
-simple épée bien entraînée à faire ce qu’on lui a appris...<br
-class="newline" />— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères.
+je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
+pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
+Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
+m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
+<br
+class="newline" />— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
+une simple épée bien entraînée et obéissante...<br
+class="newline" />— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères...
<!--l. 772--><p class="indent" > Elle avait l’impression qu’il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu’est-ce
que cela pouvait cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un
« critère » particulier en tête<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle brûlait d’envie de le questionner, mais
peut-être n’était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en
souriant.<br
class="newline" />— Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d’une vraie
-« dame »... <br
+« dame ». <br
class="newline" />— Je vois ça. D’ailleurs, j’y pense, qui t’a appris cette technique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il faut
un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle sourit.<br
-class="newline" />— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Peut-être qu’à force de
-côtoyer des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et même toi, leur courage
-déteint sur moi...
+class="newline" />— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Je ne sais pas trop
+comment. Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie, d’ailleurs.
+Peut-être qu’à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et
+même toi, ils déteignent sur moi...<br
+class="newline" />— Leur folie ou leur courage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je dirais effectivement qu’il est à la fois courageux et fou de chercher à
+traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.<br
+class="newline" />Il était bien placé pour parler de prudence...<br
+class="newline" />— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt,
+
+
+seul et sans escorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 783--><p class="indent" > Il ne répondit pas.<br
+class="newline" />— Je t’ai vexé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous.
+Et ça a failli nous coûter cher.<br
+class="newline" />— Nous seront en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
+parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
+neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
+une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
+bon se poser ce genre de question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait su tout cela dès le
+début.
+<!--l. 790--><p class="noindent" >— Oui.<br
+class="newline" />Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne nuit.<br
+class="newline" />— Bonne nuit.
<center class="par-math-display" >
-
-
<img
src="aventuriers9x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
<!-- html -->
<meta name="src" content="aventuriers.tex">
-<meta name="date" content="2014-12-29 23:23:00">
+<meta name="date" content="2014-12-30 23:18:00">
<link rel="stylesheet" type="text/css" href="aventuriers.css">
</head><body
>
pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
+vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
<!--l. 13--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
-les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
-qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
+les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales
+–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
-précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
-Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
-tout.
+précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y
+avait de tout, dans le désordre.
<!--l. 15--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
+chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 17--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
-chaque fois qu’elle s’entraînait – avec un succès toujours mitigé – à
+chaque fois qu’elle s’entraînait –avec un succès toujours mitigé– à
l’arc.<br
class="newline" />— Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l’ennemi qui se
marre à cinq mètres, tu veux dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
+
+
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
class="newline" />— Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s’il te plaît<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d’un homme
qu’elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le
-pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats – c’était
-également le cas de sa mère – mais les broderies dorées indiquaient qu’il
+pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats –c’était
+également le cas de sa mère– mais les broderies dorées indiquaient qu’il
s’agissait vraisemblablement de quelqu’un d’important. Elle nota qu’à
sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu’utilisent les
humains, enfin c’était ce qu’on lui avait dit. Elle n’en avait jamais
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 70--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
+ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
-ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille,
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
+pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
-pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
quelqu’un sur place en une parole.
<!--l. 90--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
class="newline" />— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil,
comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition
veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en
-
-
dehors du temple.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Nous
class="newline" />— Ils avouent tout de même...<br
class="newline" />Elle secoua la tête d’un air rageur.<br
class="newline" />— Avec les tortures qu’on leur inflige<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’importe qui avouerait n’importe
+
+
quoi. Ne soyez pas idiots.<br
class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
class="newline" />— Aaaïe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
+mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
-mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
–presque– apaisée.<br
class="newline" />— Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
+ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
-ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
class="newline" />— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.<br
class="newline" />Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.<br
class="newline" />— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
+
+
fait honorable.<br
class="newline" />Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de
lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
<!--l. 248--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
+arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
-arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
+
+
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
<!--l. 302--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
+rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de voir, en théorie. En
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
+petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
-petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
richement orné.
