X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=4e3f5f5ba7c68823fe224b2f9bbd8c987cabbcc6;hb=79fc0db49b0e2803463276cb0e26d146d64847ef;hp=718d1363133c06937c51d47eebdbeac08423fee1;hpb=3c3c0e722470c0293aeac173c1d4ce3571612cad;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index 718d136..4e3f5f5 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - + @@ -7741,7 +7741,7 @@ class="newline" />— Oui.

Uhr semblait avoir senti sa réticence. Il marqua une pause, puis reprit.
— Écoute, j’ai l’impression que tu ne veux pas raconter ce qui s’est vraiment -passé lors de ta dernière trarsée, avec Sélène.
— Euh...
— Je n’en connais pas la raison, même si j’ai une petite idée là-dessus. Or il se trouve que savoir ce qui s’est réellement passé nous aiderait @@ -7784,40 +7784,45 @@ class="newline" />— J’imagine. Rassure-toi, pour nous cela ne pose p croisons régulièrement à la capitale des mages et des elfes, et nous n’avons rien contre eux. Surtout Farl, ajouta-t-elle en lui adressant un sourire.
Il haussa les épaules. De toutes façons, il n’avait pas de nouvelles d’elle -depuis un moment alors... Et puis il n’avait pas envie de parler de tout cela -maintenant, alors qu’ils avaient plus important à s’occuper. De toutes -façons, Zach n’avait heureusement pas relevé cette remarque. -

Zach -

— Avec tout ça, j’ai du mal à imaginer Sélène avoir un rapport avec votre -affaire... Pourquoi aurait-elle voulu traverser la forêt seule avec moi, sachant -qu’elle risquait de rencontrer les araknes ?
Il haussa les épaules. Il n’avait pas envie de parler de tout cela maintenant, +alors qu’ils avaient plus important à s’occuper. De toutes façons, Zach +n’avait heureusement pas relevé cette remarque. +

— Avec tout ça, reprit Zach, j’ai du mal à imaginer Sélène avoir +un rapport avec votre affaire... Pourquoi aurait-elle voulu traverser +la forêt seule avec moi, sachant qu’elle risquait de rencontrer les +araknes ?
— C’est vrai, admit Uhr. Mais d’après ton récit elle n’avait pas l’habitude d’aller en forêt. Tu aurais eu des doutes si elle t’avait demandé de changer de route au milieu, non ?
Il se remémora les premiers jours avec la jeune femme. Si en réalité elle - - -connaissait la forêt, elle était excellente comédienne.
— Elle m’a tout de même sauvé de la morsure de ces créatures, en prenant -le risque de révéler le fait qu’elle est magicienne...
— Elle m’a tout de même sauvé de la morsure de ces créatures, +en m’avouant qu’elle était magicienne, ce qui était quand même +risqué...
— Elle devait savoir que, sans toi, elle n’avait aucune chance de sortir de la forêt ? proposa Sam. -

Il devait admettre que l’argument était plutôt logique. Elle avait eu -l’air aussi horrifiée et effrayée que lui de rencontrer ces créatures. -Mais avait-il vraiment observé ? Il avait vraiment du mal à imaginer -Sélène en complice de meurtre et en comploteuse. Mais si c’était +

Zach semblait réagir un peu vivement chaque fois qu’on parlait de +Sélène, y avait-il quelque chose entre eux ? Après tout, ils avaient bien passé +une bonne partie du trajet seuls tous les deux, il semblait. Rien dans son +récit n’allait dans ce sens, mais rien ne l’infirmait non plus. Dans +tous les cas, ce n’était pas le moment de poser ce genre de question +indiscrète... +

Zach +

Il dut admettre que l’argument de Sam était plutôt logique. Elle avait +besoin de son guide, et avait donc besoin de le garder en vie pour sortir de +la forêt. Cela dit, elle avait eu l’air aussi horrifiée et effrayée que +lui de rencontrer ces créatures. Mais avait-il vraiment observé ? Il +n’arrivait vraiment pas à superposer mentalement l’image de Sélène avec +celle d’une complice de meurtre d’une comploteuse. Mais... si c’était vrai ?
— Cependant je reconnais, reprit Uhr, interrompant ses pensées, que si elle savait à propos de ces créatures, il aurait été plus malin d’attendre le convoi officiel une semaine plus tard. Sauf si elle avait une raison de quitter la province au plus vite...
— Vous pensez encore sérieusement qu’elle a quelque chose à voir -là-dedans ? insista-t-il.
— Vous pensez encore sérieusement qu’elle est impliquée là-dedans ? +insista-t-il.
Uhr haussa les épaules.
— Disons que je reste pour le moment réservé sur ce sujet. -

— En dehors de cela, ajouta Sam, on peut tout de même noter un point +class="newline" />— Disons que, pour le moment, je reste réservé sur ce sujet. +

— En dehors de cela, ajouta Sam, on peut tout de même noter un point important : deux autres personnes sont au courant pour les araknes, les deux elfes dont tu m’as parlé.
— Oui. Et elles se rendent au château du duc De Vane, pour ce fameux @@ -7833,34 +7838,46 @@ class="newline" />— Cela dit, interrompit Uhr, l’id Ne serait-ce que pour les prévenir. Mais nous n’en avons pas le temps, nous avons une autre mission en vue.
Sam se leva.
— Oui. En ce qui me concerne, je vais... aller envoyer un message.
— Oui. En ce qui me concerne, je vais... envoyer un message...
Elle jeta un regard à son compagnon, qui sembla comprendre.
— Pardon ? Comment ça ? demanda Zach.
— C’est un peu compliqué à expliquer pour le moment. Par contre, c’est -trop épuisant pour qu’en plus de cela, je monte la garde ce soir. Ça ira à -vous trois ?
— Euh oui.
— C’est un peu compliqué, intervint Uhr. Sache juste que nous avons +prévenu quelqu’un de l’avancement de notre enquête, avec tous les détails +qui y sont associés. Et ce quelqu’un s’inquiètera de ne pas nous revoir avant +une dizaine de jours.
Zach fronça les sourcils. Était-ce pour le rassurer ou l’inquiéter ? Dans tous +les cas, ils seraient de retour bien avant la fin de ce délai. Il se demandait +vaguement de quoi parlait la jeune femme, par contre, mais il avait encaissé +trop d’informations nouvelles et inquiétantes pour se préoccuper de ce +détail.
— Le seul problème, reprit Sam, c’est que je serai trop épuisée pour monter +la garde ce soir. Ça ira à vous trois ?
— Euh oui, je suppose.
Il avait presque déjà compté sans elle, n’ayant de toutes façons pas +l’habitude qu’une femme monte la garde. L’expédition précédente ne +comptait pas, et puis c’étaient des elfes. Hum, ce n’est pas comme si celle-là +était des plus « normales », à bien y réfléchir...
— Je commence, proposa Uhr. -

Il y avait eu un peu trop d’informations ce soir pour qu’il se préoccupe -de ce détail. Il vérifia rapidement l’état du feu et s’enroula dans sa -couverture. Il vit Farl faire de même. Il remarqua alors que le jeune -ménestrel était resté silencieux durant la fin de la conversation, -probablement épuisé lui aussi. -

Il vérifia rapidement l’état du feu et s’enroula dans sa couverture. Il vit +Farl faire de même. Le jeune ménestrel était resté silencieux durant la fin +de la conversation, probablement épuisé lui aussi. +

Farl -

La journée s’était déroulée sans encombres, et ni Zach, ni ses deux +

La journée s’était déroulée sans encombres, et ni Zach, ni ses deux compagnons n’avaient abordé leur affaire compliquée. L’ambiance était plutôt détendue, et ils avançaient plutôt efficacement, même si les chevaux + + n’allaient pas aussi vite que sur un vrai sentier. -

On était en fin d’après-midi. Il commençait à faire chaud, et la petite +

On était en fin d’après-midi. Il commençait à faire chaud, et la petite rivière qu’ils venaient d’atteindre avait un côté rafraîchissant rien qu’à la regarder.
— Est-ce la rivière dont tu nous as parlé ? demanda-t-il.
— Oui, répondit Zach. C’est l’un des nombreux cours d’eau qui se jettent -dans l’Indécise, la fameuse rivière qui serpente dans toute la région. Celui-là -n’a même pas de nom, à ce que je sache. Nous avions traversé par un gué, -qui doit être un peu en amont, suivez-moi. -

Quelques minutes plus tard, leur guide mit pied à terre face à l’eau. +dans l’Indécise, le large fleuve qui serpente dans toute la région. Celui-ci n’a +même pas de nom, à ce que je sache. Nous avions traversé par un gué, qui +doit être un peu en amont, suivez-moi. +

Quelques minutes plus tard, leur guide mit pied à terre face à l’eau. La rivière était plus large à cet endroit, ce devait être le fameux gué.
— Ça va, Zach ?
— Hm... tu as raison. On ne risque pas de voir grand chose, surtout de nuit. Il faudra donc aller voir directement... Commençons par installer le camp pas loin d’ici. -

Il n’était pas très étonnant que la rivière n’ait pas de vrai nom. +

Il n’était pas très étonnant que la rivière n’ait pas de vrai nom. Même si elle n’était pas si petite, les alentours étaient tellement envahis de végétation que peu d’hommes devaient s’y promener. D’ailleurs...
— Comment class="newline" />— Évidemment, reprit-elle en lui faisant un clin d’œil, tu y serais en moins bonne compagnie qu’avec Silwë... sans vouloir te vexer, Zach. -

Zach -

— Zach ? Tu sais, je ne cherchais pas du tout à te vexer, c’est juste que +

— Zach ? Tu sais, je ne cherchais pas du tout à te vexer, c’est juste que Farl a...
— Tu as bien dit Silwë ? interrompit-il brusquement.
— Euh oui...
— Aux dernières nouvelles, elle est en route vers le château du duc De Vane, avec la princesse qu’elle protège... Et elle allait très bien la dernière fois que je l’ai vue. J’avais cru comprendre qu’elle avait vécu un moment à + + la capitale, avec les humains...
— Oui, pour y apprendre entre autres l’escrime chez maître Ernest, interrompit Uhr. C’est là que je l’ai rencontrée.
— Mais j’y pense, Silw Peut-être que vous aussi ?
— Un paladin ? Cela ne peut être qu’Irdann alors. Irdann De Vane ?
— Oui... -

Ils continuèrent à installer le camp en silence.

Ils continuèrent à installer le camp en silence.
— Hé bien, reprit Uhr après un moment, au moins nous avons une raison personnelle de nous intéresser à cette histoire, puisque deux de nos amis y sont impliqués.
— Quand cette histoire sera termin par le duché De Vane... pas vous ? demanda Farl.
— Pourquoi pas, répondit Uhr en souriant. Mais je ne sais pas quand tout cela sera terminé... -

Zach continua à préparer un feu de camp, se demandant s’il irait voir ce +

Zach continua à préparer un feu de camp, se demandant s’il irait voir ce fameux tournoi, comme ça, juste par curiosité. Sélène avait parlé de s’y rendre, elle y était invitée, mais elle hésitait. Quant à lui... bah, à quoi bon ? Même s’il y allait, elle lui serait aussi inaccessible @@ -7949,11 +7968,13 @@ laisseraient pas un gueux comme lui s’approcher d’une noble dame. Il pourrait toujours regarder le spectacle des archers venus du monde entier, ce qui pouvait être divertissant. Mais tout ce trajet juste pour ça... -

— Zach, tu viens ?

