X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=0e88f719c0dadbb9b8ab8d16a6afe2cc4599a642;hb=144ce910004019de8ea529dc64d0e31a9c222e3b;hp=a4403eafaa0c4e68a7478a9919e1336e2e3da0df;hpb=8532a7373e2df8689244ec5500c0d4a7bb71e53e;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index a4403ea..0e88f71 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - +
@@ -25,18 +25,18 @@ --
+ Sélène
- Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+ Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs, et la lueur
de sa bougie. La jeune fille portait une longue robe de couleur crème, aux
longues manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
- Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+ Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici ; et Sélène était ravie de
s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
@@ -45,7 +45,7 @@ s’en d
vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
- Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+ Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur ? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
@@ -54,13 +54,13 @@ retenu sa passion pour la lecture, se disant qu’au fond, en lisant, elle
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
- Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+ Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
- Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+ Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
@@ -68,7 +68,7 @@ militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et l
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
tout.
- Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+ Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
@@ -79,27 +79,27 @@ main. En fait, ce panneau avait
chose ?
- Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+ Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie !
- La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
+ La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers, pour la
pratiquer, concluaient des pactes en vendant leur âme à des divinités
maléfiques, pour obtenir le pouvoir. Ils étaient chassés, torturés et brûlés
vifs. Un frisson la traversa. Ranger ce livre maudit ? Le brûler ? Le
ramener à ses parents ? ... Le lire ?
- Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son
+ Y avait-il un risque à simplement le lire ? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant ? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
- Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+ Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
- Silwë
- La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira. La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira. Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+ Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement. Uhr
- Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
+ Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
ceinture, une épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de
@@ -191,7 +191,7 @@ nombreux coups. Leurs cheveux boucl
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
citadin.
- Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+ Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter. Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+ Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
@@ -214,9 +214,9 @@ d
défaut ? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
- Irdann
- Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+ Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
@@ -224,12 +224,12 @@ pouvoirs
quelqu’un sur place en une parole.
- L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+ L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
- — Hm... prêtre Khil ? — Hm... prêtre Khil ? Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+ Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
@@ -284,7 +284,7 @@ class="newline" />— Vous avez eu
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil. Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+ Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif ? Il devait être redoutable sur un champ
@@ -299,9 +299,9 @@ class="newline" />— Je ne sais pas. Tu es le premier depuis longtemps, mon
verrons bien. Farl
- Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+ Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
@@ -309,7 +309,7 @@ silencieusement, il gravit les
s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
- Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
+ Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait
été laissé plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas
les moyens de le nourrir. Il vivotait, de petits vols et de mendicité.
Il était très doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait
@@ -319,7 +319,7 @@ dans le sac ne l’avait pas d
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
- Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
+ Depuis – il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir –, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées – et
surtout ses nuits – à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
@@ -327,14 +327,14 @@ furtif, combat avec une ou deux dagues, utilisation des divers dards
et stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
- Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+ Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes ? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
- Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+ Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
@@ -345,7 +345,7 @@ Il sortit de son petit sac
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
- Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+ Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier ? Avait-il escaladé ? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset. Zach
- — Bon, allez, on fait une pause ? — Bon, allez, on fait une pause ? Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+ Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
- C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+ C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause ! Zach, savait qu’il avait été trouvé
@@ -393,7 +393,7 @@ adopt
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
- Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+ Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
@@ -407,11 +407,11 @@ masquaient l’int
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir. Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+ Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea : Il réfléchit quelques instants. Il réfléchit quelques instants. Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+ Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur ? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre. Aldariel
- — Oui, Aldariel, tu voulais me voir ? — Oui, Aldariel, tu voulais me voir ? Samantha
- La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
+ La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
- Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+ Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà ! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
@@ -484,13 +484,13 @@ survivants de son village, d
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
- Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+ Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
- Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+ Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
@@ -498,14 +498,14 @@ rouge vif, sans manches, aux larges bordures dor
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
- Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+ Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
- Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+ Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
@@ -513,13 +513,13 @@ et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
- Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+ Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
- Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+ Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
Il hocha la tête et prit une gorgée supplémentaire. Tout cela était
prometteur.
- Irdann
- Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et
+ Enfin, il avait le droit de sortir du temple ! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
@@ -941,7 +941,7 @@ soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se d
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
- La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+ La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
@@ -949,7 +949,7 @@ de ma
et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
soit.
- Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+ Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée. Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+ Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe !
C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
@@ -990,9 +990,9 @@ des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le
temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
guider hors de la pièce.
