X-Git-Url: https://git.immae.eu/?a=blobdiff_plain;f=aventuriers.html;h=08fca86d0807f3073c7e406b7d2a2107069a70a5;hb=88cbc7bc8054294d2a8e8fa21935422e3552f8cb;hp=f82ff099c1100e2000346fe51f4f0529e2fa7126;hpb=7d7c75700a9726ee0a2967b750b8fdc6f76c3f4b;p=perso%2FDenise%2Faventuriers.git diff --git a/aventuriers.html b/aventuriers.html index f82ff09..08fca86 100644 --- a/aventuriers.html +++ b/aventuriers.html @@ -7,7 +7,7 @@ - + @@ -25,16 +25,16 @@ [
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http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.mobi @@ -2005,7 +2005,7 @@ class="ecti-1095"> sylvains ? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit. -Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que +Ce n’était pourtant pas si compliqué de faire moins de bruit que ça...

— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal ! ordonna l’un d’eux, qui semblait visiblement en charge.
— Tu penses pouvoir monter à cheval ? lui demanda Farl.
— Je devrais pouvoir m’accrocher... répondit-il faiblement. +class="newline" />— Je pense que ça ira... répondit-il faiblement.

Uhr le hissa sur sa monture, puis les deux hommes montèrent en selle.
— Je crois qu’ils ont lancé quelqu’un à notre poursuite, ne traînons pas, @@ -8576,11 +8576,550 @@ rage puis de surprise venant de l’autre direction. Elle ouvrit les yeux, e vit que du blanc à quelques mètres autour d’elle. Elle eut un sourire satisait et lança sa monture au galop pour rejoindre les autres. Un peu plus et elle-même les perdait de vue... +

Farl +

Il fermait la marche avec Sam. Il était difficile de savoir si on les +poursuivait avec le bruit du galop des chevaux, mais quelques cris au loin ne +lui donnaient pas beaucoup d’espoirs. Pourtant, si leurs poursuivants avaient +des chevaux, il leur faudrait probablement un peu de temps pour les faire +passer par le passage et descendre le massif... à moins qu’ils n’aient une +autre solution ? +

Devant lui, Zach s’était courbé sur sa monture, qui ralentissait. Sam +le vit, et lui fit un signe. Elle accéléra, et arrivée à la hauteur du +blessé, lui murmura quelque chose et attrapa ses rênes. Guidant son +cheval d’une main et celui de Zach de l’autre, elle leur fit aisément +rattraper leur retard. C’est vrai que Sam avait appris l’équitation avec + + +Uhr, qui était un des meilleurs cavaliers qu’il connaissait... et c’était +heureux. +

Après une course effrénée qui lui sembla durer un siècle, Uhr leur fit +signe de ralentir. Ils étaient sortis du brouillard depuis bien longtemps, et ils +n’entendaient que les bruits de la forêt autour d’eux.
— Inutile de tuer les chevaux. On va continuer plus lentement, en cherchant +plutôt à masquer nos traces.
— On retourne en ville ? Ils ne vont pas nous y trouver ? s’inquiéta +Sam.
— Si. Mais il sera plus compliqué de nous trouver ou d’agir là-bas qu’au +milieu de la forêt. +

Ils se remirent en route au pas. Ils coupèrent d’abord tout droit en +direction du village d’où venait Zach, puis changèrent plusieurs fois de +direction pour brouiller les pistes. Ils marchèrent ensuite dans un petit +ruisseau pendant un moment. L’eau glacée rafraîchissait les jarrets brûlants +des chevaux, tout en ne laissant aucune trace derrière eux. Malgré toutes +ces précautions, Farl passa le reste du trajet à surveiller le moindre bruit +suspect derrière lui. +

