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Sam ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quelques villageois l’avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval c’était infiniment plus confortable, et pour marcher dans ce chaos avec une -robe longue, ça aurait vraiment été un enfer...
— Regardez, sur la gauche !
Elle releva la tête. Uhr, qui marchait devant elle, montrait du doigt un renfoncement rocheux important.

— Qu’est-ce que c’est ? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble ? demanda Farl.
— On dirait, répondit Uhr. — Ça pourrait peut-être être naturel... Tu en -penses quoi, Zach ?
— On dirait, répondit Uhr.
— Ça pourrait peut-être être naturel... Tu en penses quoi, Zach ? +
Il ne répondit pas et examina le buisson et la mousse que le soldat avaient dégagés. La mousse poussait partout sur la paroi rocheuse, tout comme ce genre d’arbuste. Il désigna ses racines.
 

Il n’y avait ni poignée, ni serrure à l’étrange porte, et aucun mécanisme n’était visible sur les parois alentours.
— Soit c’est un accès qui a été condamné, soit elle ne s’ouvre que de -l’intérieur. Il semble que ce pan de rocher est appuyé de ce côté +l’intérieur. Il semble que ce pan de rocher est appuyé de ce côté, proposa Farl.
— Ce qui signifie, dans les deux cas, qu’il y a un autre accès, compléta Uhr.
— Tu as vraiment envie de voir ce qu’il y a derrière cette porte ? lui demanda Uhr en souriant. Pas peur des mages ou d’autres créatures + + démoniaques ?
— Maintenant qu’on est arrivés jusque là, ce serait dommage de s’arrêter non ? répondit-il en souriant à son tour. @@ -8349,8 +8352,7 @@ class="newline" />— On dirait qu’il y a un l qui s’était agenouillée.
— Ça ne nous aide pas beaucoup, rétorqua Farl. Si la dalle n’était pas trop grosse, on pourrait peut-être utiliser un levier, mais...
— Nous non, mais avec un peu d’aide divine...
+class="newline" />— Nous non, mais avec un peu d’aide divine...

Samantha se tourna vers Zach et le dévisagea un moment. Puis elle se tourna vers Uhr en le pointant du doigt.
— Je n’avais pas pensé à... lui.
Il sourit.
— Elle est mieux que ça. Ou peut-être pire, ça dépend du point de vue. Tu vas voir.
— On peut regarder ? demanda-t-il inquiet.
— Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu’on -ne la dérange pas. Et ne t’inquiète pas pour les menaces qu’elle a -proférées à ton encontre, elle foudroie rarement les gens sur place, en -vrai. +class="newline" />— Oui. Elle a dit que ça ne posait pas de problèmes, mais qu’on ne la +dérange pas. Et ne t’inquiète pas pour les menaces qu’elle a proférées à ton +encontre, en général, évite de foudroyer les gens, ce n’est pas très +discret.

Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir l’entrée de la grotte, et Sam qui s’affairait au pied de l’ouverture. Puis, elle @@ -8418,19 +8420,560 @@ fort, comme lorsqu’un rideau couvrant une fen pleinement entrer la clarté du jour. Et aux pieds de Sam, dans la terre fraîchement retournée, une pousse, puis deux commençèrent à sortir. -

Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous la dalle -de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les plantes semblaient -suivre les accents de son chant, mais bientôt un bruit sourd couvrit sa voix. -Lentement, doucement, les racines et les branches qui s’affermissaient -poussaient, soulevant la dalle sur un côté. À force d’être soulevé, et uu bout -d’un temps qu’il n’aurait pas su mesurer, le pan de pierre sembla -perdre son équilibre et bascula vers l’arrière, s’écrasant dans un grand +

Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous +la dalle de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les +plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bientôt un +bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les +branches qui s’affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un +côté. Après un temps qu’il n’aurait pas su mesurer, le pan de pierre +perdit son équilibre et bascula vers l’arrière, s’écrasant dans un grand fracas. +