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
src="aventuriers1x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
-
-
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
+présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
-présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
besoin.
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
+Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
-Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’empêchant de crier, et
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
+bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
-bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
class="newline" />— Comment as-tu vu tout ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
seul, comment faire...
-
-
<!--l. 50--><p class="indent" > Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br
class="newline" />— Donne moi tes poignets.<br
class="newline" />Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
+
+
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
+Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
-Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
soulagement. Ça, c’était fait. Il se glissa dans sa direction, et lui fit signe de
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
+<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
-<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
de l’enclos et l’aperçut, en train de faire sauter la dernière serrure. Surpris
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
+extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
-extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
class="newline" />— Qu’est-ce que tu vas faire maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Je n’ai plus vraiment de clan. Je ne sais pas trop
où aller. J’ai gardé quelques objets de valeur, ça peut peut-être
-
-
servir...<br
class="newline" />— Tiens, tu n’as pas gardé la couronne et l’épée du roi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il secoua la tête.<br
avait trouvé un petit travail à charger et décharger des caisses de matériel
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
+appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
-appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
+
+
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
+différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
-différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
modalités d’apprentissage ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
+enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
+vie...
-vie...
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
+
+
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 80--><p class="indent" > C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
-
-
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
+
+
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
class="newline" />— J’y suis la grande prêtresse, mais j’y vis enfermée. Le personnel du
temple croit qu’il est inconvenant pour une prêtresse de quitter l’endroit,
alors que tant de gens dans le monde pourraient profiter de mes
-
-
bénédictions. J’ai besoin de toi pour m’enfuir.<br
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
vain.
<!--l. 32--><p class="indent" > Elle suivit la jeune novice, munie d’une bougie, qui la ramenait à sa
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
-
-
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
+
+
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
l’intelligence posée, et la subtilité. Cela les faisait sourire de savoir qu’en
réalité, la petite elfe à l’air fragile était tout autant capable que les autres
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
-
-
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
class="newline" />— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...<br
class="newline" />— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien
-
-
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
+
+
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
+
+
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
approcherez pas des prêtres de toutes façons.<br
class="newline" />Irdann, qui semblait un peu gêné, fit part d’une remarque.<br
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
-
-
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
+
+
s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
class="newline" />Il se mit à rire devant son air méfiant.<br
class="newline" />— Je vais vous présenter le type qu’il nous faut. Un ami à moi,
capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en
-
-
poisons.<br
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée
-
-
Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître
Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui
+
+
sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur
plan.
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
-
-
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
+
+
réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour
écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les
journées moins longues.
-
-
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
+
+
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
visage accueillant.<br
class="newline" />— Un repas et une chambre pour la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
class="newline" />— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la
région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
-
-
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
-
-
réservait quelques surprises.
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
+
+
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
-
-
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
+
+
<!--l. 69--><p class="indent" > Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
-
-
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+
+
<!--l. 101--><p class="indent" > Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
-
-
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
+
+
son tour.
<!--l. 116--><p class="indent" > Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
-
-
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 127--><p class="indent" > Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
-
-
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
-
-
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
+
+
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune
marque de blessure.
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
-
-
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
+
+
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme.
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
-
-
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 208--><p class="indent" > Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
+
+
ne disait rien... N’osait pas poser la question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Au point où il en
était... <br
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
class="newline" />Il la sentit sourire à cette plaisanterie.<br
class="newline" />— Certes. <br
class="newline" />Il hésita à la questionner plus. Elle avait l’air de connaître un peu le sujet...
+
+
<br
class="newline" />— Comment tu ferais, toi, pour savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
class="newline" />— C’est drôle, tu n’as pas l’air de considérer cela comme une tare.<br
class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.<br
class="newline" />— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
+
+
de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
<!--l. 265--><p class="indent" > Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... dans
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
-
-
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
+
+
silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir...
Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
+
+
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
l’intriguait.
<!--l. 294--><p class="indent" > Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
-
-
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
+
+
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
-
-
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
+
+
Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague.
Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
-
-
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
+
+
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
-
-
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
+
+
étaient entrées dans la taverne.<br
class="newline" />— Pourquoi certains humains nous détestent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle l’entendit soupirer.<br
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
-
-
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
+
+
qui viennent.
<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
-
-
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
+
+
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise,
<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
+
+
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
-
-
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
+
+
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
Touryre.
<!--l. 11--><p class="indent" > En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
-
-
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
+
+
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
class="newline" />— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai
compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la
class="newline" />— Où tu veux en venir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. <br
class="newline" />— Je me demande si c’est vraiment un accident et s’ils sont vraiment
+
+
morts.<br
class="newline" />— Aucune idée. Mais tu sais, ce n’est pas à toi ni à moi que l’enquête a été
confiée... Et puis comment le vérifier<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
-
-
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
+
+
vie.
<!--l. 70--><p class="indent" > Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa
sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
-
-
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
+
+
Samantha.
<!--l. 80--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
-
-
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
disparaisse pour de bon...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais je risque ma carrière en faisant ça. J’hésite... Même si
effectivement il faudrait leur dire. Peut-être les aiguiller sur cette
+
+
piste<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ils vont perdre trop de temps... C’est tellement bête... Pourquoi n’ont-ils
pas pensé à faire appel à un prêtre pour ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
-
-
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
+
+
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions<span class="frenchb-nbsp"> </span>: sortir et
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.<br
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
-
-
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
-
-
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
-
-
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
+
+
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
class="newline" />— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
-
-
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
-
-
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Proposa Samantha.<br
class="newline" />— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
pas ma spécialité.
+
+
<!--l. 222--><p class="noindent" >— D’un point de vue plus pratique, on fait quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On dit quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr regarda les trois autres.<br
class="newline" />— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...<br
class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
fait.<br
class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
-
-
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à
+
+
faire appel à un prêtre.<br
class="newline" />Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec
Samantha et Farl... s’ils acceptaient.<br
class="newline" />— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais
+
+
besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien
entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou
que tu m’apprennes ce que tu trouves.<br
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à la
considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d’un point à
un autre.
+
+
<!--l. 9--><p class="indent" > Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
-
-
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
rassurant...<br
class="newline" />
+
+
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 25--><p class="noindent" >— Une arakne<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
-
-
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 59--><p class="indent" > Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
des filaments de lumière blanche, légèrement moirés, traversèrent son iris.
+
+
Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la
place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées,
presque aussi grand qu’elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
-
-
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. <br
class="newline" />— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...<br
class="newline" />— Je sais. Tu risques d’être brûlée vive, et moi avec, rien que pour avoir
+
+
pris ta défense.<br
class="newline" />Elle sembla un peu rassurée de l’entendre dire qu’il la défendrait sans
conditions.<br
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
-
-
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
-
-
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait
dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent
+
+
coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques
pas.
<!--l. 105--><p class="indent" > Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
elfe Aldariel Lalrilë, qui t’ordonne de la lâcher immédiatement si tu ne veux
pas que cette flèche traverse ton cou.<br
class="newline" />Le ton de la voix était impératif, et la pointe dans sa nuque l’était
+
+
tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers
lui.
rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment
blanche. Une boule de feu...
<!--l. 129--><p class="indent" > Toujours immobile, impuissante, elle vit Aldariel hésiter, tandis que
+
+
l’homme avait pris une expression mêlant soulagement, crainte et surprise.