Le soir arriva, rien ne s’était passé. Zach était de plus en plus pâle et +s’était contenté, durant le trajet, d’enrouler la crinière de son cheval dans +ses mains pour ne pas tomber. Il fallut le soutenir pour qu’il ne s’effondre +pas en descendant.
— On mange un morceau et on souffle quatre ou cinq heures pas plus, +ordonna Uhr en sortant du matériel des sacoches.
— N’est-ce pas risqué de s’arrêter quand même ? interrogea Sam.
— Les chevaux sont épuisés, inutile de les tuer, nous en avons besoin pour +continuer demain, répondit-il en secouant la tête.
— On va monter la garde je suppose ? Pas de feu ?
— C’est ça. Essayez quand même de dormir un peu, ça ne serait pas inutile. +Comment va Zach ? +

Farl, de son côté, avait aidé le guide à s’asseoir et avait commencé à +dégager son dos. La brûlure formait un trait courbe partant de son flanc +gauche vers le milieu du dos, dessinant un arc qui s’enroulait. Il parvint à +dénouer son armure de cuir, sérieusement noircie, mais il dut déchirer sa + + +tunique pour dégager la plaie.
— Pas terrible, répondit-il. Tu peux faire quelque chose ? +

Ils nettoyèrent la blessure avec ce qu’ils avaient, mais Uhr, qui avait +appris à recoudre les plaies ouvertes et poser des attelles, ne pouvait rien +pour une telle brûlure. Il se contenta d’appiquer un baume et un bandage +pour le protéger. Puis ils mangèrent leurs quelques provisions tout en +faisant le point.
— Si tout se passe bien, nous devrions sortir de la forêt demain en début de +matinée, commença Uhr.
— Et ensuite, que fait-on ? On ne peut pas laisser Zach dans cet état, ajouta +Farl. C’est à cause de nous qu’il est comme ça...
Il lança un regard à son compagnon. Il avait réussi à manger un peu, et +s’était allongé sur le ventre, pâle mais conscient.
— Les médecins sont-ils bons, dans ce pays ? demanda Sam.
— Tu veux vraiment montrer une brûlure comme celle-ci à un médecin ? Il +faudrait lui expliquer d’où elle vient...
— Et je doute qu’il puisse faire des miracles de toutes façons, coupa Uhr. +Ce qu’il lui faut, si on ne veut pas que cette blessure mette des semaines, +voire plus, à guérir, c’est un mage soigneur.
— Il n’y a qu’à la capitale qu’on peut trouver ça, et le trajet est beaucoup +trop long, non ? ajouta Farl.
— Cela ferait d’une pierre deux coups : il faut absolument qu’on +rapporte au capitaine Mazrok tout ce que nous avons vu, fit remarquer +Uhr.
— Tu n’y penses pas... Le trajet est long, dangereux, et pénible pour un +blessé... D’autant plus dangereux avec tout ce que nous avons à raconter, +objecta Farl.
— Que veux-tu faire d’autre ? demanda Sam, un peu énervée. Trouve donc +un soigneur efficace dans la région !
— Il y a Sélène... +

Ils se retournèrent vers Zach, qui avait ouvert les yeux et s’était redressé +sur son coude en grimaçant.
— Tiens, tu as tout suivi ? lui demanda Farl.
Il hocha la tête. Il était toujours aussi pâle. Les trois autres échangèrent un +regard, puis se tournèrent à nouveau vers lui.
— Où est-elle ? demanda Farl.
— Elle est partie avec le paladin, Irdann. Au château de son père, le +seigneur Assem. Je ne sais pas si elle y est toujours... Elle devait partir pour +le fameux tournoi, ou peut-être pas ? Je ne sais plus...
— Mais peut-on lui faire vraiment confiance ? Si elle est de mèche avec nos +adversaires, c’est se jeter droit dans leurs griffes...
— Je suis prêt à prendre le risque, au point où j’en suis, coupa Zach. Et n’y +allez pas avec moi, inutile de risquer de vous compromettre.
Sam regarda alternativement le blessé et Farl puis leva les yeux au ciel. Soit +Zach était vraiment mal au point, soit il était vraiment accro à cette fille... +Peut-être les deux.
— C’est bien beau, répliqua Sam, mais tu ne vas pas aller frapper à la +porte du château du seigneur, « Bonjour, je suis un de vos fidèles +sujets et je suis blessé. Pouvez-vous laisser votre fille magicienne me +soigner ? ».
Zach soupira et s’apprêta à répondre. Mais Uhr l’en empêcha.
— J’ai une meilleure idée dans un premier temps, sans prendre de risque ni +pour nous ni pour Zach : tenter de contacter Irdann. Il a côtoyé Sélène +pendant un petit moment, et si besoin il pourra peut-être nous mettre +en contact avec elle. Au pire, il nous conseillera, il connaît bien +le coin, et il est le fils d’un des seigneurs les plus puissants de la +région. Et personne ici ne doute de sa loyauté envers nous, n’est-ce +pas ?
Ils hochèrent la tête. C’était probablement l’idée la plus raisonnable pour le +moment... Il ne put s’empêcher de remarquer une légère moue de la part du +blessé. Était-ce la douleur ou un doute ? +

