<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2014-12-20 23:32:00">
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<img
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" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 127--><p class="nopar" >
-<!--l. 129--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-<!--l. 131--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
+<!--l. 5--><p class="indent" > Tenant à la main un bougeoir, elle s’avança dans l’immense pièce,
éclairée uniquement par quelques fentes de lumière sur les murs et la lueur
de sa bougie. Elle portait une longue robe de couleur crème, aux longues
manches et lacée sur le devant, avec des liserés dorés. Ses cheveux
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
-<!--l. 133--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
+<!--l. 7--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
araignées, voire parfois les rats, qu’on trouvait ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de
s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas
été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... Tout ce qui n’avait pas été
considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
salle du trésor.
-<!--l. 135--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
+<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
deux parents avaient fait en sorte qu’elle soit éduquée comme une
n’abîmerait pas ses mains délicates au travail, et ne noircirait pas son teint
pâle au soleil. Et puis, elle aurait de la conversation avec son futur
époux.
-<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
+<!--l. 11--><p class="indent" > Elle soupira. Elle savait que ses parents espéraient la marier, plus tard, à
un riche seigneur voisin, pour gagner leur soutien et protection, et cette idée
ne l’enchantait guère. Mais que pouvait-elle faire d’autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’évader dans
ces vieux livres, et rêver, seule, dans ce grenier poussiéreux. Elle avait
quatorze ans, et cela faisait presque un an qu’elle venait régulièrement lire
ici.
-<!--l. 139--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
+<!--l. 13--><p class="indent" > Elle était arrivée devant l’une des vieilles armoires à moitié rongées par
les termites. Le dernier livre qu’elle avait lu parlait de plantes médicinales –
qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes...
Il y avait de tout, dans le désordre. Elle lisait tout, s’intéressait à
tout.
-<!--l. 141--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
+<!--l. 15--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire qui les maintenait s’effondra brusquement. Elle sursauta et la
flamme de la bougie vacilla. Si l’armoire s’était écrasée sur elle... Mais à
part un tas de livres par terre, rien de grave ne s’était passé. C’est
chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 143--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
+<!--l. 17--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
que les autres. Tremblante, elle le saisit, et s’assit à côté de la bougie pour
l’ouvrir. L’écriture, très ancienne, était difficile à déchiffrer, mais elle
parvint à lire les quelques premières pages. La peur la saisit. C’était un livre
de magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-<!--l. 145--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers,
+<!--l. 19--><p class="indent" > La magie était une chose très dangereuse, disait-on. Les sorciers,
pour la pratiquer, concluaient de terribles pactes en vendant leur
âme à des divinités maléfiques. Pour s’en protéger, on les chassait,
les torturait et parfois, on les brûlait vifs. Un frisson la traversa.
Ranger ce livre maudit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le brûler<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le ramener à ses parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ... Le
lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 147--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
+<!--l. 21--><p class="indent" > Y avait-il un risque à simplement le lire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-elle déjà perdu son
âme en l’ouvrant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Si c’était le cas, peut-être était-ce déjà trop
tard...
-<!--l. 149--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
+<!--l. 23--><p class="indent" > Elle regarda autour d’elle, vérifiant une fois de plus qu’elle était seule, et
avec un sentiment d’excitation coupable, se mit à lire.
-<!--l. 151--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 25--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 153--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
+<!--l. 27--><p class="indent" > La flèche venait de rater une fois de plus sa cible. Elle soupira.<br
class="newline" />— Encore raté...<br
class="newline" />— Un peu moins que la dernière fois, pourtant. Tu n’es pas si loin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle regarda son frère, qui s’entraînait à côté. Il aimait la railler à
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
sagesse.
-<!--l. 169--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
+<!--l. 43--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
ressemblait à une salle d’entraînement.<br
class="newline" />— Ta mère m’a dit que tu voulais devenir soldat, comme elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— À partir de maintenant, tu viendras t’entraîner régulièrement à l’épée,
ici. Cela te convient-t-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête.
-<!--l. 194--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 68--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 196--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
+<!--l. 70--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus,
vêtus de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une
et bien qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares
adultes de leur clan, leur musculature aurait pu impressioner plus d’un
citadin.
-<!--l. 198--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
+<!--l. 72--><p class="indent" > Uhr, le plus jeune, était en tête. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet de la
petite colline, il leur fit signe de s’arrêter.<br
class="newline" />— Là, regardez<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Devant eux s’étalait un troupeau d’aurochs sauvages, qui broutait
va<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les deux jeunes gens tirèrent leurs épées, et commencèrent à dévaler la
colline en direction des aurochs.
-<!--l. 206--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
+<!--l. 80--><p class="indent" > Uhr haussa les épaules. Il savait qu’il réfléchissait un peu trop et ne
tapait pas assez. Pourtant l’autre jour son hésitation à attaquer un fauve à
dents longues des plaines –pire, une mère protégeant ses petits– leur avaient
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
défaut<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
inutile, dégaina son épée, et courut à la suite de son frère et de sa
sœur.
-<!--l. 212--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 86--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 214--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
+<!--l. 88--><p class="indent" > Cela faisait quelques heures qu’ils marchaient ensemble en silence. Le
prêtre qui l’accompagnait semblait de bonne humeur, mais il n’osait pas le
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
quelqu’un sur place en une parole.
-<!--l. 216--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
+<!--l. 90--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
pendentif d’or ornait sa poitrine, et une épée pendait à sa ceinture de cuir.
Il marchait en s’aidant d’un long bâton de bois et portait sur le dos un large
sac en cuir, visiblement rempli.
-<!--l. 218--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 92--><p class="noindent" >— Hm... prêtre Khil<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre considéra un instant le jeune garçon, vêtu d’une tunique rouge,
d’un pantalon brun, et d’une paire de bottes en cuir épais. Une longue
épée, presque aussi grande que lui, était attachée dans son dos. Il lui
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 234--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
+<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Oui. Depuis que je suis prêtre, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai vécu de
nombreuses aventures...
-<!--l. 251--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
+<!--l. 125--><p class="indent" > Irdann regarda à nouveau le prêtre. La robe qu’il portait dissimulait
assez efficacement une certaine carrure, et son rythme de marche
montrait son endurance. Le bâton de marche était-il là pour faire
semblant d’être inoffensif<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il devait être redoutable sur un champ
verrons bien.<br
class="newline" />Il lui sourit, et ils se remirent en route. Le chemin était long jusqu’à la
capitale.
-<!--l. 258--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 132--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 134--><p class="indent" > Debout devant elle, ils tremblaient de tous leurs membres. Surprise<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Colère<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Incrédulité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Panique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Probablement un peu de tout
+cela. Le grenier dans lequel elle les avait amenés était dans un sale état,
+mais c’était le seul endroit où elle pouvait pratiquer la magie sans être vue
+ou entendue...
+<!--l. 136--><p class="indent" > Suivant pas à pas les conseils du livre, elle avait découvert qu’elle avait
+un certain don pour cela. Avec de la persévérance, elle avait réussi à
+lancer son premier sort, paraît-il le plus simple, une boule de feu, et
+elle avait manqué de brûler la bibliothèque. Le livre disait aussi
+qu’il était très difficile de contrôler sa propre énergie magique... De
+nombreuses traces noires couvraient désormais les murs et le sol
+du grenier, et un certain nombre de vieux meubles en bois avaient
+brûlé.
+<!--l. 139--><p class="indent" > À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en
+crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa
+démonstration spectaculaire. <br
+class="newline" />— Ce n’est pas possible...<br
+class="newline" />— Notre propre fille, une sorcière...<br
+class="newline" />Elle se tenait entre eux et la porte du grenier. Elle ne cherchait pas
+particulièrement à les empêcher de sortir, mais elle voulait qu’ils l’écoutent
+avant.<br
+class="newline" />— Arrêtez avec vos histoires. Les sorciers ne sont pas maléfiques, en tous
+cas pas tous. Vous ne croyez quand même pas à toutes ces histoires de
+démons<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Ils avouent tout de même...<br
+class="newline" />Elle secoua la tête d’un air rageur.<br
+class="newline" />— Avec les tortures qu’on leur inflige<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’importe qui avouerait n’importe
+quoi. Ne soyez pas idiots.<br
+class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
+quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
+peut-être n’était-ce pas le cas de tous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Regardez-moi. Suis-je devenue un monstre en apprenant un peu de
+magie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 151--><p class="indent" > Ils l’observèrent un moment. Elle n’avait pas vraiment changé ces
+dernières années, à part un peu grandi, mais ce n’était vraisemblablement
+pas une histoire de magie. Pourtant... ils avaient la sensation que leur
+fille leur échappait, qu’elle n’était pas la jeune fille qu’ils auraient
+voulu qu’elle soit, qu’elle ne pensait pas comme ils auraient voulu
+qu’elle pense. Peut-être était-ce juste cela, être une sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ne
+pas être celle que les autres attendaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce maléfique pour
+autant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 153--><p class="indent" > Elle soupira, et interrompant leurs pensées, fit apparaître lentement une
+seconde boule de feu dans sa main gauche. Ses parents firent un pas en
+arrière, effrayés.<br
+class="newline" />— Écoutez, si vous comptez me dénoncer, je lance cette boule de feu par la
+fenêtre. Toute la ville la verra et vous serez aussi embêtés que moi vis à vis
+de votre peuple.<br
+class="newline" />La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration.
+Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique
+grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme.
+Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...<br
+class="newline" />— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part
+vous ne le saura.<br
+class="newline" />La taille de la flamme diminua lentement, à mesure qu’elle se calmait.<br
+class="newline" />— Si vous me laissez étudier la magie comme je le souhaite, je ferai tout
+pour garder sauf l’honneur de la famille. Je ferai tout ce que vous voudrez.
