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Sél

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les -araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie -de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient -pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, - - -vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été -considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la -salle du trésor. +araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie de s’en +débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été +rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles +armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré +comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du +trésor.

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses @@ -65,6 +82,8 @@ les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes m –qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le + + précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y avait de tout, dans le désordre.

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de @@ -76,8 +95,6 @@ livres quelques secondes plus t l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque chose ? - -

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies @@ -113,8 +130,6 @@ class="newline" />Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une fl un petit air de défi.
— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi !
Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière - - spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde. @@ -138,6 +153,8 @@ humains, enfin c’ vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande + + sagesse.

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui @@ -173,6 +190,8 @@ dirigeant de ces escouades sp l’arc...
Sa mère continua, alors qu’elle rougissait.
— Malgré cela, tu sais te battre et as l’air d’y prendre de l’intérêt. C’est + + pourquoi j’en ai parlé autour de moi...
Elle souriait. Depuis le temps qu’elle était dans le groupe d’archers d’élite de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme @@ -185,8 +204,6 @@ class="ecti-1095">Uhr

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux - - coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un @@ -209,6 +226,8 @@ dents longues des plaines –pire, une m probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de questions. Manger, boire, s’entraîner au combat, chasser, combattre, son quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion. + + Alors pourquoi ? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des défauts ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question @@ -221,8 +240,6 @@ pr questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer - - quelqu’un sur place en une parole.

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un @@ -257,8 +274,6 @@ class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé, n’est-ce pas ?

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains - - sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.

À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa + + démonstration spectaculaire.
— Ce n’est pas possible...
— Notre propre fille, une sorcière...
— Ils avouent tout de même...
Elle secoua la tête d’un air rageur.
— Avec les tortures qu’on leur inflige ? N’importe qui avouerait n’importe - - quoi. Ne soyez pas idiots.
Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais @@ -355,6 +370,8 @@ de votre peuple.
La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration. Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme. + + Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...
— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part vous ne le saura.
— Aaa class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix - - –presque– apaisée.
— Montre ton bras ?
Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se @@ -392,6 +407,8 @@ class="ecti-1095">Farl

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment, + + silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne @@ -404,8 +421,6 @@ dou échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre. À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand, - - mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept ans. @@ -428,6 +443,8 @@ L’escalade de ce b ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au cinquième étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne lui en restait + + qu’un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point d’attache parfait. Il sortit de son petit sac à dos en cuir une corde et un grappin, qu’il lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la @@ -440,8 +457,6 @@ gousset.
— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.
Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.
— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à - - fait honorable.
Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se @@ -476,8 +491,6 @@ se rem deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux, aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des arbres, comme leur père. Et pour cause ! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas - - d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait @@ -494,29 +507,27 @@ class="newline" />— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit o nous et la damoiselle que nous escortons.
Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours masquaient l’intérieur.
— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de -quoi souper et dormir.
— Vous pouvez vous rendre à l’auberge du Renard Vif, au milieu du village, +où vous trouverez de quoi souper et dormir.
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ?

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En chemin, l’un des soldats l’interrogea :
— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ? + +

Il réfléchit quelques instants.
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de -jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette -forêt.
— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village, +dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.
— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça ?
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ?

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. -Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide - - -possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le -mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps -libre.
 ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il +était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt, +puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.
— D’accord.

Aldariel @@ -549,8 +560,6 @@ alors que risquait-il ?
— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer ?
Il soupira.
— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps... - - J’allais même disputer des tournois chez les humains.
Chez les humains... On disait tant de choses des humains ! Elle ne savait même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son @@ -576,6 +585,8 @@ de plus qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus proche.

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha + + avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit, appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets @@ -585,8 +596,6 @@ concurrentes. la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien - - –peut-être un peu trop ?– en valeur sa féminité. Elle portait un large collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets, aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin @@ -611,6 +620,8 @@ avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le pr entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements redoublèrent.

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. + +

Zach

— Là-bas, je vois l’orée !

— Hé, gamin !
Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un @@ -639,8 +648,8 @@ class="newline" />— Nous allons parfois livrer du bois par l que ce chemin est inondé...
Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.
— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot ?
— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un -peu trop âgé pour ça.
— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela +fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.
Il lui fit un clin d’œil.
— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron, à mon avis.
— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le villa arrive ?
— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.
— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as + + bien mérité !

[
+src=

Uhr - -

Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été @@ -683,18 +692,18 @@ permettait d’ pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour eux. -

Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus +

Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus + + important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il -entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le +entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le chef de ce grand clan barbare.

Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi, dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet, et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à présent ? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se - - retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de bâton en plus. @@ -716,10 +725,12 @@ ainsi qu’un assortiment de poisons et antidotes. Il v fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet, qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était prêt. -

Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils ? -Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son -maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le -problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une +

Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien +étaient-ils ? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait +expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si +le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une + + armée...

Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou @@ -729,8 +740,6 @@ besoin.

Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement, visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan. Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui - - faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait nettement la tâche.

Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un @@ -750,12 +759,14 @@ sa libert Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol, ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc limités. -

Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le +

Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde regardait dans une autre direction. Encore une dizaine de mètres et tout serait bon... Il marchait avec toutes les précautions possibles. Pourtant, ce + + ne fut pas suffisant. Était-ce son pas ? Ses chaînes ? Son souffle ? Un hasard ? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier @@ -765,8 +776,6 @@ sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’emp l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou - - ennemi ?

La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il @@ -777,7 +786,7 @@ class="newline" />— Qui es-tu  class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu ?
Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.
— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je +class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je suppose que tu aimerais te venger, non ? Peut-être pouvons-nous nous entraider ?
Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait @@ -827,6 +836,8 @@ temps, je vais aller lib côté.
— Mais on va être découverts, ils vont donner l’alerte, non ?
— Oui, évidemment. Mais la panique qui va se créer va nous aider à nous + + enfuir.
— Si on a le temps, tu crois qu’on peut libérer les autres ?
— Éventuellement, on verra. Ça te va ? @@ -836,8 +847,6 @@ poing, mais pour tuer rapidement, class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois. Cela te conviendrait ?
— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort. - - Les gardes changent de temps en temps.
Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra, et ils se sourirent. @@ -863,6 +872,8 @@ sursaut, et se mit l’oreille.
— Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...
Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin + + de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance ? Les deux ? Toujours est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant. Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait @@ -872,8 +883,6 @@ doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du roi.

Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres. Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme - - était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre, @@ -899,6 +908,8 @@ entendit un cri

— Aleeeerte !
Les quatre chefs bondirent sur leurs pieds, et ramassant des armes, sortirent rapidement en lui adressant un signe de reconnaissance. + +

Dehors, il n’eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout avec l’agitation qui démarrait. Les quatre combattants se retrouvèrent nez à nez avec d’autres guerriers, et se défendirent farouchement. Dans la cohue, il @@ -907,8 +918,6 @@ soulagement. le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en ébullition.

Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés - - par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir @@ -935,6 +944,8 @@ imm retenaient plusieurs personnes à la fois, et étaient peu difficiles à crocheter, ainsi la tâche allait très vite. Les premiers hommes et femmes libérés saisirent leur chaînes, les enroulèrent dans leurs poings et se ruèrent vers + + l’entrée de l’enclos en hurlant de rage. Il ne voyait pas ce qui s’y passait, mais à l’agitation qu’il devinait, il semblait que les deux gardes avaient été rejoints par des renforts. @@ -943,8 +954,6 @@ de l’enclos et l’aper de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare - - engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette @@ -971,6 +980,8 @@ class="newline" />L’ class="newline" />— Comme tu peux le constater, ça n’a pas été inutile !
— Bah, on y dit aussi qu’il faut être grand et large pour être un bon combattant. Et toi, tu es petit, tout frêle, et tu en as tué beaucoup, très + + efficacement ce soir.
— Merci.

Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur @@ -1005,6 +1016,8 @@ class="ecti-1095">Farl signe en souriant, et se hâta de le rejoindre. Il portait une tunique grise sans manches et un pantalon de toile sombre tenu par une ceinture de cuir. Il avait l’air d’un habitant tout à fait normal de la capitale, hors sa + + musculature imposante.

Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait énormément changé. Il avait profité de l’argent de la vente des bracelets @@ -1013,8 +1026,6 @@ avait trouv depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et - - compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras @@ -1041,6 +1052,8 @@ class="newline" />Il lui sourit.
— C’est vrai que tu pourrais bien t’en sortir.
— J’espère en tous cas ! Ça promet d’être intéressant. Et toi, comment va ton boulot ? + +

Il prit un moment pour boire une gorgée de bière. Il ne savait pas comment aborder le sujet.
— Hé bien... moi aussi, j’hésite à changer de métier.
— Vraiment ? class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais...
— Le fait de tuer te gène ?
— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien - - payée.
Son ami réfléchit un moment avant de répondre.
— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou @@ -1073,9 +1084,11 @@ class="newline" />Il lui rendit son sourire, et termina la sienne oui...

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+ +

Irdann

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et @@ -1085,8 +1098,6 @@ crainte et respect de la d soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs - - d’enfant.

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons, @@ -1113,6 +1124,8 @@ souriait.
— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son élève ! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.
L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut + + Irdann.
— Ah, excusez-moi un instant.
Le garde qui l’accompagnait le présenta.
Irdann secoua la tête.
— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont - - soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient ?
Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie @@ -1149,6 +1160,8 @@ semblable engagé.

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître + + Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement @@ -1157,8 +1170,6 @@ les diff beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa vie... - -

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce, @@ -1194,8 +1205,6 @@ class="newline" />Il hocha la t class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné !
— Et si différent ! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les - - rues...
— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde ?
— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...
Irdann le regarda quelques instants, et lui sourit.
— De toutes façons, ça ne change pas grand chose. Nous sommes désormais soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit + + son sourire.

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir. @@ -1232,8 +1243,6 @@ class="ecti-1095"> centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! D’accord, c’était idiot, - - elle s’attendait à en voir ; mais ici, il n’était même pas possible de les éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les @@ -1244,7 +1253,7 @@ class="newline" />— H Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.

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L’avantage d’ questions sur ce qu’elle faisait dans le temple. L’inconvénient, c’est qu’on ne la laissait pas sortir et qu’elle était surveillée tout le temps... Ah quelle malchance elle avait eu de se retrouver prêtresse dans ce + + trou perdu ! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il avait pu quitter son temple, et partir à l’aventure. Cela l’avait fait rêver. Mais comment sortir du temple ? Ils étaient si bornés, si @@ -1302,8 +1313,6 @@ vain. chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien - - cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines d’hommes armées d’épées ? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le @@ -1328,6 +1337,8 @@ droit, et intelligent. Il pouvait r combien de temps ? Il pouvait mettre des jours, voire des semaines à arriver... Cette attente allait être longue et insupportable, mais peut-être y avait-il la liberté à la clé. Peut-être. + +

Uhr

Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et @@ -1338,8 +1349,6 @@ r de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et ils n’hésitaient pas à jouer avec. - -

Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le @@ -1365,6 +1374,8 @@ souhaite qu’on vienne l’enlever... de fa class="newline" />Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.
— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout nous raconter en détail ? + +

Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à sourire.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? demanda Irdann.
 ?
Elle le regarda un instant, légèrement incrédule. Il avait le physique de + + l’emploi, c’était évident, mais de là à réussir une telle tâche... Elle jeta un œil à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr éclata de rire.
Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant la voix.
— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en - - sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de @@ -1438,6 +1449,8 @@ supporter la pauvre b class="newline" />— La grande prêtresse ne peut-elle pas l’immuniser elle-même ? Après tout, elle souhaite qu’on l’enlève, si j’ai bien compris...
— Oui, à condition qu’elle puisse coopérer activement, et de plus c’est un + + risque qu’on la voit l’aider...
Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la parole.
— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effec règlerait le souci de l’immunité.
— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le - - temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être blessé !
— Comment peut-on se faire passer pour vous deux ? Je ne te ressemble @@ -1475,6 +1486,8 @@ class="newline" />Elle secoua la t class="newline" />— Dans une forêt, oui, je peux circuler à peu près partout sans être vue. Mais dans un temple, c’est plus compliqué...
— Ne vous inquiétez pas, je connais quelqu’un qui peut nous aider pour + + ça.
— Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.
Irdann, qui semblait un peu g class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du temple de Melna...
— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de - - -s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.
— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non ?
— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des @@ -1512,6 +1523,8 @@ moins efficaces sans s’en rendre compte&nb class="newline" />Uhr sourit.
— Je connais quelqu’un qui peut nous fournir ça, ne vous inquiétez pas. + +

Silwë soupira.
— Qui sont ces gens dont tu nous parles qui peuvent nous aider ? Ou...
— J’apporte une nouvelle assiette demanda la gérante.
— Oui, merci !
— Tant qu’à y être, amenez-en quatre, ajouta Uhr. + +

Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c’était la première fois qu’il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en soldats –d’une tunique brune et cotte de maille–, mais ils étaient aussi @@ -1556,8 +1571,6 @@ qui lui donnait cet effet-l en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y - - faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur plan.

Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.
— Je vous expliquerai tout cela en d raconter. Faites-moi confiance pour le moment.
Ils terminèrent leurs plats et se levèrent.
— Il se fait tard, il nous faut rentrer. On se retrouve demain pour mettre au + + point les détails ?
— Quand partirons-nous ?
— Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d’ici @@ -1593,8 +1608,6 @@ class="newline" />Ils opin Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire ? Ils n’y gagneraient aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était - - pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire aider ? @@ -1619,6 +1632,8 @@ de Talecombe, m

Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient + + préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils @@ -1629,8 +1644,6 @@ Oh, il n’ bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards. Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et - - depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait connu avant, chez les elfes sylvains ?

— Irdann ? On arrive au temple !

Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui ! Le fameux + + apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir...
— Irdann ? murmura-t-elle.
Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.

La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche, seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à l’intérieur. + +

Elle sursauta, et retint un cri.
— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl ! murmura-t-il.
Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des @@ -1699,8 +1716,6 @@ class="newline" />— Non, rassurez-vous.
Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.
— Alors, qui êtes-vous ? Et qui vous accompagne ? Que prévoyez-vous de - - faire ?

Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin, @@ -1726,6 +1741,8 @@ class="newline" />Elle se mit class="newline" />— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je + + le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à couvrir notre fuite.
Farl hocha la tête.
— M puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense...
Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille - - moyenne, visiblement lourd.
— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.

Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé, + + vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une @@ -1771,8 +1788,6 @@ s’interposer. Il les envoya bouler d’un coup de poing ou de pommeau d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand jeu...

À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit - - mine de s’évanouir dans ses bras.

Uhr @@ -1797,6 +1812,8 @@ en bas des escaliers.

C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer ? Il ne réfléchit pas plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant + + mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui risquaient de se mettre sur son chemin.

Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité @@ -1807,8 +1824,6 @@ class="newline" />Il sursauta presque. La jeune pr souriant.

Farl - -

Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange » @@ -1832,6 +1847,8 @@ chemin.

Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière + + le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir de soulagement.
C’ class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.

Irdann - -

La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la @@ -1915,8 +1930,6 @@ cheval au galop –m très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave, heureusement. - -

Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et @@ -1940,6 +1953,8 @@ r cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les + + prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec plus ou moins de succès.
— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper ! cria l’un d’eux au @@ -1951,8 +1966,6 @@ class="ecti-1095">Irdann il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et - - l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon ? Il valait mieux continuer à s’éloigner.

Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps. @@ -1976,6 +1989,8 @@ mied Combattre le prêtre ? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le choix ? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde + + figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son @@ -1988,8 +2003,6 @@ sylvains ? Les cinq pr faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit. Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que - - ça...

— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal ! ordonna l’un d’eux, qui semblait visiblement en charge.
Un pr leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons, celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.
— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse + + est seule, je pense qu’il y a un piège...
Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura @@ -2024,8 +2039,6 @@ de l’homme, l’ suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture, comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui - - suivirent.

— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer ? questionna un des prêtres à côté de Feyne.
— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampeL’autre fouilla ses poches.
— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit + + feu.

Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du pont.
— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit - - l’autre.
— Tu crois qu’on craint quelque chose ?
Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë. @@ -2085,6 +2098,8 @@ pr trempée et peu vêtue ?

Farl + +

Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en @@ -2096,8 +2111,6 @@ rattraperait jamais, m broussailles...

Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il ? Il ne pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite - - et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons, elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla @@ -2132,8 +2145,6 @@ class="newline" />— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire q pouvait faire ça...

Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait « sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où ? Et qui ? En - - tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à savoir si c’était un des siens.

Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait @@ -2146,17 +2157,133 @@ aussi vite et pr poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un bruit dans son dos. -

C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique +courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures +couvraient son épaule et son bras droit. +

Silwë -

Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de -noter avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux -à la lame noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait -bougé.
— C’est moi. +

Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter +avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame +noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé +quelques instants, immobile, à la fixer.
— C’est moi...
Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui + + +restait du pont.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi es-tu trempée et... ?
— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis +restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être +besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes +endormis.
— Merci, au fait.
Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des +bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin +de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un +buisson. +

Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et +s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier +mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce ? Elle se redressa +doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha. +

C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux +alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut +immédiatement. +

Irdann +

— Irdann !
C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie +bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.
— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants !
— Qu’est-ce que tu fais là ? Habillé en prêtre ? Qu’est-ce qui s’est passé +là-bas ? demanda-t-elle.
— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont +pas tarder à revenir.
Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval. +

Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent +Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé +soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua +une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann, +mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs + + +questions. +

Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la +robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était +avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa +tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait +attention...
— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit +Silwë.
— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...
— Et que s’est-il passé ensuite ?
— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce +qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible +d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour +pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont +morts ?
— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa +Farl.
— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière ? +demanda Uhr.
Irdann sourit.
— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la +tête...
Ses compagnons sourirent à leur tour. +

Samantha +

Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce +soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après +quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une +maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à +l’aller. +

Quels étaient leurs noms, déjà ? Il y avait Uhr, le « barbare ». Sans +son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait +impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait +lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre, + + +qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la +jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain +forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre +compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou +d’espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu’avait subi la +jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse, +nota-t-elle. +

— Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes +assez loin de Touryre, non ?
Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture. +Uhr hocha la tête.
— J’espère. Qu’en pensez-vous Samantha ?
— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une +bonne distance. Que comptez-vous faire à présent ?
— Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire, +vous ?
Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question, +mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son +enlèvement.
— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la +capitale est un bon endroit pour être discret, non ?
Uhr sourit.
— Je peux vous confirmer que c’est effectivement le meilleur endroit pour se +faire oublier et commencer une nouvelle vie. +

Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit.
— Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de +nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et +Silwë... +

Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que +variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots ; Irdann +le fils du duc, apprenti paladin ; Silwë, future soldat d’élite elfe, tous les +trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl, +enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel. +

Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait + + +advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle +n’était pas au bout de ses surprises.

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Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et @@ -2207,8 +2332,6 @@ class="newline" />— Un peu... quoi La tenancière haussa les épaules.
— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la - - région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je puis me permettre.

— Vous cherchez quelqu’un ?
Surprise, elle se retourna vivement. Elle n’avait pas entendu l’homme @@ -2243,8 +2368,6 @@ class="newline" />— Je cherche class="newline" />— Vous êtes seule ? Vous avez une monture ?
— Je suis seule et à pied.
Le guide marqua un temps d’arrêt, hésitant. Il semblait la jauger du regard. - - Peut-être ne la croyait-il pas capable de le suivre ?
— Alors ?
— Vous voulez traverser à pied ? Cela va durer six à sept jours.
— March

Zach

Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des - - voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui réservait quelques surprises.

Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux @@ -2300,6 +2421,8 @@ les nobles aimaient faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque chose de louche à cacher ?

À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près, + + avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris @@ -2317,8 +2440,6 @@ avait d semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant - - instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son @@ -2338,6 +2459,8 @@ class="newline" />— Oui peut- class="newline" />Elle ôta ses bottes et ses chaussettes et retint un gémissement. C’était encore pire que ce à quoi elle s’attendait.
— Allez tremper vos pieds dans le ruisseau juste là, pendant que je sors de + + quoi manger.
Le ton s’était adouci. Venait-elle de passer une sorte de test ? Ou avait-il pitié, finalement ? Elle releva les yeux et son regard croisa le sien le temps @@ -2373,6 +2496,8 @@ m vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en + + sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les traces. @@ -2391,8 +2516,6 @@ son b mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie, c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la - - voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser. Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de @@ -2412,6 +2535,8 @@ nuit.
— Vous ne dormez pas ?
— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en + + voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si quelque chose d’anormal se passe.

Elle sortit la couverture, s’enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace @@ -2427,8 +2552,6 @@ d Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une - - damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires ennuis...

Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis @@ -2448,6 +2571,8 @@ crois aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien + + avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne savait pas apprécier quelques bons moments.

Son sang se glaça soudain lorsqu’il entendit un cri. C’était sa voix. Si @@ -2465,8 +2590,6 @@ ils paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé - - à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier ; mais elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de @@ -2486,6 +2609,8 @@ branche sur le c pas.

Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se + + posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique. Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les bras vers elle, elle donna un grand coup dans son dos, de toutes ses @@ -2501,8 +2626,6 @@ class="newline" />— Viens, il ne faut pas tra

Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.

Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits ? - - Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.
— Où va-t-on ?
— Tout va bien. Reprends tes appuis, tranquillement. Attrape la racine, au @@ -2533,12 +2658,10 @@ class="newline" />— C’est presque fini.

Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse. Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.
— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.
Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut +class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à - - lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute lumière.

— Où sommes-nous ?
— J’ai des yeux de chat, il para class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.

Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des - - êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa @@ -2593,6 +2714,8 @@ C’est ma faute, j’aurais d un cas isolé, mais dans le doute...
— Tu emmènes souvent des gens dans cette cachette ?
— Non. Tu es la première. + +

Zach

Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite, @@ -2609,8 +2732,6 @@ retour.
— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère. Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du - - froid.

Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette, @@ -2630,6 +2751,8 @@ class="newline" />— Bon d’accord. Mais tu as int sinon...
— Compris !
Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle + + prévoyait de lui faire subir s’il avait le malheur de laisser traîner une main au mauvais endroit. De plus, son ton presque menaçant lui donnait l’impression qu’elle allait mieux. Et pour être honnête avec lui-même, sans @@ -2647,8 +2770,6 @@ sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des - - bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y pénétrer ? @@ -2668,6 +2789,8 @@ class="newline" />Elle sourit.
— Ah, ça ! J’en ai discuté avec la tenancière de la taverne. Elle a été ravie d’échanger mes jolies chaussures contre une paire de bottines à elle. Même si elle m’a répété plusieurs fois que c’était une mauvaise idée de partir avec + + toi.
Il se mit à rire.
— Ça ne m’étonne pas de ma sœur ça.
— Oui...
Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de question ? - -

Zach

Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son @@ -2740,6 +2861,8 @@ ils ont l’infravision, c’est- corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en + + pleine lumière. Il reste les vampires, qui comme certains magiciens, ont une vision nocturne parfaite grâce à leurs pouvoirs magiques. Ce qui n’a pas l’air d’être ton cas. @@ -2775,6 +2898,8 @@ trop voyager, cela ne lui avait pas laiss Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique ? C’était une question qu’il n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du + + bluff.

Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s’était endormie. Bercé par ce rythme régulier et la chaleur de son corps à côté du sien, il ne @@ -2792,8 +2917,6 @@ sa main droite alors que l’entr gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que cela.

Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture - - et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte, cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la @@ -2813,6 +2936,8 @@ class="newline" />— Oui, class="newline" />Elle chercha tout d’abord à ne pas le regarder, puis constata qu’il ne semblait nullement gêné d’être torse nu devant elle. Elle remarqua alors une marque rouge, longue d’une dizaine de centimètres, sur son épaule + + gauche.
— Qu’est-ce que tu as là ? Tu t’es blessé ?
Il regarda son épaule.
— Tu n’avais pas pu recoudre— Pas vraiment...
— Ne bouge pas.
Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit - - quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence. Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu @@ -2863,10 +2986,8 @@ la veille au soir. Elle aussi. S’en l’air de la choquer...

[
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- -

Aldariel @@ -2902,8 +3023,6 @@ seules.
Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.
— Sérieusement ?
— Je l’ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n’est pas le cas dans - - toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De Vane, c’est le cas.
— Tu penses que c’est vraiment dangereux ?
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle ! C’était un grand honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins - - que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission...

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son @@ -2959,6 +3076,8 @@ une plus courte, vert tr remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie, + + en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement.

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de @@ -2976,8 +3095,6 @@ class="newline" />La jeune princesse prit un air d class="newline" />— Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n’avons pas tellement le temps...
— C’est dommage... On m’a dit que cette ville est très belle. N’est-ce pas là - - que tu as vécu ?
Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines personnes qui y vivent.

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait - - son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir, qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches, elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté. @@ -3033,6 +3148,8 @@ princesse ?
— J’ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse ?
La jeune princesse sourit.
— En effet. Je pensais d’ailleurs emmener quelques baumes et de quoi + + panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile ?
Elle poussa un soupir de soulagement.
— Oui, tout à fait.

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu @@ -3069,6 +3184,8 @@ couch class="newline" />— J’avoue que... ces lits m’intriguent...
Elle sourit.
— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta + + couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais elles sont très bien ! @@ -3086,8 +3203,6 @@ solutions ? C’est incroyable c ressources et d’idées, parfois...

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup - - leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles étaient entrées dans la taverne.

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres questions qu’elle voulait poser. Et les autres races ? Les nains, par exemple, - - en avait-elle croisé ? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours qui viennent. @@ -3143,6 +3256,8 @@ une amie et non une princesse. inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent, puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns + + des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement @@ -3160,8 +3275,6 @@ et pr jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de bataille. - -

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce @@ -3179,6 +3292,8 @@ carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un quatrième homme qui courait vers elle. Il l’aperçut, et ouvrit la + + bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans l’œil. @@ -3197,8 +3312,6 @@ class="newline" />— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par

Aldariel

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un - - premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains qui ne les concernait pas ? Pourtant son amie avait fait de même. @@ -3234,8 +3347,6 @@ class="newline" />Son amie l’admiration dans son regard.
— Bon, on la traverse cette rivière ?
— Oui, oui... Est-ce qu’on va croiser d’autres brigands dans cette - - forêt ?
Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.
— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On @@ -3250,7 +3361,7 @@ maintenant.
Elle sourit.