Farl se porta volontaire pour la première garde. Alors que Sam et +Uhr s’étaient endormis, épuisés, Zach ne semblait pas trouver le +sommeil.
— Ça va ? lui demanda-t-il.
— J’ai connu mieux, murmura-t-il.
— Je suis vraiment désolé... J’aurais dû réagir plus vite, et t’éviter ce coup +en lançant mon dard plus tôt...
— Peut-être... ou peut-être qu’elle t’aurait vu et t’aurait visé à ma +place ? + + +

Ils se turent quelques instants.
— Tu peux être persuadé d’une chose, Zach, nous ne sommes pas du genre +à abandonner nos compagnons. Nous allons faire tout ce que nous pouvons +pour que tu sois sur pied au plus vite, et en sécurité. Essaie de dormir +quelques heurs déjà...
— Difficile... +

Farl se leva, fouilla dans les sacoches et en sortit un petit sachet de +poudre, qu’il dilua dans un peu d’eau dans le fond d’une gourde.
— Bois ça. Ça te fera dormir et calmera ta douleur pour un temps.
— Euh, c’est quoi ? Un poison d’assassin ?
— Parfois, les assassins ont besoin de neutraliser quelqu’un en le gardant +vivant, répondit-il en souriant.
— Hm... Je ne sais pas si ça doit me rassurer ou m’inquiéter. +

Il but néanmoins le contenu de la gourde, et quelques minutes plus tard, +tout le camp hormis Farl dormait profondément.

[
-

+

+

Uhr +

— Le sieur Irdann est encore ici, mais non il ne vous est pas possible de le +voir, indiqua le garde avec fermeté.
— Mais pourquoi ? demanda Uhr.
— Il ne reçoit pas de visiteurs. De plus, il est en grands préparatifs de +départ et ne souhaite pas être dérangé.
— De départ pour où ?
Le garde se mit à rire.
— Comment, vous ne savez pas ? Dame Sélène et lui partent demain, à +l’aube, pour le duché De Vane. Il fait partie de son escorte...
— Je vous en prie, je dois absolument lui parler ! Dites-lui mon nom, et il me +fera entrer...
L’homme secoua la tête.
— Je respecte les ordres de mes maîtres.
— Ne peut-on pas s’arranger ? Vous ne devez pas être très bien payé, à +garder l’entrée du château.
— Je suis loyal à mon seigneur, et je ne mange pas de ce pain-là, +monsieur.
— Vous faites bien. Pardonnez moi. Au revoir et bonne garde. +

Uhr soupira et lui tourna le dos. Pour une fois qu’il regrettait d’avoir +affaire à un garde vraiment honnête... Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il fit +demi-tour, réfléchissant à comment contacter Irdann avant qu’il ne quitte la +région. Ou peut-être pouvait-il lui parler en chemin ? Sam lui avait dit +qu’elle ne pouvait plus invoquer d’enchantement puissant avant quelques +jours, et son prochain rêve était de toutes façons destiné à informer le +capitaine de leurs aventures... +