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
-
-
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
-
-
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 180--><p class="indent" > Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la
guerrière à sa droite. Tous trois scrutaient les environs avec inquiétude,
+
+
mais rien n’arrivait. Pouvaient-ils être venus à bout de ces horreurs,
finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 182--><p class="indent" > Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
-
-
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
class="newline" />— Comment va-t-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Elle respire calmement.<br
class="newline" />L’elfe se leva et posa une main délicate sur le front de la jeune femme
+
+
endormie.<br
class="newline" />— Elle a un peu froid. Tu devrais la couvrir.<br
class="newline" />Il prit leurs deux couvertures dans leurs sacs respectifs et l’enveloppa
dormir.<br
class="newline" />Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au
lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
+
+
faire de même. Il hésita un peu. Le pain était rassis, la viande encore plus
séchée, mais il leur proposa tout de même. <br
class="newline" />— Désolé, ce n’est pas très frais, mais si vous en voulez...<br
riche en émotions... Aldariel hocha la tête.<br
class="newline" />— Il est effectivement temps de se reposer.<br
class="newline" />— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne fais
+
+
pas ça d’habitude, mais le danger qui nous menace est assez inhabituel,
proposa-t-il.<br
class="newline" />— Pourquoi pas, répondit Silwë, puisque visiblement nous sommes tous les
class="newline" />— Tu vois encore mieux que nous dans l’obscurité. Tout comme ta légère
sensibilité à la lumière, c’est typique des elfes noirs. Il faut que tu
saches que... nous ne sommes pas vraiment en bons termes avec
+
+
eux.<br
class="newline" />Elle semblait gênée. Son amie reprit, presque doucement.<br
class="newline" />— Tu n’y es pour rien. Mais je te conseille de cacher ce don face à des elfes
retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
+
+
aguets. Devait-il être rassuré ou inquiet<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’eut pas le temps de se
poser plus longtemps la question, la fatigue l’envahit et il s’endormit
profondément.
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
-
-
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle
l’occasion le lendemain<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 289--><p class="indent" > L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter
+
+
la garde à sa place. Était-il vraiment de confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait avoué avoir agi
par peur, lorsqu’il avait attaqué Silwë, mais qu’est-ce qu’il lui disait qu’il
n’agirait pas ainsi d’autres fois<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si il les attaquait, toutes les deux, alors
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
-
-
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
répéta-t-elle...
<!--l. 302--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 304--><p class="indent" > Une partie de la nuit était déjà passée, et il n’avait pas –encore– eu la
gorge tranchée pendant son sommeil... jusque là, tout allait bien. Enfin, si
on exceptait les araknes, la révélation de Sélène, la rencontre –peu amicale
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
-
-
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
inconnue et étrange<span class="frenchb-nbsp"> </span>: raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient
appris la langue des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il en doutait, sinon elles auraient
utilisé –au moins ponctuellement– leur langage pour parler dans son
+
+
dos.
<!--l. 311--><p class="indent" > Il soupira. Après tout, s’il se posait des questions idiotes, c’est qu’il était
encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce serait
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
-
-
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
<!--l. 319--><p class="indent" > L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
nocturnes. Tout allait bien. Il s’approcha doucement de Silwë, et lui posa la
+
+
main sur l’épaule.<br
class="newline" />— Psst... Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’elfe se réveilla et sembla paniquer à sa vue. Sa main se tendit vers son
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-
-
toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait
semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne
n’était pas rien, dans cette région, même si c’était pour lui sauver la
+
+
vie...
<!--l. 337--><p class="indent" > Elle se demandait, d’ailleurs, quelle était la relation réelle entre ces deux
jeunes gens. À voir Zach, en tous cas, il semblait évident qu’il y avait
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-
-
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes,
leur alliance temporaire quand d’autres créatures avaient attaqué,
+
+
et... le trou noir. Elle avait lancé beaucoup de sorts en si peu de
temps, elle n’avait pas tenu le coup. Elle manquait encore tellement
d’entraînement.
class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
+
+
<img
src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
-
-
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
effectivement respectée ici, et il était tout de même le fils de leur suzerain,
bien que n’en portant pas le titre. Le seigneur se leva pour l’accompagner
lui-même à la chambre qui lui était préparée. Il ne s’attendait pas à un tel
+
+
accueil.<br
class="newline" />— Nous ferez-vous le plaisir de dîner avec nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien volontiers, d’autant que voilà plusieurs jours que je n’ai pas fait un
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
tâche s’il devait en plus fouiller toutes les cachettes potentielles... Un bijou
offert par un amour d’adolescente<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un journal intime<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais si elle est
+
+
réellement attachée à cet hypothétique objet, elle aurait pu tenter de
l’emmener avec elle, caché dans le grand coffre qu’elle emportait en tant que
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
-
-
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
familier.
