X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=cc8401623e2de5a998dc4d352e3cce9b2d38f08a;hb=c4c2b0fc59676da85d8eada1a5cc6d17614ca0c8;hp=83d5a42cd2b9575750d1a3bcd8908240ea521390;hpb=9ddfbb74fff4dfd3eee111084f813ad83c5e988f;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index 83d5a42..cc84016 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - +
@@ -25,18 +25,18 @@ --
+ Sélène
- Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+ Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur
de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux
longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
- Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+ Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici ; et Sélène était ravie de
s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
@@ -45,7 +45,7 @@ s’en d
vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
- Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+ Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
@@ -54,13 +54,13 @@ retenu sa passion pour la lecture, se disant qu’au fond, en lisant, elle
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
- Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+ Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
- Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+ Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
@@ -68,7 +68,7 @@ militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et l
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
tout.
- Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+ Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
@@ -79,27 +79,27 @@ main. En fait, ce panneau avait
chose ?
- Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+ Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie !
- La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
+ La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités
maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés
vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit ? Le brûler ? Le
ramener à ses parents ? ... Le lire ?
- Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son
+ Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant ? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
- Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+ Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
- Silwë
- La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira. La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira. Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+ Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement. Uhr
- Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
+ Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
@@ -191,7 +191,7 @@ nombreux coups. Leurs cheveux boucl
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
citadin.
- Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+ Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter. Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+ Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
@@ -214,9 +214,9 @@ d
défaut ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
- Irdann
- Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+ Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
@@ -224,12 +224,12 @@ pouvoirs
quelqu’un sur place en une parole.
- L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+ L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
- — Hm... prêtre Khil ? — Hm... prêtre Khil ? Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+ Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
@@ -284,7 +284,7 @@ class="newline" />— Vous avez eu
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil. Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+ Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif ? Il devait être redoutable sur un champ
@@ -299,9 +299,9 @@ class="newline" />— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon
verrons bien. Farl
- Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+ Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
@@ -309,7 +309,7 @@ silencieusement, il gravit les
s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
- Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
+ Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas
les moyens de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité.
Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait
@@ -319,7 +319,7 @@ dans le sac ne l’avait pas d
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
- Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
+ Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées – et
surtout ses nuits – à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
@@ -327,14 +327,14 @@ furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards
et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
- Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+ Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes ? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
- Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+ Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
@@ -345,7 +345,7 @@ Il sortit de son petit sac
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
- Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+ Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier ? Avait-il escaladé ? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset. Zach
- — Bon, allez, on fait une pause ? — Bon, allez, on fait une pause ? Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+ Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
- C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+ C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause ! Zach, savait qu’il avait été trouvé
@@ -393,7 +393,7 @@ adopt
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
- Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+ Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
@@ -407,11 +407,11 @@ masquaient l’int
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir. Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+ Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea : Il réfléchit quelques instants. Il réfléchit quelques instants. Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+ Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre. Aldariel
- — Oui, Aldariel, tu voulais me voir ? — Oui, Aldariel, tu voulais me voir ? Samantha
- La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
+ La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
- Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+ Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà ! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
@@ -484,13 +484,13 @@ survivants de son village, d
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
- Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+ Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
- Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+ Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
@@ -498,14 +498,14 @@ rouge vif, sans manches, aux larges bordures dor
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
- Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+ Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
- Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+ Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
@@ -513,13 +513,13 @@ et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
- Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+ Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
- Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+ Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
Il hocha la tête et prit une gorgée supplémentaire. Tout cela était
prometteur.
- Irdann
- Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et
+ Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
@@ -941,7 +941,7 @@ soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se d
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
- La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+ La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
@@ -949,7 +949,7 @@ de ma
et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
soit.
- Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+ Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée. Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+ Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe !
C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
@@ -990,9 +990,9 @@ des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le
temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
guider hors de la pièce.
- Uhr
- Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+ Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
@@ -1000,7 +1000,7 @@ autres. Aucune d
un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
- Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+ Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
@@ -1011,14 +1011,14 @@ enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il
avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
lui ? Resterait-il à la garde toute sa vie ?
- Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
+ Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien. Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
+ Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
tenue de novice l’intriguait. Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+ Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
blason. Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+ Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
- Silwë
- La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
+ La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! Certes, elle
@@ -2895,6 +2895,118 @@ sans cacher son b
glacé.
Uhr
+ Mais que faisait Farl ? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
+Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long ? Il soupira. Et s’il
+lui arrivait quelque chose ? S’il était vu ? Le couvrir serait très
+
+
+compliqué... À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
+coups nets sur la porte d’entrée. La silhouette sombre et familière
+de Farl se profila. Il sursauta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas
+seul, et fut d’autant plus surpris de reconnaître la personne qui
+l’accompagnait. — J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que
+la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au
+moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi
+je n’ai pas pensé à vous en parler. Et que je suis allée vérifier par
+moi-même... Samantha
+ Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
+personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
+
+
+Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
+Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
+ Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle. Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui
+n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un
+certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois
+ou quatre feuilles, écrites à la main, qui ressemblaient à des notes de
+recherche.
+ — Effectivement, il m’avait parlé de ça... Regardez. Ce document n’est pas
+de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
+vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
+bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+rivière. Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
+sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
+les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
+semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
+sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
+seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
+n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
+quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
+chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
+théorie.
+ — Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt ? Comment ? Ils firent une pause pour faire le point. Si Septim avait cherché à cacher
+les découvertes de Mortag, c’est que quelqu’un était vraisemblablement en
+train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement. Alors qu’il s’accroupissaient tous les deux pour préparer le feu –elle
n’avait pas sa technique, mais elle apprenait vite–, elle aperçut, dans son
-
-
dos, quatre disques rouges, brillants, dans l’ombre. Elle se redressa
subitement. La plus grosse des créatures bondit, et vint s’embrocher sur son épée et
y resta. D’un geste ample, il dégagea le corps inerte de la bête de son arme
@@ -3038,11 +3148,11 @@ terrible.
les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux
s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée
délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène
+
+
étaient de nouveaux normaux. Quelques gouttes de sueur perlaient de son
front. Elle le regardait intensément.
Tremblant, il posa sa main sur la sienne. Une partie de lui-même lui
-
-
criait de s’enfuir pendant qu’il en était encore temps. Qu’il risquait de
tomber sous son charme. Qu’elle était en train de l’ensorceler. Une autre
voix, plus raisonnable, lui posait des milliers de questions. Les sorciers
@@ -3074,12 +3184,12 @@ d’une fl
class="newline" />— Ça me dit quelque chose... je crois que j’ai vu ça dans un livre. Des
araknes, si mes souvenirs sont bons ? Attention, là ! Elle recula encore de quelques pas, l’arc tendu. Plus d’autre arakne en
vue. Elle se tourna alors vers son amie, agenouillée au sol, le visage crispé
@@ -3111,12 +3221,12 @@ class="newline" />La lueur, qui diminuait, semblait venir de derri
des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis
que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur
+
+
Silwë.
Zach
Son adversaire était plus petit que lui, mais il parait ses coups avec
-
-
précision. Il ne devait pas le sous-estimer. Sur le troisième coup qu’il lui
porta, il sentit pourtant une certaine faiblesse dans la parade. Maintenant le
contact de sa lame contre la sienne, il força son adversaire à écarter son
@@ -3147,12 +3257,12 @@ bleus marquaient un m
pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine,
finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu
+
+
étrange, en apparence très léger, qu’il n’avait jamais vu. Son regard
se porta vers son avant-bras. La blessure qui s’y trouvait rappelait
beaucoup une autre qu’il avait subie il y a très peu de temps... Elle
aussit s’était battue contre des araknes ? Le souvenir de la douleur
-
-
associée lui donna des frissons, et il desserra très légèrement son
étreinte.
Reprenant ses esprits, il appuya légèrement la lame contre sa
@@ -3185,11 +3295,11 @@ d’inqui
reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas.
Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle
aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le
+
+
menacer à son tour.
L’homme sembla hésiter. Si Aldariel décidait de le tuer, il avait de
toutes façons le temps de l’égorger avant de mourir. De même, il
-
-
pouvait choisir de la tuer elle, mais le payerait de sa vie. Il sembla
choisir la solution raisonnable. Elle le vit éloigner lentement son épée
de sa gorge, sans la quitter des yeux. Mais il ne l’avait pas encore
@@ -3223,11 +3333,11 @@ class="ecti-1095">S Sélène obéit instinctivement et fit un pas rapide vers la droite. Une
+
+
énorme arakne bondit à l’endroit où elle se tenait quelques secondes
plus tôt, et y fut accueillie par une flèche droit dans un de ses yeux.
La bête continua sa course et s’effondra, inerte, aux pieds de Zach,
-
-
stupéfait. Une seconde créature, arrivant du même endroit, se dirigea
droit vers elle. Avant de lui laisser le temps de réagir, elle reprit le
contrôle de sa boule de feu –toujours suspendue dans les airs, là où elle
@@ -3259,11 +3369,11 @@ class="ecti-1095">Aldariel Comme répondant à sa pensée, elle vit la silhouette familière passer
@@ -3296,11 +3406,11 @@ classique chez les mages. Le son de l’eau qui coule se fit rapidement entendre, et la large rivière,
@@ -3372,8 +3482,6 @@ peut-
class="newline" />— C’est une longue histoire, je vous explique après, promis. Est-ce qu’on
peut se mettre en sûreté d’abord ? — On peut peut-être s’arrêter là ? Il commença à s’installer près de Sélène, qui à son grand soulagement,
semblait toujours dormir paisiblement. Aldariel lui tendit ce qui ressemblait
à un drap léger. Il avait eu une attitude très... protectrice vis-à-vis de la magicienne.
Prenait-il son travail très au sérieux, ou était-il réellement attaché à elle ?
Si elle avait été sûre que le langage corporel des humains était le même que
@@ -3591,8 +3699,6 @@ class="newline" />— Que se passe-t-il 
class="newline" />— Rien, c’est juste ton tour de veiller. Allongée dans sa couverture –qui avait une odeur... d’humain ?–, elle
mit quelques minutes à s’endormir, malgré la fatigue. Le calme était revenu
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
@@ -3623,12 +3729,12 @@ sacr
vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou
ailleurs.
Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes
+
+
d’ailleurs ? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais
les elfes ayant la réputation d’avoir une grande longévité, ça ne
voulait peut-être pas dire grand chose... Elles dormaient l’une contre
l’autre. Pour le froid, ou y avait-il plus que de l’amitié entre elles ? Il
-
-
ne connaissait les mœurs des elfes que de réputation, et on disait
des choses bien étranges sur leur sujet... Il fit mentalement la liste
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
@@ -3660,11 +3766,11 @@ courbettes. Ou c’
faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas,
elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi
efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait
+
+
entendu le son de son arc se détendre dans son dos. Fort heureusement,
elle avait estimé que l’arakne était une meilleure cible que lui... Il
frissonna.
-
-
Il y a quelques jours, il n’aurait jamais admis, ni même imaginé une
seule seconde avoir peur d’une femme. Et pourtant, les trois qui étaient
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
@@ -3696,11 +3802,11 @@ avait parl
temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme
celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle
haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse
+
+
peur ?
La fatigue l’envahit à nouveau, interrompant ses pensées. Il ferma les
yeux, et s’endormit à son tour.
-
-
Silwë
@@ -3733,12 +3839,12 @@ D’o
savoir...
Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
+
+
avec une épée d’ailleurs... Ah si elle avait été valide, elle ne se serait
pas retrouvée immobilisée aussi facilement. Elle prendrait bien sa
revanche, mais l’attaquer n’était pas forcément la meilleure façon de lui
montrer ses bonnes intentions... d’autant qu’il semblait se méfier
-
-
un peu d’elle. Et... aurait-elle le dessus, en fait ? Ce n’était pas
clair...
— Vous avez vraiment mont
class="newline" />— Oui. Nous nous sommes relayés... C’est pourquoi Zach et Aldariel
dorment encore. Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une
+
+
cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il
portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume
ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s’approchait du château
du seigneur Assem, qui ferait une bonne étape pour la nuit. Peut-être
-
-
pouvait-il rester quelques jours pour se reposer, après la traversée épuisante
de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
@@ -3843,12 +3951,12 @@ class="newline" />— Voici notre fille, S
seigneur de la capitale, et nous la voyons peu. Il ferma soigneusement la porte de la chambre de Sélène, après avoir
demandé à n’être dérangé sous aucun prétexte. Puis il fit le tour de la
pièce. Ça n’allait pas être simple, et il le savait. Ne connaissant pas
personnellement la jeune femme, il lui fallait trouver un objet très
-
-
personnel, auquel elle était attachée émotionnellement. Mais lequel ? Un
vêtement ? Un bijou ? Un livre ? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
@@ -3916,12 +4024,12 @@ magie, si elle ne venait pas des dieux,
office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question.
Et puis il avait commencé à vivre à la capitale... où se côtoyaient toutes
+
+
sortes d’êtres –presque– sans frictions et où la magie était une pratique
courante –il y avait même une université pour l’apprendre ! Le contraste
avec cette région était si saisissant... À la garde, maître Ernest ne
faisait même pas la différence entre les hommes et les femmes, alors
-
-
qu’ici...
Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
@@ -3951,12 +4059,12 @@ fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait
dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il
se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient
qu’elle était toujours en vie, ce qui était rassurant, mais les variations
+
+
de rythme le perturbaient. Cette accélération soudaine, il y a une
demi-heure, était-elle due à un moment de peur ? Un effort physique
immédiat ? Un émoi ? Un danger ? Tout s’était calmé rapidement...
Impossible de savoir évidemment, mais cela donnait une sensation
-
-
étrange, voire vraiment gênante. L’impression d’être dans l’intimité
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
@@ -3989,12 +4097,12 @@ class="ecti-1095">
class="ecti-1095">ène Assise en tailleur, Sélène observait le contenu du petit chaudron, posé
sur un feu, qui se trouvait devant elle. Depuis la veille, ils avaient décidé de
+
+
faire route avec les deux elfes, qui s’étaient avérées d’agréables compagnes
de voyage. Elles étaient aussi à l’aise en forêt que des poissons dans l’eau,
plus encore que Zach. Aldariel, assise en face d’elle, lui avait parlé de
recettes de potions à base de plantes, et Sélène avait été enthousiaste à
-
-
l’idée de les partager. Elle détendit ses jambes. Sa robe n’était plus aussi impeccable qu’au
départ... Toutes les broderies du bas étaient sales ou abîmées à force de
marcher dans la forêt, et une longue déchirure verticale remontait jusqu’à
son genou gauche. Il y a une semaine, elle aurait trouvé ça presque
-
-
indécent, mais à présent elle s’en moquait. Ses courbatures et ampoules
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
@@ -4098,12 +4206,12 @@ class="newline" />— En garde !
class="ecti-1095">Silw Elle avait à la fois redouté et espéré ce moment. Mais elle s’était fait
+
+
piéger, et n’avait pas l’intention de reculer maintenant. Ils passèrent
quelques instants à se mesurer du regard. Zach tenait son épée, un peu plus
courte que la sienne, à une main. Sa position de garde était impeccable. Il
semblait hésiter à porter le premier coup. Était-il aussi sûr de lui
-
-
qu’il en avait l’air, finalement ? Elle prit une grande inspiration
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
@@ -4134,12 +4242,12 @@ de ce style, elle savait aussi, et n’h
profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main
permettaient.
Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
+
+
difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son
épée était mieux équilibrée, ou plus longue. Sa technique était juste
irréprochable. Sur les trois échanges qui suivirent, il ne parvint à en gagner
qu’un, de peu.
-
-
Leurs lames s’entrechoquèrent à nouveau, et glissèrent jusqu’à la garde.
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
@@ -4171,12 +4279,12 @@ cherchait
Pourquoi s’énerver ainsi ? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit
quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis
brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la
+
+
poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son
poignet qu’il maintenait toujours fermement, et la torsion infligée lui fit
lâcher son arme à son tour. Ils se redressèrent rapidement, en souriant
toujours. Le jeu continuait.
-
-
Elle s’était déjà entraînée à lutter, y compris contre des adversaires
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
@@ -4207,12 +4315,12 @@ ainsi.
Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras
+
+
et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos. Sélène
-
-
Qu’avait-il dit déjà ? Que Silwë tenterait de... discuter pour leur laisser
le temps d’arriver ? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
@@ -4353,6 +4463,8 @@ jours... Irdann
La tension semblait s’être apaisée, même si le guide semblait encore très
mal à l’aise. Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart.
+
+
Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à
bonne distance. Il lui sembla qu’elle lui effleura le bras, puis tourna
le dos à son guide et se dirigea droit vers lui. Son visage semblait
@@ -4496,12 +4610,12 @@ class="newline" />— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai gran
de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle
sujet... Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait
à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
+
+
village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
attroupement, vraisemblablement humain, ainsi que ce qui ressemblait à des
feux. Irdann
Il sentait que la jeune femme n’était pas très à l’aise avec lui. En même
temps, il pouvait la comprendre... Sans Silwë pour parler en sa faveur, elle
n’aurait probablement jamais accepté de venir avec lui, sans compter les
-
-
difficultés à s’expliquer avec ses compagnons. La situation était étrange
pour lui. Il avait tant entendu parler d’elle, mais sans jamais la voir.
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
@@ -4680,8 +4794,6 @@ class="newline" />— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander q
class="newline" />— Oui, bien sûr. La diversion de la route tombait à pic. Elle hésitait à aborder le sujet
-
-
des araknes avec lui. Pourtant, ils devaient en parler à quelqu’un, prévenir...
Mais qui, et comment ? Qui la croirait ? Il faudrait qu’elle explique aussi
comment elle savait tout cela sur ces créatures, et ce qui s’était passé...
@@ -4752,12 +4862,12 @@ armes. Cela fait aussi partie du jeu. — Qu’est-ce que c’est que ça ? Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était
-
-
toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchait d’elle, l’arme
en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
@@ -4824,11 +4934,11 @@ n’
des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se
retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un
instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau
+
+
qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
temps d’une fraction de seconde, et il se plaça entre elle et l’autre
brigand.
-
-
Irdann
— Sélène ! Aldariel
Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
@@ -4935,10 +5043,26 @@ retour sur le sentier. Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
+laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
+sans demander son reste.
+ Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin.
+ Irdann
+ — Oh, tu es blessé ?
— Encore raté...
— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin !
Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
@@ -139,7 +139,7 @@ vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris,
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-
— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle ?
— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il ?
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-
— Là, regardez !
Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
@@ -203,7 +203,7 @@ class="newline" />— On peut juste attaquer. Tu r
va !
Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-
Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
@@ -256,7 +256,7 @@ ensuite son
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas ?
-
— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
nombreuses aventures...
-
Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
-
— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.
Farl le regarda, les yeux brillants.
-
À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
@@ -382,9 +382,9 @@ class="newline" />— Parce que c’est avec lui que la fille du cordonn
l’autre soir.
— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
couper du bois.
-
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ?
-
— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ?
-
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ?
-
— D’accord.
-
La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d’une robe
mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs
cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père
@@ -466,16 +466,16 @@ plut
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc : une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.
Le visage d’Aldariel s’illumina.
-
— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.
L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
@@ -957,7 +957,7 @@ blanche, avec dans un
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.
— C’est vous le novice du temple de Melna ? Il vous attend. Venez.
-
— Celui-ci est libre ?
— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue ?
— Oui. Je m’appelle Irdann.
-
— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-
— D’où te vient cette arme ?
— De toutes fa
soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-
La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.
— Tu dors ?
— Non. Je m’inquiète pour Farl.
Elle hocha la tête.
— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...
— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non ? Il n’a
+aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
+
— Zanakielle ! Mais...
À son tour, elle marqua un instant de suprise.
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi ?
Il hocha la tête.
— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...
Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
+Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il
+fallait désormais appeler un crime.
+
Elle fit une pause, et détourna le regard de la lumière de la bougie,
+étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.
— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.
— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant ?
+
— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
+conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
+cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
+ces objets.
La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
+de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
+légèrement, et elle parut gênée.
— Excusez ma réaction. C’est idiot.
— Il n’y a pas de mal, la rassura-t-elle. Toujours est-il que j’ai la certitude
+que Septim est vivant, contrairement à...
Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas,
+leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était
+terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire ?
— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé ?
Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
+de papiers, et un collier ouvragé. Le visage de Zanakielle était de
+nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous
+trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle
+tâche.
+
Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
+taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
+
+
+l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous,
+avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
+une note : « araknes ? ».
— Qu’est-ce que cela ?
— Les araknes sont des créatures aujourd’hui disparues. Des sortes
+d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent !
+
— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
+dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.
— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
+qui travaille sur le sujet et ses documents ? Ajouta Zanakielle.
Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
+pour faire une remarque.
— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
+il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et
+profondes pour y loger ces bestioles... non ?
+
— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
+ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+pauvre créature disparue.
— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôle d’une façon ou d’une autre ?
+Proposa Samantha.
— Zach ! Derrière toi...
— Attention !
Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
et Sélène, et sortit son couteau de sa botte. Deux adversaires humains, il
-
-
avait déjà fait, mais deux bestioles comme ça...
Deux autres bêtes s’approchaient à grande vitesse. Silwë bondit, et cueillit
+
+
au vol la première. Aldariel voulut armer une flèche, mais elle était trop
près pour avoir le temps de viser. Elle fit deux pas rapides en arrière pour
tenter de gagner du temps. La créature avait bondi. Alors qu’elle tentait
d’esquiver, elle vit son amie, à sa gauche, s’interposer, et son épée la
-
-
transpercer d’un coup d’estoc.
— Et on fait quoi ?
Aldariel haussa les épaules.
— Rien, elle a juste besoin de se reposer. Nous aussi de toutes façons, et il
+
+
faut qu’on se mette à l’abri, rien ne nous dit qu’il ne va pas y avoir d’autres
araknes.
— Elle avait dit... que ces bestioles ne supportaient pas l’eau pure, et qu’il
-
-
fallait trouver une rivière. De mémoire, il y en a une dans cette
direction.
Elle hocha la tête, tout en ramassant ses flèches aux alentours. Cela lui
@@ -3332,11 +3442,11 @@ bras.
araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se
passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité ? Lui pardonnerait-elle, entre
autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée ? Et
+
+
si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole ? Il détestait se sentir ainsi,
à la merci de ces deux inconnues. Mais avait-il le choix, de toutes
façons ? Il était le seul assez fort pour pouvoir porter facilement
-
-
Sélène. À bien y réfléchir, il n’aurait pas laissé quelqu’un d’autre le
faire.
L’archère, devant lui, hocha la tête, et se remit en marche.
-
-
Les deux elfes regardèrent les alentours, et hochèrent la tête. Ils étaient à
une trentaine de mètres de la rivière. Il vit les deux jeunes femmes le jauger
@@ -3406,11 +3514,11 @@ class="newline" />— En effet. Nous avons, comme vous,
J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner.
Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la
+
+
dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle
défit la bande de cuir qui entourait son poignet droit. La peau était
intacte, mais le cuir marquait de profondes entailles. Il soupira et
-
-
continua.
— La magie fait très peur, dans nos contrées. Les magiciens sont
pourchassés et brûlés vifs... Jusqu’à ce moment, j’ignorais qu’elle
@@ -3443,11 +3551,11 @@ class="newline" />— Elle, oui. En ce qui me concerne, j’ai pass
donc ce n’est pas une nouveauté pour moi...
Devant son regard supris, elle expliqua.
— J’y ai appris le maniement de l’épée. C’est d’ailleurs pour ça, et
+
+
pour mon expérience humaine, que j’ai eu l’honneur d’escorter notre
princesse.
Elle adressa un sourire amusé à Aldariel. Elle était donc bien une princesse,
-
-
comme elle lui avait annoncé –il eut un léger frisson– à la pointe de sa
flèche... Il se demanda s’il devait la traiter en tant que telle. Son
« garde du corps » ne semblait pas s’encombrer de protocole, mais
@@ -3480,6 +3588,8 @@ class="newline" />— Celle qui tient dans ses serres un cadavre de mulot
— Mmm... Et dans ce buisson à droite, tu distingues quelque chose ?
— Il y a ce qui ressemble à une entrée de terrier, et un renard semble en
+
+
sortir avec prudence. Ah, il vient de rentrer...
Nouveau regard entendu, presque inquiet. Il avait l’impression d’avoir fait
quelque chose de mal, mais quoi ? Silwë reprit la parole.
— Bon, je prends la première garde. Allez dormir.
— D’accord, je prendrai la suivante, ajouta-t-il.
— Je m’occuperai de la dernière.
-
-
Il se leva, s’étira et ramassa son épée. Puis il lui tendit la couverture et
s’éloigna rapidement pour trouver un point d’où surveiller le campement.
-
-
Elle hocha la tête. Beaucoup trop de questions lui venaient à l’esprit, elle ne
+
+
savait pas par où commencer. Peut-être par la plus critique ?
— Si je ne me trompe pas, vous êtes des elfes sylvaines ?
— En effet.
Irdann observa le portrait. La damoiselle devait avoir une quinzaine
d’années quand le tableau avait été peint. Des longs cheveux châtains
+
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tressés avec des rubans, de jolis yeux noisette, et une longue robe de couleur
crème, brodée d’or. Un air sage, convenable à une jeune fille de son
rang.
— Elle devait nous rendre visite, seule car son époux est très occupé, et a
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préféré ne pas attendre le carosse et l’escorte de soldats que nous lui
envoyions d’habitude. Mais elle devrait déjà être arrivée, depuis plusieurs
jours déjà...
Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.
— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
noble paladin.
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— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.
Sélène sourit.
— Bien défendu, mais tu t’es fatiguée trop vite...
Elle ne répondit pas de suite, trop occupée à retrouver sa respiration. Puis
elle se tendit soudainement. Au même instant, il lui sembla entendre un
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bruit inhabituel. Un cheval qui renâclait... Il recula rapidement dans un
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.
— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.
— C’est moi ou il a l’intention d’aller droit vers le campement ?
Il avait à peine prononcé les mots, mais l’elfe semblait avoir compris. Ils se
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regardèrent, inquiets. Puis elle secoua la tête, se leva et se pencha vers son
oreille.
— File chercher du renfort. Je vais essayer de lui parler pour le retenir.
qu’il fasse vite...
— Stop ! Où vous rendez-vous comme ça ?
L’homme, la voyant se placer sur son chemin, dégaina aussitôt ses armes, et
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se plaça en position défensive.
— Je suis à la recherche de dame Sélène, et aucun obstacle ni aucun homme
ne m’éloignera de ma route.