— Attendez !
Il se retourna en entendant la voix du garde.
— Si vous tenez vraiment à contacter votre ami, et s’il est vraiment votre +ami...
— Oui ?
— Je peux peut-être lui faire parvenir un mot de votre part.
— Vraiment ? demanda Uhr, avec une lueur d’espoir dans les yeux.
— Je ne crois pas que ce soit défendu. Mais ce ne sera pas avant trois +heures, quand je suis relevé de ma garde.
— Ce serait formidable, comment vous en remercier ?
— Hé bien, puisque vous le dites, dit le garde avec un air un peu gêné, +j’aimerais que vous me rendiez un petit service en échange.
Uhr se rapprocha de lui. Le même garde qui ne « mangeait pas de ce +pain-là » il y a quelques instants... Comme s’il devinait sa pensée, l’homme +éclata de rire.
— Ha, qu’allez-vous imaginer ! Je vous ai dit que j’étais loyal à mon maître. +Absolument rien d’illégal, d’immoral ou de dangereux ! Êtes-vous libre ce +soir ? +

Irdann + + +

Cher Irdann, +

J’espère que cette lettre va te parvenir à temps. +

Je suis en ville actuellement, avec quelques compagnons. Il est trop long +et dangereux de t’expliquer sur ce papier pourquoi et comment, toujours +est-il que nous avons besoin de ton conseil et éventuellement de ton secours. +Un de nos compagnons, un jeune guide de la région que tu sembles +connaître, est gravement blessé. Peux tu nous trouver, ce soir, à l’auberge du +Taureau à une corne ? Que tu viennes toi ou que tu envoies quelqu’un de +confiance, il est impératif que tout cela se fasse dans la plus grande +discrétion. Je t’expliquerai. +

+

+ Ton ami,
+Uhr

+

Assis sur le lit de la chambre –petite mais confortable– qui lui +avait été attribué, il relisait la lettre, qu’un de ses gardes lui avait +apporté il y a une heure, essayant de comprendre. Que faisait Uhr +ici ? Quelles étaient ces histoires qui demandaient de la discrétion ? +Le bruit de quelqu’un frappant à la porte l’interrompit dans ses +pensées.
— Irdann ? demanda la voix de Sélène.
Il courut lui ouvrir. La jeune femme, vêtue d’une ample robe violet et +crème, entra dans la chambre.
— Tu voulais me voir ?
Pour toute réponse, il lui tendit le morceau de papier, tout en fermant +soigneusement la porte derrière lui. +

Sélène lut la lettre une première fois en fronçant les sourcils.
— Je ne comprends pas pourquoi tu me montres tout ça... Je ne connais pas +ce Uhr et...
Elle s’interrompit et relut un passage.
— Attends, qu’est-ce qu’il veut dire par « un jeune guide de la région que tu +sembles connaître » ? De qui parle-t-il ?
— Il parle probablement de Zach... Je ne vois pas quel autre jeune guide je +suis censé connaître dans le coin.
— Le message dit qu’il est blessé ! Comment ? Et qui est ce Uhr à la +fin ?
— Uhr est un ami que j’ai rencontré à la capitale, lorsque j’étais à la garde +du palais, avec Silwë entre autres.
— Mais que fait-il ici ? Qu’a-t-il à voir avec Zach ?
— Ça, je l’ignore. La dernière fois que je l’ai vu, il était toujours à la +garde, il avait même obtenu une promotion intéressante, et il s’était +installé en ville avec sa... femme, qui est fleuriste. Je ne sais pas ce +qu’il peut être venu faire dans la région. Quand au rapport avec +Zach...
Il espérait qu’elle ne remarque pas son hésitation, mais vraisemblablement +Sélène se préoccupait peu de ces détails pour l’instant. Il reprit.
— ... Comme toi, d’autres gens peuvent avoir besoin d’un guide, +non ?
Sélène haussa les épaules et attendit quelques instants avant de répondre. +Comme si elle se rappelait soudainement la raison initiale pour laquelle elle +s’était mise en contact avec Zach.
— Admettons. Que fait-on alors ?
— Si je n’avais pas entièrement confiance en Uhr, je dirais que c’est un +piège plutôt mal monté.
Elle fronça les sourcils.
— Tu es sûr que c’est lui, au moins ?
— Oui. Je reconnais son écriture, et sa façon assez inimitable de signer. De +plus, la description que m’en a fait le garde qui m’a apportée ce message +correspond.
— Tu veux y aller alors ?
— Évidemment. Je ne sais pas encore comment, par contre.
— Et tu feras quoi une fois auprès de lui ?
— Je verrai, je suppose. Pourquoi, demanda-t-il, tu vois autre chose ? +

