X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=33484b286323b6e488240c583b74fc1e782d1e09;hb=c4a7ad7d08dd52abe33797cb69926d851e76b1d5;hp=347409a497d99489daee146e6ebaccd355622287;hpb=636dabebdd55fad17c2af7ce5a433a03856d5a1b;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index 347409a..33484b2 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - +
@@ -37,14 +37,14 @@ manches et lac longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de rubans.Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les -araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie -de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient -pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, +araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois ; et Sélène était ravie de s’en +débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été +rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles -vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été -considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la -salle du trésor. +armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré +comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du +trésor.
Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
@@ -502,21 +502,19 @@ chemin, l’un des soldats l’interrogea&nbs
class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ?
Il réfléchit quelques instants. Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
+Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
+était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
-possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
-mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
-libre. Aldariel
@@ -549,10 +547,10 @@ alors que risquait-il ? Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
@@ -621,9 +619,9 @@ son c
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
+richement orné.
-richement orné.
— Hé, gamin ! Uhr
+ Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
- Prisonnier ! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
@@ -683,19 +681,19 @@ permettait d’
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
- Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus
+ Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le
chef de ce grand clan barbare.
Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent ? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
+retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
-retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
@@ -716,10 +714,10 @@ ainsi qu’un assortiment de poisons et antidotes. Il v
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
- Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils ?
-Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son
-maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le
-problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+ Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien
+étaient-ils ? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
+expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
+le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
@@ -729,9 +727,9 @@ besoin.
Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
+faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
-faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer
@@ -750,7 +748,7 @@ sa libert
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
limités.
- Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
+ Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le
calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
@@ -765,9 +763,9 @@ sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’emp
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
+ennemi ?
-ennemi ?
La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
@@ -777,7 +775,7 @@ class="newline" />— Qui es-tu
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu ? Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
+était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
-était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
@@ -907,9 +903,9 @@ soulagement.
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
+par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
-par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même
@@ -943,9 +939,9 @@ de l’enclos et l’aper
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
+engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
@@ -1013,9 +1009,9 @@ avait trouv
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
+compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
-compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de
@@ -1049,8 +1045,6 @@ class="newline" />— Vraiment ?
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
@@ -1121,8 +1115,6 @@ modalit
class="newline" />Irdann secoua la tête. Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
+
+
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien. Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
+
+
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
l’entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en
@@ -1376,6 +1368,8 @@ ce soir, et leur demander si la d
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non ? Silwë
@@ -1411,10 +1405,10 @@ class="newline" />Il prit une grande inspiration et se pencha vers l’avant
la voix. Farl
@@ -1556,10 +1548,10 @@ qui lui donnait cet effet-l
en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
-
-
faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
détailla leur plan.
+
+
Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle. Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils ? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
@@ -1629,10 +1621,10 @@ Oh, il n’
bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
-
-
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connu avant, chez les elfes sylvains ?
+
+
— Irdann ? On arrive au temple ! Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+
+
l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
elle s’était assise, le regard dans le vide. À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
-
-
mine de s’évanouir dans ses bras.
Uhr
+
+
Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
@@ -1807,11 +1801,11 @@ class="newline" />Il sursauta presque. La jeune pr
souriant.
Farl
-
-
Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+
+
efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
ces opérations.
Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
@@ -1820,39 +1814,445 @@ avait enfil
prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à
enfourcher leur monture.
- L’attente était pesante. La nuit était déjà en train de tomber... Soudain,
-un grand cri de rage couvrant un bruit de galop parvint à leurs oreilles. Le
-signal attendu ! Alors que ses deux compagnons se mettaient en route, il
-ajusta le foulard qui couvrait son nez et sa bouche, et à l’instant où le
-cheval épuisé d’Uhr passa devant lui, il alluma un tas d’herbes exotiques
-qu’il avait soigneusement préparé, et agitant un tissu, dirigea la fumée vers
-le bruit flou des poursuivants. Cette fumée, inodore, brouillait les sens des
-animaux et humains...
- Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
+ Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il
+ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas
+d’herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les
+sens...
+ Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin
+le grand cri de rage d’Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal !
+Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l’instant où la monture épuisée
+passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l’entrée du
+chemin.
+ Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
-invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils
-entendirent passer des chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous
-les trois un léger soupir de soulagement. Irdann
-
-
- — Tu arrives à voir quelque chose ? demanda-t-il à Silwë. La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
+compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
+les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+
+
+tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
+présentes. Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il
+avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n’était pas très confortable
+d’être à deux sur le dos nu d’un cheval. Petit à petit, le brouillard avait
+diminué, peut-être que les prêtres l’avaient fait se dissiper en partie ? Ou
+bien l’enchantement de la prêtresse était-il limité dans l’espace ou
+le temps... Un doute lui parvint, qu’il finit par émettre à hautre
+voix. La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson.
+ Silwë
+ Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d’un
+cheval au galop –même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus
+très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
+couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
+heureusement.
+ Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
+le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
+son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+
+
+de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
+meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
+la mousse et du lierre.
+ Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n’avait pas tout à
+fait terminé... Elle prit une grande inspiration et plongea dans l’eau.
+ Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à
+l’abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le
+pont quand les cordes usées par les coups d’épées finirent par céder. Dans
+un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont
+s’effondra.
+ Un silence suivit, dans lequel elle commença à s’éloigner doucement et
+silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses
+vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les
+prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L’un des cavaliers avait
+réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son
+cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne
+faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun
+des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
+prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec
+plus ou moins de succès. Irdann
+ Silwë avait réussi... Il n’avait pas vraiment vu ce qui s’était passé, mais
+il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
+de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
+suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
+l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon ? Il valait
+mieux continuer à s’éloigner.
+
+
+ Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
+Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
+maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
+À sa droite, s’élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais
+un vieux sentier la longeait. S’il s’éloignait encore un peu de la rivière, il
+serait enfin invisible, à l’abri...
+ Alors qu’il commençait un peu à se rassurer, le bruit d’un galop tant
+redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais
+tomber ? Il soupira, se remit en selle –ou plutôt à cru– et repartit, malgré
+les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son
+poursuivant était seul. Pourquoi ? Il n’eut pas le temps de réfléchir à cette
+question qu’il déboucha brusquement dans une clairière à l’extrémité
+de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher
+un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore
+sur un cul-de-sac ? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait
+falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être ? Ou bien
+escalader la falaise ? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit
+mied à terre, et, plus par habitude qu’autre chose, dégaina son épée.
+Combattre le prêtre ? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le
+choix ? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la
+prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
+figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
+tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué
+lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
+visage.
+ Silwë
+ Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes
+sylvains ? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de
+faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
+même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
+Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
+ça...
+ — Dépêchez vous, il faut aller aider Odal ! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+
+
+visiblement en charge. Se cacher était d’autant plus efficace qu’ils ne cherchaient personne en
+particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l’heure
+qu’ils n’auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour
+imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses
+bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit,
+avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé
+pour s’éloigner d’eux, mais ce n’était pas suffisant pour lui tenir
+chaud...
