X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=html%2Faventuriers.html;h=d1293685b20870c544eeb27695c84fff51648515;hb=e7e971aa944c4aeada9c425b44da7781d67484da;hp=210807fadb8bb9bfed80fb79627562ff7d49e73a;hpb=c5a139cbb237c19a9e77494ba442e7a3d8b660a0;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/html/aventuriers.html b/html/aventuriers.html index 210807f..d129368 100644 --- a/html/aventuriers.html +++ b/html/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - + @@ -25,27 +25,27 @@ [
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Sélène -

Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce, +

Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce, éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans. -

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les -araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici ; et Sélène était ravie de -s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas -été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, +

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les +araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie +de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient +pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, -vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été +vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du trésor. -

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. +

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une @@ -54,21 +54,20 @@ retenu sa passion pour la lecture, se disant qu’au fond, en lisant, elle n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur époux. -

Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à +

Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? S’évader dans ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire ici. -

Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par -les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales – -qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu +

Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par +les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales +–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le -précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... -Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à -tout. -

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de +précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y +avait de tout, dans le désordre. +

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est @@ -76,35 +75,35 @@ alors qu’elle aper livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque +chose ? -chose ? -

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après +

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre de magie ! -

La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, +

La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur âme à des divinités maléfiques. Pour s’en protéger, on les chassait, les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit ? Le brûler ? Le ramener à ses parents ? ... Le lire ? -

Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son +

Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son âme en l’ouvrant ? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop tard... -

Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et +

Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire. -

Silwë -

La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.

La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.
— Encore raté...
— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin !
Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à -chaque fois qu’elle s’entraînait – avec un succès toujours mitigé – à +chaque fois qu’elle s’entraînait –avec un succès toujours mitigé– à l’arc.
— Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l’ennemi qui se marre à cinq mètres, tu veux dire ?
Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une fl un petit air de défi.
— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi !
Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière + + spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde. @@ -129,8 +130,8 @@ class="newline" />— On s’entra class="newline" />— Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s’il te plaît ?
Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le -pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats – c’était -également le cas de sa mère – mais les broderies dorées indiquaient qu’il +pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats –c’était +également le cas de sa mère– mais les broderies dorées indiquaient qu’il s’agissait vraisemblablement de quelqu’un d’important. Elle nota qu’à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu’utilisent les humains, enfin c’était ce qu’on lui avait dit. Elle n’en avait jamais @@ -138,7 +139,7 @@ vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande sagesse. -

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du +

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui ressemblait à une salle d’entraînement.
— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle ?
— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée, ici. Cela te convient-t-il ?
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête. -

Uhr -

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, +

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une +ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de -ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un citadin. -

Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la +

Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.
— Là, regardez !
Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait +class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutaient paisiblement.
— Pourquoi tu t’arrêtes ? demanda sa sœur en lui donnant un coup de poing dans les côtes.
— On peut juste attaquer. Tu r va !
Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la colline en direction des aurochs. -

Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne +

Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de @@ -213,22 +214,22 @@ d défaut ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa sœur. -

Irdann -

Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le +

Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs +pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer -pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer quelqu’un sur place en une parole. -

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait +

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir. Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large sac en cuir, visiblement rempli. -

— Hm... prêtre Khil ?

— Hm... prêtre Khil ?
Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge, d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui @@ -255,9 +256,9 @@ ensuite son class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé, n’est-ce pas ? +

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains -

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.
— Vous avez d class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.
— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de nombreuses aventures... -

Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait +

Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire semblant d’être inoffensif ? Il devait être redoutable sur un champ @@ -292,17 +293,103 @@ honneur.
— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil, comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en - - dehors du temple.
— Ah ? Comment ?
— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon ! Nous verrons bien.
Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la capitale. -

Sélène +

Debout devant elle, ils tremblaient de tous leurs membres. Surprise ? +Colère ? Peur ? Incrédulité ? Panique ? Probablement un peu de tout +cela. Le grenier dans lequel elle les avait amenés était dans un sale état, +mais c’était le seul endroit où elle pouvait pratiquer la magie sans être vue +ou entendue... +

Suivant pas à pas les conseils du livre, elle avait découvert qu’elle avait +un certain don pour cela. Avec de la persévérance, elle avait réussi à +lancer son premier sort, paraît-il le plus simple, une boule de feu, et +elle avait manqué de brûler la bibliothèque. Le livre disait aussi +qu’il était très difficile de contrôler sa propre énergie magique... De +nombreuses traces noires couvraient désormais les murs et le sol +du grenier, et un certain nombre de vieux meubles en bois avaient +brûlé. +

À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en +crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa +démonstration spectaculaire.
— Ce n’est pas possible...
— Notre propre fille, une sorcière...
Elle se tenait entre eux et la porte du grenier. Elle ne cherchait pas +particulièrement à les empêcher de sortir, mais elle voulait qu’ils l’écoutent +avant.
— Arrêtez avec vos histoires. Les sorciers ne sont pas maléfiques, en tous +cas pas tous. Vous ne croyez quand même pas à toutes ces histoires de +démons ?
— Ils avouent tout de même...
Elle secoua la tête d’un air rageur.
— Avec les tortures qu’on leur inflige ? N’importe qui avouerait n’importe + + +quoi. Ne soyez pas idiots.
Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait +quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais +peut-être n’était-ce pas le cas de tous ?
— Regardez-moi. Suis-je devenue un monstre en apprenant un peu de +magie ? +

Ils l’observèrent un moment. Elle n’avait pas vraiment changé ces +dernières années, à part un peu grandi, mais ce n’était vraisemblablement +pas une histoire de magie. Pourtant... ils avaient la sensation que leur +fille leur échappait, qu’elle n’était pas la jeune fille qu’ils auraient +voulu qu’elle soit, qu’elle ne pensait pas comme ils auraient voulu +qu’elle pense. Peut-être était-ce juste cela, être une sorcière ? Ne +pas être celle que les autres attendaient ? Était-ce maléfique pour +autant ? +

Elle soupira, et interrompant leurs pensées, fit apparaître lentement une +seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en +arrière, effrayés.
— Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la +fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis à vis +de votre peuple.
La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration. +Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique +grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme. +Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...
— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part +vous ne le saura.
La taille de la flamme diminua lentement, à mesure qu’elle se calmait.
— Si vous me laissez étudier la magie comme je le souhaite, je ferai tout +pour garder sauf l’honneur de la famille. Je ferai tout ce que vous voudrez. +J’épouserai qui vous voudrez. S’il vous plaît...
Un silence passa, durant lequel ils semblèrent considérer cette idée.
— Aaaïe !
La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en +énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se +mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix + + +–presque– apaisée.
— Montre ton bras ?
Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se +former.
— Je peux... m’en occuper.
Elle se concentra, malgré la douleur vive. Il y avait cet autre sort qu’elle +avait appris. Un sort pour soigner... Il était, d’après le livre, plus complexe +que celui du feu, et elle avait beaucoup moins d’occasions de le pratiquer. +Mais les quelques fois où elle avait essayé, le résultat n’avait pas été si +mauvais. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. La douleur avait +considérablement diminué, et les cloques avaient disparu, même si +la peau restait un peu rouge et sensible. Elle lâcha un soupir de +soulagement.
— Vous voyez, la magie peut être bénéfique, aussi.
Son père observa tour à tour sa main, son visage, et celui de son épouse, qui +semblait réfléchir, un peu en retrait. Celle-ci finit par s’approcher +également.
— J’ai peut-être une idée... +

Farl -

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le +

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment, silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il @@ -310,17 +397,19 @@ silencieusement, il gravit les s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si bien remplies... -

Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé +

Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas les moyens de le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre. À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand, + + mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept ans. -

Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait +

Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées –et surtout ses nuits– à apprendre les ficelles du métier. Déplacement @@ -328,14 +417,12 @@ furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir, escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de jeu. - - -

Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si +

Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants – fêtards, malfaiteurs, gardes ? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était qu’une ombre parmi les ombres de la nuit. -

Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent +

Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension. L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il @@ -346,13 +433,15 @@ Il sortit de son petit sac lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du bâtiment. -

Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant. +

Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant. Était-il monté par l’escalier ? Avait-il escaladé ? Plus rien ne le suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à gousset.
— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.
Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.
— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à + + fait honorable.
Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se @@ -360,12 +449,10 @@ leva et s’ class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première mission.
Farl le regarda, les yeux brillants. -

Zach -

— Bon, allez, on fait une pause ?

— Bon, allez, on fait une pause ?
À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant - - de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante @@ -383,25 +470,25 @@ class="newline" />— Parce que c’est avec lui que la fille du cordonn l’autre soir.
— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à couper du bois. -

Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante, +

Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante, se remémorant la soirée de la veille. -

C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses +

C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux, aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des arbres, comme leur père. Et pour cause ! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas + + d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il vivait. -

Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un +

Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple tunique, d’un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs - - épées et boucliers au côté.
— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour nous et la damoiselle que nous escortons.
— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de quoi souper et dormir.
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ? -

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En +

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En chemin, l’un des soldats l’interrogea :
— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ? -

Il réfléchit quelques instants.