Sélène fit quelque pas et le fixa droit dans les yeux.
— Je peux y aller à ta place.
— Quoi ?
Il se tut quelques instants, surpris. Elle en profita pour continuer.
— Le mot ne précise-t-il pas que tu peux envoyer quelqu’un de confiance à +ta place ? Et puis tu ne peux pas faire grand chose pour Zach, s’il est +vraiment blessé. Moi oui.
— Tu marques un point, admit-il.
Elle afficha un petit sourire de victoire et s’assit sur une chaise en face de +lui.
— Mais... cela reste très risqué. Tu comptes utiliser ta... magie pour l’aider ? +objecta-t-il.
Il avait malgré lui prononcé le mot « magie » un peu plus bas que les +autres, comme s’il craignait que malgré l’épaisseur des murs, on puisse +l’entendre.
— C’est mon problème. D’abord je n’ai pas que mes sorts, ensuite Zach +connaît déjà mon secret.
— Et si c’était un piège ?
— Ce n’est pas toi qui disais que tu étais sûr de l’origine de la lettre ?
— Je fais confiance à Uhr, y compris pour assurer ta sécurité s’il le faut, +mais si quelqu’un t’attendait sur le chemin ?
— Si ce quelqu’un s’attend à te voir toi, cela peut le contrarier de ne pas +te voir arriver. Voire mieux, il peut ne même pas faire attention à +moi... +

Il fit une moue en s’asseyant sur le lit.
— Il reste le « comment ». Comment tu comptes sortir incognito du +château, comment tu vas te rendre là-bas, ...
Elle savait qu’elle était en train, petit à petit de le convaincre. Elle +sourit.
— Ça, c’est la partie facile.
— Vraiment, demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Elle se leva.
— Allons Irdann, comme moi, tu as grandi dans ce genre de place forte +n’est-ce pas ? Conçue à la base pour résister à une armée d’assaillants...
— Oui, c’est bien la raison pour laquelle il est à la fois difficile d’y entrer et +d’en sortir.
— Mais ne me dis pas que, au château du duc De Vane, il n’y a pas, quelque +part, un souterrain qui, en temps de guerre, permettait de se sauver si tout +espoir était perdu...
— Si, admit-il. De mémoire, mon père l’avait fait murer parce qu’il était +devenu inutile en cette période de paix, et il menaçait de s’effondrer.
En fait, maintenant qu’il y réfléchissait, il était bien possible qu’il ne +s’agisse que de la version officielle... Sélène reprit, interrompant ses +réflexions.
— Ici, une partie de ce passage a été réhabilitée, et une sortie a été +aménagée en ville pour que les serviteurs puissent faire facilement des allers +et retours au gré des besoins.
— Et cette sortie est gardée ?
— Un seul garde, qui peut pas connaître tout le personnel, et qui ne saura +pas que c’est moi évidemment.
— Tu en es sûre ?
Elle haussa les épaules.
— J’ai été absente durant plusieurs années, donc mon visage a été un peu +oublié. Et habillée en sage servante qui sort visiter sa mère en ville, je doute +qu’on me pose beaucoup de questions.
— Laisse-moi t’accompagner, au moins. Je peux aussi m’habiller de manière +modeste, et assurer ta sécurité.
— Ce serait l’idéal, en effet.
— Il reste à voir comment nous allons masquer notre absence. Y a-t-il des +serviteurs en qui tu as suffisamment confiance ?
Elle fit la moue.
— Pas trop, justement, puisque j’ai été absente trop longtemps... +
Elle fit quelques pas dans la pièce en réfléchissant.
— En fait, le seul moyen que je voie, c’est que tu couvres mon absence. Et +que tu restes ici.
— Pardon ?
— Je n’ai qu’à faire croire que je suis avec toi, ici. Ta chambre n’est pas très +loin des cuisines, d’où je pourrai facilement rejoindre la sortie sans être +remarquée.
Irdann rougit soudainement.
— Mais tout le monde va croire que nous...
Elle pouffa de rire.
— Tout le monde en est déjà persuadé, ça ne changera pas grand chose. + + +En plus, c’est l’excuse parfaite pour refuser qu’on ouvre la porte, +non ?
— Certes...
— Bon, le repas de ce soir ne va pas tarder à être servi, on se retrouve ici +après ?
— Tu veux y aller ce soir ?
— On doit partir demain, ça va être compliqué de trouver une excuse pour +rester un jour de plus...
— Tu auras le temps de trouver des vêtements adaptés ?
— Je me débrouille, ne t’inquiète pas. +