— Zach, tu viens ?
Il attrapa par réflexe la corde que Farl venait de lui lancer.
— On va repérer les lieux, voir si on peut effectivement observer des araknes sans être à leur portée, et rentrer sans danger. Non que ça me dérange de passer la nuit avec toi dans un arbre, ajouta-t-il en + + souriant, mais j’aimerais profiter du repas avec les autres quand même.
Il se leva, et après avoir vérifié qu’il avait son épée et son couteau, le suivit @@ -7963,21 +7984,19 @@ vous venir en aide, rappela Uhr.
— Cela dit, je ne sais pas si on verra quelque chose ce soir, ajouta Sam. Il y a de l’orage dans l’air, il va peut-être pleuvoir...
— On peut toujours aller voir, répondit Farl. -

Farl -

Ils mirent assez peu de temps à trouver le bon point d’observation. Zach +

Ils mirent assez peu de temps à trouver le bon point d’observation. Zach avait retrouvé l’endroit où ils avaient rencontré les araknes la première fois, et ils avaient repéré un arbre moyen d’où ils pourraient observer la petite clairière en sécurité. L’arbre était suffisamment serré contre un autre pour qu’ils puissent, en cas de besoin, passer sur l’autre sans toucher le sol. De là, ils avaient installé une corde qui leur permettrait de revenir sur un troisième un peu plus loin. Cela ne les menait pas encore à la - - rivière, mais suffisamment près pour qu’en courant ils soient à l’abri, si tout allait bien. Mais peut-être n’auraient-ils pas besoin de tout cela... -

Même une branche confortable paraît dure au bout d’un moment. Pour +

Même une branche confortable paraît dure au bout d’un moment. Pour s’occuper, il passait en revue son matériel. Il avait des bandages et plusieurs ampoules d’antidote, au cas où. Et s’il fallait affronter les sales bêtes en question, ou d’autres, il avait ses dagues de lancer.
— Si tu avais du sang d’elfe, tes parents te l’auraient dit je suppose ?
— Mes parents adoptifs n’en savent pas plus que moi, ils m’ont récupéré - - nouveau-né sur le pas d’une porte. Mais mes frères, pour me taquiner me traitaient d’elfe, parce que j’étais beaucoup plus frêle qu’eux.
Il ne savait pas trop comment réagir à cette confession.
— Là-bas.
Il se retourna sans bruit et suivit la direction indiquée. Il commençait à faire sombre, mais il voyait encore bien. -

Il avait vu quelques illustrations d’araknes sur papier. Il avait vu leur +

Il avait vu quelques illustrations d’araknes sur papier. Il avait vu leur description et s’était préparé à leur rencontre. Mais il ne put s’empêcher d’avoir un frisson lorsqu’il vit trois de ces créatures passer à ses pieds. Une quatrième arriva, traînant difficilement ce qui ressemblait à une jeune biche @@ -8044,11 +8061,9 @@ class="newline" />Il haussa les class="newline" />— J’ai l’habitude de grimper dans l’obscurité, mais c’est tout de même plus compliqué.
— Je t’aiderai. -

Zach - - -

Il fallait se mettre en route, dans une direction ou une autre, bouger. +

Il fallait se mettre en route, dans une direction ou une autre, bouger. Tout plutôt que de penser à ce qui aurait pu lui arriver si Sélène n’avait pas pu le soigner. La progression par les arbres n’était pas aisée, mais les araknes n’allaient pas très vite de toutes façons. Farl se @@ -8056,7 +8071,7 @@ d nuit n’était pas encore totalement tombée, et comme il le disait, il avait dû s’entraîner dans ces circonstances... Mais son aide était appréciée. -

Arriva une autre clairière, où il n’y avait plus d’arbre suffisamment +

Arriva une autre clairière, où il n’y avait plus d’arbre suffisamment proche pour suivre les créatures.
— Raté. Est-ce qu’on essaie de les suivre à pied ? proposa Farl.
Comme pour répondre à sa question, une autre arakne, seule, passa sous @@ -8065,23 +8080,25 @@ class="newline" />— Euh, je ne suis pas s pointant du doigt. Il y en a d’autres en chasse...
Farl plissa les yeux, et vit la créature.
— En effet. Cela dit, elles ont l’air d’aller en ligne droite, on peut peut-être + + deviner où elles vont ?
— Bonne idée.
Il attrapa la branche au dessus de lui et se hissa.
— Ça va, tu arrives à suivre Farl ?
— À peu près... Il y a un peu plus de lumière là-haut. -

Cet arbre-là ne surplombait pas la forêt, mais il la connaissait assez pour +

Cet arbre-là ne surplombait pas la forêt, mais il la connaissait assez pour viser la direction où les araknes semblaient aller.
— Je ne vois pas très bien, elles sont bien là-bas ? demanda Farl en le rejoignant. -

À cet instant, un éclair illumina la scène d’une lumière blanchâtre. +

À cet instant, un éclair illumina la scène d’une lumière blanchâtre. Le temps d’une fraction de seconde, tous deux purent distinguer clairement une dizaine d’araknes, toutes tournées dans une même direction. -

Sam -

L’éclair fut suivi rapidement d’un coup de tonnerre. -

— Tiens, un orage.

L’éclair fut suivi rapidement d’un coup de tonnerre. +

— Tiens, un orage.
Elle sourit.
— Je t’avais prévenu. On devrait installer la tente peut-être ?
— Oui, sinon on sera trempés d’ici quelques minutes. Et Zach et Farl seront @@ -8103,40 +8120,40 @@ class="newline" />Elle rejoignit Uhr, et l’aida coutelas.
— Et il faudrait se dépêcher si on ne veut pas que toutes nos affaires soient trempées, reprit-il. -

Farl -

Il était resté figé, aveuglé. C’était comme si l’image était restée +

Il était resté figé, aveuglé. C’était comme si l’image était restée imprimée au fond de ses yeux et l’empêchait de voir autre chose. Une main se posa sur son bras.
— Farl ? Je suppose que tu as vu tout ça ?
— Oui...
— On va voir ? -

Ses yeux étaient en train de se réhabituer lentement à l’obscurité +

Ses yeux étaient en train de se réhabituer lentement à l’obscurité et il distinguait la silhouette de Zach à côté de lui, mais pas son expression.
— Je ne pense pas que ce soit très sûr, dit-il, tout en sortant, à tâtons, une corde de son sac.
— Elles ont l’air de fuir l’orage qui arrive. Mais ça ne veut pas dire qu’elles - - ne sont pas dangereuses, je te l’accorde... Mais qu’est-ce que tu comptes faire avec ça ?
— Bah, descendre. Ce n’est pas parce que c’est dangereux qu’on ne va pas y aller, non ? -

Il ne pouvait pas voir le visage de Zach, mais il aurait juré qu’il avait +

Il ne pouvait pas voir le visage de Zach, mais il aurait juré qu’il avait souri. -

Zach -

Grâce à la corde de Farl, ils furent très vite au sol. Aucune arakne +

Grâce à la corde de Farl, ils furent très vite au sol. Aucune arakne n’était visible, même par lui. Ils se détendirent un peu, mais sans se concerter, ils sortirent tous deux leurs armes, et firent quelques pas prudents. -

— Je vois très mal, qu’est-ce qu’on voit là-bas ? demanda Farl.

— Je vois très mal, qu’est-ce qu’on voit là-bas ? demanda Farl.
Le ménestrel-assassin était à l’aise dans le noir, mais il n’avait pas la chance d’avoir ses yeux...
— C’est l’animal que les araknes ramenaient. Je crois qu’elles l’ont + + abandonnée pour courir plus vite... -

La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les +

La biche gisait sur le flanc, et tenta vainement de se redresser lorsque les deux hommes s’approchèrent. Farl s’agenouilla près d’elle, et alluma une petite lanterne de poing pour observer l’animal de plus près. La pauvre bête bougeait à peine, respirait péniblement. Il détourna son regard @@ -8145,39 +8162,37 @@ commen passer pas très loin, et il n’était pas tout à fait sûr de leur forme... Il eut un léger frisson et serra un peu plus fort la poignée de son épée. -

Farl -

Il se redressa brusquement, alerté par un bruit trop proche pour être +

Il se redressa brusquement, alerté par un bruit trop proche pour être rassurant. Il laissa tomber sa lanterne et se mit en garde instinctivement, ses lames au poing. Il eut juste le temps de voir Zach, de dos, donner un coup d’épée sur une silhouette indistincte. Deux morceaux tombèrent au sol avec un bruit mat. -

Une seconde éternellement longue passa, mais aucune autre menace ne - - +

Une seconde éternellement longue passa, mais aucune autre menace ne sembla sortir des buissons. Zach se tourna vers lui, et lui fit signe de venir. Il ramassa la lanterne et s’approcha. -

La forme correspondait bien à une arakne, du moins une demi-arakne. +

La forme correspondait bien à une arakne, du moins une demi-arakne. Son « sang » noir et visqueux se répandait sur le sol, et il voyait la chitine de la carapace s’abîmer légèrement à chaque goutte d’eau qui tombait.
— Farl... on ferait peut-être mieux de ne pas traîner, non ?
— Tu as raison, murmura-t-il. -

Il revint auprès de la biche étendue, ramassa son sac, et juste avant de +

Il revint auprès de la biche étendue, ramassa son sac, et juste avant de partir, lui trancha la gorge.
— C’est probablement le mieux qu’on puisse faire pour cette pauvre bête.
Zach ramassa, avec prudence, un morceau de ce qui restait de l’arakne, et ils s’éloignèrent rapidement, sous la pluie qui s’intensifiait. -

— Zach ?