Il réfléchit quelques instants.
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ? -

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. +

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide + + possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.
— D’accord. -

Aldariel -

— Oui, Aldariel, tu voulais me voir ?

— Oui, Aldariel, tu voulais me voir ?
La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et frêle, vêtue d’une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père avait l’air si imposant quand il était assis sur - - son trône ! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et constatant qu’il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses @@ -462,6 +549,8 @@ alors que risquait-il ?
— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer ?
Il soupira.
— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps... + + J’allais même disputer des tournois chez les humains.
Chez les humains... On disait tant de choses des humains ! Elle ne savait même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son @@ -470,16 +559,14 @@ plut t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc : une des meilleures archères de mon escouade d’élite.
Le visage d’Aldariel s’illumina. -

Samantha -

La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple - - +

La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple –prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et presque un peu effrayant. -

Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation. +

Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation. Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà ! Mais cette ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare. @@ -488,42 +575,81 @@ survivants de son village, d de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna, qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus proche. -

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha +

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit, appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les concurrentes. -

Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de +

Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien + + –peut-être un peu trop ?– en valeur sa féminité. Elle portait un large collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets, aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin accompli. -

Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers +

Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent. C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce mélopée. - - -

Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, +

Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras, et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le regarder. -

Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus +

Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi, avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements redoublèrent. -

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. +

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. +

Zach +

— Là-bas, je vois l’orée !
Les soldats laissèrent échapper une exclamation de joie. Après quatre jours +dans la forêt, ils n’étaient pas mécontents de retrouver la civilisation. De +son côté, Zach, installé à côté du cocher, rêvassait. Il se demandait bien qui +était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de voir, en théorie. En +pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en +temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de +petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine + + +richement orné. +

— Hé, gamin !
Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un +grand sourire.
— Tu as fait du bon boulot en nous guidant jusque là. Tu auras bien gagné +ta paie !
Il rougit légèrement.
— Merci.
— Ton chemin parallèle pour éviter le sentier embourbé était le bienvenu... +Nous aurions perdu beaucoup de temps à nous traverser cette partie avec le +carosse !
Il haussa les épaules en souriant.
— Nous allons parfois livrer du bois par là, et ce n’est pas la première fois +que ce chemin est inondé...
Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.
— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot ?
— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un +peu trop âgé pour ça.
Il lui fit un clin d’œil.
— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron, +à mon avis.
Il allait répondre, lorsqu’un des soldat lui adressa la parole.
— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on +arrive ?
— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.
— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as +bien mérité !

[
@@ -531,6 +657,8 @@ src=

Uhr + +

Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été @@ -544,8 +672,6 @@ d’abord se lib fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s’endormir, épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui - - partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait @@ -567,6 +693,8 @@ chef de ce grand clan barbare. dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet, et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à présent ? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se + + retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de bâton en plus. @@ -580,8 +708,6 @@ class="ecti-1095">Farl

Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son - - équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un @@ -603,6 +729,8 @@ besoin.

Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement, visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan. Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui + + faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait nettement la tâche.

Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un @@ -616,8 +744,6 @@ de lui.

Uhr

Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de - - l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite. @@ -639,6 +765,8 @@ sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’emp l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou + + ennemi ?

La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il @@ -686,8 +814,6 @@ si diff vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes... Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques - - instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa liberté.
— Bon, voilà ce que nous allons faire.
— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois. Cela te conviendrait ?
— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort. + + Les gardes changent de temps en temps.
Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra, et ils se sourirent. @@ -722,8 +850,6 @@ entra.

Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des - - standards barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita @@ -746,6 +872,8 @@ doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du roi.

Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres. Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme + + était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre, @@ -758,8 +886,6 @@ n’y roi et se rua au dehors, son épée à la main.

Farl - -

Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme @@ -781,6 +907,8 @@ soulagement. le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en ébullition.

Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés + + par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir @@ -793,8 +921,6 @@ venaient.
— Là-bas ! Il y a des intrus !
Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin. - -

Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de porte.
— Merci.
— On file et on discute après ?
Il lui rendit son sourire.
— Ça marche. - -

Uhr

Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par @@ -867,8 +993,6 @@ d class="newline" />Il n’avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe - - coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se @@ -889,6 +1013,8 @@ avait trouv depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et + + compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras @@ -907,7 +1033,8 @@ class="newline" />— J’ai d manque trop, décidément...
— Sérieusement ?
— Hé oui !
— La garde a une bonne réputation, n’est-il pas difficile d’y entrer ?
— La garde a une bonne réputation, ce n’est pas trop compliqué d’y +entrer ?
— Il y a des unités d’élite, qu’il est difficile d’intégrer. Mais il y a de la place pour y être simple soldat, et après, qui sait...
Il lui sourit.
— Vraiment ? class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais...
— Le fait de tuer te gène ?
— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien + + payée.
Son ami réfléchit un moment avant de répondre.
— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou @@ -935,50 +1064,52 @@ quelques cas d’assassins qui avaient progressivement choisi leur seconde v à leur première. Il ne parlait pas d’eux en traîtres. Je me demande s’il se doute de mes sentiments, en fait... Peut-être a-t-il évoqué cela exprès ? -

Il marqua une pause, pendant laquelle son ami le fixa.
— La question est donc, que vas tu faire ?

Il marqua une pause.
— La question est, que vas-tu faire à la place ?
— Je ne sais pas encore. C’est bien le problème.
Uhr sourit, et termina sa chope.
— Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.
Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien, oui... -

+[
+

+

+

Irdann -

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et +

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs + + d’enfant. -

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il +

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons, il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup -de maîtres d’armes, mais Khil, le prêtre qui s’occupait de son éducation -et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de -son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui -soit. -

Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et +de maîtres d’armes, mais Khil avait décidé de l’envoyer chez le meilleur +épéiste qui soit. +

Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.
— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.
L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi -qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.
— C’est vous le novice du temple de Melna ? Il vous attend. Venez. -

Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine +

Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un -archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe ! -C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on - - -croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y -attendre. L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc -et d’une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. -L’homme sourit à l’elfe, alors qu’il entendit quelques morceaux de -conversation.
 ! C’était la +première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on croiserait +toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y attendre. +L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc et d’une +cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L’homme +souriait.
— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son élève ! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.
L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut @@ -990,6 +1121,8 @@ modalit class="newline" />Irdann secoua la tête.
— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont + + soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient ?
Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie @@ -997,56 +1130,56 @@ du temple ! Et puis, autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l’apprenti paladin. Le maître se tourna vers l’elfe, qui attendait en retrait.
— La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.
L’archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme -lui ? Un elfe ? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y avait -des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le -temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se -demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le -guider hors de la pièce. -

L’archer hocha la tête et quitta la pièce. Un autre élève comme +lui ? Un elfe ? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y +avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou +deux dans le temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment +rencontré... +

Tout en se laissant guider hors de la pièce, Il se demanda combien +d’élèves avait ce maître, et lesquels. +

Uhr -

Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin, +

Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin, une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple. Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux - - -autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait -un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes, +autres. Il n’y avait aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre +apportait un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes, semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était engagé. -

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions +

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé -qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très -enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il -avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes -qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et -lui ? Resterait-il à la garde toute sa vie ? -

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un +qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement +très enrichissante. Un collègue garde l’avait un peu renseigné sur +les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont +beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir +suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa +vie... + + +

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce, puis désigna le lit à côté du sien.
— Celui-ci est libre ?
— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue ?
— Oui. Je m’appelle Irdann. -

Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir -allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils -allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La -tenue de novice l’intriguait.

Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le +soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous +peu, ils allaient probablement dîner ensemble. La tenue de novice +l’intriguait.
— Tu viens d’un temple ?
— Oui, je suis apprenti paladin.
— Oui, je suis apprenti paladin. Et toi ?
Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier, songeait-il, des profils surprenants qu’il risquait de rencontrer ici. Combien y en aurait-il ?
— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître Ernest. -

Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté +

Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un - - blason.
— D’où te vient cette arme ?
— De mon père. Il me l’a offerte quand je suis parti pour le temple, quand @@ -1061,12 +1194,12 @@ class="newline" />Il hocha la t class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné !
— Et si différent ! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les + + rues...
— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde ?
— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...
Il hocha la tête. Un collègue garde lui avait donné à l’avance une liste des -éléments de cette unité. L’avantage de connaître déjà en partie la place. -
Il hocha la tête. Le collègue lui en avait parlé.
— Une elfe. Il y a aussi un nain.
Irdann parut surpris.
— Une elfe ? Une femme ?
— De toutes fa soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit son sourire. -

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en +

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir. -

Silwë -

La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines, -voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, -construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, -et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! Certes, elle -s’attendait à en voir, mais ici, il n’était même pas possible de les -éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des -maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains -originaux... Ils les regardaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air -curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur -les humains n’était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa -crainte.
— Ne t’inquiète pas. Maître Ernest est quelqu’un de très bien. Et -il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous -arrivons. +

C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des +centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, +construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et +bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! D’accord, c’était idiot, + + +elle s’attendait à en voir ; mais ici, il n’était même pas possible de les +éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des +maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les +observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se +rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était +pas toujours très rassurant.
— Hé, ne panique pas. Les humains ne sont pas méchants. Et maître +Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.