Lorsqu’elle fut sortie, Irdann resta quelques instants seul à réfléchir, un +peu abasourdi par la tournure qu’avaient pris les événements. Il +n’aurait peut-être pas dû montrer la lettre à Sélène après tout... Mais +il reconnaissait qu’en effet, s’il fallait soigner un blessé, elle était +probablement la plus compétente. Surtout s’il s’agissait de Zach... Mais tout +de même, et même si elle avait su montrer qu’elle avait plus de sang-froid et +de ressources que beaucoup d’autres jeunes femmes, il ne pouvait +s’empêcher de craindre pour sa sécurité. Si au moins il pouvait lui donner +un moyen de défense... Mais il n’avait que ses épées, et qu’en ferait-elle de +toutes façons ? +

Sélène +

Sélène quitta sa chambre une vingtaines de minutes après le dîner. Elle +avait emprunté quelques vêtements à sa femme de chambre, qui logeait +juste à côté. Si elle lui ramenait le lendemain, celle-ci ne s’en rendrait +probablement même pas compte... Au pire elle inventerait une excuse +quelconque. +

En sortant, elle croisa la servante en question, et lorsqu’elle lui expliqua +où elle allait, la jeune femme lui adressa un regard à la fois complice et +envieux. C’est vrai que le jeune et élégant paladin avait déclenché de +nombreux sourires admiratifs parmi le personnel féminin, et elle connaissait +plus d’un homme qui en aurait abondamment profité. Irdann ne semblait +pas les voir, ou peut-être était-il suffisamment malin pour tirer parti de la +situation en toute discrétion, qui sait ? + + +

Zach, lui, aurait été du genre à en profiter, c’est sûr. D’ailleurs, +depuis le temps qu’il était guide, combien de voyageuses avaient +fini dans ses bras ? Et dire que vis-à-vis d’elle il n’osait pas assumer +grand-chose... Quel idiot, vraiment. Il était bien courageux quand il +fallait affronter des bandits ou des monstres, mais face à elle, quel +froussard... +

Elle secoua la tête. Comment pouvait-elle médire de lui comme cela, +alors que d’après la lettre adressée à Irdann, il était gravement blessé ? Et +blessé comment, à quel point, pourquoi ? Et s’il ne tenait pas le coup jusqu’à +ce qu’elle arrive ? Elle chassa aussitôt cette pensée terrible, et frappa à la +porte de la chambre d’Irdann.
— Ah, tu es là. Tu as tout ce qu’il faut ?
Elle montra sa sacoche en entrant dans la pièce.
— J’ai là dedans tout un tas de remèdes, et une robe de servante.
— Personne ne t’a posé de questions dessus ? demanda-t-il en fronçant les +sourcils.
— Les serviteurs sont vraisemblablement bien plus intéressés par les ragots +que par ça, répondit-elle en souriant. +

