X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=html%2Faventuriers.html;h=fda8b9d486a9fca818da6fc6eb2c447dae9cd655;hb=c76eef45d4339e6109489ddb45fb80953dbab667;hp=210807fadb8bb9bfed80fb79627562ff7d49e73a;hpb=c5a139cbb237c19a9e77494ba442e7a3d8b660a0;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/html/aventuriers.html b/html/aventuriers.html index 210807f..fda8b9d 100644 --- a/html/aventuriers.html +++ b/html/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - + @@ -25,27 +25,27 @@ [
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Sélène -

Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce, +

Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce, éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans. -

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les -araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici ; et Sélène était ravie de -s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas -été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, +

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les +araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie +de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient +pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, -vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été +vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du trésor. -

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. +

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une @@ -54,21 +54,20 @@ retenu sa passion pour la lecture, se disant qu’au fond, en lisant, elle n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur époux. -

Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à +

Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? S’évader dans ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire ici. -

Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par -les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales – -qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu +

Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par +les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales +–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le -précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... -Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à -tout. -

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de +précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y +avait de tout, dans le désordre. +

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est @@ -76,35 +75,35 @@ alors qu’elle aper livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque +chose ? -chose ? -

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après +

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre de magie ! -

La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, +

La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur âme à des divinités maléfiques. Pour s’en protéger, on les chassait, les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit ? Le brûler ? Le ramener à ses parents ? ... Le lire ? -

Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son +

Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son âme en l’ouvrant ? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop tard... -

Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et +

Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire. -

Silwë -

La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.

La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.
— Encore raté...
— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin !
Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à -chaque fois qu’elle s’entraînait – avec un succès toujours mitigé – à +chaque fois qu’elle s’entraînait –avec un succès toujours mitigé– à l’arc.
— Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l’ennemi qui se marre à cinq mètres, tu veux dire ?
Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une fl un petit air de défi.
— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi !
Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière + + spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde. @@ -129,8 +130,8 @@ class="newline" />— On s’entra class="newline" />— Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s’il te plaît ?
Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le -pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats – c’était -également le cas de sa mère – mais les broderies dorées indiquaient qu’il +pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats –c’était +également le cas de sa mère– mais les broderies dorées indiquaient qu’il s’agissait vraisemblablement de quelqu’un d’important. Elle nota qu’à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu’utilisent les humains, enfin c’était ce qu’on lui avait dit. Elle n’en avait jamais @@ -138,14 +139,14 @@ vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande sagesse. -

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du +

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui ressemblait à une salle d’entraînement.
— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle ?
— Oui. Mais je ne suis pas douée à l’arc... répondit-elle timidement.
Il lui sourit, et jeta un œil à sa mère, à quelques pas de là.
— Il est de toutes façons difficile d’être aussi bonne archère qu’elle. Mais -peut-être serais tu plus à l’aise avec autre chose ?
 ?
Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s’il l’évaluait.
— Quel âge as-tu ?
Elle prit l’arme, la soupesa, et h class="newline" />— Essayer, comment ?
— Comme ça.
L’homme avait saisi une seconde épée en bois, et s’était précipité sur elle. -Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l’épée d’un coup de la sienne. -Même en bois, l’épée était un peu lourde... L’homme attaqua de nouveau, -elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d’encaisser -un choc qui ne vint pas... L’homme s’était arrêté à quelques centimètres -d’elle.
— Pas mal. Je pense que c’est bon.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Il s’assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.
— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée, ici. Cela te convient-t-il ?
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête. -

Uhr -

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, -vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une +

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus +de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une +épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux -ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de -nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, -et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares -adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un +coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien +qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes +de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un citadin. -

Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la +

Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.
— Là, regardez !
Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait +class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutaient paisiblement.
— Pourquoi tu t’arrêtes ? demanda sa sœur en lui donnant un coup de poing dans les côtes.
— On peut juste attaquer. Tu r va !
Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la colline en direction des aurochs. -

Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne +

Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de @@ -210,25 +211,25 @@ questions. Manger, boire, s’entra quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion. Alors pourquoi ? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des -défaut ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question +défauts ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa sœur. -

Irdann -

Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le +

Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs +pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer -pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer quelqu’un sur place en une parole. -

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait +

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir. Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large sac en cuir, visiblement rempli. -

— Hm... prêtre Khil ?

— Hm... prêtre Khil ?
Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge, d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui @@ -255,9 +256,9 @@ ensuite son class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé, n’est-ce pas ? +

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains -

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.
— Vous avez d class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.
— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de nombreuses aventures... -

Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait +

Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire semblant d’être inoffensif ? Il devait être redoutable sur un champ @@ -292,35 +293,123 @@ honneur.
— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil, comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en - - dehors du temple.
— Ah ? Comment ?
— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon ! Nous verrons bien.
Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la capitale. -

Sélène +

Debout devant elle, ils tremblaient de tous leurs membres. Surprise ? +Colère ? Peur ? Incrédulité ? Panique ? Probablement un peu de tout +cela. Le grenier dans lequel elle les avait amenés était dans un sale état, +mais c’était le seul endroit où elle pouvait pratiquer la magie sans être vue +ou entendue... +

Suivant pas à pas les conseils du livre, elle avait découvert qu’elle avait +un certain don pour cela. Avec de la persévérance, elle avait réussi à +lancer son premier sort, paraît-il le plus simple, une boule de feu, et +elle avait manqué de brûler la bibliothèque. Le livre disait aussi +qu’il était très difficile de contrôler sa propre énergie magique... De +nombreuses traces noires couvraient désormais les murs et le sol +du grenier, et un certain nombre de vieux meubles en bois avaient +brûlé. +

À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en +crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa +démonstration spectaculaire.
— Ce n’est pas possible...
— Notre propre fille, une sorcière...
Elle se tenait entre eux et la porte du grenier. Elle ne cherchait pas +particulièrement à les empêcher de sortir, mais elle voulait qu’ils l’écoutent +avant.
— Arrêtez avec vos histoires. Les sorciers ne sont pas maléfiques, en tous +cas pas tous. Vous ne croyez quand même pas à toutes ces histoires de +démons ?
— Ils avouent tout de même...
Elle secoua la tête d’un air rageur.
— Avec les tortures qu’on leur inflige ? N’importe qui avouerait n’importe + + +quoi. Ne soyez pas idiots.
Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait +quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais +peut-être n’était-ce pas le cas de tous ?
— Regardez-moi. Suis-je devenue un monstre en apprenant un peu de +magie ? +

Ils l’observèrent un moment. Elle n’avait pas vraiment changé ces +dernières années, à part un peu grandi, mais ce n’était vraisemblablement +pas une histoire de magie. Pourtant... ils avaient la sensation que leur +fille leur échappait, qu’elle n’était pas la jeune fille qu’ils auraient +voulu qu’elle soit, qu’elle ne pensait pas comme ils auraient voulu +qu’elle pense. Peut-être était-ce juste cela, être une sorcière ? Ne +pas être celle que les autres attendaient ? Était-ce maléfique pour +autant ? +

Elle soupira, et interrompant leurs pensées, fit apparaître lentement une +seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en +arrière, effrayés.
— Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la +fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis-à-vis +de votre peuple.
La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration. +Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique +grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme. +Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...
— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part +vous ne le saura.
La taille de la flamme diminua lentement, à mesure qu’elle se calmait.
— Si vous me laissez étudier la magie comme je le souhaite, je ferai tout +pour garder sauf l’honneur de la famille. Je ferai tout ce que vous voudrez. +J’épouserai qui vous voudrez. S’il vous plaît...
Un silence passa, durant lequel ils semblèrent considérer cette idée.
— Aaaïe !
La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en +énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se +mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix + + +–presque– apaisée.
— Montre ton bras ?
Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se +former.
— Je peux... m’en occuper.
Elle se concentra, malgré la douleur vive. Il y avait cet autre sort qu’elle +avait appris. Un sort pour soigner... Il était, d’après le livre, plus complexe +que celui du feu, et elle avait beaucoup moins d’occasions de le pratiquer. +Mais les quelques fois où elle avait essayé, le résultat n’avait pas été si +mauvais. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. La douleur avait +considérablement diminué, et les cloques avaient disparu, même si +la peau restait un peu rouge et sensible. Elle lâcha un soupir de +soulagement.
— Vous voyez, la magie peut être bénéfique, aussi.
Son père observa tour à tour sa main, son visage, et celui de son épouse, qui +semblait réfléchir, un peu en retrait. Celle-ci finit par s’approcher +également.
— J’ai peut-être une idée... +

Farl -

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le +

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment, silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il -s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne +s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si bien remplies... -

Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé +

Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas les moyens de le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre. À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand, + + mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept ans. -

Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait +

Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées –et surtout ses nuits– à apprendre les ficelles du métier. Déplacement @@ -328,14 +417,12 @@ furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir, escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de jeu. - - -

Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si +

Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants – fêtards, malfaiteurs, gardes ? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était qu’une ombre parmi les ombres de la nuit. -

Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent +

Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension. L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il @@ -346,13 +433,15 @@ Il sortit de son petit sac lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du bâtiment. -

Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant. +

Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant. Était-il monté par l’escalier ? Avait-il escaladé ? Plus rien ne le suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à gousset.
— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.
Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.
— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à + + fait honorable.
Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se @@ -360,12 +449,10 @@ leva et s’ class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première mission.
Farl le regarda, les yeux brillants. -

Zach -

— Bon, allez, on fait une pause ?