+ — Là bas, on dirait qu’il est de retour ! Un éclair bleu d’une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se
+dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour
+ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus
+de l’homme, l’éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de
+suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
+comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
+les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
+suivirent.
+ — Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer ? questionna un
+
+
+des prêtres à côté de Feyne. Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux
+et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les
+regarda s’éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au
+point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les
+deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une
+branche voisine. Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
+pont. L’homme s’approcha de l’arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le
+moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle
+laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers
+son compagnon. Celui-ci s’était assis et observait les environs, peu
+rassuré. Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements
+marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre ? Détectaient-ils les
+elfes ? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser
+précisément ? Quelle serait leur réaction s’ils tombaient sur une elfe
+trempée et peu vêtue ?
+ Farl
+ Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même
+s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
+était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
+marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les
+prêtres n’avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper
+encore. Ivres, certes, mais c’est peut-être justement ça qui les avait fait
+se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les
+rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les
+broussailles...
+ Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il ? Il ne
+pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
+et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
+Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
+elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+
+
+que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe ? Il n’était
+plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
+bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
+courir.
+ Une lueur était apparue, au loin. Il s’approcha avec précautions. C’était
+un feu, et deux prêtres s’y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un
+peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce
+qu’il en restait. Que s’était-il passé ? Et où étaient les autres prêtres, et ses
+compagnons ? Il s’approcha encore, en essayant de ne pas faire de
+bruit.
+ Les prêtres n’avaient pas l’air particulièrement rassurés. L’un d’eux
+s’était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec
+précautions. En ville, c’était différent. Il n’y avait pas des branches et
+feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l’invisibilité dans une cité
+consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que
+personne n’ait envie de faire attention à lui.
+ Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son
+épée de sa ceinture, paniqué. Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
+« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où ? Et qui ? En
+tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
+savoir si c’était un des siens.
+ Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+
+
+tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
+lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
+cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
+de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles
+aussi vite et précisément que possible.
+ En l’espace de quelques secondes, les deux hommes s’étaient effondrés. Il
+poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
+récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
+bruit dans son dos.
+ C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
+courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
+couvraient son épaule et son bras droit.
+ Silwë
+ Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter
+avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
+noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé
+quelques instants, immobile, à la fixer. Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
+s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
+mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce ? Elle se redressa
+
+
+doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
+ C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
+alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
+immédiatement.
+ Irdann
+ — Irdann ! Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
+Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
+soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
+une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
+mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+questions.
+ Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
+robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
+avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa
+tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait
+attention... Samantha
+ Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce
+soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
+quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
+maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
+l’aller.
+ Quels étaient leurs noms, déjà ? Il y avait Uhr, le « barbare ». Un
+soldat de la garde de la capitale, lui aussi, ami d’Irdann. Il s’était changé, et
+s’il était toujours impressionnant, il avait l’air très différent. Il lui avait
+expliqué qu’il avait effectivement des origines barbares, sans préciser plus.
+Peut-être était-ce pour cela que son personnage était si réaliste ? Il y avait
+bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait lui aussi revêtu des vêtements
+plus discrets que ceux du prêtre, qui s’occupait pour le moment des chevaux
+épuisés. Il y avait la jeune elfe, Silwë, elle aussi soldate, apparemment. Pour
+le moment, elle se réchauffait de son bain forcé, enveloppée dans une
+couverture. Et le dernier de ces quatre compagnons insolites, Farl.
+Celui qui semblait être une sorte de voleur ou d’assassin secret. Ah
+oui, il avait dit être ménestrel. Elle avait du mal à l’imaginer un
+instrument autre que tranchant à la main. Pourtant, il était en train
+de nettoyer certaines des plaies de la jeune elfe avec une certaine
+délicatesse. Il n’avait pas mis la même attention pour celles d’Uhr,
+d’ailleurs.
+ — Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
+assez loin de Touryre, non ? Aller ou ne pas aller voir ce fameux guide ? Elle hésitait. Attendre
quelques jours n’était pas mortel. Elle pouvait peut-être même faire
parvenir une missive à ses parents pour les prévenir de son retard. D’un
+
+
autre côté, le « jeune fille de votre rang » lui restait un peu en travers de la
gorge. Elle avait l’habitude, à l’université de magie, d’être traitée comme les
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
femme posée et douce, à l’attitude noble qui sied à son rang. Rien que pour
cela, l’idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
-
-
Qu’avait-elle à perdre à aller voir ? Il n’était peut-être pas rentré de toutes
façons.
Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
@@ -1985,12 +2385,12 @@ voyageuse. L’air de d
plus répandu chez les seigneurs que chez les dames, à qui on enseignait
douceur et obéissance. Alors que sur son geste –certes à la fois ambigü et
peu délicat de sa part– pour vérifier ses chaussures, la plupart des femmes
+
+
qu’il avait croisé auraient – selon la situation – hurlé de peur, manqué de
s’évanouir, ou gloussé ; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
là, en fait...
-
-
Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien ? D’habitude,
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
@@ -2022,13 +2422,13 @@ regard.
sérieusement souffrir, et que son souffle se faisait de plus en plus court, il
décréta une pause. Elle se sentit à la fois soulagée et gênée. Faisait-il la
pause exprès pour elle ? Certes, il était midi, mais peut-être qu’il ne
+
+
s’arrêtait pas toujours, et mangeait en chemin. Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
-
-
trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie ? Elle avait
@@ -2097,14 +2497,14 @@ m
Elle regarda son guide, qui venait de réussir à allumer un feu. Il ne
semblait pas se douter de ce qui s’était passé. Ouf, elle n’était passée pas
loin de la catastrophe. La chaleur et la lumière lui rendirent un peu de
+
+
forces, et plus encore le repas qu’il lui tendit, composé essentiellement de
pain, de fromage et de lard. Le lendemain, il se réveilla de très bonne humeur. Habitué à dormir à
même le sol, il avait passé une très bonne nuit. À la grimace que fit Sélène
+
+
en se levant, il se rappela que ce n’était pas le cas de tout le monde. Si on y
ajoutait les courbatures dues à l’effort qu’elle avait fourni la veille,
le réveil était probablement beaucoup moins agréable pour elle.
Pourtant, elle suivit sans broncher le même rythme, et semblait un
peu plus détendue. Il se permit même quelques remarques amusées,
qu’elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l’après-midi, elle lui
-
-
posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu’ils
croisèrent.
Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
@@ -2171,14 +2571,14 @@ ma
Elle était si concentrée qu’elle ne fit même pas attention à ce
qu’ils lui dirent. L’un d’eux, celui à l’épée, s’avança. Elle pivota
et plaça son arme si dérisoire dans sa direction. Ne pas le laisser
+
+
s’approcher, coûte que coûte. Qu’avait-elle à perdre ? Ces deux brigands
n’allaient pas se contentent du peu d’or qu’elle possédait de toutes
façons...
À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
monter, elle dirigea d’un mouvement brusque la branche vers le visage de
-
-
l’autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
@@ -2207,14 +2607,14 @@ class="newline" />— Je connais un endroit o
y sommes presque. L’ascension fut difficile, et tenait presque plus de l’escalade que de la
marche. Elle devait se tenir sans cesse à la paroi qu’elle voyait de plus
en plus mal. Sans compter qu’elle ne pouvait plus tenir sa robe,
et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
-
-
effort ?
Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
@@ -2243,14 +2643,14 @@ class="newline" />— Dans une petite grotte cach
peu bas de plafond. Il n’y a que moi qui connaisse cet endroit. Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
@@ -2279,6 +2679,8 @@ machinalement la main sur son cou, un peu soulag
marque de blessure.
Elle se rappela alors que si elle ne voyait rien, lui la distinguait
parfaitement, du moins semblait-il. Avait-il suivi sa pensée sur son visage ?
+
+
Voulait-il éloigner le sujet des « yeux de chat » ? Toujours est-il qu’il
reprit la parole. Il revint vers le fond de la grotte, et ne put s’empêcher de remarquer que
Sélène tremblait. — Sélène ? Ça va ? Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
@@ -2422,6 +2828,8 @@ class="newline" />— Comment tu ferais, toi, pour savoir— En fait, il y a plusieurs façons de voir dans le noir. Peux-tu me décrire
exactement comment tu fais ? Elle réalisa soudainement que ce n’était peut-être pas très convenable
de l’observer ainsi, d’autant plus qu’il ignorait probablement qu’elle était
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
-
-
d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes.
Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
@@ -2640,13 +3046,13 @@ professeur particulier de tir
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
était-il en réalité ? Que serait le trajet avec elle ? Allait-elle devoir jouer
les serviteurs en même temps que de garde du corps ? Elle n’était
+
+
certainement pas très douée pour la première des tâches, en tous cas. Et
savait-elle se défendre un minimum, ou allait-elle devoir la protéger à
chaque pas ? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer ? Elle-même l’avait été
aussi...
-
-
C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
@@ -2677,13 +3083,13 @@ pourrons-nous y passer au retour ?— Comment dort-on chez les humains ? La forêt, enfin ! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de
nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle
+
+
avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce
matin. Mais ne plus sentir tous ces regards curieux, plus ou moins
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
une amie et non une princesse.
-
-
C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
@@ -2855,13 +3267,13 @@ retrouvant subitement face
qui ne dura que le temps nécessaire pour recevoir une épée dans la
poitrine. Elle enjamba son corps, et avança jusqu’à être au bord
du sentier. Le brigand restant, le plus fort des trois, avait acculé le
+
+
garde jusque contre la porte du carosse, et lui avait porté un coup
violent au bras droit, lui faisant lâcher son épée. Parant les coups
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son
adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la
-
-
carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut à
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
@@ -2891,13 +3303,13 @@ Elles avaient failli
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention ? Et qui étaient ces
gens dans les carosses ? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
+
+
Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher.
D’abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent
-
-
rapidement vers elles. Elle reconnut l’un des brigands qui avait attaqué les
voyageurs... Le premier souriait. Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
d’une cotte de mailles sur d’une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
-
-
complétait sa tenue. Elle lui sourit. Uhr
-
-
Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
@@ -3070,13 +3480,13 @@ sans bruit au sol et se dirigea vers le centre-ville. Aller chercher un objet
personnel de ces deux mages... et les remettre en place après. Quelle drôle
d’idée ! Mais Samantha semblait savoir ce qu’elle faisait. Et puis, personne
ne le saurait...
+
+
Il leva les yeux. Le bâtiment devant lui portait les traces fraîches du
terrible incendie. Cet immeuble de trois étages, abritant plusieurs locataires,
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
-
-
expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
l’intérieur.
@@ -3146,8 +3556,6 @@ ensuite.
Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
Farl
-
-
De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
@@ -3176,14 +3584,14 @@ l’appartement, elle allait finir par le voir. Deux solutions— Puis-je savoir ce que vous cherchez ici ? Il s’agenouilla devant la serrure, et sortit de sa tunique ses outils. Il avait
déjà pratiqué ce genre de jeu, il y a longtemps, mais les réflexes revinrent
rapidement. La serrure était complexe à crocheter, mais il y parvint au bout
+
+
d’une minute. Au fond de ce qui ressemblait à un coffre d’acier, il y avait
des rouleaux de papier et un large rubis monté sur un collier d’or. Elle eut
un sourire en les saisissant. À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
coups nets sur la porte d’entrée. La silhouette sombre et familière
de Farl se profila. Il sursauta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas
@@ -3317,6 +3729,8 @@ conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant
cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
ces objets. Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
+
+
les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
-
-
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
théorie.
@@ -3392,8 +3806,6 @@ d
class="newline" />La magicienne proposa alors : Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
posta face à lui. Il lui sourit alors qu’elle passait à côté de lui. Il sentait encore le coup
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres ? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
-
-
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
@@ -3534,6 +3944,8 @@ class="ecti-1095">Zach Sélène
— Assieds-toi. Une sorcière ! Il ne savait pas s’il devait hurler, ou s’enfuir en
+
+
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
-
-
Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
@@ -3647,8 +4059,6 @@ sursaut
class="newline" />— Il y a des gens ! Je suis perdue ! Aldariel
@@ -3681,6 +4091,8 @@ class="newline" />— Un antipoison. Il met un peu de temps
suite. Elle chercha à se dégager de sa prise sur son poignet blessé, mais il
garda les doigts serrés. Il esquiva un nouveau coup de dague en se
rapprochant d’elle. Il était de toutes façons un peu trop près pour utiliser
+
+
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
-
-
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
@@ -3752,11 +4164,11 @@ lui.
Silwë
+
+
Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
-
-
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant ? Ce n’était guère
mieux... Zach
Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-
-
non pas sur la jeune femme, mais derrière... — D’autres araknes !
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
-jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
-forêt.
— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
+dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.
— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça ?
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ?
— D’accord.
— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer ?
Il soupira.
— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
-
-
J’allais même disputer des tournois chez les humains.
Chez les humains... On disait tant de choses des humains ! Elle ne savait
+
+
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l’arc
plutôt que sur les humains, c’était nettement moins dangereux. — Soit. Je
@@ -585,10 +583,10 @@ concurrentes.
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-
-
–peut-être un peu trop ?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
+
+
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
grand sourire.
— Nous allons parfois livrer du bois par l
que ce chemin est inondé...
Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.
— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot ?
— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
-peu trop âgé pour ça.
— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
+fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.
Il lui fit un clin d’œil.
— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
à mon avis.
Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.
— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
suppose que tu aimerais te venger, non ? Peut-être pouvons-nous nous
entraider ?
Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
@@ -836,8 +834,6 @@ poing, mais pour tuer rapidement,
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait ?
— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
-
-
Les gardes changent de temps en temps.
Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
@@ -872,9 +868,9 @@ doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
— Le fait de tuer te gène ?
— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
-
-
payée.
Son ami réfléchit un moment avant de répondre.
— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
@@ -1085,9 +1079,9 @@ crainte et respect de la d
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
+d’enfant.
-d’enfant.
— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-
-
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient ?
Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
@@ -1157,10 +1149,10 @@ les diff
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
vie...
-
-
— Celui-ci est libre ?
Il hocha la t
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné !
— Et si différent ! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
-
-
rues...
— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde ?
— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! D’accord, c’était idiot,
-
-
elle s’attendait à en voir ; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
+
+
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
@@ -1270,6 +1260,8 @@ b
class="newline" />— Comment les raisonner ?
— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu’il me
+
+
faut, c’est une légende. Et un héros pour m’enlever.
— Un héros ?
— Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur
@@ -1302,10 +1294,10 @@ vain.
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
-
-
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées ? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
+
+
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
temple, pour l’enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour
impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
@@ -1338,10 +1330,10 @@ r
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
-
-
— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir !
+
+
— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
-
-
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
+
+
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
façon à ce qu’elle ait l’air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des
détails à régler...
— En supposant je puisse me faire passer pour toi, effec
règlerait le souci de l’immunité.
— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
-
-
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé !
— Comment peut-on se faire passer pour vous deux ? Je ne te ressemble
@@ -1485,9 +1477,7 @@ class="newline" />Irdann, qui semblait un peu g
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...
— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
-
-
-s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.
— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non ?
— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
@@ -1524,6 +1514,8 @@ poisons.
— Un assassin ?
— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.
Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
+
+
haussant les sourcils.
— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.
Ils hochèrent la tête.
Ils opin
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire ? Ils n’y gagneraient
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
-
-
pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+
+
pourrait-il se faire aider ?
Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
@@ -1667,6 +1659,8 @@ ne se pr
— Vous avez... préparé quelque chose ?
— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
+
+
présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
quand peut-il vous trouver seule ?
Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
@@ -1698,11 +1692,11 @@ class="newline" />— Personne ne vous a vu&
class="newline" />— Non, rassurez-vous.
Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.
— Alors, qui êtes vous ? Et qui vous accompagne ? Que prévoyez-vous de
-
-
+class="newline" />— Alors, qui êtes-vous ? Et qui vous accompagne ? Que prévoyez-vous de
faire ?
— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
@@ -1736,10 +1730,10 @@ class="newline" />— M
puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense...
Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
-
-
moyenne, visiblement lourd.
— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+
+
sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.
Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.
— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt ?
— Ils sont six à nos trousses, à cheval, haleta Uhr.
-
— Vous allez bien ? Vous êtes blessés ? murmura Farl.
— Quelques entailles, rien de critique.
— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. On devrait peut-être
-aller les aider...
— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. Même un peu ivres, ils
+sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...
C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.
— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
-
La jeune elfe, assise devant lui sur le cheval, hocha la tête.
— À peu près. La nuit ne me pose pas de problèmes, même si le brouillard
-un peu plus...
— Nous avons une bonne avance, non ?
Elle haussa les épaules.
— J’espère que ça suffira. Il faudrait qu’on les sème avant de sortir de la
-forêt, sinon ça va être compliqué...
+
— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
+changement apparemment. Tout va bien pour le moment.
Irdann savait qu’il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.
— C’est étrange qu’ils n’aient pas encore essayé de nous foudroyer ?
+demanda-t-elle.
— Je suppose qu’ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut
+pas dire qu’ils n’essaieront pas plus tard...
+
— Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent ?
Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu’il pouvait lire de son
+visage dans l’obscurité n’était pas particulièrement rassurant.
— J’ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les
+semer, notre monture va fatiguer rapidement.
Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l’esprit.
— Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m’avais montré
+une rivière et un pont un peu vieux...
— Exact. Précise ton idée ?
— Tu penses qu’avec quelques bons coups d’épée dans les cordes et les
+vieux morceaux de bois, il s’effondrerait ?
Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien
+dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si
+bien qu’il dut presque s’accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le
+pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les
+broussailles.
— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
+vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
+sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+
+
+trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
+soucis.
— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
+la nuit !
Elle secoua la tête.
— Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper
+dans la nuit, et s’il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux
+que toi. Ils te trouveraient trop facilement s’ils se mettaient à te
+chercher...
Il soupira. Elle n’avait pas tort. Sauf que...
— Même avec une longue robe rouge et or ?
Elle marqua une pause.
— Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.
Il tendit le bras et saisit les rênes qu’elle lui tendit dans sa main
+gauche, tandis qu’à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu’elle lui
+tendit.
— Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que
+je suis toujours avec toi.
Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui
+restait.
— Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois ?
— Bonne chance...
— Tu en auras besoin aussi !
+
— Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle.
+
— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper ! cria l’un d’eux au
+chanceux qui les attendait de l’autre côté.
Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d’Irdann.
+
— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
+boîte.
Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée.
+La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand le
+pont s’était effondrée. De plus, elle tremblait encore plus que les
+autres.
— Alors venez m’aider à faire traverser celui-là ! Vite !
+
Un prêtre montrait du doigt la silhouette d’Odal, qui revenait au galop en
+leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
+celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.
— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
+est seule, je pense qu’il y a un piège...
Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
+n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
+quelques mots et tendit un bras vers lui.
+
Celui-ci haussa les épaules.
— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non ? Allez, en
+route.
— Mais nous sommes deux à n’avoir pas pu faire traverser nos montures !
— Alors restez ici et soyez sur vos gardes !
+
— Il est fou, Feyne, ou quoi ?
— Bah, il a cru que c’était quelqu’un d’autre. Il a trop bu je te
+dis.
— Parle pour toi, tu empestes le vin !
Le prêtre haussa les épaules.
— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampe ? Il fait de plus en plus
+sombre, je n’aime pas ça...
L’autre fouilla ses poches.
— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit
+feu.
+
— Au moins, on voit quelque chose, maintenant ! dit l’un des prêtres avec
+un sourire satisfait.
Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son
+avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins
+bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l’air de
+l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
+froid.
— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
+l’autre.
— Tu crois qu’on craint quelque chose ?
Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+
+
+Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
+même pas l’avoir vue, si ? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
+S’il fallait en venir là...
+
— Tu crains vraiment que quelqu’un n’arrive ? lui demanda-t-il..
— Bah, si le barbare n’est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter
+un œil aux alentours ?
— Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de
+détection, si ça peut te rassurer...
+
— Quatre hommes !
— Quoi, sursauta l’autre. Il y a quatre hommes autour de nous ?
Farl se figea. Quatre hommes ? Comment avait-il vu les yeux fermés ? Et
+où ?
— Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu’il y en a deux qui
+nous menaçent !
— Tu es sûr de toi ? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence
+des chevaux.
Il haussa les épaules, hésitant.
— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire que cet enchantement
+pouvait faire ça...
+
— C’est moi...
Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+restait du pont.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi es-tu trempée et... ?
— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
+restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
+besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
+endormis.
— Merci, au fait.
Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des
+bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
+de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un
+buisson.
+
C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
+bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.
— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants !
— Qu’est-ce que tu fais là ? Habillé en prêtre ? Qu’est-ce qui s’est passé
+là-bas ? demanda-t-elle.
— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont
+pas tarder à revenir.
Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
+
— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
+Silwë.
— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...
— Et que s’est-il passé ensuite ?
— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
+qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
+d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
+pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
+
+
+morts ?
— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
+Farl.
— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière ?
+demanda Uhr.
Irdann sourit.
— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
+tête...
