X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=344e8b1bc56529e5b946fecbd5116d81772678fd;hb=2fab697985242e4a50676688351f609f721e032e;hp=d1293685b20870c544eeb27695c84fff51648515;hpb=e7e971aa944c4aeada9c425b44da7781d67484da;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index d129368..344e8b1 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - +
@@ -25,7 +25,26 @@ ++
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Sél Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie
-de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient
-pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
-
-
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
-considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
-salle du trésor.
+araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie de s’en
+débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été
+rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
+armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré
+comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
+trésor.
Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
@@ -65,6 +82,8 @@ les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes m
–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
+
+
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y
avait de tout, dans le désordre.
Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
@@ -76,8 +95,6 @@ livres quelques secondes plus t
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
chose ?
-
-
Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
@@ -113,8 +130,6 @@ class="newline" />Elle pivota vers lui, tendant son arc et armant une fl
un petit air de défi. Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
@@ -146,7 +163,7 @@ class="newline" />— Ta m
class="newline" />— Oui. Mais je ne suis pas douée à l’arc... répondit-elle timidement.
— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi !
Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
-
-
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
@@ -138,6 +153,8 @@ humains, enfin c’
vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris,
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
+
+
sagesse.
Il lui sourit, et jeta un œil à sa mère, à quelques pas de là.
— Il est de toutes façons difficile d’être aussi bonne archère qu’elle. Mais
-peut-être serais tu plus à l’aise avec autre chose ?
Il la regarda intensément pendant quelques secondes, comme s’il
l’évaluait.
— Quel âge as-tu ?
Elle prit l’arme, la soupesa, et h
class="newline" />— Essayer, comment ?
— Comme ça.
L’homme avait saisi une seconde épée en bois, et s’était précipité sur elle.
-Surprise, fit un pas de côté, et tenta de dévier l’épée d’un coup de la sienne.
-Même en bois, l’épée était un peu lourde... L’homme attaqua de nouveau,
-elle fléchit légèrement les genoux et plaça son épée pour tenter d’encaisser
-un choc qui ne vint pas... L’homme s’était arrêté à quelques centimètres
-d’elle.
— Pas mal. Je pense que c’est bon.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Il s’assit, et fit signe à la jeune fille et à sa mère de faire de même.
Sa mère continua, alors qu’elle rougissait.
— Malgré cela, tu sais te battre et as l’air d’y prendre de l’intérêt. C’est
+
+
pourquoi j’en ai parlé autour de moi...
Elle souriait. Depuis le temps qu’elle était dans le groupe d’archers d’élite
de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme
@@ -182,14 +201,12 @@ ici. Cela te convient-t-il ?
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
Uhr -
Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, -vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une -ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de - - -nombreux coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, -et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares -adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un +
Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus +de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une +épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux +coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien +qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes +de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un citadin.
Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.
? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait
décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des
-défaut ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
+défauts ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
@@ -257,8 +274,6 @@ class="newline" />— Vas-y, attaque-moi. Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-
-
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris. À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en
crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa
+
+
démonstration spectaculaire.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas ?
— Ce n’est pas possible...
— Notre propre fille, une sorcière...
— Ils avouent tout de même...
Elle secoua la tête d’un air rageur.
— Avec les tortures qu’on leur inflige ? N’importe qui avouerait n’importe
-
-
quoi. Ne soyez pas idiots.
Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
@@ -350,11 +365,13 @@ autant ?
seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en
arrière, effrayés.
— Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la
-fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis à vis
+fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis-à-vis
de votre peuple.
La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration.
Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique
grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme.
+
+
Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...
— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part
vous ne le saura.
— Aaa
class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
-
-
–presque– apaisée.
— Montre ton bras ?
Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
@@ -392,9 +407,11 @@ class="ecti-1095">Farl
Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment, + + silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il -s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne +s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si bien remplies...
Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
@@ -404,8 +421,6 @@ dou
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
-
-
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
@@ -428,6 +443,8 @@ L’escalade de ce b
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au cinquième
étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne lui en restait
+
+
qu’un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point d’attache parfait.
Il sortit de son petit sac à dos en cuir une corde et un grappin, qu’il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
@@ -440,8 +457,6 @@ gousset.
— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.
Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.
— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
-
-
fait honorable.
Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de
lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
@@ -476,8 +491,6 @@ se rem
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause ! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
-
-
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
@@ -494,29 +507,27 @@ class="newline" />— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit o
nous et la damoiselle que nous escortons.
Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours
masquaient l’intérieur.
— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
-quoi souper et dormir.
— Vous pouvez vous rendre à l’auberge du renard vif, au milieu du village,
+où vous trouverez de quoi souper et dormir.
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ?
Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea :
— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
+class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ?
+
+
Il réfléchit quelques instants.
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
-jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
-forêt.
— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
+dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.
— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça ?
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ?
Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
-
-
-possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
-mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
-libre.
? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
+était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
+puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.
— D’accord.
Aldariel
@@ -546,11 +557,9 @@ certaines tensions entre eux. Finalement, il valait peut-
s’entraîne au combat. De toutes façons, elle ne verrait probablement aucun
champ de bataille de sa vie –ou alors que de loin–, du moins il l’espérait,
alors que risquait-il ?
— Papa, n’es-tu pas toi même un excellent archer ?
— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer ?
Il soupira.
— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
-
-
J’allais même disputer des tournois chez les humains.
Chez les humains... On disait tant de choses des humains ! Elle ne savait
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
@@ -576,6 +585,8 @@ de plus
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha + + avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit, appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets @@ -585,8 +596,6 @@ concurrentes. la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien - - –peut-être un peu trop ?– en valeur sa féminité. Elle portait un large collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets, aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin @@ -611,6 +620,8 @@ avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le pr entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements redoublèrent.
Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna. + +
Zach
— Là-bas, je vois l’orée !
— Hé, gamin !
Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
@@ -639,26 +648,26 @@ class="newline" />— Nous allons parfois livrer du bois par l
que ce chemin est inondé...
Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.
— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot ?
— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
-peu trop âgé pour ça.
— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
+fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.
Il lui fit un clin d’œil.
— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
à mon avis.
Il allait répondre, lorsqu’un des soldat lui adressa la parole.
Il allait répondre, lorsqu’un des soldats lui adressa la parole.
— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on
arrive ?
— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.
— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as
+
+
bien mérité !
Uhr - -
Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été @@ -683,18 +692,18 @@ permettait d’ pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour eux. -
Le cinquième jour, l’expédition sembla rejoignit camp nettement plus +
Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus + + important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il -entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Bloupy », le +entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le chef de ce grand clan barbare.
Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi, dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet, et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à présent ? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se - - retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de bâton en plus. @@ -716,10 +725,12 @@ ainsi qu’un assortiment de poisons et antidotes. Il v fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet, qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était prêt. -
Devant lui, s’étendait le campement du roi Bloupy. Combien +
Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien étaient-ils ? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une + + armée...
Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou @@ -729,8 +740,6 @@ besoin.
Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement, visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan. Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui - - faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait nettement la tâche.
Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un @@ -750,12 +759,14 @@ sa libert Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol, ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc limités. -
Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le +
Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde regardait dans une autre direction. Encore une dizaine de mètres et tout serait bon... Il marchait avec toutes les précautions possibles. Pourtant, ce + + ne fut pas suffisant. Était-ce son pas ? Ses chaînes ? Son souffle ? Un hasard ? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier @@ -765,19 +776,17 @@ sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’emp l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou - - ennemi ?
La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
hâta vers le petit bois, où l’étranger le rejoignit rapidement, sans faire le
moindre bruit.
— Qui es-tu ? Lui demanda-t-il.
— Qui es-tu ? lui demanda-t-il.
— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu ?
Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.
— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Bloupy. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
suppose que tu aimerais te venger, non ? Peut-être pouvons-nous nous
entraider ?
Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
@@ -802,7 +811,7 @@ class="newline" />— Comment as-tu vu tout
class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
seul, comment faire...
Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.
— Donne moi tes poignets.
— Donne-moi tes poignets.
Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
rapidement les chaînes qui le retenaient.
— Maintenant, nous avons moyen de mettre cette vengeance en pratique.
@@ -814,7 +823,7 @@ si diff
vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir
mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques
-instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa
+instants, alors que le barbare jouait avec ses chaînes défaites, savourant sa
liberté.
— Bon, voilà ce que nous allons faire.
Il dessina sur le sol, de la pointe de sa dague, un vague plan du campement.
@@ -827,6 +836,8 @@ temps, je vais aller lib
côté.
— Mais on va être découverts, ils vont donner l’alerte, non ?
— Oui, évidemment. Mais la panique qui va se créer va nous aider à nous
+
+
enfuir.
— Si on a le temps, tu crois qu’on peut libérer les autres ?
— Éventuellement, on verra. Ça te va ?
@@ -836,8 +847,6 @@ poing, mais pour tuer rapidement,
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait ?
— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
-
-
Les gardes changent de temps en temps.
Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
@@ -863,19 +872,19 @@ sursaut, et se mit
l’oreille.
— Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...
Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin
+
+
de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance ? Les deux ? Toujours
est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant.
-Elle le fixant avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
+Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
affaire... Mais après tout, c’était une barbare, tout comme lui, et elle
avait dû en voir d’autres. Elle se leva sans un bruit, et pointa du
doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres. Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme - - était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait -servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, +servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux, avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre, probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve d’un ennemi vaincu, c’était au pire une monnaie d’échange, leur aspect @@ -899,6 +908,8 @@ entendit un cri
— Aleeeerte !
Les quatre chefs bondirent sur leurs pieds, et ramassant des armes, sortirent
rapidement en lui adressant un signe de reconnaissance.
+
+
Dehors, il n’eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout avec l’agitation qui démarrait. Les quatre combattants se retrouvèrent nez à nez avec d’autres guerriers, et se défendirent farouchement. Dans la cohue, il @@ -907,8 +918,6 @@ soulagement. le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en ébullition.
Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
-
-
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
@@ -935,6 +944,8 @@ imm
retenaient plusieurs personnes à la fois, et étaient peu difficiles à crocheter,
ainsi la tâche allait très vite. Les premiers hommes et femmes libérés
saisirent leur chaînes, les enroulèrent dans leurs poings et se ruèrent vers
+
+
l’entrée de l’enclos en hurlant de rage. Il ne voyait pas ce qui s’y passait,
mais à l’agitation qu’il devinait, il semblait que les deux gardes avaient été
rejoints par des renforts.
@@ -943,8 +954,6 @@ de l’enclos et l’aper
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
-
-
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
@@ -971,6 +980,8 @@ class="newline" />L’
class="newline" />— Comme tu peux le constater, ça n’a pas été inutile !
— Bah, on y dit aussi qu’il faut être grand et large pour être un bon
combattant. Et toi, tu es petit, tout frêle, et tu en as tué beaucoup, très
+
+
efficacement ce soir.
— Merci.
Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur @@ -1005,6 +1016,8 @@ class="ecti-1095">Farl signe en souriant, et se hâta de le rejoindre. Il portait une tunique grise sans manches et un pantalon de toile sombre tenu par une ceinture de cuir. Il avait l’air d’un habitant tout à fait normal de la capitale, hors sa + + musculature imposante.
Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait
énormément changé. Il avait profité de l’argent de la vente des bracelets
@@ -1013,8 +1026,6 @@ avait trouv
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
-
-
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
@@ -1041,6 +1052,8 @@ class="newline" />Il lui sourit.
— C’est vrai que tu pourrais bien t’en sortir.
— J’espère en tous cas ! Ça promet d’être intéressant. Et toi, comment va
ton boulot ?
+
+
Il prit un moment pour boire une gorgée de bière. Il ne savait pas
comment aborder le sujet.
— Hé bien... moi aussi, j’hésite à changer de métier.
— Vraiment ?
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais...
— Le fait de tuer te gène ?
— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
-
-
payée.
Son ami réfléchit un moment avant de répondre.
— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
@@ -1073,9 +1084,11 @@ class="newline" />Il lui rendit son sourire, et termina la sienne
oui...
+ +
Irdann
Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et @@ -1085,8 +1098,6 @@ crainte et respect de la d soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs - - d’enfant.
La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
@@ -1113,6 +1124,8 @@ souriait.
— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son
élève ! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.
L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut
+
+
Irdann.
— Ah, excusez-moi un instant.
Le garde qui l’accompagnait le présenta.
Irdann secoua la tête.
— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-
-
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient ?
Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
@@ -1149,6 +1160,8 @@ semblable
engagé.
Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître + + Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement @@ -1157,8 +1170,6 @@ les diff beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa vie... - -
Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
@@ -1194,8 +1205,6 @@ class="newline" />Il hocha la t
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné !
— Et si différent ! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
-
-
rues...
— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde ?
— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...
Irdann le regarda quelques instants, et lui sourit.
— De toutes façons, ça ne change pas grand chose. Nous sommes désormais
soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
+
+
son sourire.
Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en tenue de soldat entrèrent dans le dortoir. @@ -1232,8 +1243,6 @@ class="ecti-1095"> centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois, construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! D’accord, c’était idiot, - - elle s’attendait à en voir ; mais ici, il n’était même pas possible de les éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les @@ -1244,7 +1253,7 @@ class="newline" />— H Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.
L’avantage d’ questions sur ce qu’elle faisait dans le temple. L’inconvénient, c’est qu’on ne la laissait pas sortir et qu’elle était surveillée tout le temps... Ah quelle malchance elle avait eu de se retrouver prêtresse dans ce + + trou perdu ! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il avait pu quitter son temple, et partir à l’aventure. Cela l’avait fait rêver. Mais comment sortir du temple ? Ils étaient si bornés, si @@ -1302,8 +1313,6 @@ vain. chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien - - cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines d’hommes armées d’épées ? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le @@ -1328,6 +1337,8 @@ droit, et intelligent. Il pouvait r combien de temps ? Il pouvait mettre des jours, voire des semaines à arriver... Cette attente allait être longue et insupportable, mais peut-être y avait-il la liberté à la clé. Peut-être. + +
Uhr
Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et @@ -1338,8 +1349,6 @@ r de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et ils n’hésitaient pas à jouer avec. - -
Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
@@ -1351,8 +1360,8 @@ class="newline" />— Raconte ?<
class="newline" />— J’ai vu une grande prêtresse de Melna, qui me demandait de l’aide pour
la sortir de son temple.
— Et c’est la première fois que tu rêves de grandes prêtresses ? Pourtant,
-tu as dû en voir beaucoup durant ton enfance, non ? Questionna Silwë
-
? questionna
+Silwë.
— Oui mais... là j’ai l’impression que... c’était différent. Elle était
extrêmement nette, ainsi que le décor derrière elle.
— Les prêtres de Melna ont-ils la capacité d’envoyer des rêves ?
— D’apr
souhaite qu’on vienne l’enlever... de façon spectaculaire.
Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.
— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout
-nous raconter en détails ?
+nous raconter en détail ?
+
+
Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
sourire. Silwë soupira. — J’apporte une nouvelle assiette
demanda la gérante. Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c’était la
première fois qu’il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en
soldats –d’une tunique brune et cotte de maille–, mais ils étaient aussi
@@ -1553,13 +1568,11 @@ surprenants que diff
Le dénommé Irdann, l’apprenti paladin, était un grand brun, aux
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
-en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée
-Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître
-Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui
-
-
-sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur
-plan.
+en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
+cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
+garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
+faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
+détailla leur plan.
Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle. Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire ? Ils n’y gagneraient
-aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
-avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
-
-
-réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
-une histoire folle... Il savait qu’il n’était pas des plus doués pour
-écrire de belles sagas épiques digne d’un grand troubadour, mais
-cette histoire le mériterait amplement. Peut-être pourrait-il se faire
-aider ?
+aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
+volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
+pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
+troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+pourrait-il se faire aider ?
Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils ? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
des virtuoses de l’épée, mais cela ne serait pas suffisant. Mais il avait
@@ -1611,9 +1622,668 @@ avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient tr
familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et
cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes
façons.
+ Irdann
+ Irdann et Farl s’avançaient dans les rues de Touryre, se dirigeant vers le
+temple. Ils avaient tous les deux revêtu des vêtements sobres, et se
+fondaient assez bien dans la population, même si un léger accent révélait
+qu’ils n’étaient pas de la région. Ils avaient mis une bonne semaine à venir
+de Talecombe, même à cheval.
+ Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle
+le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en
+profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient
+
+
+préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à
+l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes
+étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils
+étaient donc tous deux restés en dehors de la ville, à installer un
+campement discret dans la forêt.
+ Il avait d’ailleurs remarqué la façon dont le ménestrel regardait Silwë.
+Oh, il n’était pas le premier, c’était certain. La petite elfe, avec ses yeux
+bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
+Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
+positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
+depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
+connu avant, chez les elfes sylvains ?
+ — Irdann ? On arrive au temple ! Samantha
+ Elle avait hâte que l’après-midi se termine. La journée avait été
+épuisante. Dans trois jours avait lieu l’anniversaire de son intronisation, et
+le personnel du temple était en effervescence. À cela s’ajoutait une
+file incessante de fidèles, venus offrir des cadeaux, demander des
+conseils à la déesse, ou quémander son pardon. Il était rare qu’elle
+ait besoin d’invoquer de réels enchantements, souvent un sourire
+encourageant et quelques paroles redonnaient confiance à la plupart des
+villageois.
+ Les deux derniers visiteurs –qu’elle n’avait jamais vus en ville, mais
+celle-ci était grande– s’avancèrent et s’agenouillèrent, conformément aux
+usages. Pourtant, lorsque l’un d’eux releva la tête pour lui adresser les
+paroles habituelles, elle eut un sursaut de surprise. C’était comme si elle le
+connaissait sans l’avoir jamais vu... Se pouvait-il...
+ Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma
+les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui ! Le fameux
+
+
+apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir... Puis elle fit quelques pas en arrière. Ils se relevèrent et la saluèrent
+respectueusement, et sortirent. En les observant quitter la grande salle du
+temple, elle sentait son cœur battre. Il était arrivé... et non seulement il
+avait une idée, mais en plus il n’était pas seul ! Qui étaient ces fameux
+compagnons ?
+ Farl
+ La silhouette sombre, quasi-invisible dans la nuit, escalada lestement le
+mur du temple. Arrivé à son sommet, elle s’arrêta pour observer la
+cour intérieure. Le bâtiment était calme, et de l’une des fenêtres, au
+rez-de-chaussée, on voyait vaciller la lueur d’une bougie. Farl observa
+silencieusement les alentours, et après avoir constaté qu’il n’y avait
+personne, désescalada le mur et s’approcha de la fenêtre.
+ La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche,
+seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à
+l’intérieur.
+
+
+ Elle sursauta, et retint un cri. Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
+elle s’était assise, le regard dans le vide. Il lui sourit en retour, prit le sac et sortit silencieusement.
+ Samantha
+ Le grand jour était arrivé. La fête était grandiose, le temple rempli de
+chants, de louanges et de victuailles. Elle avait enchanté le public en faisant
+fleurir devant tous l’arbre qui poussait au centre de la grande salle. Le jour
+touchait à sa fin, et les rayons du soleil couchant, entrant par la porte du
+temple, donnaient une teinte orangée, presque enflammée, aux statues qui
+entouraient la pièce.
+ Tout à coup, elle entendit quelques cris de surprise, venus de dehors, et
+le bruit d’un cheval lancé en plein galop. Elle se redressa, et prit le même
+air surpris que ses compagnons. Le bruit de sabots frappant le marbre
+s’approcha, jusqu’à ce qu’à la surprise et la peur générale, un cavalier
+surgisse dans la grande salle.
+ Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était
+impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé,
+
+
+vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets
+rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs
+une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une
+brindille.
+ Quelques prêtres, un peu moins abasourdis que les autres, tentèrent de
+s’interposer. Il les envoya bouler d’un coup de poing ou de pommeau
+d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
+jeu...
+ À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
+mine de s’évanouir dans ses bras.
+ Uhr
+ Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
+une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
+même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
+une illusion due au crépuscule, et à l’huile qu’il s’était mise sur le
+corps pour paraître plus impressionnant –huile au final bien inutile,
+car la transpiration aurait eu le même effet. La bénédiction de la
+déesse...
+ Il poussa un grand cri de rage, mit la jeune femme sur son épaule,
+enfourcha sa monture, et se rua vers l’entrée de la salle. Les prêtres s’étaient
+ressaisis, plusieurs avaient empoigné une épée et certains semblaient en
+train d’invoquer des enchantements.
+ Les prêtres étaient-ils vraiment ivres, ou étaient-ils si peu doués que
+cela au combat ? L’enchantement de protection de la grande prêtresse
+était-il si efficace ? Le sentiment d’être un héros de légende lui donnait-il
+des ailes ? Ou peut-être un peu de tout cela à la fois ? Toujours est-il qu’il
+n’eut aucun mal à parer les coups d’épée et à les rendre. Il mit ainsi hors
+combat sept ou huit hommes, à coups de poings et d’épée, avant d’arriver
+en bas des escaliers.
+ C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours
+sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer ? Il ne réfléchit pas
+plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant
+
+
+mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui
+risquaient de se mettre sur son chemin.
+ Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité
+tombait sur l’entrée de la ville, un brouillard se leva, aussi soudain que
+dense. Farl
+ Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
+par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
+une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
+ces opérations.
+ Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
+n’avait pas la carrure du jeune barbare, il était plutôt crédible de loin. Silwë
+avait enfilé une longue robe rouge et or, que lui avait fourni auparavant la
+prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
+taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à
+enfourcher leur monture.
+ Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il
+ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas
+d’herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les
+sens...
+ Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin
+le grand cri de rage d’Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal !
+Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l’instant où la monture épuisée
+passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l’entrée du
+chemin.
+ Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
+descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
+invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière
+
+
+le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des
+chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir
+de soulagement. Irdann
+ La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
+compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
+les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
+présentes. Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il
+avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n’était pas très confortable
+d’être à deux sur le dos nu d’un cheval. Petit à petit, le brouillard avait
+diminué, peut-être que les prêtres l’avaient fait se dissiper en partie ? Ou
+bien l’enchantement de la prêtresse était-il limité dans l’espace ou
+le temps... Un doute lui parvint, qu’il finit par émettre à hautre
+voix. La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson.
+ Silwë
+ Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d’un
+cheval au galop –même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus
+très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
+couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
+heureusement.
+ Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
+le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
+son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
+meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
+la mousse et du lierre.
+ Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n’avait pas tout à
+fait terminé... Elle prit une grande inspiration et plongea dans l’eau.
+ Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à
+l’abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le
+pont quand les cordes usées par les coups d’épées finirent par céder. Dans
+un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont
+s’effondra.
+ Un silence suivit, dans lequel elle commença à s’éloigner doucement et
+silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses
+vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les
+prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L’un des cavaliers avait
+réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son
+cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne
+faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun
+des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
+
+
+prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec
+plus ou moins de succès. Irdann
+ Silwë avait réussi... Il n’avait pas vraiment vu ce qui s’était passé, mais
+il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
+de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
+suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
+l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon ? Il valait
+mieux continuer à s’éloigner.
+ Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
+Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
+maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
+À sa droite, s’élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais
+un vieux sentier la longeait. S’il s’éloignait encore un peu de la rivière, il
+serait enfin invisible, à l’abri...
+ Alors qu’il commençait un peu à se rassurer, le bruit d’un galop tant
+redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais
+tomber ? Il soupira, se remit en selle –ou plutôt à cru– et repartit, malgré
+les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son
+poursuivant était seul. Pourquoi ? Il n’eut pas le temps de réfléchir à cette
+question qu’il déboucha brusquement dans une clairière à l’extrémité
+de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher
+un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore
+sur un cul-de-sac ? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait
+falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être ? Ou bien
+escalader la falaise ? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit
+mied à terre, et, plus par habitude qu’autre chose, dégaina son épée.
+Combattre le prêtre ? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le
+choix ? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la
+prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
+
+
+figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
+tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué
+lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
+visage.
+ Silwë
+ Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes
+sylvains ? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de
+faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
+même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
+Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
+ça...
+ — Dépêchez vous, il faut aller aider Odal ! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+visiblement en charge. Se cacher était d’autant plus efficace qu’ils ne cherchaient personne en
+particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l’heure
+qu’ils n’auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour
+imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses
+bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit,
+avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé
+pour s’éloigner d’eux, mais ce n’était pas suffisant pour lui tenir
+chaud...
+ — Là bas, on dirait qu’il est de retour ! Un éclair bleu d’une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se
+dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour
+ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus
+de l’homme, l’éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de
+suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
+comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
+les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
+suivirent.
+ — Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer ? questionna un
+des prêtres à côté de Feyne. Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux
+et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les
+regarda s’éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au
+point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les
+deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une
+branche voisine. Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
+pont. L’homme s’approcha de l’arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le
+moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle
+laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers
+son compagnon. Celui-ci s’était assis et observait les environs, peu
+rassuré. Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements
+marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre ? Détectaient-ils les
+elfes ? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser
+précisément ? Quelle serait leur réaction s’ils tombaient sur une elfe
+trempée et peu vêtue ?
+ Farl
+
+
+ Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même
+s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
+était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
+marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les
+prêtres n’avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper
+encore. Ivres, certes, mais c’est peut-être justement ça qui les avait fait
+se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les
+rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les
+broussailles...
+ Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il ? Il ne
+pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
+et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
+Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
+elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe ? Il n’était
+plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
+bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
+courir.
+ Une lueur était apparue, au loin. Il s’approcha avec précautions. C’était
+un feu, et deux prêtres s’y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un
+peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce
+qu’il en restait. Que s’était-il passé ? Et où étaient les autres prêtres, et ses
+compagnons ? Il s’approcha encore, en essayant de ne pas faire de
+bruit.
+ Les prêtres n’avaient pas l’air particulièrement rassurés. L’un d’eux
+s’était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec
+précautions. En ville, c’était différent. Il n’y avait pas des branches et
+feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l’invisibilité dans une cité
+consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que
+personne n’ait envie de faire attention à lui.
+ Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son
+épée de sa ceinture, paniqué. Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
+« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où ? Et qui ? En
+tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
+savoir si c’était un des siens.
+ Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
+lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
+cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
+de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles
+aussi vite et précisément que possible.
+ En l’espace de quelques secondes, les deux hommes s’étaient effondrés. Il
+poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
+récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
+bruit dans son dos.
+ C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
+courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
+couvraient son épaule et son bras droit.
+ Silwë
+ Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter
+avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
+noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé
+quelques instants, immobile, à la fixer. Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
+s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
+mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce ? Elle se redressa
+doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
+ C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
+alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
+immédiatement.
+ Irdann
+ — Irdann ! Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
+Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
+soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
+une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
+mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+
+
+questions.
+ Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
+robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
+avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa
+tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait
+attention... Samantha
+ Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce
+soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
+quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
+maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
+l’aller.
+ Quels étaient leurs noms, déjà ? Il y avait Uhr, le « barbare ». Sans
+son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait
+impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait
+lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre,
+
+
+qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la
+jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain
+forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre
+compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou
+d’espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu’avait subi la
+jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse,
+nota-t-elle.
+ — Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
+assez loin de Touryre, non ? Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit. Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que
+variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots ; Irdann
+le fils du duc, apprenti paladin ; Silwë, future soldat d’élite elfe, tous les
+trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl,
+enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel.
+ Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait
+
+
+advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle
+n’était pas au bout de ses surprises.
Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
-
-
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
visage accueillant. — Vous cherchez quelqu’un ? Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
-
-
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
voyageuse. L’air de défi qu’elle avait correspondait aussi, bien qu’il était
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
@@ -1753,9 +2421,11 @@ les nobles aimaient
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher ?
À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
+
+
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
-apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses
-brassards de cuir, et avait lui aussi une besace chargée et une cape, gris
+apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards
+de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris
foncé.
Il hocha la tête, lui tendit une gourde et une couverture, qu’elle mit dans
son sac sans dire un mot, et ils se mirent en route.
@@ -1774,8 +2444,6 @@ instantan
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
-
-
Quelques heures plus tard, alors que ses pieds commençaient à la faire
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
@@ -1791,6 +2459,8 @@ class="newline" />— Oui peut-
class="newline" />Elle ôta ses bottes et ses chaussettes et retint un gémissement. C’était
encore pire que ce à quoi elle s’attendait. Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
@@ -1860,11 +2530,13 @@ Peut-
améliorera le repas. Elle sortit la couverture, s’enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace
@@ -1884,8 +2556,6 @@ damoiselle de haut rang, c’
ennuis...
Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
-
-
son tour.
Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
@@ -1901,6 +2571,8 @@ crois
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
+
+
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
Son sang se glaça soudain lorsqu’il entendit un cri. C’était sa voix. Si
@@ -1922,8 +2594,6 @@ lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’a
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes ?
-
-
Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
@@ -1939,6 +2609,8 @@ branche sur le c
pas.
Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
+
+
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
bras vers elle, elle donna un grand coup dans son dos, de toutes ses
@@ -1950,8 +2622,7 @@ sur ses c
aussi sale glissé rapidement dans sa ceinture. Elle regarda alors autour
d’elle. Les deux hommes gisaient à terre. Elle lâcha la branche, en
tremblant. Il lui prit délicatement la main. Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits ?
@@ -1974,6 +2645,8 @@ l
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta
+
+
une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
salvatrice. Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
Zach désigna un buisson au dessus de sa tête. Elle l’entendit revenir et s’asseoir face à elle. Il prit doucement sa main
et y déposa la gourde qu’il venait de remplir. L’eau était délicieusement
glacée. Puis il fit de même avec un morceau de pain. Qu’il connaisse sa
@@ -2026,8 +2698,6 @@ class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
-
-
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
machinalement la main sur son cou, un peu soulagée de n’y sentir aucune
marque de blessure.
@@ -2044,6 +2714,8 @@ C’est ma faute, j’aurais d
un cas isolé, mais dans le doute... Zach
Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite,
@@ -2062,8 +2734,6 @@ lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruy
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
-
-
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La forêt était calme.
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
@@ -2081,6 +2751,8 @@ class="newline" />— Bon d’accord. Mais tu as int
sinon... Elle réalisa soudainement que si quelque chose se passait mal, elle était
incapable de s’enfuir de cet endroit sans se rompre le cou. Il pouvait la
garder prisonnière ici s’il le voulait. Que pourrait-elle faire, s’il décidait
@@ -2119,6 +2789,8 @@ class="newline" />Elle sourit.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? Demanda Irdann.
— Une petite. On se retrouve le soir au bar habituel, je vous explique tout
-ça.
— Tu as une idée en tête, c’est ça ? demanda Irdann.
— Une petite. On se retrouve ce soir à la taverne habituelle, je vous
+explique tout ça.
— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...
— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien
@@ -1401,6 +1412,8 @@ barbare venu de nulle part, p
à mains nues, enlevant la belle prêtresse et s’enfuyant sur son cheval
blanc ?
Elle le regarda un instant, légèrement incrédule. Il avait le physique de
+
+
l’emploi, c’était évident, mais de là à réussir une telle tâche... Elle jeta un
œil à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr
éclata de rire.
Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant
la voix.
— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
-
-
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
@@ -1438,6 +1449,8 @@ supporter la pauvre b
class="newline" />— La grande prêtresse ne peut-elle pas l’immuniser elle-même ? Après
tout, elle souhaite qu’on l’enlève, si j’ai bien compris...
— Oui, à condition qu’elle puisse coopérer activement, et de plus c’est un
+
+
risque qu’on la voit l’aider...
Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la
parole.
— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effec
règlerait le souci de l’immunité.
— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
-
-
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé !
— Comment peut-on se faire passer pour vous deux ? Je ne te ressemble
@@ -1475,6 +1486,8 @@ class="newline" />Elle secoua la t
class="newline" />— Dans une forêt, oui, je peux circuler à peu près partout sans être vue.
Mais dans un temple, c’est plus compliqué...
— Ne vous inquiétez pas, je connais quelqu’un qui peut nous aider pour
+
+
ça.
— Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse
aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.
Irdann, qui semblait un peu g
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...
— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
-
-
-s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.
— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non ?
— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
@@ -1512,6 +1523,8 @@ moins efficaces sans s’en rendre compte&nb
class="newline" />Uhr sourit.
— Je connais quelqu’un qui peut nous fournir ça, ne vous inquiétez
pas.
+
+
— Qui sont ces gens dont tu nous parles qui peuvent nous aider ?
Ou...
— Je vais vous pr
capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en
poisons.
— Un assassin ?
— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
haussant les sourcils.
— Oui, merci !
— Tant qu’à y être, amenez-en quatre, ajouta Uhr.
+
+
— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.
Ils hochèrent la tête.
— Bien s
class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.
— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
-peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes,
-très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
+peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques artifices, très
+pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
moi.
Il sourit devant leur regard incrédule. Il était toujours vêtu de sa tunique
orange décorée, plus adaptée à une scène de spectacle qu’à une mission
@@ -1583,6 +1596,8 @@ class="newline" />— Je vous expliquerai tout cela en d
raconter. Faites-moi confiance pour le moment.
Ils terminèrent leurs plats et se levèrent.
— Il se fait tard, il nous faut rentrer. On se retrouve demain pour mettre au
+
+
point les détails ?
— Quand partirons-nous ?
— Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d’ici
@@ -1591,15 +1606,11 @@ aussi.
Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
+eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
+tête à Farl, et ils gravirent lentement les marches qui menaient à
+l’entrée.
+
— Irdann ? murmura-t-elle.
Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.
— Je suis venu à votre demande, Grande Prêtresse. Avec des compagnons.
Elle jeta un œil au second jeune homme, plus petit, qui sous ses airs
+sages, semblait étudier avec intérêt les lieux. Il n’y avait personne qui
+puisse les entendre maintenant, mais d’autres prêtres et prêtresses
+circulaient régulièrement autour d’eux, et la grande salle du temple
+ne se prêtait guère à une longue discussion, encore moins discrète.
+
— Vous avez... préparé quelque chose ?
— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
+présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
+quand peut-il vous trouver seule ?
Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
+silence, elle répondit, plus bas encore.
— Vers minuit. Dans la partie nord du temple, où sont mes appartements.
+J’allumerai une bougie à la fenêtre quand je serai seule.
+
— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl ! murmura-t-il.
Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des
+gens de la nuit, mais elle n’eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui
+accompagnait Irdann.
— Personne ne vous a vu ?
— Non, rassurez-vous.
Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
+été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.
— Alors, qui êtes-vous ? Et qui vous accompagne ? Que prévoyez-vous de
+faire ?
+
— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
+spectaculaire, et me contenter d’une évasion discrète... Mais tel que vous
+le préparez, c’est possible. Et je vais pouvoir vous aider de mon
+mieux.
Elle rejeta ses cheveux en arrière et se leva.
— Tout d’abord, commença-t-elle, je ne suis pas sûre qu’il soit nécessaire de
+droguer les prêtres. Dans trois jours, c’est l’anniversaire de mon
+intronisation, et le vin coulera à flots. Le soir, tout le personnel sera
+passablement ivre. Par contre, tu peux utiliser un tel statagème pour
+droguer leurs chevaux.
— Les prêtres de Melna ont des chevaux ? Ce n’était pas prévu...
— Oui, et nul doute qu’ils les enfourcheront pour partir à notre poursuite.
+Mais il est relativement simple d’introduire un produit dans leur abreuvoir.
+Tu sauras préparer ce qu’il faut ?
— Je pense, même si je ne connais pas la quantité exacte pour un cheval...
+j’improviserai.
— Très bien.
Elle se mit à marcher dans la chambre, l’air décidé.
— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe
+bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier
+visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je
+
+
+le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à
+couvrir notre fuite.
Farl hocha la tête.
— Trois jours, c’est peu mais c’est tout à fait envisageable. Je vous apporte
+la drogue demain, à la même heure. D’autres recommandations ?
Elle réfléchit quelques instants.
— Méfiez-vous de Feyne. C’est mon second, il est très intelligent et assez
+puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
+son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense...
Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
+moyenne, visiblement lourd.
— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.
Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.
— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt ?
Elle sourit et lui fit un clin d’œil.
— Je préférais ne pas voir arriver un héros uniquement attiré par l’appât
+du gain.
+
— Voilà. Avec ça, ils vont avoir plus de mal à nous suivre...
Il sursauta presque. La jeune prêtresse s’était redressée, et le regardait en
+souriant.
+
— Vous allez bien ? Vous êtes blessés ? murmura Farl.
— Quelques entailles, rien de critique.
— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. Même un peu ivres, ils
+sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...
C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.
— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
+
— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
+changement apparemment. Tout va bien pour le moment.
Irdann savait qu’il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.
— C’est étrange qu’ils n’aient pas encore essayé de nous foudroyer ?
+demanda-t-elle.
— Je suppose qu’ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut
+pas dire qu’ils n’essaieront pas plus tard...
+
— Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent ?
Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu’il pouvait lire de son
+visage dans l’obscurité n’était pas particulièrement rassurant.
— J’ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les
+semer, notre monture va fatiguer rapidement.
Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l’esprit.
— Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m’avais montré
+une rivière et un pont un peu vieux...
— Exact. Précise ton idée ?
— Tu penses qu’avec quelques bons coups d’épée dans les cordes et les
+vieux morceaux de bois, il s’effondrerait ?
Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien
+dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si
+bien qu’il dut presque s’accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le
+pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les
+broussailles.
— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
+vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
+sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
+soucis.
— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
+la nuit !
Elle secoua la tête.
— Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper
+dans la nuit, et s’il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux
+que toi. Ils te trouveraient trop facilement s’ils se mettaient à te
+chercher...
Il soupira. Elle n’avait pas tort. Sauf que...
— Même avec une longue robe rouge et or ?
Elle marqua une pause.
— Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.
Il tendit le bras et saisit les rênes qu’elle lui tendit dans sa main
+gauche, tandis qu’à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu’elle lui
+tendit.
— Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que
+je suis toujours avec toi.
Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui
+restait.
— Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois ?
— Bonne chance...
— Tu en auras besoin aussi !
+
— Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle.
+
— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper ! cria l’un d’eux au
+chanceux qui les attendait de l’autre côté.
Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d’Irdann.
+
— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
+boîte.
Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée.
+La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand le
+pont s’était effondrée. De plus, elle tremblait encore plus que les
+autres.
— Alors venez m’aider à faire traverser celui-là ! Vite !
+
Un prêtre montrait du doigt la silhouette d’Odal, qui revenait au galop en
+leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
+celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.
— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
+
+
+est seule, je pense qu’il y a un piège...
Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
+n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
+quelques mots et tendit un bras vers lui.
+
Celui-ci haussa les épaules.
— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non ? Allez, en
+route.
— Mais nous sommes deux à n’avoir pas pu faire traverser nos montures !
— Alors restez ici et soyez sur vos gardes !
+
— Il est fou, Feyne, ou quoi ?
— Bah, il a cru que c’était quelqu’un d’autre. Il a trop bu je te
+dis.
— Parle pour toi, tu empestes le vin !
Le prêtre haussa les épaules.
— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampe ? Il fait de plus en plus
+sombre, je n’aime pas ça...
L’autre fouilla ses poches.
— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit
+
+
+feu.
+
— Au moins, on voit quelque chose, maintenant ! dit l’un des prêtres avec
+un sourire satisfait.
Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son
+avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins
+bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l’air de
+l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
+froid.
— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
+l’autre.
— Tu crois qu’on craint quelque chose ?
Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
+même pas l’avoir vue, si ? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
+S’il fallait en venir là...
+
— Tu crains vraiment que quelqu’un n’arrive ? lui demanda-t-il..
— Bah, si le barbare n’est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter
+un œil aux alentours ?
— Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de
+détection, si ça peut te rassurer...
+
— Quatre hommes !
— Quoi, sursauta l’autre. Il y a quatre hommes autour de nous ?
Farl se figea. Quatre hommes ? Comment avait-il vu les yeux fermés ? Et
+où ?
— Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu’il y en a deux qui
+nous menaçent !
— Tu es sûr de toi ? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence
+des chevaux.
Il haussa les épaules, hésitant.
— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire que cet enchantement
+pouvait faire ça...
+
— C’est moi...
Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+
+
+restait du pont.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi es-tu trempée et... ?
— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
+restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
+besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
+endormis.
— Merci, au fait.
Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des
+bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
+de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un
+buisson.
+
C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
+bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.
— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants !
— Qu’est-ce que tu fais là ? Habillé en prêtre ? Qu’est-ce qui s’est passé
+là-bas ? demanda-t-elle.
— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont
+pas tarder à revenir.
Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
+
— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
+Silwë.
— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...
— Et que s’est-il passé ensuite ?
— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
+qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
+d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
+pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
+morts ?
— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
+Farl.
— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière ?
+demanda Uhr.
Irdann sourit.
— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
+tête...
Ses compagnons sourirent à leur tour.
+
Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
+Uhr hocha la tête.
— J’espère. Qu’en pensez-vous Samantha ?
— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
+bonne distance. Que comptez-vous faire à présent ?
— Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire,
+vous ?
Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
+mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son
+enlèvement.
— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
+capitale est un bon endroit pour être discret, non ?
Uhr sourit.
— Je peux vous confirmer que c’est effectivement le meilleur endroit pour se
+faire oublier et commencer une nouvelle vie.
+
— Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de
+nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et
+Silwë...
+
— Un repas et une chambre pour la nuit ? Bien sûr. Ce sera prêt ce soir.
@@ -1682,6 +2350,8 @@ fa
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
+
+
s’apprêta à y frapper.
Surprise, elle se retourna vivement. Elle n’avait pas entendu l’homme
@@ -1702,7 +2372,7 @@ Peut-
class="newline" />— Alors ?
— Vous voulez traverser à pied ? Cela va durer six à sept jours.
— Ça ne m’effraie pas.
— Vue la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
+class="newline" />— Vu la saison, il faudra marcher hors des sentiers battus, pour
éviter les attaques. Donc il n’y aura pas d’auberge ou de refuge sur le
chemin, on devra dormir à la belle étoile. Le couvert sera spartiate
aussi.
Zach
— Allez tremper vos pieds dans le ruisseau juste là, pendant que je sors de
+
+
quoi manger.
Le ton s’était adouci. Venait-elle de passer une sorte de test ? Ou avait-il
pitié, finalement ? Elle releva les yeux et son regard croisa le sien le temps
@@ -1826,6 +2496,8 @@ m
vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en
+
+
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
traces.
@@ -1848,8 +2520,6 @@ voir... Lancer un sort
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même !
-
-
Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie ? Son
sourire semblait plutôt franc.
— Enroulez vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
+class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
nuit.
— Vous ne dormez pas ?
— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
+
+
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
+class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
— Tout va bien. Reprends tes appuis, tranquillement. Attrape la racine, au
@@ -1985,7 +2658,7 @@ class="newline" />— C’est presque fini.
— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.
Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
+class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
@@ -2010,8 +2683,7 @@ grotte, lentement,
— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité ? Et pour
ne pas te prendre la paroi ? Je ne vois absolument rien...
— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.
+class="newline" />— Je connais cette grotte comme ma poche. Ça aide.
— Tu emmènes souvent des gens dans cette cachette ?
— Non. Tu es la première.
+
+
— Compris !
Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
+
+
prévoyait de lui faire subir s’il avait le malheur de laisser traîner une main
au mauvais endroit. De plus, son ton presque menaçant lui donnait
l’impression qu’elle allait mieux. Et pour être honnête avec lui-même, sans
@@ -2101,8 +2773,6 @@ de mal
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer ?
-
-
— Ah, ça ! J’en ai discuté avec la tenancière de la taverne. Elle a été ravie
d’échanger mes jolies chaussures contre une paire de bottines à elle. Même
si elle m’a répété plusieurs fois que c’était une mauvaise idée de partir avec
+
+
toi.
Il se mit à rire.
— Ça ne m’étonne pas de ma sœur ça.
Zach -
Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son +
Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
corps à côté du sien semblait lui crier qu’il se moquait d’elle. Pourtant elle
-
-
-ne disait rien... N’osait pas poser la question ? Il soupira. Au point où il en
-était...
? Il soupira.
+Au point où il en était...
— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de
@@ -2175,8 +2845,6 @@ class="newline" />— Si,
class="newline" />Il la sentit sourire à cette plaisanterie.
— Certes.
Il hésita à la questionner plus. Elle avait l’air de connaître un peu le sujet...
-
-
— Comment tu ferais, toi, pour savoir ?
— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
@@ -2193,6 +2861,8 @@ ils ont l’infravision, c’est-
corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi
bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en
+
+
pleine lumière. Il reste les vampires, qui comme certains magiciens, ont une
vision nocturne parfaite grâce à leurs pouvoirs magiques. Ce qui n’a pas l’air
d’être ton cas.
@@ -2205,20 +2875,18 @@ risquait de la braquer. Or, il apprenait tout de m
intéressantes... Ce fut elle qui reprit.
— Après, il y a aussi des gens, des humains je veux dire, qui naissent avec
une vision nocturne comme ça, sans explications, ni origines spécifiques.
-C’est plutôt rare cela dit. Vue ta silhouette, il est plus probable que tu aies
+C’est plutôt rare cela dit. Vu ta silhouette, il est plus probable que tu aies
des antécédents elfiques.
Elle avait ça d’un ton tout à fait neutre. Sans la moindre condescendance ou
animosité.
— C’est drôle, tu n’as pas l’air de considérer cela comme une tare.
Il la sentit hausser les épaules.
— D’où je viens aussi, c’est très mal vu. Personnellement, je ne vois guère
-
-
de différence. Les elfes sont des hommes comme les autres.
Zach se demanda d’où elle tenait cet avis assez ouvert, pour quelqu’un qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures ? Ou... dans ce qu’elle n’avait pas dit ? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours -de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis à vis des +de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux, plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en @@ -2230,6 +2898,8 @@ trop voyager, cela ne lui avait pas laiss Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique ? C’était une question qu’il n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du + + bluff.
Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s’était endormie.
Bercé par ce rythme régulier et la chaleur de son corps à côté du sien, il ne
@@ -2250,8 +2920,6 @@ cela.
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
-
-
silhouette des elfes, même si ses épaules étaient plus carrées. Et
la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au soir...