- Uhr
- Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+ Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
@@ -1000,7 +1000,7 @@ autres. Aucune d
un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
- Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+ Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi ! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
@@ -1011,14 +1011,14 @@ enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il
avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
lui ? Resterait-il à la garde toute sa vie ?
- Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
+ Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien. Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
+ Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
tenue de novice l’intriguait. Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+ Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
blason. Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+ Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
- Silwë
- La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
+ La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains ! Certes, elle
@@ -2901,14 +2901,138 @@ lui arrivait quelque chose ? S’
compliqué... À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre coups
-nets sur la porte d’entrée.
+ À ces mots, il entendit, non sans un certain soulagement, quatre
+coups nets sur la porte d’entrée. La silhouette sombre et familière
+de Farl se profila. Il sursauta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas
+seul, et fut d’autant plus surpris de reconnaître la personne qui
+l’accompagnait. — J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que
+la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au
+moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi
+je n’ai pas pensé à vous en parler. Et que je suis allée vérifier par
+moi-même... Samantha
+ Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
+personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
+
+
+Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
+Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
+ Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle. Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui
+n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un
+certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois
+ou quatre feuilles, écrites à la main, qui ressemblaient à des notes de
+recherche.
+ — Effectivement, il m’avait parlé de ça... Regardez. Ce document n’est pas
+de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
+vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
+bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+rivière. Les pages suivantes étaient visiblement des notes prises à ce sujet. Ces
+sortes d’araignées –elle eut un frisson à les imaginer, et elle remarqua que
+les trois autres ne semblaient pas très joyeux à cette évocation non plus–
+semblaient vivre originellement dans des grottes très sombres, ne
+sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
+seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
+n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
+quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
+chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
+théorie.
+ — Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt ? Comment ? Ils firent une pause pour faire le point. Si Septim avait cherché à cacher
+les découvertes de Mortag, c’est que quelqu’un était vraisemblablement en
+train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement. — D’un point de vue plus pratique, on fait quoi ? On dit quoi ? Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.
+ Uhr
Zach
+
+
Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
@@ -2933,8 +3059,6 @@ qu’elle lui avait mis dans le c
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres ? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
-
-
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
— Zach ! Der
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix. Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
@@ -3007,8 +3135,6 @@ class="ecti-1095">
class="ecti-1095">ène — Assieds-toi. Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
@@ -3064,6 +3188,8 @@ devaient-ils forc
sauver la vie ? Qu’avait-elle fait de mal ? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
+
+
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
— Merci. Aldariel
@@ -3100,6 +3224,8 @@ vue. Elle se tourna alors vers son amie, agenouill
par la douleur. À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
@@ -3150,8 +3278,6 @@ rapprochant d’elle. Il
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
-
-
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
@@ -3187,8 +3313,6 @@ class="ecti-1095">
Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
-
-
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant ? Ce n’était guère
mieux... Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-
-
non pas sur la jeune femme, mais derrière... Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
@@ -3261,8 +3385,6 @@ class="newline" />C’
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
-
-
grimaçant de douleur. Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce. Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
@@ -3568,6 +3686,8 @@ Si elle avait
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
+
+
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée ? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
@@ -3583,8 +3703,6 @@ humains, et se comportait tout
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire ?
-
-
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout ? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
@@ -3604,6 +3722,8 @@ mit quelques minutes
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
+
+
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
@@ -3619,8 +3739,6 @@ loin.
Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
-
-
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri ? Le contre-coup de la
douleur ? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement ? Le
@@ -3640,6 +3758,8 @@ des choses bien
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
+
+
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
@@ -3656,8 +3776,6 @@ humili
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger ? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
-
-
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
@@ -3676,6 +3794,8 @@ seule seconde avoir peur d’une femme. Et pourtant, les trois qui
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes ? Et puis... que pouvait-il dire, de son
+
+
côté ? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
@@ -3692,8 +3812,6 @@ class="newline" />Elle s’assit, et le reconnaissant, se calma. Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
@@ -3713,6 +3831,8 @@ class="ecti-1095">
La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
+
+
toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
@@ -3729,8 +3849,6 @@ fait.
Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
-
-
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes ? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient ils se retourner contre elles une
@@ -3751,6 +3869,8 @@ clair...
class="ecti-1095">S Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
@@ -3767,8 +3887,6 @@ elfe dormait profond
passé ? Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
-
-
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus ? Peut-être
@@ -3824,6 +3940,8 @@ pouvait-il rester quelques jours pour se reposer, apr
de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+
+
finalement.
— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici ! Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver ?
@@ -3913,8 +4029,6 @@ point de vue purement logique, s’il devait chercher un objet petit et
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher ?
-
-
Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
@@ -3934,6 +4048,8 @@ qu’ici...
Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
+
+
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition ? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale ? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
@@ -3949,8 +4065,6 @@ ainsi d
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
-
-
trouve.
Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
@@ -3969,6 +4083,8 @@ Impossible de savoir
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
+
+
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
@@ -3984,8 +4100,6 @@ compl
Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
-
-
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
@@ -4007,6 +4121,8 @@ l’id
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi. Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique. Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
-
-
regardèrent en souriant. Silwë
@@ -4187,6 +4303,8 @@ toujours. Le jeu continuait.
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
+
+
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
@@ -4203,8 +4321,6 @@ class="ecti-1095">Zach Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
@@ -4275,8 +4391,6 @@ mais il se demandait toujours ce qu’il ferait lorsqu’il rencontrerai
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt ?
Prisonnière quelque part ? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas ?
-
-
Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
@@ -4296,6 +4410,8 @@ droite... Cela lui rappelait quelqu’un... À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea. À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
-
-
La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
@@ -4334,6 +4448,8 @@ class="ecti-1095">
le temps d’arriver ? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
+
+
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé. Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme. Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
@@ -4476,6 +4594,8 @@ impassible. Aldariel
Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
@@ -4512,6 +4632,8 @@ t
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas ! Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
@@ -4598,8 +4724,6 @@ sylvaine...
Aldariel
— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
-
-
jouer ? Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
+
+
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
@@ -4780,8 +4906,6 @@ intervenir. L’homme approcha son
trembler. Elle enrageait intérieurement de ne pas savoir se défendre comme
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
-
-
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
@@ -4801,6 +4925,8 @@ en avant. Cette fois, elle ne pourrait plus jouer le jeu de la jeune
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
+
+
sûrement.
Zach
@@ -4816,8 +4942,6 @@ et s’effondra, lentement. Ou
lui ? Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
+
+
pieds. — Vous venez ? Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
+
+
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
@@ -4924,8 +5050,6 @@ class="newline" />— Je connais bien les habitudes des gens comme toi. Norm
ne prenez pas le risque de vous approcher si près des habitations.
Pourquoi ?
— Encore raté...
— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin !
Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
@@ -139,7 +139,7 @@ vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris,
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-
— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle ?
— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il ?
Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-
— Là, regardez !
Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
@@ -203,7 +203,7 @@ class="newline" />— On peut juste attaquer. Tu r
va !
Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-
Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
@@ -256,7 +256,7 @@ ensuite son
class="newline" />— Vas-y, attaque-moi.
Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas ?
-
— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
nombreuses aventures...
-
Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
-
— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.
Farl le regarda, les yeux brillants.
-
À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
@@ -382,9 +382,9 @@ class="newline" />— Parce que c’est avec lui que la fille du cordonn
l’autre soir.
— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
couper du bois.
-
— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire ?
-
— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire ?
-
— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.
— Oui.
— Quel âge as-tu ?
— Seize ans.
— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu ?
-
— D’accord.
-
La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Frêle, vêtue d’une robe
mi-longue blanche, pieds nus, un diadème argenté retenant ses longs
cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si impressionnant. Et son père
@@ -466,16 +466,16 @@ plut
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc : une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.
Le visage d’Aldariel s’illumina.
-
— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.
L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
@@ -957,7 +957,7 @@ blanche, avec dans un
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.
— C’est vous le novice du temple de Melna ? Il vous attend. Venez.
-
— Celui-ci est libre ?
— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue ?
— Oui. Je m’appelle Irdann.
-
— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-
— D’où te vient cette arme ?
— De toutes fa
soldats, au même rang, n’est-ce pas ?
Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-
La tête posée sur son épaule, Samantha murmura. — Tu dors ?
La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.
— Tu dors ?
— Non. Je m’inquiète pour Farl.
Elle hocha la tête.
— Moi aussi, un peu. Mais tu sais, il est très doué...
— Je sais, mais... il a mis moins de temps la première fois non ? Il n’a
aucune raison d’être plus lent cette fois-ci...
-
— Zanakielle ! Mais...
À son tour, elle marqua un instant de suprise.