<!--l. 53--><p class="indent" > Il sortit de sa poche un simple caillou qu’il avait ramassé dans la cour, et
le posa à côté du livre, et débuta son incantation.
+
+
<!--l. 55--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Difficile à dire, mais de ce qu’il voyait
par la fenêtre, la nuit était tombée. Il ramassa délicatement la pierre posée
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
-
-
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
tenu secret...
<!--l. 67--><p class="indent" > De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
+
+
retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui
racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
-
-
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
je me demande si on ne peut pas ajouter ça...<br
class="newline" />Elle fouilla dans son sac, et en sortit une petite fiole qu’elle tendit à l’elfe.
Celle-ci tenta de lire l’étiquette, fronça les sourcils. Puis elle l’ouvrit, renifla
+
+
légèrement le contenu.<br
class="newline" />— Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme...<br
class="newline" />Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
-
-
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— Tu as appris l’épée durant ton séjour à la capitale, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, chez maître Ernest. Tu le connais<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— De réputation, mais je ne l’ai jamais rencontré directement. D’ailleurs...
+
+
<br
class="newline" />Il se leva et alla chercher son épée, posée avec sa ceinture quelques mètres
plus loin. <br
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
-
-
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
bon escrimeur, corrigea-t-elle mentalement. Pourtant... sur une passe un peu
inhabituelle, elle réussit à créer une faible ouverture dans sa garde. Faible,
mais suffisante... Son épée s’arrêta à quelques millimètres de sa poitrine.
+
+
Elle esquissa un léger sourire.
<!--l. 145--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
-
-
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
de la faire reculer, combiné à l’effet de levier qu’elle appliquait, lui
fit lâcher son épée. Perdu encore... ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il était toujours très
près d’elle, à une distance peu pratique pour manipuler une arme
+
+
longue.
<!--l. 160--><p class="indent" > Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant
de pause, et au dernier moment se jeta sur elle, saisissant son poignet et
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
-
-
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
laissa volontairement tomber en arrière, profitant de l’élan pour la faire
tomber à son tour. Il roulèrent tous les deux, chacun tentant de renverser
l’autre sur le dos. Malgré ses efforts, Zach eut rapidement le dessus. Après
+
+
l’avoir immobilisée, il plaça ses mains autour de son cou et fit mine de
l’étrangler. Elle sourit légèrement.<br
class="newline" />— Bien vu.
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
-
-
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ah... euh oui désolé.
<!--l. 189--><p class="indent" > Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent
de manière à voir l’intrus arriver sans être découverts.
+
+
<!--l. 191--><p class="indent" > Le cavalier qui s’approchait était vêtu de blanc et portat un large
heaume masquant son visage. Un chevalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était seul, ce qui était
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
se mit à courir vers le campement.
<!--l. 207--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
+
+
<!--l. 209--><p class="indent" > Il savait qu’il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui
donnait aucune indication de la distance à laquelle se trouvait dame
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
-
-
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
class="newline" />— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le chevalier planta ses deux épées dans le sol à côté de lui. Puis il souleva
son casque, dévoilant son visage. C’était lui, aussi surpris qu’elle de le
+
+
voir.
<!--l. 229--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
-
-
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mon nom est Irdann, je suis paladin de la déesse Melna. Je suis à la
recherche de dame Sélène.<br
class="newline" />Elle ne put retenir une exclamation de surprise. Il l’aperçut, la dévisagea,
+
+
puis fit un pas dans sa direction, et posa un genou à terre devant
elle.<br
class="newline" />— C’est vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes saine et sauve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
-
-
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
-
-
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
mal à l’aise. C’était peut-être le moment de ranger les couteaux
tirés.<br
class="newline" />— Permettez-moi de vous présenter Zach, le meilleur guide de la région,
+
+
sans qui je ne serais pas en vie en ce moment...<br
class="newline" />La main tendue obligea Zach à ranger son épée pour le saluer. C’était le
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.<br
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
-
-
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
class="newline" />— Je prends un peu d’avance, vous me rejoindrez...<br
class="newline" />Irdann ne put s’empêcher de regarder l’elfe s’éloigner rapidement, avec
légèreté et aisance. Les elfes sylvains étaient en forêt comme des poissons
+
+
dans l’eau...