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Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son « enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse... - -

Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.
— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme ça ? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.
— Je ne sais pas, visiblement oui. class="ecti-1095">Uhr

Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait. Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle + + d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait actuellement une jupe rouge sombre, un chemisier blanc et un petit corset noir–, mais il savait bien que derrière, elle brûlait d’envie de faire @@ -3356,6 +3465,8 @@ un peu curieux d’en savoir plus, mais ce n’
— Mais ça ne va pas être évident de se procurer de tels objets. Je te rappelle que je ne suis pas chargé de l’enquête, et leurs appartements sont + + sous scellés maintenant...
Elle lui sourit.
— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y pénétrer discrètement ? @@ -3375,8 +3486,6 @@ ce jeu l avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au maniement de ses armes, à l’escalade, et à être furtif. Même en tunique orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but, - - d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne vie. @@ -3392,6 +3501,8 @@ avait failli finir totalement en ruine. Au dernier feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à + + l’intérieur.

Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la @@ -3411,8 +3522,6 @@ surveill bois de l’autre demeure.

À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et - - quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre Samantha. @@ -3462,6 +3571,8 @@ ensuite.

Farl

De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la + + broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par là. @@ -3482,8 +3593,6 @@ de mur. Elle semblait l’examiner avec pr yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit venant de l’extérieur la fit sursauter, et elle se retourna. Elle tenait un bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en - - tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi dangereuse.

Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller @@ -3519,8 +3628,6 @@ apparue.
— Expliquez-vous.
Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.
— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est - - vivant.
— Quoi ?
— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait @@ -3570,6 +3677,8 @@ class="newline" />— Bravo. Allons regarder cela ailleurs, comme vous lR class="newline" />— Tout à fait. Je propose de venir chez les amis qui m’ont envoyé ici.
Elle eut un regard légèrement méfiant, puis finit par accepter. + +

Ils marchaient dans la rue, faiblement éclairée par quelques lampadaires. S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de @@ -3590,8 +3699,6 @@ class="ecti-1095">Uhr

Mais que faisait Farl ? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà. Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long ? Il soupira. Et s’il lui arrivait quelque chose ? S’il était vu ? Le couvrir serait très - - compliqué...
La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.
— Tu dors ?
— Comment pouvez-vous class="ecti-1095">Samantha

Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne... - - Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal. Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.

Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.
— Il n’y a pas de mal, la rassura-t-elle. Toujours que Septim est vivant, contrairement à...
Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas, leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était + + terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire ?
— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé ?
Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse @@ -3662,8 +3769,6 @@ bizarre, le cadavre d’une cr rivière.
Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour - - l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous, avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag, une note : « araknes ? ».

— Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt ? Comment ?
— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout @@ -3732,8 +3839,6 @@ class="newline" />Il ne r le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel point l’avait-elle fait ? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui - - risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.
— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé @@ -3749,6 +3854,8 @@ pas une sanction disproportionn qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette histoire.

Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se + + posta face à lui.
— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que nous n’aurions fait en une semaine.
— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas + + aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails techniques.

Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela @@ -3795,7 +3904,7 @@ m class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.

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Zach

Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène - - commençait à se sentir à l’aise en forêt –ou était-ce une aisance avec lui ?– et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à la considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d’un point à @@ -3819,6 +3926,8 @@ qu’elle lui avait mis dans le c enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions bizarres ? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs + + semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt bien.

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu - - que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu rassurant...

Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un - - bruit qui ressemblait à un cri de douleur. L’eau semblait la brûler, et une fumée inquiétante semblait s’échapper de son corps. Elle s’écroula sans vie à ses pieds.

— Assieds-toi.
Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de + + l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...
— Première étape, nettoyer ça. Après, je vais te donner quelque chose pour @@ -3915,8 +4022,6 @@ ici.
— Oh, et puis zut.
Il n’y avait qu’une seule solution, et elle le savait. Elle rejeta ses cheveux en arrière, dégagea son bras de sa prise, et se releva. - -

Zach

Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément, @@ -3931,6 +4036,8 @@ courant. De toutes fa choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison lent...

Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres + + filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et @@ -3951,8 +4058,6 @@ criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop tard. - -

— Merci.
Elle lui sourit, puis son visage se ferma.
— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...
— Il y a des gens < class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit dans la direction des voix. + +

Aldariel

— Aldariel... C’est quoi ces horreurs ?
L’ garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son - - avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre s’était plantée directement dans la chair, et la plaie était inquiétante. @@ -4025,8 +4130,6 @@ main libre.

À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de - - sa silhouette, pour un adolescent, était en fait une jeune femme. Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait @@ -4041,6 +4144,8 @@ souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son + + épée à plat sur sa gorge.

C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux @@ -4076,6 +4181,8 @@ de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge, signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant ? Ce n’était guère + + mieux...
— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous espionnes.
— Lâche-le immédiatement.
Ses yeux et son bâton se mirent à briller, et des filaments d’une lumière presque aveuglante vinrent se concentrer juste au dessus de son autre main, - - qu’elle tenait paume vers le ciel. Une sphère lumineuse s’y forma, d’abord rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment blanche. Une boule de feu... @@ -4112,6 +4217,8 @@ class="ecti-1095">Zach sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé, non pas sur la jeune femme, mais derrière...
— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne + + pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il hurla.
— Sélène, écarte-toi !

Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se - - redressait avec difficultés.
— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir @@ -4170,8 +4275,6 @@ deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de m seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna - - courage.

Quelques instants plus tard, le calme se fit. Les quatre jeunes gens, toujours dos à dos, laissèrent passer quelques secondes, reprenant leur @@ -4207,8 +4310,6 @@ class="newline" />— Transporte-la, on vous couvre.
L’homme les regarda toutes les deux. Il sembla hésiter une seconde, puis rangea son épée, prit la magicienne inanimée dans ses bras ainsi que son bâton, et se mit en route. - -

Zach

Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la @@ -4223,6 +4324,8 @@ bless mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante. Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle + + était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses @@ -4244,8 +4347,6 @@ class="newline" />C’ même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune femme inanimée, ne l’enchentait guère.
— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On - - peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à l’eau en cas de gros problème.
— Bien vu !
Il s’avança à sa suite. Soudain, alors qu’elle atteignait presque la rive opposée, l’elfe s’arrêta brusquement et se retourna vers lui, les sourcils + + froncés.
— Silwë... Tu ne m’avais pas dit que les humains voyaient très mal dans l’obscurité ?
Zach allait demander s’il n’était pas dangereux pour deux femmes seules de faire ce long trajet. Puis il se souvint des traits de l’archère et de l’épée de + + la guerrière, et se ravisa. Cette dernière reprit.
— Pour répondre à ta question initiale, nous n’étions pas en train de vous espionner. Nous avons été attaquées par les araknes, et nous avons vu de la @@ -4315,8 +4420,6 @@ brutale.
L’archère reprit.
— Nous avons tous eu peur, je crois. Et sans coopérer, nous ne serions pas tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de - - dormir.
Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit @@ -4331,6 +4434,8 @@ lasse au bout d’un moment.
Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la + + grimace.
— Excuse-moi, mais je n’ai pas encore l’habitude de la nourriture humaine...
Avait-elle suivi sa pensée ? Son ton était ferme, mais il y avait une petite pointe de plaisanterie dans sa voix...

Il ne put retenir un bâillement. La journée avait été longue, épuisante et - - riche en émotions... Aldariel hocha la tête.
— Il est effectivement temps de se reposer.
— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde ? Je ne fais @@ -4368,6 +4471,8 @@ plus mal. Maintenant qu’il avait enfin des elfes face savoir...
— Effectivement, j’ai la capacité de voir dans l’obscurité, mais j’ignore pourquoi. Je suis un enfant trouvé sur le pas d’une porte et adopté... Sélène + + pense que j’ai des antécédents elfiques.
Les deux jeunes femmes l’observèrent un moment. Puis se jetèrent un regard entendu. Aldariel se leva et vint s’asseoir à côté de lui, une main sur @@ -4403,6 +4508,8 @@ class="newline" />Silw class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta + + silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les oreilles pointues en moins.
— Tu penses qu’il est un... hybride ? Un demi-elfe ?
— Merci.
Il posa, comme à son habitude, sa ceinture à côté de lui et s’enroula dans la couverture. Elle était effectivement très confortable et tenait chaud, malgré sa finesse. Un mètre à sa droite, Silwë l’avait imitée. Son épée se - - retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard. Méfiance ou curiosité ? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux @@ -4439,6 +4544,8 @@ fallait rester menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se réchauffer. + +

Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait, il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce important, finalement ? Il semblait plutôt sincère lorsqu’il avait @@ -4460,8 +4567,6 @@ r Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se faire pardonner de l’avoir menacée ? Dommage qu’elle soit restée inanimée, - - elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle l’occasion le lendemain ?

L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter @@ -4476,6 +4581,8 @@ jamais rencontr n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire ? Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à la capitale, après tout ? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle + + était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë lorsqu’elle avait parlé de relations hybrides. Était-ce un sujet tabou, là-bas ? Ou se pouvait-il que... ? Les humains étaient si différents @@ -4496,8 +4603,6 @@ voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’ avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se - - répéta-t-elle...

Zach @@ -4512,6 +4617,8 @@ serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras, tout à l’heure, juste après avoir été guéri ? Le contre-coup de la + + douleur ? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement ? Le choc d’apprendre qu’elle possédait des pouvoirs hors du commun ? Le danger que ces mêmes pouvoirs représentaient ? Finalement, @@ -4532,8 +4639,6 @@ Mieux valait peut- elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères - - et chaudes. Ça, il avait effectivement validé. Ils parlent une langue inconnue et étrange : raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient appris la langue des humains ? Il en doutait, sinon elles auraient @@ -4549,6 +4654,8 @@ aim rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à + + lui...

Quand à la « princesse »... qui ne souhaitait pas qu’on la traite en tant que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs ? Comment @@ -4568,8 +4675,6 @@ qui les rendait si fascinantes ? Et côté ? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en - - reste.

L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits @@ -4585,6 +4690,8 @@ class="newline" />— Oui. Rien class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.

Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà + + chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui. Était-il dangereux de dormir si près d’une... sorcière ? De toutes façons, ce n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau, @@ -4605,8 +4712,6 @@ menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui - - avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne @@ -4622,6 +4727,8 @@ l’avait menac l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour combattre les araknes ? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se + + savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une fois la magicienne réveillée ? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme @@ -4643,8 +4750,6 @@ class="ecti-1095">

Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être - - s’était-il plus fatigué hier ? Hier... Les évènements de la veille lui revinrent brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes, @@ -4660,6 +4765,8 @@ class="newline" />— Bien dormi Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle, adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.
Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se + + méfier d’elle, ou pas ? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la rassurer peut-être ?– et lui fit signe de s’approcher.
— Laisse les autres dormir. Ils sont épuisés.
Il n’y avait pas besoin d’avoir à expliquer la situation, au moins. Elle poussa un soupir de soulagement.
— Je suis désolée pour le malentendu hier... Sans vous deux, nous n’aurions - - pas pu passer cette rivière vivants.
— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...
La guerrière lui montra son poignet, et sourit.

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Irdann été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays, rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt + + généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus ? Peut-être un peu de compagnie. Oh non, il était loin du cliché du chevalier parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais @@ -4766,6 +4873,8 @@ les coups de l’ennemi, bien avant que les h sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les connaissez.
Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe + + et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais peut-être était-ce le moment où jamais. Et puis, une quête héroïque, digne d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet @@ -4785,8 +4894,6 @@ de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas terminé.

Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait - - réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver ? Tout d’abord, elle n’a pas emmené cet objet chez son époux. Donc elle le lui cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la @@ -4802,6 +4909,8 @@ volume moyen et cach chercher ?

Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas + + et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.

C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies @@ -4821,8 +4930,6 @@ souvenirs, il avait autre chose il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un lien avec sa disparition ? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à - - la capitale ? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait à un nom un minimum familier. @@ -4838,6 +4945,8 @@ concentrant, il pouvait elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se trouve.

Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine + + et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher, épuisé. @@ -4856,8 +4965,6 @@ cœur.

Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu - - d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses sensations, quand bien même elle garderait un visage parfaitement impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était @@ -4873,6 +4980,8 @@ aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le m l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches. + + Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles. Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé @@ -4910,6 +5019,8 @@ class="newline" />— Et encore, il faudra que je te montre certaines quR ici...
— Tu veux dire, dans votre forêt elfique ?
— Oui, il y a des plantes médicinales spécifiques à notre région... Ça te + + plaira !

Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui frémissait et l’odeur agréable qui s’en dégageait. Il faisait beau, @@ -4928,8 +5039,6 @@ du d sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de suprises... - -

Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.
— L’eau était bonne ?
— Elle vient de chez les elfes, cette armure ?
— Non, je l’ai achetée à la capitale. Les bonnes armures elfiques sont très - - rares. Par contre, ils ont dû faire quelques retouches qui n’ont pas très bien tenu.
Il hocha la tête.
— Tu étais blessée. Il n’y avait aucun challenge.
— Quoi ? Comment ça ?
Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il + + avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et comprendre son jeu, elle soupira.
— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.