+J’épouserai qui vous voudrez. S’il vous plaît...<br
+class="newline" />Un silence passa, durant lequel ils semblèrent considérer cette idée.<br
+class="newline" />— Aaaïe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
+énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
+
+
+mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
+–presque– apaisée.<br
+class="newline" />— Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
+former.<br
+class="newline" />— Je peux... m’en occuper.<br
+class="newline" />Elle se concentra, malgré la douleur vive. Il y avait cet autre sort qu’elle
+avait appris. Un sort pour soigner... Il était, d’après le livre, plus complexe
+que celui du feu, et elle avait beaucoup moins d’occasions de le pratiquer.
+Mais les quelques fois où elle avait essayé, le résultat n’avait pas été si
+mauvais. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. La douleur avait
+considérablement diminué, et les cloques avaient disparu, même si
+la peau restait un peu rouge et sensible. Elle lâcha un soupir de
+soulagement.<br
+class="newline" />— Vous voyez, la magie peut être bénéfique, aussi.<br
+class="newline" />Son père observa tour à tour sa main, son visage, et celui de son épouse, qui
+semblait réfléchir, un peu en retrait. Celle-ci finit par s’approcher
+également.<br
+class="newline" />— J’ai peut-être une idée...
+<!--l. 171--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-<!--l. 260--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
+<!--l. 173--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
s’adonnait à ce genre de sport, Ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
pas tomber. Écartant cette pensée, il se remémora ces dernières années, si
bien remplies...
-<!--l. 269--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
+<!--l. 182--><p class="indent" > Il était né dans une famille très pauvre de la capitale, et avait été laissé
plus ou moins à l’abandon, sa pauvre mère n’ayant pas les moyens de
le nourrir. Il vivotait de chapardages et de mendicité. Il était très
doué, et avec sa petite taille et sa rapidité, il arrivait toujours à
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
+
+
ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
-<!--l. 279--><p class="indent" > Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait
+<!--l. 192--><p class="indent" > Depuis –il esquissa un sourire à l’évocation de ce souvenir–, sa vie avait
radicalement changé. Déjà parce qu’il était logé, nourri et habillé
par son maître, mais surtout parce qu’il passait ses journées –et
surtout ses nuits– à apprendre les ficelles du métier. Déplacement
stylets de contact ou de lancer, poisons et antidotes, et comme ce soir,
escalade. La ville était devenue un grand terrain d’entraînement et de
jeu.
-
-
-<!--l. 288--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
+<!--l. 201--><p class="indent" > Arrivé au troisième étage du bâtiment, il regarda discrètement si
quelqu’un se trouvait à la fenêtre, et constatant que non, il s’assit sur le
rebord pour souffler quelques instants. Il aperçut, en bas, quelques passants
– fêtards, malfaiteurs, gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? – marcher dans la rue sans le voir. Il n’était
qu’une ombre parmi les ombres de la nuit.
-<!--l. 295--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
+<!--l. 208--><p class="indent" > Il prit une grande inspiration et se releva. Ses doigts trouvèrent
naturellement une nouvelle prise sur le mur, et il reprit son ascension.
L’escalade de ce bâtiment n’était pas particulièrement difficile, avec toutes
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
solidité de son attache, il grimpa lestement jusqu’au sommet du
bâtiment.
-<!--l. 307--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
+<!--l. 220--><p class="indent" > Assis sur le faîte du toit, son maître l’attendait en souriant.
Était-il monté par l’escalier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avait-il escaladé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plus rien ne le
suprenait venant de lui de toutes façons. Il regarda une montre à
gousset.<br
class="newline" />— Il ne te manque pas grand chose pour valider ta formation. Une première
mission.<br
class="newline" />Farl le regarda, les yeux brillants.
-<!--l. 319--><p class="noindent" > <span
+<!--l. 231--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
-<!--l. 321--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 233--><p class="noindent" >— Bon, allez, on fait une pause<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />À ces mots bénis, Zach se releva avec un soupir de soulagement, ruisselant
-
-
de sueur. Il avait arrêté de compter les bûches qu’il lui restait à fendre et
celles qu’il avait déjà débitées. Il se tourna vers ses deux frères, qui, comme
lui, posèrent leur hache, et se dirigèrent vers l’ombre fraîche et accueillante
l’autre soir.<br
class="newline" />— C’est avec son petit air d’elfe, ça plaît aux filles. Mais ça n’aide pas à
couper du bois.
-<!--l. 334--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
+<!--l. 246--><p class="indent" > Zach sourit et haussa les épaules, puis reprit une gorgée rafraîchissante,
se remémorant la soirée de la veille.
-<!--l. 336--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
+<!--l. 248--><p class="indent" > C’est vrai qu’il était un peu plus petit et nettement plus frêle que ses
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
+
+
arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
pas été déposé là, mais ne regrettait pas le moins du monde celle qu’il
vivait.
-<!--l. 339--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
+<!--l. 251--><p class="indent" > Alors qu’ils s’apprêtaient à se remettre au travail, ils aperçurent un
carosse, richement décoré, escorté par trois soldats à cheval. Les soldats
portaient l’enseigne de leur seigneur, sire Assem, et se dirigaient vers la
forêt. Apercevant les trois adolescents, tous trois vêtus d’une simple
tunique, d’un pantalon et de vieilles bottes, ils se dirigèrent vers eux. Ils
étaient impressionnants, avec leurs cottes de mailles, leur casque et leurs
-
-
épées et boucliers au côté.<br
class="newline" />— Bonsoir jeunes gens. Nous cherchons un endroit où passer la nuit, pour
nous et la damoiselle que nous escortons.<br
class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 346--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
+<!--l. 258--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 349--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
+<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
forêt.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 357--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
+
+
Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
libre.<br
class="newline" />— D’accord.
-<!--l. 361--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 363--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 275--><p class="noindent" >— Oui, Aldariel, tu voulais me voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />La jeune elfe fit quelques pas dans la salle du trône. Elle était petite et
frêle, vêtue d’une robe mi-longue blanche, pieds nus, un diadème
argenté retenant ses longs cheveux noirs emmêlés. Cet endroit était si
impressionnant. Et son père avait l’air si imposant quand il était assis sur
-
-
son trône<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et elle se sentait toujours si petite face à lui dans ces
conditions... Sentant sa gène, et constatant qu’il était seul avec elle,
il éclata de rire et vint prendre la petite fille de dix ans dans ses
t’enverrai dès demain un professeur de tir à l’arc<span class="frenchb-nbsp"> </span>: une des meilleures
archères de mon escouade d’élite.<br
class="newline" />Le visage d’Aldariel s’illumina.
-<!--l. 381--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 293--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-<!--l. 383--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
-
-
+<!--l. 295--><p class="indent" > La grande salle du temple était immense, et tous les habitants du temple
–prêtres et prêtresses, novices, et même les serviteurs– y étaient présents. Il
y avait même un grand nombre de fidèles venus de la ville. Elle ne l’avait
jamais vu aussi pleine. Ils étaient tous là pour elle... C’était excitant, et
presque un peu effrayant.
-<!--l. 385--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
+<!--l. 297--><p class="indent" > Le prêtre devant elle se mit à réciter les paroles rituelles d’intronisation.
Dix-sept ans, et elle était intronisée Grande Prêtresse... Déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Mais cette
ascension n’avait pas été sans embûches. Lorsqu’elle avait huit ans, ses
parents –de modestes marchands– avaient été tués lors d’un raid barbare.
de plus à nourrir, l’avaient confiée à un prêtre itinérant de Melna,
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
-<!--l. 388--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+<!--l. 300--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
divins les plus cachés, et surtout écarté avec subtilité toutes les
concurrentes.
-<!--l. 390--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
+<!--l. 302--><p class="indent" > Et elle avait réussi. Elle se tenait droite, dans la lumière qui tombait de
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
+
+
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
-<!--l. 393--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
+<!--l. 305--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
elle. Les quelques murmures qu’elle avait entendus de la foule se turent.
C’était son tour. Elle prit une grande inspiration, et fixa le sol, sous ses
pieds nus. Sous l’ouverture du toit, là où elle se trouvait, le marbre du
temple s’arrêtait pour laisser place à un large cercle de terre meuble. Elle
rejeta ses longs cheveux en arrière, ferma les yeux et entonna une douce
mélopée.
-
-
-<!--l. 395--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
+<!--l. 307--><p class="indent" > Sous les yeux émerveillés du public, une pousse sortit de la terre,
puis se mit à grandir, lentement. Samantha leva lentement les bras,
et fit quelques mouvements, les yeux toujours clos, comme si elle
guidait les jeunes branches vers la lumière. Lorsque l’arbre l’eut
dépassée de plusieurs têtes, elle s’arrêta et ouvrit enfin les yeux pour le
regarder.
-<!--l. 397--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
+<!--l. 309--><p class="indent" > Un tonnerre d’applaudissement retentit. Cet enchantement, un des plus
difficiles à maîtriser, devait être réalisé sous les yeux des témoins pour être
intronisée officiellement en tant que grande prêtresse... Et elle avait réussi,
avec brio. Elle poussa un soupir de soulagement. Le prêtre s’avança, tenant
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
-<!--l. 400--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 312--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+<!--l. 314--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 316--><p class="noindent" >— Là-bas, je vois l’orée<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Les soldats laissèrent échapper une exclamation de joie. Après quatre jours
+dans la forêt, ils n’étaient pas mécontents de retrouver la civilisation. De
+son côté, Zach, installé à côté du cocher, rêvassait. Il se demandait
+bien qui était l’occupante du carosse, qu’il n’avait pas le droit de
+voir l’occupante du carosse, en théorie. En pratique, la damoiselle
+ayant tout de même besoin de sortir de temps en temps, il avait pu
+
+
+entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de petite taille,
+couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine richement
+orné.
+<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
+grand sourire.<br
+class="newline" />— Tu as fait du bon boulot en nous guidant jusque là. Tu auras bien gagné
+ta paie<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il rougit légèrement.<br
+class="newline" />— Merci.<br
+class="newline" />— Ton chemin parallèle pour éviter le sentier embourbé était le bienvenu...