Un demi-elfe ? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
@@ -2268,13 +2936,14 @@ class="newline" />— Oui,
class="newline" />Elle chercha tout d’abord à ne pas le regarder, puis constata qu’il ne
semblait nullement gêné d’être torse nu devant elle. Elle remarqua alors une
marque rouge, longue d’une dizaine de centimètres, sur son épaule
+
+
gauche.
— Qu’est-ce que tu as là ? Tu t’es blessé ?
Il regarda son épaule.
— Ah, ça... Je me suis pris un mauvais coup, il y a dix jours. Rien de
grave.
— Fais voir ?
+class="newline" />— Fais voir ?
Zach
Sélène s’approcha, s’accroupit près de lui, et lui saisit le bras. Elle
@@ -2287,8 +2956,6 @@ class="newline" />— Ne bouge pas.
Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
-
-
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
l’intriguait.
Elle revint rapidement, tenant une petite boîte métallique à la main @@ -2319,11 +2986,9 @@ la veille au soir. Elle aussi. S’en l’air de la choquer...
- -
Aldariel
Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi @@ -2396,8 +3061,6 @@ du palais. Elle r honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle mission... - -
Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en @@ -2413,6 +3076,8 @@ une plus courte, vert tr remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie, + + en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée correctement.
Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
@@ -2468,8 +3133,6 @@ dire.
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
-
-
Elle ajouta sa ceinture, avec le fourreau de son épée et de sa dague.
Elle ajusta également les bandes de cuir à ses poignets, qui à la fois
protégeaient contre les coups, gardaient les articulations à chaud, et
@@ -2485,6 +3148,8 @@ princesse ?
— J’ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse ?
La jeune princesse sourit.
— En effet. Je pensais d’ailleurs emmener quelques baumes et de quoi
+
+
panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile ?
Elle poussa un soupir de soulagement.
— Oui, tout à fait.
Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
-
-
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
et elles s’étaient dirigées vers l’auberge. Le repas qui y avait été servi –une
@@ -2521,10 +3184,11 @@ couch
class="newline" />— J’avoue que... ces lits m’intriguent...
Elle sourit.
— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta
+
+
couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses
pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais
-elles sont très bien !
+elles sont très bien !
Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement
entre les draps. Un peu hésitante, elle l’imita. Ce n’était pas aussi
inconfortable qu’à première vue, finalement.
— Pourquoi certains humains nous détestent ?
Elle l’entendit soupirer.
? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé ? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
-
-
qui viennent.
Silw Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
@@ -2615,8 +3277,6 @@ d
bataille.
Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
-
-
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
retrouvant subitement face à Silwë, il poussa un cri de surprise,
@@ -2632,6 +3292,8 @@ carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
quatrième homme qui courait vers elle. Il l’aperçut, et ouvrit la
+
+
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
@@ -2652,8 +3314,6 @@ class="ecti-1095">Aldariel
Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains - - qui ne les concernait pas ? Pourtant son amie avait fait de même. Elles avaient failli être vues d’ailleurs... Elle réalisa qu’elle avait laissé quelques flèches... y feraient-ils attention ? Et qui étaient ces @@ -2679,7 +3339,7 @@ class="newline" />Deux des hommes h prendre la menace au sérieux, et se mit à courir dans leur direction. Elle prit une grande inspiration, ajusta sa cible et lâcha les doigts. Il s’effondra à ses pieds, la poitrine transpercée d’une flèche. Silwë était restée en garde à -ses côté et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et +ses côtés et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et s’éloignèrent rapidement.
— Bien joué, Alda.
Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis
@@ -2701,7 +3361,7 @@ maintenant.
Elle sourit.
En attendant, elle avait repris contact avec Khil, qui était actuellement
@@ -2758,8 +3416,6 @@ avait quand m
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.
— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
-
-
ça ? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.
— Je ne suis pas chargé directement de l’enquête. Mais d’après ce que j’ai
compris, l’un travaillait sur des créatures exotiques fortement liées à la
@@ -2773,6 +3429,8 @@ class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
class="ecti-1095">Uhr
Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
+
+
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
actuellement une jupe rouge sombre, un chemisier blanc et un petit corset
noir–, mais il savait bien que derrière, elle brûlait d’envie de faire
@@ -2794,8 +3452,6 @@ le g
class="newline" />— Où tu veux en venir ?
Elle haussa les épaules.
— Je me demande si c’est vraiment un accident et s’ils sont vraiment
-
-
morts.
— Aucune idée. Mais tu sais, ce n’est pas à toi ni à moi que l’enquête a été
confiée... Et puis comment le vérifier ?
— Mais ça ne va pas être évident de se procurer de tels objets. Je te
rappelle que je ne suis pas chargé de l’enquête, et leurs appartements sont
+
+
sous scellés maintenant...
Elle lui sourit.
— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y pénétrer discrètement ?
@@ -2830,8 +3488,6 @@ maniement de ses armes,
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
-
-
vie.
Il sortit de chez lui par la fenêtre. Tout était calme, dans la rue. Il glissa sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet @@ -2843,9 +3499,11 @@ terrible incendie. Cet immeuble de trois avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette -expression était d’assez mauvais goût vue la situation, il escalada -rapidement le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa -à l’intérieur. +expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement +le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à + + +l’intérieur.
Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la @@ -2866,8 +3524,6 @@ bois de l’autre demeure. quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre - - Samantha.
Samantha
@@ -2903,8 +3559,6 @@ auront peut-
disparaisse pour de bon...
— C’est vrai, mais je risque ma carrière en faisant ça. J’hésite... Même si
effectivement il faudrait leur dire. Peut-être les aiguiller sur cette
-
-
piste ?
— Ils vont perdre trop de temps... C’est tellement bête... Pourquoi n’ont-ils
pas pensé à faire appel à un prêtre pour ça ?
Farl
De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la + + broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par là. @@ -2939,8 +3595,6 @@ venant de l’ext bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi dangereuse. - -
Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions : sortir et
s’échapper tout de suite, ou... être totalement fou.
Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa directio
la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme
possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop–
menaçant...
— Qui êtes vous ? Que faites vous ici ?
— Qui êtes-vous ? Que faites vous ici ?
Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer
dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.
— Calmez vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
+class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
Peut-on discuter calmement ?
Elle sembla marquer un instant d’hésitation. Dans sa main, les filaments
lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace
@@ -3023,6 +3677,8 @@ class="newline" />— Bravo. Allons regarder cela ailleurs, comme vous lR
class="newline" />— Tout à fait. Je propose de venir chez les amis qui m’ont envoyé
ici.
Elle eut un regard légèrement méfiant, puis finit par accepter.
+
+
Ils marchaient dans la rue, faiblement éclairée par quelques lampadaires.
S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants
ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de
@@ -3058,7 +3714,7 @@ seul, et fut d’autant plus surpris de reconna
l’accompagnait.
— Zanakielle ! Mais...
À son tour, elle marqua un instant de suprise.
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi ?
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui sont venus cet après-midi ?
Il hocha la tête.
— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...
Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
@@ -3079,8 +3735,6 @@ class="ecti-1095">Samantha
personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
-
-
Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.
— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
@@ -3094,6 +3748,8 @@ class="newline" />— Il n’y a pas de mal, la rassura-t-elle. Toujours
que Septim est vivant, contrairement à...
Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas,
leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était
+
+
terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire ?
— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé ?
Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
@@ -3128,12 +3784,14 @@ seulement de nuit. Supportant mal la lumi
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
+
+
théorie.
— Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt ? Comment ?
— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.
— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
-qui travaille sur le sujet et ses documents ? Ajouta Zanakielle.
? ajouta Zanakielle.
Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
pour faire une remarque.
— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
@@ -3146,12 +3804,10 @@ class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son in
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
pauvre créature disparue.
— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre ?
-Proposa Samantha.
— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
pas ma spécialité.
-
-
— D’un point de vue plus pratique, on fait quoi ? On dit quoi ?
Uhr regarda les trois autres.
— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...
— Tu as raison, Samantha. Mais je crains que ce probl
dépasse.
La magicienne proposa alors :
— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
-jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de
-vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
+jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
+de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
faire.
Elle s’était levée, décidée, presque en colère.
— Vous avez raison. Je ne pourrai pas garder ce secret indéfiniment, et
@@ -3187,8 +3843,6 @@ risquait de perdre sa carri
pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.
— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à
-
-
faire appel à un prêtre.
Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.
— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
@@ -3200,6 +3854,8 @@ pas une sanction disproportionn
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
+
+
posta face à lui.
— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
nous n’aurions fait en une semaine.
Il hocha la t
mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec
Samantha et Farl... s’ils acceptaient.
— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais
-
-
besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien
entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou
que tu m’apprennes ce que tu trouves.
— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
+
+
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela @@ -3248,7 +3904,7 @@ m class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.
Elle marchait à côté de lui, un long bâton de marche à la main. Il lui
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
@@ -3272,6 +3926,8 @@ qu’elle lui avait mis dans le c
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres ? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
+
+
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
-
-
+rassurant...
Zach
— Une arakne ! — Assieds-toi.
Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
la suite.
— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
+class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester
ici...
— Attention !
Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
@@ -3347,6 +4000,8 @@ class="ecti-1095">
Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
+
+
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...
— Première étape, nettoyer ça. Après, je vais te donner quelque chose pour
@@ -3371,8 +4026,6 @@ arri
class="ecti-1095">Zach
Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément, des filaments de lumière blanche, légèrement moirés, traversèrent son iris. - - Elle lâcha son bâton de marche, et apparut alors dans sa main droite, à la place, un long bâton, couleur bois, fait de deux branches entrelacées, presque aussi grand qu’elle. Au sommet, les deux branches entouraient ce @@ -3383,6 +4036,8 @@ courant. De toutes fa choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison lent...
Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
+
+
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
@@ -3407,8 +4062,6 @@ tard.
class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. Aldariel
— Aldariel... C’est quoi ces horreurs ? Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
@@ -3491,6 +4144,8 @@ souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
+
+
épée à plat sur sa gorge.
C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec
curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
@@ -3515,8 +4170,6 @@ class="newline" />— Je vais r
elfe Aldariel Lalrilë, qui t’ordonne de la lâcher immédiatement si tu ne veux
pas que cette flèche traverse ton cou. Toujours immobile, impuissante, elle vit Aldariel hésiter, tandis que
-
-
l’homme avait pris une expression mêlant soulagement, crainte et surprise.
C’est alors qu’elle remarqua des lueurs rouges, dans l’obscurité, derrière la
magicienne. Elle essaya de crier, mais avec le poids qui écrasait sa poitrine,
@@ -3564,6 +4217,8 @@ class="ecti-1095">Zach
— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...
— Je sais. Tu risques d’être brûlée vive, et moi avec, rien que pour avoir
-
-
pris ta défense.
Elle sembla un peu rassurée de l’entendre dire qu’il la défendrait sans
conditions.
— Il y a des gens <
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
dans la direction des voix.
+
+
— Sil !
L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
-poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
+poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait
été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre
@@ -3479,8 +4134,6 @@ sa silhouette, pour un adolescent,
Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait
dégainé une fine dague, qu’il para de justesse, tandis qu’un violent
-
-
coup de genou le cueillit dans les côtes et le fit reculer de quelques
pas.
Le ton de la voix était impératif, et la pointe dans sa nuque l’était
-
-
tout autant. Un regard rapide en arrière lui laissa entrevoir une
silhouette délicate, vêtue de vert pâle, armée d’un arc tendu vers
lui.
@@ -3528,6 +4181,8 @@ de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant ? Ce n’était guère
+
+
mieux...
— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous
espionnes.
— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
+
+
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
hurla.
— Sélène, écarte-toi !
— Je suggère qu’on règle nos différents plus tard, une fois à l’abri des
+class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des
araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir
d’autres...
L’archère et Zach se fixèrent d’un air méfiant quelques instants, puis
@@ -3659,8 +4314,6 @@ b
class="ecti-1095">Zach
Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la guerrière à sa droite. Tous trois scrutaient les environs avec inquiétude, - - mais rien n’arrivait. Pouvaient-ils être venus à bout de ces horreurs, finalement ?
Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
@@ -3669,9 +4322,11 @@ meilleure des postures pour toucher les cr
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée ? Le contrecoup de la douleur ? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à
+Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
-était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
+
+
+était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de
dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses
bras.
@@ -3689,8 +4344,8 @@ calme, apparut sous leurs yeux.
— Nous y voici. Il n’y a plus qu’à traverser. Tu sauras nager avec
elle ?
C’était la voix de l’archère, qui s’était tournée vers lui. Il hocha la tête,
-même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement, et la jeune
-femme inanimée ne l’enchentait guère.
— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
@@ -3705,6 +4360,8 @@ l’eau qu’
class="newline" />— Bien vu !
Il s’avança à sa suite. Soudain, alors qu’elle atteignait presque la rive
opposée, l’elfe s’arrêta brusquement et se retourna vers lui, les sourcils
+
+
froncés.
— Silwë... Tu ne m’avais pas dit que les humains voyaient très mal dans
l’obscurité ?
— Comment va-t-elle ?
— Elle respire calmement.
L’elfe se leva et posa une main délicate sur le front de la jeune femme
-
-
endormie.
— Elle a un peu froid. Tu devrais la couvrir.
Il prit leurs deux couvertures dans leurs sacs respectifs et l’enveloppa
@@ -3742,6 +4397,8 @@ invit
l’arc.
Zach allait demander s’il n’était pas dangereux pour deux femmes seules de
faire ce long trajet. Puis il se souvint des traits de l’archère et de l’épée de
+
+
la guerrière, et se ravisa. Cette dernière reprit.
— Pour répondre à ta question initiale, nous n’étions pas en train de vous
espionner. Nous avons été attaquées par les araknes, et nous avons vu de la
@@ -3766,8 +4423,6 @@ tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de
dormir.
Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au
lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
-
-
faire de même. Il hésita un peu. Le pain était rassis, la viande encore plus
séchée, mais il leur proposa tout de même.
— Désolé, ce n’est pas très frais, mais si vous en voulez...
Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
+
+
grimace.
— Excuse-moi, mais je n’ai pas encore l’habitude de la nourriture
humaine...
— Il est effectivement temps de se reposer.
— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde ? Je ne fais
-
-
pas ça d’habitude, mais le danger qui nous menace est assez inhabituel,
proposa-t-il.
— Pourquoi pas, répondit Silwë, puisque visiblement nous sommes tous les
@@ -3816,6 +4471,8 @@ plus mal. Maintenant qu’il avait enfin des elfes face
savoir...
— Effectivement, j’ai la capacité de voir dans l’obscurité, mais j’ignore
pourquoi. Je suis un enfant trouvé sur le pas d’une porte et adopté... Sélène
+
+
pense que j’ai des antécédents elfiques.
Les deux jeunes femmes l’observèrent un moment. Puis se jetèrent un
regard entendu. Aldariel se leva et vint s’asseoir à côté de lui, une main sur
@@ -3840,8 +4497,6 @@ class="newline" />Aldariel prit une grande inspiration, et expliqua.
— Tu vois encore mieux que nous dans l’obscurité. Tout comme ta légère
sensibilité à la lumière, c’est typique des elfes noirs. Il faut que tu
saches que... nous ne sommes pas vraiment en bons termes avec
-
-
eux.
Elle semblait gênée. Son amie reprit, presque doucement.
— Tu n’y es pour rien. Mais je te conseille de cacher ce don face à des elfes
@@ -3853,6 +4508,8 @@ class="newline" />Silw
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
+
+
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
oreilles pointues en moins.