Ils échangèrent d’autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très @@ -5038,8 +5145,6 @@ Il tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant - - où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre côté de la poignée de sa propre arme. L’élan qu’il avait pour tenter @@ -5057,6 +5162,8 @@ r

Silwë + +

Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s’être fait avoir si facilement, et puis, il avait raison...
— Certes.

Sauf qu’au lieu de reculer d’un pas pour reprendre son équilibre, il se @@ -5093,6 +5198,8 @@ la main et l’aida en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de + + reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et esquiver habilement le coup de pied qui le menaçait. Il retenta la @@ -5127,6 +5234,8 @@ combattants en poss lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées longues... + +

Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et d’Aldariel. Il tourna la tête vers Silwë, tout aussi démunie que lui. Et leurs @@ -5161,6 +5270,8 @@ la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine for Prisonnière quelque part ? Comment l’en sortirait-il si c’était le cas ?

Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument + + vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se matérialiser sous ses yeux. @@ -5196,6 +5307,8 @@ pour l’enlacer.

À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.

La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une + + seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si surpris qu’il manqua d’en lâcher son arme. La seconde silhouette @@ -5216,8 +5329,6 @@ le temps d’arriver ? On ne pou visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du - - chevalier, son arc toujours pointé.
— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici ?
L’étranger lâcha l’elfe, et fit un pas en avant.
— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance ?
— Moi.

Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère, - - pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également son arme.
— Je connais très bien Irdann, depuis des années, et je réponds de @@ -5272,6 +5381,8 @@ l’homme. S plus.
— Que faisiez-vous chez mes parents ?
— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les + + miens, après de longues années d’absence. Mon retour devrait d’ailleurs coïncider avec l’ouverture d’un grand tournoi de tir à l’arc que mon père organise régulièrement. Comptiez-vous vous y rendre ?
Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote, d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la - - version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se détendit légèrement, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui la mettait @@ -5309,6 +5418,8 @@ elfes...
— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route + + ensemble.
— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir que dame Sélène est en sécurité avec vous. Je suis certain d’ailleurs que le @@ -5343,6 +5454,8 @@ racontant bri guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques précisions.

Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui + + seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien qu’ils y seraient fort bien traités, les deux jeunes femmes préféraient un @@ -5361,8 +5474,6 @@ class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la d monta derrière elle, et ils se mirent en route.

Aldariel - -

Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et Irdann. Elle avait posé quelques questions à son amie sur le fameux paladin, auxquelles elle avait répondu avec enthousiaste. Ainsi, ils avaient appris @@ -5414,6 +5525,8 @@ class="newline" />— H class="newline" />Elle le poussa brusquement du coude, il perdit l’équilibre et se rattrapa de justesse à une branche au dessus de sa tête.
— À ton avis, grand bêta, si elle ne te l’a pas dit, c’est qu’elle préférait que + + tu l’ignores... non ?
Il reposa ses pieds sur une branche près de celle de l’archère, et s’accouda sur une autre, face à elle. Il tenta de contenir la colère qui montait @@ -5449,6 +5562,8 @@ class="newline" />Il fit une moue.
— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.
Elle eut un petit sourire et le rejoignit sur sa branche.
— Qu’est-ce qui t’inquiète ? Qu’il ne soit pas ce paladin loyal, courageux, + + fort aux airs de prince charmant qu’il semble être, et qu’elle soit en danger avec lui ? Ou... Est-ce que tu crains qu’il soit précisément un paladin loyal, courageux, fort, aux airs de prince charmant ?
— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.

Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la - - bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit, tentant encore une fois de la pousser, mais elle avait encore une fois bondi @@ -5612,8 +5725,6 @@ Non, impossible de lui en parler. C’ de choses importantes et de devoir les taire.
— Dame Sélène ? Vous allez bien ?
— Euh oui... Est-ce que je peux vous demander, au moins tant que nous - - sommes seuls, de m’appeler simplement Sélène ?
Il lui sourit et hocha la tête.
— Gardons le protocole pour plus tard. Vous pouvez même me tutoyer et @@ -5649,8 +5760,6 @@ pour se d vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient. Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire - - combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise posture.
— Sélène, mets-toi à l’abri...

Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou avait-elle rêvé ? Les yeux fermés, elle sentit son bras s’approcher du sol, @@ -5684,8 +5795,6 @@ fille effarouch –couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle... sûrement. - -

Zach

Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à @@ -5702,6 +5811,8 @@ class="newline" />— S class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer + + sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes ses forces son agresseur.

Il fut si surpris qu’il trébucha, et manqua de s’étaler par terre. Mais @@ -5721,8 +5832,6 @@ rien faire. Il avait toujours trois adversaires face leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance... - - ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui pourrait la protéger ?

Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut @@ -5738,6 +5847,8 @@ instant d’h profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait + + lentement.

Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en poussant un cri de rage, et atterrit à ses côtés. Une silhouette féminine qu’il @@ -5772,6 +5883,8 @@ en travers de la selle, la poitrine transperc cherché à s’enfuir ? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû affronter ? + +

— Vous venez ?
C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec quelques difficultés. La lame d’un des brigands lui avait fait une belle @@ -5791,14 +5904,12 @@ arrivant avec une nette avance, avait couru prot bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du - - cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien fait l’affaire.

Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait -avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise +avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise pour une idiote sans défense ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ?
C’était la voix de son prisonnier.
L’homme tourna p question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant + + enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis la peur.
— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un paladin allant chercher une @@ -5828,8 +5941,6 @@ class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite... class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.
— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta - - Silwë.

Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit @@ -5845,6 +5956,8 @@ class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes, s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë, qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait + + rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à lui.
— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac ? Je l’ai @@ -5864,8 +5977,6 @@ compagne.
— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on file au plus vite.
Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la - - recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger ! Comment avait-il pu oublier ? Allait-elle bien ? La bataille avait dû être un choc pour elle... @@ -5903,8 +6014,6 @@ bless bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa blessure. - -

— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà nuit.
Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à @@ -5920,6 +6029,8 @@ class="newline" />— Il y a une auberge dans le village o chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang et votre nom.
Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom » ? Ce n’était + + peut-être pas le moment de le relever.
— Et vous trois, que ferez-vous ?
Zach haussa les épaules.
Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une @@ -5991,6 +6104,8 @@ class="newline" />— Je d princesse à protéger, je te rappelle.
Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.
— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame + + jusqu’à la sortie de la forêt.
À son tour, elle lui lança un coup de coude.
— J’ai bien vu ta façon de la protéger.
Sélène

La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se - - découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.
— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon nom est Yzar, je suis le père de Zach.
— Noble dame ! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que notre pauvre logis vous conviendra.
La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif + + entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce @@ -6050,8 +6165,6 @@ d’ailleurs sourit.
— Il a été très correct, rassurez-vous.
Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le - - paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.
— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé face des bandits. Votre blessure est-elle grave ?

La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie, alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule. -Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des + + +Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette @@ -6086,8 +6201,6 @@ du fromage s soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit - - un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village. Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser @@ -6103,6 +6216,8 @@ face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lu envoya un coup de coude pour le faire taire.
— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.
Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un + + respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes ! Ici, elle était coincée avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle @@ -6123,8 +6238,6 @@ fr de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret. - - Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un @@ -6139,6 +6252,8 @@ sugg laissent faire.

Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est + + qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses @@ -6160,8 +6275,6 @@ class="newline" />C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer –ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester ? Elle s’installa à son tour et sourit.
— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien. - -

Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de @@ -6176,6 +6289,8 @@ class="newline" />Il marqua une pause. Elle class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un + + mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans un lit, et qu’on ne voit jamais ? Certes, je rencontre beaucoup de gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final... @@ -6197,8 +6312,6 @@ nous...
Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de - - la main, les hommes comme le reste.

— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann ?
Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui @@ -6213,6 +6326,8 @@ class="newline" />Il aurait bien aim mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il + + pensait.
— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui ? Qu’à ma place, tu n’aurais pas hésité ?
— H point...
Sélène sourit.
— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur - - a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.
— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie était un choc...
— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu sais !
— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait + + presque une semaine que je fais ça ! Et en plus, toi, tu es blessé.
— Ah mais ça n’a rien à voir !

Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien @@ -6306,8 +6421,6 @@ compromis avait du bon. Le matelas sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée... À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si - - heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son « guide », d’ailleurs ? Leurs regards étaient tout de même assez éloquents... @@ -6321,6 +6434,8 @@ peu, et puis ils aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle + + qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel, mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des choses... @@ -6342,8 +6457,6 @@ class="newline" />— Je n’ose pas imaginer ce qui se serait pass venus à notre secours...
C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des - - cas...
— Tu veux vraiment savoir ?
— Ça va, je me passerai des détails, merci.
— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas @@ -6429,6 +6544,8 @@ class="newline" />— Nous serons en s parents, n’est-ce pas ?

Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir + + une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi bon se poser ce genre de question ? Elle avait su tout cela dès le début. @@ -6450,8 +6567,6 @@ tendre un panier de victuailles recommandations.
— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre - - voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore mieux.
— Les elfes sont craints, par ici ? intervint Aldariel.
Silwë lui sourit.
— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées + + non plus. Tenez, voici pour les provisions.
Elle lui tendit une petite pile de pièces.

C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de @@ -6492,12 +6609,1261 @@ class="newline" />S class="ecti-1095">Irdann

Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe. Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs. -Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir +Des rumeurs avaient couru sur l’attaque des brigands de la veille, mais +personne ne semblait évoquer la présence d’elfes. Par contre, certains, +apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la +blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions. +Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et +impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la +sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les + + +gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et +c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et +puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non +plus. +

Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s’étaient arrêtés au +bord d’un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes, +elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur +une longue distance. Mais qu’importe, ni lui ni Sélène ne semblaient +pressés. Celle-ci était assise dans l’herbe à côté de lui, en train de boire à +une gourde fraîchement remplie.
— Sélène ?
— Oui ?
— Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...
Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le +regardait d’un air interrogateur.
— Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais +que tu ne veuilles pas me répondre, mais...
Elle haussa les épaules et referma la gourde.
— Quelle question ?
Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.
— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à +personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en +qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le +faire.
Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.
— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé, +dans ta chambre, caché... un livre de magie. +

Sélène +

Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de +panique. Comment savait-il ? Comment l’avait-il trouvé ? Comment +avait-il osé fouiller dans sa chambre ? Qu’allait-elle faire ? S’enfuir ? Et +pour aller où ?
— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler +cela à quiconque.
Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait +l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha +doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage +neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix +basse :
— Comment as-tu trouvé cet objet ?
Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de +s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre +d’ailleurs ? Il avait l’air plutôt gêné...
— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a +permis de te retrouver.
Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.
— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet +enchantement.
Il parut choqué.
— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la +déesse...
Elle secoua la tête.
— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je +suppose que tu le sais. Alors ?
Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait +déjà beaucoup trop de toutes façons... +

Il soupira.
— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je +devais avoir un objet auquel tu tenais...
Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui +lui avait permis de l’invoquer.
— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait ?
— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par +exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis +maintenant que tu sais...
Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une +des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de +laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée, +semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de + + +constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien +de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de +rien. +

Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna +lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres +battements de cœur...
— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi +en faire.
— Y a-t-il un risque, pour moi ?
— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement ? +Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre. +Enfin...
Il prit une inspiration.
— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours +te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à +quel moment tu dors...
Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son +pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et +effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il +enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans +la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.
— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre +en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le +souhaites. +

Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement +anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des +nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir +les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un +soupir. +

Irdann +

— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.
Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien +encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier, + + +soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux ?
— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.
Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas +avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre +trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses +parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret. +
— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait ?
Elle sourit.
— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la +capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de +l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais +jamais assez...
— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la +capitale, seule ?
— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la +demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.
— Et quelle magie tu apprends, là-bas ?
— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent +venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs, +et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage. +
— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner ?
— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je +sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai +appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que +cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de +combat...
Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.
— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant. +

Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir. +Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur +son épaule.
— Attends. Montre-moi ton genou.
Il hésita.
— Tu veux... le soigner ? N’est-ce pas risqué ici ?
— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si +le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi. +

Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose +finalement ? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il +eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être +était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la +douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer, +s’estompa pour de bon. +

Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage, +elle sourit.
— Essaie de marcher ?
Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne +revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la +tête.
— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà +bien.
Il lui sourit.
— Merci.