<!--l. 299--><p class="indent" > Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
-
-
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
l’escrime auprès du même maître et avaient déjà vécu des tas de choses
ensemble... Quelle chance avait-elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 311--><p class="indent" > Ils s’arrêtèrent au pied d’un grand arbre, que Silwë proposa d’escalader
+
+
pour vérifier leur chemin. Zach, qui n’avait pas dit un mot depuis que le
chevalier les avait quittés, haussa les épaules. Pourtant, c’était lui
qui connaissait bien le coin, normalement... Alors qu’il s’asseyait au
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
-
-
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
Vexé, il s’élança lestement vers elle, et se rétablit sur la même branche. Sa
réaction était presque drôle, en fait... <br
class="newline" />— Qu’est-ce que ça veut dire, hein<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 330--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 332--><p class="indent" > L’archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
-
-
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
sauvageon barbu et fauché.<br
class="newline" />Elle gagna à nouveau une branche un peu plus élevée. Il ne l’aurait pas
avoué, mais pouvoir vider son sac le soulageait un peu. Il continua son
+
+
ascension à son tour.<br
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.<br
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
-
-
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
échapper cette fois-ci<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il plia les genoux, et sauta dans sa direction,
cherchant à l’attraper à la taille. Elle fit un pas en arrière, se laissant
tomber verticalement, et saisit avec ses deux mains la branche sur laquelle
+
+
elle se trouvait une seconde plus tôt. Ses bras à lui n’attrapèrent que du
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
-
-
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
-
-
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
marcher.<br
class="newline" />Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en
route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus
+
+
tout ce poids à porter.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pour se défendre...
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
-
-
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
class="newline" />Il avait crié ça entre deux coups d’épée. Elle recula vers la jument.
Pourrait-elle tenir en selle et s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et l’abandonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle repéra au sol
un coutelas, abandonné par un des brigands qui gisait au sol. Saurait-elle
+
+
s’en servir de toutes façons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 451--><p class="indent" > Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann,
occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
-
-
sûrement.
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
bataille. Le paladin, entouré de plusieurs hommes, peinait à se défendre
malgré son adresse aux épées. Les bandits semblaient plus occupés avec lui
et ne semblaient pas surveiller Sélène, attendant visiblement d’avoir éliminé
+
+
leur menace principale.
<!--l. 461--><p class="indent" > Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
class="newline" />Il avait vu l’homme s’approcher, il l’avait vue se sentir mal, sans pouvoir
rien faire. Il avait toujours trois adversaires face à lui, et peinait à parer
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
-
-
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
l’impression de voir la jeune femme poignarder violemment son adversaire
d’un couteau. Ne s’était-elle pas évanouie quelques instants plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
stress du combat, avec l’obscurité qui tombait, devait lui jouer des tours. Et
+
+
l’épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
class="newline" />— Comme au bon vieux temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 484--><p class="indent" > Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
-
-
pieds.<br
class="newline" />— Vite, il faut aller aider Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Ne t’inquiète pas pour elle. On s’occupe de tout.<br
class="newline" />D’un même geste, ils achevèrent leurs derniers adversaires. Il laissa passer
un instant pour reprendre son souffle, puis observa enfin le champ de
bataille.
+
+
<!--l. 491--><p class="indent" > À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle
semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach
était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air
<!--l. 499--><p class="indent" > Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
-
-
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+
+
pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...<br
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
-
-
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
Silwë.
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
sans demander son reste.
<!--l. 519--><p class="indent" > Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin.