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Irdann - -

Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse, et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il ? Il @@ -1153,8 +1284,6 @@ class="ecti-1095">Samantha

Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante. C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la - - tâche.
— Vous allez bien, grande prêtresse ?
Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s’approcha. Elle lui @@ -1173,6 +1302,8 @@ vain. chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien + + cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines d’hommes armées d’épées ? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le @@ -1189,8 +1320,6 @@ l’ garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître Ernest.

Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la - - pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne... Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux, @@ -1209,6 +1338,8 @@ r de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et ils n’hésitaient pas à jouer avec. + +

Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le @@ -1260,8 +1391,6 @@ visiblement essouffl rejoignit.
— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici. - - Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le temple.
Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...
Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant la voix.
— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en + + sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de @@ -1297,8 +1428,6 @@ class="newline" />— Peux-tu pr class="newline" />— Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons... De ce fait, les prêtres ne possèdent qu’un seul enchantement purement offensif, il s’agit bien sûr de l’invocation de foudre. J’y suis moi-même - - immunisé, tout comme l’intérieur du temple, mais tu ne l’es pas...
Silwë fronça les sourcils.
— Cette protection peut-elle s’étendre à d’autres personnes ?
— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effec règlerait le souci de l’immunité.
— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le + + temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être blessé !
— Comment peut-on se faire passer pour vous deux ? Je ne te ressemble @@ -1354,6 +1485,8 @@ class="newline" />Irdann, qui semblait un peu g class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du temple de Melna...
— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de + + s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.
— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non ?
— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être @@ -1369,8 +1502,6 @@ me souviens aussi que certains pr charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour d’eux.
— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc - - faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en tant qu’apprenti paladin de la déesse ?
Il haussa les épaules.
 ? - -

La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.

Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.
Il class="newline" />— Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça !
Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.
— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend - - légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes, très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur @@ -1464,6 +1593,8 @@ class="newline" />Ils opin Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire ? Ils n’y gagneraient aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les + + réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais @@ -1477,14 +1608,12 @@ sans avoir m quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.

Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très - - familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes façons.

[
+src=

Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et + + alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au visage accueillant.
— Un repas et une chambre pour la nuit ? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir. @@ -1515,8 +1646,6 @@ contacts.
Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son - - embarras.
— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte @@ -1552,8 +1681,6 @@ fa

Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir - - aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et s’apprêta à y frapper.

— Vous cherchez quelqu’un ?
 ?
— Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça. - - Trouvez-vous des bottes.
Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L’homme en face était plus grand, plus fort qu’elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait @@ -1611,6 +1736,8 @@ class="ecti-1095">Zach voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui réservait quelques surprises.

Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux + + bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait @@ -1625,8 +1752,6 @@ l les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque chose de louche à cacher ? - -

À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près, avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses @@ -1649,6 +1774,8 @@ instantan sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son regard. + +

Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la @@ -1698,8 +1825,6 @@ avait jamais pos même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie ? Elle avait vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il - - fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les @@ -1723,6 +1848,8 @@ voir... Lancer un sort moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser. Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de même ! + +

Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de @@ -1737,8 +1864,6 @@ class="newline" />— Enroulez vous dans votre couverture, je vais baisser l nuit.
— Vous ne dormez pas ?
— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas - - de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si quelque chose d’anormal se passe. @@ -1759,6 +1884,8 @@ damoiselle de haut rang, c’ ennuis...

Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à + + son tour.

Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène @@ -1773,8 +1900,6 @@ crois

Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils - - pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne savait pas apprécier quelques bons moments. @@ -1797,6 +1922,8 @@ lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’a elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de maîtriser ces deux brutes ? + +

Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser @@ -1811,8 +1938,6 @@ pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis d branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un pas.

Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle - - n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique. Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les @@ -1847,8 +1972,6 @@ effort ?

Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son - - autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main @@ -1883,8 +2006,6 @@ grotte. Ce l remplir les gourdes d’eau fraîche.

Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la - - grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité ? Et pour @@ -1905,6 +2026,8 @@ class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit. le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les + + loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune marque de blessure. @@ -1939,6 +2062,8 @@ lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruy Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du froid.

Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta + + légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette, c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme. Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet. @@ -1953,8 +2078,6 @@ class="newline" />— Il reste un moyen de se r class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna vers lui.
— Bon d’accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté, - - sinon...
— Compris !
Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle @@ -1978,6 +2101,8 @@ de mal bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y pénétrer ? + +

Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait @@ -2013,6 +2138,8 @@ question ? class="ecti-1095">Zach

Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle + + ne disait rien... N’osait pas poser la question ? Il soupira. Au point où il en était...
— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui @@ -2026,8 +2153,6 @@ class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.

Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait - - qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus tard.
— Je peux te poser une question à mon tour ?
— Si, class="newline" />Il la sentit sourire à cette plaisanterie.
— Certes.
Il hésita à la questionner plus. Elle avait l’air de connaître un peu le sujet... + +
— Comment tu ferais, toi, pour savoir ?
— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire @@ -2063,8 +2190,6 @@ un petit quelque chose...
Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.
— Ça correspond bien à la vision d’un elfe. Les nains voient différemment : ils ont l’infravision, c’est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les - - corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en @@ -2087,6 +2212,8 @@ animosit class="newline" />— C’est drôle, tu n’as pas l’air de considérer cela comme une tare.
Il la sentit hausser les épaules.
— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère + + de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.

Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures ? Ou... dans @@ -2100,8 +2227,6 @@ d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais crois avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités. - - Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique ? C’était une question qu’il n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du @@ -2125,6 +2250,8 @@ cela. et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte, cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la + + silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir... Un demi-elfe ? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université @@ -2160,6 +2287,8 @@ class="newline" />— Ne bouge pas.
Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence. + + Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu l’intriguait.

Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main @@ -2173,8 +2302,6 @@ class="newline" />— class="newline" />— Euh, merci.
Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Certes, il avait l’habitude de se débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une - - petite aide spontanée ? Et puis, le contact de sa main n’était pas désagréable.

Il se leva, et alla ramasser ses affaires.
 ? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte ? Ça n’avait pas eu l’air de la choquer... -

+[
+ +

+ + +

Aldariel -

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi +

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son air était décidé.
— Ah, Aldariel. J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit.
 ?
— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les humains. -

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, +

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes. Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la @@ -2245,8 +2379,6 @@ class="newline" />— Merci. Silw class="newline" />— Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules chez les humains ?
— D’abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez - - les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le maniement de l’épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te protéger.
Il sourit.
— Oui. J’ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l’invitant à vous accueillir toutes les deux.
Aldariel retint un cri de joie. -

Silwë -

Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon +

Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle ! C’était un grand honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission... -

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son + + +

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en était-il en réalité ? Que serait le trajet avec elle ? Allait-elle devoir jouer @@ -2274,16 +2408,14 @@ savait-elle se d chaque pas ? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer ? Elle-même l’avait été aussi... -

C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre +

C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie, en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement. -

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de - - +

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de s’abstenir. Elle s’approcha de la table.
— Quel est notre trajet ?
Silwë lui montra la carte étalée sur la table.
— Et cette r class="newline" />— Presque, c’est celle d’un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et encore celle-ci, avant d’arriver, après deux jours, au château du duc, enfin. C’est cette région qui est particulière : ils n’aiment pas trop les elfes - - et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux dieux.
— D’apr d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous dire. -

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait +

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir, qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches, elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté. + + Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague. Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et @@ -2363,16 +2495,18 @@ class="newline" />— Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S’il-te-plaît.
Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps.
— D’accord. -

Aldariel -

Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux +

Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble. Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore montée. -

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début +

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu + + effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise– d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance, et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une @@ -2381,7 +2515,7 @@ nouvelle surprise. Sa compagne l’avait d elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait bien. -

À cet instant, Silwë entra dans la pièce.

