X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=3bda109421e252bb9177dd3f63d03aa56f328df5;hb=14ae16710bd01efb8ea6aec1d067476d01ca85a5;hp=210807fadb8bb9bfed80fb79627562ff7d49e73a;hpb=c5a139cbb237c19a9e77494ba442e7a3d8b660a0;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index 210807f..3bda109 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - + @@ -25,27 +25,27 @@ [
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Sélène -

Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce, +

Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce, éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans. -

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les -araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici ; et Sélène était ravie de -s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas -été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, +

Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les +araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie de s’en +débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été +rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles -vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été -considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la -salle du trésor. -

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. +armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré +comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du +trésor. +

Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés. Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une @@ -54,21 +54,20 @@ retenu sa passion pour la lecture, se disant qu’au fond, en lisant, elle n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur époux. -

Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à +

Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? S’évader dans ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire ici. -

Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par -les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales – -qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu +

Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par +les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales +–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le -précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... -Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à -tout. -

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de +précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y +avait de tout, dans le désordre. +

Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est @@ -76,35 +75,35 @@ alors qu’elle aper livres quelques secondes plus tôt, un panneau de bois, comme si l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque +chose ? -chose ? -

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après +

Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre de magie ! -

La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, +

La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur âme à des divinités maléfiques. Pour s’en protéger, on les chassait, les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit ? Le brûler ? Le ramener à ses parents ? ... Le lire ? -

Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son +

Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son âme en l’ouvrant ? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop tard... -

Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et +

Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire. -

Silwë -

La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.

La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.
— Encore raté...
— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin !
Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à -chaque fois qu’elle s’entraînait – avec un succès toujours mitigé – à +chaque fois qu’elle s’entraînait –avec un succès toujours mitigé– à l’arc.
— Ouais, bien sûr. Avec un peu de chance, je pourrai tuer l’ennemi qui se marre à cinq mètres, tu veux dire ?
Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une fl un petit air de défi.
— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi !
Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière + + spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde. @@ -129,8 +130,8 @@ class="newline" />— On s’entra class="newline" />— Je vois ça. Silwë, tu peux venir avec nous s’il te plaît ?
Surprise, la jeune elfe leva les yeux. Sa mère était accompagné d’un homme qu’elle ne connaissait pas. Il portait la longue tunique vert foncé, le -pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats – c’était -également le cas de sa mère – mais les broderies dorées indiquaient qu’il +pantalon blanc et les bottes habituellement réservés aux soldats –c’était +également le cas de sa mère– mais les broderies dorées indiquaient qu’il s’agissait vraisemblablement de quelqu’un d’important. Elle nota qu’à sa ceinture pendait une longue épée, comme celles qu’utilisent les humains, enfin c’était ce qu’on lui avait dit. Elle n’en avait jamais @@ -138,14 +139,14 @@ vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris, et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande sagesse. -

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du +

Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui ressemblait à une salle d’entraînement.
— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle ?
— Oui. Mais je ne suis pas douée à l’arc... répondit-elle timidement.
Il lui sourit, et jeta un œil à sa mère, à quelques pas de là.
— Il est de toutes façons difficile d’être aussi bonne archère qu’elle. Mais -peut-être serais tu plus à l’aise avec autre chose ?
 ?
Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s’il l’évaluait.
— Quel âge as-tu ?
Elle prit l’arme, la soupesa, et h class="newline" />— Essayer, comment ?
— Comme ça.
L’homme avait saisi une seconde épée en bois, et s’était précipité sur elle. -Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l’épée d’un coup de la sienne. -Même en bois, l’épée était un peu lourde... L’homme attaqua de nouveau, -elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d’encaisser -un choc qui ne vint pas... L’homme s’était arrêté à quelques centimètres -d’elle.
— Pas mal. Je pense que c’est bon.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Il s’assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.
— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée, ici. Cela te convient-t-il ?
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête. -

Uhr -

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, -vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une +

Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus +de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une +épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux -ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de -nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, -et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares -adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un +coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien +qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes +de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un citadin. -

Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la +

Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.
— Là, regardez !
Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait +class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutaient paisiblement.
— Pourquoi tu t’arrêtes ? demanda sa sœur en lui donnant un coup de poing dans les côtes.
— On peut juste attaquer. Tu r va !
Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la colline en direction des aurochs. -

Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne +

Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de @@ -210,25 +211,25 @@ questions. Manger, boire, s’entra quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion. Alors pourquoi ? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des -défaut ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question +défauts ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa sœur. -

Irdann -

Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le +

Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs +pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer -pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer quelqu’un sur place en une parole. -

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait +

L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir. Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large sac en cuir, visiblement rempli. -

— Hm... prêtre Khil ?

— Hm... prêtre Khil ?
Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge, d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui @@ -255,9 +256,9 @@ ensuite son class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé, n’est-ce pas ? +

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains -

Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.
— Vous avez d class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.
— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de nombreuses aventures... -

Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait +

Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire semblant d’être inoffensif ? Il devait être redoutable sur un champ @@ -292,35 +293,123 @@ honneur.
— Mais tu sais, je ne suis pas le meilleur épéiste qui soit, reprit Khil, comme s’il devinait ses pensées. D’ailleurs, il me semble que la tradition veut que les futurs paladins fassent une partie de leur apprentissage en - - dehors du temple.
— Ah ? Comment ?
— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon garçon ! Nous verrons bien.
Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la capitale. -

Sélène +

Debout devant elle, ils tremblaient de tous leurs membres. Surprise ? +Colère ? Peur ? Incrédulité ? Panique ? Probablement un peu de tout +cela. Le grenier dans lequel elle les avait amenés était dans un sale état, +mais c’était le seul endroit où elle pouvait pratiquer la magie sans être vue +ou entendue... +

Suivant pas à pas les conseils du livre, elle avait découvert qu’elle avait +un certain don pour cela. Avec de la persévérance, elle avait réussi à +lancer son premier sort, paraît-il le plus simple, une boule de feu, et +elle avait manqué de brûler la bibliothèque. Le livre disait aussi +qu’il était très difficile de contrôler sa propre énergie magique... De +nombreuses traces noires couvraient désormais les murs et le sol +du grenier, et un certain nombre de vieux meubles en bois avaient +brûlé. +

À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en +crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa +démonstration spectaculaire.
— Ce n’est pas possible...
— Notre propre fille, une sorcière...
Elle se tenait entre eux et la porte du grenier. Elle ne cherchait pas +particulièrement à les empêcher de sortir, mais elle voulait qu’ils l’écoutent +avant.
— Arrêtez avec vos histoires. Les sorciers ne sont pas maléfiques, en tous +cas pas tous. Vous ne croyez quand même pas à toutes ces histoires de +démons ?
— Ils avouent tout de même...
Elle secoua la tête d’un air rageur.
— Avec les tortures qu’on leur inflige ? N’importe qui avouerait n’importe + + +quoi. Ne soyez pas idiots.
Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait +quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais +peut-être n’était-ce pas le cas de tous ?
— Regardez-moi. Suis-je devenue un monstre en apprenant un peu de +magie ? +

Ils l’observèrent un moment. Elle n’avait pas vraiment changé ces +dernières années, à part un peu grandi, mais ce n’était vraisemblablement +pas une histoire de magie. Pourtant... ils avaient la sensation que leur +fille leur échappait, qu’elle n’était pas la jeune fille qu’ils auraient +voulu qu’elle soit, qu’elle ne pensait pas comme ils auraient voulu +qu’elle pense. Peut-être était-ce juste cela, être une sorcière ? Ne +pas être celle que les autres attendaient ? Était-ce maléfique pour +autant ? +

Elle soupira, et interrompant leurs pensées, fit apparaître lentement une +seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en +arrière, effrayés.
— Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la +fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis-à-vis +de votre peuple.
La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration. +Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique +grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme. +Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...
— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part +vous ne le saura.
La taille de la flamme diminua lentement, à mesure qu’elle se calmait.
— Si vous me laissez étudier la magie comme je le souhaite, je ferai tout +pour garder sauf l’honneur de la famille. Je ferai tout ce que vous voudrez. +J’épouserai qui vous voudrez. S’il vous plaît...
Un silence passa, durant lequel ils semblèrent considérer cette idée.
— Aaaïe !
La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en +énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se +mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix + + +–presque– apaisée.
— Montre ton bras ?
Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se +former.
— Je peux... m’en occuper.
Elle se concentra, malgré la douleur vive. Il y avait cet autre sort qu’elle +avait appris. Un sort pour soigner... Il était, d’après le livre, plus complexe +que celui du feu, et elle avait beaucoup moins d’occasions de le pratiquer. +Mais les quelques fois où elle avait essayé, le résultat n’avait pas été si +mauvais. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. La douleur avait +considérablement diminué, et les cloques avaient disparu, même si +la peau restait un peu rouge et sensible. Elle lâcha un soupir de +soulagement.
— Vous voyez, la magie peut être bénéfique, aussi.
Son père observa tour à tour sa main, son visage, et celui de son épouse, qui +semblait réfléchir, un peu en retrait. Celle-ci finit par s’approcher +également.
— J’ai peut-être une idée... +

Farl -

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le +

Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment, silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il -s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne +s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si bien remplies... -

Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé +

Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas les moyens de le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre. À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand, + + mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept ans. -

Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait +

Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées –et surtout ses nuits– à apprendre les ficelles du métier. Déplacement @@ -328,14 +417,12 @@ furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir, escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de jeu. - - -

Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si +

Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants – fêtards, malfaiteurs, gardes ? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était qu’une ombre parmi les ombres de la nuit. -

Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent +

Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension. L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il @@ -346,13 +433,15 @@ Il sortit de son petit sac lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du bâtiment. -

Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant. +

Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant. Était-il monté par l’escalier ? Avait-il escaladé ? Plus rien ne le suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à gousset.
— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.
Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.
— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à + + fait honorable.
Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se @@ -360,12 +449,10 @@ leva et s’ class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première mission.
Farl le regarda, les yeux brillants. -

Zach -

— Bon, allez, on fait une pause ?

— Bon, allez, on fait une pause ?
À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant - - de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante @@ -383,25 +470,25 @@ class="newline" />— Parce que c’est avec lui que la fille du cordonn l’autre soir.
— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à couper du bois. -

Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante, +

Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante, se remémorant la soirée de la veille. -

C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses +

C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux, aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des arbres, comme leur père. Et pour cause ! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas + + d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il vivait. -

Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un +

Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple tunique, d’un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs - - épées et boucliers au côté.
— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour nous et la damoiselle que nous escortons.
— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de quoi souper et dormir.
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ? -

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En +

Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En chemin, l’un des soldats l’interrogea :
— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à +class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ? -

Il réfléchit quelques instants.
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de -jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette -forêt.

Il réfléchit quelques instants.
— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village, +dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.
— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça ?
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ? -

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. -Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide -possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le -mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps -libre.

Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter. +Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il +était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt, + + +puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.
— D’accord. -

Aldariel -

— Oui, Aldariel, tu voulais me voir ?

— Oui, Aldariel, tu voulais me voir ?
La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et frêle, vêtue d’une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père avait l’air si imposant quand il était assis sur - - son trône ! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces conditions... Sentant sa gène, et constatant qu’il était seul avec elle, il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses @@ -459,27 +544,27 @@ certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut- s’entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun champ de bataille de sa vie –ou alors que de loin–, du moins il l’espérait, alors que risquait-il ?
— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer ?
— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer ?
Il soupira.
— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps... J’allais même disputer des tournois chez les humains.
Chez les humains... On disait tant de choses des humains ! Elle ne savait + + même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l’arc plutôt que sur les humains, c’était nettement moins dangereux. — Soit. Je t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc : une des meilleures archères de mon escouade d’élite.
Le visage d’Aldariel s’illumina. -

Samantha -

La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple - - +

La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple –prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et presque un peu effrayant. -

Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation. +

Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation. Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà ! Mais cette ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare. @@ -488,42 +573,81 @@ survivants de son village, d de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna, qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus proche. -

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha +

Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit, appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les concurrentes. -

Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de +

Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien –peut-être un peu trop ?– en valeur sa féminité. Elle portait un large collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets, + + aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin accompli. -

Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers +

Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent. C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce mélopée. - - -

Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, +

Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre, puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras, et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le regarder. -

Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus +

Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi, avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements redoublèrent. -

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. +

Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. +

Zach +

— Là-bas, je vois l’orée !
Les soldats laissèrent échapper une exclamation de joie. Après quatre jours +dans la forêt, ils n’étaient pas mécontents de retrouver la civilisation. De +son côté, Zach, installé à côté du cocher, rêvassait. Il se demandait bien qui +était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de voir, en théorie. En +pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en +temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de +petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine +richement orné. + + +

— Hé, gamin !
Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un +grand sourire.
— Tu as fait du bon boulot en nous guidant jusque là. Tu auras bien gagné +ta paie !
Il rougit légèrement.
— Merci.
— Ton chemin parallèle pour éviter le sentier embourbé était le bienvenu... +Nous aurions perdu beaucoup de temps à nous traverser cette partie avec le +carosse !
Il haussa les épaules en souriant.
— Nous allons parfois livrer du bois par là, et ce n’est pas la première fois +que ce chemin est inondé...
Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.
— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot ?
— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela +fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.
Il lui fit un clin d’œil.
— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron, +à mon avis.
Il allait répondre, lorsqu’un des soldats lui adressa la parole.
— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on +arrive ?
— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.
— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as +bien mérité !