+Nous aurions perdu beaucoup de temps à nous traverser cette partie avec le
+carosse<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il haussa les épaules en souriant.<br
+class="newline" />— Nous allons parfois livrer du bois par là, et ce n’est pas la première fois
+que ce chemin est inondé...<br
+class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br
+class="newline" />— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
+peu trop âgé pour ça.<br
+class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
+class="newline" />— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
+à mon avis.<br
+class="newline" />Il allait répondre, lorsqu’un des soldat lui adressa la parole.<br
+class="newline" />— On approche de midi. Il y a une taverne, dans le village où on
+arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.<br
+class="newline" />— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as
+bien mérité<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers1x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
fortune, comme des animaux, Uhr observa ses chaînes. De simples
anneaux de métal peu travaillés, mais très épais. Avant de s’endormir,
épuisé, il les examina longuement. L’un des anneaux, le huitième qui
-
-
partait de ses poignets attachés et le reliait aux autres, semblait
un peu moins solide. Plus précisément, il n’était pas parfaitement
fermé, et permettait de laisser passer un ongle. Mais l’anneau restait
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
+
+
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
<!--l. 19--><p class="indent" > Cela faisait deux jours qu’il marchait seul. Il était vêtu de gris sombre et
de noir, comme de coutume, avec une légère armure de cuir noir sous sa
tunique pour le protéger en cas de combat, et avait vérifié plusieurs fois son
-
-
équipement. Dagues, stylets, dards empoisonnés à diverses substances, tout
était bon. Les lames étaient toutes peintes en noir, ne laissant que la pointe
et le tranchant brillants, afin d’éviter tout reflet inutile. Il avait laissé un
besoin.
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
+
+
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 29--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 31--><p class="indent" > Libre, il était libre. Enfin, presque. Il lui fallait encore s’échapper de
-
-
l’enclos, esquiver les gardes ou s’en débarrasser, et gagner le petit
bois à côté. Là, il avait de bonnes chances de pouvoir conserver
sa liberté, et peut-être, revenir se venger... Mais pas tout de suite.
sur le garde, lui trancha la gorge tout en l’empêchant de crier, et
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
+
+
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
class="newline" />— Comment as-tu vu tout ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Cela fait plusieurs jours que je les observe. Je voulais me venger, mais
seul, comment faire...
+
+
<!--l. 50--><p class="indent" > Le jeune homme le regarda longuement, sans dire un mot.<br
class="newline" />— Donne moi tes poignets.<br
class="newline" />Il obéit, et l’étranger utilisa son outil pour ouvrir silencieusement et
vengeance qu’il savait illusoire. Et sa patience pour ouvrir ses chaînes...
Sans compter qu’avec les informations qu’il avait, il allait enfin pouvoir
mettre en place l’assassinat. Et peut-être même plus. Il réfléchit quelques
-
-
instants, alors que le barbare jouait avec ses chaines défaites, savourant sa
liberté.<br
class="newline" />— Bon, voilà ce que nous allons faire.<br
<!--l. 79--><p class="indent" > Une faible lueur venant d’une lampe blafarde éclairait l’intérieur de la
tente. Divers objets, plus ou moins précieux semblaient traîner dans un
coin. Sur un lit fait de paille recouverte de tissus précieux –un luxe pour des
-
-
standards barbares–, dormaient deux silhouettes. Celui qu’il reconnut
immédiatement comme le roi, avec sa carrure et sa couronne, et une
jeune fille aux cheveux blonds emmêlés, entièrement nue. Il hésita
doigt un tas d’objets divers. On y trouvait notamment les affaires du
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
+
+
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi maintes fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
roi et se rua au dehors, son épée à la main.
<!--l. 90--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 92--><p class="indent" > Quatre chefs barbares étaient enfermés dans la tente. Malgré leurs
chaînes, ils étaient impressionnants. Ils étaient grands, particulièrement
musclés et portaient de longues cicatrices. Ces trois hommes et cette femme
soulagement. Ça, c’était fait. Il se glissa dans sa direction, et lui fit signe de
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
+
+
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
class="newline" />— Là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il y a des intrus<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les gardes se ruèrent dans la direction indiquée, sans réfléchir plus
longuement à la présence d’Uhr, ni à son butin.
-
-
<!--l. 108--><p class="indent" > Ils se mirent à courir, et rapidement, arrivèrent près de l’enclos des
prisonniers. Il y avait deux gardes en alerte devant la barrière qui servait de
porte.<br
de l’enclos et l’aperçut, en train de faire sauter la dernière serrure. Surpris
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
+
+
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
class="newline" />— On file et on discute après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui rendit son sourire.<br
class="newline" />— Ça marche.
-
-
<!--l. 125--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 127--><p class="indent" > Ils se mirent à courir en direction de la forêt. L’agitation causée par
class="newline" />— Qu’est-ce que tu vas faire maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Je n’ai plus vraiment de clan. Je ne sais pas trop
où aller. J’ai gardé quelques objets de valeur, ça peut peut-être
+
+
servir...<br
class="newline" />— Tiens, tu n’as pas gardé la couronne et l’épée du roi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il secoua la tête.<br
class="newline" />Il n’avait pas osé proposer cette option. Aller vivre dans la grande
ville, celle dont il avait entendu parler plus jeune... Elle était parfois
décrite comme un endroit fantastique, où la nourriture et le luxe
-
-
coulaient à flots, et où on pouvait revendre des trophées et acheter des
armes. Et parfois méprisée, car les gens qui y vivaient –humains ou
autres races humaines– étaient moins costauds et ne savaient pas se
avait trouvé un petit travail à charger et décharger des caisses de matériel
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
+
+
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
manque trop, décidément...<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Hé oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
-class="newline" />— La garde a une bonne réputation, n’est-il pas difficile d’y entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— La garde a une bonne réputation, ce n’est pas trop compliqué d’y
+entrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a des unités d’élite, qu’il est difficile d’intégrer. Mais il y a de la
place pour y être simple soldat, et après, qui sait...<br
class="newline" />Il lui sourit.<br
à leur première. Il ne parlait pas d’eux en traîtres. Je me demande s’il
se doute de mes sentiments, en fait... Peut-être a-t-il évoqué cela
exprès<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 185--><p class="indent" > Il marqua une pause, pendant laquelle son ami le fixa.<br
-class="newline" />— La question est donc, que vas tu faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+<!--l. 185--><p class="indent" > Il marqua une pause.<br
+class="newline" />— La question est, que vas-tu faire à la place<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je ne sais pas encore. C’est bien le problème.<br
class="newline" />Uhr sourit, et termina sa chope.<br
class="newline" />— Tu trouveras bien quelque chose qui te plaît.<br
class="newline" />Il lui rendit son sourire, et termina la sienne à son tour. Il trouverait bien,
oui...
-<!--l. 413--><p class="noindent" ><span
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers2x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-<!--l. 415--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
+<!--l. 5--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
surpris, il observait les gens autour de lui. Ce n’est pas qu’il n’avait vu
personne dans le temple, mais l’attitude des gens y était fort différente. Par
crainte et respect de la déesse, ils y gardaient une attitude posée, presque
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
+
+
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
-<!--l. 418--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
+<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
maître Ernest, qui devait lui enseigner l’art de l’épée. Il existait beaucoup
-de maîtres d’armes, mais Khil, le prêtre qui s’occupait de son éducation
-et lui avait appris les bases du combat, avait senti les capacités de
-son élève, et avait décidé de l’envoyer chez le meilleur épéiste qui
-soit.
-<!--l. 420--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
+de maîtres d’armes, mais Khil avait décidé de l’envoyer chez le meilleur
+épéiste qui soit.
+<!--l. 10--><p class="indent" > Il était arrivé devant le poste de garde. Il prit une grande inspiration, et
s’adressa au garde qui en gardait l’entrée.<br
class="newline" />— Excusez-moi, je dois voir maître Ernest.<br
class="newline" />L’homme l’observa quelques instants. Irdann portait une longue tunique
blanche, avec dans un écusson le symbole de sa déesse, le tout sur un
pantalon de lin gris clair. Des sandales en cuir complétaient sa tenue, ainsi
-qu’une ceinture de laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
+qu’une ceinture à laquelle pendait une épée assez ouvragée.<br
class="newline" />— C’est vous le novice du temple de Melna<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il vous attend. Venez.
-<!--l. 425--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
+<!--l. 15--><p class="indent" > Irdann suivit le garde à l’intérieur. Un homme d’une quarantaine
d’années, habillé en soldat, discutait tout en lisant une lettre avec un
-archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-C’était la première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on
-
-
-croiserait toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y
-attendre. L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc
-et d’une cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin.
-L’homme sourit à l’elfe, alors qu’il entendit quelques morceaux de
-conversation.<br
+archer, mince, aux cheveux longs, et aux oreilles pointes. Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était la
+première fois qu’il en voyait un. On lui avait dit qu’on croiserait
+toutes sortes de types dans la capitale, il aurait pu s’y attendre.
+L’archer était vêtu d’une tunique verte, d’un pantalon blanc et d’une
+cape vert foncé, tous dans un tissu qui semblait très fin. L’homme
+souriait.<br
class="newline" />— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son
élève<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.<br
class="newline" />L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut
modalités d’apprentissage ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
+
+
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
autres, cela le changerait. Fini le fils du duc, fini l’apprenti paladin. Le
maître se tourna vers l’elfe, qui attendait en retrait.<br
class="newline" />— La règle sera la même pour tous les élèves, bien entendu.<br
-class="newline" />L’archer hocha la tête en souriant, et quitta la pièce. Un autre élève comme
-lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y avait
-des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou deux dans le
-temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment rencontré... Il se
-demanda combien d’élèves avait ce maître, et lesquels. Il laissa le garde le
-guider hors de la pièce.
-<!--l. 437--><p class="noindent" ><span
+class="newline" />L’archer hocha la tête et quitta la pièce. Un autre élève comme
+lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça aussi, c’était nouveau et excitant. Il savait qu’il y
+avait des elfes qui vivaient dans la capitale, et il en avait vu un ou
+deux dans le temple de Melna. Mais il n’en avait jamais vraiment
+rencontré...