— N’êtes-vous pas l’un des gardes qui est venu cet après-midi ?
Il hocha la tête.
— En effet. Farl, peux-tu m’expliquer...
Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
+Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il
+fallait désormais appeler un crime.
+
Elle fit une pause, et détourna le regard de la lumière de la bougie,
+étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.
— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.
— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant ?
+
— Je suis une prêtresse. Je possède ce genre de pouvoir, sous certaines
+conditions, par exemple le fait d’avoir en main un objet appartenant à ma
+cible. C’est pourquoi Farl était sur place, il est allé prendre puis remettre
+ces objets.
La magicienne eut un mouvement de recul, et la considéra avec un mélange
+de surprise et de dégoût. Après un instant de silence, son visage se radoucit
+légèrement, et elle parut gênée.
— Excusez ma réaction. C’est idiot.
— Il n’y a pas de mal, la rassura-t-elle. Toujours est-il que j’ai la certitude
+que Septim est vivant, contrairement à...
Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas,
+leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était
+terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire ?
— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé ?
Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
+de papiers, et un collier ouvragé. Le visage de Zanakielle était de
+nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous
+trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle
+tâche.
+
Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
+taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
+
+
+l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous,
+avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
+une note : « araknes ? ».
— Qu’est-ce que cela ?
— Les araknes sont des créatures aujourd’hui disparues. Des sortes
+d’araignées géantes... Ah, justement, les documents suivants en parlent !
+
— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
+dans un environnement qui leur est hostile, ajouta Uhr.
— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
+qui travaille sur le sujet et ses documents ? Ajouta Zanakielle.
Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
+pour faire une remarque.
— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
+il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et
+profondes pour y loger ces bestioles... non ?
+
— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
+ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+pauvre créature disparue.
— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre ?
+Proposa Samantha.
— Peut-être. Ce serait alors une arme puissante. Je me demande pourquoi
+personne n’y a pensé plus tôt... il faudrait étudier la question, et ce n’est
+pas ma spécialité.
+
Uhr regarda les trois autres.
— Si je dis tout ça à mes supérieurs, je suis en mauvaise posture...
— Soit on mène l’enquête de notre côté, soit on leur dit. Mais on ne peut
+pas ne rien faire !
— Tu as raison, Samantha. Mais je crains que ce problème ne nous
+dépasse.
La magicienne proposa alors :
— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
+jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai moyen de
+vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
+faire.
Elle s’était levée, décidée, presque en colère.
— Vous avez raison. Je ne pourrais pas garder ce secret indéfiniment, et
+mieux vaut qu’ils l’apprennent tôt. Mais discutez-en directement avec le
+capitaine Mazrok. Il décidera ensuite d’en informer les enquêteurs.
Elle hocha la tête.
— En attendant, je vous propose de recopier rapidement tout ce qu’il y a
+sur ces documents. Puis, il faudra les redéposer à leur place...
Ils jetèrent un œil à Farl, qui poussa un soupir.
— Bah, ça ne sera que la troisième fois de la nuit...
+
— Qu’est-ce que c’est que...
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
+
+
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
@@ -2989,6 +3115,8 @@ y resta. D’un geste ample, il d
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
+
+
Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
-
-
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...
— Il y a des gens ! Je suis perdue !
À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
-
-
dans la direction des voix.
— Sil !
L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
+
+
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
@@ -3135,6 +3261,8 @@ contact de sa lame contre la sienne, il for
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
+
+
Zach
— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
@@ -3246,6 +3368,8 @@ contr
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
+
+
— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.
Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
@@ -3282,6 +3404,8 @@ combattre...
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
+
+
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
@@ -3332,8 +3456,6 @@ meilleure des postures pour toucher les cr
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée ? Le contrecoup de la douleur ? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-
-
Rassurante parce qu’elle était à côté d’elle, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté d’elle, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
@@ -3388,6 +3510,8 @@ une trentaine de m
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
+
+
soulager ses bras douloureux.
— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.
Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
-
-
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.
Silwë sourit.
— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
-
-
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
@@ -3547,8 +3667,6 @@ class="ecti-1095">Aldariel
— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller ?
— Oui. Rien à signaler pour le moment.
Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
-
-
— Bien dormi ?
Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
-
-
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.
Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas ? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
@@ -3803,8 +3921,6 @@ src="aventuriers6x.png" alt="[
class="ecti-1095">Irdann
Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
@@ -3840,8 +3958,6 @@ class="newline" />— En effet.
Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.
— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
-
-
certains de ses secrets, n’est-ce pas ?
Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire ?
— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...
Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
@@ -3898,6 +4012,8 @@ personnel, auquel elle
vêtement ? Un bijou ? Un livre ? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
+
+
Sélène sourit.
— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
+
+
montrer d’autres mélanges !
— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.
Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.
— Si tu le dis. Bon, je vais vous laisser... Je vais all
quinquaillerie avec Silwë.
Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...
— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.
&nbs
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
+
+
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
@@ -4129,8 +4247,6 @@ class="newline" />Il soupira, un peu vex
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.
— Bien joué.
Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
-
-
de toutes façons...
— On remet ça ?
Elle recula à son tour et hocha la tête.
@@ -4150,6 +4266,8 @@ qu’un, de peu.
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
+
+
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
@@ -4165,8 +4283,6 @@ l’entra
class="newline" />— Hééé ! C’est de la triche, ça !
— Quelle triche ? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles ?
-
-
— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.
Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
+
+
rapprochaient.
— Euh, Zach ? chuchota-t-elle.
— Oui ?
— Qu’est-ce que vous lui voulez ?
C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
+
+
— Silwë ?
D’où connaissait-il son nom ? Et cette démarche, cette voix, bien que
@@ -4312,8 +4428,6 @@ souvenirs partag
pour l’enlacer.
— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici ?
l’étranger.
— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance ?
— Moi.
+
+
Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
+
+
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
@@ -4421,8 +4541,6 @@ fa
elfes...
— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
-
-
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.
— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
@@ -4441,6 +4559,8 @@ courbettes, ce n’est pas vraiment fait pour moi. Allez-y sans moi.
Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.
— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
+
+
boire.
Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
@@ -4457,8 +4577,6 @@ S
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
-
-
— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.
Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
+
+
Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
+
+
en la voyant.
— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non ?
— Non, tu d
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.
— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.
Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
+
+
à se dégager.
— À ta place, je n’aurais pas hésité.
Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
@@ -4582,6 +4706,8 @@ toujours debout sur cette m
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.
— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
+
+
C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
@@ -4635,8 +4759,6 @@ class="newline" />— Je ne sais pas si j’ai une chance d’arrive
ici sans rien tenter.
Elle lui sourit.
— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
-
-
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.
Elle lâcha son bras, et redressa.
— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
@@ -4656,6 +4778,8 @@ pour lui. Il avait tant entendu parler d’elle, mais sans jamais la voir.
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond ? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
+
+
rassurer.
— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
@@ -4691,6 +4815,8 @@ mal
tout aussi bien à pied ?
Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
+
+
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.
— Vous êtes sûre que vous préférez marcher ?
Elle le regarda en souriant.
Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
-
-
nuque.
— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres ?
— Sélène !
Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
-
-
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
@@ -4837,6 +4961,8 @@ class="ecti-1095">Irdann
— Vite, il faut aller aider Sélène !
— Ne t’inquiète pas pour elle. On s’occupe de tout.
Aldariel
L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
-
-
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
@@ -4946,6 +5070,8 @@ toi ?
Il haussa les épaules.
— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...
— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
+
+
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.
— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
Silwë.
@@ -4958,7 +5084,134 @@ class="ecti-1095">Irdann
— Oh, tu es blessé ?
Il faillit répondre que ce n’était rien, mais la douleur manqua de le faire
trébucher. Il retint une grimace.
— On dirait.
+class="newline" />— On dirait.
— Assieds-toi, je vais regarder ça.
Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses arme,
+s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
+qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
+rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
+lui.
— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac ? Je l’ai
+laissé, ainsi que les vôtres, dans cet arbre.
Alors que sa compagne s’éloignait, elle lui fit remonter son pantalon pour
+mieux examiner sa blessure.
— Ils ne t’ont pas raté. Tu as pu continuer à combattre avec ça ?
Il haussa les épaules.
— Dans le feu de l’action, et quand on a sa vie en danger... Et puis je
+n’avais pas tellement besoin de me déplacer.
— Je t’ai vu dans la bataille, de loin. Tu es impressionnant avec tes
+épées !
— Merci. Mais je ne sais pas ce que je serais devenu si vous n’étiez pas
+venus tous les trois à notre secours... Nous vous devons la vie.