Elle commença à se préparer, tandis qu’Irdann, le dos tourné, lui +donnait quelques instructions.
— Tu reconnaîtras Uhr facilement. C’est un grand gaillard, au teint pâle, +aux cheveux châtains bouclés et à la carrure impressionnante.
— Ce n’est pas courant, comme nom... d’où vient-il ?
— Il est originaire des plaines barbares. Mais ne te fie pas à son air de brute +épaisse, il est aussi stupide que Silwë ou Aldariel sont inoffensives... si tu +vois que je veux dire.
— J’imagine oui. Il n’est pas censé avoir des « compagnons » ?
— Aucune idée de qui il peut s’agir. Tout dépend de la raison pour laquelle +il est ici.
— Il est censé t’attendre, ou attendre de tes nouvelles. Si je dis que je viens +de ta part il devrait me faire confiance non ?
— Probable. Je ne sais pas jusqu’à quel point, mais je suppose qu’il te +laissera au moins t’occuper de Zach...
— Mais j’espère bien ! Sinon pourquoi en aurait-il parlé dans sa lettre ?
— Je pensais plutôt au fait qu’il ne sait pas qui tu es et ce dont tu es + + +capable...
— C’est vrai. Peut-être que Zach pourra parler en ma faveur ? Enfin, s’il est +conscient...
Irdann haussa les épaules, toujours tourné vers le mur.
— Sinon, il te faudra le convaincre. Puisque je suppose que tu n’as pas +l’intention de tout lui expliquer.
— Évidemment que non. Ça va pas la tête ?
— Pense alors à trouver une explication, si ton moribond se met à sauter de +son lit après quelques minutes de soin.
— ... En effet.
— Dans tous les cas, garde en tête le fait qu’il vient de la capitale. Tu dois +le savoir encore mieux que moi, les mages soigneurs y ont pignon sur rue, +et même lui a déjà eu affaire à eux... Il sait parfaitement ce que +c’est.
— Tu peux te retourner. +

Elle avait enfilé une robe à bretelles marron foncé par dessus une +chemise de lin blanche –du moins qui avait été blanche à un moment donné. +À ses pieds, elle avait mis les bottines qu’elle avait gardées après son +escapade dans la forêt, et qui allaient très bien avec son déguisement. Pour +parfaire le tout, et en guise de manteau, elle avait couvert sa tête et ses +épaules d’un long châle de laine grise.
— Alors ?
— Impeccable, répondit-il en souriant.
— Bon, je vais me mettre en route... Je pense que c’est le bon moment, +dit-elle en réajustant sa sacoche.
Irdann la raccompagna jusqu’à la porte.
— Promets-moi de ne prendre aucun risque, lui murmura-t-il. S’il t’arrivait +quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais... +

Uhr +

Le soir était tombé, et Uhr s’était mis en route à travers la campagne. +Sa monture avançait calmement sur le soleil qui se couchait. Il avait choisi +de partir en avance, afin de pouvoir prendre son temps. Après leur course +éperdue dans la forêt, les pauvres bêtes avaient besoin d’être ménagées. Et +puis, la « mission » qu’on lui avait confiée n’était pas à la minute + + +près... +

Luros, c’était le nom du garde, avait donné rendez-vous à sa fiancée au +bal de son village, qui avait lieu ce soir. Malheureusement, un de ses +collègues s’étant blessé, il avait dû le remplacer au pied levé pour sa ronde +de la soirée. À Uhr la charge de transmettre, via une lettre, les excuses à la +damoiselle en question. Il avait connu plus dangereux comme mission, à +moins que la jeune paysanne ne prenne très mal la nouvelle et ne s’énerve +sur lui ? +