+<!--l. 27--><p class="indent" > Tout en se laissant guider hors de la pièce, Il se demanda combien
+d’élèves avait ce maître, et lesquels.
+<!--l. 29--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-<!--l. 439--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
+<!--l. 31--><p class="indent" > Six lits alignés, un coffre en bois brut sous chacun d’eux. Dans un coin,
une petite porte vers ce qui ressemblait à une salle de bains assez simple.
Sur un des côtés, un large rideau, qui pouvait potentiellement couper la
pièce en deux, derrière lequel se situaient deux autres lits, semblables aux
-
-
-autres. Aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre apportait
-un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
+autres. Il n’y avait aucune décoration sur les murs, et une petite fenêtre
+apportait un peu de lumière dans ce qui n’était qu’un dortoir pour gardes,
semblable à celui qu’il avait connu pendant un an, lorsqu’il s’était
engagé.
-<!--l. 441--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
+<!--l. 33--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
-qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement très
-enrichissante. Et il allait apprendre de nouvelles techniques de combat... Il
-avait entendu dire que dans cette section, on trouvait beaucoup d’épéistes
-qui venaient de loin et repartaient après avoir suivi son enseignement. Et
-lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Resterait-il à la garde toute sa vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-<!--l. 443--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
+qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement
+très enrichissante. Un collègue garde l’avait un peu renseigné sur
+les différentes recrues de cette section. Des profils très variés, dont
+beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
+suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
+
+
+vie...
+<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je crois oui. Tu es une nouvelle recrue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Je m’appelle Irdann.
-<!--l. 448--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le soir
-allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous peu, ils
-allaient probablement dîner ensemble. Il restait une petite heure à tuer. La
-tenue de novice l’intriguait.<br
+<!--l. 40--><p class="indent" > Il lui tendit une poignée de main, que le dénommé Irdann serra. Le
+soir allait tomber bientôt, et les autres gardes allaient rentrer sous
+peu, ils allaient probablement dîner ensemble. La tenue de novice
+l’intriguait.<br
class="newline" />— Tu viens d’un temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui, je suis apprenti paladin.<br
+class="newline" />— Oui, je suis apprenti paladin. Et toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Le premier, mais vraisemblablement pas le dernier,
songeait-il, des profils surprenants qu’il risquait de rencontrer ici. Combien y
en aurait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je suis Uhr. J’étais un simple soldat jusqu’à hier, et j’ai enfin eu le
droit d’intégrer cette unité et de suivre l’apprentissage de maître
Ernest.
-<!--l. 454--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
+<!--l. 46--><p class="indent" > Le jeune homme lui sourit et posa un petit sac sur le lit à côté
du sien. Il remarqua son épée, ornée de gravures délicates et d’un
-
-
blason.<br
class="newline" />— D’où te vient cette arme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— De mon père. Il me l’a offerte quand je suis parti pour le temple, quand
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
-class="newline" />Il hocha la tête. Un collègue garde lui avait donné à l’avance une liste des
-éléments de cette unité. L’avantage de connaître déjà en partie la place.
-<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Le collègue lui en avait parlé. <br
class="newline" />— Une elfe. Il y a aussi un nain.<br
class="newline" />Irdann parut surpris.<br
class="newline" />— Une elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une femme<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
son sourire.
-<!--l. 484--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
+<!--l. 76--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
-<!--l. 486--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 78--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 488--><p class="indent" > La ville humaine était si grande et impressionnante... Des centaines,
-voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
-construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre,
-et bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Certes, elle
-s’attendait à en voir, mais ici, il n’était même pas possible de les
-éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtre des
-maisons, dans des boutiques qui regorgeaient de produits humains
-originaux... Ils les regardaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air
-curieux. Elle se rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur
-les humains n’était pas toujours très rassurant. Il sembla sentir sa
-crainte.<br
-class="newline" />— Ne t’inquiète pas. Maître Ernest est quelqu’un de très bien. Et
-il y a parmi ses élèves toutes sortes de gens très différents. Nous
-arrivons.
+<!--l. 80--><p class="indent" > C’était la première fois qu’elle voyait une grande ville humaine. Des
+centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
+
+
+construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
+bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
+elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
+éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
+maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
+observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
+rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
+pas toujours très rassurant.<br
+class="newline" />— Hé, ne panique pas. Les humains ne sont pas méchants. Et maître
+Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers2x.png" alt="[
+src="aventuriers3x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 3--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-
-
<!--l. 7--><p class="indent" > Une grande plaine s’étalait devant lui. Sur la droite, une forêt épaisse,
et des montagnes au loin. Dans la plaine, quelques villages, et au
centre, un grand temple, dédié à sa déesse. Comment le savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il
class="newline" />— J’y suis la grande prêtresse, mais j’y vis enfermée. Le personnel du
temple croit qu’il est inconvenant pour une prêtresse de quitter l’endroit,
alors que tant de gens dans le monde pourraient profiter de mes
+
+
bénédictions. J’ai besoin de toi pour m’enfuir.<br
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
<!--l. 25--><p class="indent" > Elle se releva, et essuya son front. Cette invocation avait été épuisante.
C’était la première fois qu’elle envoyait un rêve à quelqu’un qu’elle
ne connaissait pas, c’est peut-être la raison de la difficulté de la
-
-
tâche.<br
class="newline" />— Vous allez bien, grande prêtresse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Une jeune novice, vêtue de blanc, le visage inquiet, s’approcha. Elle lui
vain.
<!--l. 32--><p class="indent" > Elle suivit la jeune novice, munie d’une bougie, qui la ramenait à sa
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
+
+
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
garde de la capitale, auprès du plus grand épéiste connu, maître
Ernest.
<!--l. 36--><p class="indent" > Elle se coucha alors que la jeune femme quittait respectueusement la
-
-
pièce en laissant la bougie sur sa table de chevet. Pourvu qu’il y parvienne...
Elle ne le connaissait pas du tout. En cherchant à le contacter par la voie
des rêves, elle avait juste senti son âme, celle d’un jeune homme courageux,
l’intelligence posée, et la subtilité. Cela les faisait sourire de savoir qu’en
réalité, la petite elfe à l’air fragile était tout autant capable que les autres
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
+
+
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
class="newline" />— On ne sait même pas si c’est un vrai rêve ou un message...<br
class="newline" />— Pour ça, proposa Irdann, tu peux toujours aller voir le temple de Melna
ce soir, et leur demander si la dénommée Samantha existe bien, et est bien
+
+
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
rejoignit.<br
class="newline" />— Je reviens tout juste du temple. Il y a bien une grande prêtresse du nom
de Samantha, dans la ville de Touryre, à quatre à cinq jours de marche d’ici.
-
-
Il y a trois ou quatre villages à côté, et une grande forêt qui jouxte le
temple.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Il ne s’agissait donc pas d’un rêve...<br
class="newline" />— Melna est la déesse-mère, créatrice de vie et protectrice des moissons...
De ce fait, les prêtres ne possèdent qu’un seul enchantement purement
offensif, il s’agit bien sûr de l’invocation de foudre. J’y suis moi-même
-
-
immunisé, tout comme l’intérieur du temple, mais tu ne l’es pas...<br
class="newline" />Silwë fronça les sourcils.<br
class="newline" />— Cette protection peut-elle s’étendre à d’autres personnes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
approcherez pas des prêtres de toutes façons.<br
class="newline" />Irdann, qui semblait un peu gêné, fit part d’une remarque.<br
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
+
+
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
charmes qui leur permettaient de détecter les êtres vivants autour
d’eux.<br
class="newline" />— Effectivement, cela peut nous compliquer la tâche. Il me faudra donc
-
-
faire vite, et que nous fassions l’échange rapidement. Que sais-tu faire, en
tant qu’apprenti paladin de la déesse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
class="newline" />Il se mit à rire devant son air méfiant.<br
class="newline" />— Je vais vous présenter le type qu’il nous faut. Un ami à moi,
capable de s’introduire dans n’importe quel bâtiment, et spécialiste en
+
+
poisons.<br
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... Un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
totalement terminé leur formation. De plus, l’ambiance était agréable, et le
public accueillant. La soirée commençait bien. Mais que lui voulait son
ami<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 135--><p class="indent" > La gérante s’approcha en souriant et proposa aux deux artistes une
nouvelle ration. Eldon accepta volontiers, et il s’apprêtait à faire de même
lorsqu’il aperçut Uhr s’approcher de la table. Il souriait.<br
cheveux mi-longs, plutôt mince, à moins que ce ne soit le contraste avec Uhr
qui lui donnait cet effet-là. Beaucoup d’hommes avaient l’air frêles à côté,
en fait. L’autre compagnon était une elfe aux longs cheveux clairs, nommée
+
+
Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la garde et de maître
Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y faisait. Ils lui
sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui détailla leur
class="newline" />— Bien sûr que je viens. Je ne voudrais pas rater ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il vit ses interlocuteurs se détendre et lui sourire à leur tour.<br
class="newline" />— Bon, plus sérieusement, je peux me procurer un poison léger qui rend
-
-
légèrement apathique. Par contre, il en faudra une bonne quantité, et ça
peut prendre un petit moment. Je peux aussi trouver quelques fumigènes,
très pratiques pour se cacher. Et côté infiltration, vous pouvez compter sur
class="newline" />Ils opinèrent, puis quittèrent la taverne après avoir payé la gérante.
<!--l. 165--><p class="indent" > Farl rentra seul, son compagnon l’ayant quitté nettement plus tôt.
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
+
+
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, même s’ils
avaient convenu que, dans la mesure du possible, ils piocheraient dans les
réserves du temple pour au moins amortir le coût du trajet. Juste
quatre ans maintenant, et devait savoir ce qu’il faisait.