— Tu penses qu’il est un... hybride ? Un demi-elfe ?
? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
-
-
aguets. Devait-il être rassuré ou inquiet ? Il n’eut pas le temps de se
poser plus longtemps la question, la fatigue l’envahit et il s’endormit
profondément.
@@ -3889,6 +4544,8 @@ fallait rester
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
réchauffer.
+
+
Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait, il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce important, finalement ? Il semblait plutôt sincère lorsqu’il avait @@ -3913,8 +4570,6 @@ faire pardonner de l’avoir menac elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle l’occasion le lendemain ?
L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter - - la garde à sa place. Était-il vraiment de confiance ? Il avait avoué avoir agi par peur, lorsqu’il avait attaqué Silwë, mais qu’est-ce qu’il lui disait qu’il n’agirait pas ainsi d’autres fois ? Si il les attaquait, toutes les deux, alors @@ -3926,6 +4581,8 @@ jamais rencontr n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire ? Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à la capitale, après tout ? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle + + était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë lorsqu’elle avait parlé de relations hybrides. Était-ce un sujet tabou, là-bas ? Ou se pouvait-il que... ? Les humains étaient si différents @@ -3949,8 +4606,6 @@ Silw répéta-t-elle...
Zach - -
Une partie de la nuit était déjà passée, et il n’avait pas –encore– eu la gorge tranchée pendant son sommeil... jusque là, tout allait bien. Enfin, si on exceptait les araknes, la révélation de Sélène, la rencontre –peu amicale @@ -3962,6 +4617,8 @@ serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras, tout à l’heure, juste après avoir été guéri ? Le contre-coup de la + + douleur ? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement ? Le choc d’apprendre qu’elle possédait des pouvoirs hors du commun ? Le danger que ces mêmes pouvoirs représentaient ? Finalement, @@ -3986,8 +4643,6 @@ et chaudes. inconnue et étrange : raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient appris la langue des humains ? Il en doutait, sinon elles auraient utilisé –au moins ponctuellement– leur langage pour parler dans son - - dos.
Il soupira. Après tout, s’il se posait des questions idiotes, c’est qu’il était encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce serait @@ -3999,6 +4654,8 @@ aim rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à + + lui...
Quand à la « princesse »... qui ne souhaitait pas qu’on la traite en tant que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs ? Comment @@ -4022,8 +4679,6 @@ reste.
L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
nocturnes. Tout allait bien. Il s’approcha doucement de Silwë, et lui posa la
-
-
main sur l’épaule.
— Psst... Silwë ?
L’elfe se réveilla et sembla paniquer à sa vue. Sa main se tendit vers son
@@ -4035,6 +4690,8 @@ class="newline" />— Oui. Rien
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà + + chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui. Était-il dangereux de dormir si près d’une... sorcière ? De toutes façons, ce n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau, @@ -4052,15 +4709,13 @@ class="ecti-1095">
La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit. C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait -toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas +toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne n’était pas rien, dans cette région, même si c’était pour lui sauver la - - vie...
Elle se demandait, d’ailleurs, quelle était la relation réelle entre ces deux
jeunes gens. À voir Zach, en tous cas, il semblait évident qu’il y avait
@@ -4072,7 +4727,9 @@ l’avait menac
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes ? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
-savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une
+
+
+savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
fois la magicienne réveillée ? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait
imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur.
@@ -4097,8 +4754,6 @@ s’
brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes,
leur alliance temporaire quand d’autres créatures avaient attaqué,
-
-
et... le trou noir. Elle avait lancé beaucoup de sorts en si peu de
temps, elle n’avait pas tenu le coup. Elle manquait encore tellement
d’entraînement.
@@ -4110,6 +4765,8 @@ class="newline" />— Bien dormi Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.
Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
+
+
méfier d’elle, ou pas ? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
rassurer peut-être ?– et lui fit signe de s’approcher.
— Laisse les autres dormir. Ils sont épuisés.
— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...
La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
Irdann été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays, rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt + + généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus ? Peut-être un peu de compagnie. Oh non, il était loin du cliché du chevalier parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais @@ -4155,14 +4812,14 @@ formation. Et ils avaient quitt maintenant !
Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à l’effigie de Melna. Dessous, un pantalon et une tunique gris clair, et une -cotte de mailles légère, ainsi que des solides gants de cuir. À sa ceinture, il +cotte de mailles légère, ainsi que de solides gants de cuir. À sa ceinture, il portait ses armes, flambant neuves, et sa tête était couverte d’un heaume ouvragé. Il avait quitté la forêt le matin même, et s’approchait du château du seigneur Assem, qui ferait une bonne étape pour la nuit. Peut-être -pouvait-il rester quelques jours pour se reposer, après la traversée épuisante -de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des -années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir -à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps, +pourrait-il y rester quelques jours pour se reposer, après la traversée +épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus +depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de +tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps, finalement.
— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici !
Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
@@ -4170,8 +4827,6 @@ qui
effectivement respectée ici, et il était tout de même le fils de leur suzerain,
bien que n’en portant pas le titre. Le seigneur se leva pour l’accompagner
lui-même à la chambre qui lui était préparée. Il ne s’attendait pas à un tel
-
-
accueil.
— Nous ferez-vous le plaisir de dîner avec nous ?
— Bien volontiers, d’autant que voilà plusieurs jours que je n’ai pas fait un
@@ -4218,6 +4873,8 @@ les coups de l’ennemi, bien avant que les h
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
connaissez.
Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
+
+
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
peut-être était-ce le moment où jamais. Et puis, une quête héroïque, digne
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
@@ -4242,8 +4899,6 @@ Tout d’abord, elle n’a pas emmen
cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
tâche s’il devait en plus fouiller toutes les cachettes potentielles... Un bijou
offert par un amour d’adolescente ? Un journal intime ? Mais si elle est
-
-
réellement attachée à cet hypothétique objet, elle aurait pu tenter de
l’emmener avec elle, caché dans le grand coffre qu’elle emportait en tant que
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
@@ -4254,11 +4909,13 @@ volume moyen et cach
chercher ?
Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas + + et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.
C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de -sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la +sorcellerie... Il en eut des sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question. @@ -4278,8 +4935,6 @@ pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait familier.
Il sortit de sa poche un simple caillou qu’il avait ramassé dans la cour, et le posa à côté du livre, et débuta son incantation. - -
Combien de temps s’était passé ? Difficile à dire, mais de ce qu’il voyait par la fenêtre, la nuit était tombée. Il ramassa délicatement la pierre posée sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son @@ -4290,6 +4945,8 @@ concentrant, il pouvait elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se trouve.
Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine + + et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher, épuisé. @@ -4313,10 +4970,8 @@ sensations, quand bien m impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était tenu secret...
De plus, il avait entendu lui aussi toutes les légendes de ces paladins
-
-
-retrouvant leur bien-aimée. Sauf s’il en connaissait la face sombre. Celle qui
-racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
+retrouvant leur bien-aimée. Sauf qu’il en connaissait la face sombre. Celle
+qui racontait que nombre d’entre eux, hantés, obsédés par ces battements
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
@@ -4325,6 +4980,8 @@ aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le m
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
+
+
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
@@ -4352,8 +5009,6 @@ class="newline" />— Il faudra filtrer quand m
je me demande si on ne peut pas ajouter ça...
Elle fouilla dans son sac, et en sortit une petite fiole qu’elle tendit à l’elfe.
Celle-ci tenta de lire l’étiquette, fronça les sourcils. Puis elle l’ouvrit, renifla
-
-
légèrement le contenu.
— Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme...
Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
@@ -4364,6 +5019,8 @@ class="newline" />— Et encore, il faudra que je te montre certaines quR
ici...
— Tu veux dire, dans votre forêt elfique ?
— Oui, il y a des plantes médicinales spécifiques à notre région... Ça te
+
+
plaira !
Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui
frémissait et l’odeur agréable qui s’en dégageait. Il faisait beau,
@@ -4422,8 +5079,6 @@ class="newline" />Il hocha la t
class="newline" />— Tu as appris l’épée durant ton séjour à la capitale, c’est ça ?
— Oui, chez maître Ernest. Tu le connais ?
— De réputation, mais je ne l’ai jamais rencontré directement. D’ailleurs...
-
-
Il se leva et alla chercher son épée, posée avec sa ceinture quelques mètres
plus loin.
— Tu étais blessée. Il n’y avait aucun challenge.
— Quoi ? Comment ça ?
Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il
+
+
avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et
comprendre son jeu, elle soupira.
— Tu as gagné. Tu réussi à me faire lever.
— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.
Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui,
son arme pointée, avec un léger sourire de défi.
— En garde !
@@ -4460,8 +5117,6 @@ int
bon escrimeur, corrigea-t-elle mentalement. Pourtant... sur une passe un peu
inhabituelle, elle réussit à créer une faible ouverture dans sa garde. Faible,
mais suffisante... Son épée s’arrêta à quelques millimètres de sa poitrine.
-
-
Elle esquissa un léger sourire.
Zach @@ -4496,8 +5151,6 @@ c de la faire reculer, combiné à l’effet de levier qu’elle appliquait, lui fit lâcher son épée. Perdu encore... ou pas ? Il était toujours très près d’elle, à une distance peu pratique pour manipuler une arme - - longue.
Alors que la lame de Silwë revenait vers lui, il marqua un infime instant de pause, et au dernier moment se jeta sur elle, saisissant son poignet et @@ -4509,6 +5162,8 @@ r
Silwë + +
Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s’être fait
avoir si facilement, et puis, il avait raison...
— Certes.
— Bien vu.
@@ -4545,6 +5198,8 @@ la main et l’aida
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
+
+
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
esquiver habilement le coup de pied qui le menaçait. Il retenta la
@@ -4569,8 +5224,6 @@ class="newline" />— Tu peux quand m
class="newline" />— Ah... euh oui désolé.
Ils se dirigèrent alors silencieusement en direction du son, et se postèrent de manière à voir l’intrus arriver sans être découverts. - -
Le cavalier qui s’approchait était vêtu de blanc et portat un large heaume masquant son visage. Un chevalier ! Il était seul, ce qui était plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants @@ -4581,6 +5234,8 @@ combattants en poss lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées longues... + +
Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et d’Aldariel. Il tourna la tête vers Silwë, tout aussi démunie que lui. Et leurs @@ -4605,8 +5260,6 @@ leva en direction de l’ se mit à courir vers le campement.
Irdann - -
Il savait qu’il approchait du but. La pierre qui pulsait ne lui donnait aucune indication de la distance à laquelle se trouvait dame Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits, @@ -4617,6 +5270,8 @@ la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine for Prisonnière quelque part ? Comment l’en sortirait-il si c’était le cas ?
Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
+
+
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
matérialiser sous ses yeux.
@@ -4642,8 +5297,6 @@ modifi
class="newline" />— Irdann ?
Le chevalier planta ses deux épées dans le sol à côté de lui. Puis il souleva
son casque, dévoilant son visage. C’était lui, aussi surpris qu’elle de le
-
-
voir.
Irdann @@ -4654,6 +5307,8 @@ pour l’enlacer.
À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
+
+
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
surpris qu’il manqua d’en lâcher son arme. La seconde silhouette
@@ -4680,17 +5335,15 @@ class="newline" />L’
class="newline" />— Mon nom est Irdann, je suis paladin de la déesse Melna. Je suis à la
recherche de dame Sélène.
Elle ne put retenir une exclamation de surprise. Il l’aperçut, la dévisagea,
-
-
puis fit un pas dans sa direction, et posa un genou à terre devant
elle.
— C’est vous ? Vous êtes saine et sauve ?
Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
-sembla reprendre ses esprit et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
+sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
eux.
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
-vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignaient que vous ne soyez
+vous. Ils m’ont donc envoyé vous retrouver. Ils craignent que vous ne soyez
morte, ou enlevée par des brigands...
Elle écarta le bras de Zach et se planta devant le chevalier.
— Comme vous pouvez le voir, je vais très bien, je suis parfaitement libre de
@@ -4702,7 +5355,7 @@ jours...
Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant
ses compagnons non plus...
— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé
-un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous
+un guide et protecteur, et je suis venue à pied à travers la forêt. Vous
pouvez donc les rassurer, je vais très bien.
Le paladin se releva et hocha la tête en souriant légèrement.
— La déesse soit louée, c’est le cas.
Le sourire qu’ils
retourna vers elle à nouveau.
— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
vie sans aucune hésitation.
-
Zach et Aldariel avaient baissé leurs garde, mais restaient figés, -observant l’homme. Elle se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre +
Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
+l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
plus.
— Que faisiez-vous chez mes parents ?
— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les
+
+
miens, après de longues années d’absence. Mon retour devrait d’ailleurs
coïncider avec l’ouverture d’un grand tournoi de tir à l’arc que mon père
organise régulièrement. Comptiez-vous vous y rendre ?
— Permettez-moi de vous présenter Zach, le meilleur guide de la région,
-
-
sans qui je ne serais pas en vie en ce moment...
La main tendue obligea Zach à ranger son épée pour le saluer. C’était le
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.
— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
+
+
ensemble.
— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
que dame Sélène est en sécurité avec vous. Je suis certain d’ailleurs que le
@@ -4789,8 +5444,6 @@ S
class="newline" />— Je prends un peu d’avance, vous me rejoindrez...
Irdann ne put s’empêcher de regarder l’elfe s’éloigner rapidement, avec
légèreté et aisance. Les elfes sylvains étaient en forêt comme des poissons
-
-
dans l’eau...
Ils partagèrent rapidement une collation au bord de la rivière. La princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité @@ -4801,6 +5454,8 @@ racontant bri guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques précisions.
Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui + + seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien qu’ils y seraient fort bien traités, les deux jeunes femmes préféraient un @@ -4825,8 +5480,6 @@ auxquelles elle avait r l’escrime auprès du même maître et avaient déjà vécu des tas de choses ensemble... Quelle chance avait-elle !
Ils s’arrêtèrent au pied d’un grand arbre, que Silwë proposa d’escalader
-
-
pour vérifier leur chemin. Zach, qui n’avait pas dit un mot depuis que le
chevalier les avait quittés, haussa les épaules. Pourtant, c’était lui
qui connaissait bien le coin, normalement... Alors qu’il s’asseyait au
@@ -4862,8 +5515,6 @@ class="newline" />Elle se tut, et se contenta de monter encore d’un cran,
Vexé, il s’élança lestement vers elle, et se rétablit sur la même branche. Sa
réaction était presque drôle, en fait...
— Qu’est-ce que ça veut dire, hein ?
-
-
Zach
L’archère le fixait toujours, semblant presque se retenir de rire. Il était
@@ -4874,6 +5525,8 @@ class="newline" />— H
class="newline" />Elle le poussa brusquement du coude, il perdit l’équilibre et se rattrapa de
justesse à une branche au dessus de sa tête.
— À ton avis, grand bêta, si elle ne te l’a pas dit, c’est qu’elle préférait que
+
+
tu l’ignores... non ?
Il reposa ses pieds sur une branche près de celle de l’archère, et s’accouda
sur une autre, face à elle. Il tenta de contenir la colère qui montait
@@ -4900,8 +5553,6 @@ class="newline" />— Facile
sauvageon barbu et fauché.
Elle gagna à nouveau une branche un peu plus élevée. Il ne l’aurait pas
avoué, mais pouvoir vider son sac le soulageait un peu. Il continua son
-
-
ascension à son tour.
— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance ?
Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.
Il fit une moue.
— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.
Elle eut un petit sourire et le rejoignit sur sa branche.
— Qu’est-ce qui t’inquiète ? Qu’il ne soit pas ce paladin loyal, courageux,
+
+
fort aux airs de prince charmant qu’il semble être, et qu’elle soit en danger
avec lui ? Ou... Est-ce que tu crains qu’il soit précisément un paladin loyal,
courageux, fort, aux airs de prince charmant ?
? Il plia les genoux, et sauta dans sa direction,
cherchant à l’attraper à la taille. Elle fit un pas en arrière, se laissant
tomber verticalement, et saisit avec ses deux mains la branche sur laquelle
-
-
elle se trouvait une seconde plus tôt. Ses bras à lui n’attrapèrent que du
vide. Le temps de reprendre son équilibre, elle avait déjà posé les
pieds sur une fourche en contrebas, et le regardait d’un air narquois.
@@ -5044,10 +5695,8 @@ mon sac, et je suis toujours vivante. Je crois bien que je pr
marcher.
Il l’attrapa délicatement par la taille et la déposa au sol. Ils se remirent en
route, marchant à côté de la jument, visiblement soulagée de n’avoir plus
-
-
tout ce poids à porter.
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pieds ?
— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied ?
— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.
Il désigna du doigt l’ouverture dans les arbres.
— Voilà la route, nous pourrons avancer plus rapidement. Ça tombe bien, le
-soir tombe.
+soir tombe.
SélIl lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
-arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
-deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.
— Place-toi derrière moi.
En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde,
surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
@@ -5118,8 +5766,6 @@ class="newline" />— S
class="newline" />Il avait crié ça entre deux coups d’épée. Elle recula vers la jument.
Pourrait-elle tenir en selle et s’enfuir ? Et l’abandonner ? Elle repéra au sol
un coutelas, abandonné par un des brigands qui gisait au sol. Saurait-elle
-
-
s’en servir de toutes façons ?
Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann, occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour @@ -5129,6 +5775,8 @@ Silw essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes + + façons...
Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou avait-elle rêvé ? Les yeux fermés, elle sentit son bras s’approcher du sol, @@ -5154,8 +5802,6 @@ d bataille. Le paladin, entouré de plusieurs hommes, peinait à se défendre malgré son adresse aux épées. Les bandits semblaient plus occupés avec lui et ne semblaient pas surveiller Sélène, attendant visiblement d’avoir éliminé - - leur menace principale.
Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié. Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit @@ -5165,6 +5811,8 @@ class="newline" />— S class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer + + sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes ses forces son agresseur.
Il fut si surpris qu’il trébucha, et manqua de s’étaler par terre. Mais @@ -5190,8 +5838,6 @@ pourrait la prot l’impression de voir la jeune femme poignarder violemment son adversaire d’un couteau. Ne s’était-elle pas évanouie quelques instants plus tôt ? Le stress du combat, avec l’obscurité qui tombait, devait lui jouer des tours. Et - - l’épuisement, aussi... Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois @@ -5201,6 +5847,8 @@ instant d’h profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait + + lentement.
Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en poussant un cri de rage, et atterrit à ses côtés. Une silhouette féminine qu’il @@ -5226,8 +5874,6 @@ class="newline" />— Zach et Alda sont l class="newline" />D’un même geste, ils achevèrent leurs derniers adversaires. Il laissa passer un instant pour reprendre son souffle, puis observa enfin le champ de bataille. - -
À peine plus loin, Sélène tenait un coutelas ensanglanté à la main. Elle semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air @@ -5237,6 +5883,8 @@ en travers de la selle, la poitrine transperc cherché à s’enfuir ? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû affronter ? + +
— Vous venez ?
C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
quelques difficultés. La lame d’un des brigands lui avait fait une belle
@@ -5261,9 +5909,7 @@ cherch
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
-
-
+avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
pour une idiote sans défense ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ?
C’était la voix de son prisonnier.
L’homme tourna p
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
+
+
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
la peur.
— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un paladin allant chercher une
@@ -5298,8 +5946,6 @@ Silw
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
sans demander son reste.
Aldariel remarqua alors le genou ensanglanté du paladin. - -
Irdann
— Oh, tu es blessé ?
— Assieds-toi, je vais regarder
class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
+
+
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
lui.
— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac ? Je l’ai
@@ -5370,7 +6018,7 @@ blessure.
nuit.
Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pied...
Elle haussa les épaules en souriant.
— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant
pis pour le code d’honneur.
— Il y a une auberge dans le village o
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
et votre nom.
Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom » ? Ce n’était
+
+
peut-être pas le moment de le relever.
— Et vous trois, que ferez-vous ?
Zach haussa les épaules.
Cela voulait dire voir Zach un tout petit peu plus longtemps.
tête en souriant.
— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines ?
Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
-
-
peu ?
— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
ma tête d’elfe.
Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une
+class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une
impression ? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
succintement.
— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des
-
-
personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de
nom.
— Oui...
— Je d
princesse à protéger, je te rappelle.
Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.
— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame
+
+
jusqu’à la sortie de la forêt.
À son tour, elle lui lança un coup de coude.
— J’ai bien vu ta façon de la protéger.
La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive. Sélène se trouva une place sur un des bancs. Elle avait presque oublié ce
que c’était d’être traitée comme une princesse, et ce n’était pas
-
-
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
@@ -5529,7 +6179,9 @@ tour.
La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
-Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
+
+
+Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des
humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
@@ -5547,7 +6199,7 @@ groupe, et ils commenc
Après tout ce temps dans la forêt à manger du pain dur, de la viande et
du fromage séchés, parfois améliorés de quelques trouvailles, cette simple
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
-viande était un régal. La mère de Zach, du nom de [ToDo!], sembla ravie de
+viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
@@ -5558,13 +6210,14 @@ elfes. Que faites-vous dans la r
class="newline" />— Nous nous rendons au château du duc De Vane. Il organise un grand
tournoi de tir à l’arc, et j’ai été conviée à y participer. Silwë est mon garde
du corps. Mais c’était probablement le seul « incident » qu’il pourrait déplorer. Il
y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient
rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils
@@ -5601,6 +6252,8 @@ sugg
laissent faire.
Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
+
+
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait
été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses
@@ -5626,8 +6279,6 @@ class="newline" />—
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
ces esquives maladroites. Les quatre yeux bleus qui le fixaient dans
-
-
l’obscurité lui donnaient l’impression de le clouer au mur derrière lui. Il
abdiqua.
Il finit d’ôter sa tunique et s’allongea, préférant regarder le plafond. — À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann ? Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien
@@ -5769,8 +6424,6 @@ saine et sauve, et plut
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs ? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
-
-
Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
@@ -5781,6 +6434,8 @@ peu, et puis ils
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
+
+
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des
choses...
@@ -5806,8 +6461,6 @@ cas... Il ne répondit pas. Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
+
+
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
bon se poser ce genre de question ? Elle avait su tout cela dès le
début.
@@ -5900,11 +6553,869 @@ d
class="newline" />Il avait mis aussi du temps à répondre. Pourquoi ? Aldariel
+ Lorsqu’Aldariel ouvrit les yeux, le jour était déjà levé depuis un
+moment. À ses côtés, les lits de Zach et de Silwë étaient vides. Il faut dire
+que ces lits humains étaient plutôt confortables, surtout comparés à la terre
+battue de la forêt... Et après les évènements de la veille, une bonne nuit
+n’était pas de trop. Elle se prépara rapidement, et se hâta de rejoindre les
+éclats de voix qu’elle entendait du rez-de-chaussée.
+ Installés autour de la grande table, en train d’avaler un petit déjeuner
+solide, se trouvaient Silwë, Irdann et Beolie. Celle-ci était en train de
+tendre un panier de victuailles à la guerrière, tout en l’abreuvant de
+recommandations. C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de
+protestation de principe de la part de Beolie. Un silence passa. Chacun sembla se remémorer avec un léger frisson la
+bataille de la nuit dernière. Puis Aldariel reprit la parole. Irdann
+ Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
+Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
+Des rumeurs avaient couru sur l’attaque des brigands de la veille, mais
+personne ne semblait évoquer la présence d’elfes. Par contre, certains,
+apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la
+blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions.
+Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et
+impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la
+sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les
+
+
+gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et
+c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et
+puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non
+plus.
+ Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s’étaient arrêtés au
+bord d’un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes,
+elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur
+une longue distance. Mais qu’importe, ni lui ni Sélène ne semblaient
+pressés. Celle-ci était assise dans l’herbe à côté de lui, en train de boire à
+une gourde fraîchement remplie. Sélène
+ Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de
+panique. Comment savait-il ? Comment l’avait-il trouvé ? Comment
+avait-il osé fouiller dans sa chambre ? Qu’allait-elle faire ? S’enfuir ? Et
+pour aller où ? Il soupira. Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna
+lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres
+battements de cœur... Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement
+anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
+nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir
+les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un
+soupir.
+ Irdann
+ — À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe. Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir.
+Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur
+son épaule. Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose
+finalement ? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il
+eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être
+était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la
+douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer,
+s’estompa pour de bon.
+ Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage,
+elle sourit.
+ Uhr
+ L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils. Le guide prit une autre gorgée, puis reprit. À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon
+de s’insérer dans la conversation. Farl
+ Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en
+terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement
+le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus
+confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De
+plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il
+pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à
+la jonglerie, sous les yeux surpris –au moins la première fois– de
+Ragan.
+ — Je n’aime pas trop ça, pour être franc. Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune
+ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller »
+avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires.
+Il hocha la tête. Farl n’osa pas demander « Et si tout ne va pas bien ? ». Après tout,
+était-ce la peine de s’inquiéter ? Il fallait juste espérer que cet homme soit
+à la hauteur de sa réputation et puisse les guider. Et qu’ils trouvent quelque
+chose là-bas...
+ Zach
+ Il y avait comme toujours cinq tables rectangulaires en bois massif,
+entourées de bancs et de quelques tabourets, et la porte qui menait à la
+cuisine avait encore la trace de brûlure qu’il avait toujours connu. La
+lumière –à cette heure, essentiellement fournie par la grande cheminée sur le
+côté et les plusieurs lampes suspendues sur les murs– et les odeurs n’avaient
+pas changé non plus. Comme si rien ne s’était passé, et rien ne se passait
+jamais à l’auberge du renard vif.
+ Depuis qu’il avait laissé partir Sélène, le paladin et les deux elfes, il
+avait erré dans le village sans trop savoir quoi faire. Le contraste entre
+l’extraordinaire qu’il avait vécu dans les derniers jours et la routine paisible
+qui régnait ici était tel qu’il se demandait presque s’il n’avait pas rêvé toute
+cette aventure.
+ Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire.
+Le brave homme le connaissait depuis qu’il était un petit garçon,
+et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n’avait pas
+changé. — Et toi, Zach, qu’est-ce que tu as fait pendant ce temps ? Personne n’insista. Après tout, chacun était libre de raconter ce qu’il
+voulait. Il suivit distraitement la suite de la conversation. Il y avait les
+interrogations sur le fameux tournoi, et qui y viendrait. Il y avait des
+nouvelles de la dernière née de Dacus, qui allait avoir deux ans la semaine
+prochaine. Il y avait l’incendie qui s’était déclaré il y a un mois dans la
+grange d’un des paysans, et que personne n’expliquait. Il y avait
+la cuisine de la taverne, qui était décidément très bonne ce soir,
+ou alors c’était parce que la nouvelle serveuse était jolie. Aidé par
+le bon repas et le vin, il se laissa bercer par ces histoires, comme
+si elles le ramenaient sur terre après une excursion dans une vie
+différente.
+ Puis, la porte sur l’extérieur s’ouvrit, et parmi les deux silhouettes qui
+entrèrent, Zach reconnut immédiatement la première. Samantha
+ Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre.
+Le gérant de la taverne leur avait dit qu’il n’avait plus d’autre chambre de
+libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers
+s’étalaient autour d’eux. Samantha hocha la tête. Uhr reprit. Uhr ne répondit pas. Il se contenta de désigner la pile de feuilles qu’il y
+avait sur les genoux de Sam. Elle soupira et regarda son carnet. Uhr se leva. Uhr
+ Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu’il y avait pas mal
+d’animation dans la petite salle. À une grande table près de la cheminée
+étaient attablés une petite dizaine d’hommes, à la conversation animée et
+joyeuse. Il jeta un œil à Samantha, qui semblait avoir suivi son regard. — Je suis Zach. J’ai cru comprendre que vous me cherchiez ?
+ L’homme était vêtu de façon semblable à ses compagnons. Pantalon de
+toile et bottes de cuir solide, tunique de lin grise, usée et délavée de façon
+non-uniforme, comme s’il portait régulièrement un autre vêtement sur son
+torse. Il remarqua aussi l’usure caractéristique sur le côté gauche de sa
+ceinture, celle que forme, avec le temps, un fourreau d’épée qui y pend
+régulièrement. Pourtant, sa carrure état moins imposante que celle
+Ragan et il paraissait nettement plus jeune. Sa réputation était-elle
+surfaite ?
+ — Effectivement. Asseyez-vous en face. Mon nom est Uhr, voici ma femme
+Samantha. Nous cherchons quelqu’un pour nous emmener dans certaines
+régions peu connues de la forêt de Sossirant. Il semble que vous soyiez le
+seul à pouvoir le faire ? Au fur et à mesure que la conversation s’engageait sur des détails
+pratiques –prix, moyen de transoprt, matériel–, Uhr commençait à
+avoir confiance. Il savait de quoi il parlait. Et après tout, ce ne sont
+ni l’âge ni les gros bras qui font un bon guide. Il sembla un peu
+hésitant quand à la venue potentielle de Samantha, mais un regard
+foudroyant de celle-ci le convaincut rapidement. Lui même avait
+vaguement essayé de la dissuader de venir jusque dans la forêt –elle
+pourrait rester dans la ville et apprendre des choses–, mais vaguement
+seulement. Il savait bien que lorsqu’elle avait décidé de faire quelque
+chose, la déesse elle-même ne l’arrêterait pas. Alors quelqu’un comme
+
+
+Zach...
+ Il craignait un peu qu’il ne leur pose un peu trop de questions sur le but
+de leur voyage –s’il prévoyait de lui en parler une fois la ville quittée, il ne
+voulait pas détailler tout de suite–, mais s’il fronça légèrement les sourcils à
+leur explication vague de recherche de ruines d’anciennes civilisations, il s’en
+contenta.
+ Lorsqu’Uhr pointa, sur la vieille carte du guide, les zones qu’il comptait
+explorer, celui-ci commença par hocher la tête, puis se figea l’espace d’un
+instant. — Hé, Zach, tu ne vas pas nous quitter comme ça quand même ! Samantha
+ Ils restèrent silencieux quelques instants, regardant le jeune homme
+quitter la table. Zach s’était pris au jeu. Il avait récupéré le long couteau et lui aussi le
+faisait tenir en équilibre sur son nez. Il se débrouillait plutôt bien, et à en
+voir la réaction de la petite foule, ce n’était pas la première fois
+qu’il jouait à ce genre de jeu. Et ce soir-là, il avait un concurrent
+sérieux...
+ Farl lui jeta un œil interrogateur. Elle haussa les épaules en faisant
+la moue. Une fraction de seconde plus tard il s’était de nouveau
+tourné vers son nouveau compagnon pour lui proposer un nouveau
+défi.