[
@@ -532,6 +656,8 @@ src=Uhr

Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et + + humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses @@ -544,8 +670,6 @@ d’abord se lib fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s’endormir, épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui - - partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait @@ -557,17 +681,19 @@ permettait d’ pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour eux. -

Le cinquième jour, l’expédition sembla rejoignit camp nettement plus +

Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il -entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Bloupy », le +entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le chef de ce grand clan barbare.

Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi, dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet, et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à présent ? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et + + ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de bâton en plus.

Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il @@ -580,8 +706,6 @@ class="ecti-1095">Farl

Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son - - équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un @@ -590,7 +714,7 @@ ainsi qu’un assortiment de poisons et antidotes. Il v fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet, qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était prêt. -

Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien +

Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien étaient-ils ? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une @@ -604,6 +728,8 @@ besoin. visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan. Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait + + nettement la tâche.

Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer @@ -616,15 +742,13 @@ de lui.

Uhr

Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de - - l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite. Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol, ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc limités. -

Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le +

Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde @@ -640,16 +764,18 @@ l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou ennemi ? + +

La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se hâta vers le petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le moindre bruit.
— Qui es-tu ? Lui demanda-t-il.
— Qui es-tu ? lui demanda-t-il.
— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu ?
Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.
— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Bloupy. Je +class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je suppose que tu aimerais te venger, non ? Peut-être pouvons-nous nous entraider ?
Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait @@ -674,7 +800,7 @@ class="newline" />— Comment as-tu vu tout class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais seul, comment faire...

Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.
— Donne moi tes poignets.
— Donne-moi tes poignets.
Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et rapidement les chaînes qui le retenaient.
— Maintenant, nous avons moyen de mettre cette vengeance en pratique. @@ -686,9 +812,7 @@ si diff vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes... Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques - - -instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa +instants, alors que le barbare jouait avec ses chaînes défaites, savourant sa liberté.
— Bon, voilà ce que nous allons faire.
Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement. @@ -722,8 +846,6 @@ entra.

Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des - - standards barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita @@ -739,7 +861,7 @@ class="newline" />— Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...
Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance ? Les deux ? Toujours est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant. -Elle le fixant avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait +Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait affaire... Mais après tout, c’était une barbare, tout comme lui, et elle avait dû en voir d’autres. Elle se leva sans un bruit, et pointa du doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du @@ -747,7 +869,9 @@ roi.

Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres. Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait -servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, + + +servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre, probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve d’un ennemi vaincu, c’était au pire une monnaie d’échange, leur aspect @@ -758,8 +882,6 @@ n’y roi et se rua au dehors, son épée à la main.

Farl - -

Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme @@ -782,6 +904,8 @@ le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en ébullition.

Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais + + pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même @@ -793,8 +917,6 @@ venaient.
— Là-bas ! Il y a des intrus !
Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin. - -

Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de porte.
— Merci.
— On file et on discute après ?
Il lui rendit son sourire.
— Ça marche. - -

Uhr

Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par @@ -867,8 +989,6 @@ d class="newline" />Il n’avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe - - coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se @@ -890,6 +1010,8 @@ depuis les bateaux qui arrivaient par la rivi pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté + + de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de @@ -907,7 +1029,8 @@ class="newline" />— J’ai d manque trop, décidément...
— Sérieusement ?
— Hé oui !
— La garde a une bonne réputation, n’est-il pas difficile d’y entrer ?
— La garde a une bonne réputation, ce n’est pas trop compliqué d’y +entrer ?
— Il y a des unités d’élite, qu’il est difficile d’intégrer. Mais il y a de la place pour y être simple soldat, et après, qui sait...
Il lui sourit.
 ? -

Il marqua une pause, pendant laquelle son ami le fixa.
— La question est donc, que vas tu faire ?

Il marqua une pause.
— La question est, que vas-tu faire à la place ?
— Je ne sais pas encore. C’est bien le problème.
Uhr sourit, et termina sa chope.
— Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.
Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien, oui... -

+[
+

+

+

Irdann -

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et +

Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque @@ -952,33 +1080,30 @@ soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se d humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs d’enfant. -

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il + + +

La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons, il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup -de maîtres d’armes, mais Khil, le prêtre qui s’occupait de son éducation -et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de -son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui -soit. -

Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et +de maîtres d’armes, mais Khil avait décidé de l’envoyer chez le meilleur +épéiste qui soit. +

Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.
— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.
L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi -qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.
— C’est vous le novice du temple de Melna ? Il vous attend. Venez. -

Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine +

Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un -archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe ! -C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on - - -croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y -attendre. L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc -et d’une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. -L’homme sourit à l’elfe, alors qu’il entendit quelques morceaux de -conversation.
 ! C’était la +première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on croiserait +toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y attendre. +L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc et d’une +cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L’homme +souriait.
— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son élève ! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.
L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut @@ -997,56 +1122,56 @@ du temple ! Et puis, autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l’apprenti paladin. Le maître se tourna vers l’elfe, qui attendait en retrait.
— La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.
L’archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme -lui ? Un elfe ? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y avait -des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le -temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se -demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le -guider hors de la pièce. -

L’archer hocha la tête et quitta la pièce. Un autre élève comme +lui ? Un elfe ? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y +avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou +deux dans le temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment +rencontré... +

Tout en se laissant guider hors de la pièce, Il se demanda combien +d’élèves avait ce maître, et lesquels. +

Uhr -

Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin, +

Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin, une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple. Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux - - -autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait -un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes, +autres. Il n’y avait aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre +apportait un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes, semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était engagé. -

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions +

Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé -qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très -enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il -avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes -qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et -lui ? Resterait-il à la garde toute sa vie ? -

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un +qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement +très enrichissante. Un collègue garde l’avait un peu renseigné sur +les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont +beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir +suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa +vie... +

Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait + + sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce, puis désigna le lit à côté du sien.
— Celui-ci est libre ?
— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue ?
— Oui. Je m’appelle Irdann. -

Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir -allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils -allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La -tenue de novice l’intriguait.

Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le +soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous +peu, ils allaient probablement dîner ensemble. La tenue de novice +l’intriguait.
— Tu viens d’un temple ?
— Oui, je suis apprenti paladin.
— Oui, je suis apprenti paladin. Et toi ?
Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier, songeait-il, des profils surprenants qu’il risquait de rencontrer ici. Combien y en aurait-il ?
— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître Ernest. -

Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté +

Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un - - blason.
— D’où te vient cette arme ?
— De mon père. Il me l’a offerte quand je suis parti pour le temple, quand @@ -1064,9 +1189,7 @@ exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans rues...
— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde ?
— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...
Il hocha la tête. Un collègue garde lui avait donné à l’avance une liste des -éléments de cette unité. L’avantage de connaître déjà en partie la place. -
Il hocha la tête. Le collègue lui en avait parlé.
— Une elfe. Il y a aussi un nain.
Irdann parut surpris.
— Une elfe ? Une femme ?
— De toutes fa soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit son sourire. -

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en +

Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir. -

Silwë -

La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines, -voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, -construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, -et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! Certes, elle -s’attendait à en voir, mais ici, il n’était même pas possible de les -éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des -maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains -originaux... Ils les regardaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air -curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur -les humains n’était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa -crainte.
— Ne t’inquiète pas. Maître Ernest est quelqu’un de très bien. Et -il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous -arrivons. +

C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des +centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, +construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et +bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! D’accord, c’était idiot, +elle s’attendait à en voir ; mais ici, il n’était même pas possible de les +éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des + + +maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les +observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se +rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était +pas toujours très rassurant.
— Hé, ne panique pas. Les humains ne sont pas méchants. Et maître +Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.

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Irdann - -

Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse, et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il ? Il @@ -1139,6 +1260,8 @@ b class="newline" />— Comment les raisonner ?
— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu’il me + + faut, c’est une légende. Et un héros pour m’enlever.
— Un héros ?
— Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur @@ -1153,8 +1276,6 @@ class="ecti-1095">Samantha

Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante. C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la - - tâche.
— Vous allez bien, grande prêtresse ?
Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s’approcha. Elle lui @@ -1175,6 +1296,8 @@ pr avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines d’hommes armées d’épées ? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu + + qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le temple, pour l’enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa @@ -1189,8 +1312,6 @@ l’ garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître Ernest.

Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la - - pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne... Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux, @@ -1211,6 +1332,8 @@ qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences ils n’hésitaient pas à jouer avec.

Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas + + dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur l’entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en @@ -1220,8 +1343,8 @@ class="newline" />— Raconte ?< class="newline" />— J’ai vu une grande prêtresse de Melna, qui me demandait de l’aide pour la sortir de son temple.
— Et c’est la première fois que tu rêves de grandes prêtresses ? Pourtant, -tu as dû en voir beaucoup durant ton enfance, non ? Questionna Silwë -
 ? questionna +Silwë.
— Oui mais... là j’ai l’impression que... c’était différent. Elle était extrêmement nette, ainsi que le décor derrière elle.
— Les prêtres de Melna ont-ils la capacité d’envoyer des rêves ?
— D’apr souhaite qu’on vienne l’enlever... de façon spectaculaire.
Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.
— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout -nous raconter en détails ? +nous raconter en détail ?

Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à sourire.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? Demanda Irdann.
— Une petite. On se retrouve le soir au bar habituel, je vous explique tout -ça.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? demanda Irdann.
— Une petite. On se retrouve ce soir à la taverne habituelle, je vous +explique tout ça.
— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...
— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir non ?
— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir ! + +

Silwë @@ -1260,8 +1385,6 @@ visiblement essouffl rejoignit.
— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici. - - Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le temple.
Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...
— D’abord, il nous faudra obtenir la complicit débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la + + fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de façon à ce qu’elle ait l’air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des détails à régler...
— Peux-tu pr class="newline" />— Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons... De ce fait, les prêtres ne possèdent qu’un seul enchantement purement offensif, il s’agit bien sûr de l’invocation de foudre. J’y suis moi-même - - immunisé, tout comme l’intérieur du temple, mais tu ne l’es pas...
Silwë fronça les sourcils.
— Cette protection peut-elle s’étendre à d’autres personnes ?
Irdann, qui semblait un peu g class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du temple de Melna...
— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de -s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.
— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non ?
— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des @@ -1369,8 +1492,6 @@ me souviens aussi que certains pr charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour d’eux.
— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc - - faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en tant qu’apprenti paladin de la déesse ?
Il haussa les épaules.
— Je vais vous pr capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en poisons.
— Un assassin ?
— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en + + haussant les sourcils.

Farl @@ -1405,8 +1528,6 @@ Eldon pour animer la taverne. Le cachet n’ totalement terminé leur formation. De plus, l’ambiance était agréable, et le public accueillant. La soirée commençait bien. Mais que lui voulait son ami ? - -

La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.

Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté, -en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée -Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître -Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui -sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur -plan. +en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs +cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la +garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y +faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui +détailla leur plan. + +

Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.
— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.
Ils hochèrent la tête.
Il class="newline" />— Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça !
Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.
— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend - - légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça -peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes, -très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur +peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques artifices, très +pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur moi.
Il sourit devant leur regard incrédule. Il était toujours vêtu de sa tunique orange décorée, plus adaptée à une scène de spectacle qu’à une mission @@ -1462,13 +1583,13 @@ aussi.
Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.

Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt. Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire ? Ils n’y gagneraient -aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils -avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les -réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste -une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour -écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais -cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire -aider ? +aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils +volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était +pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand +troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être + + +pourrait-il se faire aider ?

Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que valaient-ils ? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement des virtuoses de l’épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait @@ -1477,14 +1598,673 @@ sans avoir m quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.

Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très - - familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes façons. +

Irdann +

Irdann et Farl s’avançaient dans les rues de Touryre, se dirigeant vers le +temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se +fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait +qu’ils n’étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir +de Talecombe, même à cheval. +

Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle +le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en +profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient +préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à +l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes +étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils +étaient donc tous deux restés en dehors de la ville, à installer un +campement discret dans la forêt. +

Il avait d’ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë. +Oh, il n’était pas le premier, c’était certain. La petite elfe, avec ses yeux +bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards. +Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse +positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et +depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait +connu avant, chez les elfes sylvains ? + + +

— Irdann ? On arrive au temple !
Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant +eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de +tête à Farl, et ils gravirent lentement les marches qui menaient à +l’entrée. +

Samantha +

Elle avait hâte que l’après-midi se termine. La journée avait été +épuisante. Dans trois jours avait lieu l’anniversaire de son intronisation, et +le personnel du temple était en effervescence. À cela s’ajoutait une +file incessante de fidèles, venus offrir des cadeaux, demander des +conseils à la déesse, ou quémander son pardon. Il était rare qu’elle +ait besoin d’invoquer de réels enchantements, souvent un sourire +encourageant et quelques paroles redonnaient confiance à la plupart des +villageois. +

Les deux derniers visiteurs –qu’elle n’avait jamais vus en ville, mais +celle-ci était grande– s’avancèrent et s’agenouillèrent, conformément aux +usages. Pourtant, lorsque l’un d’eux releva la tête pour lui adresser les +paroles habituelles, elle eut un sursaut de surprise. C’était comme si elle le +connaissait sans l’avoir jamais vu... Se pouvait-il... +

Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma +les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui ! Le fameux +apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir...
— Irdann ? murmura-t-elle.
Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.
— Je suis venu à votre demande, Grande Prêtresse. Avec des compagnons.
Elle jeta un œil au second jeune homme, plus petit, qui sous ses airs +sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n’y avait personne qui +puisse les entendre maintenant, mais d’autres prêtres et prêtresses +circulaient régulièrement autour d’eux, et la grande salle du temple +ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète. +
— Vous avez... préparé quelque chose ?
— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici + + +présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et +quand peut-il vous trouver seule ?
Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de +silence, elle répondit, plus bas encore.
— Vers minuit. Dans la partie nord du temple, où sont mes appartements. +J’allumerai une bougie à la fenêtre quand je serai seule. +

Puis elle fit quelques pas en arrière. Ils se relevèrent et la saluèrent +respectueusement, et sortirent. En les observant quitter la grande salle du +temple, elle sentait son cœur battre. Il était arrivé... et non seulement il +avait une idée, mais en plus il n’était pas seul ! Qui étaient ces fameux +compagnons ? +

Farl +

La silhouette sombre, quasi-invisible dans la nuit, escalada lestement le +mur du temple. Arrivé à son sommet, elle s’arrêta pour observer la +cour intérieure. Le bâtiment était calme, et de l’une des fenêtres, au +rez-de-chaussée, on voyait vaciller la lueur d’une bougie. Farl observa +silencieusement les alentours, et après avoir constaté qu’il n’y avait +personne, désescalada le mur et s’approcha de la fenêtre. +

La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche, +seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à +l’intérieur. +

Elle sursauta, et retint un cri.
— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl ! murmura-t-il.
Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des +gens de la nuit, mais elle n’eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui +accompagnait Irdann.
— Personne ne vous a vu ?
— Non, rassurez-vous.
Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait +été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.
— Alors, qui êtes-vous ? Et qui vous accompagne ? Que prévoyez-vous de +faire ? +

Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en + + +l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin, +elle s’était assise, le regard dans le vide.
— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement +spectaculaire, et me contenter d’une évasion discrète... Mais tel que vous +le préparez, c’est possible. Et je vais pouvoir vous aider de mon +mieux.
Elle rejeta ses cheveux en arrière et se leva.
— Tout d’abord, commença-t-elle, je ne suis pas sûre qu’il soit nécessaire de +droguer les prêtres. Dans trois jours, c’est l’anniversaire de mon +intronisation, et le vin coulera à flots. Le soir, tout le personnel sera +passablement ivre. Par contre, tu peux utiliser un tel statagème pour +droguer leurs chevaux.
— Les prêtres de Melna ont des chevaux ? Ce n’était pas prévu...
— Oui, et nul doute qu’ils les enfourcheront pour partir à notre poursuite. +Mais il est relativement simple d’introduire un produit dans leur abreuvoir. +Tu sauras préparer ce qu’il faut ?
— Je pense, même si je ne connais pas la quantité exacte pour un cheval... +j’improviserai.
— Très bien.
Elle se mit à marcher dans la chambre, l’air décidé.
— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe +bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier +visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je +le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à +couvrir notre fuite.
Farl hocha la tête.
— Trois jours, c’est peu mais c’est tout à fait envisageable. Je vous apporte +la drogue demain, à la même heure. D’autres recommandations ?
Elle réfléchit quelques instants.
— Méfiez-vous de Feyne. C’est mon second, il est très intelligent et assez +puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de +son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense...
Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille +moyenne, visiblement lourd.
— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement + + +sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.
Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.
— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt ?
Elle sourit et lui fit un clin d’œil.
— Je préférais ne pas voir arriver un héros uniquement attiré par l’appât +du gain. +

Il lui sourit en retour, prit le sac et sortit silencieusement. +

Samantha +

Le grand jour était arrivé. La fête était grandiose, le temple rempli de +chants, de louanges et de victuailles. Elle avait enchanté le public en faisant +fleurir devant tous l’arbre qui poussait au centre de la grande salle. Le jour +touchait à sa fin, et les rayons du soleil couchant, entrant par la porte du +temple, donnaient une teinte orangée, presque enflammée, aux statues qui +entouraient la pièce. +

Tout à coup, elle entendit quelques cris de surprise, venus de dehors, et +le bruit d’un cheval lancé en plein galop. Elle se redressa, et prit le même +air surpris que ses compagnons. Le bruit de sabots frappant le marbre +s’approcha, jusqu’à ce qu’à la surprise et la peur générale, un cavalier +surgisse dans la grande salle. +

Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était +impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé, +vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets +rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs +une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une +brindille. +

Quelques prêtres, un peu moins abasourdis que les autres, tentèrent de +s’interposer. Il les envoya bouler d’un coup de poing ou de pommeau +d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand +jeu... +

À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit +mine de s’évanouir dans ses bras. +

Uhr + + +

Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement +une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut +même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce +une illusion due au crépuscule, et à l’huile qu’il s’était mise sur le +corps pour paraître plus impressionnant –huile au final bien inutile, +car la transpiration aurait eu le même effet. La bénédiction de la +déesse... +

Il poussa un grand cri de rage, mit la jeune femme sur son épaule, +enfourcha sa monture, et se rua vers l’entrée de la salle. Les prêtres s’étaient +ressaisis, plusieurs avaient empoigné une épée et certains semblaient en +train d’invoquer des enchantements. +

Les prêtres étaient-ils vraiment ivres, ou étaient-ils si peu doués que +cela au combat ? L’enchantement de protection de la grande prêtresse +était-il si efficace ? Le sentiment d’être un héros de légende lui donnait-il +des ailes ? Ou peut-être un peu de tout cela à la fois ? Toujours est-il qu’il +n’eut aucun mal à parer les coups d’épée et à les rendre. Il mit ainsi hors +combat sept ou huit hommes, à coups de poings et d’épée, avant d’arriver +en bas des escaliers. +

C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours +sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer ? Il ne réfléchit pas +plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant +mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui +risquaient de se mettre sur son chemin. +

Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité +tombait sur l’entrée de la ville, un brouillard se leva, aussi soudain que +dense.
— Voilà. Avec ça, ils vont avoir plus de mal à nous suivre...
Il sursauta presque. La jeune prêtresse s’était redressée, et le regardait en +souriant. +

Farl +

Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée +par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia +une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange » + + +efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement +ces opérations. +

Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il +n’avait pas la carrure du jeune barbare, il était plutôt crédible de loin. Silwë +avait enfilé une longue robe rouge et or, que lui avait fourni auparavant la +prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa +taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à +enfourcher leur monture. +

Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il +ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas +d’herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les +sens... +

Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin +le grand cri de rage d’Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal ! +Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l’instant où la monture épuisée +passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l’entrée du +chemin. +

Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux +descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être +invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière +le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des +chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir +de soulagement.
— Vous allez bien ? Vous êtes blessés ? murmura Farl.
— Quelques entailles, rien de critique.
— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. Même un peu ivres, ils +sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...
C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.
— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre. +

Irdann +

La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans +compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait +les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la + + +tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais +présentes.
— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le +changement apparemment. Tout va bien pour le moment.
Irdann savait qu’il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.
— C’est étrange qu’ils n’aient pas encore essayé de nous foudroyer ? +demanda-t-elle.
— Je suppose qu’ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut +pas dire qu’ils n’essaieront pas plus tard... +

Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il +avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n’était pas très confortable +d’être à deux sur le dos nu d’un cheval. Petit à petit, le brouillard avait +diminué, peut-être que les prêtres l’avaient fait se dissiper en partie ? Ou +bien l’enchantement de la prêtresse était-il limité dans l’espace ou +le temps... Un doute lui parvint, qu’il finit par émettre à hautre +voix.
— Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent ?
Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu’il pouvait lire de son +visage dans l’obscurité n’était pas particulièrement rassurant.
— J’ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les +semer, notre monture va fatiguer rapidement.
Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l’esprit.
— Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m’avais montré +une rivière et un pont un peu vieux...
— Exact. Précise ton idée ?
— Tu penses qu’avec quelques bons coups d’épée dans les cordes et les +vieux morceaux de bois, il s’effondrerait ?
Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien +dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si +bien qu’il dut presque s’accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le +pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les +broussailles.
— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la +vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le +sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus + + +trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de +soucis.
— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans +la nuit !
Elle secoua la tête.
— Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper +dans la nuit, et s’il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux +que toi. Ils te trouveraient trop facilement s’ils se mettaient à te +chercher...
Il soupira. Elle n’avait pas tort. Sauf que...
— Même avec une longue robe rouge et or ?
Elle marqua une pause.
— Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.
Il tendit le bras et saisit les rênes qu’elle lui tendit dans sa main +gauche, tandis qu’à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu’elle lui +tendit.
— Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que +je suis toujours avec toi.
Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui +restait.
— Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois ?
— Bonne chance...
— Tu en auras besoin aussi ! +

La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson. +

Silwë +

Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d’un +cheval au galop –même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus +très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait +couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave, +heureusement. +

Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous +le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre +son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et + + +de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le +meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de +la mousse et du lierre. +

Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n’avait pas tout à +fait terminé...
— Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle. +

Elle prit une grande inspiration et plongea dans l’eau. +

Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à +l’abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le +pont quand les cordes usées par les coups d’épées finirent par céder. Dans +un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont +s’effondra. +

Un silence suivit, dans lequel elle commença à s’éloigner doucement et +silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses +vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les +prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L’un des cavaliers avait +réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son +cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne +faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun +des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les +prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec +plus ou moins de succès.
— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper ! cria l’un d’eux au +chanceux qui les attendait de l’autre côté.
Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d’Irdann. +

Irdann +

Silwë avait réussi... Il n’avait pas vraiment vu ce qui s’était passé, mais +il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop +de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance +suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et +l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon ? Il valait +mieux continuer à s’éloigner. + + +

Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps. +Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés +maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune. +À sa droite, s’élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais +un vieux sentier la longeait. S’il s’éloignait encore un peu de la rivière, il +serait enfin invisible, à l’abri... +

Alors qu’il commençait un peu à se rassurer, le bruit d’un galop tant +redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais +tomber ? Il soupira, se remit en selle –ou plutôt à cru– et repartit, malgré +les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son +poursuivant était seul. Pourquoi ? Il n’eut pas le temps de réfléchir à cette +question qu’il déboucha brusquement dans une clairière à l’extrémité +de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher +un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore +sur un cul-de-sac ? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait +falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être ? Ou bien +escalader la falaise ? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit +mied à terre, et, plus par habitude qu’autre chose, dégaina son épée. +Combattre le prêtre ? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le +choix ? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la +prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde +figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la +tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué +lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son +visage. +

Silwë +

Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes +sylvains ? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de +faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et +même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit. +Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que +ça... +

— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal ! ordonna l’un d’eux, qui semblait + + +visiblement en charge.
— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval +boîte.
Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée. +La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand le +pont s’était effondrée. De plus, elle tremblait encore plus que les +autres.
— Alors venez m’aider à faire traverser celui-là ! Vite ! +

Se cacher était d’autant plus efficace qu’ils ne cherchaient personne en +particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l’heure +qu’ils n’auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour +imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses +bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit, +avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé +pour s’éloigner d’eux, mais ce n’était pas suffisant pour lui tenir +chaud... +