Zach +

Il resta quelques instants abasourdi, figé, le regard fixé sur l’ouverture et +la poussière qui s’en dégageait.
— C’est l’œuvre d’un dieu ça... murmura-t-il.
— De la déesse Melna, lui répondit Uhr à côté de lui. Mais tu sais...
Il posa une main sur son épaule.
— Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur les prêtresses.
— Ah ?
— La réalité est bien au-delà, ajouta-t-il en souriant. Allez viens, elle nous +appelle. +

Il suivit Uhr et Farl qui s’étaient élancés vers l’entrée du trou. Il avait +l’impression de commencer à comprendre beaucoup de choses sur Sam, mais +il ne savait toujours pas s’il devait se réjouir ou s’inquiéter de la +situation. Il n’avait de toutes façons pas vraiment le temps d’y réfléchir +longuement, mieux valait profiter du fait qu’elle soit de son côté... pour le +moment. +

Sam s’était assise à côté de l’ouverture, les yeux mi-clos, quelques +gouttes de sueur ruisselant le long de son front. Les trois hommes restèrent + + +silencieux quelques instants devant les deux petits chênes qui avaient, en +poussant, soulevé la dalle de pierre. Celle-ci gisait, fracturée à de nombreux +endroits, sur le sol à l’intérieur de ce qui semblait être une autre grotte. +L’obscurité qui y régnait, en contraste avec la luminosité ambiante, ne +permettait pas de voir l’intérieur, aussi Zach fit-il quelques pas à +l’intérieur. +

Farl +

— Tu y vois quelque chose, Zach ? demanda Farl.
— C’est un couloir taillé dans la roche, répondit-il. Il a l’air de monter puis +part légèrement sur la droite après une vingtaine de mètres... Prenez de +quoi y voir et venez.
— Il a de bons yeux, notre guide, dis donc, murmura Uhr à son +intention.
— Je t’expliquerai. Rejoignons-le vite. +

Farl et Uhr entrèrent à leur tour, munis d’une petite lanterne. Le sol, +plat et quasiment dénué de mousses ou de poussières, indiquait clairement +que ce couloir avait été emprunté récemment. Zach, à peine visible dans le +faible rayon d’action de la lanterne, les avait précédés jusqu’au fameux +coude.
— Tu crois que c’est prudent d’aller au bout de ce couloir ? lui demanda-t-il.
Pour toute réponse, le guide dégaina son épée en haussant les épaules.
— Ce n’est pas comme si on pouvait espérer être discrets...
Il avança un peu plus loin dans l’obscurité. Uhr fit de même et courut dans +le couloir à sa rencontre. Il s’apprêtait à faire de même lorsqu’il +entendit des exclamations et beaucoup trop de bruits de pas pour +deux personnes. Il glissa la lanière de la lanterne à son poignet et +dégaina d’une seule pensée ses couteaux tout en s’élançant à leur +suite. +

Passé ce léger tournant, le couloir continuait encore sur une trentaine de +mètres, puis il s’ouvrait de nouveau sur le jour, si ses yeux ne le trompaient +pas. De cette extrémité, couraient vers eux trois silhouettes, s’ajoutant aux +deux hommes qui se trouvaient à portée d’épée de Zach et Uhr. Des cris +indistincts lui parvenaient.
— Des intrus !
— Ils sont armés !
— Ne les laissez pas s’enfuir !
— Mais d’où viennent-ils ? +

Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et étaient de +toutes façons plus à même de combattre au corps à corps que lui. Il rangea +rapidement ses lames, inutiles, et sortit un dard de lancer empoisonné. Mais +viser correctement risquait d’être compliqué...
— Farl ! cria Uhr entre deux coups d’épée. Repli !
Il connaissait trop bien son compagnon pour douter de la pertinence de son +ordre. Il sortit de l’une de ses poches de sa tunique une fumigène, qu’il +lança à leurs pieds en criant.
— Attention !
Un nuage opaque obscurcit brusquement la lumière venant de l’autre +extrémité. Il vit volte-face et courut vers l’entrée, où Sam s’était relevée en +entendant le bruit et scrutait le tunnel d’un air inquiet.
— Aux chevaux ! lui cria-t-il. +