+ — La zone dans laquelle il refuse d’aller se recoupe en partie avec celle
+qu’on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et
+peut-être que d’ici là... commença Uhr Zach
+ Il secoua la tête tout en foulant l’herbe humide de rosée, comme si cela
+lui permettait de chasser ces pensées qui se bousculaient. Il n’aurait
+peut-être pas dû... Il y avait un certain nombre de choses qu’il n’aurait pas
+dû faire hier soir.
+ Boire, pour commencer. Ou tout du moins pas autant. Mais lorsqu’il y
+pensait, ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, et il
+avait beau tenter de se persuader du contraire, une petite voix lui disait que
+ça ne serait pas la dernière. Au moins cette pensée-là était habituelle, elle
+en était presque rassurante au fond.
+ Il n’aurait pas dû refuser tout net ce que proposait Uhr. Surtout qu’il
+semblait être le genre de gars à être prêt à payer cher sans poser trop de
+questions pour aller là où il voulait. Et après tout, s’il avait refusé, c’était
+justement pour éviter les questions... Elles auraient mené trop loin, si on ne
+le prenait pas pour un fou. Sélène, Irdann, les deux elfes, les araknes, leur
+morsure, Sélène...
+ Pourtant la soirée s’était passé plutôt bien ensuite. Il avait fait
+connaissance avec ce jeune homme, un ménestrel apparemment, qui avait
+voyagé avec Uhr et sa femme. Un jongleur, qui avait épaté la galerie avec
+divers tours d’adresse avec tous les objets qui lui étaient passés sous la
+main. Il s’était joint au public. Il n’aurait pas dû. Il savait bien qu’il aurait
+à un moment donné envie d’essayer, lui-même étant amateur de ce genre de
+jeu. Il n’était d’ailleurs pas mauvais, mais face à un vrai jongleur, il savait
+bien qu’il n’avait aucune chance. Qui avait suggéré l’idée de le défier sur un
+terrain qui était plus le sien ? Était-ce Dacus ? Il n’était plus sûr. Ça
+aurait bien pu être le ménestrel. Ou bien lui-même, pour ce qu’il se
+souvenait de la fin de la soirée. S’il avait été sobre et s’il n’y avait
+pas eu ses compagnons autour de lui, il n’aurait jamais accepté,
+évidemment.
+ Il marchait depuis presque une heure, et au fur et à mesure que l’air frais
+lui éclaircissait l’esprit, il hésitait. Était-ce une bonne idée, d’aller quand
+même à ce rendez-vous ? Après tout, il ne connaissait même pas ce jeune
+
+
+homme. Et puis il avait mieux à faire que d’aller relever des défis
+idiots.
+ Il soupira. En fait il n’avait pas vraiment mieux à faire, puisqu’il avait
+refusé le « boulot » d’Uhr. Et puis, il aimait relever des défis, même idiots.
+Mais quand même...
+ — Héé Zach ! Le lac du Croissant était un endroit magnifique. Il était passé à
+plusieurs reprises à côté de ce point d’eau qui devait son nom à la large
+falaise qui le bordait sur la moitié de sa circonférence. Si on pouvait voir
+quelques grands arbres aux alentours, seuls quelques buissons secs
+poussaient au sommet de la barre rocheuse, la faisant apparaître d’autant
+plus pâle. Bien qu’à une petite heure de marche du prochain village,
+l’endroit était pourtant peu fréquenté. Divers mythes parlaient d’une
+malédiction, mais Zach, pragmatique, croyait plus volontiers que l’endroit
+présentait en réalité peu d’intérêt : le lieu n’était pas vraiment sur des
+routes fréquentées, la terre était pauvre, il y avait peu d’animaux à y
+chasser et les alentours regorgeaient de nombreux autres points d’eau plus
+fournis en poissons. Son seul intérêt était probablement sa beauté, mais
+bien peu de gens pouvaient –ou souhaitaient– prendre le temps de
+l’apprécier.
+
+
+ Farl
+ Lorsqu’il aperçut la silhouette de Zach au loin, il laissa un léger sourire
+se marquer sur ses lèvres. Il était là. Un peu nerveux, visiblement, mais lui-même l’était aussi
+finalement. Il était venu sans son épée –un fourreau vide à sa ceinture
+l’attestait–, mais il lui semblait deviner le manche d’un couteau qui
+dépassait de sa botte droite. En dehors de cela, il était venu les mains vides.
+C’était plutôt bon signe.
+ — Nous y voilà. Alors, qu’est-ce que tu attends de moi ? Zach se tourna vers lui en souriant. Zach
+ Le soleil montait petit à petit à l’horizon, et la pierre était très claire. Il
+aurait vite chaud. Il se défit de sa ceinture et de son armure de cuir, et
+après quelques hésitations, de sa tunique. Après tout, autant être léger, et
+puis ses amis pouvaient garder ses affaires. Puis il rejoignit Farl, qui avait
+posé son petit sac en cuir noir et s’était approché de la paroi. S’il avait
+proposé ce défi, c’est qu’il était plutôt bon grimpeur lui aussi. Mais à quel
+point ?
+ Alors qu’il passait sa main sur la roche, Dacus lui tendit une flasque
+ouverte. Zach sourit et prit finalement une petite gorgée –Dacus n’avait pas la
+même notion de « presque pas d’alcool » que lui. Farl
+ Il se demandait vaguement à quel point ses amis avaient exagéré
+les compétences de Zach, mais il fut vite convaincu. Il n’allait pas
+particulièrement vite, mais il évoluait avec fluidité et assurance. Il était
+aussi plus grand que lui et ses doigts étaient plus fins que les siens, deux
+atouts importants.
+ Farl décida de couper par un chemin un peu plus court mais plus
+technique. Les prises y étaient beaucoup plus petites et rares, et la
+progression était plus complexe. Mais il en fallait plus pour arrêter
+quelqu’un qui avait passé des années à escalader les murs de la capitale.
+Lorsqu’on est habitué à tenir les réglettes fines et humides formées par les
+interstices entre les pierres, les petits gratons de roche qu’il trouvait ici
+étaient presque confortables.
+ Pourtant, il commençait à avoir chaud et regrettait d’avoir gardé sa
+tunique à manches longues. Sauf que s’il avait dû se mettre torse nu comme
+Zach, il aurait dû, d’une façon ou d’une autre, montrer le fourreau
+d’avant-bras qu’il portait dessous. Et on faisait mieux pour inspirer
+confiance qu’une arme d’assassin. Maintenant qu’il y pensait, il aurait dû
+simplement la laisser à l’auberge, ce n’est pas comme si il craignait
+grand-chose...
+ En parlant de confiance, est-ce qu’il devait plutôt le laisser gagner ou
+pas ? Il tourna la tête rapidement pour voir son avancement. Il était
+maintenant juste derrière lui. Leurs regards se croisèrent et ils esquissèrent
+tous deux un sourire au milieu de l’effort. Il s’en sortait très très bien. Hors
+de question de le laisser gagner.
+ Zach
+ L’escalade était plus longue que prévue, et il commençait à sentir la
+fatigue dans ses avant-bras. Mais Farl, qui avait choisi un autre chemin, ne
+semblait pas la sentir. Il ne savait pas précisément ce qu’on apprenait aux
+apprentis ménestrels, mais il doutait que l’escalade en fasse partie...
+
+
+Peut-être venait-il de régions montagneuses où on apprenait à grimper
+avant d’apprendre à marcher ?
+ Il profita d’une bonne prise pour s’essuyer le front et prendre
+une grande inspiration avant l’ascension finale. Il lui restait moins
+d’une dizaine de mètres à grimper, et il pouvait encore rattraper son
+concurrent.
+
+
— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
-nom est [ToDo!], je suis le père de Zach.
L’homme s’avança vers eux, et s’inclina.
— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occuper de votre cheval.
— Noble dame ! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
notre pauvre logis vous conviendra.
La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
+
+
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère
et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce
@@ -5519,8 +6171,6 @@ face des bandits. Votre blessure est-elle grave&
class="newline" />— Vous êtes bien aimable, je vais bien, merci.
[ToDo!] se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de
-l’autre côté. Il considéra un instant son air frêle, puis son regard se
-porta sur Aldariel, en face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une
-remarque, mais son fils lui envoya un coup de coude pour le faire
-taire.
Yzar se pencha pour observer Silwë, assise à côté de Zach, de l’autre côté. Il
+considéra un instant son air frêle, puis son regard se porta sur Aldariel, en
+face d’elle. Il ouvrit la bouche pour faire une remarque, mais son fils lui
+envoya un coup de coude pour le faire taire.
— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.
Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un
+
+
respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel
respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes ! Ici, elle était coincée
avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle
@@ -5589,8 +6242,6 @@ Pris de court, il avait r
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
fou rire.
-
-
Il marqua une pause. Elle
class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
+
+
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
un lit, et qu’on ne voit jamais ? Certes, je rencontre beaucoup de
gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final...
@@ -5662,8 +6315,6 @@ surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
la main, les hommes comme le reste.
Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
-
-
rétorquer que ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la
plaie, quand il sentit, à la façon dont Aldariel lâcha son épaule,
que la remarque ne lui était pas destinée. Mais alors pas du tout.
@@ -5675,6 +6326,8 @@ class="newline" />Il aurait bien aim
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
+
+
pensait.
— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui ? Qu’à
ma place, tu n’aurais pas hésité ?
— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
sais !
— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
+
+
presque une semaine que je fais ça ! Et en plus, toi, tu es blessé.
— Ah mais ça n’a rien à voir !
— Tu veux vraiment savoir ?
— Ça va, je me passerai des détails, merci.
— Je me moque, mais sérieusement, nous aurions dû insister pour qu’ils
-
-
restent avec nous au moins jusqu’à la sortie de la forêt.
— Peut-être... et peut-être pas en fait. En arrivant un peu après, ils ont pu
bénéficier d’un effet de surprise...
—
pour défendre sa peau...
— Je trouve dommage qu’il soit nécessaire d’avoir besoin d’une arme pour
être en paix. Mais puisque cela semble être le cas, autant que tu en sois
-
-
capable comme les autres.
Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.
— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
@@ -5857,6 +6508,8 @@ pr
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
+
+
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
@@ -5882,17 +6535,17 @@ class="newline" />— Je dirais effectivement qu’il est
traverser la forêt à pied, seulement accompagnée d’un guide.
Il était bien placé pour parler de prudence...
— Comme d’aller « secourir » une noble dame inconnue dans une forêt,
-
-
seul et sans escorte ?
— Je t’ai vexé ?
— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablement un peu fous.
Et ça a failli nous coûter cher.
— Nous seront en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
+class="newline" />— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
parents, n’est-ce pas ?
— Bonne nuit.
— Bonne nuit.
+
— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
+donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
+voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
+mieux.
— Les elfes sont craints, par ici ? intervint Aldariel.
Beolie redressa la tête vers la nouvelle arrivante, et secoua la tête, tout en
+lui préparant une assiette.
— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...
Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
+puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.
— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle,
+mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas
+comme ça...
Silwë lui sourit.
— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées
+
+
+non plus. Tenez, voici pour les provisions.
Elle lui tendit une petite pile de pièces.
+
— Bien le bonjour, dame Sélène. Avez-vous bien dormi ?
— Très bien, je vous remercie. Zach n’est pas là ? Il dort encore
+peut-être ?
Elle secoua la tête.
— Il est parti, aux aurores, avec son père et d’autres hommes du village,
+pour... « découvrir » ce qui s’est passé la nuit dernière. Ils ont découvert
+les corps de brigands apparemment...
+
— Quelle est la... version « officielle » de cette histoire ?
— Je ne sais pas encore. Ils ont bien sûr promis de ne pas parler de vous
+deux, dit-elle en désignant les deux elfes. Ile ne devraient plus tarder de
+toutes façons. Vous partez bientôt ?
— Nous allons nous mettre en route dès que possible, n’est-ce pas
+Sélène ?
Apercevant le regard de la jeune dame, Irdann s’empressa de compléter. —
+... Mais il vaudrait mieux attendre le retour de Zach et de Yzar, pour savoir
+à quoi s’en tenir.
Sélène hocha la tête, et Aldariel ne put retenir un léger sourire.
+
— Sélène ?
— Oui ?
— Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...
Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le
+regardait d’un air interrogateur.
— Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais
+que tu ne veuilles pas me répondre, mais...
Elle haussa les épaules et referma la gourde.
— Quelle question ?
Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.
— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à
+personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en
+qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le
+faire.
Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.
— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé,
+dans ta chambre, caché... un livre de magie.
+
— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler
+cela à quiconque.
Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait
+l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha
+doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage
+neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix
+basse :
— Comment as-tu trouvé cet objet ?
Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de
+s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre
+d’ailleurs ? Il avait l’air plutôt gêné...
— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a
+permis de te retrouver.
Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.
— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet
+enchantement.
Il parut choqué.
— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la
+déesse...
Elle secoua la tête.
— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je
+suppose que tu le sais. Alors ?
Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait
+déjà beaucoup trop de toutes façons...
+
— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je
+devais avoir un objet auquel tu tenais...
Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui
+lui avait permis de l’invoquer.
— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait ?
— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par
+exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis
+maintenant que tu sais...
Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une
+des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
+laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée,
+semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de
+
+
+constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien
+de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
+rien.
+
— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi
+en faire.
— Y a-t-il un risque, pour moi ?
— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement ?
+Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre.
+Enfin...
Il prit une inspiration.
— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours
+te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à
+quel moment tu dors...
Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son
+pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et
+effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il
+enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans
+la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.
— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
+en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
+souhaites.
+
Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
+encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
+
+
+soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux ?
— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.
Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
+avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre
+trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses
+parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret.
+
— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait ?
Elle sourit.
— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la
+capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de
+l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais
+jamais assez...
— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la
+capitale, seule ?
— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la
+demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.
— Et quelle magie tu apprends, là-bas ?
— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent
+venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs,
+et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage.
+
— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner ?
— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
+sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai
+appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que
+cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
+combat...
Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.
— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant.
+
— Attends. Montre-moi ton genou.
Il hésita.
— Tu veux... le soigner ? N’est-ce pas risqué ici ?
— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si
+le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi.
+
— Essaie de marcher ?
Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne
+revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la
+tête.
— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà
+bien.
Il lui sourit.
— Merci.
— Où précisément ?
Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone,
+assez éloignée des villes et des chemins tracés.
— Par ici.
Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard
+droit dans le sien.
— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients,
+mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en
+général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle
+part.
Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa
+motivation.
— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas ?
Ragan secoua la tête.
— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens
+à ma peau.
Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement,
+en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua
+légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu.
+
— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme
+qu’il vous faut.
— Voulez-vous un autre verre ?
Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.
— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en
+forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a
+un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y
+conduire, c’est autre chose...
— Savez-vous où je peux le trouver ?
— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand
+il est dans le coin.
+
— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard ?
— Si, justement. Tu l’as vu récemment ?
Elle posa les boissons sur la table.
— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner
+quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque
+part en forêt en ce moment.
— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper ? demanda Uhr.
Le guide sourit.
— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas ?
— Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez
+nous emmener ?
— Cela dépend. Savez-vous vous défendre ?
Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le
+dossier de sa chaise.
— Ça suffira ? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts ?
Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard
+se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la
+tête.
— Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi
+une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre
+femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas peur d’être un
+peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de mauvaises
+rencontres...
Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur
+assiette.
— Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous.
+
Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide,
+qui chevauchait devant.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je vous ai dit qu’on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne
+va pas tarder à atteindre l’orée de la forêt, et je n’ai vu aucune trace de
+lui.
— C’est si inquiétant que cela ?