+
+
<!--l. 521--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 523--><p class="noindent" >— Oh, tu es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 536--><p class="indent" > À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
compagne.<br
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
-
-
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l’aider, alors qu’il était
blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
-
-
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
tête en souriant.<br
class="newline" />— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
+
+
peu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
ma tête d’elfe.<br
riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui
attendaient précisément Sélène et Irdann... <br
class="newline" />— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des
+
+
personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de
nom.<br
class="newline" />— Oui... <br
leur fit signe d’attendre.<br
class="newline" />— Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.<br
class="newline" />Il s’élança vers la porte.
-
-
<!--l. 612--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="newline" />— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci.
<!--l. 634--><p class="indent" > Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce
que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas
+
+
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
<!--l. 640--><p class="indent" > Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
-
-
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu’elle était un peu
frêle.
<!--l. 651--><p class="indent" > Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu’ils se levèrent
-
-
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
fou rire.
+
+
<!--l. 653--><p class="indent" > Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
class="newline" />— Tiens, j’y pense, d’où te vient une telle réputation<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Euh, de quoi tu parles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre
-
-
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
+
+
l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il
abdiqua.
<!--l. 668--><p class="indent" > Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.<br
class="newline" />— Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n’imaginais pas à quel
point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des
relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez
-
-
nous...<br
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
+
+
rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la
plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
class="newline" />— Vendu<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 733--><p class="indent" > Ils s’installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la
pièce dans l’obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce
-
-
compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
+
+
<!--l. 735--><p class="indent" > Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
class="newline" />— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils
+
+
restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.<br
class="newline" />— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
bénéficier d’un effet de surprise...<br
class="newline" />— Je n’avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien
attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois
hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />— Mais tu as bien fait de te défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Soulagée, elle sourit –elle était
-soulagée également de noter qu’il ne voyait pas ses expressions dans le noir,
-lui– et répondit nettement plus spontanément.<br
+class="newline" />— Mais tu as bien fait de te défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>! <br
+class="newline" />Soulagée, elle sourit –elle était soulagée également de noter qu’il ne voyait
+pas ses expressions dans le noir, lui– et répondit nettement plus
+spontanément.<br
class="newline" />— Ça n’a pas l’air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes
pour défendre sa peau...<br
class="newline" />— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour
être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois
+
+
capable comme les autres.<br
class="newline" />Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.<br
class="newline" />— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
-je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait pas
-vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains. Peut-être
-que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en m’envoyant
-là... <br
-class="newline" />— Ils voulaient faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas une
-simple épée bien entraînée à faire ce qu’on lui a appris...<br
-class="newline" />— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères.
+je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
+pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
+Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
+m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
+<br
+class="newline" />— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
+une simple épée bien entraînée et obéissante...<br
+class="newline" />— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères...
<!--l. 772--><p class="indent" > Elle avait l’impression qu’il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu’est-ce
que cela pouvait cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un
« critère » particulier en tête<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle brûlait d’envie de le questionner, mais
peut-être n’était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en
souriant.<br
class="newline" />— Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d’une vraie
-« dame »... <br
+« dame ». <br
class="newline" />— Je vois ça. D’ailleurs, j’y pense, qui t’a appris cette technique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il faut
un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle sourit.<br
-class="newline" />— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Peut-être qu’à force de
-côtoyer des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et même toi, leur courage
-déteint sur moi...
+class="newline" />— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Je ne sais pas trop
+comment. Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie, d’ailleurs.
+Peut-être qu’à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et
+même toi, ils déteignent sur moi...<br
+class="newline" />— Leur folie ou leur courage<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je dirais effectivement qu’il est à la fois courageux et fou de chercher à
+traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.<br
+class="newline" />Il était bien placé pour parler de prudence...<br
+class="newline" />— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt,
+
+
+seul et sans escorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 783--><p class="indent" > Il ne répondit pas.<br
+class="newline" />— Je t’ai vexé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous.
+Et ça a failli nous coûter cher.<br
+class="newline" />— Nous seront en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
+parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
+neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
+une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
+bon se poser ce genre de question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait su tout cela dès le
+début.
+<!--l. 790--><p class="noindent" >— Oui.<br
+class="newline" />Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne nuit.<br
+class="newline" />— Bonne nuit.