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+

Uhr +

L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.
— Où précisément ?
Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone, +assez éloignée des villes et des chemins tracés.
— Par ici.
Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard +droit dans le sien.
— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients, +mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en +général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle +part.
Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa +motivation.
— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas ?
Ragan secoua la tête.
— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens +à ma peau.
Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement, +en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua +légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu. +

Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.
— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme +qu’il vous faut.
— Voulez-vous un autre verre ?
Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.
— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en +forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a +un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y +conduire, c’est autre chose...
— Savez-vous où je peux le trouver ?
— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand +il est dans le coin. +

À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon +de s’insérer dans la conversation.
— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard ?
— Si, justement. Tu l’as vu récemment ?
Elle posa les boissons sur la table.
— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner +quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque +part en forêt en ce moment.
— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper ? demanda Uhr.
Le guide sourit.
— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas ?
— Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez +nous emmener ?
— Cela dépend. Savez-vous vous défendre ?
Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le +dossier de sa chaise.
— Ça suffira ? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts ?
Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard +se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la +tête.
— Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi +une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre +femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas peur d’être un +peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de mauvaises +rencontres...
Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur +assiette.
— Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous. +

Farl +

Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en +terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement +le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus +confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De +plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il +pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à +la jonglerie, sous les yeux surpris –au moins la première fois– de +Ragan. +

— Je n’aime pas trop ça, pour être franc.
Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide, +qui chevauchait devant.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je vous ai dit qu’on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne +va pas tarder à atteindre l’orée de la forêt, et je n’ai vu aucune trace de +lui.
— C’est si inquiétant que cela ?
Il haussa les épaules.
— Soit il a emprunté d’autres chemins que les habituels, ce qu’il fait plutôt +quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose.
Il marqua un temps d’arrêt, puis continua.
— Il y a plus de brigands qu’avant. Il paraît que les dernières récoltes ont +été mauvaises dans la seigneurie d’Assem. Cela plus cette histoire de +tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à +voyager...
— C’est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n’ont pas +insisté.
Ragan sourit.
— Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n’étaient que trois, en même +temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée +presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec +des couteaux sur le toit de la voiture ? Ils ne doivent pas voir ça tous les +jours...
Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à +jouer avec.
— Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler +avec ?
— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller... +

Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune +ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller » +avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires. +Il hocha la tête.
— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...
Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il +n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur le sujet.
— Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon ?
— Oh, si tout va bien, il sera probablement en train de prendre un verre à +la taverne du village. Ou chez ses parents, comme ça lui arrive de loger +quand il est dans le coin.
— Vous le connaissez bien ?
— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se + + +connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble. +

Farl n’osa pas demander « Et si tout ne va pas bien ? ». Après tout, +était-ce la peine de s’inquiéter ? Il fallait juste espérer que cet homme soit +à la hauteur de sa réputation et puisse les guider. Et qu’ils trouvent quelque +chose là-bas... +

Zach +

Il y avait comme toujours cinq tables rectangulaires en bois massif, +entourées de bancs et de quelques tabourets, et la porte qui menait à la +cuisine avait encore la trace de brûlure qu’il avait toujours connu. La +lumière –à cette heure, essentiellement fournie par la grande cheminée sur le +côté et les plusieurs lampes suspendues sur les murs– et les odeurs n’avaient +pas changé non plus. Comme si rien ne s’était passé, et rien ne se passait +jamais à l’auberge du Renard Vif. +

Depuis qu’il avait laissé partir Sélène, le paladin et les deux elfes, il +avait erré dans le village sans trop savoir quoi faire. Le contraste entre +l’extraordinaire qu’il avait vécu dans les derniers jours et la routine paisible +qui régnait ici était tel qu’il se demandait presque s’il n’avait pas rêvé toute +cette aventure. +

Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire. +Le brave homme le connaissait depuis qu’il était un petit garçon, +et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n’avait pas +changé.
— Zach ! Ça fait un moment ! Viens te joindre à nous !
Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l’une des tables. +Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en +soldats. Ils lui expliquèrent qu’ils formaient la garde rapprochée d’un riche +seigneur, et qu’ils avaient engagé un guide pour faire lui faire traverser la +forêt avec sa suite.
— Encore quelqu’un qui se rend au tournoi du duc De Vane ? demanda +Zach.
— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il +vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations, +expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je + + +pense...
— Bah, c’est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion +de voir du pays, n’est-ce pas ? répondit son collègue.
— Si tant est qu’on n’y reste pas...
Le soldat montra alors son bras en écharpe.
— Oh. Vous avez été attaqués ?
Le guide et les deux soldats hochèrent la tête. Ils racontèrent alors un +affrontement particulièrement violent avec des bandits au milieu de la +forêt.
— J’ai bien cru que j’allais y rester, ajouta le soldat. Je me suis retrouvé à +un moment donné face à trois de ces hommes, et...
— Laisse tomber, c’est pas crédible, ton histoire, tu nous l’a déjà racontée, +interrompit son ami.
Le soldat blessé haussa les épaules et reprit tout de même, en abaissant la +voix légèrement.
— Personne ne me croit, évidemment. Mais j’ai vu certains de mes ennemis +tomber au sol, morts.
— C’était peut-être juste tes compagnons qui sont venus t’aider, que tu n’as +pas vus ? suggéra Zach.
— Aucun d’entre nous n’avait d’arc.
Il sortit de sa poche une flèche brisée qu’il posa sur la table.
— Et je suis sûr que notre maître n’a pas des flèches taillées comme +ça.
Zach fronça les sourcils et observa la pointe. Elle était fine et acérée... il +n’était pas spécialiste en archerie mais il lui semblait bien que les pointes de +flèche standard étaient moins travaillées. Du moins les flèches standard +humaines... Cela pouvait-il être une flèche d’elfe sylvain ? C’était +possible. Il regretta de ne pas avoir observé de plus près les armes +d’Aldariel. +

— Et toi, Zach, qu’est-ce que tu as fait pendant ce temps ?
Il releva la tête brusquement, sortant de sa rêverie. Les soldats avaient +rangé la mystérieuse flèche et s’était reportés sur leur assiette et leur +verre.
— Ah, moi ?
Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène... + + +Enfin si, rien de l’en empêchait, mais il y avait toute une partie qu’il ne +pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même +on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des +ennuis aux deux jeunes femmes. Et tout ce qui s’était passé ensuite... Il +haussa les épaules.
— Une traversée sans histoire. +

Personne n’insista. Après tout, chacun était libre de raconter ce qu’il +voulait. Il suivit distraitement la suite de la conversation. Il y avait les +interrogations sur le fameux tournoi, et qui y viendrait. Il y avait des +nouvelles de la dernière née de Dacus, qui allait avoir deux ans la semaine +prochaine. Il y avait l’incendie qui s’était déclaré il y a un mois dans la +grange d’un des paysans, et que personne n’expliquait. Il y avait +la cuisine de la taverne, qui était décidément très bonne ce soir, +ou alors c’était parce que la nouvelle serveuse était jolie. Aidé par +le bon repas et le vin, il se laissa bercer par ces histoires, comme +si elles le ramenaient sur terre après une excursion dans une vie +différente. +

Puis, la porte sur l’extérieur s’ouvrit, et parmi les deux silhouettes qui +entrèrent, Zach reconnut immédiatement la première.
— Ragan, quelle bonne surprise ! s’exclama son voisin de droite. +

Samantha +

Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre. +Le gérant de la taverne leur avait dit qu’il n’avait plus d’autre chambre de +libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers +s’étalaient autour d’eux.
— Qu’as-tu tiré d’intéressant sur les... créatures qu’on cherche ? lui +demanda-t-elle.
— Au final peu de choses très précises. Les documents qu’on m’a donnés +sont très vieux, ce sont des récits de voyageurs, ou des traductions +imparfaites de natifs de la région, et il est difficile de faire la part entre +ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de +l’imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son +contraire ! Heureusement qu’il y a les croquis et notes de Mortag, même si + + +ce n’est pas complet.
— D’où venaient-elles ?
— Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l’abri de +la lumière vive et de l’humidité. C’est un des points sur lequel les différents +témoignages semblent se recouper, et qui est bon à savoir. On ne sait pas +trop quand et comment elles ont disparu. Ici ils parlent d’une aide divine, +invoquée par des humains locaux, pour s’en débarrasser. Là d’une traque +intensive et sans fin pour les éliminer toutes. Dans celui-ci, les elfes noirs les +auraient domestiqués pour chasser les humains de la région, alors que dans +celui-là, ils les combattaient. Je ne suis pas sûr qu’on puisse se fier à +grand-chose... — Je ne savais pas que les elfes noirs vivaient ici aussi à +l’époque.
— Moi non plus. À vrai dire, il faut reconnaître que nous ne savons pas +grand chose d’eux. Cela ne fait qu’à peine un siècle qu’elfes et humains se +parlent, et encore. D’accord, nous avons croisé un ou deux elfes noirs à la +capitale, mais ce n’était peut-être pas bienvenu de l’aborder et lui +demander les archives détaillées de sa nation... Même Silwë, rappelle-toi. +Elle nous parlait de temps en temps de petits détails personnels de +la vie des elfes, mais n’a jamais dit grand chose de l’histoire des +sylvains. +

Samantha hocha la tête. Uhr reprit.
— Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu’elles ont une +morsure extrêmement venimeuse. Une morsure tue un humain en une +dizaine d’heures, beaucoup moins pour un petit animal. Il semble que, du +coup, ces créatures s’acharnent rarement sur une cible une fois mordue, il +leur suffit d’attendre patiamment.
— Charmant programme.
— D’un point de vue très pragmatique, cela veut dire qu’il suffit d’avoir le +bon antidote. Farl a sélectionné plusieurs antipoisons basés sur diverses +morsures d’araignées connues, et si j’en crois certains de ces textes, ils +devraient fonctionner.
— Si tout va bien. +

Uhr ne répondit pas. Il se contenta de désigner la pile de feuilles qu’il y +avait sur les genoux de Sam.
— Et toi, qu’as-tu trouvé d’intéressant dans ces dossiers ?
Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle +avait résumé ses notes.
— Comme tu le sais, c’est un dossier avec des informations sur tout un +nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag +ou Septim. Et ça en fait des noms...
— C’est le capitaine Mazrok qui t’a donné ça ? Il a obtenu ça d’après ses +dossiers de la garde ?
— J’ai des doutes. Je pense qu’il est allé demandé au recteur de l’université +de magie. Il s’agit essentiellement de données administratives : nom, +adresse, origine, domaine de compétence, ... Mais il y a sur certaines fiches +quelques informations rajoutées à la hâte, d’une autre écriture : il a +peut-être cru bon de rajouter certains points intéressants. Pour nous aider, +peut-être ?
— Pourquoi cet excès de zèle ?
— Peut-être qu’il se méfie de certains mages. Peut-être qu’il veut se faire +bien voir du capitaine Mazrok. Peut-être qu’il a une autre raison, je n’en +sais rien. On ne va pas se plaindre.
— Et qu’as-tu tiré de tout cela ? +

Elle soupira et regarda son carnet.
— Septim est originaire de la région. Du comté de ToDo, qui n’est pas +très loin d’ailleurs. Fils de tailleur, il est parti à l’adolescence à la +capitale pour finir son apprentissage... Et a découvert une autre +voie.
— Original, un mage puissant venu d’un pays où on craint la magie...
— Il n’est pas le seul. J’en ai noté quatre autres comme ça. Il y a +la fameuse Zanakielle, notamment. Ainsi que trois autres mages : +Plimel, Tenedrinn et Sélène. La dernière de la liste est intéressante +aussi.
— Qu’est-ce qu’elle a de particulier ?
— Déjà, son domaine de magie –le soin– est proche de celui de Septim. +D’après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et +il y a un détail cocasse, que j’ai noté au cas où : Sélène est la fille aînée du +seigneur Assem.
Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.
— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve ?
— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est +qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant +l’« incident ».
— Pour où ?
— On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je +n’avais pas eu l’idée de bavarder avec la femme du propriétaire de +l’auberge.
— Comment pourrait-elle savoir ? demada Uhr, de plus en plus +incrédule.
Samantha sourit.
— On l’a vue ce matin, traverser le village, accompagnée d’un jeune et +mystérieux chevalier qui serait allé la secourir.
Il haussa les sourcils.
— Sérieusement ?
— Ce sont des rumeurs, qui valent ce qu’elle valent... +

Uhr se leva.
— Intéressant. Je ne sais pas si cela peut avoir un rapport avec notre +histoire, mais... J’entends du bruit en bas, la salle à manger doit être +pleine. D’après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le +fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j’ai +faim. +

Uhr +

Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu’il y avait pas mal +d’animation dans la petite salle. À une grande table près de la cheminée +étaient attablés une petite dizaine d’hommes, à la conversation animée et +joyeuse.
— Allez, Farl, montre-nous.
C’était la voix de Ragan, au milieu des rires. Le jeune homme se leva de sa +chaise, en souriant, prit trois couverts en bois et se mit à jongler avec, sous +les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas +une occasion de se donner en spectacle, même –et surtout– improvisé. Ce +soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui +venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand +sourire. + + +

Il jeta un œil à Samantha, qui semblait avoir suivi son regard.
— Bah, laissons-le s’amuser. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver de grave +après tout ?
Ils s’assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors +qu’ils se demandaient comment ils allaient bien aborder le fameux guide, un +homme s’approcha de la table. +

— Je suis Zach. J’ai cru comprendre que vous me cherchiez ? +

L’homme était vêtu de façon semblable à ses compagnons. Pantalon de +toile et bottes de cuir solide, tunique de lin grise, usée et délavée de façon +non-uniforme, comme s’il portait régulièrement un autre vêtement sur son +torse. Il remarqua aussi l’usure caractéristique sur le côté gauche de sa +ceinture, celle que forme, avec le temps, un fourreau d’épée qui y pend +régulièrement. Pourtant, sa carrure état moins imposante que celle +Ragan et il paraissait nettement plus jeune. Sa réputation était-elle +surfaite ? +

— Effectivement. Asseyez-vous en face. Mon nom est Uhr, voici ma femme +Samantha. Nous cherchons quelqu’un pour nous emmener dans certaines +régions peu connues de la forêt de Sossirant. Il semble que vous soyiez le +seul à pouvoir le faire ?
Zach s’assit en souriant.
— Sans vouloir me vanter, il me semble que si je ne peux pas vous y +conduire, alors aucun humain ne le peut. Par quel moyen ? À pied ? +