Ses compagnons sourirent à leur tour.
+
Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
+Uhr hocha la tête.
— J’espère. Qu’en pensez-vous ? Samantha, c’est cela ?
— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
+bonne distance. Que comptez-vous faire à présent ?
Uhr sourit.
— Cela ne dépend pas que de moi. Que voulez-vous faire, vous ?
Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
+mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son
+enlèvement.
— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
+capitale est un bon endroit pour être discret, non ?
— En effet, et c’est là que nous rentrons.
— À vrai dire... j’ai subi un léger contretemps. D’ailleurs, peut-être
pouvez-vous me renseigner. Je cherche un moyen de traverser la forêt pour
me rendre en la seigneurie de Assem.
— Si vous savez monter, vous pouvez louer des chevaux et engager
-
-
des hommes pour vous protéger. Je peux vous indiquer quelques
contacts.
Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup
@@ -1913,13 +2313,13 @@ class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais r
— Comment vont vos pieds ?
— Ça va. Pourquoi ?
— Parce que vous boitez, depuis trois heures. Ampoules ?
Elle avait essayé de ne pas le montrer, pourtant. Et puis elle n’avait
-
-
pourtant rien dit, de quoi il se plaignait ? Elle garda le regard fixé sur le
liseré de la manche de sa robe, évitant son regard.
— Oui peut-être. Mais je peux continuer, hein.
— Pas la peine de me le cacher, je vois bien que vous
pas de mal à ça.
Elle fronça les sourcils. Il reprit plus doucement.
— Vous avez bien mérité un peu de repos. Tous les voyageurs à qui je fais
+
+
traverser cette forêt ne suivent pas mon rythme comme vous sans se
plaindre, croyez-moi.
Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
échapper un léger soupir de soulagement.
— J’ai pu trouver quelques myrtilles pour le dessert. C’est toujours ça.
Peut-être que demain, j’aurai le temps de chasser quelque chose, ça
améliorera le repas.
Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie ? Son
-
-
sourire semblait plutôt franc.
— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
nuit.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant un amas rocheux.
— C’est un peu escarpé, mais pas trop difficile. Ne lâche pas ma main, et
+
+
n’hésite pas à t’accrocher de l’autre à la roche ou à la végétation.
— Comment peux-tu en être sûr ?
— Je l’ai découverte il y a quelques années, je l’utilise parfois pour stocker
+
+
des choses. Jusqu’ici, hormis la nourriture, rien n’a jamais disparu. Mais en
général, c’est simplement un lieu de bivouac plutôt confortable. Enfin,
quand je suis seul.
— Quel est ce bruit ? De l’eau qui coule ?
— Il y a un petit ruisseau qui se déverse dans une vasque dans un coin de la
grotte. Ce léger bruit a l’avantage de masquer nos sons, déjà un peu
-
-
étouffés par la paroi et les buissons. D’ailleurs, je vais en profiter pour
remplir les gourdes d’eau fraîche.
— Désolé, on fait mieux question confort. Mais au moins on est en sécurité
@@ -2313,6 +2715,8 @@ c’est qu’elle faisait un excellent point d’observation. La for
Une lueur, très lointaine, dans la direction opposée à leur trajet.
Brigands ou voyageurs ? Rien d’inquiétant vue la distance de toutes
façons.
+
+
— Tu as toujours froid ?
— Oui, oui...
Son visage n’était pas tourné vers elle. Il avait dû sentir son trouble aux
@@ -2385,13 +2791,13 @@ Au point o
class="newline" />— J’ai été abandonné bébé, sur le pas d’une porte. Les gens qui
vivaient là, des bûcherons, m’ont recueilli et élevé comme si j’étais le
leur. Mais effectivement, j’admets qu’il n’y a pas vraiment d’air de
+
+
famille.
Surprise, Sélène se tut quelques instants. Puis elle reprit, légèrement gênée
à son tour.
— Désolée...
— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
-
-
— Je n’ai pas l’impression de voir différemment. En fait si je laisse mes yeux
+
+
s’accoutumer à l’obscurité, je finis par voir très bien. J’ai même été très
surpris de constater que j’étais le seul de ma fratrie à pouvoir faire ça, je
croyais ça tout à fait naturel... J’ai l’impression que s’il n’y avait aucune
@@ -2457,13 +2865,13 @@ de diff
qui semblait venir du même coin que lui. Peut-être des lectures ? Ou... dans
ce qu’elle n’avait pas dit ? Il avait voyagé avec beaucoup de gens, au cours
de sa carrière ; certains étaient particulièrement virulents vis-à-vis des
+
+
autres races humaines, d’autres n’en avaient rien à faire, d’autres les
admiraient et les enviaient... Surtout les elfes, soi-disants plus beaux,
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
général de donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait
d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais croisé de nain, et
-
-
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
@@ -2495,13 +2903,13 @@ la force qu’il avait eue lorsqu’il fallait la hisser la veille au so
Un demi-elfe ? Possible... Il y en avait quelques-uns à l’université
de magie, mais elle n’avait pas forcément eu le loisir de les voir à
demi-nus.
+
+
— Ouille !
Le plafond était effectivement bas. Entendant cela, Zach se retourna. Il lui
-
-
sourit.
— Bien dormi ?
— Oui, à part le choc du réveil...
Aldariel n’ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.
— J’ai discuté avec ton professeur de tir à l’arc, qui trouve que tu la
@@ -2603,13 +3009,13 @@ class="newline" />— Laisse-moi terminer. Je ne veux pas que tu y ailles se
cherché le compagnon idéal pour te protéger.
Aldariel leva les yeux au ciel. Si son père savait qu’elle n’était plus aussi
innocente qu’elle n’en avait l’air... Enfin bon, s’il fallait supporter un garde
+
+
ou deux pour avoir un peu de liberté, ça pourrait peut-être le faire. Et puis
il pourrait être sympathique, voire... plus ?
— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
humains.
— Nous irons dans des auberges.
— Cela veut dire qu’on va aussi manger de la nourriture des humains ?
+
+
C’est bon ?
— C’est différent, mais très bon aussi. Ne vous inquiétez pas pour ça. Elle
se retourna vers la carte.
— Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus
à l’aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne
-
-
connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n’aurons
aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je
dirais.
Elle l’entendit soupirer.
— Déjà parce que nous sommes différents. Pour certains, avoir des oreilles
pointues ou pas de barbe, ça suffit. Ensuite, je crois que certains
nous envient. Ils nous trouvent plus beaux, plus intelligents, plus
+
+
agiles. D’autres voient plutôt que nous sommes plus frêles, moins
forts physiquement, que nous vivons dans les arbres, et nous voient
comme des animaux sauvages. Il y a peut-être souvent un mélange des
@@ -2819,13 +3231,13 @@ class="ecti-1095">
— Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
@@ -2933,8 +3345,6 @@ class="newline" />Son amie la prit par les
class="newline" />— Tu as fait exactement ce qu’il fallait faire. Tu es une vraie combattante,
maintenant.
Elle sourit.
-
-
— Uhr ! Tu as fini ta journée ?
Il soupira.