— Zach ?
— Oui ? Si tu n’arrives pas à voir où tu vas, essaie juste de me suivre... avec la pluie et l’obscurité...
— Ça va. Je voulais juste te dire merci. -

Il ne répondit pas, et continua son avancée au pas de course vers la +

Il ne répondit pas, et continua son avancée au pas de course vers la rivière. -

Uhr -

Ils prirent peu de temps à installer la large branche entre deux troncs, et +

Ils prirent peu de temps à installer la large branche entre deux troncs, et par dessus la toile qui formait un petit abri dans lequel ils devraient se serrer à quatre avec leur matériel. Les chevaux pourraient bien dormir sous la pluie. Il avait beau avoir une certaine confiance en Farl et Zach, ainsi @@ -8185,16 +8200,14 @@ qu’en la protection – th d’être un peu nerveux. Sam, à côté de lui, scrutait la rivière en tremblant légèrement, le coutelas à la main, prête à bondir au moindre bruit inquiétant. -

— Ils sont là ! s’écria-t-elle en pointant du doigt des silhouettes floues à +

— Ils sont là ! s’écria-t-elle en pointant du doigt des silhouettes floues à travers le rideau de pluie, qui s’était épaissi.
Les deux hommes, trempés mais indemnes, s’engouffrèrent sous la tente, et - - tous deux poussèrent un soupir de soulagement. -

L’abri était effectivement petit, et le feu était à l’entrée pour laisser la +

L’abri était effectivement petit, et le feu était à l’entrée pour laisser la fumée s’échapper. Farl et Zach se déshabillèrent pour tenter de sécher, tout en racontant ce qui s’était passé. -

— En conclusion, reprit Farl en s’enveloppant dans une couverture, on a +

— En conclusion, reprit Farl en s’enveloppant dans une couverture, on a bien des araknes, j’ai à peu près identifié leur venin, et on confirme leur non-tolérance de l’eau.
— Et je dois pouvoir retrouver l’endroit où elles semblaient toutes @@ -8206,6 +8219,8 @@ pr class="newline" />— À quelle distance se trouverait ce lieu selon toi ?
— Passe-moi les cartes, Sam... Oui, oui, je sèche mes mains d’abord. Les créatures couraient dans cette direction, au pied des montagnes Guéralek. + + Est-ce qu’elles visaient le haut ou juste ici, je ne sais pas... Mais il me semble qu’il y a plein de grottes dans le coin, donc c’est crédible. C’est assez proche en fait... quelques heures de marche à pied, un peu moins à @@ -8215,7 +8230,7 @@ de ces sales b class="newline" />— Peut-être autre chose, répondit Uhr. Réfléchissez : si ces créatures ne supportent pas la pluie, c’est quand même surprenant qu’elles aient survécu ici depuis tant de temps... sauf si on les y aide. -

Il releva les yeux de son croquis pour observer ses compagnons. Sam +

Il releva les yeux de son croquis pour observer ses compagnons. Sam semblait toujours aussi déterminée. Farl aussi, mais un peu moins, probablement le fait d’avoir vu de près les araknes l’avait un peu refroidi.
 ? demanda Zach.
— On improvise ? proposa Uhr.
— C’est vrai que ça serait bête d’être arrivés jusque là pour faire demi-tour maintenant, ajouta Sam. - - -

Zach ne semblait toujours pas très enthousiaste, mais il sembla +

Zach ne semblait toujours pas très enthousiaste, mais il sembla acquiescer à la remarque de Sam.
— Tu n’as pas l’habitude de voir des mages, n’est-ce pas ? lui demanda-t-il.
Il haussa les épaules en terminant de se sécher.
— Tout ça m’a donné très faim... On peut manger ?
— Pareil, enchaîna Farl, qui n’avait pas l’air mécontent non plus de changer de sujet. -

C’était peut-être idiot de chercher à le provoquer sur le sujet, après +

C’était peut-être idiot de chercher à le provoquer sur le sujet, après + + tout, pensa-t-il en se servant une part de soupe bien chaude. Si ladite Sélène l’a aveuglé ou charmé pour se couvrir ou couvrir ses complices, ce pauvre Zach n’y est probablement pour rien. -

Sam -

La pluie avait cessé au milieu de la nuit, et la météo s’annonçait plutôt +

La pluie avait cessé au milieu de la nuit, et la météo s’annonçait plutôt agréable. Ils prirent le temps de faire sécher leurs affaires et de se préparer. C’est peu après un repas rapide à midi qu’ils traversèrent le gué, et s’approchèrent de l’endroit où, d’après Zach et Farl, les créatures s’étaient @@ -8255,16 +8270,14 @@ r disait leur guide, ils étaient proches des monts Guéralek, et c’était peu surprenant. C’est seulement une vingtaine de minutes après la rivière qu’ils durent mettre pied à terre. -

— Je crois que les chevaux vont avoir du mal à aller par ici, dit Uhr en +

— Je crois que les chevaux vont avoir du mal à aller par ici, dit Uhr en montrant le chemin qui s’ouvrait à eux.
L’amas rocheux devant eux n’était pas très pentu, et eux n’auraient probablement aucun mal à le gravir, mais avec toutes ces irrégularités et pierres qui ne tenaient qu’à la mousse qui poussait dessus, les chevaux - - risquaient de se blesser sérieusement. Ils les attachèrent près d’un arbre, et commencèrent leur ascension. -

Sam ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quelques +

Sam ne regrettait décidément pas son pantalon. Même si quelques villageois l’avaient regardée de travers au village, pour monter à cheval c’était infiniment plus confortable, et marcher dans ce chaos avec une robe longue aurait vraiment été un enfer...
Elle releva la t renfoncement rocheux important.
— Ça ressemble à une grotte. On va voir ?
Tous les trois opinèrent, et le suivirent. -

C’était une sorte de large grotte, peu profonde et très éclairée, +

C’était une sorte de large grotte, peu profonde et très éclairée, partiellement encombrée de végétation poussant dans de nombreuses fissures. Ils repérèrent rapidement, à l’entrée d’une des failles, quelques filaments collants qui ne ressemblaient pas à des toiles d’araignées ordinaires. Comme le fit remarquer Uhr, les araknes ne laissant quasiment + + aucune trace au sol, il fallait bien se fier à un indice ou un autre. -

Farl et Zach sortirent du renfoncement, et ayant repéré un petit filet +

Farl et Zach sortirent du renfoncement, et ayant repéré un petit filet d’eau qui tombait en cascade non loin de là, commencèrent à le détourner pour qu’il pénètre dans la faille. La tâche n’était pas facile et demandait quasiment d’escalader pour atteindre l’eau. Uhr @@ -8290,17 +8305,15 @@ cach dissimulée derrière les broussailles, se trouvait une sorte de dalle de pierre, qui semblait fermer, de l’intérieur, une ouverture dans la paroi. -

Zach -

— Farl, Zach, venez voir !

— Farl, Zach, venez voir !
Le petit filet d’eau commençait à couler doucement dans la grotte, mais le débit était trop peu important pour vraiment inonder la faille. Au mieux, cela ferait peut-être une flaque pour gêner ces sales bêtes. - - Il fit un signe de tête à Farl et tous deux redescendirent dans la grotte. -

— Qu’est-ce que c’est ? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble ? +

— Qu’est-ce que c’est ? Une porte, ou juste un rocher qui y ressemble ? demanda Farl.
— On dirait, répondit Uhr.
— Ça pourrait peut-être être naturel... Tu en penses quoi, Zach ? @@ -8314,13 +8327,15 @@ jusque dans les plus petites failles de la roche, et facilement.
— Je vais me vexer, fais attention, reprit Uhr en souriant. Mais c’est vrai que c’est curieux. Comme si cet arbuste avait été planté ou replanté exprès + + ici...
Zach haussa les épaules et se releva.
— C’est tout à fait probable. Il y a quelques mois, un an tout au plus.
— Cela ne répond pas à une question essentielle, ajouta Sam. Si ceci est une porte, comment s’ouvre-t-elle ? -

Il n’y avait ni poignée, ni serrure à l’étrange porte, et aucun mécanisme +

Il n’y avait ni poignée, ni serrure à l’étrange porte, et aucun mécanisme n’était visible sur les parois alentours.
— Soit c’est un accès qui a été condamné, soit elle ne s’ouvre que de l’intérieur. Il semble que ce pan de rocher est appuyé de ce côté, proposa @@ -8333,13 +8348,11 @@ class="newline" />— Ah m’inquiète, c’est plutôt ce qu’on va trouver derrière, si on arrive à l’ouvrir.
— Tu as vraiment envie de voir ce qu’il y a derrière cette porte ? lui - - demanda Uhr en souriant. Pas peur des mages ou d’autres créatures démoniaques ?
— Maintenant qu’on est arrivés jusque là, ce serait dommage de s’arrêter non ? répondit-il en souriant à son tour. -

Pendant ce temps, Farl s’était approché de la dalle pour l’observer de +

Pendant ce temps, Farl s’était approché de la dalle pour l’observer de plus près.
— Je ne sais pas quel est le poids de cette chose, mais même si nous avions une dizaine d’hommes, il n’y a aucune prise pour l’attraper !
— Ça ne nous aide pas beaucoup, rétorqua Farl. Si la dalle n’était pas trop grosse, on pourrait peut-être utiliser un levier, mais...
— Nous non, mais avec un peu d’aide divine... -

Samantha se tourna vers Zach et le dévisagea un moment. Puis elle se +

Samantha se tourna vers Zach et le dévisagea un moment. Puis elle se tourna vers Uhr en le pointant du doigt.
— Je n’avais pas pensé à... lui.
— Tu pensais à quoi de précis, Sam ?
— Je crois que le pouvoir est assez puissant, en tous ca certains l’ont réussi, mais je n’ai jamais essayé.
Uhr hocha la tête.
— Ça vaudrait le coup d’essayer... -

Ils parlaient d’une voix relativement faible, mais il ne pouvait +

Ils parlaient d’une voix relativement faible, mais il ne pouvait s’empêcher de les entendre. Qu’est-ce qu’ils cherchaient encore à cacher ? Il jeta un regard à Farl, toujours accroupi au pied de la porte, mais qui avait lui aussi écouté le dialogue d’Uhr et Farl. Il regarda dans sa direction, puis @@ -8376,21 +8389,23 @@ tout raconter m class="newline" />— Essaie de ne pas oublier cette promesse-là, alors. Parce que cette fois, ce n’est pas les gens que nous pourchassons qui en voudront à ta peau. -

Uhr -

Il eut presque pitié du pauvre Zach qui n’avait pas mérité ces menaces, +

Il eut presque pitié du pauvre Zach qui n’avait pas mérité ces menaces, en plus de tout ce qu’il avait dû encaisser depuis le début du voyage. Mais Sam avait l’air un peu calmée, c’était déjà ça. Si elle voulait utiliser un enchantement divin, c’était peut-être mieux... Quoique.
— Tu as besoin de quelque chose ?
— Trouvez-moi quelques glands en bon état, et essayez de dégager quelques + + buissons pour avoir le maximum de lumière au pied de la porte. Et si vous pouvez trouver de la meilleure terre, humide et riche, c’est encore mieux.
Ils s’éloignèrent et mirent peu de temps à préparer tout ce qu’elle demandait. Puis, à sa demande, ils s’éloignèrent tous les trois. -

— Tu l’as déjà vue à l’œuvre, Uhr ? lui demanda Farl.