— Bon, allez, on fait une pause ?
À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant - - de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante @@ -383,25 +470,25 @@ class="newline" />— Parce que c’est avec lui que la fille du cordonn l’autre soir.
— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à couper du bois. -

Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante, +

Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante, se remémorant la soirée de la veille. -

C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses +

C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux, aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des arbres, comme leur père. Et pour cause ! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas + + d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il vivait. -

Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un +

Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple tunique, d’un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs - - épées et boucliers au côté.
— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour nous et la damoiselle que nous escortons.
— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de quoi souper et dormir.
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ? -

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En +

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En chemin, l’un des soldats l’interrogea :
— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à +class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ? -

Il réfléchit quelques instants.

Il réfléchit quelques instants.
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ? -

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. +

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide + + possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.
— D’accord. -

Aldariel -

— Oui, Aldariel, tu voulais me voir ?

— Oui, Aldariel, tu voulais me voir ?
La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et frêle, vêtue d’une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père avait l’air si imposant quand il était assis sur - - son trône ! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et constatant qu’il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses @@ -459,9 +546,11 @@ certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut- s’entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun champ de bataille de sa vie –ou alors que de loin–, du moins il l’espérait, alors que risquait-il ?
— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer ?
— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer ?
Il soupira.
— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps... + + J’allais même disputer des tournois chez les humains.
Chez les humains... On disait tant de choses des humains ! Elle ne savait même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son @@ -470,16 +559,14 @@ plut t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc : une des meilleures archères de mon escouade d’élite.
Le visage d’Aldariel s’illumina. -

Samantha -

La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple - - +

La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple –prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et presque un peu effrayant. -

Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation. +

Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation. Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà ! Mais cette ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare. @@ -488,42 +575,81 @@ survivants de son village, d de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna, qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus proche. -

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha +

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit, appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les concurrentes. -

Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de +

Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien + + –peut-être un peu trop ?– en valeur sa féminité. Elle portait un large collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets, aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin accompli. -

Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers +

Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent. C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce mélopée. - - -

Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, +

Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras, et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le regarder. -

Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus +

Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi, avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements redoublèrent. -

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. +

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. +

Zach +

— Là-bas, je vois l’orée !
Les soldats laissèrent échapper une exclamation de joie. Après quatre jours +dans la forêt, ils n’étaient pas mécontents de retrouver la civilisation. De +son côté, Zach, installé à côté du cocher, rêvassait. Il se demandait bien qui +était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de voir, en théorie. En +pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en +temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de +petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine + + +richement orné. +

— Hé, gamin !
Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un +grand sourire.
— Tu as fait du bon boulot en nous guidant jusque là. Tu auras bien gagné +ta paie !
Il rougit légèrement.
— Merci.
— Ton chemin parallèle pour éviter le sentier embourbé était le bienvenu... +Nous aurions perdu beaucoup de temps à nous traverser cette partie avec le +carosse !
Il haussa les épaules en souriant.
— Nous allons parfois livrer du bois par là, et ce n’est pas la première fois +que ce chemin est inondé...
Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.
— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot ?
— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un +peu trop âgé pour ça.
Il lui fit un clin d’œil.
— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron, +à mon avis.
Il allait répondre, lorsqu’un des soldats lui adressa la parole.
— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on +arrive ?
— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.
— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as +bien mérité !

[
@@ -531,6 +657,8 @@ src=

Uhr + +

Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été @@ -544,8 +672,6 @@ d’abord se lib fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s’endormir, épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui - - partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait @@ -557,7 +683,7 @@ permettait d’ pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour eux. -

Le cinquième jour, l’expédition sembla rejoignit camp nettement plus +

Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il @@ -567,6 +693,8 @@ chef de ce grand clan barbare. dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet, et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à présent ? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se + + retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de bâton en plus. @@ -580,8 +708,6 @@ class="ecti-1095">Farl

Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son - - équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un @@ -603,6 +729,8 @@ besoin.

Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement, visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan. Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui + + faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait nettement la tâche.

Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un @@ -616,8 +744,6 @@ de lui.

Uhr

Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de - - l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite. @@ -639,13 +765,15 @@ sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’emp l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou + + ennemi ?

La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se hâta vers le petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le moindre bruit.
— Qui es-tu ? Lui demanda-t-il.
— Qui es-tu ? lui demanda-t-il.
— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu ?
Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.
— Comment as-tu vu tout class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais seul, comment faire...

Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.
— Donne moi tes poignets.
— Donne-moi tes poignets.
Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et rapidement les chaînes qui le retenaient.
— Maintenant, nous avons moyen de mettre cette vengeance en pratique. @@ -686,9 +814,7 @@ si diff vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes... Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques - - -instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa +instants, alors que le barbare jouait avec ses chaînes défaites, savourant sa liberté.
— Bon, voilà ce que nous allons faire.
Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement. @@ -710,6 +836,8 @@ poing, mais pour tuer rapidement, class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois. Cela te conviendrait ?
— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort. + + Les gardes changent de temps en temps.
Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra, et ils se sourirent. @@ -722,8 +850,6 @@ entra.

Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des - - standards barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita @@ -739,15 +865,17 @@ class="newline" />— Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...
Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance ? Les deux ? Toujours est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant. -Elle le fixant avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait +Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait affaire... Mais après tout, c’était une barbare, tout comme lui, et elle avait dû en voir d’autres. Elle se leva sans un bruit, et pointa du doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du roi.

Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres. Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme + + était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait -servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, +servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre, probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve d’un ennemi vaincu, c’était au pire une monnaie d’échange, leur aspect @@ -758,8 +886,6 @@ n’y roi et se rua au dehors, son épée à la main.

Farl - -

Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme @@ -781,6 +907,8 @@ soulagement. le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en ébullition.

Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés + + par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir @@ -793,8 +921,6 @@ venaient.
— Là-bas ! Il y a des intrus !
Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin. - -

Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de porte.
— Merci.
— On file et on discute après ?
Il lui rendit son sourire.
— Ça marche. - -

Uhr

Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par @@ -867,8 +993,6 @@ d class="newline" />Il n’avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe - - coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se @@ -889,6 +1013,8 @@ avait trouv depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et + + compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras @@ -907,7 +1033,8 @@ class="newline" />— J’ai d manque trop, décidément...
— Sérieusement ?
— Hé oui !
— La garde a une bonne réputation, n’est-il pas difficile d’y entrer ?
— La garde a une bonne réputation, ce n’est pas trop compliqué d’y +entrer ?
— Il y a des unités d’élite, qu’il est difficile d’intégrer. Mais il y a de la place pour y être simple soldat, et après, qui sait...
Il lui sourit.
— Vraiment ? class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais...
— Le fait de tuer te gène ?
— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien + + payée.
Son ami réfléchit un moment avant de répondre.
— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou @@ -935,50 +1064,52 @@ quelques cas d’assassins qui avaient progressivement choisi leur seconde v à leur première. Il ne parlait pas d’eux en traîtres. Je me demande s’il se doute de mes sentiments, en fait... Peut-être a-t-il évoqué cela exprès ? -

Il marqua une pause, pendant laquelle son ami le fixa.
— La question est donc, que vas tu faire ?

Il marqua une pause.
— La question est, que vas-tu faire à la place ?
— Je ne sais pas encore. C’est bien le problème.
Uhr sourit, et termina sa chope.
— Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.
Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien, oui... -

+[
+

+

+

Irdann -

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et +

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs + + d’enfant. -

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il +

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons, il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup -de maîtres d’armes, mais Khil, le prêtre qui s’occupait de son éducation -et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de -son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui -soit. -

Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et +de maîtres d’armes, mais Khil avait décidé de l’envoyer chez le meilleur +épéiste qui soit. +

Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.
— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.
L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi -qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.
— C’est vous le novice du temple de Melna ? Il vous attend. Venez. -

Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine +

Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un -archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe ! -C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on - - -croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y -attendre. L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc -et d’une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. -L’homme sourit à l’elfe, alors qu’il entendit quelques morceaux de -conversation.
 ! C’était la +première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on croiserait +toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y attendre. +L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc et d’une +cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L’homme +souriait.
— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son élève ! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.
L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut @@ -990,6 +1121,8 @@ modalit class="newline" />Irdann secoua la tête.
— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont + + soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient ?
Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie @@ -997,56 +1130,56 @@ du temple ! Et puis, autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l’apprenti paladin. Le maître se tourna vers l’elfe, qui attendait en retrait.
— La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.
L’archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme -lui ? Un elfe ? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y avait -des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le -temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se -demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le -guider hors de la pièce. -

L’archer hocha la tête et quitta la pièce. Un autre élève comme +lui ? Un elfe ? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y +avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou +deux dans le temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment +rencontré... +

Tout en se laissant guider hors de la pièce, Il se demanda combien +d’élèves avait ce maître, et lesquels. +

Uhr -

Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin, +

Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin, une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple. Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux - - -autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait -un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes, +autres. Il n’y avait aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre +apportait un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes, semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était engagé. -

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions +

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé -qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très -enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il -avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes -qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et -lui ? Resterait-il à la garde toute sa vie ? -

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un +qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement +très enrichissante. Un collègue garde l’avait un peu renseigné sur +les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont +beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir +suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa +vie... + + +

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce, puis désigna le lit à côté du sien.
— Celui-ci est libre ?
— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue ?
— Oui. Je m’appelle Irdann. -

Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir -allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils -allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La -tenue de novice l’intriguait.

Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le +soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous +peu, ils allaient probablement dîner ensemble. La tenue de novice +l’intriguait.
— Tu viens d’un temple ?
— Oui, je suis apprenti paladin.
— Oui, je suis apprenti paladin. Et toi ?
Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier, songeait-il, des profils surprenants qu’il risquait de rencontrer ici. Combien y en aurait-il ?
— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître Ernest. -

Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté +

Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un - - blason.
— D’où te vient cette arme ?
— De mon père. Il me l’a offerte quand je suis parti pour le temple, quand @@ -1061,12 +1194,12 @@ class="newline" />Il hocha la t class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné !
— Et si différent ! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les + + rues...
— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde ?
— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...
Il hocha la tête. Un collègue garde lui avait donné à l’avance une liste des -éléments de cette unité. L’avantage de connaître déjà en partie la place. -
Il hocha la tête. Le collègue lui en avait parlé.
— Une elfe. Il y a aussi un nain.
Irdann parut surpris.
— Une elfe ? Une femme ?
— De toutes fa soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit son sourire. -

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en +

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir. -

Silwë -

La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines, -voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, -construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, -et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! Certes, elle -s’attendait à en voir, mais ici, il n’était même pas possible de les -éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des -maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains -originaux... Ils les regardaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air -curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur -les humains n’était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa -crainte.
— Ne t’inquiète pas. Maître Ernest est quelqu’un de très bien. Et -il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous -arrivons. +

C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des +centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, +construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et +bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! D’accord, c’était idiot, + + +elle s’attendait à en voir ; mais ici, il n’était même pas possible de les +éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des +maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les +observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se +rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était +pas toujours très rassurant.
— Hé, ne panique pas. Les humains ne sont pas méchants. Et maître +Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.

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Irdann - -

Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse, et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il ? Il @@ -1153,8 +1284,6 @@ class="ecti-1095">Samantha

Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante. C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la - - tâche.
— Vous allez bien, grande prêtresse ?
Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s’approcha. Elle lui @@ -1173,6 +1302,8 @@ vain. chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien + + cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines d’hommes armées d’épées ? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le @@ -1189,8 +1320,6 @@ l’ garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître Ernest.

Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la - - pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne... Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux, @@ -1209,6 +1338,8 @@ r de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et ils n’hésitaient pas à jouer avec. + +

Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le @@ -1220,8 +1351,8 @@ class="newline" />— Raconte ?< class="newline" />— J’ai vu une grande prêtresse de Melna, qui me demandait de l’aide pour la sortir de son temple.
— Et c’est la première fois que tu rêves de grandes prêtresses ? Pourtant, -tu as dû en voir beaucoup durant ton enfance, non ? Questionna Silwë -
 ? questionna +Silwë.
— Oui mais... là j’ai l’impression que... c’était différent. Elle était extrêmement nette, ainsi que le décor derrière elle.
— Les prêtres de Melna ont-ils la capacité d’envoyer des rêves ?
— D’apr souhaite qu’on vienne l’enlever... de façon spectaculaire.
Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.
— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout -nous raconter en détails ? +nous raconter en détail ?

Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à sourire.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? Demanda Irdann.
— Une petite. On se retrouve le soir au bar habituel, je vous explique tout -ça.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? demanda Irdann.
— Une petite. On se retrouve ce soir à la taverne habituelle, je vous +explique tout ça.
— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...
— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien @@ -1260,8 +1391,6 @@ visiblement essouffl rejoignit.
— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici. - - Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le temple.
Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...
Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant la voix.
— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en + + sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de @@ -1297,8 +1428,6 @@ class="newline" />— Peux-tu pr class="newline" />— Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons... De ce fait, les prêtres ne possèdent qu’un seul enchantement purement offensif, il s’agit bien sûr de l’invocation de foudre. J’y suis moi-même - - immunisé, tout comme l’intérieur du temple, mais tu ne l’es pas...
Silwë fronça les sourcils.
— Cette protection peut-elle s’étendre à d’autres personnes ?
— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effec règlerait le souci de l’immunité.
— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le + + temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être blessé !
— Comment peut-on se faire passer pour vous deux ? Je ne te ressemble @@ -1354,6 +1485,8 @@ class="newline" />Irdann, qui semblait un peu g class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du temple de Melna...
— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de + + s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.
— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non ?
— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être @@ -1369,8 +1502,6 @@ me souviens aussi que certains pr charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour d’eux.
— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc - - faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en tant qu’apprenti paladin de la déesse ?
Il haussa les épaules.
— Je vais vous pr capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en poisons.
— Un assassin ?
— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en haussant les sourcils.

 ? - -

La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.

Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté, -en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée -Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître -Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui -sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur -plan. +en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs +cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la +garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y + + +faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui +détailla leur plan.

Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.
— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.
Ils hochèrent la tête.
Il class="newline" />— Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça !
Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.
— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend - - légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes, très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur @@ -1464,6 +1593,8 @@ class="newline" />Ils opin Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire ? Ils n’y gagneraient aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les + + réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais @@ -1477,14 +1608,83 @@ sans avoir m quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.

Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très - - familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes façons. +

Irdann +

Irdann et Farl s’avançaient dans les rues de Touryre, se dirigeant vers le +temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se +fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait +qu’ils n’étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir +de Capitale, même à cheval. +

Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle +le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en +profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient +préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à +l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes +étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils +étaient donc tous deux restés en dehors de la ville, à installer un +campement discret dans la forêt. +

Il avait d’ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë. +Oh, il n’était pas le premier, c’était certain. La petite elfe, avec ses yeux +bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards. + + +Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse +positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et +depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait +connu avant, chez les elfes sylvains ? +

— Irdann ? On arrive au temple !
Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant +eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de +tête à Farl, et ils gravirent lentement les marches qui menaient à +l’entrée. +

Samantha +

Elle avait hâte que l’après-midi se termine. La journée avait été +épuisante. Dans trois jours avait lieu l’anniversaire de son intronisation, et +le personnel du temple était en effervescence. À cela s’ajoutait une +file incessante de fidèles, venus offrir des cadeaux, demander des +conseils à la déesse, ou quémander son pardon. Il était rare qu’elle +ait besoin d’invoquer de réels enchantements, souvent un sourire +encourageant et quelques paroles redonnaient confiance à la plupart des +villageois. +

Les deux derniers visiteurs –qu’elle n’avait jamais vus en ville, mais +celle-ci était grande– s’avancèrent et s’agenouillèrent, conformément aux +usages. Pourtant, lorsque l’un d’eux releva la tête pour lui adresser les +paroles habituelles, elle eut un sursaut de surprise. C’était comme si elle le +connaissait sans l’avoir jamais vu... Se pouvait-il... +

Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma +les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui ! Le fameux +apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir...
— Irdann ? murmura-t-elle.
Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.
— Je suis venu à votre demande, Grande Prêtresse. Avec des compagnons.
Elle jeta un œil au second jeune homme, plus petit, qui sous ses airs +sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n’y avait personne qui +puisse les entendre maintenant, mais d’autres prêtres et prêtresses +circulaient régulièrement autour d’eux, et la grande salle du temple + + +ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète. +
— Vous avez... préparé quelque chose ?
— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici +présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et +quand peut-il vous trouver seule ?
Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de +silence, elle répondit, plus bas encore.
— Vers minuit. Dans la partie nord du temple, où sont mes appartements. +J’allumerai une bougie à la fenêtre quand je serai seule. +

Puis elle fit quelques pas en arrière. Ils se relevèrent et la saluèrent +respectueusement, et sortirent. En les observant quitter la grande salle du +temple, elle sentait son cœur battre. Il était arrivé... et non seulement il +avait une idée, mais en plus il n’était pas seul ! Qui étaient ces fameux +compagnons ?

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Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au + + visage accueillant.
— Un repas et une chambre pour la nuit ? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir. Mais que fait donc une dame de votre rang seule dans ce modeste @@ -1515,8 +1717,6 @@ contacts.
Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son - - embarras.
— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte @@ -1539,6 +1739,8 @@ r délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je puis me permettre.
— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir. + +

Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide ? Elle hésitait. Attendre quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un @@ -1552,8 +1754,6 @@ fa

Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir - - aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et s’apprêta à y frapper.

— Vous cherchez quelqu’un ?
— Alors ?
— Vous voulez traverser à pied ? Cela va durer six à sept jours.
— Ça ne m’effraie pas.
— Vue la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour +class="newline" />— Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour + + éviter les attaques. Donc il n’y aura pas d’auberge ou de refuge sur le chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate aussi.
 ?
— Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça. - - Trouvez-vous des bottes.
Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L’homme en face était plus grand, plus fort qu’elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait @@ -1613,6 +1813,8 @@ r

Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était + + plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait douceur et obéissance. Alors que sur son geste –certes à la fois ambigü et peu délicat de sa part– pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes @@ -1625,12 +1827,10 @@ l les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque chose de louche à cacher ? - -

À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près, avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en -apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses -brassards de cuir, et avait lui aussi une besace chargée et une cape, gris +apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards +de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris foncé.

Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu’elle mit dans son sac sans dire un mot, et ils se mirent en route. @@ -1650,6 +1850,8 @@ sarcastique, c’ tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son regard.

Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire + + sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la pause exprès pour elle ? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne @@ -1685,6 +1887,8 @@ class="newline" />Elle r class="newline" />— Merci, mais je vais bien, je peux rester debout, et vous aider.
Il lui sourit. Décidément, elle avait du cran, et ça lui plaisait.
— Pas la peine de me le cacher, je vois bien que vous êtes épuisée. Il n’y a + + pas de mal à ça.
Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.
— Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais @@ -1698,8 +1902,6 @@ avait jamais pos même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie ? Elle avait vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il - - fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les @@ -1723,6 +1925,8 @@ voir... Lancer un sort moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser. Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de même ! + +

Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de @@ -1733,12 +1937,10 @@ Peut- améliorera le repas.
Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie ? Son sourire semblait plutôt franc.
— Enroulez vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la +class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la nuit.
— Vous ne dormez pas ?
— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas - - de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si quelque chose d’anormal se passe. @@ -1759,6 +1961,8 @@ damoiselle de haut rang, c’ ennuis...

Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à + + son tour.

Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène @@ -1773,8 +1977,6 @@ crois

Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils - - pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne savait pas apprécier quelques bons moments. @@ -1797,6 +1999,8 @@ lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’a elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de maîtriser ces deux brutes ? + +

Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser @@ -1811,8 +2015,6 @@ pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis d branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un pas.

Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle - - n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique. Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les @@ -1825,8 +2027,7 @@ sur ses c aussi sale glissé rapidement dans sa ceinture. Elle regarda alors autour d’elle. Les deux hommes gisaient à terre. Elle lâcha la branche, en tremblant. Il lui prit délicatement la main.
— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
+class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.

Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.

Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits ? @@ -1834,6 +2035,8 @@ Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commen à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.
— Où va-t-on ?
— Je connais un endroit où on est sûrs de passer une nuit en sécurité. Nous + + y sommes presque.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.
— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et @@ -1847,8 +2050,6 @@ effort ?

Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son - - autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main @@ -1870,6 +2071,8 @@ lui. Le buisson se repla lumière.

— Où sommes-nous ?
— Dans une petite grotte cachée sur cette falaise. Fais attention, c’est un + + peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit.
— Comment peux-tu en être sûr ?
— Je l’ai découverte il y a quelques années, je l’utilise parfois pour stocker @@ -1883,14 +2086,11 @@ grotte. Ce l remplir les gourdes d’eau fraîche.

Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la - - grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité ? Et pour ne pas te prendre la paroi ? Je ne vois absolument rien...
— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.
+class="newline" />— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.

Elle l’entendit revenir et s’asseoir face à elle. Il prit doucement sa main et y déposa la gourde qu’il venait de remplir. L’eau était délicieusement glacée. Puis il fit de même avec un morceau de pain. Qu’il connaisse sa @@ -1907,6 +2107,8 @@ le noir... Ce genre de don mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune + + marque de blessure.

Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage ? @@ -1941,6 +2143,8 @@ froid.

Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette, c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme. + + Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet. Brigands ou voyageurs ? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes façons. @@ -1953,8 +2157,6 @@ class="newline" />— Il reste un moyen de se r class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna vers lui.
— Bon d’accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté, - - sinon...
— Compris !
Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle @@ -1979,6 +2181,8 @@ bandits, l’avait amen seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y pénétrer ?

Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était + + incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait d’abuser de la situation ? Elle chassa cette idée. Il n’aurait pas attendu ce @@ -2011,10 +2215,12 @@ calme, ma question ?

Zach -

Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son +

Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle -ne disait rien... N’osait pas poser la question ? Il soupira. Au point où il en -était...
 ? Il soupira. + + +Au point où il en était...
— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de @@ -2026,8 +2232,6 @@ class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.

Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait - - qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus tard.
— Je peux te poser une question à mon tour ?
Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.
— Ça correspond bien à la vision d’un elfe. Les nains voient différemment : ils ont l’infravision, c’est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les - - corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en @@ -2080,7 +2282,7 @@ risquait de la braquer. Or, il apprenait tout de m intéressantes... Ce fut elle qui reprit.
— Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques. -C’est plutôt rare cela dit. Vue ta silhouette, il est plus probable que tu aies +C’est plutôt rare cela dit. Vu ta silhouette, il est plus probable que tu aies des antécédents elfiques.
Elle avait ça d’un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou animosité.
— C’est dr class="newline" />Il la sentit hausser les épaules.
— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres. + +

Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures ? Ou... dans ce qu’elle n’avait pas dit ? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours -de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis à vis des +de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux, plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en @@ -2100,8 +2304,6 @@ d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais crois avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités. - - Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique ? C’était une question qu’il n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du @@ -2126,6 +2328,8 @@ et son cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et + + la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir... Un demi-elfe ? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à @@ -2161,6 +2365,8 @@ class="newline" />Elle l quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence. Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu + + l’intriguait.

Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main qu’elle ouvrit.
— class="newline" />— Euh, merci.
Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Certes, il avait l’habitude de se débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une - - petite aide spontanée ? Et puis, le contact de sa main n’était pas désagréable.

Il se leva, et alla ramasser ses affaires.
 ? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte ? Ça n’avait pas eu l’air de la choquer... -

+[
+ +

+

Aldariel -

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi + + +

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son air était décidé.
— Ah, Aldariel. J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit.
 ?
— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les humains. -

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, +

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes. Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la @@ -2245,8 +2456,6 @@ class="newline" />— Merci. Silw class="newline" />— Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules chez les humains ?
— D’abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez - - les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le maniement de l’épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te protéger.
Il sourit.
— Oui. J’ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l’invitant à vous accueillir toutes les deux.
Aldariel retint un cri de joie. -

Silwë -

Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon +

Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle ! C’était un grand honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission... -

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son + + +

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en était-il en réalité ? Que serait le trajet avec elle ? Allait-elle devoir jouer @@ -2274,16 +2485,14 @@ savait-elle se d chaque pas ? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer ? Elle-même l’avait été aussi... -

C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre +

C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie, en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement. -

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de - - +

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de s’abstenir. Elle s’approcha de la table.
— Quel est notre trajet ?
Silwë lui montra la carte étalée sur la table.
— Et cette r class="newline" />— Presque, c’est celle d’un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et encore celle-ci, avant d’arriver, après deux jours, au château du duc, enfin. C’est cette région qui est particulière : ils n’aiment pas trop les elfes - - et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux dieux.
— D’apr d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous dire. -

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait +

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir, qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches, elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté. + + Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague. Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et @@ -2363,16 +2572,18 @@ class="newline" />— Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S’il-te-plaît.
Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps.
— D’accord. -

Aldariel -

Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux +

Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble. Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore montée. -

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début +

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu + + effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise– d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance, et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une @@ -2381,7 +2592,7 @@ nouvelle surprise. Sa compagne l’avait d elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait bien. -

À cet instant, Silwë entra dans la pièce.

À cet instant, Silwë entra dans la pièce.
— Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n’es pas encore couchée ?
— J’avoue que... ces lits m’intriguent...
Elle sourit.
— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais -elles sont très bien !
-

Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement +elles sont très bien ! +

Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement entre les draps. Un peu hésitante, elle l’imita. Ce n’était pas aussi inconfortable qu’à première vue, finalement.
— Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet ?
— Je me suis dit la m extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des solutions ? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de ressources et d’idées, parfois... -

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se +

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles @@ -2425,8 +2635,6 @@ puis il y a autre chose aussi. Les humains ne contr fertilité.
— Sérieusement ?
— Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu’il est très mal - - d’avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.
— C’est un peu vrai chez nous, non ?
— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez @@ -2440,15 +2648,17 @@ nous aiment pas, ils nous respectent en g de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas d’inquiétude. -

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres +

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres questions qu’elle voulait poser. Et les autres races ? Les nains, par exemple, en avait-elle croisé ? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours qui viennent. -

Silwë -

La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, +

La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce @@ -2456,15 +2666,13 @@ matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec une amie et non une princesse. -

C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit +

C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent, puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux. - - -

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement +

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval –certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de pillards qui les avait pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant @@ -2474,15 +2682,17 @@ restait qu’un garde pour d tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais difficilement. -

Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, +

Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de bataille. -

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un +

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se + + retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise, qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu’à être au bord @@ -2499,9 +2709,7 @@ quatri bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans l’œil. - - -

Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.

Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.
— Merci, c’était tout juste.
Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre @@ -2513,17 +2721,19 @@ class="newline" />— C’est la premi class="newline" />— Oui...
Elle lui posa la main sur l’épaule, doucement.
— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues. -

Aldariel -

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un +

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains qui ne les concernait pas ? Pourtant son amie avait fait de même. Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait + + laissé quelques flèches... y feraient-ils attention ? Et qui étaient ces gens dans les carosses ? Trop de questions se bousculaient dans son esprit. -

Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à +

Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher. @@ -2536,8 +2746,6 @@ class="newline" />— M class="newline" />— Et alors ? Moi aussi.
Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle entendit son amie dégainer son épée à côté d’elle, et s’adresser à - - eux.
— Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites encore un pas, et vous êtes morts.
Deux des hommes h prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s’effondra à ses pieds, la poitrine transpercée d’une flèche. Silwë était restée en garde à -ses côté et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et +ses côtés et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et s’éloignèrent rapidement. -

— Bien joué, Alda.

— Bien joué, Alda.
Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis était revenue près d’elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de l’admiration dans son regard.
Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.
— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense. -

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un + + +

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un moment, sans rien dire.
— Ça va, Aldariel ?
— Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.
Elle sourit.

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+src=

Samantha - -

Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble, grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire @@ -2592,6 +2800,8 @@ plus ou moins cr récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de Touryre. + +

En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement installé à la capitale. Il avait beaucoup ri en entendant son histoire. En même temps, il y avait de quoi... Elle sourit, puis quitta la petite cour @@ -2627,6 +2837,8 @@ class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir au ça ? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.
— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la + + magie. L’autre était un soigneur et métamorphe.
Elle fronça les sourcils. Elle ne s’intéressait pas vraiment aux différentes branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des @@ -2643,8 +2855,6 @@ noir–, mais il savait bien que derri de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que feraient-ils ? - -

Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–, mais de là à penser de la sorte ? @@ -2679,8 +2889,6 @@ class="newline" />— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y p

Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a - - six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste qu’avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les idées.

Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet + + personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle d’idée ! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne ne le saurait... @@ -2707,16 +2917,14 @@ terrible incendie. Cet immeuble de trois avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette -expression était d’assez mauvais goût vue la situation, il escalada -rapidement le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa -à l’intérieur. +expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement +le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à +l’intérieur.

Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol, dessinant les contours des deux corps, ressortaient d’autant plus. Il - - n’allait rien trouver ici. Il s’avança précautionneusement vers la pièce qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble, une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à @@ -2735,6 +2943,8 @@ ouvrag Samantha.