Au fur et à mesure que la conversation s’engageait sur des détails +pratiques –prix, moyen de transoprt, matériel–, Uhr commençait à +avoir confiance. Il savait de quoi il parlait. Et après tout, ce ne sont +ni l’âge ni les gros bras qui font un bon guide. Il sembla un peu +hésitant quand à la venue potentielle de Samantha, mais un regard +foudroyant de celle-ci le convaincut rapidement. Lui même avait +vaguement essayé de la dissuader de venir jusque dans la forêt –elle +pourrait rester dans la ville et apprendre des choses–, mais vaguement +seulement. Il savait bien que lorsqu’elle avait décidé de faire quelque +chose, la déesse elle-même ne l’arrêterait pas. Alors quelqu’un comme +Zach... +

Il craignait un peu qu’il ne leur pose un peu trop de questions sur le but + + +de leur voyage –s’il prévoyait de lui en parler une fois la ville quittée, il ne +voulait pas détailler tout de suite–, mais s’il fronça légèrement les sourcils à +leur explication vague de recherche de ruines d’anciennes civilisations, il s’en +contenta. +

Lorsqu’Uhr pointa, sur la vieille carte du guide, les zones qu’il comptait +explorer, celui-ci commença par hocher la tête, puis se figea l’espace d’un +instant.
— Par contre, je n’emmène personne ici.
Uhr et Samantha le regardèrent, surpris, puis leur regard se porta à +nouveau sur la carte, sur la zone qu’Uhr pointait. Elle n’était pourtant pas +si éloignée que cela de la ville, même si elle semblait très peu fréquentée au +vu de l’absence de chemin qui la parcourait.
— Ailleurs si vous voulez, même là, ajouta-t-il en pointant une zone bien +plus éloignée.
Le visage de Zach s’était fermé, et était devenu indéchiffrable. Il +reprit, alors que Samantha ouvrait la bouche pour lui demander +pourquoi.
— Les autres guides ne vous emmèneraient pas parce qu’ils ne connaissent +pas cette région. Je ne vous y emmène pas parce justement je la connais. Et +je tiens à ma peau et je suppose que vous aussi.
Il se leva brusquement.
— Attendez. Et si nous y allions avec une meilleur escorte, peut-être +que...
— Si vous me trouvez une armée, peut-être, coupa-t-il.
Il se dirigea vers le comptoir et fit un geste au tenancier, sans dire un mot. +Uhr et Samantha se regardèrent, surpris. +

— Hé, Zach, tu ne vas pas nous quitter comme ça quand même !
C’était la voix d’un de ses compagnons de table, qui l’appelait d’un +air enjoué. Le jeune homme sembla hésiter, puis se retourna vers +lui.
— Le p’tit gars a encore des trucs à nous montrer, je suis sûr que ça va te +plaire !
Il pointa du doigt l’autre côté de la table, où Farl faisait tenir un large +couteau en équilibre sur son nez, sous le regard amusé des autres convives. +Zach sembla hésiter, regarda le jeune ménestrel quelques instants, puis + + +sourit en s’approchant de la table.
— Je peux essayer ? +

Samantha +

Ils restèrent silencieux quelques instants, regardant le jeune homme +quitter la table.
— Qu’est-ce qui lui a pris ? murmura Uhr.
— Je ne sais pas. Il s’est vraiment braqué d’un coup... Tu crois qu’il +faudrait le rappeler, essayer de lui parler ?
— On peut. Mais j’ai l’impression qu’on a peu de chances. Et sans lui, +impossible de mener à bien notre mission. Mmmh...
Il s’interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, Samantha tourna son +regard vers l’autre table. Le jeune guide avait rejoint ses compagnons, parmi +lesquels se trouvait Farl... +

Zach s’était pris au jeu. Il avait récupéré le long couteau et lui aussi le +faisait tenir en équilibre sur son nez. Il se débrouillait plutôt bien, et à en +voir la réaction de la petite foule, ce n’était pas la première fois +qu’il jouait à ce genre de jeu. Et ce soir-là, il avait un concurrent +sérieux... +

Farl lui jeta un œil interrogateur. Elle haussa les épaules en faisant +la moue. Une fraction de seconde plus tard il s’était de nouveau +tourné vers son nouveau compagnon pour lui proposer un nouveau +défi. +

— La zone dans laquelle il refuse d’aller se recoupe en partie avec celle +qu’on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et +peut-être que d’ici là... commença Uhr
Samantha l’interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. — +Pour le moment, je serais d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti +que nous pour lui parler...
Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les +rires allaient bon train. Il sourit à son tour.
— Tu as peut-être raison. Attendons demain. +

Zach + + +

Il secoua la tête tout en foulant l’herbe humide de rosée, comme si cela +lui permettait de chasser ces pensées qui se bousculaient. Il n’aurait +peut-être pas dû... Il y avait un certain nombre de choses qu’il n’aurait pas +dû faire hier soir. +

Boire, pour commencer. Ou tout du moins pas autant. Mais lorsqu’il y +pensait, ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, et il +avait beau tenter de se persuader du contraire, une petite voix lui disait que +ça ne serait pas la dernière. Au moins cette pensée-là était habituelle, elle +en était presque rassurante au fond. +

Il n’aurait pas dû refuser tout net ce que proposait Uhr. Surtout qu’il +semblait être le genre de gars à être prêt à payer cher sans poser trop de +questions pour aller là où il voulait. Et après tout, s’il avait refusé, c’était +justement pour éviter les questions... Elles auraient mené trop loin, si on ne +le prenait pas pour un fou. Sélène, Irdann, les deux elfes, les araknes, leur +morsure, Sélène... +

Pourtant la soirée s’était passé plutôt bien ensuite. Il avait fait +connaissance avec ce jeune homme, un ménestrel apparemment, qui avait +voyagé avec Uhr et sa femme. Un jongleur, qui avait épaté la galerie avec +divers tours d’adresse avec tous les objets qui lui étaient passés sous la +main. Il s’était joint au public. Il n’aurait pas dû. Il savait bien qu’il aurait +à un moment donné envie d’essayer, lui-même étant amateur de ce genre de +jeu. Il n’était d’ailleurs pas mauvais, mais face à un vrai jongleur, il savait +bien qu’il n’avait aucune chance. Qui avait suggéré l’idée de le défier sur un +terrain qui était plus le sien ? Était-ce Dacus ? Il n’était plus sûr. Ça +aurait bien pu être le ménestrel. Ou bien lui-même, pour ce qu’il se +souvenait de la fin de la soirée. S’il avait été sobre et s’il n’y avait +pas eu ses compagnons autour de lui, il n’aurait jamais accepté, +évidemment. +

Il marchait depuis presque une heure, et au fur et à mesure que l’air frais +lui éclaircissait l’esprit, il hésitait. Était-ce une bonne idée, d’aller quand +même à ce rendez-vous ? Après tout, il ne connaissait même pas ce jeune +homme. Et puis il avait mieux à faire que d’aller relever des défis +idiots. +

Il soupira. En fait il n’avait pas vraiment mieux à faire, puisqu’il avait + + +refusé le « boulot » d’Uhr. Et puis, il aimait relever des défis, même idiots. +Mais quand même... +

— Héé Zach !
Il tourna la tête. C’était Ragan qui le rattrapait au pas de course. Un grand +sourire barrait son visage.
— Ha, je savais bien que tu n’allais pas te débiner au dernier moment.
L’enthousiasme de son compagnon chassa vite ses interrogations, et il lui +sourit en retour.
— Et l’autre, tu crois qu’il va se dégonfler ?
— Farl ? Ça m’étonnerait.
— Ah, c’est vrai que tu as fait le trajet avec lui, j’avais oublié. Tu le connais +plutôt bien alors...
— Oui. C’est un p’tit gars un peu étrange parfois, mais au fond, il n’est pas +bien méchant.
Il hocha la tête et reporta son regard au loin. Ils étaient tout proches de +leur destination. +

Le lac du Croissant était un endroit magnifique. Il était passé à +plusieurs reprises à côté de ce point d’eau qui devait son nom à la large +falaise qui le bordait sur la moitié de sa circonférence. Si on pouvait voir +quelques grands arbres aux alentours, seuls quelques buissons secs +poussaient au sommet de la barre rocheuse, la faisant apparaître d’autant +plus pâle. Bien qu’à une petite heure de marche du prochain village, +l’endroit était pourtant peu fréquenté. Divers mythes parlaient d’une +malédiction, mais Zach, pragmatique, croyait plus volontiers que l’endroit +présentait en réalité peu d’intérêt : le lieu n’était pas vraiment sur des +routes fréquentées, la terre était pauvre, il y avait peu d’animaux à y +chasser et les alentours regorgeaient de nombreux autres points d’eau plus +fournis en poissons. Son seul intérêt était probablement sa beauté, mais +bien peu de gens pouvaient –ou souhaitaient– prendre le temps de +l’apprécier. +

Farl +

Lorsqu’il aperçut la silhouette de Zach au loin, il laissa un léger sourire +se marquer sur ses lèvres.
— Tu pensais qu’il ne viendrait pas ?
Il tourna la tête vers Dacus, un autre ami de Zach, qui était arrivé en +même temps que lui. Il haussa les épaules.
— Je dois t’avouer que j’ai eu quelques doutes...
— Bah, Zach rate rarement un défi. Quoique, quand il pense vraiment qu’il +va rater... Mais il est là en tous cas. +

Il était là. Un peu nerveux, visiblement, mais lui-même l’était aussi +finalement. Il était venu sans son épée –un fourreau vide à sa ceinture +l’attestait–, mais il lui semblait deviner le manche d’un couteau qui +dépassait de sa botte droite. En dehors de cela, il était venu les mains vides. +C’était plutôt bon signe. +

— Nous y voilà. Alors, qu’est-ce que tu attends de moi ?
— Qu’est-ce que tu veux, j’ai beaucoup entendu parler de toi. Oh je ne +comptais pas te défier sur tes compétences de guide ou de pisteur, elles +sont suffisamment reconnues et ce n’est de toutes façons pas mon +domaine. J’ai déjà eu l’occasion de jouer à des jeux d’adresse avec toi +hier.
Le jeune guide haussa les épaules. Maintenant que Farl y prêtait attention, +Zach semblait nettement plus jeune que ses amis. Il devait avoir son âge, ou +peut-être moins, difficile à dire.
— Évidemment, je ne comptais pas te défier sur la jonglerie.
Son interlocuteur laissa échapper un sourire mais ne répondit pas.
— En fait, tes collègues m’ont dit que tu étais un excellent grimpeur. Et +puis j’ai vu cet endroit...
Il se tourna et désigna la barre rocheuse derrière lui. Zach suivit son geste, +et ses yeux se mirent à briller alors que son sourire s’agrandissait. +
— Je dois reconnaître que cette falaise m’a déjà tenté. Mais je n’ai jamais +vraiment pris le temps...
Farl sourit à son tour et s’approcha de la roche.
— On part en traversée, au ras de l’eau. L’idée est de finir là haut, de +l’autre côté, au niveau de ce petit arbre.
Zach ne répondit pas, et continuait à fixer la falaise, observant et +étudiant le trajet à effectuer. Ragan lui donna une tape sur l’épaule en +souriant.
— Ha, je savais que ça te plairait. J’aurais bien tenté, mais je n’ai pas ton +agilité ! +

Zach se tourna vers lui en souriant.
— Le dernier arrivé paye un pot ce soir ?
— Le dernier arrivé ou le premier à l’eau.
Les deux autres guides approuvèrent en riant. +

Zach +

Le soleil montait petit à petit à l’horizon, et la pierre était très claire. Il +aurait vite chaud. Il se défit de sa ceinture et de son armure de cuir, et +après quelques hésitations, de sa tunique. Après tout, autant être léger, et +puis ses amis pouvaient garder ses affaires. Puis il rejoignit Farl, qui avait +posé son petit sac en cuir noir et s’était approché de la paroi. S’il avait +proposé ce défi, c’est qu’il était plutôt bon grimpeur lui aussi. Mais à quel +point ? +

Alors qu’il passait sa main sur la roche, Dacus lui tendit une flasque +ouverte.
— Tu veux un coup avant d’y aller ?
— Euh, merci mais je crois que j’ai un peu trop bu hier...
Il sourit.
— Oh, il n’y a presque pas d’alcool. Et puis,
Il se rapprocha alors qu’il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un +clin d’œil.
— J’ai parié un pichet de vin avec Ragan sur toi, me déçois pas, +hein ! +

Zach sourit et prit finalement une petite gorgée –Dacus n’avait pas la +même notion de « presque pas d’alcool » que lui.
— Je vais faire de mon mieux.
Il tendit ensuite la flasque au jeune ménestrel, qui prit une gorgée à son +tour.
— Bonne chance, Zach.
— Bonne chance à toi aussi. +

Farl + + +

Il se demandait vaguement à quel point ses amis avaient exagéré +les compétences de Zach, mais il fut vite convaincu. Il n’allait pas +particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était +aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux +atouts importants. +

Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus +technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la +progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter +quelqu’un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale. +Lorsqu’on est habitué à tenir les réglettes fines et humides formées par les +interstices entre les pierres, les petits gratons de roche qu’il trouvait ici +étaient presque confortables. +

Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d’avoir gardé sa +tunique à manches longues. Sauf que s’il avait dû se mettre torse nu comme +Zach, il aurait dû, d’une façon ou d’une autre, montrer le fourreau +d’avant-bras qu’il portait dessous. Et on faisait mieux pour inspirer +confiance qu’une arme d’assassin. Maintenant qu’il y pensait, il aurait dû +simplement la laisser à l’auberge, ce n’est pas comme si il craignait +grand-chose... +

En parlant de confiance, est-ce qu’il devait plutôt le laisser gagner ou +pas ? Il tourna la tête rapidement pour voir son avancement. Il était +maintenant juste derrière lui. Leurs regards se croisèrent et ils esquissèrent +tous deux un sourire au milieu de l’effort. Il s’en sortait très très bien. Hors +de question de le laisser gagner. +

Zach +

L’escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la +fatigue dans ses avant-bras. Mais Farl, qui avait choisi un autre chemin, ne +semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu’on apprenait aux +apprentis ménestrels, mais il doutait que l’escalade en fasse partie... +Peut-être venait-il de régions montagneuses où on apprenait à grimper +avant d’apprendre à marcher ? +

Il profita d’une bonne prise pour s’essuyer le front et prendre une grande +inspiration avant l’ascension finale. Il lui restait moins d’une dizaine de + + +mètres à grimper, et il pouvait encore peut-être rattraper son concurrent. +Et vu de près, il lui semblait bien qu’il commençait à fatiguer lui +aussi... +

Mais pas suffisamment. Quelques mètres à peine au dessus delui, Farl se +hissa sur le replat qu’ils avaient convenu comme lieu d’arrivée. Il se redressa, +puis se tourna vers lui et lui tendit son bras en souriant. +

Farl +

Zach sembla avoir un instant d’hésitation et une moue. Puis il saisit son +avant-bras tendu et le rejoignit. Il lui sourit.
— Bon, d’accord, tu as gagné, lui dit-il en reprenant son souffle.
— Merci. Tu grimpes très bien aussi. +

Ils restèrent quelques instants silencieux masser leurs avant-bras +endoloris, tout en regardant le paysage, qui était effectivement superbe. Le +lac, la forêt, le village, les champs alentours... Au loin, se dessinait la +silhouette du château du seigneur et la ville qui l’entourait. +

— Je peux te poser une question ?
Farl sortit de sa rêverie brusquement.
— Euh oui.
— Je me demandais si tu avais quelque chose au bras droit. Une blessure, ou +une protection spécifique ?
Il hésita quelques instants, puis se décida à soulever sa manche. Il s’était +déjà dit qu’il aurait dû laisser ça à l’auberge, mais maintenant... +

Zach observa en silence le fourreau de cuir qui entourait son avant-bras, +puis Farl actionna le mécanisme pour libérer la dague, et d’un mouvement +sec la fit glisser dans la main. Il continua de fixer la lame acérée, peinte en +noir pour éviter les reflets. +

— J’avais entendu parler des assassins de la capitale. Mais j’ai toujours +pensé qu’il s’agissait d’une légende ou d’un groupe disparu.
Il essayait de dire cela d’un ton factuel, mais la nervosité pointait dans sa +voix –et il y avait de quoi.
— Les rares personnes à avoir vu cette arme et à être encore en vie sont des +amis.
Ce n’était pas la meilleure des tirades, il devait l’admettre, mais les traits de +son interlocuteur se détendirent un peu. Le jeune guide tourna ensuite la +tête vers la rive où les attendaient leurs amis. Il leur fit un geste, puis se +leva.
— On devrait rentrer, dit-il. Par là, ajouta-t-il en pointant du doigt les +buissons rabougris qui poussaient sur la falaise, il y a un sentier qui mène au +pied du rocher. +

Farl remit sa manche et se mit en route à sa suite. Il hésitait à +questionner Zach, mais ce fut lui qui prit la parole au bout de quelques +minutes.
— Tu travailles pour Uhr ?
— Pas vraiment... Uhr et moi sommes amis de longue date et nous +entraidons régulièrement.
— Vous êtes donc tous les trois à la recherche de cette... ruine ? Enfin ça ne +me regarde peut-être pas...
— C’est une histoire compliquée, je ne sais pas si j’ai le droit de te +dire... +

Zach +

Il devait admettre que l’histoire de Farl l’intriguait, mais il avait depuis +longtemps pris la résolution de ne pas questionner trop ses clients +–même potentiels. En général, c’était ce qu’on attendait de lui. +Il avait la certitude que certains des voyageurs qu’il avait escortés +n’avaient pas forcément des activités strictement légales. Surtout +ceux qui demandaient à traverser hors des sentiers, de préférence +discrètement, et qui payaient très bien pour ça, y compris pour son +silence. +

Jusque là, il le savait pour avoir écouté les rumeurs de village, il ne +s’agissait que de petite contrebande ou de petits malfrats qui fuyaient la +région. Il saurait refuser ce genre de marché si on lui proposait quelque +chose de vraiment louche. Il ne savait pas trop où il mettrait cette limite, et +il devait reconnaître qu’il était plus confortable de ne pas poser trop de +questions. +

La voix de Farl interrompit ses pensées.
— Tiens, à propos de choses qu’on ne dit pas... Peux-tu me dire pourquoi tu +n’as pas voulu dire précisément quels dangers nous attendent dans la +forêt ?
Il haussa les épaules. Après tout...
— Essentiellement, parce que personne ne m’aurait cru.
Le ménestrel sourit.
— Bah, dis toujours, j’aime bien les histoires extraordinaires. Au pire ça +fera un joli conte à raconter.
Il eut un sourire un peu amer.
— Ça fera une histoire pour faire peur aux enfants pas sages alors...
Il prit une inspiration.
— Lors de ma dernière traversée, nous avons rencontré des créatures +cauchemardesques et mortelles, des sortes d’araignées géantes, appelées +araknes... +

Il s’interrompit, remarquant que Farl était resté quelques pas en arrière. +Son visage s’était figé sur une expression de surprise.
— Je sais, c’est complètement incroyable, hein...
Farl était tout pâle.
— Plus que tu ne crois. Enfin, moins même.
— Quoi ?
Il le rejoignit, et posa sa main sur son épaule en hochant la tête.
— Zach... Tu veux bien m’accompagner jusqu’à l’auberge du Renard Vif, où +nous avons nos chambres ?
— Euh oui...
— Tu voudras bien expliquer tout ça à Uhr et Sam aussi ? Nous n’allons +pas le crier sur les toits, rassure-toi.
— Euh... d’accord, mais pourquoi ?
Le jeune ménestrel marqua une pause, semblant chercher ses mots.
— Tu vois cette histoire plus ou moins crédible de ruine antique que +recherche Uhr ?
Il hocha la tête.
— Ce qu’il cherche est bien chose d’« antique », qui est censé avoir disparu +depuis des siècles... mais ce n’est pas un tas de cailloux. +

Zach se tut quelques instants, le temps de comprendre.
— Oh. + + +

Samantha +

Uhr déplia la carte sur le lit de la chambre de l’auberge, qui était +décidement trop petite pour quatre personnes.
— Si je résume bien, toi et ta cliente avez fait ce trajet, passant par là, et +là, dit-il en dessinant une trajectoire au crayon sur le papier. Et vous avez +croisé des araknes où déjà ?
— Ici, précisa Zach, en pointant la carte. Nous avons ensuite traversé la +rivière là, ce qui nous a mis à l’abri de ces créatures.
Uhr hocha la tête et se tourna vers elle.
— On est d’accord qu’elles ne peuvent pas traverser de rivière ?
Elle secoua la tête en relisant les quelques notes qu’ils avaient.
— En principe non. Sauf s’il y a un pont dans le coin, peut-être.
— C’est trop reculé pour que des hommes soient venus construire des ponts, +à ma connaissance. Il y a quelques gués, au mieux.
— La zone clé est donc située entre cette rivière et son affluent, ce n’est pas +si grand comme région. C’est une très bonne nouvelle. ajouta Uhr en +souriant.
— Tu trouves ? lui demanda-t-elle.
— On nous a demandé d’enquêter sur la présence possible de ces bestioles +dans la forêt, pas forcément d’y aller et de leur serrer la pince. Le +témoignage de Zach est déjà très riche ! +

À condition qu’il dise bien la vérité, pensa-t-elle. Elle voulait en parler +discrètement à Uhr et Farl, mais elle était sûre qu’il mentait. C’était +absurde, pourtant, qu’il invente une histoire pareille. Et pourtant, la façon +dont il en parlait, ses gestes parasites, tout son corps exprimait qu’il +mentait. Ou alors il ne disait pas tout, peut-être ? Cette hypothèse était un +peu plus crédible. Il faudrait trouver le moyen de le questionner, mais +peut-être un peu plus subtilement que directement... +

— Il est évident que je vais essayer d’envoyer un rapport écrit. Mais +réfléchissez, si nous rentrons maintenant avec ces informations, reprit Uhr, +c’est sûr que... celui qui nous envoie sera plutôt satisfait...
Il jeta un œil à Zach. Évidemment, il ne pouvait pas tout dire devant +lui.
— ... Et que va-t-il faire à votre avis ? Envoyer quelques hommes pour + + +enquêter... Et comme il souhaite –a priori– que ce soit dans la discrétion, il +va éviter de mettre trop de monde au courant. Je vous laisse donc deviner +qui va devoir y aller.
— Oui, mais nous pourrions avoir des renforts, ou de l’équipement +adapté, ajouta Farl, plongé jusque-là dans l’inspection de son sac à +dos.
— Quel meilleur équipement pourrions-nous avoir qu’on ne pourrait pas +trouver ici ? répondit Samantha. Et en plus, les informations de Zach sont +plus utiles que la plupart des livres qu’on pourrait trouver à la capitale... Et +nous serions quatre.
Elle tourna la tête vers Zach.
— Enfin, si tu acceptes de nous emmener là-bas. +

Tous tournèrent la tête vers le jeune guide, qui ne semblait pas très +emballé par l’idée.
— Cela reste dangereux... Même si avec des équipiers avertis ce n’est +peut-être pas complètement suicidaire...
— Bien sûr, nous serons prudents, ajouta Uhr. Nous n’allons pas nous jeter +dans le nid de ces bestioles, nous voulons juste des informations +plus précises sur leur apparition, ou plutôt leur réapparition dans +nos contrées. De plus, Farl est expert en poisons, et a prévu des +antidotes.
— Certes...
— Par contre, tu ne seras pas surpris si, quelle que soit ta décision, je +te décourage très fortement de parler de cette histoire autour de +toi.
— Tu m’as suffisamment payé pour cela, je crois.
— Ça pourrait t’attirer des ennuis.
Zach fronça les sourcils.
— Je dois le prendre comme une menace ?
— Non. Enfin si, mais pas de ma part. Je ne peux pas tout te dire +mais...
Uhr lui jeta un regard, ainsi qu’à Farl.
— ... Disons qu’on a de bonnes raisons de croire qu’un type s’est fait +assassiner pour l’avoir su. +

Zach resta quelques instants silencieux. Puis il prit la parole.
— Si vous en avez les moyens, nous pouvons louer des montures pour +chacun d’entre nous pour aller un peu plus vite. Mais la voiture ne fera +que nous encombrer puisque le trajet se fera hors des sentiers. Par +contre...
Il tourna la tête vers Samantha en fronçant les sourcils. Elle lui jeta un +regard noir. S’il me dit que c’est trop dangereux pour moi, je lui en colle +une, pensa-t-elle.
— Le père Hersur, qui loue des chevaux, ne fait habituellement pas dans le +transport délicat. Il n’a pas de selle amazone. Cela te pose un problème de +monter comme un homme ?
Elle ravala mentalement sa baffe.
— Ah oui, pas de problèmes.
— Parfait. +

Ce type mentait peut-être, mais au moins, il ne la prenait pas pour une +stupide vendeuse de fleurs incapable. +

Uhr +

Ils étaient partis le lendemain matin. Tout était allé très vite. Samantha +avait organisé avec Zach leurs provisions –pour eux et leurs montures– pour +le trajet, Farl avait trouvé une petite tente et des couvertures pour +être un peu plus à l’aise qu’à la belle étoile, tandis que lui-même +s’occupait des chevaux. Il avait toujours été très à l’aise avec ces +animaux. Il n’y avait pas de chevaux dans sa tribu natale, mais petit, il +était fasciné d’observer ces animaux à l’état sauvage, ou montés par +des barbares de tribus rivales un peu plus avancées. Plus tard, à la +capitale, un de ses premiers petits boulots –et un de ses préférés– +avait été celui de garçon d’écurie, et il s’y connaissait plutôt bien +maintenant. +

Il avait choisi deux chevaux de taille moyenne, qui ne payaient pas de +mine mais dociles et endurants. Ils n’avaient pas besoin de pur-sangs +nerveux et rapides pour aller dans la forêt. À ceux-là s’ajoutaient leurs +chevaux d’attelage, deux grands percherons qu’ils avaient achetés à la +capitale. Lui et Samantha montaient l’un de ses chevaux, qui en plus étaient +chargés de la majorités du matériel. Farl et Zach ouvraient la route, tout en + + +discutant. +