— Tu l’as déjà vue à l’œuvre, Uhr ? lui demanda Farl.
— Non. Elle ne l’a jamais fait devant moi.
Zach les regarda en fronçant les sourcils.
— Est-elle une magicienne ? demanda-t-il.
— Oui. Elle a dit que dérange pas. Et ne t’inquiète pas pour les menaces qu’elle a proférées à ton encontre, en général elle ne foudroie pas les gens, ce n’est pas très discret. -

Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir - - +

Tous trois se perchèrent sur un rocher en contrebas. Ils pouvaient voir l’entrée de la grotte, et Sam qui s’affairait au pied de l’ouverture. Puis, elle se redressa, et resta quelques secondes immobile, les yeux fermés. Enfin, elle entama une douce mélopée, tout en se déplaçant lentement. La lumière du @@ -8413,7 +8426,7 @@ fort, comme lorsqu’un rideau couvrant une fen pleinement entrer la clarté du jour. Et aux pieds de Sam, dans la terre fraîchement retournée, une pousse, puis deux commençèrent à sortir. -

Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous +

Sous leurs yeux ébahis, les arbrisseaux se mirent à pousser, sous la dalle de pierre. Elle avait commencé à chanter plus fort, et les plantes semblaient suivre les accents de son chant, mais bientôt un bruit sourd couvrit sa voix. Lentement, doucement, les racines et les @@ -8421,9 +8434,11 @@ branches qui s’affermissaient poussaient, soulevant la dalle sur un côté. Après un temps qu’il n’aurait pas su mesurer, le pan de pierre perdit son équilibre, bascula vers l’arrière, et s’écrasa dans un grand fracas. -

Zach -

Il resta quelques instants abasourdi, figé, le regard fixé sur l’ouverture et +

Il resta quelques instants abasourdi, figé, le regard fixé sur l’ouverture et la poussière qui s’en dégageait.
— C’est l’œuvre d’un dieu ça... murmura-t-il.
— De la déesse Melna, lui répondit Uhr à côté de lui. Mais tu sais...
— Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur les class="newline" />— Ah ?
— La réalité est bien au-delà, ajouta-t-il en souriant. Allez viens, elle nous appelle. -

Il suivit Uhr et Farl qui s’étaient élancés vers l’entrée du trou. Il avait +

Il suivit Uhr et Farl qui s’étaient élancés vers l’entrée du trou. Il avait l’impression de commencer à comprendre beaucoup de choses sur Sam, mais il ne savait toujours pas s’il devait se réjouir ou s’inquiéter de la situation. Il n’avait de toutes façons pas vraiment le temps d’y réfléchir longuement, mieux valait profiter du fait qu’elle soit de son côté... pour le moment. -

Sam s’était assise à côté de l’ouverture, les yeux mi-clos, quelques - - +

Sam s’était assise à côté de l’ouverture, les yeux mi-clos, quelques gouttes de sueur ruisselant le long de son front. Les trois hommes restèrent silencieux quelques instants devant les deux petits chênes qui avaient, en poussant, soulevé la dalle de pierre. Celle-ci gisait, fracturée à de nombreux @@ -8448,16 +8461,18 @@ endroits, sur le sol L’obscurité qui y régnait, en contraste avec la luminosité ambiante, ne permettait pas de voir l’intérieur, aussi Zach fit-il quelques pas à l’intérieur. -

Farl -

— Tu y vois quelque chose, Zach ? demanda Farl.

— Tu y vois quelque chose, Zach ? demanda Farl.
— C’est un couloir taillé dans la roche, répondit-il. Il a l’air de monter puis part légèrement sur la droite après une vingtaine de mètres... Prenez de quoi y voir et venez.
— Il a de bons yeux, notre guide, dis donc, murmura Uhr à son intention.
— Je t’expliquerai. Rejoignons-le vite. -

Farl et Uhr entrèrent à leur tour, munis d’une petite lanterne. Le sol, +

Farl et Uhr entrèrent à leur tour, munis d’une petite lanterne. Le sol, + + plat et quasiment dénué de mousses ou de poussières, indiquait clairement que ce couloir avait été emprunté récemment. Zach, à peine visible dans le faible rayon d’action de la lanterne, les avait précédés jusqu’au fameux @@ -8471,18 +8486,16 @@ entendit des exclamations et beaucoup trop de bruits de pas pour deux personnes. Il glissa la lanière de la lanterne à son poignet et dégaina d’une seule pensée ses couteaux tout en s’élançant à leur suite. -

Passé ce léger tournant, le couloir continuait encore sur une trentaine de +

Passé ce léger tournant, le couloir continuait encore sur une trentaine de mètres, puis il s’ouvrait de nouveau sur le jour, si ses yeux ne le trompaient pas. De cette extrémité, couraient vers eux trois silhouettes, s’ajoutant aux deux hommes qui se trouvaient à portée d’épée de Zach et Uhr. Des cris - - indistincts lui parvenaient.
— Des intrus !
— Ils sont armés !
— Ne les laissez pas s’enfuir !
— Mais d’où viennent-ils ? -

Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et il pouvait +

Ses deux amis occupaient toute la largeur du couloir, et il pouvait difficilement leur prêter main-forte. Il rangea rapidement ses lames, inutiles, et sortit une dague de lancer. Mais viser correctement risquait d’être compliqué...
Un nuage opaque obscurcit brusquement la lumi extrémité. Il vit volte-face et courut vers l’entrée, où Sam s’était relevée en entendant le bruit et scrutait le tunnel d’un air inquiet.
— Aux chevaux ! lui cria-t-il. -

Juste avant de bondir dans la lumière extérieure, Farl jeta un œil + + +

Juste avant de bondir dans la lumière extérieure, Farl jeta un œil derrière lui. Uhr courait, sortant du nuage de poussière, tirant par le bras un Zach qui se couvrait les yeux de la main. Il n’avait pas eu le temps de le prévenir de l’effet de la fumigène évidemment... Il rejoignit en quelques bonds Sam, et ils se plaquèrent contre un rocher en contrebas pour reprendre leur souffle en attendant les deux autres. -

Au même instant, Uhr jaillit hors du tunnel, sautant par dessus les +

Au même instant, Uhr jaillit hors du tunnel, sautant par dessus les arbustes, et traînant toujours Zach qui semblait péniblement reprendre ses esprits, mais qui heureusement suivait son compagnon sans poser de questions. À peine quelques secondes derrière eux, leurs adversaires sortirent eux aussi. -

Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d’un +

Sur le seuil de la grotte, deux silhouettes. La première était celle d’un homme d’une haute stature, une épée longue à la main. La seconde était celle d’une femme aux cheveux courts, protégée par une épaisse armure de cuir noir et qui tenait un bâton à la main. Ses yeux se mirent soudain à - - luire et la lumière sembla se concentrer autour de son bâton. Farl concentra sa prise sur sa dague, regrettant qu’il n’ait pas décidé de l’empoisonner...
— Attention ! hurla Sam. -

Uhr -

Uhr tourna la tête en entendant le cri de Sam, pour voir un jet de +

Uhr tourna la tête en entendant le cri de Sam, pour voir un jet de lumière orangé et blanc jaillir depuis l’entrée de la grotte, dans leur direction. Il eut à peine le temps de lâcher le bras de Zach pour sauter sur le côté gauche. Celui-ci, qui entretemps avait récupéré l’usage de ses yeux, s’écarta sur la droite, mais pas assez vite. -

Le trait incandescent toucha Zach au milieu du dos, dans un +

Le trait incandescent toucha Zach au milieu du dos, dans un horrible bruit de cuir et de chair brûlés. Celui-ci poussa un cri et tomba à genoux. Le trait de lumière ondulait toujours autour d’eux, tel un fouet de lumière brûlante. Uhr se retourna, saisit Zach d’une main, le chargea sur son épaule et tout en reculant, plaça son épée entre eux et l’étrange serpent de lumière, prêt à parer un éventuel coup. -

Le filament de lumière s’enroula brusquement autour de l’épée, et le + + +

Le filament de lumière s’enroula brusquement autour de l’épée, et le métal de la lame devint rouge. Uhr recula –encore quelques mètres et il serait derrière un rocher– alors que le « fouet » s’élançait de nouveau en l’air. La chaleur transmise à son arme commençait à lui chauffer la main, malgré la protection de la poignée de son épée. Quand bien même il arriverait à parer un troisième coup, il ne pourrait probablement plus tenir son arme... -

Mais le troisième coup ne vint pas. À la place, la lanceuse de sort poussa +

Mais le troisième coup ne vint pas. À la place, la lanceuse de sort poussa un cri et s’effondra, soutenue par l’homme qui était à ses côtés. Il était difficile de bien distinguer à cette distance, mais il lui semblait voir un petit objet métallique planté dans son cou, laissé découvert par son épaisse armure. Farl. -

Il rejoignit rapidement Sam, qui avait dévalé le massif montagneux. +

Il rejoignit rapidement Sam, qui avait dévalé le massif montagneux. Semblant sortir du décor, comme à son habitude, le jeune ménestrel assassin se mit à courir à ses côtés. - - -

Sam -

Sam ne comprenait pas vraiment tout ce qui s’était passé, sauf une +

Sam ne comprenait pas vraiment tout ce qui s’était passé, sauf une chose bien claire, c’était qu’il fallait fuir. Elle ne perdit pas de temps en questions, et arrivée la première, elle se hâta de détacher tous les chevaux et de monter en selle. Farl et Uhr la suivaient de près, soutenant Zach, qui @@ -8558,38 +8571,38 @@ semblait vivant, pensa-t-elle avec un frisson.
— Tu vas pouvoir monter à cheval ? lui demanda Farl.
— Je pense que ça ira... répondit-il faiblement. -

Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en +

Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en selle.
— Je crois qu’ils ont lancé quelqu’un à notre poursuite, ne traînons pas, cria Farl.
— Allez vite vers le gué, je vous couvre, répondit-elle tranquillement. -

Elle ferma les yeux un instant. Juste un petit brouillard, une petite +

Elle ferma les yeux un instant. Juste un petit brouillard, une petite brume locale pour couvrir leur fuite... elle venait d’invoquer un charme extrêmement puissant, mais si elle pouvait avoir encore un tout petit peu de grâce divine pour ça... -

Elle pouvait entendre le bruit du galop des chevaux, et déjà, des cris de + + +

Elle pouvait entendre le bruit du galop des chevaux, et déjà, des cris de rage puis de surprise venant de l’autre direction. Elle ouvrit les yeux, et ne vit que du blanc à quelques mètres autour d’elle. Elle eut un sourire satisait et lança sa monture au galop pour rejoindre les autres. Un peu plus et elle-même les perdait de vue... -

Farl -

Il fermait la marche avec Sam. Il était difficile de savoir si on les +

Il fermait la marche avec Sam. Il était difficile de savoir si on les poursuivait avec le bruit du galop des chevaux, mais quelques cris au loin ne lui donnaient pas beaucoup d’espoirs. Pourtant, si leurs poursuivants avaient des chevaux, il leur faudrait probablement un peu de temps pour les faire passer par le passage et descendre le massif... à moins qu’ils n’aient une autre solution ? -

Devant lui, Zach s’était courbé sur sa monture, qui ralentissait. Sam +

Devant lui, Zach s’était courbé sur sa monture, qui ralentissait. Sam le vit, et lui fit un signe. Elle accéléra, et arrivée à la hauteur du - - blessé, lui murmura quelque chose et attrapa ses rênes. Guidant son cheval d’une main et celui de Zach de l’autre, elle leur fit aisément rattraper leur retard. C’est vrai que Sam avait appris l’équitation avec Uhr, qui était un des meilleurs cavaliers qu’il connaissait... et c’était heureux. -