Juste avant de bondir dans la lumière extérieure, Farl jeta un œil +derrière lui. Uhr courait, sortant du nuage de poussière, tirant par +le bras un Zach qui se couvrait les yeux de la main. Il n’avait pas +eu le temps de le prévenir de l’effet de la fumigène évidemment... +Il rejoignit en quelques bonds Sam, et ils se plaquèrent contre un +rocher en contrebas pour reprendre leur souffle en attendant les deux +autres. +

Au même instant, Uhr jaillit hors du tunnel, sautant par dessus les +arbustes, et traînant toujours Zach qui semblait péniblement reprendre ses +esprits, mais qui heureusement suivait son compagnon sans poser de +questions. À peine quelques secondes derrière eux, leurs adversaires sortirent +eux aussi. +

Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d’un +homme d’une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était +celle d’une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de +cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à +luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. Farl concentra + + +sa prise sur son dard de lancer.
— Attention ! hurla Sam. +

Uhr +

Uhr tourna la tête en entendant le cri de Sam, pour voir un jet de +lumière orangé et blanc jaillir depuis l’entrée de la grotte, dans leur +direction. Il eut à peine le temps de lâcher le bras de Zach pour sauter sur le +côté gauche. Celui-ci, qui entretemps avait récupéré l’usage de ses yeux, +s’écarta sur la droite, mais pas assez vite. +

Le trait incandescent toucha Zach au milieu du dos, dans un +horrible bruit de cuir et de chair brûlés. Celui-ci poussa un cri et tomba +à genoux. Le trait de lumière ondulait toujours autour d’eux, tel +un fouet de lumière brûlante. Uhr se retourna, saisit Zach d’une +main, le chargea sur son épaule et tout en reculant, plaça son épée +entre eux et l’étrange serpent de lumière, prêt à parer un éventuel +coup. +

Le filament de lumière s’enroula brusquement autour de l’épée, et le +métal de la lame devint rouge. Uhr recula –encore quelques mètres et il +serait derrière un rocher– alors que le « fouet » s’élançait de nouveau en +l’air. La chaleur transmise à son arme commençait à lui chauffer la main, +malgré la protection de la poignée de son épée. Quand bien même il +arriverait à parer un troisième coup, il ne pourrait probablement plus tenir +son arme... +

Mais le troisième coup ne vint pas. À la place, la lanceuse de sort poussa +un cri et s’effondra, soutenue par l’homme qui était à ses côtés. Il était +difficile de bien distinguer à cette distance, mais il lui semblait voir un petit +objet métallique planté dans son cou, laissé découvert par son épaisse +armure. Farl. +

Il rejoignit rapidement Sam, qui avait dévalé le massif montagneux. +Semblant sortir du décor, comme à son habitude, le jeune ménestrel +assassin se mit à courir à ses côtés. +

Sam +

Sam ne comprenait pas vraiment tout ce qui s’était passé, sauf une + + +chose bien claire, c’était qu’il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en +questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux +et de monter en selle. Farl et Uhr la suivaient de près, soutenant Zach, qui +semblait à demi-conscient, le visage crispé par la douleur. Au moins il était +vivant, pensa-t-elle avec un frisson.
— Tu penses pouvoir monter à cheval ? lui demanda Farl.
— Je pense que ça ira... répondit-il faiblement. +

Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en +selle.
— Je crois qu’ils ont lancé quelqu’un à notre poursuite, ne traînons pas, +cria Farl.
— Allez vite vers le gué, je vous couvre, répondit-elle tranquillement. +

Elle ferma les yeux un instant. Juste un petit brouillard, une petite +brume locale pour couvrir leur fuite... elle venait d’invoquer un charme +extrêmement puissant, mais si elle pouvait avoir encore un tout petit peu de +grâce divine pour ça... +

Elle pouvait entendre le bruit du galop des chevaux, et déjà, des cris de +rage puis de surprise venant de l’autre direction. Elle ouvrit les yeux, et ne +vit que du blanc à quelques mètres autour d’elle. Elle eut un sourire satisait +et lança sa monture au galop pour rejoindre les autres. Un peu plus et +elle-même les perdait de vue... +

Farl +

Il fermait la marche avec Sam. Il était difficile de savoir si on les +poursuivait avec le bruit du galop des chevaux, mais quelques cris au loin ne +lui donnaient pas beaucoup d’espoirs. Pourtant, si leurs poursuivants avaient +des chevaux, il leur faudrait probablement un peu de temps pour les faire +passer par le passage et descendre le massif... à moins qu’ils n’aient une +autre solution ? +

Devant lui, Zach s’était courbé sur sa monture, qui ralentissait. Sam +le vit, et lui fit un signe. Elle accéléra, et arrivée à la hauteur du +blessé, lui murmura quelque chose et attrapa ses rênes. Guidant son +cheval d’une main et celui de Zach de l’autre, elle leur fit aisément +rattraper leur retard. C’est vrai que Sam avait appris l’équitation avec + + +Uhr, qui était un des meilleurs cavaliers qu’il connaissait... et c’était +heureux. +

Après une course effrénée qui lui sembla durer un siècle, Uhr leur fit +signe de ralentir. Ils étaient sortis du brouillard depuis bien longtemps, et ils +n’entendaient que les bruits de la forêt autour d’eux.
— Inutile de tuer les chevaux. On va continuer plus lentement, en cherchant +plutôt à masquer nos traces.
— On retourne en ville ? Ils ne vont pas nous y trouver ? s’inquiéta +Sam.
— Si. Mais il sera plus compliqué de nous trouver ou d’agir là-bas qu’au +milieu de la forêt. +

Ils se remirent en route au pas. Ils coupèrent d’abord tout droit en +direction du village d’où venait Zach, puis changèrent plusieurs fois de +direction pour brouiller les pistes. Ils marchèrent ensuite dans un petit +ruisseau pendant un moment. L’eau glacée rafraîchissait les jarrets brûlants +des chevaux, tout en ne laissant aucune trace derrière eux. Malgré toutes +ces précautions, Farl passa le reste du trajet à surveiller le moindre bruit +suspect derrière lui. +

Le soir arriva, rien ne s’était passé. Zach était de plus en plus pâle et +s’était contenté, durant le trajet, d’enrouler la crinière de son cheval dans +ses mains pour ne pas tomber. Il fallut le soutenir pour qu’il ne s’effondre +pas en descendant.
— On mange un morceau et on souffle quatre ou cinq heures pas plus, +ordonna Uhr en sortant du matériel des sacoches.
— N’est-ce pas risqué de s’arrêter quand même ? interrogea Sam.
— Les chevaux sont épuisés, inutile de les tuer, nous en avons besoin pour +continuer demain, répondit-il en secouant la tête.
— On va monter la garde je suppose ? Pas de feu ?
— C’est ça. Essayez quand même de dormir un peu, ça ne serait pas inutile. +Comment va Zach ? +

Farl, de son côté, avait aidé le guide à s’asseoir et avait commencé à +dégager son dos. La brûlure formait un trait courbe partant de son flanc +gauche vers le milieu du dos, dessinant un arc qui s’enroulait. Il parvint à +dénouer son armure de cuir, sérieusement noircie, mais il dut déchirer sa + + +tunique pour dégager la plaie.
— Pas terrible, répondit-il. Tu peux faire quelque chose ? +

Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu’ils avaient, mais Uhr, qui avait +appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien +pour une telle brûlure. Il se contenta d’appiquer un baume et un bandage +pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en +faisant le point.
— Si tout se passe bien, nous devrions sortir de la forêt demain en début de +matinée, commença Uhr.
— Et ensuite, que fait-on ? On ne peut pas laisser Zach dans cet état, ajouta +Farl. C’est à cause de nous qu’il est comme ça...
Il lança un regard à son compagnon. Il avait réussi à manger un peu, et +s’était allongé sur le ventre, pâle mais conscient.
— Les médecins sont-ils bons, dans ce pays ? demanda Sam.
— Tu veux vraiment montrer une brûlure comme celle-ci à un médecin ? Il +faudrait lui expliquer d’où elle vient...
— Et je doute qu’il puisse faire des miracles de toutes façons, coupa Uhr. +Ce qu’il lui faut, si on ne veut pas que cette blessure mette des semaines, +voire plus, à guérir, c’est un mage soigneur.
— Il n’y a qu’à la capitale qu’on peut trouver ça, et le trajet est beaucoup +trop long, non ? ajouta Farl.
— Cela ferait d’une pierre deux coups : il faut absolument qu’on +rapporte au capitaine Mazrok tout ce que nous avons vu, fit remarquer +Uhr.
— Tu n’y penses pas... Le trajet est long, dangereux, et pénible pour un +blessé... D’autant plus dangereux avec tout ce que nous avons à raconter, +objecta Farl.
— Que veux-tu faire d’autre ? demanda Sam, un peu énervée. Trouve donc +un soigneur efficace dans la région !
— Il y a Sélène... +

Ils se retournèrent vers Zach, qui avait ouvert les yeux et s’était redressé +sur son coude en grimaçant.
— Tiens, tu as tout suivi ? lui demanda Farl.
Il hocha la tête. Il était toujours aussi pâle. Les trois autres échangèrent un +regard, puis se tournèrent à nouveau vers lui.
— Où est-elle ? demanda Farl.
— Elle est partie avec le paladin, Irdann. Au château de son père, le +seigneur Assem. Je ne sais pas si elle y est toujours... Elle devait partir pour +le fameux tournoi, ou peut-être pas ? Je ne sais plus...
— Mais peut-on lui faire vraiment confiance ? Si elle est de mèche avec nos +adversaires, c’est se jeter droit dans leurs griffes...
— Je suis prêt à prendre le risque, au point où j’en suis, coupa Zach. Et n’y +allez pas avec moi, inutile de risquer de vous compromettre.
Sam regarda alternativement le blessé et Farl puis leva les yeux au ciel. Soit +Zach était vraiment mal au point, soit il était vraiment accro à cette fille... +Peut-être les deux.
— C’est bien beau, répliqua Sam, mais tu ne vas pas aller frapper à la +porte du château du seigneur, « Bonjour, je suis un de vos fidèles +sujets et je suis blessé. Pouvez-vous laisser votre fille magicienne me +soigner ? ».
Zach soupira et s’apprêta à répondre. Mais Uhr l’en empêcha.
— J’ai une meilleure idée dans un premier temps, sans prendre de risque ni +pour nous ni pour Zach : tenter de contacter Irdann. Il a côtoyé Sélène +pendant un petit moment, et si besoin il pourra peut-être nous mettre +en contact avec elle. Au pire, il nous conseillera, il connaît bien +le coin, et il est le fils d’un des seigneurs les plus puissants de la +région. Et personne ici ne doute de sa loyauté envers nous, n’est-ce +pas ?
Ils hochèrent la tête. C’était probablement l’idée la plus raisonnable pour le +moment... Il ne put s’empêcher de remarquer une légère moue de la part du +blessé. Était-ce la douleur ou un doute ? +

Farl se porta volontaire pour la première garde. Alors que Sam et +Uhr s’étaient endormis, épuisés, Zach ne semblait pas trouver le +sommeil.
— Ça va ? lui demanda-t-il.
— J’ai connu mieux, murmura-t-il.
— Je suis vraiment désolé... J’aurais dû réagir plus vite, et t’éviter ce coup +en lançant mon dard plus tôt...
— Peut-être... ou peut-être qu’elle t’aurait vu et t’aurait visé à ma +place ? + + +

Ils se turent quelques instants.
— Tu peux être persuadé d’une chose, Zach, nous ne sommes pas du genre +à abandonner nos compagnons. Nous allons faire tout ce que nous pouvons +pour que tu sois sur pied au plus vite, et en sécurité. Essaie de dormir +quelques heurs déjà...
— Difficile... +

Farl se leva, fouilla dans les sacoches et en sortit un petit sachet de +poudre, qu’il dilua dans un peu d’eau dans le fond d’une gourde.
— Bois ça. Ça te fera dormir et calmera ta douleur pour un temps.
— Euh, c’est quoi ? Un poison d’assassin ?
— Parfois, les assassins ont besoin de neutraliser quelqu’un en le gardant +vivant, répondit-il en souriant.
— Hm... Je ne sais pas si ça doit me rassurer ou m’inquiéter. +

Il but néanmoins le contenu de la gourde, et quelques minutes plus tard, +tout le camp hormis Farl dormait profondément.

[
-

+

+

Uhr +

— Le sieur Irdann est encore ici, mais non il ne vous est pas possible de le +voir, indiqua le garde avec fermeté.
— Mais pourquoi ? demanda Uhr.
— Il ne reçoit pas de visiteurs. De plus, il est en grands préparatifs de +départ et ne souhaite pas être dérangé.
— De départ pour où ?
Le garde se mit à rire.
— Comment, vous ne savez pas ? Dame Sélène et lui partent demain, à +l’aube, pour le duché De Vane. Il fait partie de son escorte...
— Je vous en prie, je dois absolument lui parler ! Dites-lui mon nom, et il me +fera entrer...
L’homme secoua la tête.
— Je respecte les ordres de mes maîtres.
— Ne peut-on pas s’arranger ? Vous ne devez pas être très bien payé, à +garder l’entrée du château.
— Je suis loyal à mon seigneur, et je ne mange pas de ce pain-là, +monsieur.
— Vous faites bien. Pardonnez moi. Au revoir et bonne garde. +

Uhr soupira et lui tourna le dos. Pour une fois qu’il regrettait d’avoir +affaire à un garde vraiment honnête... Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il fit +demi-tour, réfléchissant à comment contacter Irdann avant qu’il ne quitte la +région. Ou peut-être pouvait-il lui parler en chemin ? Sam lui avait dit +qu’elle ne pouvait plus invoquer d’enchantement puissant avant quelques +jours, et son prochain rêve était de toutes façons destiné à informer le +capitaine de leurs aventures... +

— Attendez !
Il se retourna en entendant la voix du garde.
— Si vous tenez vraiment à contacter votre ami, et s’il est vraiment votre +ami...
— Oui ?
— Je peux peut-être lui faire parvenir un mot de votre part.
— Vraiment ? demanda Uhr, avec une lueur d’espoir dans les yeux.
— Je ne crois pas que ce soit défendu. Mais ce ne sera pas avant trois +heures, quand je suis relevé de ma garde.
— Ce serait formidable, comment vous en remercier ?
— Hé bien, puisque vous le dites, dit le garde avec un air un peu gêné, +j’aimerais que vous me rendiez un petit service en échange.
Uhr se rapprocha de lui. Le même garde qui ne « mangeait pas de ce +pain-là » il y a quelques instants... Comme s’il devinait sa pensée, l’homme +éclata de rire.
— Ha, qu’allez-vous imaginer ! Je vous ai dit que j’étais loyal à mon maître. +Absolument rien d’illégal, d’immoral ou de dangereux ! Êtes-vous libre ce +soir ? +

Irdann + + +

Cher Irdann, +

J’espère que cette lettre va te parvenir à temps. +

Je suis en ville actuellement, avec quelques compagnons. Il est trop long +et dangereux de t’expliquer sur ce papier pourquoi et comment, toujours +est-il que nous avons besoin de ton conseil et éventuellement de ton secours. +Un de nos compagnons, un jeune guide de la région que tu sembles +connaître, est gravement blessé. Peux tu nous trouver, ce soir, à l’auberge du +Taureau à une corne ? Que tu viennes toi ou que tu envoies quelqu’un de +confiance, il est impératif que tout cela se fasse dans la plus grande +discrétion. Je t’expliquerai. +

+

+ Ton ami,
+Uhr

+

Assis sur le lit de la chambre –petite mais confortable– qui lui +avait été attribué, il relisait la lettre, qu’un de ses gardes lui avait +apporté il y a une heure, essayant de comprendre. Que faisait Uhr +ici ? Quelles étaient ces histoires qui demandaient de la discrétion ? +Le bruit de quelqu’un frappant à la porte l’interrompit dans ses +pensées.
— Irdann ? demanda la voix de Sélène.
Il courut lui ouvrir. La jeune femme, vêtue d’une ample robe violet et +crème, entra dans la chambre.
— Tu voulais me voir ?
Pour toute réponse, il lui tendit le morceau de papier, tout en fermant +soigneusement la porte derrière lui. +

Sélène lut la lettre une première fois en fronçant les sourcils.
— Je ne comprends pas pourquoi tu me montres tout ça... Je ne connais pas +ce Uhr et...
Elle s’interrompit et relut un passage.
— Attends, qu’est-ce qu’il veut dire par « un jeune guide de la région que tu +sembles connaître » ? De qui parle-t-il ?
— Il parle probablement de Zach... Je ne vois pas quel autre jeune guide je +suis censé connaître dans le coin.
— Le message dit qu’il est blessé ! Comment ? Et qui est ce Uhr à la +fin ?
— Uhr est un ami que j’ai rencontré à la capitale, lorsque j’étais à la garde +du palais, avec Silwë entre autres.
— Mais que fait-il ici ? Qu’a-t-il à voir avec Zach ?
— Ça, je l’ignore. La dernière fois que je l’ai vu, il était toujours à la +garde, il avait même obtenu une promotion intéressante, et il s’était +installé en ville avec sa... femme, qui est fleuriste. Je ne sais pas ce +qu’il peut être venu faire dans la région. Quand au rapport avec +Zach...
Il espérait qu’elle ne remarque pas son hésitation, mais vraisemblablement +Sélène se préoccupait peu de ces détails pour l’instant. Il reprit.
— ... Comme toi, d’autres gens peuvent avoir besoin d’un guide, +non ?
Sélène haussa les épaules et attendit quelques instants avant de répondre. +Comme si elle se rappelait soudainement la raison initiale pour laquelle elle +s’était mise en contact avec Zach.
— Admettons. Que fait-on alors ?
— Si je n’avais pas entièrement confiance en Uhr, je dirais que c’est un +piège plutôt mal monté.
Elle fronça les sourcils.
— Tu es sûr que c’est lui, au moins ?
— Oui. Je reconnais son écriture, et sa façon assez inimitable de signer. De +plus, la description que m’en a fait le garde qui m’a apportée ce message +correspond.
— Tu veux y aller alors ?
— Évidemment. Je ne sais pas encore comment, par contre.
— Et tu feras quoi une fois auprès de lui ?
— Je verrai, je suppose. Pourquoi, demanda-t-il, tu vois autre chose ? +

Sélène fit quelque pas et le fixa droit dans les yeux.
— Je peux y aller à ta place.
— Quoi ?
Il se tut quelques instants, surpris. Elle en profita pour continuer.
— Le mot ne précise-t-il pas que tu peux envoyer quelqu’un de confiance à +ta place ? Et puis tu ne peux pas faire grand chose pour Zach, s’il est +vraiment blessé. Moi oui.
— Tu marques un point, admit-il.
Elle afficha un petit sourire de victoire et s’assit sur une chaise en face de +lui.
— Mais... cela reste très risqué. Tu comptes utiliser ta... magie pour l’aider ? +objecta-t-il.
Il avait malgré lui prononcé le mot « magie » un peu plus bas que les +autres, comme s’il craignait que malgré l’épaisseur des murs, on puisse +l’entendre.
— C’est mon problème. D’abord je n’ai pas que mes sorts, ensuite Zach +connaît déjà mon secret.
— Et si c’était un piège ?
— Ce n’est pas toi qui disais que tu étais sûr de l’origine de la lettre ?
— Je fais confiance à Uhr, y compris pour assurer ta sécurité s’il le faut, +mais si quelqu’un t’attendait sur le chemin ?
— Si ce quelqu’un s’attend à te voir toi, cela peut le contrarier de ne pas +te voir arriver. Voire mieux, il peut ne même pas faire attention à +moi... +

Il fit une moue en s’asseyant sur le lit.
— Il reste le « comment ». Comment tu comptes sortir incognito du +château, comment tu vas te rendre là-bas, ...
Elle savait qu’elle était en train, petit à petit de le convaincre. Elle +sourit.
— Ça, c’est la partie facile.
— Vraiment, demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Elle se leva.
— Allons Irdann, comme moi, tu as grandi dans ce genre de place forte +n’est-ce pas ? Conçue à la base pour résister à une armée d’assaillants...
— Oui, c’est bien la raison pour laquelle il est à la fois difficile d’y entrer et +d’en sortir.
— Mais ne me dis pas que, au château du duc De Vane, il n’y a pas, quelque +part, un souterrain qui, en temps de guerre, permettait de se sauver si tout +espoir était perdu...
— Si, admit-il. De mémoire, mon père l’avait fait murer parce qu’il était +devenu inutile en cette période de paix, et il menaçait de s’effondrer.
En fait, maintenant qu’il y réfléchissait, il était bien possible qu’il ne +s’agisse que de la version officielle... Sélène reprit, interrompant ses +réflexions.
— Ici, une partie de ce passage a été réhabilitée, et une sortie a été +aménagée en ville pour que les serviteurs puissent faire facilement des allers +et retours au gré des besoins.
— Et cette sortie est gardée ?
— Un seul garde, qui peut pas connaître tout le personnel, et qui ne saura +pas que c’est moi évidemment.
— Tu en es sûre ?
Elle haussa les épaules.
— J’ai été absente durant plusieurs années, donc mon visage a été un peu +oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute +qu’on me pose beaucoup de questions.
— Laisse-moi t’accompagner, au moins. Je peux aussi m’habiller de manière +modeste, et assurer ta sécurité.
— Ce serait l’idéal, en effet.
— Il reste à voir comment nous allons masquer notre absence. Y a-t-il des +serviteurs en qui tu as suffisamment confiance ?
Elle fit la moue.
— Pas trop, justement, puisque j’ai été absente trop longtemps... +
Elle fit quelques pas dans la pièce en réfléchissant.
— En fait, le seul moyen que je voie, c’est que tu couvres mon absence. Et +que tu restes ici.
— Pardon ?
— Je n’ai qu’à faire croire que je suis avec toi, ici. Ta chambre n’est pas très +loin des cuisines, d’où je pourrai facilement rejoindre la sortie sans être +remarquée.
Irdann rougit soudainement.
— Mais tout le monde va croire que nous...
Elle pouffa de rire.
— Tout le monde en est déjà persuadé, ça ne changera pas grand chose. + + +En plus, c’est l’excuse parfaite pour refuser qu’on ouvre la porte, +non ?
— Certes...
— Bon, le repas de ce soir ne va pas tarder à être servi, on se retrouve ici +après ?
— Tu veux y aller ce soir ?
— On doit partir demain, ça va être compliqué de trouver une excuse pour +rester un jour de plus...
— Tu auras le temps de trouver des vêtements adaptés ?
— Je me débrouille, ne t’inquiète pas. +

Lorsqu’elle fut sortie, Irdann resta quelques instants seul à réfléchir, un +peu abasourdi par la tournure qu’avaient pris les événements. Il +n’aurait peut-être pas dû montrer la lettre à Sélène après tout... Mais +il reconnaissait qu’en effet, s’il fallait soigner un blessé, elle était +probablement la plus compétente. Surtout s’il s’agissait de Zach... Mais tout +de même, et même si elle avait su montrer qu’elle avait plus de sang-froid et +de ressources que beaucoup d’autres jeunes femmes, il ne pouvait +s’empêcher de craindre pour sa sécurité. Si au moins il pouvait lui donner +un moyen de défense... Mais il n’avait que ses épées, et qu’en ferait-elle de +toutes façons ? +

Sélène +

Sélène quitta sa chambre une vingtaines de minutes après le dîner. Elle +avait emprunté quelques vêtements à sa femme de chambre, qui logeait +juste à côté. Si elle lui ramenait le lendemain, celle-ci ne s’en rendrait +probablement même pas compte... Au pire elle inventerait une excuse +quelconque. +

En sortant, elle croisa la femme en question, qui lorsqu’elle lui expliqua +où elle allait, la servante lui adressa un sourire à la fois complice et envieux. +C’est vrai que le jeune et élégant paladin avait déclenché plus d’un sourire +parmi le personnel féminin, et elle connaissait plus d’un homme qui en +aurait abondamment profité. Irdann ne semblait pas les voir, ou peut-être +était-il suffisamment malin pour tirer parti de la situation en toute +discrétion, qui sait ? + + +

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