— Là bas, on dirait qu’il est de retour !
Un prêtre montrait du doigt la silhouette d’Odal, qui revenait au galop en +leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons, +celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.
— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse +est seule, je pense qu’il y a un piège...
Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle +n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura +quelques mots et tendit un bras vers lui. +

Un éclair bleu d’une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se +dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour +ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus +de l’homme, l’éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de +suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture, +comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même +les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui +suivirent. +

— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer ? questionna un + + +des prêtres à côté de Feyne.
Celui-ci haussa les épaules.
— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non ? Allez, en +route.
— Mais nous sommes deux à n’avoir pas pu faire traverser nos montures !
— Alors restez ici et soyez sur vos gardes ! +

Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux +et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les +regarda s’éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au +point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les +deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une +branche voisine.
— Il est fou, Feyne, ou quoi ?
— Bah, il a cru que c’était quelqu’un d’autre. Il a trop bu je te +dis.
— Parle pour toi, tu empestes le vin !
Le prêtre haussa les épaules.
— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampe ? Il fait de plus en plus +sombre, je n’aime pas ça...
L’autre fouilla ses poches.
— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit +feu. +

Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du +pont.
— Au moins, on voit quelque chose, maintenant ! dit l’un des prêtres avec +un sourire satisfait.
Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son +avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins +bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l’air de +l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait +froid.
— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit +l’autre.
— Tu crois qu’on craint quelque chose ?
Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë. + + +Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de +même pas l’avoir vue, si ? Elle serra dans sa main la poignée de son épée. +S’il fallait en venir là... +

L’homme s’approcha de l’arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le +moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle +laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers +son compagnon. Celui-ci s’était assis et observait les environs, peu +rassuré.
— Tu crains vraiment que quelqu’un n’arrive ? lui demanda-t-il..
— Bah, si le barbare n’est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter +un œil aux alentours ?
— Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de +détection, si ça peut te rassurer... +

Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements +marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre ? Détectaient-ils les +elfes ? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser +précisément ? Quelle serait leur réaction s’ils tombaient sur une elfe +trempée et peu vêtue ? +

Farl +

Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même +s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval +était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en +marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les +prêtres n’avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper +encore. Ivres, certes, mais c’est peut-être justement ça qui les avait fait +se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les +rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les +broussailles... +

Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il ? Il ne +pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite +et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme +Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons, +elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla + + +que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe ? Il n’était +plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur +bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à +courir. +

Une lueur était apparue, au loin. Il s’approcha avec précautions. C’était +un feu, et deux prêtres s’y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un +peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce +qu’il en restait. Que s’était-il passé ? Et où étaient les autres prêtres, et ses +compagnons ? Il s’approcha encore, en essayant de ne pas faire de +bruit. +

Les prêtres n’avaient pas l’air particulièrement rassurés. L’un d’eux +s’était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec +précautions. En ville, c’était différent. Il n’y avait pas des branches et +feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l’invisibilité dans une cité +consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que +personne n’ait envie de faire attention à lui. +

Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son +épée de sa ceinture, paniqué.
— Quatre hommes !
— Quoi, sursauta l’autre. Il y a quatre hommes autour de nous ?
Farl se figea. Quatre hommes ? Comment avait-il vu les yeux fermés ? Et +où ?
— Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu’il y en a deux qui +nous menaçent !
— Tu es sûr de toi ? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence +des chevaux.
Il haussa les épaules, hésitant.
— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire que cet enchantement +pouvait faire ça... +

Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait +« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où ? Et qui ? En +tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à +savoir si c’était un des siens. +

Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait + + +tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de +lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À +cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer +de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles +aussi vite et précisément que possible. +

En l’espace de quelques secondes, les deux hommes s’étaient effondrés. Il +poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour +récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un +bruit dans son dos. +

C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique +courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures +couvraient son épaule et son bras droit. +

Silwë +

Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter +avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame +noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé +quelques instants, immobile, à la fixer.
— C’est moi...
Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui +restait du pont.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi es-tu trempée et... ?
— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis +restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être +besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes +endormis.
— Merci, au fait.
Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des +bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin +de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un +buisson. +

Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et +s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier +mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce ? Elle se redressa + + +doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha. +

C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux +alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut +immédiatement. +

Irdann +

— Irdann !
C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie +bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.
— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants !
— Qu’est-ce que tu fais là ? Habillé en prêtre ? Qu’est-ce qui s’est passé +là-bas ? demanda-t-elle.
— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont +pas tarder à revenir.
Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval. +

Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent +Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé +soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua +une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann, +mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs +questions. +

Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la +robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était +avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa +tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait +attention...
— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit +Silwë.
— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...
— Et que s’est-il passé ensuite ?
— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce +qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible +d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour +pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont + + +morts ?
— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa +Farl.
— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière ? +demanda Uhr.
Irdann sourit.
— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la +tête...
Ses compagnons sourirent à leur tour. +

Samantha +

Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce +soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après +quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une +maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à +l’aller. +

Quels étaient leurs noms, déjà ? Il y avait Uhr, le « barbare ». Sans +son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait +impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait +lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre, +qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la +jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain +forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre +compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou +d’espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu’avait subi la +jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse, +nota-t-elle. +

— Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes +assez loin de Touryre, non ?
Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture. +Uhr hocha la tête.
— J’espère. Qu’en pensez-vous Samantha ?
— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une +bonne distance. Que comptez-vous faire à présent ?
— Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire, +vous ?
Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question, +mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son +enlèvement.
— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la +capitale est un bon endroit pour être discret, non ?
Uhr sourit.
— Je peux vous confirmer que c’est effectivement le meilleur endroit pour se +faire oublier et commencer une nouvelle vie. +

Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit.
— Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de +nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et +Silwë... +

Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que +variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots ; Irdann +le fils du duc, apprenti paladin ; Silwë, future soldat d’élite elfe, tous les +trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl, +enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel. +

Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait +advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle +n’était pas au bout de ses surprises.

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public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait + + eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle -avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les +avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les journées moins longues.

Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et @@ -1515,8 +2297,6 @@ contacts.
Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son - - embarras.
— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte @@ -1552,8 +2332,6 @@ fa

Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir - - aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et s’apprêta à y frapper.

— Vous cherchez quelqu’un ?
— Alors ?
— Vous voulez traverser à pied ? Cela va durer six à sept jours.
— Ça ne m’effraie pas.
— Vue la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour +class="newline" />— Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour éviter les attaques. Donc il n’y aura pas d’auberge ou de refuge sur le chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate aussi.
 ?
— Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça. - - Trouvez-vous des bottes.
Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L’homme en face était plus grand, plus fort qu’elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait @@ -1605,6 +2381,8 @@ m’occuperai des vivres. Le trajet co mademoiselle... ?
Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.
— Marché conclu. Appelez-moi Sélène. + +

Zach

Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des @@ -1625,12 +2403,10 @@ l les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque chose de louche à cacher ? - -

À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près, avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en -apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses -brassards de cuir, et avait lui aussi une besace chargée et une cape, gris +apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards +de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris foncé.

Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu’elle mit dans son sac sans dire un mot, et ils se mirent en route. @@ -1643,6 +2419,8 @@ rythme de marche tr prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une + + racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque @@ -1678,6 +2456,8 @@ remarqua aussi tr tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout. + + Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers elle.
— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.
 ? Elle avait vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il - - fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les @@ -1717,6 +2495,8 @@ Elle avait tellement mal aux pieds qu’elle avait profit son guide pour lancer un léger sort. Un qui n’avait pas besoin de son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et + + d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie, c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce @@ -1733,12 +2513,10 @@ Peut- améliorera le repas.
Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie ? Son sourire semblait plutôt franc.
— Enroulez vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la +class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la nuit.
— Vous ne dormez pas ?
— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas - - de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si quelque chose d’anormal se passe. @@ -1753,6 +2531,8 @@ s’assurer qu’il ne d suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal. Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas + + avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires @@ -1773,8 +2553,6 @@ crois

Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils - - pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne savait pas apprécier quelques bons moments. @@ -1791,6 +2569,8 @@ class="ecti-1095"> vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés, ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre + + physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier ; mais @@ -1811,8 +2591,6 @@ pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis d branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un pas.

Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle - - n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique. Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les @@ -1825,9 +2603,10 @@ sur ses c aussi sale glissé rapidement dans sa ceinture. Elle regarda alors autour d’elle. Les deux hommes gisaient à terre. Elle lâcha la branche, en tremblant. Il lui prit délicatement la main.
— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
+class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.

Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au + + pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.

Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits ? Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient @@ -1847,8 +2626,6 @@ effort ?

Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son - - autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main @@ -1862,8 +2639,10 @@ class="newline" />— C’est presque fini.

Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse. Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.
— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.
Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut +class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant + + entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute @@ -1883,14 +2662,11 @@ grotte. Ce l remplir les gourdes d’eau fraîche.

Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la - - grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité ? Et pour ne pas te prendre la paroi ? Je ne vois absolument rien...
— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.
+class="newline" />— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.

Elle l’entendit revenir et s’asseoir face à elle. Il prit doucement sa main et y déposa la gourde qu’il venait de remplir. L’eau était délicieusement glacée. Puis il fit de même avec un morceau de pain. Qu’il connaisse sa @@ -1901,6 +2677,8 @@ class="newline" />Ses doigts première fois, marquer un instant d’hésitation gêné.
— J’ai des yeux de chat, il paraît.
Le contact entre leurs doigts se rompit. + +

Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le @@ -1935,6 +2713,8 @@ class="newline" />Il se rappela qu’elle ne voyait rien, contrairement extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en retour.
— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le + + lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère. Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du froid. @@ -1953,8 +2733,6 @@ class="newline" />— Il reste un moyen de se r class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna vers lui.
— Bon d’accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté, - - sinon...
— Compris !
Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle @@ -1973,6 +2751,8 @@ class="ecti-1095"> même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa + + présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui @@ -2008,13 +2788,15 @@ pointer du doigt quelque chose. La tension dans son corps class="newline" />— Oui...
Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de + + question ?

Zach -

Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son +

Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle -ne disait rien... N’osait pas poser la question ? Il soupira. Au point où il en -était...
 ? Il soupira. +Au point où il en était...
— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de @@ -2026,8 +2808,6 @@ class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.

Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait - - qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus tard.
— Je peux te poser une question à mon tour ?
Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.
— Ça correspond bien à la vision d’un elfe. Les nains voient différemment : ils ont l’infravision, c’est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les - - corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en @@ -2080,7 +2858,7 @@ risquait de la braquer. Or, il apprenait tout de m intéressantes... Ce fut elle qui reprit.
— Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques. -C’est plutôt rare cela dit. Vue ta silhouette, il est plus probable que tu aies +C’est plutôt rare cela dit. Vu ta silhouette, il est plus probable que tu aies des antécédents elfiques.
Elle avait ça d’un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou animosité.

Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures ? Ou... dans ce qu’elle n’avait pas dit ? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours -de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis à vis des +de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux, plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en @@ -2100,8 +2878,6 @@ d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais crois avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités. - - Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique ? C’était une question qu’il n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du @@ -2120,6 +2896,8 @@ ressemblait cette fameuse cachette. Elle s’était imaginé : allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que + + cela.

Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte, @@ -2146,8 +2924,7 @@ class="newline" />— Qu’est-ce que tu as l class="newline" />Il regarda son épaule.
— Ah, ça... Je me suis pris un mauvais coup, il y a dix jours. Rien de grave.
— Fais voir ?
+class="newline" />— Fais voir ?

Zach

Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle @@ -2173,8 +2950,6 @@ class="newline" />— class="newline" />— Euh, merci.
Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Certes, il avait l’habitude de se débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une - - petite aide spontanée ? Et puis, le contact de sa main n’était pas désagréable.