Après une course effrénée qui lui sembla durer un siècle, Uhr leur fit +

Après une course effrénée qui lui sembla durer un siècle, Uhr leur fit signe de ralentir. Ils étaient sortis du brouillard depuis bien longtemps, et ils n’entendaient que les bruits de la forêt autour d’eux.
— Inutile de tuer les chevaux. On va continuer plus lentement, en cherchant @@ -8598,14 +8611,16 @@ class="newline" />— On retourne en ville&n Sam.
— Si. Mais il sera plus compliqué de nous trouver ou d’agir là-bas qu’au milieu de la forêt. -

Ils se remirent en route au pas. Ils coupèrent d’abord tout droit en +

Ils se remirent en route au pas. Ils coupèrent d’abord tout droit en direction du village d’où venait Zach, puis changèrent plusieurs fois de direction pour brouiller les pistes. Ils marchèrent ensuite dans un petit ruisseau pendant un moment. L’eau glacée rafraîchissait les jarrets brûlants des chevaux, tout en ne laissant aucune trace derrière eux. Malgré toutes + + ces précautions, Farl passa le reste du trajet à surveiller le moindre bruit suspect derrière lui. -

Le soir arriva, rien ne s’était passé. Zach était de plus en plus pâle et +

Le soir arriva, rien ne s’était passé. Zach était de plus en plus pâle et s’était contenté, durant le trajet, d’enrouler la crinière de son cheval dans ses mains pour ne pas tomber. Il fallut le soutenir pour qu’il ne s’effondre pas en descendant.
— On va monter la garde je suppose ? Pas de feu ?
— C’est ça. Essayez quand même de dormir un peu, ça ne serait pas inutile. Comment va Zach ? -

Farl, de son côté, avait aidé le guide à s’asseoir et avait commencé à - - +

Farl, de son côté, avait aidé le guide à s’asseoir et avait commencé à dégager son dos. La brûlure formait un trait courbe partant de son flanc gauche vers le milieu du dos, dessinant un arc qui s’enroulait. Il parvint à dénouer son armure de cuir, sérieusement noircie, mais il dut déchirer sa tunique pour dégager la plaie.
— Pas terrible, répondit-il. Tu peux faire quelque chose ? -

Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu’ils avaient, mais Uhr, qui avait +

Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu’ils avaient, mais Uhr, qui avait appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien pour une telle brûlure. Il se contenta d’appliquer un baume et un bandage pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en @@ -8653,7 +8666,7 @@ objecta Farl.
— Que veux-tu faire d’autre ? demanda Sam, un peu énervée. Trouve donc un soigneur efficace dans la région !
— Il y a Sélène... -

Ils se retournèrent vers Zach, qui avait ouvert les yeux et s’était redressé +

Ils se retournèrent vers Zach, qui avait ouvert les yeux et s’était redressé sur son coude en grimaçant.
— Tiens, tu as tout suivi ? lui demanda Farl.
Il hocha la tête. Il était toujours aussi pâle. Les trois autres échangèrent un @@ -8684,32 +8697,32 @@ pas ?
Ils hochèrent la tête. C’était probablement l’idée la plus raisonnable pour le moment... Il ne put s’empêcher de remarquer une légère moue de la part du blessé. Était-ce la douleur ou un doute ? -

Farl se porta volontaire pour la première garde. Alors que Sam et +

Farl se porta volontaire pour la première garde. Alors que Sam et Uhr s’étaient endormis, épuisés, Zach ne semblait pas trouver le sommeil.
— Ça va ? lui demanda-t-il.
— J’ai connu mieux, murmura-t-il.
— Je suis vraiment désolé... J’aurais dû réagir plus vite, et t’éviter ce coup - - en lançant mon arme plus tôt...
— Peut-être... ou peut-être qu’elle t’aurait vu et t’aurait visé à ma place ? -

Ils se turent quelques instants.

Ils se turent quelques instants.
— Tu peux être persuadé d’une chose, Zach, nous ne sommes pas du genre à abandonner nos compagnons. Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour que tu sois sur pied au plus vite, et en sécurité. Essaie de dormir quelques heurs déjà...
— Difficile... -

Farl se leva, fouilla dans les sacoches et en sortit un petit sachet de +

Farl se leva, fouilla dans les sacoches et en sortit un petit sachet de poudre, qu’il dilua dans un peu d’eau dans le fond d’une gourde.
— Bois ça. Ça te fera dormir et calmera ta douleur pour un temps.
— Euh, c’est quoi ? Un poison d’assassin ?
— Parfois, les assassins ont besoin de neutraliser quelqu’un en le gardant vivant, répondit-il en souriant.
— Hm... Je ne sais pas si ça doit me rassurer ou m’inquiéter. -

Il but néanmoins le contenu de la gourde, et quelques minutes plus tard, +

Il but néanmoins le contenu de la gourde, et quelques minutes plus tard, tout le camp hormis Farl dormait profondément. + +

[
@@ -8725,8 +8738,6 @@ d
 class=— De départ pour où ?
Le garde se mit à rire.
— Comment, vous ne savez pas ? Dame Sélène et lui partent demain, à - - l’aube, pour le duché De Vane. Il fait partie de son escorte...
— Je vous en prie, je dois absolument lui parler ! Dites-lui mon nom, et il me fera entrer...
— Ha, qu’allez-vous imaginer ! Je vous ai dit que j’étais loyal à mon maître. Absolument rien d’illégal, d’immoral ou de dangereux ! Êtes-vous libre ce soir ? - -

Irdann

Ton ami,
Uhr

Assis sur le lit de la chambre –petite mais confortable– qui lui + + avait été attribué, il relisait la lettre, qu’un de ses gardes lui avait apporté il y a une heure, essayant de comprendre. Que faisait Uhr ici ? Quelles étaient ces histoires qui demandaient de la discrétion ? @@ -8821,8 +8832,6 @@ class="newline" />Pour toute r soigneusement la porte derrière lui.

Sélène lut la lettre une première fois en fronçant les sourcils.
— Je ne comprends pas pourquoi tu me montres tout ça... Je ne connais pas - - ce Uhr et...
Elle s’interrompit et relut un passage.
— Attends, qu’est-ce qu’il veut dire par « un jeune guide de la région que tu @@ -8842,6 +8851,8 @@ Zach...
Il espérait qu’elle ne remarque pas son hésitation, mais vraisemblablement Sélène se préoccupait peu de ces détails pour l’instant. Il reprit.
— ... Comme toi, d’autres gens peuvent avoir besoin d’un guide, + + non ?
Sélène haussa les épaules et attendit quelques instants avant de répondre. Comme si elle se rappelait soudainement la raison initiale pour laquelle elle @@ -8858,8 +8869,6 @@ class="newline" />— Tu veux y aller alors& class="newline" />— Évidemment. Je ne sais pas encore comment, par contre.
— Et tu feras quoi une fois auprès de lui ?
— Je verrai, je suppose. Pourquoi, demanda-t-il, tu vois autre chose ? - -

Sélène fit quelque pas et le fixa droit dans les yeux.
— Je peux y aller à ta place.
— Quoi ?
Elle se leva.
— Allons Irdann, comme moi, tu as grandi dans ce genre de place forte n’est-ce pas ? Conçue à la base pour résister à une armée d’assaillants...
— Oui, c’est bien la raison pour laquelle il est à la fois difficile d’y entrer et - - d’en sortir.
— Mais ne me dis pas que, au château du duc De Vane, il n’y a pas, quelque part, un souterrain qui, en temps de guerre, permettait de se sauver si tout @@ -8916,6 +8923,8 @@ saura pas que c’est moi class="newline" />— Tu en es sûre ?
Elle haussa les épaules.
— J’ai été absente durant plusieurs années, et mon visage a été un peu + + oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute qu’on me pose beaucoup de questions.
— Laisse-moi t’accompagner, au moins. Je peux aussi m’habiller de manière @@ -8932,8 +8941,6 @@ donc que tu restes ici.
— Pardon ?
— Je n’ai qu’à faire croire que je suis avec toi, ici. Ta chambre n’est pas très loin des cuisines, d’où je pourrai facilement rejoindre la sortie sans être - - remarquée.
Irdann rougit soudainement.
— Mais tout le monde va croire que nous...
— Je me d peu abasourdi par la tournure qu’avaient pris les événements. Il n’aurait peut-être pas dû montrer la lettre à Sélène après tout... Mais il reconnaissait qu’en effet, s’il fallait soigner un blessé, elle était + + probablement la plus compétente. Surtout s’il s’agissait de Zach... Mais tout de même, et même si elle avait su montrer qu’elle avait plus de sang-froid et de ressources que beaucoup d’autres jeunes femmes, il ne pouvait @@ -8970,8 +8979,6 @@ probablement m quelconque.

En sortant, elle croisa la servante en question, et lorsqu’elle lui expliqua où elle allait, la jeune femme lui adressa un regard à la fois complice et - - envieux. C’est vrai que le jeune et élégant paladin avait déclenché de nombreux sourires admiratifs parmi le personnel féminin, et elle connaissait plus d’un homme qui en aurait abondamment profité. Irdann ne semblait @@ -8991,6 +8998,8 @@ class="newline" />— Ah, tu es l class="newline" />Elle montra sa sacoche en entrant dans la pièce.
— J’ai là dedans tout un tas de remèdes, et une robe de servante.
— Personne ne t’a posé de questions dessus ? demanda-t-il en fronçant les + + sourcils.
— Les serviteurs sont vraisemblablement bien plus intéressés par les ragots que par ça, répondit-elle en souriant. @@ -9006,8 +9015,6 @@ class="newline" />— J’imagine oui. Il n’est pas cens class="newline" />— Aucune idée de qui il peut s’agir. Tout dépend de la raison pour laquelle il est ici.
— Il est censé t’attendre, ou attendre de tes nouvelles. Si je dis que je viens - - de ta part il devrait me faire confiance non ?
— Probable. Je ne sais pas jusqu’à quel point, mais je suppose qu’il te laissera au moins t’occuper de Zach...
— Tu peux te retourner. + +

Elle avait enfilé une robe à bretelles marron foncé par dessus une chemise de lin blanche –du moins qui avait été blanche à un moment donné. À ses pieds, elle avait mis les bottines qu’elle avait gardées après son @@ -9043,8 +9052,6 @@ class="newline" />— Promets-moi de ne prendre aucun risque, lui murmura-t- quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais...

Uhr - -

Le soir était tombé, et Uhr s’était mis en route à travers la campagne. Sa monture avançait calmement sur le soleil qui se couchait. Il avait choisi de partir en avance, afin de pouvoir prendre son temps. Après leur course @@ -9064,6 +9071,8 @@ la situation. Ces derniers s’ renseigner sur les différentes entrées et sorties du château, ainsi que du personnel, pour savoir d’où viendrait leur ami, et si possible lui faciliter la tâche. Mais il ignorait si ces recherches avaient porté leurs + + fruits.