Elle fronça les sourcils. Elle ne s’intéressait pas vraiment aux différentes
branches de la magie, mais elle connaissait les grands axes de travail des
+
+
magiciens, et pourtant elle n’avait jamais entendu parler de métamorphose.
— Métamorphe ? Ça existe, ça ?
— Je ne sais pas, visiblement oui.
Elle sursauta, et dirigea son regard lumineux dans sa direction. Il sortit de
+
+
la chambre, et se posa devant elle, en tentant d’avoir l’air le plus calme
possible. Ne pas dégainer ses poignards. Ne pas avoir l’air –trop–
menaçant...
— Qui êtes-vous ? Que faites vous ici ?
Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer
-
-
dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.
— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
Peut-on discuter calmement ?
— Je vous en prie.
Elle hocha la t
class="newline" />— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...
— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non ? Il n’a
aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
+
+
La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
+
+
de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
légèrement, et elle parut gênée.
— Excusez ma réaction. C’est idiot.
— Les araknes sont des cr
d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent !
— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
-
-
de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
faire.
Elle s’était levée, décidée, presque en colère.
Il n’avait rien
class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
Tu te rends compte ?
Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
+
+
comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait
pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
-
-
— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
@@ -3466,8 +3878,6 @@ class="newline" />— Les pr
voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon
avancée rapidement.
— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
-
-
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
@@ -3496,13 +3906,13 @@ un autre.
avait taillé une branche qui lui servait non seulement de support pour
avancer, mais aussi –potentiellement– de moyen de défense. Il avait été
impressionné par son courage face aux deux bandits, et avait proposé de lui
+
+
apprendre quelques techniques.
Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
la suite.
— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
+class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester
ici...
— Attention !
Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
@@ -3569,14 +3981,14 @@ Et vite. M
class="newline" />Zach regarda aux alentours, craignant de voir arriver une autre de ces
horreurs, mais pour le moment, rien. Il s’adossa à un arbre et jeta un œil à
sa jambe.
+
+
Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
-
-
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...
À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
-
-
dans la direction des voix.
Silwë obéit, tandis qu’elle cherchait dans son sac de quoi nettoyer la plaie.
C’est alors qu’elle aperçut, dans l’obscurité, une lueur vive derrière les
+
+
arbres, à une trentaine de mètres environ. D’autres araknes ? Ou pire
encore ?
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
@@ -3826,11 +4238,11 @@ hoch
guerrière elfe. Elle hésita quelques instants.
C’était la voix de l’archère, montrant d’un signe de tête un nouveau groupe
+
+
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
-
-
grimaçant de douleur.
— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.
Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
@@ -3862,6 +4274,8 @@ ma t
class="newline" />C’était la voix, affaiblie de la magicienne. Aldariel se tourna vers elle. Elle
était très pâle, des gouttes de sueur coulaient de son front, et elle
tremblait. Son compagnon l’avait déjà attrapée par les épaules pour la
+
+
soutenir.
— Sélène, tu vas bien ?
Sans répondre, la jeune femme s’effondra dans ses bras.
Il repensa à la bataille qu’ils venaient de mener. L’archère n’avait pas
raté une seule fois sa cible, même si elle n’était pas toujours dans la
meilleure des postures pour toucher les créatures. Quand à la guerrière...
+
+
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée ? Le contrecoup de la douleur ? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-
-
Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
@@ -3922,8 +4336,8 @@ calme, apparut sous leurs yeux.
— Nous y voici. Il n’y a plus qu’à traverser. Tu sauras nager avec
elle ?
C’était la voix de l’archère, qui s’était tournée vers lui. Il hocha la tête,
-même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement, et la jeune
-femme inanimée ne l’enchentait guère.
— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
@@ -4006,8 +4420,6 @@ app
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.
Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
-
-
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.
— Tu n’y es pour rien. Mais je te conseille de cac
sylvains...
— J’ai déjà l’habitude de le cacher auprès des humains. Les elfes sont mal
vus, d’où je viens, et déjà qu’on me traitait d’elfe quand j’étais petit, parce
+
+
que j’étais soi-disant tout frêle...
Silwë sourit.
— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
-
-
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
@@ -4112,11 +4524,11 @@ profond
Aldariel
Les heures s’étiraient longuement, et elle se sentait épuisée. Mais il + + fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se - - réchauffer.
Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
@@ -4148,11 +4560,11 @@ n’agirait pas ainsi d’autres fois&nb
qu’elles dormaient ? Ce serait bien un comportement irrationnel d’elfe noir
ça... Elle secoua la tête. C’était ridicule. Il avait grandi chez les
humains, et se comportait tout à fait comme un humain. Enfin, pour
+
+
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire ?
-
-
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout ? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
@@ -4184,11 +4596,11 @@ on exceptait les araknes, la r
au premier abord– avec les elfes, la fuite... Il avait déjà vécu un certain
nombre de situations étranges, mais celle-ci les dépassait de très
loin.
+
+
Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
-
-
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri ? Le contre-coup de la
douleur ? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement ? Le
@@ -4221,11 +4633,11 @@ encore en vie. Enfin... il restait un tiers de la nuit. Pendant laquelle ce sera
Silwë, la guerrière, qui monterait la garde. Oh, elle le ferait sûrement très
bien... peut-être même trop bien. Elle n’avait pas apprécié d’avoir été
humiliée en étant immobilisée au sol et menacée d’une lame sur la
+
+
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger ? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
-
-
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
@@ -4260,8 +4672,6 @@ class="newline" />Elle s’assit, et le reconnaissant, se calma. Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
@@ -4281,7 +4691,7 @@ class="ecti-1095">
La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
+toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
@@ -4294,11 +4704,11 @@ jeunes gens.
plus qu’un simple contrat entre un guide et sa passagère. Mais elle
interprétait peut-être. Et puis... cela ne la regardait pas vraiment en
fait.
+
+
Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
-
-
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes ? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
@@ -4332,11 +4742,11 @@ d’entra
Elle se redressa. Elle avait les deux couvertures sur elle, et son
compagnon était enroulé dans un drap gris clair. Un peu plus loin, l’archère
elfe dormait profondément. Elle fronça les sourcils. Que s’était-il donc
+
+
passé ?
+
+
Irdann
Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
-
-
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus ? Peut-être
@@ -4408,8 +4818,6 @@ class="newline" />— En effet. Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
@@ -4514,11 +4922,11 @@ par la fen
sur le sol. Dans sa main, elle pulsait doucement. Il avait réussi son
enchantement, et Sélène était vivante... L’enchantement du cœur,
ainsi dénommé par les paladins. Puissant et redoutable... La pierre
+
+
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
-
-
trouve.
Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
@@ -4549,11 +4957,11 @@ qui racontait que nombre d’entre eux, hant
incessants, incapables de savoir ce qui arrivait à l’objet de leurs pensées tout
en ayant la sensation d’en être si proches, avaient fini par perdre
complètement la raison.
+
+
Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
-
-
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
@@ -4588,6 +4996,8 @@ class="newline" />— Ah, je connaissais. Mais pas sous cette forme... Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
-
-
regardèrent en souriant.
— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller ?
— Oui. Rien à signaler pour le moment.
Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
-
-
— Bien dormi ?
Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
-
-
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.
Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas ? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
@@ -4367,12 +4777,12 @@ class="newline" />La guerri
src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" >
Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.
— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
-
-
certains de ses secrets, n’est-ce pas ?
Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire ?
— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...
— Les paladins de Melna sont instruits, dit-on, des secr
permettent de retrouver n’importe qui. Il y a ces légendes... Ce paladin qui
sut retrouver sa dame, même lorsque celle-ci se fit enlever dans le plus
grand secret et emmenée très loin de lui. On raconte qu’il chevaucha
+
+
droit vers elle. Et cette autre dame, qui attendant le retour de son
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
-
-
connaissez.
Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
@@ -4478,11 +4886,11 @@ l’emmener avec elle, cach
trousseau. Donc... cet objet, s’il existe, n’est pas petit et discret.
Voilà qui le rendait un peu moins difficile à trouver. Enfin, d’un
point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et
+
+
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher ?
-
-
Elle ajouta quelques gouttes du liquide dans le mélange, et lui rendit. —
J’avoue, j’ai toujours acheté les plantes chez l’herboriste, sous forme d’huile
ou de plantes séchées... C’est un vrai plaisir de les découvrir fraîches dans
+
+
la forêt !
— Et encore, il faudra que je te montre certaines qu’on ne trouve pas
ici...
— Qu’est-ce que vous faitesIl s’approcha de l’étrange mixture, et prit un air dubitatif.
— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais aller discuter chiffons et
+
+
quinquaillerie avec Silwë.
Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...
— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.
Zach
— Ah !
Il soupira, un peu vexé, mais soulagé malgré tout qu’elle ait stoppé son
+
+
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.
— Bien joué.
Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
-
-
de toutes façons...
— On remet ça ?
Elle recula à son tour et hocha la tête.
@@ -4733,8 +5143,6 @@ l’entra
class="newline" />— Hééé ! C’est de la triche, ça !
— Quelle triche ? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles ?
-
-
Silwë @@ -4767,12 +5175,12 @@ l’ class="newline" />— Bien vu.
Zach + +
Il lui rendit son sourire et relâcha délicatement son cou. Puis il lui tendit
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
-
-
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
@@ -4803,12 +5211,12 @@ heaume masquant son visage. Un chevalier
plutôt surprenant. Il stoppa sa monture et prit quelques instants
pour l’attacher à une branche voisine. Zach remarqua alors les armes
que l’homme portait à sa ceinture. Il n’était pas rare de voir des
+
+
combattants en possédant deux. Silwë avait une dague en plus de son
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
-
-
longues...
Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
@@ -4839,12 +5247,12 @@ donnait aucune indication de la distance
Sélène, mais la donnée de la direction depuis plusieurs endroits,
avec un peu de réflexion logique, lui avait permis de conclure. Il
réussissait à garder son sang-froid quand il la manipulait, désormais,
+
+
mais il se demandait toujours ce qu’il ferait lorsqu’il rencontrerait
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt ?
Prisonnière quelque part ? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas ?
-
-
Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
@@ -4876,12 +5284,12 @@ voir.
class="ecti-1095">Irdann
Il marqua une seconde de pause, incrédule. Il n’avait pas revu Silwë depuis presque un an, ni même eu de nouvelles... Toute une foule de + + souvenirs partagés lui revint à l’esprit, et il lui sourit. Elle se jeta sur lui pour l’enlacer.
À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea. - -
La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
@@ -4914,6 +5322,8 @@ elle.
— C’est vous ? Vous êtes saine et sauve ?
Elle recula d’un pas, méfiante, serrant toujours son bâton de marche. Zach
sembla reprendre ses esprits et sa prise sur son épée, et s’interposa entre
+
+
eux.
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Vos parents, le seigneur et la dame Assem se font un sang d’encre pour
@@ -4949,6 +5359,8 @@ que je craignais de ne jamais revoir d’ailleurs...
Le sourire qu’ils échangèrent semblait très naturel et sincère. Elle se
retourna vers elle à nouveau.
— Sélène, tu peux lui faire confiance autant qu’à moi. Je lui confierais ma
+
+
vie sans aucune hésitation.
Zach et Aldariel avaient baissé leur garde, mais restaient figés, observant
l’homme. Sélène se tourna vers lui, bien décidée à en apprendre
@@ -4984,13 +5396,13 @@ class="newline" />La main tendue obligea Zach
but. Il lui serra la main, non sans lui lancer un regard méfiant.
— ... la princesse Aldariel Lalrilë, des elfes sylvains, ...
L’achère dut à son tour désarmer sa flèche pour se laisser baiser la main.
+
+
Elle sembla extrêmement surprise et rosit légèrement. C’est vrai que cette
façon de saluer les femmes n’était pas vraiment courante chez les
elfes...
— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
-
-
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.
— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
@@ -5021,12 +5433,12 @@ dans l’eau...
princesse semblait un peu gênée vis-à-vis de lui, mais voyant la familiarité
qu’il partageait avec Silwë, elle se détendit vite, et lui posa quelques
questions sur la fameuse capitale humaine, qu’elle semblait rêver de visiter.
+
+
Sélène semblait légèrement distante, mais lui sourit tout de même en lui
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
-
-
Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
@@ -5127,6 +5539,8 @@ ascension
class="newline" />— Ce paladin, d’ailleurs... Tu lui fais confiance ?
Elle haussa les épaules. Son sourire s’était figé.
— Tu veux dire que son air de prince charmant, loyal, courageux, fort, et
+
+
j’en passe, est trop parfait pour être vrai ?
Il fit une moue.
— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.
Aldariel
— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
-
-
jouer ?
C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
@@ -5203,8 +5617,6 @@ class="newline" />— Je ne sais pas si j’ai une chance d’arrive
ici sans rien tenter.
Elle lui sourit.
— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
-
-
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.
Elle lâcha son bras, et redressa.
— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
@@ -5236,6 +5648,8 @@ class="newline" />— Parlant de
part ?
Il soupira. C’était la question qu’il souhaitait éviter justement...
— Les paladins connaissent un enchantement secret, qui leur permet de
+
+
retrouver une personne précise. Je ne puis vous en dire plus.
Elle sembla à demi satisfaite par la réponse. Elle prit une inspiration pour le
questionner, puis sentant sa gêne, se ravisa. Après quelques secondes de
@@ -5271,12 +5685,12 @@ tout ce poids
class="newline" />— Qu’est-ce qui vous a fait préférer la traversée à pied ?
— Je devais prendre une diligence publique... mais je l’ai ratée. Je n’avais
pas assez d’argent sur moi pour engager une escorte complète et des
+
+
chevaux. Mais finalement, ce n’est pas désagréable, en fait.
Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
-
-
nuque.
— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres ?
— Silw
casque qui limite ma vue, j’aurais eu une chance de les repérer, elle et
Zach.
— Tu sais vraiment te battre avec deux épées ou tu as ces armes pour
-
-
impressionner ?
— Je sais réellement les utiliser. J’ai appris chez maître Ernest, à la
capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j’étais
@@ -5325,8 +5737,8 @@ armes. Cela fait aussi partie du jeu.
Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
-arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
-deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.
— Place-toi derrière moi.
En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde,
surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
@@ -5346,12 +5758,12 @@ s’en servir de toutes fa
Elle sentit soudain un bras saisir son épaule, et poussa un cri. Irdann, occupé par plusieurs adversaires à la fois, était trop loin d’elle pour intervenir. L’homme approcha son épée de son visage, et elle se mit à + + trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de - - jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes façons...
Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou @@ -5382,12 +5794,12 @@ leur menace principale.
Sauf un, qui s’était approché, et lui avait saisi le bras. Elle avait crié.
Malgré son épuisement, il se remit à courir aussi vite que possible. Elle pâlit
et s’effondra, lentement. Ou était-ce le temps qui s’était ralenti pour
+
+
lui ?
— Sélène !
Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
-
-
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
@@ -5418,12 +5830,12 @@ l’
aperçut d’autres silhouettes arriver au loin, en courant, de différentes
directions. Il recula de quelques pas, jusqu’à un large tronc, à la fois
pour se donner quelques secondes de répit, et empêcher ses trois
+
+
adversaires –et les nouveaux– de le contourner. L’un sembla marquer un
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
-
-
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en @@ -5454,12 +5866,12 @@ bataille. semblait effrayée, mais sa prise sur son arme était ferme et décidée. Zach était à ses côtés, épée et couteau tirés, scrutant l’obscurité d’un air inquiet. Plusieurs hommes gisaient à leurs pieds. À quelques pas de + + là, sa jument Kahrafe piétinait sur place. Un brigand était couché en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il cherché à s’enfuir ? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû - - affronter ?
— Vous venez ?
C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
@@ -5485,17 +5897,17 @@ cherch
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
pour une idiote sans défense ?
— Qu’est-ce que vous voulez de moi ?
C’était la voix de son prisonnier.
— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Normalement, vous
+
+
ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
Pourquoi ?
L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
-
-
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
@@ -5526,12 +5938,12 @@ sans demander son reste.
class="ecti-1095">Irdann
— Oh, tu es blessé ?
Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
+
+
trébucher. Il retint une grimace.
— On dirait.
— Assieds-toi, je vais regarder ça.
Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
-
-
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
@@ -5565,12 +5977,12 @@ class="newline" />Soulag
class="ecti-1095">Sélène
+
+
Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
combat, ou une combinaison des deux ? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après ?–, elle s’était
retrouvée dans les bras de Zach. Elle entendait les voix de leurs
-
-
compagnons, autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas
attention.
— Tu vas bien ? Tu as été blessé ?
— Ne sois pas b
pis pour le code d’honneur.
Il soupira, et finit par accepter l’aide de Zach pour monter sur le dos de sa
jument.
+
+
— Où va-t-on, une fois sortis ?
— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
-
-
et votre nom.
Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom » ? Ce n’était
peut-être pas le moment de le relever.
Devant la t
class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
-
-
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
@@ -5677,6 +6087,8 @@ personnalit
nom.
— Oui...
Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne
+
+
humeur. Elle soupira.
— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une
princesse à protéger, je te rappelle.
— Si vous me le permettez, seigneur, je vais m’occ
class="newline" />Irdann lui tendit la bride de la jument, et s’appuya sur Zach venu l’aider.
Celui-ci lui fit un signe de tête. Hésitante, Sélène regarda ses compagnons,
puis se décida à entrer la première.
+
+
Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.
— Noble dame ! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
-
-
notre pauvre logis vous conviendra.
La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
@@ -5750,14 +6162,14 @@ que c’
une perte à son sens. Mais elle ne souhaitait pas vexer cette femme
qui avait l’air de faire tous ces efforts de façon plutôt sincère –ça,
par contre, ça lui changeait des cours des châteaux. À l’instant où
+
+
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie, - - alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule. -Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des +Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette @@ -5820,12 +6232,12 @@ fou rire. y avait pire. Par contre, au moment d’aller se coucher, ses parents avaient rappelé que la petite chaumière ne comportait que deux chambres. Ils avaient insisté pour que les deux « nobles » prennent la meilleure des deux, + + la leur, proposant aux trois autres la chambre qui hébergeait autrefois leurs enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le laissent faire. - -
Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
@@ -5861,8 +6273,6 @@ vrai. Le petit air d’elfe marchait plut
j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...
Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.
— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
-
-
traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
@@ -5898,8 +6308,6 @@ remettra tr
class="newline" />— C’est plutôt une bonne nouvelle.
Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse,
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
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bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
pensait.
— Biologiquement compatibles, oui.
reste. Tu as dit toi même que tu ne savais rien d’eux, non ?
Il devait admettre que la contre-attaque tenait plutôt bien la route. De plus,
il risquait de se laisser entraîner sur un terrain plutôt glissant. Il lui restait
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une botte secrète. À son tour, il pointa son doigt dans sa direction, venant
effleurer le sien en souriant. Il lui chuchota.
— Pourtant, j’ai bien l’impression que Silwë, elle, ne s’arrête pas à ce genre
@@ -5970,8 +6380,6 @@ class="newline" />Il haussa les
surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà
tellement de mal pour eux.
— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
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sais !
— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
presque une semaine que je fais ça ! Et en plus, toi, tu es blessé.
Il avait beau avoir quitté assez tôt le palais de son père et l’ambiance
des cours, il connaissait assez bien la façon les mariages étaient conclus. Il
s’agissait bien souvent d’un enjeu complexe d’alliances entre seigneurs et de
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cessions de terres, quand il ne s’agissait pas de guerres, toujours est-il qu’on
ne laissait pas beaucoup de choix aux jeunes nobles. Bien sûr, on
essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
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décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
@@ -6043,8 +6451,6 @@ sacr
passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt
encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...
— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait
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compris dans ce combat.
— Ah ?
— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement
@@ -6077,13 +6483,13 @@ class="newline" />— Je trouve dommage qu’il soit n
capable comme les autres.
Elle l’entendit soupirer avant de reprendre.
— Tu m’aurais dit ça il y a plusieurs années, effectivement j’aurais trouvé
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ça indécent, pas naturel, dangereux, inconvenant, et je ne sais quoi encore...
J’ai été élevé dans un château selon les traditions séculaires que tu connais
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
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pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
@@ -6118,8 +6524,6 @@ class="newline" />— Non... enfin, tu as raison. Nous sommes tous probablem
Et ça a failli nous coûter cher.
— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
parents, n’est-ce pas ?
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Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
@@ -6150,6 +6554,8 @@ class="newline" />Beolie redressa la t
lui préparant une assiette.
— Ça dépend des gens. Méfiez-vous des hommes surtout...
Elle s’interrompit pour déposer l’assiette généreusement garnie devant elle,
+
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puis jeta un œil à Irdann, assis à côté d’elle.
— J’ai toute confiance en vous, messire paladin, et quant à Zach, je râle,
mais c’est un brave garçon. Mais ceux que vous pourrez croiser ne sont pas
@@ -6184,12 +6590,12 @@ class="ecti-1095">Irdann
Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe. Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs. Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir + +