<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2015-03-03 23:47:00">
+<meta name="date" content="2015-03-04 19:05:00">
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</head><body
>
tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
savoir si c’était un des siens.
<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
-tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards
-impregnés d’un somnifère très puissant. Il n’arriverait pas à les planter sans
-être repéré du tout, mais en étant rapide, ils n’auraient probablement pas le
-temps de réagir. Il s’approcha le plus près possible d’eux, alors qu’ils
-regardaient aux alentours, l’air inquiet.
+tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
+lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
+cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
+de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles
+aussi vite et précisément que possible.
+<!--l. 419--><p class="indent" > En l’espace de quelques secondes, les deux hommes s’étaient effondrés. Il
+poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
+récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
+bruit dans son dos.
+<!--l. 421--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 423--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de
+noter avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux
+à la lame noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait
+bougé.<br
+class="newline" />— C’est moi.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers4x.png" alt="[
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
+
+
journées moins longues.
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
class="newline" />La tenancière haussa les épaules.<br
class="newline" />— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la
+
+
région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
gorge. Elle avait l’habitude, à l’université de magie, d’être traitée comme les
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
femme posée et douce, à l’attitude noble qui sied à son rang. Rien que pour
-
-
cela, l’idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
Qu’avait-elle à perdre à aller voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était peut-être pas rentré de toutes
façons.
class="newline" />— Vous êtes seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous avez une monture<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je suis seule et à pied.<br
class="newline" />Le guide marqua un temps d’arrêt, hésitant. Il semblait la jauger du regard.
+
+
Peut-être ne la croyait-il pas capable de le suivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela va durer six à sept jours.<br
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
+
+
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
réservait quelques surprises.
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
là, en fait...
-
-
<!--l. 57--><p class="indent" > Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
<!--l. 59--><p class="indent" > Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? D’habitude,
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
+
+
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Parce que vous boitez, depuis trois heures. Ampoules<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avait essayé de ne pas le montrer, pourtant. Et puis elle n’avait
-
-
pourtant rien dit, de quoi il se plaignait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle garda le regard fixé sur le
liseré de la manche de sa robe, évitant son regard. <br
class="newline" />— Oui peut-être. Mais je peux continuer, hein.<br
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
échapper un léger soupir de soulagement.
<!--l. 91--><p class="indent" > Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
-
-
trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
+
+
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
Peut-être que demain, j’aurai le temps de chasser quelque chose, ça
améliorera le repas.<br
class="newline" />Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son
-
-
sourire semblait plutôt franc.<br
class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
nuit.<br
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
+
+
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
Pourtant, elle suivit sans broncher le même rythme, et semblait un
peu plus détendue. Il se permit même quelques remarques amusées,
qu’elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l’après-midi, elle lui
-
-
posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu’ils
croisèrent.
<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
+
+
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
<!--l. 129--><p class="indent" > À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
monter, elle dirigea d’un mouvement brusque la branche vers le visage de
-
-
l’autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
en plus mal. Sans compter qu’elle ne pouvait plus tenir sa robe,
et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
-
-
effort<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
+
+
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Quel est ce bruit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? De l’eau qui coule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a un petit ruisseau qui se déverse dans une vasque dans un coin de la
grotte. Ce léger bruit a l’avantage de masquer nos sons, déjà un peu
-
-
étouffés par la paroi et les buissons. D’ailleurs, je vais en profiter pour
remplir les gourdes d’eau fraîche.
<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
+
+
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
+
+
froid.
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
+
+
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
à son tour.<br
class="newline" />— Désolée...<br
class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
-
-
<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
général de donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait
d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais croisé de nain, et
-
-
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
+
+
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
class="newline" />— Ouille<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Le plafond était effectivement bas. Entendant cela, Zach se retourna. Il lui
-
-
sourit.<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, à part le choc du réveil...<br
class="newline" />— Pas vraiment...<br
class="newline" />— Ne bouge pas.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
+
+
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
+
+
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
organisé par le duc De Vane. Mon confrère appréciait particulièrement
ma venue, même bien après que ma blessure m’empêche de viser
droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes
-
-
sylvains.<br
class="newline" />Aldariel n’ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.<br
class="newline" />— J’ai discuté avec ton professeur de tir à l’arc, qui trouve que tu la
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n’est pas le cas dans
+
+
toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De
Vane, c’est le cas.<br
class="newline" />— Tu penses que c’est vraiment dangereux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
humains.