Après un tournant sur le sentier, il arriva en vue du village. Des lumières de lampions, visibles dans la nuit tombée, et des bribes de musique @@ -9098,6 +9107,8 @@ visage class="newline" />— J’espère, avança-t-il prudemment, que vous lui pardonnerez.
— Oh, lui, il passera un sale quart d’heure quand je le verrai !
— Votre fiancé ne fait que son devoir. Il ne va pas laisser son seigneur sans + + protection, tempéra Uhr.
— Justement, le seigneur a plein d’argent ! Pourquoi n’engage-t-il pas quelques gardes en plus ? tempêta-t-elle.
— Ah ? Pour quelqu’un qui apprend sur le tas, vous vous en sortez pas mal, répondit-elle en souriant. Mieux que cet idiot de Firor, qui pourtant est - - censé les connaître.
— Qui est ce garçon ?
Elle leva les yeux au ciel.
Après tout la compagnie de Lysielle était agréable, la bière plutôt bonne, et il était peu probable qu’il rentre à temps s’il se passait quelque chose, alors autant en profiter. + +

Ils s’arrêtèrent après la danse suivante, pour terminer leur verre.
— Cette danse-là était plus difficile, j’ai eu un peu de mal à suivre !
— J’avoue. D’où venez-vous, pour ne pas connaître la région et ses @@ -9164,11 +9175,12 @@ class="newline" />— Vous avez l’air de regarder autour de vous, cher chose ou quelqu’un ? lui demanda Uhr.
— Non... Enfin oui... Je me demandais où était passé Firor.
Il eut un petit sourire tout en détachant son cheval.
— Oh, je crois que je l’ai vu rentrer chez lui, avec un certain mal de +class="newline" />— Oh, je crois que je l’ai vu rentrer chez lui, avec un sérieux mal de crâne.
— Sérieusement ?
— Oui, je me demande bien ce qui a pu lui arriver sur la piste de -danse...
— Oui, je me demande bien ce qui a pu lui arriver sur la piste de danse... +avec tout ce monde qui bouge, un coup de coude malheureux est si vite +arrivé.
Elle éclata de rire.
— Haha... Bien vu. Vous êtes vraiment un homme plein de ressources...

Il monta en selle et se mit en route en lui lançant un geste du bras et un @@ -9187,13 +9199,11 @@ nuit. Maintenant, plus grand chose ne la s quelques instants autour d’elle afin de se repérer, et s’engagea dans une direction. Elle avait un peu étudié le plan avec Irdann, mais de nuit, c’était plus compliqué. - -

Soudain, un choc mou la projeta à terre.
— Oh, je suis vraiment confus, je ne vous avais pas vue...
Assise par terre, sur les pavés déjà humides par la rosée nocturne, elle -reprit ses esprit. Devant elle, un homme se releva et lui tendit la -main.
— Vraiment, je vous prie de m’excuser... J’espère que vous n’êtes pas blessée !
— Ça va, merci, dit-elle en acceptant la main tendue.
— Ne craignez-vous pas de faire de mauvaises rencontres en vous déplaçant seule à cette heure ?
Elle fronça les sourcils et se retourna vers lui. Il y avait un sourire -inquiétant sur ses lèvres, et elle regretta soudain de l’avoir accompagné. — -Mais ne vous inquiétez pas, reprit-il en se rapprochant d’elle et en baissant -légèrement le ton, vous ne craignez rien en ma compagnie, dame +inquiétant sur ses lèvres, et elle regretta soudain de l’avoir accompagné.
— Mais ne vous inquiétez pas, reprit-il en se rapprochant d’elle et en +baissant légèrement le ton, vous ne craignez rien en ma compagnie, dame Sélène. + +

Elle se figea de stupeur, comme si on lui avait asséné un coup de poing dans le ventre.
— De quoi parlez-vous ? répondit-elle d’une voix faible.
— Qui class="newline" />— Je suis un ami d’Irdann.
— Hmm... Et d’Uhr ?
— Tout à fait. J’en déduis donc que vous avez lu son message.
Elle hocha la tête. Ainsi, c’était l’un des fameux « compagnons » décrits +class="newline" />Elle hocha la tête. Ainsi, c’était l’un des fameux «  compagnons  » décrits dans le mot.
— Cela ne répond pas à ma seconde question, reprit-elle après un court silence.
Il lui tendit son bras, et après une hésitation, elle le prit et ils se remirent en route. Elle n’était pas très à l’aise, mais la proximité leur permettait au moins de parler très bas.
— Comment se fait-il que « tu » me connaisses si bien ?
— Comment se fait-il que «  tu  » me connaisses si bien ?
— Zach m’a parlé de toi.

Farl @@ -9294,11 +9306,9 @@ br class="newline" />Il sentit sa surprise et sa peur dans le contact de son bras. Elle regardait droit devant elle, hésitant à répondre.
— Sais-tu que tu vis dans un pays où rien que cette phrase peut te valoir un - - autre type de brûlure ? murmura-t-elle après un silence.
— Je suis au très bien au courant. C’est pourquoi nous n’avons pas crié sur -les toits les détails de sa blessure.
— Je suis très bien au courant. C’est pourquoi nous n’avons pas crié sur les +toits les détails de sa blessure.
— Comment va-t-il ?
Il soupira.
— Nous sommes rentrés hier matin, et cela fait deux jours qu’il s’est pris @@ -9313,6 +9323,8 @@ class="newline" />— Qu’est-ce que tu sais sur moi, au juste— Hm... Trop de choses ?
Il ne savait pas précisément comment lui dire, mais en la sentant se mettre + + à trembler de rage, il en conclut qu’elle avait compris.
— Comment le savez-vous ? C’est Zach qui m’a trahie ? Qu’il aille crever !
Elle hocha la tête, et fit une petite moue.
— Quelle est cette histoire de mages, alors ?
— Tu connais un mage du nom Mortag ?
— Tu connais un mage du nom de Mortag ?
Elle haussa les épaules.
— De réputation. Des professeurs de l’université m’ont déjà parlé de lui. Sur quoi travaille-t-il déjà ? Les plantes, ou quelque chose comme @@ -9348,6 +9360,8 @@ n’est pas un accident.
Elle fronça les sourcils et sembla plongée dans la réflexion quelques instants. Puis elle s’arrêta net, l’obligeant à stopper à son tour.
— Vous n’imaginez quand même pas que je pourrais avoir quelque chose à + + voir là-dedans ?
— À mon avis, que tu le veuilles ou non, tu es liée d’une façon ou d’une autre à cette histoire. Rappelle-toi ce qui t’est arrivé dans @@ -9356,7 +9370,7 @@ souvenir ? Soit tu es complice, soit cible.
Elle frissonna. Puis se remit en route, et tourna son visage vers lui.
— Donc tu m’accompagnes pour me surveiller de près...
— Ou assurer ta sécurité, coupa-t-il.
— Ou assurer ta sécurité, compléta-t-il à sa place.
Elle le regarda de haut en bas, comme si elle estimait sa capacité à la protéger.
— Quel genre de danger peut me menacer ? Des araknes ?
Ils march class="newline" />— Si ça te va, on s’occupe de lui et on réfléchit après ?
— Ça me va, répondit-il.

Ils arrivaient en vue de l’auberge. Finalement, la discussion qu’il avait - - -eue avec Sélène était finalement instructive. Sa réaction semblait sincère, il -est possible qu’elle n’ait pas été au courant de l’assassinat de Mortag. Et... -elle semblait réellement tenir à Zach, ce qui était plutôt bon signe pour la -santé de ce dernier. Il n’était pas tout à fait sûr de ce qu’il y avait -entre les deux, mais après tout, tant que ça lui permettait d’être sur -pied... +eue avec Sélène était plutôt instructive. Sa réaction semblait sincère, il est +possible qu’elle n’ait pas été au courant de l’assassinat de Mortag. Et... elle +semblait réellement tenir à Zach, ce qui était plutôt bon signe pour la +santé de ce dernier. Il s’interrogeait toujours sur ce qu’il y avait +entre ces deux-là, mais après tout, tant que ça permettait de sauver +Zach...

Sél ? Et pourquoi dans ce cas ? La faire réagir ? C’était bizarre quand même. + +

Elle fut presque soulagée de pénétrer dans l’animation et le bruit de la taverne. Malgré l’heure tardive, de nombreuses personnes étaient présentes, terminant leur repas ou buvant un verre joyeusement. Farl ne perdit pas de @@ -9404,8 +9418,6 @@ au niveau du mur de droite. En face, une minuscule fen devait pas donner beaucoup de lumière même en plein jour. Sur l’une des tables de chevet était posée une lampe, qui éclairait assez la pièce pour qu’elle puisse voir une silhouette familière étendue sur le - - lit.

— Zach !
La silhouette se redressa péniblement sur son coude, et tenta de tourner la @@ -9422,6 +9434,8 @@ donn class="newline" />Il dégaina l’épée du soldat, posée contre l’armoire, à côté de celle de Zach. À mi-hauteur, la lame portait des encoches profondes et arrondies, comme si le métal avait purement et simplement fondu. + +
— Je ne savais pas qu’on pouvait faire une chose pareille, murmura-t-elle.
— De faire des marques pareilles sur une épée ?

— Pour l’aider, je vais devoir utiliser... les grands moyens, lui murmura-t-elle.
— Tu peux le soigner ?

Sam -

Il se faisait tard. Elle avait passé un long moment, dans la petite +

Il se faisait tard. Elle avait passé un long moment, dans sa petite chambre, à faire le point sur les derniers événements. Uhr s’apprêtait à - - envoyer son rapport détaillé au capitaine, mais évidemment le message mettrait quatre ou cinq jours à lui parvenir... Autant le préparer correctement. De toutes façons, ils allaient commencer à manquer de liquidités s’ils voulaient continuer leurs investigations dans la région.

Elle soupira. Toujours pas de nouvelles d’Uhr, ni d’Irdann, ni de Farl. -Elle s’étira et se leva, un petit verre ou quelque chose à manger lui ferait du -bien. En sortant de la chambre, elle aperçut le jeune ménestrel, assis par +Elle s’étira et se leva, un petit verre et quelque chose à manger lui feraient +du bien. En sortant de la chambre, elle aperçut le jeune ménestrel, assis par terre, la tête posée sur ses genoux pliés, immobile. Il était adossé à la chambre de Zach...

— Farl ? Tu dors ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Zach ? dem class="newline" />Il ne répondit pas.
— Il est épuisé, c’est tout. Il faut le laisser dormir, expliqua Sélène.
Sam ne répondit pas et poussa le jeune homme sur le côté, non sans -quelques efforts. Zach grogna légèrement, puis se retourna, sans même se - - -réveiller. La couverture laissait entrevoir son dos, intact. Elle laissa -échapper un soupir de soulagement, tandis que Sélène lui jeta un regard qui -semblait dire « je te l’avais dit », mais ne fit aucun commentaire. Même Farl -avait pris une expression de soulagement. +quelques efforts. Zach grogna légèrement, puis se retourna, sans +même se réveiller. La couverture laissait entrevoir son dos, intact. +Elle laissa échapper un soupir de soulagement, tandis que Sélène +lui jetait un regard qui semblait dire «  je te l’avais dit  », mais +ne fit aucun commentaire. Même Farl avait pris une expression de +soulagement.

— Je devrais peut-être rentrer, dit Sélène après un silence. Irdann doit se faire un sang d’encre et il ne faudrait pas qu’on s’aperçoive de mon absence... Vous avez encore besoin de moi ?
Elle échangea un regard avec Farl et secoua la tête.