<center class="par-math-display" >
-
-
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Tenant à la main un bougeoir, elle s'avança dans l'immense pièce, éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans.
-Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les araignées, ni même les rats qu'on y trouvait parfois~; et \chloe était ravie de s'en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du châ\-teau n'a\-vaient pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n'avait pas été considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du trésor.
+Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les araignées, ni même les rats qu'on y trouvait parfois~; et \chloe était ravie de s'en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du châ\-teau n'a\-vaient pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n'avait pas été considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du trésor.
Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur~? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses deux parents avaient fait en sorte qu'elle soit éduquée comme une future noble, délicate, douce, attentionnée, soumise. Ils n'avaient pas retenu sa passion pour la lecture, se disant qu'au fond, en lisant, elle n'abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur époux.
Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée ne l'enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d'autre~? S'évader dans ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait quatorze ans, et cela faisait presque un an qu'elle venait régulièrement lire ici.
-Elle était arrivée devant l'une des vieilles armoires à moitié rongées par les termites. Le dernier livre qu'elle avait lu parlait de plantes médicinales -- qu'elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d'images--, celui d'avant était un journal de bord d'un grand tacticien militaire, celui d'encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le précédent était un récit historique d'une grande bataille entre les elfes... Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s'intéressait à tout.
+Elle était arrivée devant l'une des vieilles armoires à moitié rongées par les termites. Le dernier livre qu'elle avait lu parlait de plantes médicinales --qu'elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d'images--, celui d'avant était un journal de bord d'un grand tacticien militaire, celui d'encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le précédent était un récit historique d'une grande bataille entre les elfes... Il y avait de tout, dans le désordre. %Elle lisait tout, s'intéressait à tout.
Alors qu'elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l'étagère de l'armoire qui les maintenait s'effondra brusquement. Elle sursauta et la flamme de la bougie vacilla. Si l'armoire s'était écrasée sur elle... Mais à part un tas de livres par terre, rien de grave ne s'était passé. C'est alors qu'elle aperçut, sur le fond de l'armoire, là où se trouvaient les livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si l'armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque chose~?
La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.\\
--- Encore raté...\\
--- Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n'es pas si loin~!\\
-Elle regarda son frère, qui s'entraînait à côté. Il aimait la railler à chaque fois qu'elle s'entraînait -- avec un succès toujours mitigé -- à l'arc.\\
+Elle regarda son frère, qui s'entraînait à côté. Il aimait la railler à chaque fois qu'elle s'entraînait --avec un succès toujours mitigé-- à l'arc.\\
--- Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l'ennemi qui se marre à cinq mètres, tu veux dire~?\\
--- Par exemple, proposa-t-il en riant. Ou alors tu attends qu'il te fonce dessus, et tu l'atteins à bout portant.\\
Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une flèche imaginaire, avec un petit air de défi.\\
La voix de leur mère venait de résonner. Instantanément, ils se séparèrent, et répondirent en regardant leurs pieds nus.\\
--- On s'entraîne.\\
--- Je vois ça. \denise, tu peux venir avec nous s'il te plaît~?\\
-Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats -- c'était également le cas de sa mère -- mais les broderies dorées indiquaient qu'il s'agissait vraisemblablement de quelqu'un d'important. Elle nota qu'à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu'utilisent les humains, enfin c'était ce qu'on lui avait dit. Elle n'en avait jamais vue en vrai jusqu'alors. L'homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d'un âge avancé et d'une grande sagesse.
+Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats --c'était également le cas de sa mère-- mais les broderies dorées indiquaient qu'il s'agissait vraisemblablement de quelqu'un d'important. Elle nota qu'à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu'utilisent les humains, enfin c'était ce qu'on lui avait dit. Elle n'en avait jamais vue en vrai jusqu'alors. L'homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d'un âge avancé et d'une grande sagesse.
Lui et sa mère la menèrent, d'échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui ressemblait à une salle d'entraînement.\\
--- Ta mère m'a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle~?\\