Il déplorait son absence au chevet de Zach, surtout si Irdann devait venir +le voir ce soir, mais il faisait confiance à Sam et Farl pour gérer efficacement +la situation. Ces derniers s’étaient relayés durant la journée pour se +renseigner sur les différentes entrées et sorties du château, ainsi que +du personnel, pour savoir d’où viendrait leur ami, et si possible lui +faciliter la tâche. Mais il ignorait si ces recherches avaient porté leurs +fruits. +

Après un tournant sur le sentier, il arriva en vue du village. Des +lumières de lampions, visibles dans la nuit tombée, et des bribes de musique +lui confirmèrent qu’il était au bon endroit. Il mit pied à terre en arrivant +sur la place, et après avoir attaché et pris soin de sa monture, il se dirigea, à +travers l’animation, vers un comptoir installé sur quelques tréteaux. Il +commença par commander une bière, puis s’adressa au jeune homme qui +servait les boissons.
— Excusez-moi, vous ne connaîtriez pas une damoiselle du nom de +Lysielle ?
— C’est moi, répondit une voix derrière lui. +

Il se retourna vers celle qui venait de lui parler. C’était une jeune femme +aux longs cheveux noirs, au regard noisette et à l’air décidé. Elle était +accoudée au comptoir avec un verre, elle aussi.
— Qu’est-ce que vous voulez ?
— Je viens de la part de votre fiancé, Luros.
— Qu’est-ce qu’il a, il ne peut pas venir lui-même ?
Vu l’expression de la damoiselle, il allait devoir sortir l’outil diplomatie.
— Hélas, il a dû remplacer en urgence un de ses compagnons, qui s’est +blessé au service de son seigneur, expliqua-t-il en s’inclinant.
Certes, en vérité, lui avait dit le jeune garde, le compagnon en question +s’était blessé à l’épaule en chutant de cheval à cause d’une étrivière trop +vieille qui avait lâché. Mais c’était beaucoup moins intéressant à +raconter.
— Quoi, s’énerva Lysielle, vous voulez dire qu’il est de service ce soir et +qu’il ne viendra pas du tout ?
— Malheureusement, non. Il m’a demandé de vous faire parvenir cette +lettre, ajouta Uhr en lui tendant la missive. +

La jeune paysanne prit la lettre en fronçant les sourcils, et la parcourut +des yeux. Un petit sourire et un léger rougissement apparurent sur son +visage à la fin de la lecture.
— J’espère, avança-t-il prudemment, que vous lui pardonnerez.
— Oh, lui, il passera un sale quart d’heure quand je le verrai !
— Votre fiancé ne fait que son devoir. Il ne va pas laisser son seigneur sans +protection, tempéra Uhr.
— Justement, le seigneur a plein d’argent ! Pourquoi n’engage-t-il pas +quelques gardes en plus ? tempêta-t-elle.
— Je ne doute pas que s’ils vous engageaient vous, le sieur Assem et sa +famille seraient plus qu’en sécurité.
Lysielle marqua un moment de surprise, puis voyant l’air amusé de son +interlocuteur, éclata de rire. Elle glissa alors la lettre dans son corsage, et +reprit, sans transition.
— Bon, c’est pas tout ça, mais j’étais venue danser, et je me retrouve sans +cavalier. Vous venez ?
Et sans lui laisser le temps de répondre, elle l’entraîna vers la piste de +danse. +

— Vous savez, avoua-t-il humblement après une première danse, je ne +connais les danses de la région.
— Ah ? Pour quelqu’un qui apprend sur le tas, vous vous en sortez pas mal, +répondit-elle en souriant. Mieux que cet idiot de [ToDo!], qui pourtant est +censé les connaître.
— Qui est ce garçon ?
Elle leva les yeux au ciel.
— Le fils du charpentier, mon voisin. Il me tourne autour depuis six mois, +même s’il sait que je suis fiancée à Luros. J’ai beau l’envoyer balader à + + +chaque fois, il insiste... +

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