<!--l. 169--><p class="indent" > Il se coucha en se demandant vaguement pourquoi il se demandait s’il y
avait quelque chose entre l’elfe et le jeune paladin, qui semblaient très
-
-
familiers l’un envers l’autre. Ils l’étaient aussi avec Uhr, en fait, et
cette question était stupide, il verrait assez rapidement de toutes
façons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers3x.png" alt="[
+src="aventuriers4x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, et avaient rendu les
journées moins longues.
+
+
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
alla parler à la patronne, une jeune femme à peine plus âgée qu’elle, au
class="newline" />Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup
d’argent sur elle, et n’était pas sûre de pouvoir se payer un cheval et une
escorte armée de plusieurs hommes. La jeune femme sembla saisir son
-
-
embarras.<br
class="newline" />— En fait, si vous n’avez pas peur de marcher et que vous n’êtes pas
pressée, vous pouvez vous passer du cheval. Par contre, une bonne escorte
class="newline" />— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la
région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
+
+
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Merci pour vos conseils, je vais réfléchir.
<!--l. 25--><p class="indent" > Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
-
-
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
s’apprêta à y frapper.
<!--l. 27--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
surprise en même temps, tout en se dégageant et en reculant d’un pas.
Comment osait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? <br
class="newline" />— Les chaussures. Vous ne pouvez pas courir les chemins avec ça.
-
-
Trouvez-vous des bottes.<br
class="newline" />Furieuse, elle retint difficilement une gifle. L’homme en face était plus
grand, plus fort qu’elle, et armé qui plus est. Et puis elle ne comptait
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
+
+
réservait quelques surprises.
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
bordures dorées, qui semblait convenir à une noble plutôt qu’à une
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 61--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
apparence bien rempli. Lui avait ajouté à sa tenue son armure et ses
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
+
+
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
regard.
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
-
-
fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
+
+
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
nuit.<br
class="newline" />— Vous ne dormez pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas
-
-
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
+
+
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
s’enroula dans sa propre couverture, de l’autre côté du feu, et s’endormit à
<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
-
-
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
+
+
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
maîtriser ces deux brutes<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
pas.
<!--l. 131--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
-
-
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
-
-
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta
une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
+
+
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
remplir les gourdes d’eau fraîche.
<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
fond de la grotte, tandis qu’elle-même s’éloignait de l’entrée de la
-
-
grotte, lentement, à quatre pattes et en essayant de ne pas se cogner.
<br
class="newline" />— Mais comment fais-tu pour t’y retrouver dans cette obscurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et pour
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
+
+
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
+
+
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
class="newline" />Il la vit froncer les sourcils et réfléchir quelques secondes. Puis elle se tourna
vers lui.<br
class="newline" />— Bon d’accord. Mais tu as intérêt à garder tes mains de ton côté,
-
-
sinon...<br
class="newline" />— Compris<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
+
+
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses question ou ses interrogations. Son
<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
-
-
qu’elle réfléchissait encore. Elle reprit la parole quelques minutes plus
tard.<br
class="newline" />— Je peux te poser une question à mon tour<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sembla réfléchir quelques instants, puis expliqua.<br
class="newline" />— Ça correspond bien à la vision d’un elfe. Les nains voient différemment<span class="frenchb-nbsp"> </span>:
ils ont l’infravision, c’est-à-dire la capacité de voir la chaleur dégagée par les
-
-
corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi
bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
-
-
Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était une question qu’il
n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait
bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
+
+
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
class="newline" />— Euh, merci.<br
class="newline" />Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Certes, il avait l’habitude de se
débrouiller seul, mais était-ce une raison pour ne pas accepter une
-
-
petite aide spontanée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis, le contact de sa main n’était pas
désagréable.
<!--l. 302--><p class="indent" > Il se leva, et alla ramasser ses affaires.<br
cette étrange voyageuse<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa alors qu’il s’était mis à la tutoyer depuis
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
l’air de la choquer...
-<!--l. 1--><p class="noindent" ><span
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers5x.png" alt="[
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 1--><p class="nopar" >
+<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 3--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
+<!--l. 5--><p class="indent" > Elle entra dans la salle du trône. Cette salle était toujours aussi
magnifiquement décorée, mais l’impressionnait bien moins qu’avant, et son
air était décidé.<br
class="newline" />— Ah, Aldariel. J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit.<br
il pourrait être sympathique, voire... plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
humains.
-<!--l. 27--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
+<!--l. 29--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes.
Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
class="newline" />— Tu ne viens pas de me parler du risque que couraient les femmes seules
chez les humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’abord, vous serez deux. Ensuite, Silwë vient de passer cinq ans chez
-
-
les humains, et elle les connaît très bien. Enfin, elle y a appris le
maniement de l’épée chez le meilleur maître qui soit, donc elle pourra te
protéger.<br
class="newline" />— Oui. J’ai envoyé un oiseau portant le message au duc, l’invitant à vous
accueillir toutes les deux.<br
class="newline" />Aldariel retint un cri de joie.
-<!--l. 37--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 39--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 39--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
+<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
+
+
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
-<!--l. 41--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
+<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
professeur particulier de tir à l’arc, et elle lui avait décrit une jeune femme à
la fois déterminée et douée, mais aussi simple et sans complexes. Qu’en
était-il en réalité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que serait le trajet avec elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle devoir jouer
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle-même l’avait été
aussi...
-<!--l. 44--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
+<!--l. 46--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à
la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie,
en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée
correctement.
-<!--l. 46--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
-
-
+<!--l. 48--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
s’abstenir. Elle s’approcha de la table.<br
class="newline" />— Quel est notre trajet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë lui montra la carte étalée sur la table.<br
class="newline" />— Presque, c’est celle d’un de ses vassaux. Nous allons la traverser, et
encore celle-ci, avant d’arriver, après deux jours, au château du duc, enfin.
C’est cette région qui est particulière<span class="frenchb-nbsp"> </span>: ils n’aiment pas trop les elfes
-
-
et les autres races humaines, détestent la magie, et tout ce qui y
ressemble de près ou de loin, sauf en ce qui concerne la magie liée aux
dieux.<br
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
+
+
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
-<!--l. 70--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
+<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
Appelle-moi par mon prénom, et dis-moi tu. S’il-te-plaît.<br
class="newline" />Silwë se redressa, suprise et soulagée en même temps. <br
class="newline" />— D’accord.
-<!--l. 87--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 89--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 89--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
+<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
+
+
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
montée.
-<!--l. 91--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
+<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
effrayée, elle n’avait pas quitté sa compagne –qui semblait très à l’aise–
d’une semelle. Les gens les avaient regardées avec curiosité et bienveillance,
elle-même avait eu un peu de mal avec ces nouveaux goûts et odeurs. Il
paraît qu’on s’y faisait rapidement... Difficile à croire, mais elle verrait
bien.
-<!--l. 94--><p class="indent" > À cet instant, Silwë entra dans la pièce.<br
+<!--l. 96--><p class="indent" > À cet instant, Silwë entra dans la pièce.<br
class="newline" />— Désolée, quelques détails à régler avec le gérant... Tu n’es pas encore
couchée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’avoue que... ces lits m’intriguent...<br
pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais
elles sont très bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />
-<!--l. 100--><p class="indent" > Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement
+<!--l. 102--><p class="indent" > Sans attendre sa réponse, Silwë se déshabilla et se glissa rapidement
entre les draps. Un peu hésitante, elle l’imita. Ce n’était pas aussi
inconfortable qu’à première vue, finalement.<br
class="newline" />— Pourquoi y a-t-il une bougie sur la table de chevet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
+
+
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
-<!--l. 107--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
+<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
fertilité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Ils ne choisissent pas. Et en plus, ils considèrent qu’il est très mal
-
-
d’avoir un enfant sans avoir un compagnon définitif.<br
class="newline" />— C’est un peu vrai chez nous, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Évidemment, mais eux ne peuvent pas le choisir. Résultat, ils sont assez
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
+
+
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
-<!--l. 120--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
+<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
-<!--l. 124--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 126--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 126--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
+<!--l. 128--><p class="indent" > La forêt, enfin<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait beau être habituée à vivre chez les humains,
elle appréciait être au calme en forêt. Aldariel semblait elle aussi de
nouveau à son aise, bien qu’elle se soit accoutumée très rapidement. Elle
avait même mangé avec appétit la nourriture humaine de la taverne de ce
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
une amie et non une princesse.
-<!--l. 128--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
+<!--l. 130--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns
des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques
minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.
-
-
-<!--l. 130--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
+<!--l. 132--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
décoré, étaient arrêtés sur la route. Une dizaine de soldats à cheval
–certains avaient mis pied à terre– les défendaient contre un groupe de
pillards qui les avait pris en embuscade. Silwë observa la scène pendant
tête effrayée, et fermer précipitamment le panneau de bois qui servait de
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
-<!--l. 132--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
+<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
+
+
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
-<!--l. 134--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
+<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qui se passait dans cet arbre. Avançant dans les broussailles, et se
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
-
-
-<!--l. 136--><p class="indent" > Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.<br
+<!--l. 138--><p class="indent" > Elle rejoignit Aldariel dans l’arbre et lui sourit.<br
class="newline" />— Merci, c’était tout juste.<br
class="newline" />Reprenant son souffle, elle observa avec elle le champ de bataille. Le soldat
seul et blessé reprenait ses esprits, et avait visiblement du mal à comprendre
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Elle lui posa la main sur l’épaule, doucement.<br
class="newline" />— Allez viens, inutile de rester ici. On finirait par être vues.
-<!--l. 144--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
-<!--l. 146--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
+<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
laissé quelques flèches... y feraient-ils attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui étaient ces
gens dans les carosses<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Trop de questions se bousculaient dans son
esprit.
-<!--l. 148--><p class="indent" > Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
+<!--l. 150--><p class="indent" > Elles s’arrêtèrent face à une large rivière, qu’elles longèrent jusqu’à
trouver un moyen simple de la traverser. Arrivant près de ce qui ressemblait
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher.
class="newline" />— Et alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Moi aussi.<br
class="newline" />Aldariel encocha une flèche et tendit son arc dans leur direction. Elle
entendit son amie dégainer son épée à côté d’elle, et s’adresser à
-
-
eux.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse, vous pouvez aussi rester en vie ce soir. Faites
encore un pas, et vous êtes morts.<br
ses pieds, la poitrine transpercée d’une flèche. Silwë était restée en garde à
ses côté et n’avait pas bougé. Les deux autres brigands se regardèrent, et
s’éloignèrent rapidement.