Farl +

Il descendit avec Sélène le petit escalier, puis traversa la salle à manger +de l’auberge rapidement. Ils allaient atteindre la porte d’entrée, lorsqu’une +voix familière retentit dans son dos.
— Oh mais c’est Farl ! Où tu vas comme ça ?
Il se retourna, en essayant d’avoir l’air le plus naturel possible. C’était + + +la haute stature de Ragan, qui s’avançait vers lui avec un grand +sourire.
— Bonsoir, Ragan. Je resterais bien prendre un verre, mais je dois +ramener cette jeune femme chez elle... commença-t-il en désignant +Sélène.
Le guide s’approcha d’eux, et en baissant légèrement le ton et un peu plus +sérieusement, insista en le retenant par le bras.
— Avant que tu ne partes... Tu sais, j’ai entendu les rumeurs... C’est vrai +que Zach est blessé ? Le serveur me dit qu’il vous a vus revenir avec lui et +qu’il n’avait pas l’air bien...
Il regarda Sélène, qui semblait prendre pitié du pauvre guide inquiet, +même si celui-ci faisait au moins deux fois sa taille et deux fois sa +largeur.
— Ça va, dit-elle doucement en posant sa main sur son bras, et en prenant +un ton rassurant. Il va s’en remettre, ce n’est pas grave.
L’homme dévisagea un moment la jeune femme, puis sembla arriver à une +conclusion. Il jeta un regard complice à Farl et reprit en souriant.
— Ah ah, je vois ! Avec un «  médecin  » pareil, Zach sera vite sur pied, +c’est sûr !
Il leur fit un gros clin d’œil et gratifia Farl d’un coup de coude tel qu’il lui +coupa le souffle quelques secondes. +

Sélène regardait ailleurs en rougissant légèrement, mais comme elle le +faisait en se tournant vers lui, il put constater qu’elle se mordait les +lèvres pour ne pas rire. Ragan était à la fois si proche et si loin de la +vérité...
— D’ailleurs, reprit Farl à voix basse, ce serait justement une bonne idée +si tu pouvais ne pas parler de la présence de la petite dame ici... +Surtout de sa présence auprès de Zach. Si tu vois ce que je veux +dire...
Après tout, rebondir sur l’idée même de Ragan n’était pas une si mauvaise +piste... Il sembla comprendre ce qu’on attendait de lui, et reprit, sans quitter +son sourire, mais à voix basse comme lui.
— Pas de problèmes. Les secrets de mes amis sont les miens. Raccompagne-la +bien, et avec discrétion. +

Il sortit rapidement, en tenant Sélène par le bras qui se retenait + + +difficilement son rire. +

Irdann +

Il faisait les cent pas dans sa petite chambre, de plus en plus inquiet. +Cela faisait un bon moment que Sélène était partie. Il n’avait pas +d’horloge et pouvait difficilement estimer combien de temps exactement, +mais à voir comment la bougie descendait, cela faisait plus d’une +heure... +

Au début, il avait enfilé une chemise de nuit ample et s’était apprêté à +se coucher. Autant prendre un peu de repos en l’attendant. Mais il avait été +bien sûr incapable de dormir. Elle avait probablement réussi à sortir, +car si on l’avait reconnue avant qu’elle ne soit dehors, il en aurait +entendu des échos. Mais trouverait-elle l’auberge ? Trouverait-elle Uhr ? +D’accord, les rues étaient plutôt sûres, mais il pouvait quand même lui +arriver quelque chose en chemin... Et si elle tombait dans un piège qui +lui était destiné ? Et même si tout ça se passait bien, pour rentrer, +que ferait-elle si le garde ne la laissait pas passer ? Ou pire, s’il la +reconnaissait ? +

Son regard se porta sur son épée et sa ceinture. C’est décidé, s’il n’avait +pas de nouvelles d’ici pas trop longtemps, il se rhabillait et sortait +à sa rencontre, tant pis pour la discrétion. Sa sécurité importait +plus... +

Il sursauta lorsqu’il entendit à la porte de la chambre trois coups +timides, suivies d’une seconde de silence et de deux autres coups. Le signal +qu’ils avaient convenu... Il se précipita pour lui ouvrir, et eut l’impression de +respirer pour la première fois depuis des heures lorsqu’elle se glissa à +l’intérieur.
— La déesse soit louée, tu vas bien ! murmura-t-il en prenant ses mains +glacées dans les siennes.
Elle lui sourit.
— Oui, je suis là, et je vais bien. Et je suis contente d’être rentrée dans +soucis...
— Alors ?
— Zach va bien aussi. Plus précisément, il va mieux.
Il laissa échapper un second soupir de soulagement. +

Alors qu’elle se changeait et remettait sa robe de châtelaine, elle lui +raconta son expédition, sa rencontre avec Farl, puis la blessure de Zach, que +seule sa magie avait pu soigner, et enfin les quelques éléments étranges que +lui avaient donnés Farl.
— Et pour rentrer, tu n’as pas eu d’ennuis ? demanda-t-il le dos +tourné.
— Le trajet n’a pas posé de problèmes, mais je me suis retrouvée très +embêtée devant la porte verrouillée... Je n’avais pas pensée que, passée une +certaine heure, ils la fermaient.
— Aïe... Comment as-tu fait ? Tu as trouvé un autre accès ?
— Apparemment, une serrure n’est pas un obstacle suffisant pour ton ami +Farl. En quelques minutes il l’avait ouverte... et a refermé derrière +moi.
— J’aurais dû m’en douter. +

Elle lui tapa légèrement sur l’épaule pour lui signaler qu’elle était +prête.
— Je vais aller dormir, tout ça m’a épuisée. On pourra toujours discuter +demain des autres choses étranges que m’a racontées Farl... Sérieusement, il +fait quoi dans la vie, ce gars ?
— Oh ? Il est jongleur, répondit-il en souriant.
Il ne put s’empêcher de rire en voyant son air stupéfait et incrédule.
— Allez, je t’expliquerai demain, moi aussi je suis épuisé.
— Tu peux parler, tu es resté tout ce temps bien au chaud dans ta chambre ! +répliqua-t-elle.
— Oui, à me mordre les doigts jusqu’au sang de ne rien pouvoir faire... +j’aurais préféré un million de fois y aller avec toi, qu’est-ce que tu +crois !
— Tu marques un point, admit-elle avec un sourire. Allez, bonne +nuit Irdann. Et merci pour tout, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la +porte. +

Farl +

Il était près de midi lorsqu’il poussa du pied la porte de la petite + + +chambre d’auberge qu’il partageait avec Zach. Lorsqu’il s’était levé ce +matin, le jeune homme dormait encore profondément... +

Zach était réveillé, vraisemblablement depuis peu. Il avait enfilé un +pantalon, et faisait quelques torsions pour tenter d’observer son dos dans le +vieux miroir terni de la petite pièce.
— Te voilà sur pied ! Ça fait plaisir, lui dit-il en souriant.
— Farl ! Il faudra que tu me racontes tout ce qui s’est passé, je crois que j’ai +raté un ou deux épisodes.
Il hocha la tête et lui tendit l’assiette et le petit pichet de vin qu’il avaient +montés.
— Pas de soucis. Mais d’abord, à table !
Les yeux du jeune homme s’allumèrent en voyant l’assiette, contenant un +mélange de légumes dans lequel flottait un morceau de lard fumé, ainsi +qu’une grosse tranche de pain. Zach s’assit sur le lit et dévora son repas +comme s’il n’avait rien mangé depuis plusieurs jours, ce qui n’était pas loin +d’être le cas. +

Après avoir fini jusqu’à la dernière miette et bu la dernière goutte du +vin, il posa le tout sur le lit d’à côté avec un air satisfait.
— Ça fait du bien de revivre.
— Comment tu te sens ? lui demanda-t-il.
— L’impression d’avoir fait un cauchemar... et de m’être réveillé dans les +bras d’un beau rêve.
Farl lui sourit.
— En tous cas ton dos a l’air comme neuf... quoique ? On dirait +qu’il te reste une fine cicatrice, là, reprit-il en montrant du doigt +une fine ligne un peu pâle qui dessinait une courbe dans le dos de +Zach.
— Peut-être. Mais je n’ai plus rien à part ça, c’est vraiment miraculeux, +dit-il en se levant en en effectuant quelques mouvements. Alors, cette +histoire ?
Farl lui raconta alors la fin de leur périple, le mot envoyé à Irdann et la +venue de Sélène. +

— Qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ? lui demanda Farl après un +silence.
Zach s’interrompit en plein étirement, comme s’il n’attendait pas du tout +cette question.
— Je ne sais pas, j’avoue... Ça me fait un drôle d’effet de reprendre +le boulot habituel après une telle aventure. Mais il faudra bien... +Pourquoi ?
— Hé bien, d’abord parce que tu es arrivé ici en sale état, et que certaines +personnes te connaissent. Ils vont trouver ça étrange que tu sautes +comme un cabri dès aujourd’hui, même si nous avons minimisé ta +blessure.
— Je n’avais pas pensé à ça en effet, répondit-il. Je peux faire semblant +d’être un peu mal en point, et de toutes façons quelques jours de repos me +feraient du bien. J’ai encore un peu de mal à réaliser tout ce qui nous est +arrivé.
— Ensuite, continua Farl, parce qu’il est probable que ceux qui ont causé ta +blessure en veuillent encore à ta peau.
Il vit le jeune homme frissonner malgré la température douce de la +pièce.
— Aucun d’entre nous ne s’attendait à cela, reprit-il en voyant que +Zach restait silencieux, et toute cette affaire nous dépasse. Nous +n’étions pas préparés à cela, même si j’ai bien du mal à voir qui +aurait pu l’être... Toujours est-il que ces gens ont vu ton visage et +celui d’Uhr, peut-être même les nôtres, et que je doute qu’ils nous +laissent en paix. Je ne sais pas combien de temps il leur faudra pour +nous retrouver, mais si tu connais un endroit où disparaître pour un +moment...
Il hocha la tête.
— Je peux peut-être aller voir de la famille... J’ai des cousins dans la +seigneurie voisine, qui s’occupent d’une ferme, perdue au milieu de la +campagne. Je pense qu’ils m’accueilleraient sans soucis, et je pourrais +m’occuper en plus...
— Par exemple.
— Et vous, demanda-t-il, qu’allez vous faire ? Quoique ça ne me regarde +peut-être pas mais...
Il lui sourit.
— Nous avons pas mal discuté avec Uhr et Sam. Nous pensions à la base + + +revenir à la capitale, mais finalement, nous allons nous rendre au duché De +Vane.
— Ah ? s’étonna-t-il. Tu veux aller voir une certaine elfe là-bas ? reprit-il +avec un sourire.
— Qui ça, moi ? demanda-il avec un air qu’il espérait en partie innocent. +Plus sérieusement, nous sommes toujours en contact avec le capitaine qui +emploie Uhr. Sam lui a raconté via un enchantement notre aventure, +c’est un peu compliqué à détailler, et sa réponse n’est pas encore +claire, mais il préfèrerait qu’on reste dans la région au cas où. Il nous +enverra éventuellement des instructions et de l’or s’il a besoin de +nous, mais en attendant, nous sommes en congé. Alors tant qu’à +faire...
— Je vois. Mais vous ne seriez pas en danger vous aussi ?
— Bien sûr, mais pas autant que si nous décidions de retraverser la +forêt... Je ne suis pas à la place de nos poursuivants, mais le chemin +qui mène à la capitale me paraît peu sûr pour nous. Alors qu’il y +en a de nombreux qui mènent au duché De Vane, et pas mal de +détournés.
— Vous n’avez plus d’argent ? Pourtant vous m’avez bien payé...
— Ne t’inquiète pas. Nous avons de quoi nous débrouiller pendant quelque +temps, et puis il fallait bien te payer une nouvelle chemise, c’était un +minimum... +