Il haussa les épaules.
— Soit il a emprunté d’autres chemins que les habituels, ce qu’il fait plutôt
+quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose.
Il marqua un temps d’arrêt, puis continua.
— Il y a plus de brigands qu’avant. Il paraît que les dernières récoles ont
+été mauvaises dans la seigneurie d’Assem. Cela plus cette histoire de
+tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à
+voyager...
— C’est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n’ont pas
+insisté.
Ragan sourit.
— Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n’étaient que trois, en même
+temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée
+presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec
+des couteaux sur le toit de la voiture ? Ils ne doivent pas voir ça tous les
+jours...
Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à
+jouer avec.
— Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler
+avec ?
— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...
+
— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...
Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il
+n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur le sujet.
— Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon ?
— Oh, si tout va bien, il sera probablement en train de prendre un verre à
+la taverne du village. Ou chez ses parents, comme ça lui arrive de loger
+quand il est dans le coin.
— Vous le connaissez bien ?
— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se
+
+
+connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble.
+
— Zach ! Ça fait un moment ! Viens te joindre à nous !
Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l’une des tables.
+Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en
+soldats. Ils lui expliquèrent qu’ils formaient la garde rapprochée d’un riche
+seigneur, et qu’ils avaient engagé un guide pour faire lui faire traverser la
+forêt avec sa suite.
— Encore quelqu’un qui se rend au tournoi du duc De Vane ? demanda
+Zach.
— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il
+vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations,
+expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je
+
+
+pense...
— Bah, c’est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion
+de voir du pays, n’est-ce pas ? répondit son collègue.
— Si tant est qu’on n’y reste pas...
Le soldat montra alors son bras en écharpe.
— Oh. Vous avez été attaqués ?
Le guide et les deux soldats hochèrent la tête. Ils racontèrent alors un
+affrontement particulièrement violent avec des bandits au milieu de la
+forêt.
— J’ai bien cru que j’allais y rester, ajouta le soldat. Je me suis retrouvé à
+un moment donné face à trois de ces hommes, et...
— Laisse tomber, c’est pas crédible, ton histoire, tu nous l’a déjà racontée,
+interrompit son ami.
Le soldat blessé haussa les épaules et reprit tout de même, en abaissant la
+voix légèrement.
— Personne ne me croit, évidemment. Mais j’ai vu certains de mes ennemis
+tomber au sol, morts.
— C’était peut-être juste tes compagnons qui sont venus t’aider, que tu n’as
+pas vus ? suggéra Zach.
— Aucun d’entre nous n’avait d’arc.
Il sortit de sa poche une flèche brisée qu’il posa sur la table.
— Et je suis sûr que notre maître n’a pas des flèches taillées comme
+ça.
Zach fronça les sourcils et observa la pointe. Elle était fine et acérée... il
+n’était pas spécialiste en archerie mais il lui semblait bien que les pointes de
+flèche standard étaient moins travaillées. Du moins les flèches standard
+humaines... Cela pouvait-il être une flèche d’elfe sylvain ? C’était
+possible. Il regretta de ne pas avoir observé de plus près les armes
+d’Aldariel.
+
Il releva la tête brusquement, sortant de sa rêverie. Les soldats avaient
+rangé la mystérieuse flèche et s’était reportés sur leur assiette et leur
+verre.
— Ah, moi ?
Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène...
+
+
+Enfin si, rien de l’en empêchait, mais il y avait toute une partie qu’il ne
+pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même
+on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des
+ennuis aux deux jeunes femmes. Et tout ce qui s’était passé ensuite... Il
+haussa les épaules.
— Une traversée sans histoire.
+
— Ragan, quelle bonne surprise ! s’exclama son voisin de droite.
+
— Qu’as-tu tiré d’intéressant sur les... créatures qu’on cherche ? lui
+demanda-t-elle.
— Au final peu de choses très précises. Les documents qu’on m’a donnés
+sont très vieux, ce sont des récits de voyageurs, ou des traductions
+imparfaites de natifs de la région, et il est difficile de faire la part entre
+ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de
+l’imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son
+contraire ! Heureusement qu’il y a les croquis et notes de Mortag, même si
+
+
+ce n’est pas complet.
— D’où venaient-elles ?
— Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l’abri de
+la lumière vive et de l’humidité. C’est un des points sur lequel les différents
+témoignages semblent se recouper, et qui est bon à savoir. On ne sait pas
+trop quand et comment elles ont disparu. Ici ils parlent d’une aide divine,
+invoquée par des humains locaux, pour s’en débarrasser. Là d’une traque
+intensive et sans fin pour les éliminer toutes. Dans celui-ci, les elfes noirs les
+auraient domestiqués pour chasser les humains de la région, alors que dans
+celui-là, ils les combattaient. Je ne suis pas sûr qu’on puisse se fier à
+grand-chose... — Je ne savais pas que les elfes noirs vivaient ici aussi à
+l’époque.
— Moi non plus. À vrai dire, il faut reconnaître que nous ne savons pas
+grand chose d’eux. Cela ne fait qu’à peine un siècle qu’elfes et humains se
+parlent, et encore. D’accord, nous avons croisé un ou deux elfes noirs à la
+capitale, mais ce n’était peut-être pas bienvenu de l’aborder et lui
+demander les archives détaillées de sa nation... Même Silwë, rappelle-toi.
+Elle nous parlait de temps en temps de petits détails personnels de
+la vie des elfes, mais n’a jamais dit grand chose de l’histoire des
+sylvains.
+
— Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu’elles ont une
+morsure extrêmement venimeuse. Le venin tue lentement –du moins dans le
+cas d’un gros animal ou d’un humain–, aussi il semble qu’elles ne
+s’acharnent pas sur une proie après l’avoir mordue, mais attendent
+patiemment pour la ramener dans leur « antre ».
— Charmant programme.
— D’un point de vue très pragmatique, cela veut dire qu’il suffit d’avoir le
+bon antidote. Farl a sélectionné plusieurs antipoisons quasi universels, et si
+j’en crois certains de ces textes, ils devraient fonctionner.
— Si tout va bien.
+
— Et toi, qu’as-tu trouvé d’intéressant dans ces dossiers ?
Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle
+
+
+avait résumé ses notes.
— Comme tu le sais, c’est un dossier avec des informations sur tout un
+nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag
+ou Septim. Et ça en fait des noms...
— C’est le capitaine Mazrok qui t’a donné ça ? Il a obtenu ça d’après ses
+dossiers de la garde ?
— J’ai des doutes. Je pense qu’il est allé demandé au recteur de l’université
+de magie. Il s’agit essentiellement de données administratives : nom,
+adresse, origine, domaine de compétence, ... Mais il y a sur certaines fiches
+quelques informations rajoutées à la hâte, d’une autre écriture : il a
+peut-être cru bon de rajouter certains points intéressants. Pour nous aider,
+peut-être ?
— Pourquoi cet excès de zèle ?
— Peut-être qu’il se méfie de certains mages. Peut-être qu’il veut se faire
+bien voir du capitaine Mazrok. Peut-être qu’il a une autre raison, je n’en
+sais rien. On ne va pas se plaindre.
— Et qu’as-tu tiré de tout cela ?
+
— Septim est originaire de la région. Du comté de ToDo, qui n’est pas
+très loin d’ailleurs. Fils de tailleur, il est parti à l’adolescence à la
+capitale pour finir son apprentissage... Et a découvert une autre
+voie.
— Original, un mage puissant venu d’un pays où on craint la magie...
— Il n’est pas le seul. J’en ai noté quatre autres comme ça. Il y a
+la fameuse Zanakielle, notamment. Ainsi que trois autres mages :
+Plimel, Tenedrinn et Sélène. La dernière de la liste est intéressante
+aussi.
— Qu’est-ce qu’elle a de particulier ?
— Déjà, son domaine de magie –le soin– est proche de celui de Septim.
+D’après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et
+il y a un détail cocasse, que j’ai noté au cas où : Sélène est la fille aînée du
+seigneur Assem.
Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.
— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve ?
— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est
+
+
+qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant
+l’« incident ».
— Pour où ?
— On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je
+n’avais pas eu l’idée de bavarder avec la femme du propriétaire de
+l’auberge.
— Comment pourrait-elle savoir ? demada Uhr, de plus en plus
+incrédule.
Samantha sourit.
— Parce qu’on l’a vue, pas plus tard que ce matin. Accompagnée d’un jeune
+et mystérieux chevalier qui serait aller la secourir alors qu’elle était
+prisonnière de brigands dans la forêt.
Il haussa les sourcils.
— Sérieusement ?
— Tu n’as qu’à poser la question, tout le village en parle visiblement. Je
+pense qu’on peut être sûr que cette jeune magicienne est dans le
+coin.
+
— Intéressant. Je ne sais pas si cela peut avoir un rapport avec notre
+histoire, mais... J’entends du bruit en bas, la salle à manger doit être
+pleine. D’après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le
+fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j’ai
+faim.
+
— Allez, Farl, montre-nous.
C’était la voix de Ragan, au milieu des rires. Le jeune homme se leva de sa
+chaise, en souriant, prit trois couverts en bois et se mit à jongler avec, sous
+les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas
+une occasion de se donner en spectacle, même –et surtout– improvisé. Ce
+soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui
+
+
+venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand
+sourire.
+
— Bah, laissons-le s’amuser. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver de grave
+après tout ?
Ils s’assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors
+qu’ils se demandaient comment ils allaient bien aborder le fameux guide, un
+homme s’approcha de la table.
+
Zach s’assit en souriant.
— Sans vouloir me vanter, il me semble que si je ne peux pas vous y
+conduire, alors aucun humain ne le peut. Par quel moyen ? À pied ?
+
— Par contre, je n’emmène personne ici.
Uhr et Samantha le regardèrent, surpris, puis leur regard se porta à
+nouveau sur la carte, sur la zone qu’Uhr pointait. Elle n’était pourtant pas
+si éloignée que cela de la ville, même si elle semblait très peu fréquentée au
+vu de l’absence de chemin qui la parcourait.
— Ailleurs si vous voulez, même là, ajouta-t-il en pointant une zone bien
+plus éloignée.
Le visage de Zach s’était fermé, et était devenu indéchiffrable. Il
+reprit, alors que Samantha ouvrait la bouche pour lui demander
+pourquoi.
— Les autres guides ne vous emmèneraient pas parce qu’ils ne connaissent
+pas cette région. Je ne vous y emmène pas parce justement je la connais. Et
+je tiens à ma peau et je suppose que vous aussi.
Il se leva brusquement.
— Attendez. Et si nous y allions avec une meilleur escorte, peut-être
+que...
— Si vous me trouvez une armée, peut-être, coupa-t-il.
Il se dirigea vers le comptoir et fit un geste au tenancier, sans dire un mot.
+Uhr et Samantha se regardèrent, surpris.
+
C’était la voix d’un de ses compagnons de table, qui l’appelait d’un
+air enjoué. Le jeune homme sembla hésiter, puis se retourna vers
+lui.
— Le p’tit gars a encore des trucs à nous montrer, je suis sûr que ça va te
+plaire !
Il pointa du doigt l’autre côté de la table, où Farl faisait tenir un large
+couteau en équilibre sur son nez, sous le regard amusé des autres convives.
+Zach sembla hésiter, regarda le jeune ménestrel quelques instants, puis
+sourit en s’approchant de la table.
— Je peux essayer ?
+
— Qu’est-ce qui lui a pris ? murmura Uhr.
— Je ne sais pas. Il s’est vraiment braqué d’un coup... Tu crois qu’il
+faudrait le rappeler, essayer de lui parler ?
— On peut. Mais j’ai l’impression qu’on a peu de chances. Et sans lui,
+impossible de mener à bien notre mission. Mmmh...
Il s’interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, Samantha tourna son
+regard vers l’autre table. Le jeune guide avait rejoint ses compagnons, parmi
+lesquels se trouvait Farl...
+
Samantha l’interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. —
+Pour le moment, je serais d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti
+que nous pour lui parler...
Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les
+rires allaient bon train. Il sourit à son tour.
— Tu as peut-être raison. Attendons demain.
+
Il tourna la tête. C’était Ragan qui le rattrapait au pas de course. Un grand
+sourire barrait son visage.
— Ha, je savais bien que tu n’allais pas te débiner au dernier moment.
L’enthousiasme de son compagnon chassa vite ses interrogations, et il lui
+sourit en retour.
— Et l’autre, tu crois qu’il va se dégonfler ?
— Farl ? Ça m’étonnerait.
— Ah, c’est vrai que tu as fait le trajet avec lui, j’avais oublié. Tu le connais
+plutôt bien alors...
— Oui. C’est un p’tit gars un peu étrange parfois, mais au fond, il n’est pas
+bien méchant.
Il hocha la tête et reporta son regard au loin. Ils étaient tout proches de
+leur destination.
+
— Tu pensais qu’il ne viendrait pas ?
Il tourna la tête vers Dacus, un autre ami de Zach, qui était arrivé en
+même temps que lui. Il haussa les épaules.
— Je dois t’avouer que j’ai eu quelques doutes...
— Bah, Zach rate rarement un défi. Quoique, quand il pense vraiment qu’il
+va rater... Mais il est là en tous cas.
+
— Qu’est-ce que tu veux, j’ai beaucoup entendu parler de toi. Oh je ne
+comptais pas te défier sur tes compétences de guide ou de pisteur, elles
+sont suffisamment reconnues et ce n’est de toutes façons pas mon
+domaine. J’ai déjà eu l’occasion de jouer à des jeux d’adresse avec toi
+hier.
Le jeune guide haussa les épaules. Maintenant que Farl y prêtait attention,
+Zach semblait nettement plus jeune que ses amis. Il devait avoir son âge, ou
+peut-être moins, difficile à dire.
— Évidemment, je ne comptais pas te défier sur la jonglerie.
Son interlocuteur laissa échapper un sourire mais ne répondit pas.
— En fait, tes collègues m’ont dit que tu étais un excellent grimpeur. Et
+puis j’ai vu cet endroit...
Il se tourna et désigna la barre rocheuse derrière lui. Zach suivit son geste,
+et ses yeux se mirent à briller alors que son sourire s’agrandissait.
+
— Je dois reconnaître que cette falaise m’a déjà tenté. Mais je n’ai jamais
+vraiment pris le temps...
Farl sourit à son tour et s’approcha de la roche.
— On part en traversée, au ras de l’eau. L’idée est de finir là haut, de
+
+
+l’autre côté, au niveau de ce petit arbre.
Zach ne répondit pas, et continuait à fixer la falaise, observant et
+étudiant le trajet à effectuer. Ragan lui donna une tape sur l’épaule en
+souriant.
— Ha, je savais que ça te plairait. J’aurais bien tenté, mais je n’ai pas ton
+agilité !
+
— Le dernier arrivé paye un pot ce soir ?
— Le dernier arrivé ou le premier à l’eau.
Les deux autres guides approuvèrent en riant.
+
— Tu veux un coup avant d’y aller ?
— Euh, merci mais je crois que j’ai un peu trop bu hier...
Il sourit.
— Oh, il n’y a presque pas d’alcool. Et puis,
Il se rapprocha alors qu’il lui mettait la flasque dans les doigts, et lui fit un
+clin d’œil.
— J’ai parié un pichet de vin avec Ragan sur toi, me déçois pas,
+hein !
+
— Je vais faire de mon mieux.
Il tendit ensuite la flasque au jeune ménestrel, qui prit une gorgée à son
+tour.
— Bonne chance, Zach.
— Bonne chance à toi aussi.
+