<!--l. 29--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
-
-
d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes.
Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
+
+
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle-même l’avait été
aussi...
-
-
<!--l. 46--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
class="newline" />— Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n’avons
pas tellement le temps...<br
class="newline" />— C’est dommage... On m’a dit que cette ville est très belle. N’est-ce pas là
+
+
que tu as vécu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines
personnes qui y vivent.<br
se retourna vers la carte.<br
class="newline" />— Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus
à l’aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne
-
-
connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n’aurons
aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je
dirais.<br
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
+
+
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
+
+
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
+
+
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
étaient entrées dans la taverne.<br
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
+
+
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
une amie et non une princesse.
-
-
<!--l. 130--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
+
+
<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son
adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la
-
-
carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut à
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
+
+
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher.
D’abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent
-
-
rapidement vers elles. Elle reconnut l’un des brigands qui avait attaqué les
voyageurs... Le premier souriait.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
l’admiration dans son regard.<br
class="newline" />— Bon, on la traverse cette rivière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, oui... Est-ce qu’on va croiser d’autres brigands dans cette
+
+
forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
class="newline" />— Tu as fait exactement ce qu’il fallait faire. Tu es une vraie combattante,
maintenant.<br
class="newline" />Elle sourit.
-
-
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers6x.png" alt="[
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
Si tout le monde parlait de ce mystérieux enlèvement, l’histoire se
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
+
+
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
d’une cotte de mailles sur d’une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
-
-
complétait sa tenue. Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Tu as fini ta journée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
+
+
<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
<!--l. 35--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-
-
<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
maniement de ses armes, à l’escalade, et à être furtif. Même en tunique
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
+
+
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
vie.
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
-
-
expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
l’intérieur.
bois de l’autre demeure.
<!--l. 78--><p class="indent" > À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
+
+
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
Samantha.
<!--l. 109--><p class="indent" > Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
venant de l’extérieur la fit sursauter, et elle se retourna. Elle tenait un
bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en
+
+
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
class="newline" />— Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que faites vous ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer
-
-
dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.<br
class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
Peut-on discuter calmement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
+
+
vivant.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Et s’il
lui arrivait quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il était vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le couvrir serait très
+
+
compliqué...<br
class="newline" />La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.<br
class="newline" />— Tu dors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
+
+
Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
+
+
l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous,
avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
une note<span class="frenchb-nbsp"> </span>: « araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ».<br
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
-
-
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
théorie.
class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
-
-
de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
faire.<br
class="newline" />Elle s’était levée, décidée, presque en colère.<br
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
+
+
risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu
pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
-
-
<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
posta face à lui.<br
class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon
avancée rapidement.<br
class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
-
-
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
+
+
commençait à se sentir à l’aise en forêt –ou était-ce une aisance avec lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–
et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à la
considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d’un point à
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
-
-
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
+
+
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
rassurant...
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
+
+
bruit qui ressemblait à un cri de douleur. L’eau semblait la brûler, et une
fumée inquiétante semblait s’échapper de son corps. Elle s’écroula sans vie
à ses pieds.<br
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
-
-
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
class="newline" />— Oh, et puis zut.<br
class="newline" />Il n’y avait qu’une seule solution, et elle le savait. Elle rejeta ses cheveux en
arrière, dégagea son bras de sa prise, et se releva.
+
+
<!--l. 57--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 59--><p class="indent" > Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
-
-
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
+
+
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. <br
class="newline" />— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...<br
class="newline" />— Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
-
-
dans la direction des voix.