À cet instant, Silwë entra dans la pièce.
— Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n’es pas encore couchée ?
— J’avoue que... ces lits m’intriguent...
 !
-

Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement +

Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement entre les draps. Un peu hésitante, elle l’imita. Ce n’était pas aussi inconfortable qu’à première vue, finalement.
— Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet ?
— Je me suis dit la m extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des solutions ? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de ressources et d’idées, parfois... -

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se +

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles + + étaient entrées dans la taverne.
— Pourquoi certains humains nous détestent ?
Elle l’entendit soupirer.
— Sérieusement ?
— Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu’il est très mal - - d’avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.
— C’est un peu vrai chez nous, non ?
— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez @@ -2440,15 +2574,17 @@ nous aiment pas, ils nous respectent en g de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas d’inquiétude. -

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres +

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres questions qu’elle voulait poser. Et les autres races ? Les nains, par exemple, en avait-elle croisé ? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours + + qui viennent. -

Silwë -

La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, +

La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce @@ -2456,15 +2592,13 @@ matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec une amie et non une princesse. -

C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit +

C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent, puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux. - - -

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement +

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval –certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de pillards qui les avait pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant @@ -2474,13 +2608,15 @@ restait qu’un garde pour d tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais difficilement. -

Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, +

Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de bataille. -

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un +

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à + + son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise, @@ -2499,9 +2635,7 @@ quatri bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans l’œil. - - -

Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.

Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.
— Merci, c’était tout juste.
Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre @@ -2513,17 +2647,19 @@ class="newline" />— C’est la premi class="newline" />— Oui...
Elle lui posa la main sur l’épaule, doucement.
— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues. -

Aldariel -

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un +

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains + + qui ne les concernait pas ? Pourtant son amie avait fait de même. Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait laissé quelques flèches... y feraient-ils attention ? Et qui étaient ces gens dans les carosses ? Trop de questions se bousculaient dans son esprit. -

Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à +

Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher. @@ -2536,8 +2672,6 @@ class="newline" />— M class="newline" />— Et alors ? Moi aussi.
Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle entendit son amie dégainer son épée à côté d’elle, et s’adresser à - - eux.
— Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites encore un pas, et vous êtes morts.

— Bien joué, Alda.

— Bien joué, Alda.
Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis était revenue près d’elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de l’admiration dans son regard.
Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.
— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense. -

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un +

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un moment, sans rien dire.
— Ça va, Aldariel ?
— Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.
Elle sourit.

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Samantha - -

Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble, grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire @@ -2590,6 +2722,8 @@ Si tout le monde parlait de ce myst modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et + + lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de Touryre.

En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement @@ -2624,6 +2758,8 @@ avait quand m « enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...

Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.
— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme + + ça ? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.
— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la @@ -2643,8 +2779,6 @@ noir–, mais il savait bien que derri de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que feraient-ils ? - -

Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–, mais de là à penser de la sorte ? @@ -2660,6 +2794,8 @@ le g class="newline" />— Où tu veux en venir ?
Elle haussa les épaules.
— Je me demande si c’est vraiment un accident et s’ils sont vraiment + + morts.
— Aucune idée. Mais tu sais, ce n’est pas à toi ni à moi que l’enquête a été confiée... Et puis comment le vérifier ?
— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y p

Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a - - six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste qu’avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les idées.

Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet @@ -2715,8 +2851,6 @@ l’int tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol, dessinant les contours des deux corps, ressortaient d’autant plus. Il - - n’allait rien trouver ici. Il s’avança précautionneusement vers la pièce qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble, une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à @@ -2732,6 +2866,8 @@ bois de l’autre demeure. quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre + + Samantha.

Samantha @@ -2767,6 +2903,8 @@ auront peut- disparaisse pour de bon...
— C’est vrai, mais je risque ma carrière en faisant ça. J’hésite... Même si effectivement il faudrait leur dire. Peut-être les aiguiller sur cette + + piste ?
— Ils vont perdre trop de temps... C’est tellement bête... Pourquoi n’ont-ils pas pensé à faire appel à un prêtre pour ça ?

Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré. Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa - - minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre pièce.

La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe. @@ -2803,6 +2939,8 @@ venant de l’ext bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi dangereuse. + +

Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions : sortir et s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.
Elle sembla marquer un instant d’h lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace aux bords acérés... Elle se redressa.
— Je me donne ce droit. Je n’ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois - - pas à cette histoire d’accident qui a tué mon compagnon. Alors j’ai décidé de venir par moi-même. Et vous ?
Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l’étoile mortelle @@ -2835,7 +2971,7 @@ accident.
Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était apparue.
— Expliquez vous.
— Expliquez-vous.
Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.
— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est vivant.
— Qu’est-on cens class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un peu.
— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait. - - Peut-être qu’ils... nous ? donneront des indices.
Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était bon signe.
Elle eut un regard l S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de situation : la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans -les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant -pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant - - +les ombres, mais aussi pour paraître tout à fait normale –le noir n’étant pas +si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion ? Peut-être les deux, @@ -2932,8 +3064,6 @@ class="newline" />— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...
Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne. Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il fallait désormais appeler un crime. - -

— J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi @@ -2949,6 +3079,8 @@ class="ecti-1095">Samantha personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne... Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal. Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets. + +

Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.
— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma @@ -2969,8 +3101,6 @@ de papiers, et un collier ouvrag nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle tâche. - -

Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois @@ -3005,8 +3135,6 @@ dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.
— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui qui travaille sur le sujet et ses documents ? Ajouta Zanakielle.
Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa - - pour faire une remarque.
— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble, il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et @@ -3022,6 +3150,8 @@ Proposa Samantha.
— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est pas ma spécialité. + +

— D’un point de vue plus pratique, on fait quoi ? On dit quoi ?
Uhr regarda les trois autres.
— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...
Elle s’était levée, décidée, presque en colère.
— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et +class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrai pas garder ce secret indéfiniment, et mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.
Elle hocha la tête.
— Bah,

Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.

Uhr +

Le capitaine faisait les cent pas, très énervé.
— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez +fait.
Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait +le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel +point l’avait-elle fait ? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était +pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui +risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu +pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.
— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé +une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à + + +faire appel à un prêtre.
Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.
— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets... +Tu te rends compte ?
Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut, +comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas +un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait +pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait +qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette +histoire. +

Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se +posta face à lui.
— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que +nous n’aurions fait en une semaine.
Il avait parlé d’une voix calme. Y avait-il un espoir ?
— Sauf que je suis très embêté. Officiellement, l’enquête n’en est pas là. +Officiellement, il s’agit toujours d’un accident.
Il se tut, et fit quelques pas, réfléchissant.
— Mais ces informations vont nous faire gagner un temps précieux, surtout +si l’assassin ne sait pas qu’il est identifié. Puisque tu es le seul au courant, +tu vas partir enquêter discrètement sur ce qui se passe dans cette +forêt.
Il leva les yeux vers lui. Il lui sembla qu’il attendait une réponse.
— Seul ?
— Tu peux emmener quelques personnes de confiance avec toi. Par exemple, +les amis qui t’ont aidé dans cette tâche ? Je couvrirai vos dépenses, bien +entendu.
— Euh, d’accord.
— De mon côté, je vais faire avancer l’enquête comme je pourrai, afin de +parvenir à la même conclusion officiellement. Mais tu auras pris de l’avance +en attendant, une avance précieuse.
Il hocha la tête. Non seulement il échappait au pire, mais l’idée d’une +mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec +Samantha et Farl... s’ils acceptaient.
— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais + + +besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien +entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou +que tu m’apprennes ce que tu trouves.
— J’ai peut-être une idée pour ce point, interrompit-il.
Le capitaine sembla surpris.
— Je t’écoute.
— Les prêtres possèdent un moyen de communiquer par la pensée. Si je +voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon +avancée rapidement.
— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais +fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas +aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails +techniques. +

Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela +une dernière fois.
— Uhr ?
— Oui ?
— Je devrais être furieux pour ce que vous avez fait, mais je suis quand +même un peu fier. Ne me déçois pas pour la suite.
Un léger sourire marquait son visage.

[
+src=

Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été @@ -3077,8 +3279,6 @@ class="ecti-1095">Sélène

Sélène s’arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle - - était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son guide particulier ? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec @@ -3097,6 +3297,8 @@ yeux, qui brillaient dans les ombres de la for que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu rassurant...
+ +

Zach

— Une arakne !
Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer - - la suite.
— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester ici...
Zach

Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément, des filaments de lumière blanche, légèrement moirés, traversèrent son iris. + + Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées, presque aussi grand qu’elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce @@ -3186,8 +3388,6 @@ son b de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et terrible.

Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s’apaiser, - - les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène @@ -3207,6 +3407,8 @@ tard. class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma.
— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...
— Je sais. Tu risques d’être brûlée vive, et moi avec, rien que pour avoir + + pris ta défense.
Elle sembla un peu rassurée de l’entendre dire qu’il la défendrait sans conditions.
— plaie.
— On fera avec...
La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait - - des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur @@ -3279,6 +3479,8 @@ sa silhouette, pour un adolescent, Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent + + coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques pas.

Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il @@ -3293,8 +3495,6 @@ relever. Elle cessa de chercher

C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles - - pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine, finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu @@ -3315,6 +3515,8 @@ class="newline" />— Je vais r elfe Aldariel Lalrilë, qui t’ordonne de la lâcher immédiatement si tu ne veux pas que cette flèche traverse ton cou.
Le ton de la voix était impératif, et la pointe dans sa nuque l’était + + tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers lui. @@ -3331,8 +3533,6 @@ class="newline" />— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais l espionnes.
Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement ? Elle tenta de - - reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas. Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le @@ -3352,6 +3552,8 @@ qu’elle tenait paume vers le ciel. Une sph rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment blanche. Une boule de feu...

Toujours immobile, impuissante, elle vit Aldariel hésiter, tandis que + + l’homme avait pris une expression mêlant soulagement, crainte et surprise. C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine, @@ -3367,8 +3569,6 @@ hurla.
— Sélène, écarte-toi !
Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se détendait. - -

SélAldariel

Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour - - les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la @@ -3461,6 +3659,8 @@ b class="ecti-1095">Zach

Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la guerrière à sa droite. Tous trois scrutaient les environs avec inquiétude, + + mais rien n’arrivait. Pouvaient-ils être venus à bout de ces horreurs, finalement ?

Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas @@ -3477,8 +3677,6 @@ d bras.

Certes, ils avaient convenu d’une trêve, le temps de se mettre à l’abri des araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se - - passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité ? Lui pardonnerait-elle, entre autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée ? Et si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole ? Il détestait se sentir ainsi, @@ -3531,6 +3729,8 @@ L’arch class="newline" />— Comment va-t-elle ?
— Elle respire calmement.
L’elfe se leva et posa une main délicate sur le front de la jeune femme + + endormie.
— Elle a un peu froid. Tu devrais la couvrir.
Il prit leurs deux couvertures dans leurs sacs respectifs et l’enveloppa @@ -3549,8 +3749,6 @@ lumi class="newline" />Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.
— En effet. Nous avons, comme vous, été attaqué par ces créatures... J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner. - -
Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle @@ -3568,6 +3766,8 @@ tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de dormir.
Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit + + faire de même. Il hésita un peu. Le pain était rassis, la viande encore plus séchée, mais il leur proposa tout de même.
— Désolé, ce n’est pas très frais, mais si vous en voulez...
— Il est effectivement temps de se reposer.
— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde ? Je ne fais + + pas ça d’habitude, mais le danger qui nous menace est assez inhabituel, proposa-t-il.
— Pourquoi pas, répondit Silwë, puisque visiblement nous sommes tous les @@ -3638,6 +3840,8 @@ class="newline" />Aldariel prit une grande inspiration, et expliqua.
— Tu vois encore mieux que nous dans l’obscurité. Tout comme ta légère sensibilité à la lumière, c’est typique des elfes noirs. Il faut que tu saches que... nous ne sommes pas vraiment en bons termes avec + + eux.
Elle semblait gênée. Son amie reprit, presque doucement.
— Tu n’y es pour rien. Mais je te conseille de cacher ce don face à des elfes @@ -3673,6 +3877,8 @@ sa finesse. Un m retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard. Méfiance ou curiosité ? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux + + aguets. Devait-il être rassuré ou inquiet ? Il n’eut pas le temps de se poser plus longtemps la question, la fatigue l’envahit et il s’endormit profondément. @@ -3690,8 +3896,6 @@ expliqu pu mentir pour éviter d’être pris pour un elfe noir, surtout auprès d’elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains - - semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur @@ -3709,6 +3913,8 @@ faire pardonner de l’avoir menac elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle l’occasion le lendemain ?

L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter + + la garde à sa place. Était-il vraiment de confiance ? Il avait avoué avoir agi par peur, lorsqu’il avait attaqué Silwë, mais qu’est-ce qu’il lui disait qu’il n’agirait pas ainsi d’autres fois ? Si il les attaquait, toutes les deux, alors @@ -3743,6 +3949,8 @@ Silw répéta-t-elle...

Zach + +

Une partie de la nuit était déjà passée, et il n’avait pas –encore– eu la gorge tranchée pendant son sommeil... jusque là, tout allait bien. Enfin, si on exceptait les araknes, la révélation de Sélène, la rencontre –peu amicale @@ -3760,8 +3968,6 @@ Le danger que ces m heureusement qu’il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une sacrée bêtise. Elle n’aurait probablement pas apprécié, et il se serait vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou - - ailleurs.

Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes d’ailleurs ? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais @@ -3780,6 +3986,8 @@ et chaudes. inconnue et étrange : raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient appris la langue des humains ? Il en doutait, sinon elles auraient utilisé –au moins ponctuellement– leur langage pour parler dans son + + dos.

Il soupira. Après tout, s’il se posait des questions idiotes, c’est qu’il était encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce serait @@ -3796,8 +4004,6 @@ lui... que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs ? Comment traitait-on les princesses là-bas ? Peut-être en avait-elle assez des courbettes. Ou c’était peut-être tout simplement la situation d’urgence, qui - - faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas, elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait @@ -3816,6 +4022,8 @@ reste.

L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits nocturnes. Tout allait bien. Il s’approcha doucement de Silwë, et lui posa la + + main sur l’épaule.
— Psst... Silwë ?
L’elfe se réveilla et sembla paniquer à sa vue. Sa main se tendit vers son @@ -3832,8 +4040,6 @@ chaude, et confortable. Il tourna la t n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau, apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu’on lui avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même - - temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse @@ -3853,6 +4059,8 @@ avait invent l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne n’était pas rien, dans cette région, même si c’était pour lui sauver la + + vie...

Elle se demandait, d’ailleurs, quelle était la relation réelle entre ces deux jeunes gens. À voir Zach, en tous cas, il semblait évident qu’il y avait @@ -3869,8 +4077,6 @@ fois la magicienne r imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur. D’où venaient ces horreurs d’ailleurs ? Elle aurait payé cher pour le - - savoir...

Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué @@ -3891,6 +4097,8 @@ s’ brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes, leur alliance temporaire quand d’autres créatures avaient attaqué, + + et... le trou noir. Elle avait lancé beaucoup de sorts en si peu de temps, elle n’avait pas tenu le coup. Elle manquait encore tellement d’entraînement. @@ -3926,8 +4134,10 @@ pas pu passer cette rivi class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...
La guerrière lui montra son poignet, et sourit.

+ + [
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 !

Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à @@ -3962,6 +4170,8 @@ qui effectivement respectée ici, et il était tout de même le fils de leur suzerain, bien que n’en portant pas le titre. Le seigneur se leva pour l’accompagner lui-même à la chambre qui lui était préparée. Il ne s’attendait pas à un tel + + accueil.
— Nous ferez-vous le plaisir de dîner avec nous ?
— Bien volontiers, d’autant que voilà plusieurs jours que je n’ai pas fait un @@ -4013,8 +4223,6 @@ peut- d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet du seigneur acheva de le convaincre.
— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem, - - vous pouvez me faire confiance.
Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.
— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche, @@ -4034,6 +4242,8 @@ Tout d’abord, elle n’a pas emmen cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la tâche s’il devait en plus fouiller toutes les cachettes potentielles... Un bijou offert par un amour d’adolescente ? Un journal intime ? Mais si elle est + + réellement attachée à cet hypothétique objet, elle aurait pu tenter de l’emmener avec elle, caché dans le grand coffre qu’elle emportait en tant que trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret. @@ -4049,8 +4259,6 @@ battant, il le sortit et le d

C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la - - magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question. @@ -4070,6 +4278,8 @@ pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait familier.

Il sortit de sa poche un simple caillou qu’il avait ramassé dans la cour, et le posa à côté du livre, et débuta son incantation. + +

Combien de temps s’était passé ? Difficile à dire, mais de ce qu’il voyait par la fenêtre, la nuit était tombée. Il ramassa délicatement la pierre posée sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son @@ -4084,8 +4294,6 @@ et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’ mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher, épuisé.

Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au - - fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient @@ -4105,6 +4313,8 @@ sensations, quand bien m impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était tenu secret...

De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins + + retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout @@ -4120,8 +4330,6 @@ Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus vite. - -

Sél— Il faudra filtrer quand m je me demande si on ne peut pas ajouter ça...
Elle fouilla dans son sac, et en sortit une petite fiole qu’elle tendit à l’elfe. Celle-ci tenta de lire l’étiquette, fronça les sourcils. Puis elle l’ouvrit, renifla + + légèrement le contenu.
— Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme...
Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. — @@ -4160,8 +4370,6 @@ fr et ils avaient profité d’un coin calme et d’un bras de rivière pour faire une pause pour se laver. Zach, qui avait sagement attendu son tour, devait encore y être. Elle l’avait aperçu, en allant remplir le - - chaudron d’eau. Elle était restée quelques secondes à l’observer, légèrement gênée de constater qu’elle n’avait pas du tout honte de le faire. @@ -4196,8 +4404,6 @@ class="newline" />— Oh non, surtout pas.
Elles éclatèrent de rire.