Il se leva, et alla ramasser ses affaires.
 ? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte ? Ça n’avait pas eu l’air de la choquer... -

+ + +[
+ +

+

Aldariel -

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi +

Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son air était décidé.
— Ah, Aldariel. J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit.
— class="newline" />— Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à leurs parents ou maris... on n’imaginerait pas les voir se promener + + seules.
Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.
— Sérieusement ?
 ?
— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les humains. -

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, +

Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes, d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes. Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la @@ -2245,8 +3029,6 @@ class="newline" />— Merci. Silw class="newline" />— Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules chez les humains ?
— D’abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez - - les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le maniement de l’épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te protéger.
Il sourit.
— Oui. J’ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l’invitant à vous accueillir toutes les deux.
Aldariel retint un cri de joie. -

Silwë -

Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon + + +

Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle ! C’était un grand honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission... -

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son +

Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en était-il en réalité ? Que serait le trajet avec elle ? Allait-elle devoir jouer @@ -2274,16 +3058,14 @@ savait-elle se d chaque pas ? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer ? Elle-même l’avait été aussi... -

C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre +

C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie, en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement. -

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de - - +

Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de s’abstenir. Elle s’approcha de la table.
— Quel est notre trajet ?
Silwë lui montra la carte étalée sur la table.
— Et cette r class="newline" />— Presque, c’est celle d’un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et encore celle-ci, avant d’arriver, après deux jours, au château du duc, enfin. C’est cette région qui est particulière : ils n’aiment pas trop les elfes - - et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux dieux.
— Et le duc, ça ne le gène pas ?
— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère + + d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous dire. -

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait +

Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir, qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches, elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté. @@ -2363,15 +3145,17 @@ class="newline" />— Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S’il-te-plaît.
Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps.
— D’accord. -

Aldariel -

Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux +

Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux + + lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble. Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore montée. -

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début +

Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise– d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance, @@ -2381,7 +3165,7 @@ nouvelle surprise. Sa compagne l’avait d elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait bien. -

À cet instant, Silwë entra dans la pièce.

À cet instant, Silwë entra dans la pièce.
— Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n’es pas encore couchée ?
— J’avoue que... ces lits m’intriguent...
Elle sourit.
— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais -elles sont très bien !
-

Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement +elles sont très bien ! +

Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement entre les draps. Un peu hésitante, elle l’imita. Ce n’était pas aussi inconfortable qu’à première vue, finalement.
— Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet ?
— Ça doit être difficile d’être un humain ! Comment font-ils ?
— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des + + solutions ? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de ressources et d’idées, parfois... -

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se +

Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles @@ -2425,8 +3210,6 @@ puis il y a autre chose aussi. Les humains ne contr fertilité.
— Sérieusement ?
— Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu’il est très mal - - d’avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.
— C’est un peu vrai chez nous, non ?
— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez @@ -2438,17 +3221,19 @@ class="newline" />— Cela dit, ne t’inqui chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou + + simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas d’inquiétude. -

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres +

Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres questions qu’elle voulait poser. Et les autres races ? Les nains, par exemple, en avait-elle croisé ? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours qui viennent. -

Silwë -

La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, +

La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains, elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce @@ -2456,15 +3241,13 @@ matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec une amie et non une princesse. -

C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit +

C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent, puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux. - - -

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement +

Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval –certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de pillards qui les avait pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant @@ -2474,12 +3257,14 @@ restait qu’un garde pour d tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais difficilement. -

Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, +

Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre, + + et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de bataille. -

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un +

Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se @@ -2499,9 +3284,7 @@ quatri bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans l’œil. - - -

Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.

Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.
— Merci, c’était tout juste.
Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre @@ -2513,9 +3296,9 @@ class="newline" />— C’est la premi class="newline" />— Oui...
Elle lui posa la main sur l’épaule, doucement.
— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues. -

Aldariel -

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un +

Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains qui ne les concernait pas ? Pourtant son amie avait fait de même. @@ -2523,7 +3306,7 @@ Elles avaient failli laissé quelques flèches... y feraient-ils attention ? Et qui étaient ces gens dans les carosses ? Trop de questions se bousculaient dans son esprit. -

Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à +

Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher. @@ -2536,8 +3319,6 @@ class="newline" />— M class="newline" />— Et alors ? Moi aussi.
Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle entendit son amie dégainer son épée à côté d’elle, et s’adresser à - - eux.
— Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites encore un pas, et vous êtes morts.
Deux des hommes h prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s’effondra à ses pieds, la poitrine transpercée d’une flèche. Silwë était restée en garde à -ses côté et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et +ses côtés et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et s’éloignèrent rapidement. -

— Bien joué, Alda.

— Bien joué, Alda.
Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis était revenue près d’elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de l’admiration dans son regard.
Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.
— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense. -

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un +

Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un moment, sans rien dire.
— Ça va, Aldariel ?
— Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.
Elle sourit.

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Samantha - -

Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble, grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire @@ -2583,6 +3362,8 @@ grands enchantements de la d un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements + + n’était pas inutile.

Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis, et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes. @@ -2617,6 +3398,8 @@ class="newline" />— Bah, comme quelqu’un qui apprend la mort de son veux-tu...
— Il était magicien, lui aussi ?
— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un + + incendie ravageur.
Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y @@ -2643,8 +3426,6 @@ noir–, mais il savait bien que derri de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que feraient-ils ? - -

Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–, mais de là à penser de la sorte ? @@ -2679,8 +3460,6 @@ class="newline" />— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y p

Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a - - six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste qu’avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les idées.
— Bah, c’est un plan douteux. Bien s

Farl

Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres + + d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main ? Dès qu’il avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au @@ -2707,16 +3488,14 @@ terrible incendie. Cet immeuble de trois avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette -expression était d’assez mauvais goût vue la situation, il escalada -rapidement le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa -à l’intérieur. +expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement +le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à +l’intérieur.

Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol, dessinant les contours des deux corps, ressortaient d’autant plus. Il - - n’allait rien trouver ici. Il s’avança précautionneusement vers la pièce qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble, une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à @@ -2725,6 +3504,8 @@ ab cas.

Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim, était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il + + semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de bois de l’autre demeure. @@ -2760,6 +3541,8 @@ class="newline" />Farl se leva et ramassa les objets.
— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre pendant ce temps. + +

Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle regarda Uhr.
— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils @@ -2785,8 +3568,6 @@ l

Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré. Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa - - minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre pièce.

La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe. @@ -2796,6 +3577,8 @@ confirmait que quelque chose de louche se passait ici. Allait-il venir vers lui ? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon quelconque ?

La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa + + devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit @@ -2811,18 +3594,16 @@ class="newline" />Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa directio la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop– menaçant...
— Qui êtes vous ? Que faites vous ici ?
— Qui êtes-vous ? Que faites vous ici ?
Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.
— Calmez vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi. +class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi. Peut-on discuter calmement ?
Elle sembla marquer un instant d’hésitation. Dans sa main, les filaments lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace aux bords acérés... Elle se redressa.
— Je me donne ce droit. Je n’ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois - - pas à cette histoire d’accident qui a tué mon compagnon. Alors j’ai décidé de venir par moi-même. Et vous ?
Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l’étoile mortelle @@ -2833,9 +3614,11 @@ class="newline" />— H que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un accident.
Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en + + échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était apparue.
— Expliquez vous.
— Expliquez-vous.
Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.
— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est vivant.
— Qu’est-on cens class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un peu.
— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait. - - Peut-être qu’ils... nous ? donneront des indices.
Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était bon signe.
— N’aurait-il pas prot class="newline" />Elle secoua la tête.
— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré + + une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure, en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux @@ -2893,10 +3676,8 @@ class="newline" />Elle eut un regard l S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de situation : la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans -les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant -pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant - - +les ombres, mais aussi pour paraître tout à fait normale –le noir n’étant pas +si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion ? Peut-être les deux, @@ -2906,6 +3687,8 @@ aurait donn ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé, sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu glacé. + +

Uhr

Mais que faisait Farl ? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà. @@ -2926,14 +3709,12 @@ seul, et fut d’autant plus surpris de reconna l’accompagnait.
— Zanakielle ! Mais...
À son tour, elle marqua un instant de suprise.
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi ?
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui sont venus cet après-midi ?
Il hocha la tête.
— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...
Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne. Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il fallait désormais appeler un crime. - -

— J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi @@ -2943,6 +3724,8 @@ class="newline" />Elle fit une pause, et d étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.
— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.
— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant ? + +

Samantha

Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à @@ -2969,8 +3752,6 @@ de papiers, et un collier ouvrag nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle tâche. - -

Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois @@ -2980,6 +3761,8 @@ recherche. de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la + + rivière.
Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour @@ -3003,10 +3786,8 @@ th class="newline" />— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.
— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui -qui travaille sur le sujet et ses documents ? Ajouta Zanakielle.
 ? ajouta Zanakielle.
Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa - - pour faire une remarque.
— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble, il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et @@ -3016,9 +3797,11 @@ les d train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.
— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il, ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une + + pauvre créature disparue.
— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre ? -Proposa Samantha.
— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est pas ma spécialité. @@ -3031,11 +3814,11 @@ class="newline" />— Tu as raison, Samantha. Mais je crains que ce probl dépasse.
La magicienne proposa alors :
— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si -jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de -vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien +jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen +de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien faire.
Elle s’était levée, décidée, presque en colère.
— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et +class="newline" />— Vous avez raison. Je ne pourrai pas garder ce secret indéfiniment, et mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.
Elle hocha la tête.
— Bah,

Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.

Uhr +

Le capitaine faisait les cent pas, très énervé.
— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez +fait.
Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait + + +le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel +point l’avait-elle fait ? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était +pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui +risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu +pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.
— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé +une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à +faire appel à un prêtre.
Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.
— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets... +Tu te rends compte ?
Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut, +comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas +un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait +pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait +qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette +histoire. +

Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se +posta face à lui.
— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que +nous n’aurions fait en une semaine.
Il avait parlé d’une voix calme. Y avait-il un espoir ?
— Sauf que je suis très embêté. Officiellement, l’enquête n’en est pas là. +Officiellement, il s’agit toujours d’un accident.
Il se tut, et fit quelques pas, réfléchissant.
— Mais ces informations vont nous faire gagner un temps précieux, surtout +si l’assassin ne sait pas qu’il est identifié. Puisque tu es le seul au courant, +tu vas partir enquêter discrètement sur ce qui se passe dans cette +forêt.
Il leva les yeux vers lui. Il lui sembla qu’il attendait une réponse.
— Seul ?
— Tu peux emmener quelques personnes de confiance avec toi. Par exemple, +les amis qui t’ont aidé dans cette tâche ? Je couvrirai vos dépenses, bien +entendu.
— Euh, d’accord.
— De mon côté, je vais faire avancer l’enquête comme je pourrai, afin de +parvenir à la même conclusion officiellement. Mais tu auras pris de l’avance +en attendant, une avance précieuse.
Il hocha la tête. Non seulement il échappait au pire, mais l’idée d’une +mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec +Samantha et Farl... s’ils acceptaient.
— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais +besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien +entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou +que tu m’apprennes ce que tu trouves.
— J’ai peut-être une idée pour ce point, interrompit-il.
Le capitaine sembla surpris.
— Je t’écoute.
— Les prêtres possèdent un moyen de communiquer par la pensée. Si je +voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon +avancée rapidement.
— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais +fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas +aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails +techniques. +

Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela +une dernière fois.
— Uhr ?
— Oui ?
— Je devrais être furieux pour ce que vous avez fait, mais je suis quand +même un peu fier. Ne me déçois pas pour la suite.
Un léger sourire marquait son visage.

[
+src=

Zach + +

Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène @@ -3077,8 +3930,6 @@ class="ecti-1095">Sélène

Sélène s’arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle - - était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son guide particulier ? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec @@ -3091,12 +3942,13 @@ class="newline" />— Zach ! Der class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.
— Qu’est-ce que c’est que...
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui + + arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu -rassurant...
+rassurant...

Zach

— Une arakne !
Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer - - la suite.
— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester +class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester ici...
— Attention !
Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles @@ -3128,6 +3978,8 @@ y resta. D’un geste ample, il d –au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite. L’arakne venait d’y planter ses mandibules. + +

Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un @@ -3186,8 +4038,6 @@ son b de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et terrible.

Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s’apaiser, - - les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène @@ -3201,6 +4051,8 @@ devaient-ils forc sauver la vie ? Qu’avait-elle fait de mal ? Une troisième petite voix, mais criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait + + que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop tard.

— Merci.
— Sil !
L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la + + garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son -poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel +poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre @@ -3257,8 +4111,6 @@ class="newline" />— plaie.
— On fera avec...
La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait - - des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur @@ -3272,6 +4124,8 @@ contact de sa lame contre la sienne, il for épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa main libre. + +

À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de @@ -3293,8 +4147,6 @@ relever. Elle cessa de chercher

C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles - - pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine, finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu @@ -3331,8 +4183,6 @@ class="newline" />— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais l espionnes.
Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement ? Elle tenta de - - reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas. Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le @@ -3367,8 +4217,6 @@ hurla.
— Sélène, écarte-toi !
Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se détendait. - -

Sél

Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se redressait avec difficultés.
— Je suggère qu’on règle nos différents plus tard, une fois à l’abri des +class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir d’autres...
L’archère et Zach se fixèrent d’un air méfiant quelques instants, puis @@ -3406,8 +4256,6 @@ sort. class="ecti-1095">Aldariel

Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour - - les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la @@ -3419,6 +4267,8 @@ combattre... entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la + + seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna @@ -3469,16 +4319,14 @@ meilleure des postures pour toucher les cr Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action, blessée ? Le contrecoup de la douleur ? L’efficacité meurtrière qu’elle avait mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante. -Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à +Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle -était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie +était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses bras.