-<!--l. 156--><p class="noindent" >— Bien joué, Alda.<br
+<!--l. 158--><p class="noindent" >— Bien joué, Alda.<br
class="newline" />Son amie était aller rechercher sa flèche dans le corps étendu par terre, puis
était revenue près d’elle, et lui souriait. Il y avait du respect et de
l’admiration dans son regard.<br
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
va s’éloigner des sentiers humains, ça va aider je pense.
-<!--l. 163--><p class="indent" > Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
+<!--l. 165--><p class="indent" > Elles traversèrent rapidement la rivière, puis marchèrent encore un
moment, sans rien dire.<br
class="newline" />— Ça va, Aldariel<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui... Un peu de mal à réaliser, en fait.<br
class="newline" />Elle sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers4x.png" alt="[
+src="aventuriers6x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-
-
<!--l. 5--><p class="indent" > Elle se concentra sur le pot qu’elle tenait entre les mains, et murmura
une douce mélopée. Une pousse germa, sortit de la terre meuble,
grandit et une superbe fleur finit par éclore. Elle eut un petit sourire
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
+
+
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
+
+
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
de grandes choses. Ils savaient tous deux qu’ils devaient attendre
encore un peu, que leurs visages soient oubliés, mais ensuite, que
feraient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 39--><p class="indent" > Il avait pensé « que feraient-ils » et non « que fera-t-elle ». Encore. Il
savait que leur aventure les avait beaucoup rapprochés –et même plus–,
mais de là à penser de la sorte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 62--><p class="indent" > Si, évidemment. Mais il n’avait pas vraiment envie de se mêler de cette
histoire, ni d’y inclure Farl. Il le voyait peu ces derniers temps, et avait noté
son humeur plutôt maussade. Depuis que Silwë avait quitté la garde, il y a
-
-
six mois, il voyait bien que celui-ci n’était plus aussi enthousiaste
qu’avant. Mais cela dit, une telle histoire lui changerait peut-être les
idées.<br
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
+
+
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
tête. Ce n’était pas tellement le moment de penser à ça. Toute la
pièce était carbonisée, et les deux traces de craie blanche au sol,
dessinant les contours des deux corps, ressortaient d’autant plus. Il
-
-
n’allait rien trouver ici. Il s’avança précautionneusement vers la pièce
qui devait être la chambre, et finit par trouver, sous un meuble,
une broche de métal à demi fondue. Il aurait peut-être du mal à
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
+
+
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
+
+
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
<!--l. 115--><p class="indent" > Il sursauta soudainement. De la lumière et des bruits de pas
lui parvinrent depuis la pièce principale, par laquelle il était entré.
Son sang se glaça. Quelqu’un était entré... Il éteignit rapidement sa
-
-
minuscule bougie, se plaqua contre le mur, et jeta un œil à l’autre
pièce.
<!--l. 117--><p class="indent" > La lumière n’était pas celle, jaunâtre, d’une bougie ou d’une lampe.
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
+
+
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
lumineux commençaient à prendre la teinte bleutée d’une étoile de glace
aux bords acérés... Elle se redressa.<br
class="newline" />— Je me donne ce droit. Je n’ai pas confiance dans les gardes. Je ne crois
-
-
pas à cette histoire d’accident qui a tué mon compagnon. Alors j’ai décidé
de venir par moi-même. Et vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avança sa main vers lui, dans laquelle, en lévitation, l’étoile mortelle
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
+
+
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez vous.<br
class="newline" />Elle semblait extrêmement tendue, mais le « on » sembla la rassurer un
peu.<br
class="newline" />— Je sais qu’il y mettait des objets et documents auxquels il tenait.
-
-
Peut-être qu’ils... nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? donneront des indices.<br
class="newline" />Elle s’était mis au « nous ». Même s’il avait senti son hésitation, c’était
bon signe.<br
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
+
+
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
situation<span class="frenchb-nbsp"> </span>: la tenue d’assassin était conçue pour disparaître aisément dans
les ombres, mais aussi pour apparaître tout à fait normale –le noir n’étant
pas si rare– en pleine lumière. La tenue discrète idéale en somme. N’étant
-
-
plus ébloui par son regard magique, il pouvait désormais observer la
magicienne. Grande, mince, aux longs cheveux noirs, vêtue d’une
longue robe noire –pour le deuil, ou la discrétion<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être les deux,
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
+
+
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
class="newline" />Le jeune homme sourit, ferma la porte et proposa un siège à la magicienne.
Puis raconta l’étrange rencontre qu’il avait faite sur les lieux de ce qu’il
fallait désormais appeler un crime.
-
-
<!--l. 183--><p class="noindent" >— J’avais aussi un doute quand à cette histoire d’accident. Mais je sais que
la douleur d’avoir perdu mon compagnon aurait pu me rendre folle... au
moins aux yeux des autres, et rendre mes soupçons absurdes. C’est pourquoi
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
nouveau ferme et décidé, malgré ses yeux légèrement rouges. Tous
trois hochèrent la tête, préférant se concentrer sur cette nouvelle
tâche.
-
-
<!--l. 201--><p class="indent" > Ils firent un premier tri rapide. Après avoir mis de côté le bijou –qui
n’était vraisemblablement qu’un objet de grande valeur mis à l’abri–, et un
certain nombre de documents administratifs importants, ils trouvèrent trois
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+
+
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
class="newline" />— Oui, et s’il n’y avait que ça, pourquoi chercher à faire disparaître celui
qui travaille sur le sujet et ses documents<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ajouta Zanakielle.<br
class="newline" />Farl, qui avait somnolé, épuisé, en écoutant la conversation, se redressa
-
-
pour faire une remarque.<br
class="newline" />— La forêt de Sossirant est très grande, largement inexplorée il me semble,
il peut y avoir n’importe quoi, y compris des grottes assez grandes et
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+
+
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Proposa Samantha.<br
<!--l. 236--><p class="indent" > Ils hochèrent la tête et se mirent au travail.
<!--l. 238--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 240--><p class="indent" > Le capitaine faisait les cent pas, très énervé.<br
+class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
+fait.<br
+class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
+
+
+le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
+point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
+pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
+risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu
+pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
+class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
+une enquête à ce sujet... Même si j’admets que personne n’avait pensé à
+faire appel à un prêtre.<br
+class="newline" />Il n’avait rien à répondre qui puisse améliorer sa situation.<br
+class="newline" />— Et aller fouiller dans des maisons sous scellés... Y récupérer des objets...
+Tu te rends compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il baissa les yeux. Le capitaine laissait échapper sa colère tout haut,
+comme souvent, mais il savait, pour l’avoir fréquenté, qu’il n’était pas
+un homme injuste. Une fois le calme revenu, il ne lui appliquerait
+pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
+qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
+histoire.
+<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
+posta face à lui.<br
+class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
+nous n’aurions fait en une semaine.<br
+class="newline" />Il avait parlé d’une voix calme. Y avait-il un espoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Sauf que je suis très embêté. Officiellement, l’enquête n’en est pas là.
+Officiellement, il s’agit toujours d’un accident.<br
+class="newline" />Il se tut, et fit quelques pas, réfléchissant.<br
+class="newline" />— Mais ces informations vont nous faire gagner un temps précieux, surtout
+si l’assassin ne sait pas qu’il est identifié. Puisque tu es le seul au courant,
+tu vas partir enquêter discrètement sur ce qui se passe dans cette
+forêt.<br
+class="newline" />Il leva les yeux vers lui. Il lui sembla qu’il attendait une réponse.<br
+class="newline" />— Seul<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu peux emmener quelques personnes de confiance avec toi. Par exemple,
+les amis qui t’ont aidé dans cette tâche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je couvrirai vos dépenses, bien
+entendu.<br
+class="newline" />— Euh, d’accord.<br
+class="newline" />— De mon côté, je vais faire avancer l’enquête comme je pourrai, afin de
+parvenir à la même conclusion officiellement. Mais tu auras pris de l’avance
+en attendant, une avance précieuse.<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Non seulement il échappait au pire, mais l’idée d’une
+mission importante n’était pas pour lui déplaire. Une mission avec
+Samantha et Farl... s’ils acceptaient.<br
+class="newline" />— Il y a cependant quelques points à régler. Le premier, c’est que j’aurais
+besoin d’être en contact avec toi le plus efficacement possible, et bien
+entendu discrètement. Que ce soit pour te tenir au courant de l’enquête, ou
+que tu m’apprennes ce que tu trouves.<br
+class="newline" />— J’ai peut-être une idée pour ce point, interrompit-il.<br
+class="newline" />Le capitaine sembla surpris.<br
+class="newline" />— Je t’écoute.<br
+class="newline" />— Les prêtres possèdent un moyen de communiquer par la pensée. Si je
+voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon
+avancée rapidement.<br
+class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
+fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
+aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
+techniques.
+<!--l. 267--><p class="indent" > Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela
+une dernière fois.<br
+class="newline" />— Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je devrais être furieux pour ce que vous avez fait, mais je suis quand
+même un peu fier. Ne me déçois pas pour la suite.<br
+class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers5x.png" alt="[
+src="aventuriers7x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 15--><p class="indent" > Sélène s’arrêta sur le lieu de bivouac. Depuis ces quelques jours, elle
-
-
était à présent très à l’aise en forêt. Ou était-elle très à l’aise avec son
guide particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle essayait de l’imaginer accompagnant d’autres
voyageurs, mais elle doutait fort qu’il avait la même familiarité avec
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
+
+
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
ici, je n’en sais rien...<br
class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
-
-
la suite.<br
class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
ici...<br
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
terrible.