Samantha + +

— Alors ?
Elle s’avança dans la petite pièce, où l’attendaient Farl et Uhr avec impatience et inquiétude.

Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré. Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa - - minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre pièce.

La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe. @@ -2805,24 +3013,24 @@ tremblant l dangereuse.

Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions : sortir et + + s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.
— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici ?
Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop– menaçant...
— Qui êtes vous ? Que faites vous ici ?
— Qui êtes-vous ? Que faites vous ici ?
Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.
— Calmez vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi. +class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi. Peut-on discuter calmement ?
Elle sembla marquer un instant d’hésitation. Dans sa main, les filaments lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace aux bords acérés... Elle se redressa.
— Je me donne ce droit. Je n’ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois - - pas à cette histoire d’accident qui a tué mon compagnon. Alors j’ai décidé de venir par moi-même. Et vous ?
Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l’étoile mortelle @@ -2835,13 +3043,15 @@ accident.
Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était apparue.
— Expliquez vous.
— Expliquez-vous.
Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.
— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est vivant.
— Quoi ?
— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait mieux ailleurs ? On pourrait finir par nous voir ou nous entendre... + +

La magicienne le regarda en fronçant les sourcils. Elle ne semblait pas tout à fait sûre de pouvoir lui faire confiance, ce qui était compréhensible en fait... Lui non plus, à vrai dire. Elle finit par reprendre la parole.
— Qu’est-on cens class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un peu.
— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait. - - Peut-être qu’ils... nous ? donneront des indices.
Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était bon signe.
— Je vois tout compétences.
Elle recula pour le laisser passer.
— Je vous en prie. + +

Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout @@ -2893,10 +3103,8 @@ class="newline" />Elle eut un regard l S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de situation : la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans -les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant -pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant - - +les ombres, mais aussi pour paraître tout à fait normale –le noir n’étant pas +si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion ? Peut-être les deux, @@ -2926,14 +3134,12 @@ seul, et fut d’autant plus surpris de reconna l’accompagnait.
— Zanakielle ! Mais...
À son tour, elle marqua un instant de suprise.
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi ?
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui sont venus cet après-midi ?
Il hocha la tête.
— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...
Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne. Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il fallait désormais appeler un crime. - -

— J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi @@ -2952,6 +3158,8 @@ Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.

Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.
— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma + + cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre ces objets.
La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange @@ -2969,8 +3177,6 @@ de papiers, et un collier ouvrag nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle tâche. - -

Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois @@ -2989,6 +3195,8 @@ une note : class="newline" />— Qu’est-ce que cela ?
— Les araknes sont des créatures aujourd’hui disparues. Des sortes d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent ! + +

Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus– @@ -3003,10 +3211,8 @@ th class="newline" />— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.
— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui -qui travaille sur le sujet et ses documents ? Ajouta Zanakielle.
 ? ajouta Zanakielle.
Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa - - pour faire une remarque.
— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble, il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et @@ -3018,7 +3224,7 @@ class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son in ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une pauvre créature disparue.
— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre ? -Proposa Samantha.
— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est pas ma spécialité. @@ -3031,11 +3237,11 @@ class="newline" />— Tu as raison, Samantha. Mais je crains que ce probl dépasse.
La magicienne proposa alors :
— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si -jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de -vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien +jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen +de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien faire.
Elle s’était levée, décidée, presque en colère.
— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et +class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrai pas garder ce secret indéfiniment, et mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.
Elle hocha la tête.
— Bah,

Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.

Uhr +

Le capitaine faisait les cent pas, très énervé.
— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez +fait.
Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait +le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel +point l’avait-elle fait ? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était +pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui +risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu +pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.
— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé +une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à +faire appel à un prêtre.
Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.
— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets... + + +Tu te rends compte ?
Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut, +comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas +un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait +pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait +qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette +histoire. +

Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se +posta face à lui.
— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que +nous n’aurions fait en une semaine.
Il avait parlé d’une voix calme. Y avait-il un espoir ?
— Sauf que je suis très embêté. Officiellement, l’enquête n’en est pas là. +Officiellement, il s’agit toujours d’un accident.
Il se tut, et fit quelques pas, réfléchissant.
— Mais ces informations vont nous faire gagner un temps précieux, surtout +si l’assassin ne sait pas qu’il est identifié. Puisque tu es le seul au courant, +tu vas partir enquêter discrètement sur ce qui se passe dans cette +forêt.
Il leva les yeux vers lui. Il lui sembla qu’il attendait une réponse.
— Seul ?
— Tu peux emmener quelques personnes de confiance avec toi. Par exemple, +les amis qui t’ont aidé dans cette tâche ? Je couvrirai vos dépenses, bien +entendu.
— Euh, d’accord.
— De mon côté, je vais faire avancer l’enquête comme je pourrai, afin de +parvenir à la même conclusion officiellement. Mais tu auras pris de l’avance +en attendant, une avance précieuse.
Il hocha la tête. Non seulement il échappait au pire, mais l’idée d’une +mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec +Samantha et Farl... s’ils acceptaient.
— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais +besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien +entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou +que tu m’apprennes ce que tu trouves.
— J’ai peut-être une idée pour ce point, interrompit-il.
Le capitaine sembla surpris.
— Je t’écoute.
— Les prêtres possèdent un moyen de communiquer par la pensée. Si je +voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon +avancée rapidement.
— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais +fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas +aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails +techniques. +

Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela +une dernière fois.
— Uhr ?
— Oui ?
— Je devrais être furieux pour ce que vous avez fait, mais je suis quand +même un peu fier. Ne me déçois pas pour la suite.
Un léger sourire marquait son visage.

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Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour + + avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui apprendre quelques techniques. @@ -3077,8 +3353,6 @@ class="ecti-1095">Sélène

Sélène s’arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle - - était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son guide particulier ? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec @@ -3114,8 +3388,6 @@ que ces cr ici, je n’en sais rien...
Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer - - la suite.
— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester ici...

Une sorcière ! Il ne savait pas s’il devait hurler, ou s’enfuir en @@ -3186,8 +3460,6 @@ son b de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et terrible.

Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s’apaiser, - - les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène @@ -3236,7 +3508,7 @@ par la douleur.
— Sil !
L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son -poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel +poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre @@ -3245,6 +3517,8 @@ s’ class="newline" />— Avant toute chose, tu vas boire ça.
Elle sortit un petit flacon de son sac.
— Un antipoison. Il met un peu de temps à faire effet, donc bois-le de + + suite.
Silwë obéit, tandis qu’elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie. C’est alors qu’elle aperçut, dans l’obscurité, une lueur vive derrière les @@ -3257,8 +3531,6 @@ class="newline" />— plaie.
— On fera avec...
La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait - - des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur @@ -3281,6 +3553,8 @@ qui faillit lui dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques pas. + +

Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se rapprochant d’elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser @@ -3293,8 +3567,6 @@ relever. Elle cessa de chercher

C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles - - pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine, finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu @@ -3318,6 +3590,8 @@ class="newline" />Le ton de la voix tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers lui. + +

Silwë @@ -3331,8 +3605,6 @@ class="newline" />— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais l espionnes.
Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement ? Elle tenta de - - reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas. Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le @@ -3356,6 +3628,8 @@ l’homme avait pris une expression m C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine, seuls quelques mots en sortirent. + +

Zach

Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au @@ -3367,8 +3641,6 @@ hurla.
— Sélène, écarte-toi !
Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se détendait. - -

Sél— Je suggère qu’on règle nos différents plus tard, une fois à l’abri des +class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir d’autres...
L’archère et Zach se fixèrent d’un air méfiant quelques instants, puis @@ -3395,6 +3667,8 @@ hoch guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.

— D’autres araknes !
C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe + + de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol, @@ -3406,8 +3680,6 @@ sort. class="ecti-1095">Aldariel

Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour - - les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la @@ -3431,6 +3703,8 @@ ma t class="newline" />C’était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle tremblait. Son compagnon l’avait déjà attrapée par les épaules pour la + + soutenir.
— Sélène, tu vas bien ?
Sans répondre, la jeune femme s’effondra dans ses bras.
 ?

Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas raté une seule fois sa cible, même si elle n’était pas toujours dans la meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière... + + Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action, blessée ? Le contrecoup de la douleur ? L’efficacité meurtrière qu’elle avait mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante. -Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à +Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle -était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie +était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses bras.

Certes, ils avaient convenu d’une trêve, le temps de se mettre à l’abri des araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se - - passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité ? Lui pardonnerait-elle, entre autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée ? Et si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole ? Il détestait se sentir ainsi, @@ -3549,8 +3823,6 @@ lumi class="newline" />Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.
— En effet. Nous avons, comme vous, été attaqué par ces créatures... J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner. - -
Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle @@ -3644,6 +3916,8 @@ class="newline" />— Tu n’y es pour rien. Mais je te conseille de cac sylvains...
— J’ai déjà l’habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal vus, d’où je viens, et déjà qu’on me traitait d’elfe quand j’étais petit, parce + + que j’étais soi-disant tout frêle...
Silwë sourit.
— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la @@ -3679,6 +3953,8 @@ profond

Aldariel

Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il + + fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se @@ -3690,8 +3966,6 @@ expliqu pu mentir pour éviter d’être pris pour un elfe noir, surtout auprès d’elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains - - semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur @@ -3715,6 +3989,8 @@ n’agirait pas ainsi d’autres fois&nb qu’elles dormaient ? Ce serait bien un comportement irrationnel d’elfe noir ça... Elle secoua la tête. C’était ridicule. Il avait grandi chez les humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour + + ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire ? @@ -3749,6 +4025,8 @@ on exceptait les araknes, la r au premier abord– avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très loin. + +

Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces @@ -3760,8 +4038,6 @@ Le danger que ces m heureusement qu’il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une sacrée bêtise. Elle n’aurait probablement pas apprécié, et il se serait vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou - - ailleurs.

Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes d’ailleurs ? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais @@ -3786,6 +4062,8 @@ encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce sera Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très bien... peut-être même trop bien. Elle n’avait pas apprécié d’avoir été humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d’une lame sur la + + gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop aimé non plus... Chercherait-elle à se venger ? Cela dit, elle n’avait rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était @@ -3796,8 +4074,6 @@ lui... que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs ? Comment traitait-on les princesses là-bas ? Peut-être en avait-elle assez des courbettes. Ou c’était peut-être tout simplement la situation d’urgence, qui - - faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas, elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait @@ -3832,8 +4108,6 @@ chaude, et confortable. Il tourna la t n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau, apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu’on lui avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même - - temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse @@ -3859,18 +4133,18 @@ jeunes gens. plus qu’un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en fait. + +

Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour combattre les araknes ? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se -savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une +savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une fois la magicienne réveillée ? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur. D’où venaient ces horreurs d’ailleurs ? Elle aurait payé cher pour le - - savoir...

Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué @@ -3897,6 +4171,8 @@ d’entra

Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l’archère elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s’était-il donc + + passé ?
— Bien dormi ?
Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle, @@ -3927,9 +4203,11 @@ class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes fa class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.

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+ +

Irdann

Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait @@ -3941,20 +4219,18 @@ un peu de compagnie. Oh non, il parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais ses anciens amis, de la garde lui manquaient un peu. Il ne les avait pas vus depuis qu’il était reparti dans le temple pour finaliser sa - - formation. Et ils avaient quitté la capitale entre deux... S’ils l’avaient vu maintenant !

Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une -cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il +cotte de mailles légère, ainsi que de solides gants de cuir. À sa ceinture, il portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s’approchait du château du seigneur Assem, qui ferait une bonne étape pour la nuit. Peut-être -pouvait-il rester quelques jours pour se reposer, après la traversée épuisante -de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des -années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir -à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps, +pourrait-il y rester quelques jours pour se reposer, après la traversée +épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus +depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de +tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps, finalement.

— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici !
Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame, @@ -4002,6 +4278,8 @@ class="newline" />— Les paladins de Melna sont instruits, dit-on, des secr permettent de retrouver n’importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu’il chevaucha + + droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent @@ -4013,8 +4291,6 @@ peut- d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet du seigneur acheva de le convaincre.
— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem, - - vous pouvez me faire confiance.
Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.
— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche, @@ -4039,6 +4315,8 @@ l’emmener avec elle, cach trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret. Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d’un point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et + + caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le chercher ? @@ -4048,9 +4326,7 @@ et le sommier. S’il battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.

C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de -sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la - - +sorcellerie... Il en eut des sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question. @@ -4075,6 +4351,8 @@ par la fen sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur, ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre + + allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se @@ -4084,8 +4362,6 @@ et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’ mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher, épuisé.

Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au - - fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient @@ -4105,11 +4381,13 @@ sensations, quand bien m impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était tenu secret...

De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins -retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui -racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements +retrouvant leur bien-aimée. Sauf qu’il en connaissait la face sombre. Celle +qui racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre complètement la raison. + +

Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les @@ -4120,8 +4398,6 @@ Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus vite. - -

Sél— Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme...
Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. — J’avoue, j’ai toujours acheté les plantes chez l’herboriste, sous forme d’huile ou de plantes séchées... C’est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans + + la forêt !
— Et encore, il faudra que je te montre certaines qu’on ne trouve pas ici...
— Qu’est-ce que vous faitesIl s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.
— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et + + quinquaillerie avec Silwë.
Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.

Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se @@ -4196,8 +4474,6 @@ class="newline" />— Oh non, surtout pas.
Elles éclatèrent de rire.

Zach - -

Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne leva même pas la tête lorsqu’il approcha.
— Quoi ? Com class="newline" />Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et comprendre son jeu, elle soupira.
— Tu as gagné. Tu réussi à me faire lever.
— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.
Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui, son arme pointée, avec un léger sourire de défi.
— En garde ! - -

Silwë @@ -4259,6 +4533,8 @@ Elle esquissa un l class="ecti-1095">Zach

— Ah !
Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son + + coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.
— Bien joué.
Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là @@ -4271,8 +4547,6 @@ gauche, alors plac et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main - - permettaient.

Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son @@ -4308,8 +4582,6 @@ class="newline" />Elle avait cru gagner, et avait rel plus vite, et l’esquiver. Elle avait été bête, c’est tout... Alors qu’elle cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu’il lui souriait. Il jouait. Pourquoi s’énerver ainsi ? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit - - quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son @@ -4332,6 +4604,8 @@ l’ class="newline" />— Bien vu.

Zach + +

Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait @@ -4344,8 +4618,6 @@ m l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite ainsi.

Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait - - essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.
  ? Prisonnière quelque part ? Comment l’en sortirait-il si c’était le @@ -4437,6 +4713,8 @@ voir. class="ecti-1095">Irdann

Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de + + souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui pour l’enlacer.

À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés @@ -4449,8 +4727,6 @@ surpris qu’il manqua d’en l noirs. Rapidement, elle dépassa l’homme, toujours immobile, et en l’espace d’un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière - - l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être @@ -4474,11 +4750,13 @@ puis fit un pas dans sa direction, et posa un genou elle.
— C’est vous ? Vous êtes saine et sauve ?
Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach -sembla reprendre ses esprit et sa prise sur son épée, et s’interposa entre +sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre + + eux.
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour -vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignaient que vous ne soyez +vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignent que vous ne soyez morte, ou enlevée par des brigands...
Elle écarta le bras de Zach et se planta devant le chevalier.
— Comme vous pouvez le voir, je vais très bien, je suis parfaitement libre de @@ -4488,11 +4766,9 @@ class="newline" />— Ils ont eu votre message lorsque vous partiez de chez de Quayle, mais d’après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq jours...
Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant - - ses compagnons non plus...
— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé -un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous +un guide et protecteur, et je suis venue à pied à travers la forêt. Vous pouvez donc les rassurer, je vais très bien.
Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement.
— La déesse soit louée, c’est le cas.
Le sourire qu’ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se retourna vers elle à nouveau.
— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma + + vie sans aucune hésitation. -

Zach et Aldariel avaient baissé leurs garde, mais restaient figés, -observant l’homme. Elle se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre +

Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant +l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre plus.
— Que faisiez-vous chez mes parents ?
— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les @@ -4547,6 +4825,8 @@ class="newline" />La main tendue obligea Zach but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.
— ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...
L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main. + + Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les elfes...
Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en - - revanche, semblait extrêmement réticent.

Irdann @@ -4584,6 +4862,8 @@ dans l’eau... princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter. + + Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques @@ -4596,8 +4876,6 @@ trajet tranquille en rase campagne moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle toujours ainsi ? - -

Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart. Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à @@ -4633,8 +4911,6 @@ class="newline" />— Bah, tu savais bien qu’elle class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.
— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai grandi dans un petit village non loin de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle - - sujet...
Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite pichenette sur le front.
  ?

Il soupira et tenta de réfléchir.
— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour - - ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.
Elle s’accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à @@ -4694,6 +4968,8 @@ ascension class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance ?
Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.
— Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et + + j’en passe, est trop parfait pour être vrai ?
Il fit une moue.
— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.

Aldariel @@ -4741,8 +5019,6 @@ bonne partie de la for légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la tombée de la nuit.

Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient - - partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un @@ -4801,6 +5077,8 @@ class="newline" />— Parlant de part ?
Il soupira. C’était la question qu’il souhaitait éviter justement...
— Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de + + retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.
Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de @@ -4813,8 +5091,6 @@ d’une part je souhaitais et d’autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite, dans une forêt, c’est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais vous repérer, et si l’intervention d’hommes armés était nécessaire, je - - pouvais toujours revenir chercher de l’aide.
Elle hocha la tête.
— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?
Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus tout ce poids à porter.
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds ?
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied ?
— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des + + chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.
Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir @@ -4887,8 +5165,6 @@ ambidextre, il m’a enseign J’admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux armes. Cela fait aussi partie du jeu.
Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain. - -

— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement, @@ -4911,6 +5187,8 @@ un coutelas, abandonn s’en servir de toutes façons ?

Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann, occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour + + intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans @@ -4923,15 +5201,13 @@ avait-elle r tandis que l’homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou simplement peu pressé ? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit - - ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant, planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de douleur. -

Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était -toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchait d’elle, l’arme +

Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus à son geste. Irdann était +toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchaient d’elle, l’arme en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas –couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou @@ -4947,6 +5223,8 @@ et ne semblaient pas surveiller S leur menace principale.

Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié. Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit + + et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour lui ?
— Sélène !
— Silwë !
La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs - - cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu’un des brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.
— Besoin d’un coup de main ?

À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air + + inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il @@ -5031,8 +5309,6 @@ quelques difficult entaille au niveau du genou. Il l’aperçut alors, debout sur un des brigands, toujours vivant –du moins pour le moment–, allongé à plat ventre. La botte gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc - - pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus– @@ -5052,7 +5328,7 @@ Zach ou de Silw fait l’affaire.

Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise -pour une idiote sans défenses ?
 ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ?
C’était la voix de son prisonnier.
— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous @@ -5068,8 +5344,6 @@ class="newline" />— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un dame riche qui passerait par ici.
N’osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et Sélène. Nous avons vu le paladin à l’aller, et nous l’avons attendu à son - - retour sur le sentier.
— Qui vous a dit ça ? interrogea Irdann.
— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je @@ -5095,7 +5369,7 @@ class="newline" />Il faillit r trébucher. Il retint une grimace.
— On dirait.
— Assieds-toi, je vais regarder ça.
Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme, +class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes, s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë, qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à @@ -5125,6 +5399,8 @@ lui sourit.
— Si c’est pour Sélène et Zach que tu t’inquiètes, rassure-toi, ils sont quelques pas derrière toi, et ils vont très bien.
Soulagé, il laissa la jeune elfe s’occuper de son genou. + +

Sél

Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du combat, ou une combinaison des deux ? Ils avaient regardé l’homme partir avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après ?–, elle s’était -retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons, -autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention. -
— Tu vas bien ? Tu as été blessé ?
— Je n’ai rien, ça va.
Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.
C’ son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des -traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était +traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l’aider, alors qu’il était blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa @@ -5158,7 +5434,7 @@ blessure. nuit.
Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pied...
Elle haussa les épaules en souriant.
— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant pis pour le code d’honneur.
Zach haussa les class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre - - battue...
— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région, @@ -5193,13 +5467,14 @@ class="newline" />— Vous préfériez une taverne à une petite chaumière.
— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers. Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.
Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle -encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à -un moment où à un autre, ils se séparent...
Cela voulait dire voir Zach un tout petit peu plus longtemps. Elle hocha la +tête en souriant.
— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines ?
Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un peu ?
— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec + + ma tête d’elfe.
Devant la tête suprise du paladin, il s’expliqua.
— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on @@ -5209,18 +5484,550 @@ son quatri sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la question.
Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une +class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une impression ? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus succintement. - -

Silwë -

Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le -genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être -pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait -courage. +

Ils étaient vivants, tous les cinq, et quasiment sans blessure. C’était déjà +beaucoup... Et ils allaient peut-être pouvoir passer la nuit au chaud. Tout +n’allait pas si mal... Elle tourna la tête vers ses compagnons. Irdann +discutait avec Sélène et Aldariel, qui marchaient à côté de la jument. Ils +avaient l’air de s’entendre plutôt bien, finalement. Zach marchait devant, +d’un pas décidé, en surveillant les alentours. Pourquoi avait-elle un mauvais +pressentiment ? Était-ce la nuit, la fatigue, les émotions ? Elle s’approcha +du guide, en frissonnant.
— Zach ?
Il tourna la tête vers elle. Il semblait d’assez bonne humeur.
— Tu en penses quoi, de ces brigands ? Tu disais que ce n’était pas normal +d’en voir autant et si près...
Son visage se ferma. Il se rapprocha d’elle, et lui parla à voix basse.
— Il n’est pas très surprenant de croiser des brigands dans cette forêt. +Surtout en ces temps difficiles, et lorsqu’un grand évènement est organisé, +faisant venir beaucoup de monde de loin, notamment des personnalités +riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui +attendaient précisément Sélène et Irdann...
— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des +personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de +nom.
— Oui...
Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne +humeur. Elle soupira.
— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une +princesse à protéger, je te rappelle.
Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.
— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame +jusqu’à la sortie de la forêt.
À son tour, elle lui lança un coup de coude.
— J’ai bien vu ta façon de la protéger.
— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.
Il semblait fixer attentivement l’horizon, mais il souriait. Puis soudainement, +il désigna du doigt une lueur au loin.
— Là-bas ! Tu vois cette chaumière, avec la lumière à la fenêtre ? Nous +arrivons !
La petite équipe poussa un soupir de soulagement. +

La maison, de taille moyenne, était la première en arrivant du sentier. +Elle était faite de pierre, recouverte en partie de lierre et visiblement vieille. +Une extension, partiellement en bois, semblait faire office de grange et +d’écurie. Plus loin, on voyait apparaître quelques autres habitations, et +encore derrière, la silhouette d’un village se découpait dans l’ombre. Zach +leur fit signe d’attendre.
— Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.
Il s’élança vers la porte. +

Sélène +

La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se +découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.
— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon +nom est [ToDo!], je suis le père de Zach.
L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.
— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval. +
Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider. +Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons, + + +puis se décida à entrer la première. +

Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris +mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.
— Noble dame ! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que +notre pauvre logis vous conviendra.
La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif +entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et +un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère +et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce +odeur de légumes et de viande émanait de la pièce voisine. La pièce +était éclairée par plusieurs lampes à huile et chandelles, et semblait +assez accueillante malgré sa simplicité. Elle inclina la tête et lui +sourit.
— Merci, je pense que ce sera parfait.
Derrière, Zach et Irdann, l’un aidant toujours l’autre à marcher, passèrent +la porte à leur tour.
— J’espère que vous avez fait un bon voyage...
La femme se tourna vers Zach, et lui lança un regard qui aurait foudroyé +une armée.
— ... Et qu’il vous a traitée avec tous les honneurs dus à votre rang. +N’est-ce pas Zach ?
Il se figea. Sélène retint un sourire amusé, commençant une liste mentale +de tout ce qu’elle pourrait lui reprocher sur ce point. Il semblait +d’ailleurs éviter son regard. Elle se tourna à nouveau vers sa mère et +sourit.
— Il a été très correct, rassurez-vous.
Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le +paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.
— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé +face des bandits. Votre blessure est-elle grave ?
— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci. +

Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce +que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas +une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme +qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça, + + +par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où +Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur +tour. +

La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie, +alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques +instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule. +Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des +humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes +sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à +l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette +fine. Tout cela, et on pouvait y ajouter d’autres critères, comme la +tradition des cheveux longs, devait vraisemblablement entretenir, bien +malgré eux, l’image des elfes comme idéal de beauté. À moins que +ce canon de beauté n’ait été influencé, il y a bien longtemps, par +eux ? +

Alors qu’elle laissait ses pensées divaguer, les deux jeunes femmes +s’étaient assises, et le père de Zach venait d’entrer à son tour. Il jeta un œil +inquiet à la pile d’armes posées dans un coin de la pièce, les compta, tenta +d’attribuer mentalement une à chacun et fronça les sourcils en dévisageant +Silwë et Aldariel. Zach présenta rapidement les différents membres du +groupe, et ils commencèrent à manger. +

Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et +du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple +soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de +viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de +constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit +un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux +elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village. +Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser +quelques questions.
— Excusez notre curiosité, mais c’est la première fois que nous voyons des +elfes. Que faites-vous dans la région ?
— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand +tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde + + +du corps.
[ToDo!] se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de +l’autre côté. Il considéra un instant son air frêle, puis son regard se +porta sur Aldariel, en face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une +remarque, mais son fils lui envoya un coup de coude pour le faire +taire.
— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.
Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un +respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel +respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes ! Ici, elle était coincée +avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle +rentre à la capitale, les rues sentaient peut-être mauvais parfois, mais au +moins on y respirait la liberté. +

Zach +

Le repas avançant, Zach fut soulagé de constater que l’ambiance +s’était petit à petit détendue. Si ses parents étaient toujours très +respectueux envers Sélène et Irdann, ils semblaient avoir compris que ces +nobles gens appréciaient la simplicité de leur accueil. Quand aux deux +elfes, une fois passé l’effet de curiosité mêlée de crainte, elles furent +traitées chaleureusement, presque comme si elles faisaient partie +de la famille. Sa mère insista même pour qu’Aldariel se resserve +plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu’elle était un peu +frêle. +

Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu’ils se levèrent +de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne +ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en +sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret. +Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr +de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé +un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un +fou rire. +

Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il +y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient + + +rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils +avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux, +la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs +enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien +suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le +laissent faire. +

Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute +son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est +qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les +cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait +été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses +bottes et son armure lorsque Silwë entra, une bougie à la main. +Constatant qu’il n’y avait que lui, elle l’éteignit et la posa sur une table à +côté.
— Ce n’est pas comme si nous en avions besoin... Mais je n’ai pas osé +refuser.
Elle déposa son sac et celui d’Aldariel, puis vint s’asseoir à son tour sur un +lit avec un sourire de satisfaction.
— On a beau dire, les matelas humains sont quand même confortables.
— Et c’est une elfe qui dit ça ?
Elle marqua une pause dans le démêlage de ses longs cheveux pour lui +lancer un regard qu’elle aurait probablement voulu meurtrier. Constatant +son échec, elle esquissa un sourire.
— Tiens, j’y pense, d’où te vient une telle réputation ?
— Euh, de quoi tu parles ?
C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre +–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester ? Elle +s’installa à son tour et sourit.
— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien. +

Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à +répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient +sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de +ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans +l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il +abdiqua. + + +

Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.
— Quand j’étais adolescent, j’avais pas mal de succès auprès des filles, c’est +vrai. Le petit air d’elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc, +j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...
Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.
— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à +traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde +du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un +mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans +un lit, et qu’on ne voit jamais ? Certes, je rencontre beaucoup de +gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final... +
Il soupira.
— ... Au final, je vis seul. Ma fiancée, c’est la forêt. Ma seule vraie +compagne, fidèle et sincère, c’est mon épée. +

Il se tut. Pourquoi n’avait-il pas tout à fait l’impression de dire la +vérité ? Le visage de Sélène était encore présent dans son esprit. Mais +n’était-elle pas, finalement, qu’une de ces « occasions » comme les autres ? +Qu’il avait plus ou moins –à tort ou à raison– laissée passer. L’oublierait-il +aussi facilement que les autres ? Comme si elle semblait saisir le fil de ses +pensées, Aldariel s’approcha et posa doucement une main sur son +épaule.
— Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n’imaginais pas à quel +point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des +relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez +nous...
Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la +situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et +surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de +la main, les hommes comme le reste. +

— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann ?
Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui +rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la +plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule, +que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout. + + +
— Oh, plutôt bien. Rien de crucial n’a été touché, je suis sûre qu’il se +remettra très vite.
— C’est plutôt une bonne nouvelle.
Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse, +mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de +bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré +sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il +pensait.
— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui ? Qu’à +ma place, tu n’aurais pas hésité ?
Elle se retourna brusquement vers lui, les sourcils froncés.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Il regarda le plafond, sans pouvoir retenir un sourire.
— À ton avis ? +

Aldariel semblait à la fois choquée et en colère. Silwë s’était glissée sous +les draps et s’était tue. Soit elle était épuisée et voulait dormir, soit elle lui +laissait volontairement le champ libre. Après tout, c’était bien son tour de +se venger...
— Non, je n’aurais pas hésité à ta place. Et ?
Il avait connu des attaques verbales plus difficiles à contrer. Son sourire +s’élargit.
— Et le « noble paladin aux airs de prince charmant », ça compte comme +une hésitation ?
Elle marqua une pause, surprise.
— Mais... qu’est-ce que tu imagines ? C’est un humain. Un elfe, je ne dirais +pas, mais c’est un humain !
Belle tentative d’esquive, mais ratée. À moins que... sa surprise semblait +sincère. C’était encore plus drôle en fait.
— C’est ça. Et moi, je sors d’où, alors, si elfes et humains ne sont pas +compatibles ?
Elle répliqua aussitôt, pointant son doigt dans sa direction.
— Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le +reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non ?
Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus, + + +il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait +une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant +effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.
— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre +de détail.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu en sais ?
Son attaque avait donc touché. Il ne fallait pas baisser sa garde maintenant. +
— Elle a passé cinq ans chez les humains. Je pense qu’elle a dû avoir un +certain succès auprès d’eux. Tu lui poseras la question...
Cherchant désespérément un peu de soutien, Aldariel se tourna vers son +amie, qui s’était visiblement endormie. Tout du moins, elle faisait +suffisamment bien semblant. Il l’en remercia intérieurement.
— ...sinon tu te rappelleras sa réaction quand, un soir, tu avais évoqué la +question.
Quelle chance il avait eu de retenir ce détail pourtant insignifiant, malgré la +situation qui ne s’y prêtait guère... Ils étaient plus à un cheveu de +s’entretuer que de jouer à ce jeu-là. +

Elle lui lança un dernier regard assassin, qu’il fit mine de ne pas +remarquer. Mais il avait du mal à se retenir de sourire. Elle soupira, +remonta ses draps sur ses épaules et ferma les yeux. +

Irdann +

Il referma la porte de la petite chambre et posa le bougeoir sur la table +de chevet.
— Hé bien ! Je m’attendais à ce que nos noms soient respectés, mais à ce +point...
Sélène sourit.
— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur +a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.
— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie +était un choc...
Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.
— Ah. Il y a un petit problème technique. Il n’y a qu’un lit.
— Effectivement. En même temps, c’est assez logique, c’est leur + + +chambre...
— Tu crois qu’ils pensent qu’on...
Il haussa les épaules. Il n’avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et +surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà +tellement de mal pour eux.
— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu +sais !
— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait +presque une semaine que je fais ça ! Et en plus, toi, tu es blessé.
— Ah mais ça n’a rien à voir ! +

Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien +répondu qu’elle était une dame et c’était une histoire de code d’honneur, +mais il doutait de l’efficacité de cet argument. Il n’avait pas affaire à une +noble dame comme les autres, ça, il avait bien saisi. Ce fut finalement elle +qui prit une décision.
— Bon écoute, on ne va quand même pas dormir tous les deux par +terre, ce serait vraiment stupide. Il y a de la place pour deux sur ce +matelas. Chacun son côté, chacun sa couverture, ça te va comme +compromis ?
— À condition que tu prennes quand même les draps prévus pour ça. Et +moi je prends une couverture de voyage.
Elle sourit en lui donnant un petit coup de coude.
— Vendu ! +

Ils s’installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la +pièce dans l’obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce +compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le +sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée... +À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était +saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si +heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son +« guide », d’ailleurs ? Leurs regards étaient tout de même assez +éloquents... +

Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance +des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il + + +s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de +cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on +ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on +essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un +peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour +aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui +décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres +trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle +qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel, +mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des +choses... +

Il avait tendance à considérer que ce genre d’histoire ne le regardait pas. +Après tout, entre un mari à la capitale, et ses parents ici, elle avait bien +droit à un peu de liberté entre deux... Il se mit à penser qu’il avait de la +chance d’être un paladin. Personne n’allait le forcer à se marier contre son +gré, et il était vraiment libre... Certes, il devait rendre des services au nom +de la déesse, mais à côté d’avoir toujours quelqu’un sur le dos, ce n’était +pas grand chose. +

— Irdann ?
Elle ne dormait donc pas non plus ?
— Oui ?
— Je suppose qu’on repart demain... ça va aller ta blessure ?
— Je pense, oui. Aldariel s’en est très bien occupé. Mais c’est surtout une +chance que personne d’autre n’ait été blessé.
Il eu l’impression qu’elle frissonnait.
— Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si les autres n’étaient pas +venus à notre secours...
C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle +faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des +cas...
— Tu veux vraiment savoir ?
— Ça va, je me passerai des détails, merci.
— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils +restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.
— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu + + +bénéficier d’un effet de surprise...
Pour quelqu’un qui n’avait connu que le confort des châteaux, elle avait une +sacré tête froide. Elle n’avait pas l’air trop choquée par tout ce qui s’était +passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt +encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...
— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait +compris dans ce combat.
— Ah ?
— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement +tranquille... Puis il y en a un qui s’est approché de toi, je t’ai vue +t’effondrer... enfin je crois. Et puis l’instant d’après, c’est lui qui était +effondré à tes pieds. Je n’ai pas l’impression que Zach soit arrivé si +tôt...
Elle marqua une seconde de silence, mais lorsqu’elle répondit, il aurait juré +qu’elle souriait. +

Sélène +

Lorsqu’elle termina son récit, il laissa passer un moment de silence. Que +pouvait-il bien en penser ?
— Je ne m’attendais pas à ça, effectivement.
Il semblait simplement surpris. Mais était-ce en bien ou en mal ? +
— Je n’avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien +attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois +hommes !
— Mais tu as bien fait de te défendre !
Soulagée, elle sourit –elle était soulagée également de noter qu’il ne voyait +pas ses expressions dans le noir, lui– et répondit nettement plus +spontanément.
— Ça n’a pas l’air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes +pour défendre sa peau...
— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour +être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois +capable comme les autres.
Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.
— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé +ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore... +J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais +aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien +présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas, +je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait +pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains. +Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en +m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire. +
— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas +une simple épée bien entraînée et obéissante...
— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères... +

Elle avait l’impression qu’il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu’est-ce +que cela pouvait cacher ? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un +« critère » particulier en tête ? Elle brûlait d’envie de le questionner, mais +peut-être n’était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en +souriant.
— Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d’une vraie +« dame ».
— Je vois ça. D’ailleurs, j’y pense, qui t’a appris cette technique ? Il faut +un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait !
Elle sourit.
— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Je ne sais pas trop +comment. Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie, d’ailleurs. +Peut-être qu’à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et +même toi, ils déteignent sur moi...
— Leur folie ou leur courage ?
— Les deux ?
— Je dirais effectivement qu’il est à la fois courageux et fou de chercher à +traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.
Il était bien placé pour parler de prudence...
— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt, +seul et sans escorte ? +

Il ne répondit pas.
— Je t’ai vexé ?
— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous. +Et ça a failli nous coûter cher.
— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes +parents, n’est-ce pas ? +

Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton +neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir +une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi +bon se poser ce genre de question ? Elle avait su tout cela dès le +début. +

— Oui.
Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi ?
— Bonne nuit.
— Bonne nuit. +

Aldariel +

Lorsqu’Aldariel ouvrit les yeux, le jour était déjà levé depuis un +moment. À ses côtés, les lits de Zach et de Silwë étaient vides. Il faut dire +que ces lits humains étaient plutôt confortables, surtout comparés à la terre +battue de la forêt... Et après les évènements de la veille, une bonne nuit +n’était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les +éclats de voix qu’elle entendait du rez-de-chaussée. +

Installés autour de la grande table, en train d’avaler un petit déjeuner +solide, se trouvaient Silwë, Irdann et [ToDo!]. Celle-ci était en train de +tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l’abreuvant de +recommandations.
— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai +donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre +voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore +mieux.
— Les elfes sont craints, par ici ? intervint Aldariel.
[ToDo!] redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en +lui préparant une assiette.
— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...
Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle, +puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.
— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle, +mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas +comme ça...
Silwë lui sourit.
— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées +non plus. Tenez, voici pour les provisions.
Elle lui tendit une petite pile de pièces. +

C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de +protestation de principe de la part de [ToDo!].
— Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi ?
— Très bien, je vous remercie. Zach n’est pas là ? Il dort encore +peut-être ?
Elle secoua la tête.
— Il est parti, aux aurores, avec son père et d’autres hommes du village, +pour... « découvrir » ce qui s’est passé la nuit dernière. Ils ont découvert +les corps de brigands apparemment... +

Un silence passa. Chacun sembla se remémorer avec un léger frisson la +bataille de la nuit dernière. Puis Aldariel reprit la parole.
— Quelle est la... version « officielle » de cette histoire ?
— Je ne sais pas encore. Ils ont bien sûr promis de ne pas parler de vous +deux, dit-elle en désignant les deux elfes. Ile ne devraient plus tarder de +toutes façons. Vous partez bientôt ?
— Nous allons nous mettre en route dès que possible, n’est-ce pas +Sélène ?
Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s’empressa de compléter. — +... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de [ToDo!], pour +savoir à quoi s’en tenir.
Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire. +

Irdann +

Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe. +Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs. + + +Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir +

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