Zach - -

Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne leva même pas la tête lorsqu’il approcha.
Il hocha la t class="newline" />— Tu as appris l’épée durant ton séjour à la capitale, c’est ça ?
— Oui, chez maître Ernest. Tu le connais ?
— De réputation, mais je ne l’ai jamais rencontré directement. D’ailleurs... + +
Il se leva et alla chercher son épée, posée avec sa ceinture quelques mètres plus loin.
— Tu as gagn class="newline" />Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui, son arme pointée, avec un léger sourire de défi.
— En garde ! - -

Silwë @@ -4254,6 +4460,8 @@ int bon escrimeur, corrigea-t-elle mentalement. Pourtant... sur une passe un peu inhabituelle, elle réussit à créer une faible ouverture dans sa garde. Faible, mais suffisante... Son épée s’arrêta à quelques millimètres de sa poitrine. + + Elle esquissa un léger sourire.

Zach @@ -4271,8 +4479,6 @@ gauche, alors plac et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main - - permettaient.

Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son @@ -4290,6 +4496,8 @@ c de la faire reculer, combiné à l’effet de levier qu’elle appliquait, lui fit lâcher son épée. Perdu encore... ou pas ? Il était toujours très près d’elle, à une distance peu pratique pour manipuler une arme + + longue.

Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant de pause, et au dernier moment se jeta sur elle, saisissant son poignet et @@ -4308,8 +4516,6 @@ class="newline" />Elle avait cru gagner, et avait rel plus vite, et l’esquiver. Elle avait été bête, c’est tout... Alors qu’elle cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu’il lui souriait. Il jouait. Pourquoi s’énerver ainsi ? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit - - quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son @@ -4327,6 +4533,8 @@ tomber en arri laissa volontairement tomber en arrière, profitant de l’élan pour la faire tomber à son tour. Il roulèrent tous les deux, chacun tentant de renverser l’autre sur le dos. Malgré ses efforts, Zach eut rapidement le dessus. Après + + l’avoir immobilisée, il plaça ses mains autour de son cou et fit mine de l’étrangler. Elle sourit légèrement.
— Bien vu. @@ -4344,8 +4552,6 @@ m l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite ainsi.

Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait - - essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.
— Tu peux quand m class="newline" />— Ah... euh oui désolé.

Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent de manière à voir l’intrus arriver sans être découverts. + +

Le cavalier qui s’approchait était vêtu de blanc et portat un large heaume masquant son visage. Un chevalier ! Il était seul, ce qui était plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants @@ -4397,6 +4605,8 @@ leva en direction de l’ se mit à courir vers le campement.

Irdann + +

Il savait qu’il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui donnait aucune indication de la distance à laquelle se trouvait dame Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits, @@ -4432,6 +4642,8 @@ modifi class="newline" />— Irdann ?
Le chevalier planta ses deux épées dans le sol à côté de lui. Puis il souleva son casque, dévoilant son visage. C’était lui, aussi surpris qu’elle de le + + voir.

Irdann @@ -4449,8 +4661,6 @@ surpris qu’il manqua d’en l noirs. Rapidement, elle dépassa l’homme, toujours immobile, et en l’espace d’un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière - - l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être @@ -4470,6 +4680,8 @@ class="newline" />L’ class="newline" />— Mon nom est Irdann, je suis paladin de la déesse Melna. Je suis à la recherche de dame Sélène.
Elle ne put retenir une exclamation de surprise. Il l’aperçut, la dévisagea, + + puis fit un pas dans sa direction, et posa un genou à terre devant elle.
— C’est vous ? Vous êtes saine et sauve ?
— Ils ont eu votre message lorsque vous partiez de chez de Quayle, mais d’après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq jours...
Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant - - ses compagnons non plus...
— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous @@ -4542,6 +4752,8 @@ d mal à l’aise. C’était peut-être le moment de ranger les couteaux tirés.
— Permettez-moi de vous présenter Zach, le meilleur guide de la région, + + sans qui je ne serais pas en vie en ce moment...
La main tendue obligea Zach à ranger son épée pour le saluer. C’était le but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.
Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en - - revanche, semblait extrêmement réticent.

Irdann @@ -4579,6 +4789,8 @@ S class="newline" />— Je prends un peu d’avance, vous me rejoindrez...
Irdann ne put s’empêcher de regarder l’elfe s’éloigner rapidement, avec légèreté et aisance. Les elfes sylvains étaient en forêt comme des poissons + + dans l’eau...

Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité @@ -4596,8 +4808,6 @@ trajet tranquille en rase campagne moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle toujours ainsi ? - -

Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart. Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à @@ -4615,6 +4825,8 @@ auxquelles elle avait r l’escrime auprès du même maître et avaient déjà vécu des tas de choses ensemble... Quelle chance avait-elle !

Ils s’arrêtèrent au pied d’un grand arbre, que Silwë proposa d’escalader + + pour vérifier leur chemin. Zach, qui n’avait pas dit un mot depuis que le chevalier les avait quittés, haussa les épaules. Pourtant, c’était lui qui connaissait bien le coin, normalement... Alors qu’il s’asseyait au @@ -4633,8 +4845,6 @@ class="newline" />— Bah, tu savais bien qu’elle class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.
— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai grandi dans un petit village non loin de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle - - sujet...
Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite pichenette sur le front.
Elle se tut, et se contenta de monter encore d’un cran, Vexé, il s’élança lestement vers elle, et se rétablit sur la même branche. Sa réaction était presque drôle, en fait...
— Qu’est-ce que ça veut dire, hein ? + +

Zach

L’archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était @@ -4670,8 +4882,6 @@ regarder d’un œil moqueur  ?

Il soupira et tenta de réfléchir.
— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour - - ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.
Elle s’accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à @@ -4690,6 +4900,8 @@ class="newline" />— Facile sauvageon barbu et fauché.
Elle gagna à nouveau une branche un peu plus élevée. Il ne l’aurait pas avoué, mais pouvoir vider son sac le soulageait un peu. Il continua son + + ascension à son tour.
— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance ?
Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.
 ? Il plia les genoux, et sauta dans sa direction, cherchant à l’attraper à la taille. Elle fit un pas en arrière, se laissant tomber verticalement, et saisit avec ses deux mains la branche sur laquelle + + elle se trouvait une seconde plus tôt. Ses bras à lui n’attrapèrent que du vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois. @@ -4741,8 +4955,6 @@ bonne partie de la for légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la tombée de la nuit.

Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient - - partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un @@ -4813,8 +5025,6 @@ d’une part je souhaitais et d’autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite, dans une forêt, c’est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais vous repérer, et si l’intervention d’hommes armés était nécessaire, je - - pouvais toujours revenir chercher de l’aide.
Elle hocha la tête.
— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?
Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus + + tout ce poids à porter.
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds ?
— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais @@ -4887,8 +5099,6 @@ ambidextre, il m’a enseign J’admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux armes. Cela fait aussi partie du jeu.
Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain. - -

— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement, @@ -4908,6 +5118,8 @@ class="newline" />— S class="newline" />Il avait crié ça entre deux coups d’épée. Elle recula vers la jument. Pourrait-elle tenir en selle et s’enfuir ? Et l’abandonner ? Elle repéra au sol un coutelas, abandonné par un des brigands qui gisait au sol. Saurait-elle + + s’en servir de toutes façons ?

Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann, occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour @@ -4923,15 +5135,13 @@ avait-elle r tandis que l’homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou simplement peu pressé ? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit - - ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant, planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de douleur. -

Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était -toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchait d’elle, l’arme +

Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus à son geste. Irdann était +toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchaient d’elle, l’arme en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas –couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou @@ -4944,6 +5154,8 @@ d bataille. Le paladin, entouré de plusieurs hommes, peinait à se défendre malgré son adresse aux épées. Les bandits semblaient plus occupés avec lui et ne semblaient pas surveiller Sélène, attendant visiblement d’avoir éliminé + + leur menace principale.

Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié. Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit @@ -4959,8 +5171,6 @@ ses forces son agresseur. ayant assisté à la scène, d’autres brigands s’approchaient déjà d’elle... Ce n’était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se - - retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le @@ -4980,6 +5190,8 @@ pourrait la prot l’impression de voir la jeune femme poignarder violemment son adversaire d’un couteau. Ne s’était-elle pas évanouie quelques instants plus tôt ? Le stress du combat, avec l’obscurité qui tombait, devait lui jouer des tours. Et + + l’épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois @@ -4995,8 +5207,6 @@ poussant un cri de rage, et atterrit reconnut immédiatement malgré l’obscurité.
— Silwë !
La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs - - cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu’un des brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.
— Besoin d’un coup de main ?
— Zach et Alda sont l class="newline" />D’un même geste, ils achevèrent leurs derniers adversaires. Il laissa passer un instant pour reprendre son souffle, puis observa enfin le champ de bataille. + +

À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air @@ -5031,8 +5243,6 @@ quelques difficult entaille au niveau du genou. Il l’aperçut alors, debout sur un des brigands, toujours vivant –du moins pour le moment–, allongé à plat ventre. La botte gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc - - pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus– @@ -5052,7 +5262,9 @@ Zach ou de Silw fait l’affaire.

Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise -pour une idiote sans défenses ?
 ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ?
C’était la voix de son prisonnier.
— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous @@ -5068,8 +5280,6 @@ class="newline" />— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un dame riche qui passerait par ici.
N’osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et Sélène. Nous avons vu le paladin à l’aller, et nous l’avons attendu à son - - retour sur le sentier.
— Qui vous a dit ça ? interrogea Irdann.
— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je @@ -5088,6 +5298,8 @@ Silw laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit sans demander son reste.

Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin. + +

Irdann

— Oh, tu es blessé ?
Il faillit r trébucher. Il retint une grimace.
— On dirait.
— Assieds-toi, je vais regarder ça.
Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme, +class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes, s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë, qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à @@ -5132,9 +5344,9 @@ class="ecti-1095">

Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du combat, ou une combinaison des deux ? Ils avaient regardé l’homme partir avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après ?–, elle s’était -retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons, -autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention. -
— Tu vas bien ? Tu as été blessé ?
— Je n’ai rien, ça va.
Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.
C’ son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des -traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était +traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l’aider, alors qu’il était blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa @@ -5175,8 +5387,6 @@ class="newline" />Zach haussa les class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre - - battue...
— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région, @@ -5193,11 +5403,12 @@ class="newline" />— Vous préfériez une taverne à une petite chaumière.
— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers. Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.
Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle -encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à -un moment où à un autre, ils se séparent...
Cela voulait dire voir Zach un tout petit peu plus longtemps. Elle hocha la +tête en souriant.
— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines ?
Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un + + peu ?
— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec ma tête d’elfe.
Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une impression ? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus succintement. - -

Silwë -

Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le -genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être -pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait -courage. +

Ils étaient vivants, tous les cinq, et quasiment sans blessure. C’était déjà +beaucoup... Et ils allaient peut-être pouvoir passer la nuit au chaud. Tout +n’allait pas si mal... Elle tourna la tête vers ses compagnons. Irdann +discutait avec Sélène et Aldariel, qui marchaient à côté de la jument. Ils +avaient l’air de s’entendre plutôt bien, finalement. Zach marchait devant, +d’un pas décidé, en surveillant les alentours. Pourquoi avait-elle un mauvais +pressentiment ? Était-ce la nuit, la fatigue, les émotions ? Elle s’approcha +du guide, en frissonnant.
— Zach ?
Il tourna la tête vers elle. Il semblait d’assez bonne humeur.
— Tu en penses quoi, de ces brigands ? Tu disais que ce n’était pas normal +d’en voir autant et si près...
Son visage se ferma. Il se rapprocha d’elle, et lui parla à voix basse.
— Il n’est pas très surprenant de croiser des brigands dans cette forêt. +Surtout en ces temps difficiles, et lorsqu’un grand évènement est organisé, +faisant venir beaucoup de monde de loin, notamment des personnalités +riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui +attendaient précisément Sélène et Irdann...
— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des + + +personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de +nom.
— Oui...
Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne +humeur. Elle soupira.
— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une +princesse à protéger, je te rappelle.
Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.
— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame +jusqu’à la sortie de la forêt.
À son tour, elle lui lança un coup de coude.
— J’ai bien vu ta façon de la protéger.
— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.
Il semblait fixer attentivement l’horizon, mais il souriait. Puis soudainement, +il désigna du doigt une lueur au loin.
— Là-bas ! Tu vois cette chaumière, avec la lumière à la fenêtre ? Nous +arrivons !
La petite équipe poussa un soupir de soulagement. +

La maison, de taille moyenne, était la première en arrivant du sentier. +Elle était faite de pierre, recouverte en partie de lierre et visiblement vieille. +Une extension, partiellement en bois, semblait faire office de grange et +d’écurie. Plus loin, on voyait apparaître quelques autres habitations, et +encore derrière, la silhouette d’un village se découpait dans l’ombre. Zach +leur fit signe d’attendre.
— Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.
Il s’élança vers la porte. +

Sélène +

La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se +découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.
— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon +nom est [ToDo!], je suis le père de Zach.
L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.
— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval. +
Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider. +Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons, +puis se décida à entrer la première. +

Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris +mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.
— Noble dame ! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que +notre pauvre logis vous conviendra.
La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif +entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et +un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère +et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce +odeur de légumes et de viande émanait de la pièce voisine. La pièce +était éclairée par plusieurs lampes à huile et chandelles, et semblait +assez accueillante malgré sa simplicité. Elle inclina la tête et lui +sourit.
— Merci, je pense que ce sera parfait.
Derrière, Zach et Irdann, l’un aidant toujours l’autre à marcher, passèrent +la porte à leur tour.
— J’espère que vous avez fait un bon voyage...
La femme se tourna vers Zach, et lui lança un regard qui aurait foudroyé +une armée.
— ... Et qu’il vous a traitée avec tous les honneurs dus à votre rang. +N’est-ce pas Zach ?
Il se figea. Sélène retint un sourire amusé, commençant une liste mentale +de tout ce qu’elle pourrait lui reprocher sur ce point. Il semblait +d’ailleurs éviter son regard. Elle se tourna à nouveau vers sa mère et +sourit.
— Il a été très correct, rassurez-vous.
Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le +paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.
— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé +face des bandits. Votre blessure est-elle grave ?
— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci. +

Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce +que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas + + +une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme +qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça, +par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où +Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur +tour. +

La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie, +alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques +instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule. +Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des +humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes +sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à +l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette +fine. Tout cela, et on pouvait y ajouter d’autres critères, comme la +tradition des cheveux longs, devait vraisemblablement entretenir, bien +malgré eux, l’image des elfes comme idéal de beauté. À moins que +ce canon de beauté n’ait été influencé, il y a bien longtemps, par +eux ? +

Alors qu’elle laissait ses pensées divaguer, les deux jeunes femmes +s’étaient assises, et le père de Zach venait d’entrer à son tour. Il jeta un œil +inquiet à la pile d’armes posées dans un coin de la pièce, les compta, tenta +d’attribuer mentalement une à chacun et fronça les sourcils en dévisageant +Silwë et Aldariel. Zach présenta rapidement les différents membres du +groupe, et ils commencèrent à manger. +

Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et +du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple +soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de +viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de +constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit +un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux +elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village. +Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser +quelques questions.
— Excusez notre curiosité, mais c’est la première fois que nous voyons des +elfes. Que faites-vous dans la région ?
— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand +tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde +du corps.
[ToDo!] se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de +l’autre côté. Il considéra un instant son air frêle, puis son regard se +porta sur Aldariel, en face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une +remarque, mais son fils lui envoya un coup de coude pour le faire +taire.
— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.
Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un +respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel +respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes ! Ici, elle était coincée +avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle +rentre à la capitale, les rues sentaient peut-être mauvais parfois, mais au +moins on y respirait la liberté. +

Zach +

Le repas avançant, Zach fut soulagé de constater que l’ambiance +s’était petit à petit détendue. Si ses parents étaient toujours très +respectueux envers Sélène et Irdann, ils semblaient avoir compris que ces +nobles gens appréciaient la simplicité de leur accueil. Quand aux deux +elfes, une fois passé l’effet de curiosité mêlée de crainte, elles furent +traitées chaleureusement, presque comme si elles faisaient partie +de la famille. Sa mère insista même pour qu’Aldariel se resserve +plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu’elle était un peu +frêle. +

Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu’ils se levèrent +de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne +ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en +sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret. +Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr +de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé +un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un +fou rire. + + +

Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il +y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient +rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils +avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux, +la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs +enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien +suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le +laissent faire. +

Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute +son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est +qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les +cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait +été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses +bottes et son armure lorsque Silwë entra, une bougie à la main. +Constatant qu’il n’y avait que lui, elle l’éteignit et la posa sur une table à +côté.
— Ce n’est pas comme si nous en avions besoin... Mais je n’ai pas osé +refuser.
Elle déposa son sac et celui d’Aldariel, puis vint s’asseoir à son tour sur un +lit avec un sourire de satisfaction.
— On a beau dire, les matelas humains sont quand même confortables.
— Et c’est une elfe qui dit ça ?
Elle marqua une pause dans le démêlage de ses longs cheveux pour lui +lancer un regard qu’elle aurait probablement voulu meurtrier. Constatant +son échec, elle esquissa un sourire.
— Tiens, j’y pense, d’où te vient une telle réputation ?
— Euh, de quoi tu parles ?
C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre +–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester ? Elle +s’installa à son tour et sourit.
— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien. +

Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à +répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient +sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de +ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans + + +l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il +abdiqua. +

Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.
— Quand j’étais adolescent, j’avais pas mal de succès auprès des filles, c’est +vrai. Le petit air d’elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc, +j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...
Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.
— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à +traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde +du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un +mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans +un lit, et qu’on ne voit jamais ? Certes, je rencontre beaucoup de +gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final... +
Il soupira.
— ... Au final, je vis seul. Ma fiancée, c’est la forêt. Ma seule vraie +compagne, fidèle et sincère, c’est mon épée. +

Il se tut. Pourquoi n’avait-il pas tout à fait l’impression de dire la +vérité ? Le visage de Sélène était encore présent dans son esprit. Mais +n’était-elle pas, finalement, qu’une de ces « occasions » comme les autres ? +Qu’il avait plus ou moins –à tort ou à raison– laissée passer. L’oublierait-il +aussi facilement que les autres ? Comme si elle semblait saisir le fil de ses +pensées, Aldariel s’approcha et posa doucement une main sur son +épaule.
— Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n’imaginais pas à quel +point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des +relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez +nous...
Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la +situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et +surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de +la main, les hommes comme le reste. +

— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann ?
Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui + + +rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la +plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule, +que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout. +
— Oh, plutôt bien. Rien de crucial n’a été touché, je suis sûre qu’il se +remettra très vite.
— C’est plutôt une bonne nouvelle.
Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse, +mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de +bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré +sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il +pensait.
— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui ? Qu’à +ma place, tu n’aurais pas hésité ?
Elle se retourna brusquement vers lui, les sourcils froncés.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Il regarda le plafond, sans pouvoir retenir un sourire.
— À ton avis ? +

Aldariel semblait à la fois choquée et en colère. Silwë s’était glissée sous +les draps et s’était tue. Soit elle était épuisée et voulait dormir, soit elle lui +laissait volontairement le champ libre. Après tout, c’était bien son tour de +se venger...
— Non, je n’aurais pas hésité à ta place. Et ?
Il avait connu des attaques verbales plus difficiles à contrer. Son sourire +s’élargit.
— Et le « noble paladin aux airs de prince charmant », ça compte comme +une hésitation ?
Elle marqua une pause, surprise.
— Mais... qu’est-ce que tu imagines ? C’est un humain. Un elfe, je ne dirais +pas, mais c’est un humain !
Belle tentative d’esquive, mais ratée. À moins que... sa surprise semblait +sincère. C’était encore plus drôle en fait.
— C’est ça. Et moi, je sors d’où, alors, si elfes et humains ne sont pas +compatibles ?
Elle répliqua aussitôt, pointant son doigt dans sa direction.
— Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le +reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non ?
Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus, +il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait +une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant +effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.
— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre +de détail.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu en sais ?
Son attaque avait donc touché. Il ne fallait pas baisser sa garde maintenant. +
— Elle a passé cinq ans chez les humains. Je pense qu’elle a dû avoir un +certain succès auprès d’eux. Tu lui poseras la question...
Cherchant désespérément un peu de soutien, Aldariel se tourna vers son +amie, qui s’était visiblement endormie. Tout du moins, elle faisait +suffisamment bien semblant. Il l’en remercia intérieurement.
— ...sinon tu te rappelleras sa réaction quand, un soir, tu avais évoqué la +question.
Quelle chance il avait eu de retenir ce détail pourtant insignifiant, malgré la +situation qui ne s’y prêtait guère... Ils étaient plus à un cheveu de +s’entretuer que de jouer à ce jeu-là. +

Elle lui lança un dernier regard assassin, qu’il fit mine de ne pas +remarquer. Mais il avait du mal à se retenir de sourire. Elle soupira, +remonta ses draps sur ses épaules et ferma les yeux. +

Irdann +

Il referma la porte de la petite chambre et posa le bougeoir sur la table +de chevet.
— Hé bien ! Je m’attendais à ce que nos noms soient respectés, mais à ce +point...
Sélène sourit.
— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur +a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.
— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie +était un choc...
Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.
— Ah. Il y a un petit problème technique. Il n’y a qu’un lit.
— Effectivement. En même temps, c’est assez logique, c’est leur +chambre...
— Tu crois qu’ils pensent qu’on...
Il haussa les épaules. Il n’avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et +surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà +tellement de mal pour eux.
— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu +sais !
— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait +presque une semaine que je fais ça ! Et en plus, toi, tu es blessé.
— Ah mais ça n’a rien à voir ! +

Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien +répondu qu’elle était une dame et c’était une histoire de code d’honneur, +mais il doutait de l’efficacité de cet argument. Il n’avait pas affaire à une +noble dame comme les autres, ça, il avait bien saisi. Ce fut finalement elle +qui prit une décision.
— Bon écoute, on ne va quand même pas dormir tous les deux par +terre, ce serait vraiment stupide. Il y a de la place pour deux sur ce +matelas. Chacun son côté, chacun sa couverture, ça te va comme +compromis ?
— À condition que tu prennes quand même les draps prévus pour ça. Et +moi je prends une couverture de voyage.
Elle sourit en lui donnant un petit coup de coude.
— Vendu ! +

Ils s’installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la +pièce dans l’obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce +compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le +sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée... +À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était +saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si +heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son +« guide », d’ailleurs ? Leurs regards étaient tout de même assez +éloquents... + + +

Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance +des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il +s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de +cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on +ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on +essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un +peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour +aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui +décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres +trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle +qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel, +mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des +choses... +

Il avait tendance à considérer que ce genre d’histoire ne le regardait pas. +Après tout, entre un mari à la capitale, et ses parents ici, elle avait bien +droit à un peu de liberté entre deux... Il se mit à penser qu’il avait de la +chance d’être un paladin. Personne n’allait le forcer à se marier contre son +gré, et il était vraiment libre... Certes, il devait rendre des services au nom +de la déesse, mais à côté d’avoir toujours quelqu’un sur le dos, ce n’était +pas grand chose. +

— Irdann ?
Elle ne dormait donc pas non plus ?
— Oui ?
— Je suppose qu’on repart demain... ça va aller ta blessure ?
— Je pense, oui. Aldariel s’en est très bien occupé. Mais c’est surtout une +chance que personne d’autre n’ait été blessé.
Il eu l’impression qu’elle frissonnait.
— Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si les autres n’étaient pas +venus à notre secours...
C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle +faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des +cas...
— Tu veux vraiment savoir ?
— Ça va, je me passerai des détails, merci.
— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils + + +restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.
— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu +bénéficier d’un effet de surprise...
Pour quelqu’un qui n’avait connu que le confort des châteaux, elle avait une +sacré tête froide. Elle n’avait pas l’air trop choquée par tout ce qui s’était +passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt +encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...
— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait +compris dans ce combat.
— Ah ?
— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement +tranquille... Puis il y en a un qui s’est approché de toi, je t’ai vue +t’effondrer... enfin je crois. Et puis l’instant d’après, c’est lui qui était +effondré à tes pieds. Je n’ai pas l’impression que Zach soit arrivé si +tôt...
Elle marqua une seconde de silence, mais lorsqu’elle répondit, il aurait juré +qu’elle souriait. +

Sélène +

Lorsqu’elle termina son récit, il laissa passer un moment de silence. Que +pouvait-il bien en penser ?
— Je ne m’attendais pas à ça, effectivement.
Il semblait simplement surpris. Mais était-ce en bien ou en mal ? +
— Je n’avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien +attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois +hommes !
— Mais tu as bien fait de te défendre !
Soulagée, elle sourit –elle était soulagée également de noter qu’il ne voyait +pas ses expressions dans le noir, lui– et répondit nettement plus +spontanément.
— Ça n’a pas l’air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes +pour défendre sa peau...
— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour +être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois + + +capable comme les autres.
Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.
— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé +ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore... +J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais +aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien +présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas, +je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait +pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains. +Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en +m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire. +
— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas +une simple épée bien entraînée et obéissante...
— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères... +

Elle avait l’impression qu’il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu’est-ce +que cela pouvait cacher ? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un +« critère » particulier en tête ? Elle brûlait d’envie de le questionner, mais +peut-être n’était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en +souriant.
— Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d’une vraie +« dame ».
— Je vois ça. D’ailleurs, j’y pense, qui t’a appris cette technique ? Il faut +un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait !
Elle sourit.
— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Je ne sais pas trop +comment. Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie, d’ailleurs. +Peut-être qu’à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et +même toi, ils déteignent sur moi...
— Leur folie ou leur courage ?
— Les deux ?
— Je dirais effectivement qu’il est à la fois courageux et fou de chercher à +traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.
Il était bien placé pour parler de prudence...
— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt, + + +seul et sans escorte ? +

Il ne répondit pas.
— Je t’ai vexé ?
— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous. +Et ça a failli nous coûter cher.
— Nous seront en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes +parents, n’est-ce pas ? +

Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton +neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir +une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi +bon se poser ce genre de question ? Elle avait su tout cela dès le +début. +

— Oui.
Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi ?
— Bonne nuit.
— Bonne nuit. +

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