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
+
+
avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait
été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre
s’était plantée directement dans la chair, et la plaie était inquiétante.
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
+
+
sa silhouette, pour un adolescent, était en fait une jeune femme.
Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
-
-
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
-
-
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
mieux...<br
class="newline" />— Lâche-le immédiatement.<br
class="newline" />Ses yeux et son bâton se mirent à briller, et des filaments d’une lumière
presque aveuglante vinrent se concentrer juste au dessus de son autre main,
+
+
qu’elle tenait paume vers le ciel. Une sphère lumineuse s’y forma, d’abord
rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment
blanche. Une boule de feu...
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-
-
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
+
+
redressait avec difficultés. <br
class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des
araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
-
-
grimaçant de douleur.<br
class="newline" />— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.<br
class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
+
+
courage.
<!--l. 160--><p class="indent" > Quelques instants plus tard, le calme se fit. Les quatre jeunes gens,
toujours dos à dos, laissèrent passer quelques secondes, reprenant leur
class="newline" />L’homme les regarda toutes les deux. Il sembla hésiter une seconde, puis
rangea son épée, prit la magicienne inanimée dans ses bras ainsi que son
bâton, et se mit en route.
+
+
<!--l. 178--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 180--><p class="indent" > Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-
-
Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune
femme inanimée, ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
+
+
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
l’eau en cas de gros problème.<br
class="newline" />L’archère reprit.<br
class="newline" />— Nous avons tous eu peur, je crois. Et sans coopérer, nous ne serions pas
tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de
+
+
dormir.<br
class="newline" />Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au
lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.<br
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
-
-
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.<br
class="newline" />Avait-elle suivi sa pensée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son ton était ferme, mais il y avait une petite
pointe de plaisanterie dans sa voix...
<!--l. 238--><p class="indent" > Il ne put retenir un bâillement. La journée avait été longue, épuisante et
+
+
riche en émotions... Aldariel hocha la tête.<br
class="newline" />— Il est effectivement temps de se reposer.<br
class="newline" />— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne fais
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
-
-
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
class="newline" />Il posa, comme à son habitude, sa ceinture à côté de lui et s’enroula dans la
couverture. Elle était effectivement très confortable et tenait chaud, malgré
sa finesse. Un mètre à sa droite, Silwë l’avait imitée. Son épée se
+
+
retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
-
-
réchauffer.
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
+
+
elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle
l’occasion le lendemain<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 289--><p class="indent" > L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
+
+
répéta-t-elle...
<!--l. 302--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
-
-
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
+
+
et chaudes. Ça, il avait effectivement validé. Ils parlent une langue
inconnue et étrange<span class="frenchb-nbsp"> </span>: raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient
appris la langue des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il en doutait, sinon elles auraient
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
-
-
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
+
+
reste.
<!--l. 319--><p class="indent" > L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
class="newline" />— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Rien à signaler pour le moment.<br
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
-
-
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
+
+
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait
semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
-
-
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
+
+
s’était-il plus fatigué hier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Hier... Les évènements de la veille lui revinrent
brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes,
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
-
-
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
class="newline" />Il n’y avait pas besoin d’avoir à expliquer la situation, au moins. Elle poussa
un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— Je suis désolée pour le malentendu hier... Sans vous deux, nous n’aurions
+
+
pas pu passer cette rivière vivants.<br
class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
-
-
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.<br
class="newline" />— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
-
-
certains de ses secrets, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...<br
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
-
-
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
terminé.
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
+
+
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Tout d’abord, elle n’a pas emmené cet objet chez son époux. Donc elle le lui
cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
+
+
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait à un nom un minimum
familier.
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
-
-
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
+
+
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
sensations, quand bien même elle garderait un visage parfaitement
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
-
-
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
suprises...