Certes, ils avaient convenu d’une trêve, le temps de se mettre à l’abri des araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se - - passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité ? Lui pardonnerait-elle, entre autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée ? Et si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole ? Il détestait se sentir ainsi, @@ -3491,8 +4339,8 @@ calme, apparut sous leurs yeux.
— Nous y voici. Il n’y a plus qu’à traverser. Tu sauras nager avec elle ?
C’était la voix de l’archère, qui s’était tournée vers lui. Il hocha la tête, -même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement, et la jeune -femme inanimée ne l’enchentait guère.
— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à @@ -3525,6 +4373,8 @@ une trentaine de m du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol, déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour + + soulager ses bras douloureux.

Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant. L’archère prit la parole, d’une voix douce.
Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.
— En effet. Nous avons, comme vous, été attaqué par ces créatures... J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner. - -
Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle @@ -3690,8 +4538,6 @@ expliqu pu mentir pour éviter d’être pris pour un elfe noir, surtout auprès d’elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains - - semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur @@ -3703,6 +4549,8 @@ Si elle avait celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie... + + Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se faire pardonner de l’avoir menacée ? Dommage qu’elle soit restée inanimée, @@ -3737,6 +4585,8 @@ mit quelques minutes sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée + + avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se @@ -3760,8 +4610,6 @@ Le danger que ces m heureusement qu’il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une sacrée bêtise. Elle n’aurait probablement pas apprécié, et il se serait vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou - - ailleurs.

Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes d’ailleurs ? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais @@ -3773,6 +4621,8 @@ des choses bien de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose... Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les + + elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères @@ -3796,8 +4646,6 @@ lui... que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs ? Comment traitait-on les princesses là-bas ? Peut-être en avait-elle assez des courbettes. Ou c’était peut-être tout simplement la situation d’urgence, qui - - faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas, elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait @@ -3809,6 +4657,8 @@ seule seconde avoir peur d’une femme. Et pourtant, les trois qui étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui, endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce qui les rendait si fascinantes ? Et puis... que pouvait-il dire, de son + + côté ? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en @@ -3832,8 +4682,6 @@ chaude, et confortable. Il tourna la t n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau, apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu’on lui avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même - - temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse @@ -3846,7 +4694,9 @@ class="ecti-1095">

La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit. C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait -toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas + + +toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas @@ -3864,13 +4714,11 @@ l’avait menac l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour combattre les araknes ? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se -savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une +savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une fois la magicienne réveillée ? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur. D’où venaient ces horreurs d’ailleurs ? Elle aurait payé cher pour le - - savoir...

Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué @@ -3884,6 +4732,8 @@ clair... class="ecti-1095">Sélène + +

Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être @@ -3927,7 +4777,7 @@ class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes fa class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.

[
+src=

 !

Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une -cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il +cotte de mailles légère, ainsi que de solides gants de cuir. À sa ceinture, il portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s’approchait du château du seigneur Assem, qui ferait une bonne étape pour la nuit. Peut-être -pouvait-il rester quelques jours pour se reposer, après la traversée épuisante -de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des -années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir -à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps, +pourrait-il y rester quelques jours pour se reposer, après la traversée +épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus +depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de +tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps, + + finalement.

— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici !
Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame, @@ -4013,8 +4863,6 @@ peut- d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet du seigneur acheva de le convaincre.
— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem, - - vous pouvez me faire confiance.
Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.
— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche, @@ -4027,6 +4875,8 @@ personnel, auquel elle vêtement ? Un bijou ? Un livre ? S’il devait invoquer l’enchantement de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas terminé. + +

Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver ? @@ -4048,9 +4898,7 @@ et le sommier. S’il battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.

C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de -sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la - - +sorcellerie... Il en eut des sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question. @@ -4063,6 +4911,8 @@ qu’ici...

Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici, il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse + + parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un lien avec sa disparition ? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à la capitale ? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait @@ -4084,8 +4934,6 @@ et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’ mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher, épuisé.

Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au - - fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient @@ -4098,6 +4946,8 @@ Impossible de savoir de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de cœur.

Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet + + enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses @@ -4105,8 +4955,8 @@ sensations, quand bien m impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était tenu secret...

De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins -retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui -racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements +retrouvant leur bien-aimée. Sauf qu’il en connaissait la face sombre. Celle +qui racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre complètement la raison. @@ -4120,8 +4970,6 @@ Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus vite. - -

Sél— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.
Sélène sourit.
— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te + + montrer d’autres mélanges !
— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.
Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.

Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.
— Oh non, surtout pas.
Elles éclatèrent de rire.

Zach - -

Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne leva même pas la tête lorsqu’il approcha.
— Quoi ? Com class="newline" />Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et comprendre son jeu, elle soupira.
— Tu as gagné. Tu réussi à me faire lever.
— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.
Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui, son arme pointée, avec un léger sourire de défi.
— En garde ! - -

Silwë @@ -4247,6 +5093,8 @@ qu’il en avait l’air, finalement&nbs et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à + + un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être intéressant... @@ -4271,8 +5119,6 @@ gauche, alors plac et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main - - permettaient.

Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son @@ -4283,6 +5129,8 @@ qu’un, de peu. Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce + + genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre @@ -4308,8 +5156,6 @@ class="newline" />Elle avait cru gagner, et avait rel plus vite, et l’esquiver. Elle avait été bête, c’est tout... Alors qu’elle cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu’il lui souriait. Il jouait. Pourquoi s’énerver ainsi ? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit - - quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son @@ -4320,6 +5166,8 @@ toujours. Le jeu continuait. plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait + + d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage... @@ -4344,8 +5192,6 @@ m l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite ainsi.

Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait - - essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.
— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.
Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se + + rapprochaient.
— Euh, Zach ? chuchota-t-elle.
— Oui ?
— Qu’est-ce que vous lui voulez ?
C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps. Zach, dépêche-toi... + +

À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.
— Silwë ?
D’où connaissait-il son nom ? Et cette démarche, cette voix, bien que @@ -4449,8 +5299,6 @@ surpris qu’il manqua d’en l noirs. Rapidement, elle dépassa l’homme, toujours immobile, et en l’espace d’un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière - - l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être @@ -4463,6 +5311,8 @@ class="ecti-1095"> le temps d’arriver ? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère + + qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du chevalier, son arc toujours pointé.
— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici ?
— C’est vous ? Vous êtes saine et sauve ?
Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach -sembla reprendre ses esprit et sa prise sur son épée, et s’interposa entre +sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre eux.
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour -vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignaient que vous ne soyez +vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignent que vous ne soyez morte, ou enlevée par des brigands...
Elle écarta le bras de Zach et se planta devant le chevalier.
— Comme vous pouvez le voir, je vais très bien, je suis parfaitement libre de @@ -4488,11 +5338,9 @@ class="newline" />— Ils ont eu votre message lorsque vous partiez de chez de Quayle, mais d’après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq jours...
Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant - - ses compagnons non plus...
— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé -un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous +un guide et protecteur, et je suis venue à pied à travers la forêt. Vous pouvez donc les rassurer, je vais très bien.
Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement.
— La déesse soit louée, c’est le cas.
l’étranger.
— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance ?
— Moi. + +

Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère, pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également son arme.
Le sourire qu’ils retourna vers elle à nouveau.
— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma vie sans aucune hésitation. -

Zach et Aldariel avaient baissé leurs garde, mais restaient figés, -observant l’homme. Elle se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre +

Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant +l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre plus.
— Que faisiez-vous chez mes parents ?
— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les @@ -4535,6 +5385,8 @@ y devenir un paladin. Je n’ai presque pas revu ma famille depuis, et ai conversé avec eux essentiellement par courrier.
Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote, + + d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se @@ -4560,8 +5412,6 @@ seigneur Assem sera ravi d’accueillir les courageux compagnons qui ont guidé leur fille jusqu’à eux.
Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en - - revanche, semblait extrêmement réticent.

Irdann @@ -4572,6 +5422,8 @@ courbettes, ce n’est pas vraiment fait pour moi. Allez-y sans moi.
Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.
— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y + + boire.
Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à @@ -4596,8 +5448,6 @@ trajet tranquille en rase campagne moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle toujours ainsi ? - -

Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart. Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à @@ -4607,6 +5457,8 @@ impassible.
— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.
Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il monta derrière elle, et ils se mirent en route. + +

Aldariel

Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et @@ -4633,8 +5485,6 @@ class="newline" />— Bah, tu savais bien qu’elle class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.
— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai grandi dans un petit village non loin de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle - - sujet...
Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite pichenette sur le front.
— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose pas !
Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils + + en la voyant.
— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que je sache, même à la capitale, ils en mettent, non ?
  ?

Il soupira et tenta de réfléchir.
— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour - - ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.
Elle s’accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à @@ -4682,6 +5532,8 @@ class="newline" />— Non, tu d class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.
— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.
Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas + + à se dégager.
— À ta place, je n’aurais pas hésité.
Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des @@ -4717,6 +5569,8 @@ toujours debout sur cette m effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la tête.
— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain. + +

Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit, @@ -4741,8 +5595,6 @@ bonne partie de la for légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la tombée de la nuit.

Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient - - partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un @@ -4789,6 +5641,8 @@ pour lui. Il avait tant entendu parler d’elle, mais sans jamais la voir. Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui, au fond ? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la + + rassurer.
— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos @@ -4813,8 +5667,6 @@ d’une part je souhaitais et d’autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite, dans une forêt, c’est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais vous repérer, et si l’intervention d’hommes armés était nécessaire, je - - pouvais toujours revenir chercher de l’aide.
Elle hocha la tête.
— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?
 ?
Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile + + pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.
— Vous êtes sûre que vous préférez marcher ?
Elle le regarda en souriant.
Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus tout ce poids à porter.
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds ?
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied ?
— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.
Il désigna du doigt l’ouverture dans les arbres.
— Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le -soir tombe.
+soir tombe.

SélIl lui sourit, puis son sourire se figea soudain. - -

— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés -arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement, -deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.
— Place-toi derrière moi.
En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde, surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument, @@ -4901,6 +5752,8 @@ pour se d

Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient. + + Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise posture.
 ? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit - - ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant, planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut et tomba au sol, le visage marqué d’un mélange de surprise et de douleur. -

Elle n’eut pas le temps de de réfléchir plus à son geste. Irdann était -toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchait d’elle, l’arme +

Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus à son geste. Irdann était +toujours en difficulté, et deux autres brigands s’approchaient d’elle, l’arme en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas –couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle... sûrement. + +

Zach

Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à @@ -4959,8 +5812,6 @@ ses forces son agresseur. ayant assisté à la scène, d’autres brigands s’approchaient déjà d’elle... Ce n’était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se - - retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le @@ -4974,6 +5825,8 @@ rien faire. Il avait toujours trois adversaires face leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance... + + ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui pourrait la protéger ?

Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut @@ -4995,8 +5848,6 @@ poussant un cri de rage, et atterrit reconnut immédiatement malgré l’obscurité.
— Silwë !
La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs - - cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu’un des brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.
— Besoin d’un coup de main ?

Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait -avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise -pour une idiote sans défenses ?
 ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ?
C’était la voix de son prisonnier.
— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous @@ -5068,8 +5919,6 @@ class="newline" />— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un dame riche qui passerait par ici.
N’osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et Sélène. Nous avons vu le paladin à l’aller, et nous l’avons attendu à son - - retour sur le sentier.
— Qui vous a dit ça ? interrogea Irdann.
— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je @@ -5083,6 +5932,8 @@ class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite... class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.
— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta + + Silwë.

Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit @@ -5095,7 +5946,7 @@ class="newline" />Il faillit r trébucher. Il retint une grimace.
— On dirait.
— Assieds-toi, je vais regarder ça.
Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme, +class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes, s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë, qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à @@ -5117,6 +5968,8 @@ compagne.
— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on file au plus vite.
Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la + + recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger ! Comment avait-il pu oublier ? Allait-elle bien ? La bataille avait dû être un choc pour elle... @@ -5132,9 +5985,9 @@ class="ecti-1095">

Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du combat, ou une combinaison des deux ? Ils avaient regardé l’homme partir avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après ?–, elle s’était -retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons, -autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention. -
— Tu vas bien ? Tu as été blessé ?
— Je n’ai rien, ça va.
Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.
C’ son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des -traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était +traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allée l’aider, alors qu’il était blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa blessure. + +

— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà nuit.
Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pied...
Elle haussa les épaules en souriant.
— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant pis pour le code d’honneur.
Zach haussa les class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre - - battue...
— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région, @@ -5193,9 +6046,8 @@ class="newline" />— Vous préfériez une taverne à une petite chaumière.
— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers. Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.
Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle -encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à -un moment où à un autre, ils se séparent...
Cela voulait dire voir Zach un tout petit peu plus longtemps. Elle hocha la +tête en souriant.
— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines ?
Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un peu ?
Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une +class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une impression ? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus succintement. - -

Silwë -

Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le -genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être -pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait -courage. +

Ils étaient vivants, tous les cinq, et quasiment sans blessure. C’était déjà +beaucoup... Et ils allaient peut-être pouvoir passer la nuit au chaud. Tout +n’allait pas si mal... Elle tourna la tête vers ses compagnons. Irdann +discutait avec Sélène et Aldariel, qui marchaient à côté de la jument. Ils +avaient l’air de s’entendre plutôt bien, finalement. Zach marchait devant, +d’un pas décidé, en surveillant les alentours. Pourquoi avait-elle un mauvais +pressentiment ? Était-ce la nuit, la fatigue, les émotions ? Elle s’approcha +du guide, en frissonnant.
— Zach ?
Il tourna la tête vers elle. Il semblait d’assez bonne humeur.
— Tu en penses quoi, de ces brigands ? Tu disais que ce n’était pas normal +d’en voir autant et si près...
Son visage se ferma. Il se rapprocha d’elle, et lui parla à voix basse.
— Il n’est pas très surprenant de croiser des brigands dans cette forêt. +Surtout en ces temps difficiles, et lorsqu’un grand évènement est organisé, +faisant venir beaucoup de monde de loin, notamment des personnalités +riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui +attendaient précisément Sélène et Irdann...
— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des +personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de +nom.
— Oui...
Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne +humeur. Elle soupira.
— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une +princesse à protéger, je te rappelle.
Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.
— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame +jusqu’à la sortie de la forêt.
À son tour, elle lui lança un coup de coude.
— J’ai bien vu ta façon de la protéger.
— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.
Il semblait fixer attentivement l’horizon, mais il souriait. Puis soudainement, +il désigna du doigt une lueur au loin.
— Là-bas ! Tu vois cette chaumière, avec la lumière à la fenêtre ? Nous +arrivons !
La petite équipe poussa un soupir de soulagement. +

La maison, de taille moyenne, était la première en arrivant du sentier. +Elle était faite de pierre, recouverte en partie de lierre et visiblement vieille. +Une extension, partiellement en bois, semblait faire office de grange et +d’écurie. Plus loin, on voyait apparaître quelques autres habitations, et +encore derrière, la silhouette d’un village se découpait dans l’ombre. Zach +leur fit signe d’attendre.
— Je vais aller les prévenir, restez là quelques instants.
Il s’élança vers la porte. +

Sélène +

La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se + + +découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.
— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon +nom est Yzar, je suis le père de Zach.
L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.
— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval. +
Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider. +Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons, +puis se décida à entrer la première. +

Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris +mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.
— Noble dame ! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que +notre pauvre logis vous conviendra.
La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif +entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et +un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère +et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce +odeur de légumes et de viande émanait de la pièce voisine. La pièce +était éclairée par plusieurs lampes à huile et chandelles, et semblait +assez accueillante malgré sa simplicité. Elle inclina la tête et lui +sourit.
— Merci, je pense que ce sera parfait.
Derrière, Zach et Irdann, l’un aidant toujours l’autre à marcher, passèrent +la porte à leur tour.
— J’espère que vous avez fait un bon voyage...
La femme se tourna vers Zach, et lui lança un regard qui aurait foudroyé +une armée.
— ... Et qu’il vous a traitée avec tous les honneurs dus à votre rang. +N’est-ce pas Zach ?
Il se figea. Sélène retint un sourire amusé, commençant une liste mentale +de tout ce qu’elle pourrait lui reprocher sur ce point. Il semblait +d’ailleurs éviter son regard. Elle se tourna à nouveau vers sa mère et +sourit.
— Il a été très correct, rassurez-vous.
Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le + + +paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.
— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé +face des bandits. Votre blessure est-elle grave ?
— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci. +

Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce +que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas +une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme +qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça, +par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où +Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur +tour. +

La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie, +alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques +instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule. +Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des +humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes +sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à +l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette +fine. Tout cela, et on pouvait y ajouter d’autres critères, comme la +tradition des cheveux longs, devait vraisemblablement entretenir, bien +malgré eux, l’image des elfes comme idéal de beauté. À moins que +ce canon de beauté n’ait été influencé, il y a bien longtemps, par +eux ? +

Alors qu’elle laissait ses pensées divaguer, les deux jeunes femmes +s’étaient assises, et le père de Zach venait d’entrer à son tour. Il jeta un œil +inquiet à la pile d’armes posées dans un coin de la pièce, les compta, tenta +d’attribuer mentalement une à chacun et fronça les sourcils en dévisageant +Silwë et Aldariel. Zach présenta rapidement les différents membres du +groupe, et ils commencèrent à manger. +

Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et +du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple +soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de +viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de +constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit + + +un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux +elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village. +Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser +quelques questions.
— Excusez notre curiosité, mais c’est la première fois que nous voyons des +elfes. Que faites-vous dans la région ?
— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand +tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde +du corps.
Yzar se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de l’autre côté. Il +considéra un instant son air frêle, puis son regard se porta sur Aldariel, en +face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lui +envoya un coup de coude pour le faire taire.
— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.
Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un +respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel +respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes ! Ici, elle était coincée +avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle +rentre à la capitale, les rues sentaient peut-être mauvais parfois, mais au +moins on y respirait la liberté. +

Zach +

Le repas avançant, Zach fut soulagé de constater que l’ambiance +s’était petit à petit détendue. Si ses parents étaient toujours très +respectueux envers Sélène et Irdann, ils semblaient avoir compris que ces +nobles gens appréciaient la simplicité de leur accueil. Quand aux deux +elfes, une fois passé l’effet de curiosité mêlée de crainte, elles furent +traitées chaleureusement, presque comme si elles faisaient partie +de la famille. Sa mère insista même pour qu’Aldariel se resserve +plusieurs fois de la soupe, remarquant gentiment qu’elle était un peu +frêle. +

Il y eut tout de même un moment un peu gênant, lorsqu’ils se levèrent +de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne +ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en +sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret. + + +Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr +de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé +un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un +fou rire. +

Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il +y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient +rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils +avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux, +la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs +enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien +suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le +laissent faire. +

Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute +son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est +qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les +cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait +été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses +bottes et son armure lorsque Silwë entra, une bougie à la main. +Constatant qu’il n’y avait que lui, elle l’éteignit et la posa sur une table à +côté.
— Ce n’est pas comme si nous en avions besoin... Mais je n’ai pas osé +refuser.
Elle déposa son sac et celui d’Aldariel, puis vint s’asseoir à son tour sur un +lit avec un sourire de satisfaction.
— On a beau dire, les matelas humains sont quand même confortables.
— Et c’est une elfe qui dit ça ?
Elle marqua une pause dans le démêlage de ses longs cheveux pour lui +lancer un regard qu’elle aurait probablement voulu meurtrier. Constatant +son échec, elle esquissa un sourire.
— Tiens, j’y pense, d’où te vient une telle réputation ?
— Euh, de quoi tu parles ?
C’est le moment que choisit Aldariel pour entrer à son tour dans la chambre +–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester ? Elle +s’installa à son tour et sourit.
— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien. + + +

Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à +répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient +sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de +ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans +l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il +abdiqua. +

Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond.
— Quand j’étais adolescent, j’avais pas mal de succès auprès des filles, c’est +vrai. Le petit air d’elfe marchait plutôt bien auprès de certaines... Donc, +j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...
Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.
— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à +traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde +du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un +mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans +un lit, et qu’on ne voit jamais ? Certes, je rencontre beaucoup de +gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final... +
Il soupira.
— ... Au final, je vis seul. Ma fiancée, c’est la forêt. Ma seule vraie +compagne, fidèle et sincère, c’est mon épée. +

Il se tut. Pourquoi n’avait-il pas tout à fait l’impression de dire la +vérité ? Le visage de Sélène était encore présent dans son esprit. Mais +n’était-elle pas, finalement, qu’une de ces « occasions » comme les autres ? +Qu’il avait plus ou moins –à tort ou à raison– laissée passer. L’oublierait-il +aussi facilement que les autres ? Comme si elle semblait saisir le fil de ses +pensées, Aldariel s’approcha et posa doucement une main sur son +épaule.
— Je me suis moquée de toi, cet après-midi. Mais je n’imaginais pas à quel +point les différences de classe sociale pouvaient être un tel obstacle dans des +relations entre humains. Toutes ces choses sont tellement plus simples chez +nous...
Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la +situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et +surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de + + +la main, les hommes comme le reste. +

— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann ?
Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui +rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la +plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule, +que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout. +
— Oh, plutôt bien. Rien de crucial n’a été touché, je suis sûre qu’il se +remettra très vite.
— C’est plutôt une bonne nouvelle.
Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse, +mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de +bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré +sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il +pensait.
— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui ? Qu’à +ma place, tu n’aurais pas hésité ?
Elle se retourna brusquement vers lui, les sourcils froncés.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Il regarda le plafond, sans pouvoir retenir un sourire.
— À ton avis ? +

Aldariel semblait à la fois choquée et en colère. Silwë s’était glissée sous +les draps et s’était tue. Soit elle était épuisée et voulait dormir, soit elle lui +laissait volontairement le champ libre. Après tout, c’était bien son tour de +se venger...
— Non, je n’aurais pas hésité à ta place. Et ?
Il avait connu des attaques verbales plus difficiles à contrer. Son sourire +s’élargit.
— Et le « noble paladin aux airs de prince charmant », ça compte comme +une hésitation ?
Elle marqua une pause, surprise.
— Mais... qu’est-ce que tu imagines ? C’est un humain. Un elfe, je ne dirais +pas, mais c’est un humain !
Belle tentative d’esquive, mais ratée. À moins que... sa surprise semblait +sincère. C’était encore plus drôle en fait.
— C’est ça. Et moi, je sors d’où, alors, si elfes et humains ne sont pas +compatibles ?
Elle répliqua aussitôt, pointant son doigt dans sa direction.
— Biologiquement compatibles, oui. Ça ne prouve pas grand chose pour le +reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non ?
Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus, +il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait +une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant +effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.
— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre +de détail.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu en sais ?
Son attaque avait donc touché. Il ne fallait pas baisser sa garde maintenant. +
— Elle a passé cinq ans chez les humains. Je pense qu’elle a dû avoir un +certain succès auprès d’eux. Tu lui poseras la question...
Cherchant désespérément un peu de soutien, Aldariel se tourna vers son +amie, qui s’était visiblement endormie. Tout du moins, elle faisait +suffisamment bien semblant. Il l’en remercia intérieurement.
— ...sinon tu te rappelleras sa réaction quand, un soir, tu avais évoqué la +question.
Quelle chance il avait eu de retenir ce détail pourtant insignifiant, malgré la +situation qui ne s’y prêtait guère... Ils étaient plus à un cheveu de +s’entretuer que de jouer à ce jeu-là. +

Elle lui lança un dernier regard assassin, qu’il fit mine de ne pas +remarquer. Mais il avait du mal à se retenir de sourire. Elle soupira, +remonta ses draps sur ses épaules et ferma les yeux. +

Irdann +

Il referma la porte de la petite chambre et posa le bougeoir sur la table +de chevet.
— Hé bien ! Je m’attendais à ce que nos noms soient respectés, mais à ce +point...
Sélène sourit.
— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur + + +a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.
— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie +était un choc...
Elle fit quelques pas dans la pièce, puis son sourire se figea.
— Ah. Il y a un petit problème technique. Il n’y a qu’un lit.
— Effectivement. En même temps, c’est assez logique, c’est leur +chambre...
— Tu crois qu’ils pensent qu’on...
Il haussa les épaules. Il n’avait pas tellement envie de décevoir leurs hôtes et +surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà +tellement de mal pour eux.
— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu +sais !
— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait +presque une semaine que je fais ça ! Et en plus, toi, tu es blessé.
— Ah mais ça n’a rien à voir ! +

Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien +répondu qu’elle était une dame et c’était une histoire de code d’honneur, +mais il doutait de l’efficacité de cet argument. Il n’avait pas affaire à une +noble dame comme les autres, ça, il avait bien saisi. Ce fut finalement elle +qui prit une décision.
— Bon écoute, on ne va quand même pas dormir tous les deux par +terre, ce serait vraiment stupide. Il y a de la place pour deux sur ce +matelas. Chacun son côté, chacun sa couverture, ça te va comme +compromis ?
— À condition que tu prennes quand même les draps prévus pour ça. Et +moi je prends une couverture de voyage.
Elle sourit en lui donnant un petit coup de coude.
— Vendu ! +