<!--l. 65--><p class="indent" > Elle posa sa main sur sa cuisse. Stupéfait, il sentit la douleur s’apaiser,
-
-
les chairs se refermer, lentement. La lueur presque aveuglante de ses yeux
s’apaisa, les filaments lumineux disparurent. Sous sa main, toujours posée
délicatement, il savait que sa jambe était intacte. Les yeux de Sélène
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
+
+
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
+
+
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côté, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
plaie.<br
class="newline" />— On fera avec...<br
class="newline" />La lueur, qui diminuait, semblait venir de derrière un large arbre. Il y avait
-
-
des voix. Sentant le danger, Aldariel se mit à l’abri dans un buisson, tandis
que son amie, toujours devant elle, prit son épée à deux mains et
s’approcha de l’arbre. C’est alors qu’un homme surgit et se rua sur
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
+
+
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
<!--l. 107--><p class="indent" > C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec
curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
bleus marquaient un mélange de colère et de peur. Mais à part ses oreilles
-
-
pointues, elle n’était pas si différente physiquement d’une humaine,
finalement... Elle portait une armure légère de cuir, qui ressemblait
beaucoup à la sienne. En revanche, la tunique en dessous était d’un tissu
espionnes.<br
class="newline" />Son ton la suprit presque autant que sa phrase. Il y avait une note petite
d’inquiétude dans sa voix. Que voulait-il, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle tenta de
-
-
reprendre son souffle, mais le poids de son genou sur sa poitrine n’aidait pas.
Et son bras, qui la faisait souffrir... Elle s’apprêtait à répondre, quand elle
aperçut, derrière lui, la silhouette de sa compagne, son arc tendu, le
class="newline" />— Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il entendit alors avec effroi, dans son dos, le bruit de la corde d’un arc qui se
détendait.
-
-
<!--l. 139--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
+
+
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 156--><p class="indent" > Sans avoir besoin de se concerter, Aldariel et l’étrange homme
s’étaient placés de part et d’autre de la magicienne et de Silwë, pour
-
-
les protéger du mieux qu’ils pouvaient. Mais son arc n’était pas
l’arme idéale contre les araknes. Elles arrivaient vite, et elle devait
tirer quasiment à bout portant. Elle se demandait ce que faisait la
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
+
+
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
bras.
<!--l. 184--><p class="indent" > Certes, ils avaient convenu d’une trêve, le temps de se mettre à l’abri des
araknes. Et c’est grâce à Sélène qu’elle était guérie. Mais... que se
-
-
passerait-il une fois qu’ils seraient en sécurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Lui pardonnerait-elle, entre
autres, de l’avoir plaquée au sol et menacée lorsqu’elle était blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
si... les deux elfes ne tenaient pas leur parole<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il détestait se sentir ainsi,
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
+
+
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
class="newline" />Elle désigna Sélène. Zach soupira et hocha la tête.<br
class="newline" />— En effet. Nous avons, comme vous, été attaqué par ces créatures...
J’étais gravement blessé, et elle a utilisé sa magie pour me soigner.
-
-
<br
class="newline" />Il montra sa cuisse, et le tissu déchiré encore tâché de sang. Il vit la
dénommée Silwë, en face de lui, marquer un léger frisson. Lentement, elle
pu mentir pour éviter d’être pris pour un elfe noir, surtout auprès
d’elles. Habituée à évoluer parmi la haute noblesse elfique, elle savait
assez bien décoder les expressions de ses congénères, et les humains
-
-
semblaient fonctionner de la même manière, même si l’étiquette
différait. Mais elle n’était pas aussi sûre qu’elle le voulait. Cela dit, dans
ce cas, pourquoi aurait-il répondu sincèrement à ses questions sur
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
+
+
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
+
+
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
heureusement qu’il avait entendu les elfes arriver, cela lui avait évité une
sacrée bêtise. Elle n’aurait probablement pas apprécié, et il se serait
vraisemblablement retrouvé avec une boule de feu dans la tête. Ou
-
-
ailleurs.
<!--l. 308--><p class="indent" > Il porta son regard vers les deux jeunes elfes endormies. Jeunes
d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elles avaient l’air d’être un peu moins âgées que lui, mais
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
+
+
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
traitait-on les princesses là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être en avait-elle assez des
courbettes. Ou c’était peut-être tout simplement la situation d’urgence, qui
-
-
faisait passer au second plan ce genre de considérations. En tous cas,
elle était redoutable, elle aussi. Il n’avait jamais vu un archer aussi
efficace, rapide et précis. Il se remémora l’instant terrible où il avait
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
+
+
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau,
apparemment. Son visage délicat était si paisible, si doux... Dire qu’on lui
avait parlé de vieilles femmes hideuses avec des verrues sur le nez. En même
-
-
temps, si on décrivait, dans les histoires pour enfants, les sorcières comme
celle qu’il avait sous les yeux, il serait plus compliqué d’entretenir une telle
haine à leur sujet... À moins que ce ne soit justement ça qui fasse
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
+
+
toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
elles, deux voyageurs supris par ces créatures, et avaient eu peur.
D’où venaient ces horreurs d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle aurait payé cher pour le
-
-
savoir...
<!--l. 342--><p class="indent" > Elle fit quelques pas, se hissa sur une branche, et fit jouer son épée dans
sa main pour se réchauffer légèrement. Ce soi-disant guide était plutôt doué
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
+
+
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers6x.png" alt="[
+src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais
ses anciens amis, de la garde lui manquaient un peu. Il ne les avait
pas vus depuis qu’il était reparti dans le temple pour finaliser sa
-
-
formation. Et ils avaient quitté la capitale entre deux... S’ils l’avaient vu
maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 9--><p class="indent" > Il avait fière allure avec son tabar blanc, orné d’un écusson argent à
de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus depuis des
années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de tir
à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+
+
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
du seigneur acheva de le convaincre.<br
class="newline" />— Je ferai tout mon possible pour retrouver votre fille, seigneur Assem,
-
-
vous pouvez me faire confiance.<br
class="newline" />Il le vit esquisser un sourire plein d’espoir, et lui serrer le bras.<br
class="newline" />— Dites-moi tout ce que je puis faire pour vous aider dans votre tâche,
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 49--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
par le temps. Il l’ouvrit et en lut quelques lignes. C’était un livre de
sorcellerie... Il en eut sueurs froides. Il avait grandi en apprenant que la
-
-
magie, si elle ne venait pas des dieux, était très dangereuse. Son père faisait
office d’avant-gardiste en considérant, au moins, les autres races humaines
avec une certaine bienveillance. Mais la magie, il n’en n’était pas question.
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
+
+
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher,
épuisé.
<!--l. 63--><p class="indent" > Trois heures qu’il était en route. Trois heures qu’il sentait, au
-
-
fond de sa poche, ces battements incessants. Il savait qu’il voyageait
dans la bonne direction, mais au fur et à mesure qu’il avançait, il
se sentait de plus en plus mal à l’aise. Les pulsations indiquaient
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
+
+
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
dame Sélène, il faudrait qu’il se débarrasse de cet objet au plus
vite.
-
-
<!--l. 71--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
+
+
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
et ils avaient profité d’un coin calme et d’un bras de rivière pour
faire une pause pour se laver. Zach, qui avait sagement attendu son
tour, devait encore y être. Elle l’avait aperçu, en allant remplir le
-
-
chaudron d’eau. Elle était restée quelques secondes à l’observer,
légèrement gênée de constater qu’elle n’avait pas du tout honte de le
faire.
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
+
+
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />Elles éclatèrent de rire.
<!--l. 113--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 115--><p class="indent" > Ses longs cheveux lâchés autour d’elle pour les laisser sécher, assise dos à
un arbre avec son armure sur les genoux, visiblement très affairée, Silwë ne
leva même pas la tête lorsqu’il approcha.<br
class="newline" />Elle ramassa tranquillement son épée, et se retourna rapidement vers lui,
son arme pointée, avec un léger sourire de défi.<br
class="newline" />— En garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 138--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
+
+
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
et plus précisément la lame. Mais contrairement à beaucoup de combattants
de ce style, elle savait aussi, et n’hésitait pas lâcher la seconde main pour
profiter de l’amplitude que seuls certains mouvements à une main
-
-
permettaient.
<!--l. 156--><p class="indent" > Il n’arrivait pas à trouver de faille dans sa garde. Et il parait avec
difficulté les coups qu’elle lui rendait. Non, ce n’était pas parce que son
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
+
+
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
plus vite, et l’esquiver. Elle avait été bête, c’est tout... Alors qu’elle
cherchait à reprendre son souffle, elle vit qu’il lui souriait. Il jouait.
Pourquoi s’énerver ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se détendit et lui rendit son sourire. Elle prit
-
-
quelques instants pour reprendre le contrôle de sa respiration, puis
brusquement, ramena sa jambe droite qu’elle utilisa pour repousser la
poitrine de son adversaire. Zach roula sur le côté, mais sans lâcher son
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
+
+
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
l’impression de danser en l’évitant, insaisissable. Mais elle s’épuiserait vite
ainsi.
<!--l. 179--><p class="indent" > Elle marqua une pause, à quelques mètres de lui. Elle semblait
-
-
essoufflée... Profitant de l’occasion, il bondit et parvint à la ceinturer. Le
choc lui coupa le souffle pour de bon, et il n’eut aucun mal à saisir son bras
et à la bloquer d’une clé de bras dans son dos.<br
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
+
+
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
+
+
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
noirs. Rapidement, elle dépassa l’homme, toujours immobile, et en
l’espace d’un battement de cils, elle avait armé une flèche et tendu son
arc dans sa direction. La troisième silhouette resta cachée derrière
-
-
l’homme, mais il put entrevoir les traits d’une jeune femme aux cheveux
détachés. Elle semblait inquiète, mais la prise qu’elle avait sur un
bâton semblait déterminée. Certaines explications risquaient d’être
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
+
+
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
de Quayle, mais d’après eux vous auriez dû être arrivée voilà déjà cinq
jours...<br
class="newline" />Elle croisa les bras, vexée. Il n’avait pas besoin de révéler tout cela devant
-
-
ses compagnons non plus...<br
class="newline" />— J’ai raté la diligence en arrivant dans un des villages. Alors j’ai engagé
un guide et protecteur, et je suis venue à pieds à travers la forêt. Vous
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
+
+
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
+
+
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
guidé leur fille jusqu’à eux.<br
class="newline" />Elle observa la réaction de ses trois amis. Aldariel semblait intéressée, prête
à accepter. Elle jeta un œil à sa compagne, qui haussa les épaules. Zach, en
-
-
revanche, semblait extrêmement réticent.
<!--l. 289--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
+
+
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
moins froid. La jeune princesse ne semblait pas s’encombrer de protocole et
de belles paroles, était-ce le fait d’être en petit groupe en forêt, ou était-elle
toujours ainsi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 303--><p class="indent" > Ils se levèrent, et Irdann prit le sac de Sélène pour l’attacher solidement
à la selle du cheval. Celle-ci était en discussion avec Zach, un peu à l’écart.
Il se demandait bien ce qu’ils se disaient, mais par respect il l’attendit à
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
+
+
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
class="newline" />Elle lui donna un petit coup de coude dans la tête, ce qui le fit lever.<br
class="newline" />— Oui mais... ce n’est pas pareil. J’ai grandi dans un petit village non loin
de son château... Techniquement, je suis, enfin j’étais, son fidèle
-
-
sujet...<br
class="newline" />Elle sourit et se mit accroupie sur la branche. Elle lui donna une petite
pichenette sur le front.<br
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
+
+
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
lui-même<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 339--><p class="indent" > Il soupira et tenta de réfléchir.<br
class="newline" />— Elle peut avoir plein de raisons pour que je l’ignore, ne serait-ce que pour
-
-
ne pas révéler son identité complète. Ce n’est pas la première fois que
j’escorte des gens qui souhaitent rester discrets.<br
class="newline" />Elle s’accouda à la même branche que lui, et le poussa doucement à
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
+
+
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
+
+
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
légèrement sous son poids, elle fixait l’horizon qui s’assombrissait avec la
tombée de la nuit.
<!--l. 373--><p class="indent" > Elle pointa du doigt la direction dans laquelle Irdann et Sélène étaient
-
-
partis. Une route –qu’ils avaient probablement rejointe depuis– se dessinait
à travers la forêt, à l’orée de laquelle se profilaient des champs et un petit
village. Dans une petite clairière, à mi-chemin, elle distinguait un
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
+
+
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
et d’autre part, je vous savais dans la forêt. Or une armée, même petite,
dans une forêt, c’est extrêmement inefficace, lent et peu discret. Je comptais
vous repérer, et si l’intervention d’hommes armés était nécessaire, je
-
-
pouvais toujours revenir chercher de l’aide.<br
class="newline" />Elle hocha la tête.<br
class="newline" />— D’ailleurs... Est-ce que je peux vous demander quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
+
+
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
J’admets cependant que je joue beaucoup sur le côté imposant de ces deux
armes. Cela fait aussi partie du jeu.<br
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
-
-
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
pour se défendre...
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
+
+
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
tandis que l’homme la retenait vagument par un bras. Surpris, ou
simplement peu pressé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, évanouie ou debout, ça ne devait pas
changer grand chose pour lui. Elle était juste le lot à ramasser. Elle sentit
-
-
ses doigts se refermer sur la poignée du coutelas, et une bouffée de courage
et d’énergie l’envahit. Elle reprit appui sur ses pieds, et en se redressant,
planta l’arme droit dans la poitrine de l’homme. Il eut un sursaut
fille effarouchée... Elle tremblait, mais serra malgré tout le coutelas
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
+
+
sûrement.
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
ayant assisté à la scène, d’autres brigands s’approchaient déjà d’elle... Ce
n’était pas le moment de se poser des questions. Il atteignit enfin le premier
des deux hommes, qu’il transperça d’un coup d’épée. L’autre se
-
-
retourna vers lui, et un coup de masse lui effleura les cheveux. En un
instant, il fut près d’elle. Elle tenait toujours à la main le couteau
qui lui avait permis de se défendre. Ils échangèrent un regard, le
class="newline" />Il avait vu l’homme s’approcher, il l’avait vue se sentir mal, sans pouvoir
rien faire. Il avait toujours trois adversaires face à lui, et peinait à parer
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
+
+
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
reconnut immédiatement malgré l’obscurité.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />La jeune elfe avait revêtu une légère armure de cuir, attaché ses longs
-
-
cheveux, et surtout avait brandi son épée pour parer un coup qu’un des
brigands tentait de porter. Elle lui adressa un sourire rapide.<br
class="newline" />— Besoin d’un coup de main<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Comme au bon vieux temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 484--><p class="indent" > Ils retrouvèrent rapidement la coordination qu’ils avaient lorsqu’ils
combattaient ensemble, à la garde. Plusieurs des hommes tombèrent à leurs
+
+
pieds.<br
class="newline" />— Vite, il faut aller aider Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Ne t’inquiète pas pour elle. On s’occupe de tout.<br
entaille au niveau du genou. Il l’aperçut alors, debout sur un des brigands,
toujours vivant –du moins pour le moment–, allongé à plat ventre. La botte
gauche de la jeune elfe lui maintenait la poitrine au sol, et elle avait son arc
-
-
pointé dans sa direction. Il eut un frisson en recomptant les hommes morts
de ses traits. D’ailleurs, il ne voyait aucune flèche qui semblait avoir
manqué sa cible... Ne jamais sous-estimer une elfe. Même –encore plus–
<!--l. 499--><p class="indent" > Elle était essoufflée, par la course comme par la bataille. Alors que Zach,
arrivant avec une nette avance, avait couru protéger Sélène, Silwë avait
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
+
+
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
dame riche qui passerait par ici.<br
class="newline" />N’osant pas faire un geste de la main, il désigna du menton Irdann et
Sélène. Nous avons vu le paladin à l’aller, et nous l’avons attendu à son
-
-
retour sur le sentier.<br
class="newline" />— Qui vous a dit ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? interrogea Irdann.<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Il fallait demander au chef. On lui a donné l’info. Moi je
class="newline" />Il haussa les épaules.<br
class="newline" />— Non. Mais j’imagine que les rumeurs vont vite...<br
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
+
+
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
Silwë.
<!--l. 536--><p class="indent" > À cet instant, Silwë réapparut, tendant un sac de cuir fin à sa
compagne.<br
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
+
+
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
traces de sang. Elle eut honte de ne pas être allé l’aider, alors qu’il était
blessé. Mais à bien y réfléchir, la jeune elfe s’était occupée de sa plaie aussi
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
+
+
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
class="newline" />— Je connais ce village, c’est celui de mon enfance. S’il n’y a plus de
place à l’auberge, j’irai dormir chez mes parents, qui habitent une
petite maison en bordure de la forêt. Ça me changera de la terre
-
-
battue...<br
class="newline" />— Et nous, ajouta Silwë, nous nous contenterons sûrement d’un arbre ou de
cette terre battue. Nous ne sommes pas les bienvenues dans cette région,
class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis à vis du paladin. Ou était-ce une
impression<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas raconté cette histoire sinon, ou du moins plus
succintement.
-
-
<!--l. 587--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 589--><p class="indent" > Ils étaient vivants, tous les cinq. Et quasiment sans blessure, hors le
-genou d’Irdann. C’était déjà beaucoup... Et ils allaient peut-être
-pouvoir passer la nuit au chaud. Rien que cette idée lui redonnait
-courage.
+<!--l. 589--><p class="indent" > Ils étaient vivants, tous les cinq, et quasiment sans blessure. C’était déjà
+beaucoup... Et ils allaient peut-être pouvoir passer la nuit au chaud. Tout
+n’allait pas si mal... Elle tourna la tête vers ses compagnons. Irdann
+discutait avec Sélène et Aldariel, qui marchaient à côté de la jument. Ils
+avaient l’air de s’entendre plutôt bien, finalement. Zach marchait devant,
+d’un pas décidé, en surveillant les alentours. Pourquoi avait-elle un mauvais
+pressentiment<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce la nuit, la fatigue, les émotions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle s’approcha
+du guide, en frissonnant.<br
+class="newline" />— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il tourna la tête vers elle. Il semblait d’assez bonne humeur.<br
+class="newline" />— Tu en penses quoi, de ces brigands<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu disais que ce n’était pas normal
+d’en voir autant et si près...<br
+class="newline" />Son visage se ferma. Il se rapprocha d’elle, et lui parla à voix basse.<br
+class="newline" />— Il n’est pas très surprenant de croiser des brigands dans cette forêt.
+Surtout en ces temps difficiles, et lorsqu’un grand évènement est organisé,
+faisant venir beaucoup de monde de loin, notamment des personnalités
+riches et importantes. Mais si près des habitations, des brigands qui
+attendaient précisément Sélène et Irdann... <br
+class="newline" />— Ils sont, au moins de naissance, des nobles donc potentiellement des
+personnalités importantes. Et si je comprends bien, un minimum connues de
+nom.<br
+class="newline" />— Oui... <br
+class="newline" />Ah. Ce n’était peut-être pas le genre de phrase qui allait le mettre de bonne
+humeur. Elle soupira.<br
+class="newline" />— Je délire peut-être, je suis épuisée. J’étais juste inquiète. J’ai une
+princesse à protéger, je te rappelle.<br
+class="newline" />Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.<br
+class="newline" />— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame
+jusqu’à la sortie de la forêt.<br
+class="newline" />À son tour, elle lui lança un coup de coude.<br
+class="newline" />— J’ai bien vu ta façon de la protéger.<br
+class="newline" />— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.<br
+class="newline" />Il semblait fixer attentivement l’horizon, mais il souriait. Puis il désigna du
+doigt une lueur au loin.<br
+class="newline" />— Là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Tu vois cette chaumière, avec la lumière à la fenêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Nous
+arrivons<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
</body></html>