— Je me demande, commença-t-il à l’intention du guide, pourquoi nous +sommes passés devant les restes d’un grand feu, sur le sentier.
Zach tourna la tête vers eux, mais Samantha répondit avant lui.
— Ah, ça, je sais. Tu sais, tout le village en parle, je n’ai aucun mérite. La +nuit précédente, une horde de brigands aurait attaqué une noble dame et +un chevalier serait venu à son secours... On raconte qu’il a combattu cent +hommes, durant toute la nuit, et qu’il a pu en venir à bout, gravement +blessé. Au matin, il aurait traversé le village sur sa monture, avec sa dame, +pour la ramener en son château et s’effondrer d’épuisement sur le +pont-levis. +

Zach haussa un sourcil, retenant un sourire.
— Hé bien, commença Uhr. Et les cendres ?
— Les villageois sont venus nettoyer l’endroit et ont brûlé les corps.
— Et quelle est la part de vrai là-dedans, s’il y en a une ?
Samantha sourit.
— Quoi, un brave chevalier contre cent brigands, ce n’est pas crédible ? Je +plaisante. J’ai recoupé quelques informations çà et là... tout n’est pas très +clair. Mais il y avait vraisemblablement une dizaine d’hommes. Et, comme +je te l’ai dit hier Uhr, la noble dame en question n’est autre que Sélène de +Quayle. +

Le demi-sourire de Zach se figea, en même temps que Farl se retournait +pour suivre la conversation.
— ... mais peut-être que notre guide, qui est du coin, est plus au courant +que nous ? reprit-elle.
Le guide en question poussa un soupir et se retourna vers la route.
— J’étais avec les habitants du village quand il a fallu... nettoyer la route. +Ce n’était pas un travail agréable croyez-moi... Je confirme la dizaine, +ajouta-t-il. Et la dame en question est bien la fille du seigneur Assem, +Sélène. Pourquoi ? Vous la connaissez ? +

Uhr hésita. Que pouvait-il lui dire ? Il jeta un regard à Samantha, qui +fit une moue. Apparemment, pour elle, non. Le regard de Farl passa de Zach +à lui, et dans l’autre sens. Puis il haussa les épaules. Il lui laissait la +décision. Après tout, lui donner quelques éléments et observer sa réaction + + +pouvait être intéressante...
— Nous avons quelques éléments qui nous font penser qu’elle pourrait être +liée à cette histoire d’araknes.
Zach lui tournait le dos, semblant observer attentivement la route. Mais il +avait quand même sursauté, et son cheval aussi.
— Euh, je ne sais pas ce qui vous fait penser ça, commença-t-il après un +petit moment de silence. Mais je suis persuadé qu’elle n’a rien à voir +là-dedans.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Tu la connais ?
Le guide ne répondit pas tout de suite. Il arrêta sa monture, mit pied à +terre, et désigna un fourré. De là partait un étroit sentier, probablement +taillé par des animaux.
— C’est par là. J’ouvre la marche, suivez-moi.
Puis il se retourna vers lui, hésita, mais ajouta tout de même :
— Quand je suis tombé sur ces créatures, elle était avec moi. Nous avons +fait face tous les deux. +

Il se remit en selle et s’engagea dans les sous-bois. Farl le suivit, puis +Samantha, non sans lui avoir jeté un regard surpris. Il se retrouva à fermer +la marche. Le sentier, qui n’en était pas vraiment un, était bien trop étroit +pour qu’ils puissent marcher à deux de front. Ils avaient convenu de cette +configuration, qui était probablement la meilleure, mais pas pour discuter. +Et Zach était tout devant... +

Samantha se retourna sur sa selle pour lui parler à mi-voix.
— Comment se fait-il qu’il ait été avec elle ? Que vient faire le chevalier +là-dedans ? Je ne comprends plus, ou alors il nous raconte n’importe +quoi !
— Cela expliquerait qu’on ait perdu trace de Sélène aux abords de la +forêt... Si elle a décidé d’engager un guide pour traverser la forêt +discrètement...
— Tu crois qu’on peut faire confiance à ce guide ? Ce n’est pas parce qu’il +est réputé pour ses compétences de pisteur qu’il n’est pas impliqué dans +une histoire compliquée.
— Je n’en suis pas tout à fait sûr, évidemment. Mais dans ce cas, pourquoi +aurait-il accepté de nous emmener là où sont les araknes, maintenant qu’il +sait ce qu’on cherche ?
— Il pourrait nous emmener dans un piège... +

Il resta quelques instants silencieux, se concentrant sur sa monture qui +avait du mal à passer un fossé avec son chargement. Oui, ils étaient +peut-être en train de courir droit dans un piège. Il se rassura en +se disant qu’il avait envoyé un messager avec un rapport précis, +et chiffré, au capitaine Mazrok. Mais il mettrait plusieurs jours à +arriver.
— Sam ?
Elle se retourna à nouveau.
— Oui ?
— Penses-tu que tu pourrais envoyer un message par enchantement au +capitaine ? Ce soir ?
Elle haussa les épaules.
— C’est épuisant, mais s’il le faut... Tu veux que je dise quoi ?
— Lui expliquer brièvement la situation, et où nous allons ? Qu’il s’alarme +de ne pas avoir de nouvelles de nous d’ici une semaine ?
— Il ne retiendra pas tous les détails, dans un rêve, mais je suppose qu’il +saisira l’idée. J’imagine que tu aimerais que j’y mette le visage de +Zach...
— Pourquoi pas.
— Par contre, il va falloir que je m’isole pendant un bon moment... Ce ne +sera pas très discret. On lui dit quoi ?
— On lui dit tout.
— Quoi ? Tu es fou ?
— Il est pour le moment seul avec nous trois. Il saura que nous avons +envoyé ces messages. Que peut-il faire ?
Samantha marqua un temps d’arrêt avant de répondre.
— Tu marques un point. Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée +mais... fais comme tu le sens. +

Zach +

Le soir était tombé. Ses compagnons l’avaient aidé à installer le +camp avec une certaine efficacité, ils n’en étaient pas à leur première +expédition dans la forêt, semblait-il. Ils s’étaient installés autour d’un +petit feu de camp pour partager leur repas, et l’ambiance était assez + + +détendue. +

— Penses-tu que nous aurons besoin de monter la garde cette nuit ? +demanda Uhr.
— En cette saison et dans le coin, je m’en passe habituellement. Mais vu les +circonstances...
— Tu fais référence à ce qui s’est passé il y a quelques nuits au abords du +villa
Il soupira. Il aurait voulu éviter de parler de cet incident, mais...
— Oui. +

Uhr semblait avoir senti sa réticence. Il marqua une pause, puis +reprit.
— Écoute, j’ai l’impression que tu ne veux pas raconter ce qui s’est vraiment +passé lors de ta dernière trarsée, avec Sélène.
— Euh...
— Je n’en connais pas la raison, même si j’ai une petite idée là-dessus. Or +il se trouve que savoir ce qui s’est réellement passé nous aiderait +beaucoup dans notre mission... Alors je vais tout te révéler de la +nôtre. Si, après ça, tu estimes toujours nécessaire de garder ton +secret...
Uhr échangea un regard avec Samantha et Farl, qui hochèrent la tête. Puis +il commença son récit. +

Le feu avait sérieusement diminué. Il rajouta machinalement +quelques branches. Quelque chose lui disait qu’ils n’étaient pas encore +couchés.
— Voilà, tu sais à peu près tout ce que nous savons de cette affaire. Quand +à Sélène... Elle fait partie de ces gens qui connaissaient Septim, et qui a +quitté la ville peu de temps avant cet... accident.
— Vous allez m’apprendre que Sélène est une magicienne ?
— Oui, répondit Uhr en soupirant. Tu as deviné, n’est-ce pas ?
— Non. Je le savais déjà, et c’est la raison pour laquelle j’évitais de vous +parler d’elle à la base. +

La surprise se dessina sur le visage de ses trois interlocuteurs. Il étendit +sa jambe droite, et désigna un accroc réparé sur son pantalon.
— Une de ces créatures m’a mordue. Sans ses soins magiques, je serais + + +mort.
Il marqua une pause, puis soupira. Au poins où il en était.
— Et puisque j’y suis, je vais vous raconter le reste. +

Farl +

Le feu s’était presque éteint. Il commençait à être tard.
— Je comprends mieux ton hésitation, commença-t-il. Des créatures +cauchemardesques, une cliente qui s’avère être une sorcière, des elfes +trouvées sur le chemin, et un paladin qui débarque d’on ne sait-où, je pense +qu’il y a de quoi te demander d’aller décuver.
Zach eut un sourire amer.
— Dans le meilleur des cas, oui... Honnêtement, reprit-il, si je ne vous avais +pas rencontrés, je crois qu’au bout d’un moment j’aurai cru avoir rêvé tout +cet épisode.
Samantha hocha la tête.
— J’imagine. Rassure-toi, pour nous cela ne pose pas de problèmes. Nous +croisons régulièrement à la capitale des mages et des elfes, et nous +n’avons rien contre eux. Surtout Farl, ajouta-t-elle en lui adressant un +sourire.
Il haussa les épaules. De toutes façons, ils n’avait pas de nouvelles d’elle +depuis un moment alors... Et puis il n’avait pas envie de parler de tout cela +maintenant, alors qu’ils avaient plus important à s’occuper. De toutes +façons, Zach n’avait heureusement pas relevé cette remarque. +

Zach +

— Avec tout ça, j’ai du mal à imaginer Sélène avoir un rapport avec votre +affaire... Pourquoi aurait-elle voulu traverser la forêt seule avec moi, sachant +qu’elle risquait de rencontrer les araknes ?
— C’est vrai, admit Uhr. Mais d’après ton récit elle n’avait pas l’habitude +d’aller en forêt. Tu aurais eu des doutes si elle t’avait demandé de changer +de route au milieu, non ?
Il se remémora les premiers jours avec la jeune femme. Si en réalité elle +connaissait la forêt, elle était excellente comédienne.
— Elle m’a tout de même sauvé de la morsure de ces créatures, en prenant +le risque de révéler le fait qu’elle est magicienne...
— Elle devait savoir que, sans toi, elle n’avait aucune chance de sortir de la +forêt ? proposa Samantha. +

Il devait admettre que l’argument était plutôt logique. Elle avait eu +l’air aussi horrifiée et effrayée que lui de rencontrer ces créatures. +Mais avait-il vraiment observé ? Il avait vraiment du mal à imaginer +Sélène en complice de meurtre et en comploteuse. Mais si c’était +vrai ?
— Cependant je reconnais, reprit Uhr, interrompant ses pensées, que si elle +savait à propos de ces créatures, il aurait été plus malin d’attendre le convoi +officiel une semaine plus tard. Sauf si elle avait une raison de quitter la +province au plus vite...
— Vous pensez encore sérieusement qu’elle a quelque chose à voir +là-dedans ? insista-t-il.
Uhr haussa les épaules.
— Disons que je reste pour le moment réservé sur ce sujet. +

— En dehors de cela, ajouta Samantha, on peut tout de même noter un +point important : deux autres personnes sont au courant pour les araknes, +les deux elfes dont tu m’as parlé.
— Oui. Et elles se rendent, au château du duc De Vane, pour ce fameux +tournoi de tir à l’arc. Je leur ai conseillé de ne pas passer par les grandes +villes. Pourquoi ? Vous voulez leur parler aussi ?
— Oh, je suis peut-être un peu paranoïaque. Je ne pense pas qu’« on » +cherche à les faire disparaître, mais... penses-tu qu’elles arriveront saines et +sauves à leur destination ?
Zach marqua une seconde de pause, le temps de se remémorer les flèches +acérées de l’une et l’épée tranchante de l’autre.
— Ça devrait aller.
— Cela dit, interrompit Uhr, l’idée d’aller leur parler n’est pas si absurde. +Ne serait-ce que pour les prévenir. Mais nous n’en avons pas le temps, nous +avons une autre mission en vue.
Samantha se leva.
— Oui. En ce qui me concerne, je vais... aller envoyer un message.
Elle jeta un regard à son compagnon, qui sembla comprendre.
— Pardon ? Comment ça ? demanda Zach.
— C’est un peu compliqué à expliquer pour le moment. Par contre, c’est + + +trop épuisant pour qu’en plus de cela, je monte la garde ce soir. Ça ira à +vous trois ?
— Euh oui.
— Je commence, proposa Uhr. +

Il y avait eu un peu trop d’informations ce soir pour qu’il se préoccupe +de ce détail. Il vérifia rapidement l’état du feu et s’enroula dans sa +couverture. Il vit Farl faire de même. Il remarqua alors que le jeune +ménestrel était resté silencieux durant la fin de la conversation, +probablement épuisé lui aussi. +

Farl +

La journée s’était déroulée sans encombres, et ni Zach, ni ses deux +compagnons n’avaient abordé leur affaire compliquée. L’ambiance était +plutôt détendue, et ils avançaient plutôt efficacement, même si les chevaux +n’allaient pas aussi vite que sur un vrai sentier. +

On était en fin d’après-midi. Il commençait à faire chaud, et la petite +rivière qu’ils venaient d’atteindre avait un côté rafraîchissant rien qu’à la +regarder.
— Est-ce la rivière dont tu nous as parlé ? demanda-t-il.
— Oui, répondit Zach. C’est l’un des nombreux cours d’eaux qui se jettent +dans l’Indécise, la fameuse rivière qui serpente dans toute la région. Celui-là +n’a même pas de nom, à ce que je sache. Nous avions traversé par un gué, +qui doit être un peu en amont, suivez-moi. +

À mesure qu’ils avançaient, il avait l’impression que Zach n’était +pas très à l’aise. Lorsqu’ils mirent pied à terre devant le fameux +gué, +

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