Elle frissonna. Il avait dégainé l’épée de la main gauche juste avant la main
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droite... Cela lui rappelait quelqu’un...
— Qu’est-ce que vous lui voulez ?
C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
@@ -4314,14 +4424,14 @@ l’espace d’un battement de cils, elle avait arm
arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière
l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux
détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un
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bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être
compliquées...
Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant
ses compagnons non plus...
— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé
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un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous
pouvez donc les rassurer, je vais très bien.
Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement.
Il s’inclina l
class="newline" />— Leur troisième fils.
Elle réfléchit quelques instants. Il ne lui semblait pas l’avoir déjà
croisé, plus jeune, or elle avait déjà fait connaissance avec toute
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l’aristocratie locale, incluant –surtout– les potentiels jeunes hommes à
marier.
— Mais... pourquoi n’ai-je jamais entendu parler de vous ?
— Dès l’âge de dix ans, j’ai été envoyé dans un temple de la capitale, pour
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y devenir un paladin. Je n’ai presque pas revu ma famille depuis, et ai
conversé avec eux essentiellement par courrier.
Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
@@ -4424,13 +4536,13 @@ guid
class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
revanche, semblait extrêmement réticent.
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— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... Les châteaux, les
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courbettes, ce n’est pas vraiment fait pour moi. Allez-y sans moi.
Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.
— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
@@ -4461,6 +4573,8 @@ de belles paroles,
toujours ainsi ?
Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite
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pichenette sur le front.
— Et alors ? Ça change quoi ?
Elle bondit sur une branche un peu plus loin, un peu plus haut. Il soupira,
et se hissa à son tour là où elle était assise quelques instants plus
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tôt.
— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas !
— Euh...
Refusant sa main, elle bondit à nouveau sur sa branche, et profita de son
élan pour le pousser à son tour. Déséquilibré, il se rattrapa des deux bras
à la branche sur laquelle il se trouvait un peu plus tôt. Aldariel,
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toujours debout sur cette même branche, l’observait d’un air critique. Il
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.
Il lui adressa un sourire de reconnaissance, puis se rua en bas.
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Elle soupira.
— Je ne sais pas monter à cheval, et je ne suis pas très à l’aise en selle. Et
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en plus, je crois qu’on fatigue inutilement votre monture, qui a déjà bien du
mal à avancer dans cette végétation dense. Vous ne croyez pas qu’on serait
tout aussi bien à pied ?
S
Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
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arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.
— Place-toi derrière moi.
En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde,
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surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
rageant de ne pouvoir l’aider. Elle n’avait même pas son bâton de marche
pour se défendre...
@@ -4788,12 +4898,12 @@ simplement peu press
changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage
et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant,
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planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut
et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de
douleur.
— Besoin d’un coup de main— D’épée, plutôt.
Leurs adversaires semblèrent surpris une seconde de ce retournement de
situation. Il reprit courage. Il n’était plus seul... Ils se placèrent dos à dos,
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et firent face aux brigands.
— Comme au bon vieux temps, Irdann ?
— Comme au bon vieux temps !
@@ -4896,12 +5004,12 @@ toujours vivant –du moins pour le moment–, allong
gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc
pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts
de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir
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manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus–
lorsqu’il s’agit d’une princesse à l’air innocent, délicat et fragile.
— Je vous en ai gardé un.
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— Qui vous a dit ça ? interrogea Irdann.
— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je
ne sais rien ! Laissez-moi partir !
Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, les compagnons se
-regardèrent.
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+class="newline" />Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, les compagnons se regardèrent.
+Aldariel se pencha vers Irdann.
— Tu as parlé de ton expédition à beaucoup de monde autour de
+toi ?
Il haussa les épaules.
— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...
— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
+gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.
— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
+Silwë.
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Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
+trébucher. Il retint une grimace.
— On dirait.