+
À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
+compagne.
— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
+
+
+file au plus vite.
Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
+recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
+pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger ! Comment avait-il
+pu oublier ? Allait-elle bien ? La bataille avait dû être un choc pour elle...
+Il tourna la tête, mais il faisait sombre, et il ne la voyait pas. La jeune elfe
+lui sourit.
— Si c’est pour Sélène et Zach que tu t’inquiètes, rassure-toi, ils sont
+quelques pas derrière toi, et ils vont très bien.
Soulagé, il laissa la jeune elfe s’occuper de son genou.
+
Sélène +
Était-ce la peur qu’elle avait ressentie, le soulagement lié à la fin du
+combat, ou une combinaison des deux ? Ils avaient regardé l’homme partir
+avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après ?–, elle s’était
+retrouvée dans ses bras. Elle entendait les voix de leurs compagnons,
+autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas attention.
+
— Tu vas bien ? Tu as été blessé ?
— Je n’ai rien, ça va.
Ils restèrent quelques instants silencieux, sans bouger.
— Merci d’être venu à mon secours. À notre secours.
— ... J’ai eu si peur quand je t’ai vue aux prises avec ce bandit.
— Moi aussi. Je ne pensais pas que j’y arriverais...
Il ne répondit pas, et ne bougea pas, la gardant contre lui. Il sentait la
+sueur, le cuir de son armure, et le sang. Mais elle n’avait pas la moindre
+envie d’en bouger.
+
— Hm... désolée de vous interrompre, mais il faudrait qu’on bouge.
C’était la voix de Silwë. Ils se lâchèrent instantanément. Elle avait remis
+son sac en bandoulière, et tenait la jument d’Irdann par la bride. Quelques
+mètres plus loin, celui-ci s’approchait en boitant, tout en s’appuyant sur
+Aldariel. Un bandage entourait son genou, et son pantalon montrait des
+traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était
+blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
+bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
+
+
+montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
+blessure.
+
— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
+nuit.
Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
+marcher, et ils durent insister pour qu’il monte sur le cheval.
— Je me sens mal à l’aise d’être à cheval si tu vas à pieds...
Elle haussa les épaules en souriant.
— Ne sois pas bête. Tu es blessé, moi pas, et on ne doit pas traîner. Tant
+pis pour le code d’honneur.
Il soupira, et finit par accepter l’aide de Zach pour monter sur le dos de sa
+jument.
+
— Où va-t-on, une fois sortis ?
— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
+chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
+et votre nom.
Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom » ? Ce n’était
+peut-être pas le moment de le relever.
— Et vous trois, que ferez-vous ?
Zach haussa les épaules.
— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de
+place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une
+petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre
+battue...
— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de
+cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région,
+n’est-ce pas ?
— Je préfère dormir par terre que d’avoir à craindre pour ma sécurité,
+confirma Aldariel.
+
Ils avancèrent encore un peu en silence, puis Zach se tourna vers le
+groupe.
— Je peux toujours proposer à ma famille de nous héberger. Je ne pense
+pas qu’ils hurleraient à la vue de deux elfes, et je suis sûr qu’on est en
+sécurité chez eux.
Il marqua une pause, hésitant, puis se tourna vers elle et Irdann.
— Vous êtes également les bienvenus. Même si je comprendrais que vous
+préfériez une taverne à une petite chaumière.
— Cela ne me dérange pas du tout, si cela va à Sélène, j’accepte volontiers.
+Pour tout dire, je préfère aussi un lieu simple et sûr.
Elle hocha la tête en souriant, heureuse de pouvoir garder Zach près d’elle
+encore un peu. Même si ce n’était qu’une trève, et qu’il faudrait bien qu’à
+un moment où à un autre, ils se séparent...
— Tes parents sont ouverts sur la question des autres races humaines ?
Il lui sourit. Est-ce qu’il était content, lui aussi, de l’accompagner encore un
+peu ?
— Bah, si ce n’était pas le cas, ils n’auraient pas décidé de m’adopter, avec
+ma tête d’elfe.
Devant la tête suprise du paladin, il s’expliqua.
— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
+m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
+là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
+son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
+sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
+elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
+question.
Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une
+impression ? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
+succintement.
+
Silwë +
Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le +genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être +pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait +courage.