Il sortit alors en souriant une tunique de lin neuve, de couleur vert +foncé.
— D’après Sam, c’est un coup de chance. Le tailleur d’habit avait une +commande annulée, alors il lui a fait un prix, et en plus on a pu l’avoir +suffisamment tôt.
— D’après Sam ? demanda-t-il en haussant un sourcil tout en enfilant le +vêtement.
Il haussa les épaules en souriant toujours.
— Je ne sais pas ce qu’elle a magouillé avec lui, mais quand elle +veut quelque chose, elle est d’une efficacité presque inquiétante. +Disons juste que je pense que je n’aurais pas voulu être à la place du +tailleur. +

La chemise lui allait à merveille. Il se leva pour prendre ses affaires, et + + +son regard tomba sur ce qui restait de son armure de cuir.
— Par contre nous n’avons pas eu le temps, ni l’argent, de faire réparer +cette armure... J’en suis désolé.
Il passa sa main sur le dos, carbonisé en forme de courbe presque +artistique, et frissonna. Puis il se remit à sourire en regroupant ses +affaires.
— Bah, après tout ce qui m’est arrivé, je suis en vie, en bonne santé et vous +m’avez assez largement payé. Je ne vais pas me plaindre. Et puis je connais +des bourreliers sympas et discrets...
— Tant que tu es prudent.
— Vous allez vous mettre en route alors ? demanda Zach en attachant sa +ceinture à sa taille.
— D’ici la fin de l’après-midi, oui. Si jamais tu veux venir avec nous, c’est +encore possible... +

Le jeune homme sembla hésiter, puis haussa les épaules.
— Bah, autant que j’aille de mon côté. Mais si je vous cherche, je saurai où +vous trouver, et si jamais vous avez besoin de moi, demandez la ferme des +Sept béliers, dans la seigneurie de Tournelle.
— J’y penserai, si je dois affronter des rats géants morts-vivants à +tentacules. C’est toujours plus sympa à deux, répondit Farl en souriant. Ah, +un dernier détail, avant que tu ne descendes... ton ami Ragan s’inquiétait +pour toi hier.
— Ah ?
— Disons qu’il m’a vu avec Sélène...
— Aïe, murmura-t-il en se mordant les lèvres. Il l’a reconnue ?
— Non, non pas du tout. Mais disons que je lui ai fait croire... ou plutôt je +l’ai laissé se convaincre tout seul que la jeune femme qui m’accompagnait +était ta maîtresse.
Il haussa les sourcils.
— Ne t’inquiète pas, il ne connaît même pas son nom. Mais le laisser croire +qu’elle trompait un mari imaginaire était le meilleur moyen pour qu’il se +taise à son sujet, si tu vois ce que je veux dire...
— Je vois, dit-il en revérifiant attentivement le contenu de sa sacoche.
Farl aurait juré qu’il était en train de sourire.
— Autant que tu sois au courant s’il te pose la question. + + +

Zach hocha la tête et quitta la pièce en lui adressant un signe amical de +la main.
— Ah, et je te rappelle que tu me dois un pot, pour notre escalade de +l’autre jour ! lui lança-t-il alors qu’il passait la porte.
Il lui fit un clin d’œil avant de disparaître.
— Je n’oublie pas. Et je prendrais bien ma revanche à l’occasion, ajouta-t-il +avec un air malicieux.

[
-

+

+

Sélène +

La route était belle, il faisait un temps magnifique, et le carosse avançait +bien. Si tout se passait bien, lui avait dit le garde qui tenait les rênes, ils +seraient au château du duc De Vane avant le lendemain soir. Jusqu’à il n’y a +pas longtemps, elle aurait peut-être refusé d’aller à ce fameux tournoi. Elle +n’appréciait pas plus que cela les fêtes un peu trop formelles qui lui +rappelaient trop son adolescence, où ses parents –et tout son entourage– +attendaient d’elle qu’elle noue des amitiés, et plus, avec les jeunes seigneurs +voisins. +

La situation était quelque peu différente maintenant. Il faudrait toujours +qu’elle joue un peu la comédie, mais étant officiellement mariée à la +capitale, elle n’était plus un enjeu important dans l’échiquier complexe des +petites alliances de la noblesse. Et puis elle y verrait des amis. Il y avait +Aldariel et Silwë, même si officiellement elle connaissait pas encore les deux +elfes. Et il y avait Irdann, qui l’accompagnait sur le trajet, avec qui elle +pouvait discuter librement... Enfin presque. +

Leur escorte était composée de cinq gardes dont trois à cheval autour de +son carosse, et deux perchés sur le toit. Il y avait aussi Irdann, évidemment. +Elle aurait voulu partir avec le moins de serviteurs possibles, et une seule +femme de chambre l’accompagnait, assise sur le siège en face d’elle. Celle-ci + + +passait une partie du trajet à discuter poliment avec sa maîtresse, l’autre à +effectuer divers travaux de couture –et ce, malgré les cahots de la +route. +

Elle souleva le fin rideau qui fermait la fenêtre du carosse, et appela +Irdann, qui accourut aussitôt à la hauteur du carosse.
— Que puis-je pour le service de dame Sélène ?
Elle pouffa de rire.
— Tu crois que tu peux m’apprendre à monter à cheval ? demanda-t-elle +après avoir repris son sérieux.
Il prit un air surpris.
— Tu n’as pas appris ?
— Quand j’étais jeune, très peu, et à la capitale je n’ai pas tellement eu +l’occasion... Et là, je m’ennuie sérieusement et j’ai envie de bouger un +peu.
— Pourquoi pas alors.
Irdann fit signe au cocher de s’arrêter quelques instants. +

Irdann +

Il mit pied à terre, et fit monter Sélène à sa place sur la selle. Après +avoir réglé les étriers pour qu’elle puisse au moins caler sa jambe gauche –il +était impensable qu’elle ne monte pas en amazone–, il lui mit les rênes dans +les mains, et guidant sa fidèle jument, l’emmena d’abord au pas. Le reste du +convoi se remit en route à son allure ; après tout, ils n’étaient pas si pressés +que cela. +

— Essaie d’être moins crispée sur les rênes, Kahrafe est douce mais +n’apprécie pas qu’on lui tire sur la bouche... pose tes mains sur l’encolure, +comme ça.
Appliquant avec soin ses conseils, elle prenait rapidement de l’assurance. À +un moment où son escorte était suffisamment loin d’eux, elle se pencha vers +lui.
— Je voulais en profiter pour te parler... de tout ce que que j’ai entendu hier +soir.
Il hocha la tête.
— Ça me trottait dans la tête à moi aussi, avoua-t-il. Je ne pense pas que + + +Farl ait eu un quelconque intérêt à te mentir là-dessus...
— Farl ? Lorsqu’on marchait dans la ville, il était en train de jouer à me +tester, il aurait pu me raconter n’importe quoi juste pour me faire +réagir !
— Oui, mais après, je pense qu’il aurait démenti en partie. Donc +cette histoire de mage, décédé dans un accident qui n’en est pas +un...
— Mortag, précisa Sélène. Il étudiait les animaux magiques. Et il y a +quelque chose que je ne t’ai pas dit sur notre séjour en forêt, qui pourrait +avoir un lien avec cette histoire... +

Elle lui raconta alors l’épisode des araknes, qui avait mené à leur +rencontre avec les elfes.
— Hé mais c’est évident, s’exclama-t-il. Ou presque. Ce type était d’une +façon ou d’une autre au courant pour ces créatures, et on a voulu le faire +taire.
— Ou encore, proposa Sélène, il y est pour quelque chose dans leur +réapparition. Normalement, elles ne sont plus censées exister... Mais on en +revient au fait qu’on a voulu le faire taire.
— Ce qui est inquiétant, c’est qu’il y a d’autres mages derrière tout ça, +notamment ceux qui ont blessé Zach. Combien sont-ils ?
— Difficile à dire... Il ne t’a pas donné plus de détails ?
Elle secoua la tête.
— Je n’ai pas pensé à lui en demander, j’étais plutôt concentrée sur la +santé de Zach...
— Je comprends, dit-il en souriant. Enfin, je suppose que nous ne sommes +pas trop directement visés par tout cela. Je m’inquiète juste pour nos +amis... +

Ils marchèrent quelque instants en silence.
— On peut trotter, en amazone ? demanda Sélène
— Il suffit d’essayer, répondit-il, ravi de ce changement de sujet.
Il claqua de la langue, et se mit à courir à côté de Kahrafe. +

Soudain, Sélène se raidit et tira brusquement sur les rênes. La jument +hennit s’arrêta net.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? lui demanda-t-il, un peu essoufflé par sa + + +course.
— Irdann, je... je suis très inquiète...
— Il n’y a vraiment pas de quoi. Notre escorte n’est pas loin, dit-il sur un +ton rassurant en montrant les cavaliers et le carosse non loin derrière, et +Kahrafe ne te jettera pas à terre, qu’est-ce qui...
— Irdann, l’interrompit-elle en se penchant vers lui. Son visage était +pâle et elle tremblait. Il y a des mages tout près de nous... Je le +sens.
— Quoi ? +

Il regarda autour de lui. Les gardes étaient quelques dizaines de mètres +derrière eux, et les rejoignaient sans se presser. La route sur laquelle ils +avançaient était moyennement large, taillée quasiment à flanc de montagne. +Sur la gauche, une pente raide qui aurait presque mérité le nom de précipice +si elle n’était pas couverte d’arbres et de fougères, et sur la droite, un pan +de falaise qui débouchait quelques mètres plus haut sur une forêt +touffue. Tout était calme mais... Tendre une embuscade en cet endroit +était un jeu d’enfant pour quelqu’un d’un peu malin. Et pour des +mages ? +

— Il y a un sort de lancé, autour de nous. J’ai du mal à préciser comment... +Mais ce n’est vraiment pas bon signe. Je dirais que la source est par là, +dit-elle en désignant le fossé à gauche de la route, légèrement devant, +dit-elle d’une voix faible.
— Tu veux apprendre le galop ? murmura-t-il.
Elle hocha la tête, les yeux à demi-fermés, la panique écrite sur son visage. +Il dégaina une des épées qui étaient à sa ceinture.
— Version courte : accroche toi à la crinière comme tu peux.
Il lança une claque sur la croupe de Kahrafe, qui se cabra légèrement et +partir à toute vitesse. Sans la regarder, il courut, l’épée en avant, dans la +direction qu’elle lui avait indiquée. +

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