Ils s’installèrent rapidement, puis éteignirent la bougie, ce qui plongea la +pièce dans l’obscurité. Il était épuisé, et il devait reconnaître que ce +compromis avait du bon. Le matelas était vraiment confortable. Pourtant, le +sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée... +À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était +saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si + + +heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son +« guide », d’ailleurs ? Leurs regards étaient tout de même assez +éloquents... +

Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance +des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il +s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de +cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on +ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on +essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un +peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour +aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui +décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres +trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle +qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel, +mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des +choses... +

Il avait tendance à considérer que ce genre d’histoire ne le regardait pas. +Après tout, entre un mari à la capitale, et ses parents ici, elle avait bien +droit à un peu de liberté entre deux... Il se mit à penser qu’il avait de la +chance d’être un paladin. Personne n’allait le forcer à se marier contre son +gré, et il était vraiment libre... Certes, il devait rendre des services au nom +de la déesse, mais à côté d’avoir toujours quelqu’un sur le dos, ce n’était +pas grand chose. +

— Irdann ?
Elle ne dormait donc pas non plus ?
— Oui ?
— Je suppose qu’on repart demain... ça va aller ta blessure ?
— Je pense, oui. Aldariel s’en est très bien occupé. Mais c’est surtout une +chance que personne d’autre n’ait été blessé.
Il eu l’impression qu’elle frissonnait.
— Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si les autres n’étaient pas +venus à notre secours...
C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle +faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des + + +cas...
— Tu veux vraiment savoir ?
— Ça va, je me passerai des détails, merci.
— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils +restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.
— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu +bénéficier d’un effet de surprise...
Pour quelqu’un qui n’avait connu que le confort des châteaux, elle avait une +sacré tête froide. Elle n’avait pas l’air trop choquée par tout ce qui s’était +passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt +encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...
— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait +compris dans ce combat.
— Ah ?
— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement +tranquille... Puis il y en a un qui s’est approché de toi, je t’ai vue +t’effondrer... enfin je crois. Et puis l’instant d’après, c’est lui qui était +effondré à tes pieds. Je n’ai pas l’impression que Zach soit arrivé si +tôt...
Elle marqua une seconde de silence, mais lorsqu’elle répondit, il aurait juré +qu’elle souriait. +

Sélène +

Lorsqu’elle termina son récit, il laissa passer un moment de silence. Que +pouvait-il bien en penser ?
— Je ne m’attendais pas à ça, effectivement.
Il semblait simplement surpris. Mais était-ce en bien ou en mal ? +
— Je n’avais simplement pas le choix, tu sais bien... Je pouvais bien +attendre que tu viennes à mon secours, mais tu tenais déjà tête à trois +hommes !
— Mais tu as bien fait de te défendre !
Soulagée, elle sourit –elle était soulagée également de noter qu’il ne voyait +pas ses expressions dans le noir, lui– et répondit nettement plus +spontanément.
— Ça n’a pas l’air de te choquer, alors, de voir une femme prendre les armes +pour défendre sa peau...
— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour +être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois +capable comme les autres.
Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.
— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé +ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore... +J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais +aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien +présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas, +je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait +pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains. +Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en +m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire. +
— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas +une simple épée bien entraînée et obéissante...
— Je ne sais pas si, finalement, je corresponds à leurs critères... +

Elle avait l’impression qu’il aurait volontiers précisé sa pensée. Qu’est-ce +que cela pouvait cacher ? Était-ce simplement de la modestie, ou avait-il un +« critère » particulier en tête ? Elle brûlait d’envie de le questionner, mais +peut-être n’était-ce pas le moment. Elle tourna la tête vers lui en +souriant.
— Tu sais, moi non plus je ne corresponds pas aux critères d’une vraie +« dame ».
— Je vois ça. D’ailleurs, j’y pense, qui t’a appris cette technique ? Il faut +un sacré cran pour oser faire ce que tu as fait !
Elle sourit.
— Personne... J’ai improvisé, dans le feu de l’action. Je ne sais pas trop +comment. Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie, d’ailleurs. +Peut-être qu’à force de fréquenter des gens comme Zach, Aldariel, Silwë, et +même toi, ils déteignent sur moi...
— Leur folie ou leur courage ?
— Les deux ?
— Je dirais effectivement qu’il est à la fois courageux et fou de chercher à +traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.
Il était bien placé pour parler de prudence...
— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt, +seul et sans escorte ? +

Il ne répondit pas.
— Je t’ai vexé ?
— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous. +Et ça a failli nous coûter cher.
— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes +parents, n’est-ce pas ? +

Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton +neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir +une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi +bon se poser ce genre de question ? Elle avait su tout cela dès le +début. +

— Oui.
Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi ?
— Bonne nuit.
— Bonne nuit. +

Aldariel +

Lorsqu’Aldariel ouvrit les yeux, le jour était déjà levé depuis un +moment. À ses côtés, les lits de Zach et de Silwë étaient vides. Il faut dire +que ces lits humains étaient plutôt confortables, surtout comparés à la terre +battue de la forêt... Et après les évènements de la veille, une bonne nuit +n’était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les +éclats de voix qu’elle entendait du rez-de-chaussée. +

Installés autour de la grande table, en train d’avaler un petit déjeuner +solide, se trouvaient Silwë, Irdann et Beolie. Celle-ci était en train de +tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l’abreuvant de +recommandations.
— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai +donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre + + +voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore +mieux.
— Les elfes sont craints, par ici ? intervint Aldariel.
Beolie redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en +lui préparant une assiette.
— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...
Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle, +puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.
— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle, +mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas +comme ça...
Silwë lui sourit.
— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées +non plus. Tenez, voici pour les provisions.
Elle lui tendit une petite pile de pièces. +

C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de +protestation de principe de la part de Beolie.
— Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi ?
— Très bien, je vous remercie. Zach n’est pas là ? Il dort encore +peut-être ?
Elle secoua la tête.
— Il est parti, aux aurores, avec son père et d’autres hommes du village, +pour... « découvrir » ce qui s’est passé la nuit dernière. Ils ont découvert +les corps de brigands apparemment... +

Un silence passa. Chacun sembla se remémorer avec un léger frisson la +bataille de la nuit dernière. Puis Aldariel reprit la parole.
— Quelle est la... version « officielle » de cette histoire ?
— Je ne sais pas encore. Ils ont bien sûr promis de ne pas parler de vous +deux, dit-elle en désignant les deux elfes. Ile ne devraient plus tarder de +toutes façons. Vous partez bientôt ?
— Nous allons nous mettre en route dès que possible, n’est-ce pas +Sélène ?
Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s’empressa de compléter. — +... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de Yzar, pour savoir +à quoi s’en tenir.
Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire. +

Irdann +

Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe. +Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs. +Des rumeurs avaient couru sur l’attaque des brigands de la veille, mais +personne ne semblait évoquer la présence d’elfes. Par contre, certains, +apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la +blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions. +Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et +impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la +sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les +gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et +c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et +puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non +plus. +

Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s’étaient arrêtés au +bord d’un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes, +elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur +une longue distance. Mais qu’importe, ni lui ni Sélène ne semblaient +pressés. Celle-ci était assise dans l’herbe à côté de lui, en train de boire à +une gourde fraîchement remplie.
— Sélène ?
— Oui ?
— Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...
Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le +regardait d’un air interrogateur.
— Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais +que tu ne veuilles pas me répondre, mais...
Elle haussa les épaules et referma la gourde.
— Quelle question ?
Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.
— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à +personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en +qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le + + +faire.
Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.
— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé, +dans ta chambre, caché... un livre de magie. +

Sélène +

Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de +panique. Comment savait-il ? Comment l’avait-il trouvé ? Comment +avait-il osé fouiller dans sa chambre ? Qu’allait-elle faire ? S’enfuir ? Et +pour aller où ?
— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler +cela à quiconque.
Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait +l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha +doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage +neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix +basse :
— Comment as-tu trouvé cet objet ?
Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de +s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre +d’ailleurs ? Il avait l’air plutôt gêné...
— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a +permis de te retrouver.
Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.
— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet +enchantement.
Il parut choqué.
— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la +déesse...
Elle secoua la tête.
— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je +suppose que tu le sais. Alors ?
Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait +déjà beaucoup trop de toutes façons... +

Il soupira.
— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je +devais avoir un objet auquel tu tenais...
Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui +lui avait permis de l’invoquer.
— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait ?
— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par +exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis +maintenant que tu sais...
Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une +des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de +laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée, +semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de +constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien +de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de +rien. +

Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna +lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres +battements de cœur...
— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi +en faire.
— Y a-t-il un risque, pour moi ?
— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement ? +Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre. +Enfin...
Il prit une inspiration.
— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours +te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à +quel moment tu dors...
Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son +pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et +effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il +enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans +la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.
— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre +en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le + + +souhaites. +

Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement +anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des +nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir +les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un +soupir. +

Irdann +

— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.
Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien +encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier, +soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux ?
— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.
Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas +avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre +trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses +parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret. +
— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait ?
Elle sourit.
— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la +capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de +l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais +jamais assez...
— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la +capitale, seule ?
— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la +demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.
— Et quelle magie tu apprends, là-bas ?
— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent +venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs, +et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage. +
— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner ?
— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je + + +sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai +appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que +cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de +combat...
Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.
— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant. +

Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir. +Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur +son épaule.
— Attends. Montre-moi ton genou.
Il hésita.
— Tu veux... le soigner ? N’est-ce pas risqué ici ?
— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si +le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi. +

Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose +finalement ? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il +eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être +était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la +douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer, +s’estompa pour de bon. +

Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage, +elle sourit.
— Essaie de marcher ?
Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne +revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la +tête.
— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà +bien.
Il lui sourit.
— Merci. +

+[
+                                                                
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+
+

+

Uhr +

L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.
— Où précisément ?
Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone, +assez éloignée des villes et des chemins tracés.
— Par ici.
Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard +droit dans le sien.
— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients, +mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en +général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle +part.
Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa +motivation.
— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas ?
Ragan secoua la tête.
— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens +à ma peau.
Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement, +en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua +légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu. +

Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.
— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme +qu’il vous faut.
— Voulez-vous un autre verre ?
Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.
— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en +forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a +un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y +conduire, c’est autre chose...
— Savez-vous où je peux le trouver ?
— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand +il est dans le coin. +

À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon +de s’insérer dans la conversation.
— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard ?
— Si, justement. Tu l’as vu récemment ?
Elle posa les boissons sur la table.
— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner +quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque +part en forêt en ce moment.
— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper ? demanda Uhr.
Le guide sourit.
— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas ?
— Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez +nous emmener ?
— Cela dépend. Savez-vous vous défendre ?
Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le +dossier de sa chaise.
— Ça suffira ? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts ?
Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard +se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la +tête.
— Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi +une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre +femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas peur d’être un +peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de mauvaises +rencontres...
Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur +assiette.
— Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous. +

Farl +

Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en +terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement +le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus + + +confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De +plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il +pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à +la jonglerie, sous les yeux surpris –au moins la première fois– de +Ragan. +

— Je n’aime pas trop ça, pour être franc.
Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide, +qui chevauchait devant.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je vous ai dit qu’on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne +va pas tarder à atteindre l’orée de la forêt, et je n’ai vu aucune trace de +lui.
— C’est si inquiétant que cela ?
Il haussa les épaules.
— Soit il a emprunté d’autres chemins que les habituels, ce qu’il fait plutôt +quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose.
Il marqua un temps d’arrêt, puis continua.
— Il y a plus de brigands qu’avant. Il paraît que les dernières récoles ont +été mauvaises dans la seigneurie d’Assem. Cela plus cette histoire de +tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à +voyager...
— C’est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n’ont pas +insisté.
Ragan sourit.
— Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n’étaient que trois, en même +temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée +presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec +des couteaux sur le toit de la voiture ? Ils ne doivent pas voir ça tous les +jours...
Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à +jouer avec.
— Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler +avec ?
— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller... +

Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune + + +ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller » +avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires. +Il hocha la tête.
— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...
Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il +n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur ce sujet précis.
— Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon ?
— Oh, si tout va bien, il sera probablement dans une taverne au village. Ou +chez ses parents, comme ça lui arrive de loger quand il est dans le +coin.
— Vous le connaissez bien ?
— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. +On se connaît tous, il nous arrive même régulièrement de voyager +ensemble... +

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