+
+
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— L’eau était bonne<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
-
-
regardèrent en souriant.<br
class="newline" />— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br
beaucoup à la sienne, même si le cuir n’était pas le même...<br
class="newline" />— Elle vient de chez les elfes, cette armure<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non, je l’ai achetée à la capitale. Les bonnes armures elfiques sont très
+
+
rares. Par contre, ils ont dû faire quelques retouches qui n’ont pas très bien
tenu.<br
class="newline" />Il hocha la tête.<br
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
+
+
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
<!--l. 143--><p class="indent" > Ils échangèrent d’autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
-
-
de toutes façons...<br
class="newline" />— On remet ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
+
+
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
côté de la poignée de sa propre arme. L’élan qu’il avait pour tenter
class="newline" />— Hééé<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Quelle triche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
+
+
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
<!--l. 172--><p class="indent" > Sauf qu’au lieu de reculer d’un pas pour reprendre son équilibre, il se
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
-
-
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
-
-
longues...
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
-
-
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
+
+
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’étranger lâcha l’elfe, et fit un pas en avant.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
+
+
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
class="newline" />— Je connais très bien Irdann, depuis des années, et je réponds de
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
+
+
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
détendit légèrement, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui la mettait
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
-
-
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
-
-
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
+
+
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
Irdann. Elle avait posé quelques questions à son amie sur le fameux paladin,
auxquelles elle avait répondu avec enthousiaste. Ainsi, ils avaient appris
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
+
+
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
tentant encore une fois de la pousser, mais elle avait encore une fois bondi
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 370--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
-
-
jouer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
ici sans rien tenter.<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
-
-
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et redressa.<br
class="newline" />— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
-
-
nuque.<br
class="newline" />— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
de choses importantes et de devoir les taire.<br
class="newline" />— Dame Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Euh oui... Est-ce que je peux vous demander, au moins tant que nous
+
+
sommes seuls, de m’appeler simplement Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui sourit et hocha la tête.<br
class="newline" />— Gardons le protocole pour plus tard. Vous pouvez même me tutoyer et
casque qui limite ma vue, j’aurais eu une chance de les repérer, elle et
Zach.<br
class="newline" />— Tu sais vraiment te battre avec deux épées ou tu as ces armes pour
-
-
impressionner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais réellement les utiliser. J’ai appris chez maître Ernest, à la
capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j’étais
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
+
+
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
posture.<br
class="newline" />— Sélène, mets-toi à l’abri...<br
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
-
-
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
sûrement.
+
+
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 459--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
-
-
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
+
+
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 473--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
-
-
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
-
-
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
+
+
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
-
-
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
+
+
Silwë.
<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
class="newline" />— On dirait.<br
class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
-
-
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
+
+
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
retrouvée dans les bras de Zach. Elle entendait les voix de leurs
-
-
compagnons, autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas
attention. <br
class="newline" />— Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
+
+
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
nuit.<br
class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
-
-
et votre nom.<br
class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
peut-être pas le moment de le relever.<br
class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
-
-
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
+
+
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
-
-
notre pauvre logis vous conviendra. <br
class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
sourit.<br
class="newline" />— Il a été très correct, rassurez-vous.<br
class="newline" />Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
+
+
paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br
class="newline" />— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé
face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
-
-
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
+
+
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
+
+
Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
laissent faire.
-
-
<!--l. 655--><p class="indent" > Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
+
+
<!--l. 666--><p class="indent" > Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...<br
class="newline" />Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.<br
class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
-
-
traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
+
+
la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
class="newline" />— C’est plutôt une bonne nouvelle.<br
class="newline" />Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse,
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
-
-
bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
pensait.<br
point...<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
+
+
a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.<br
class="newline" />— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
était un choc...<br
surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà
tellement de mal pour eux.<br
class="newline" />— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
-
-
sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si
+
+
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
-
-
décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
venus à notre secours...<br
class="newline" />C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des
+
+
cas...<br
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt
encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...<br
class="newline" />— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait
-
-
compris dans ce combat.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
-
-
pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
Et ça a failli nous coûter cher.<br
class="newline" />— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
+
+
voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
<img
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" class="par-math-display" ></center>
-
-
<!--l. 117--><p class="nopar" >
</body></html>