<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2015-03-01 00:55:00">
+<meta name="date" content="2015-03-08 15:58:00">
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</head><body
>
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
<!--l. 7--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie
-de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient
-pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
+araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de s’en
+débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été
+rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
-considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
-salle du trésor.
+armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré
+comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
+trésor.
<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
-class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
-jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
-forêt.<br
+class="newline" />— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
+dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.<br
class="newline" />— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
+Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
+était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
-possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
-mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
-libre.<br
+puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.<br
class="newline" />— D’accord.
<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
-
-
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
+
+
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l’arc
plutôt que sur les humains, c’était nettement moins dangereux. — Soit. Je
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-
-
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
+
+
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
<!--l. 305--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
+richement orné.
-richement orné.
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
grand sourire.<br
que ce chemin est inondé...<br
class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br
class="newline" />— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
-peu trop âgé pour ça.<br
+class="newline" />— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
+fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
à mon avis.<br
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
-<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus
+<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le
chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
+retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
-retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
<!--l. 15--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son
-maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le
-problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien
+étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
+expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
+le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
+faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
-faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
limités.
-<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
+<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le
calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
+ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
-class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être pouvons-nous nous
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
-
-
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
+était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
-était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
+par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
-par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
+engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
+compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
-compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
-
-
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
+d’enfant.
-d’enfant.
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-
-
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
vie...
-
-
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
+
+
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
-
-
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
-
-
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
+
+
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu’il me
+
+
faut, c’est une légende. Et un héros pour m’enlever.<br
class="newline" />— Un héros<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
-
-
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
+
+
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
temple, pour l’enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour
impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
+
+
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
l’entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+
+
<!--l. 64--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
-
-
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
+
+
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
façon à ce qu’elle ait l’air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des
détails à régler...<br
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
-
-
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
-
-
-s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
+s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
+
+
haussant les sourcils.
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
-
-
faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
détailla leur plan.
+
+
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.<br
class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
-
-
pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+
+
pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
-
-
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 180--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
<br
class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
+
+
présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
quand peut-il vous trouver seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
class="newline" />— Non, rassurez-vous.<br
class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br
-class="newline" />— Alors, qui êtes vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
-
-
+class="newline" />— Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+
+
l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense... <br
class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
-
-
moyenne, visiblement lourd.<br
class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+
+
sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
jeu...
<!--l. 249--><p class="indent" > À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
-
-
mine de s’évanouir dans ses bras.
<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
souriant.
<!--l. 265--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+
+
efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
ces opérations.
<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
prêtresse, et qui l’aurait beaucoup mieux mise en valeur si elle avait été à sa
taille. Tous deux avaient néanmoins gardé leurs épées, et s’apprêtaient à
enfourcher leur monture.
-<!--l. 271--><p class="indent" > L’attente était pesante. La nuit était déjà en train de tomber... Soudain,
-un grand cri de rage couvrant un bruit de galop parvint à leurs oreilles. Le
-signal attendu<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Alors que ses deux compagnons se mettaient en route, il
-ajusta le foulard qui couvrait son nez et sa bouche, et à l’instant où le
-cheval épuisé d’Uhr passa devant lui, il alluma un tas d’herbes exotiques
-qu’il avait soigneusement préparé, et agitant un tissu, dirigea la fumée vers
-le bruit flou des poursuivants. Cette fumée, inodore, brouillait les sens des
-animaux et humains...
-<!--l. 273--><p class="indent" > Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
+<!--l. 271--><p class="indent" > Dans quelques minutes, ils allaient débouler, et il faudrait faire vite. Il
+ajusta le foulard qui couvrait son nez et son visage, et vérifia le tas
+d’herbes exotiques à ses pieds. Des herbes dont la fumée brouillaient les
+sens...
+<!--l. 273--><p class="indent" > Après un petit moment qui lui parut durer une éternité, il entendit enfin
+le grand cri de rage d’Uhr, ainsi que le galop de son cheval. Le signal<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+Rapidement, il mit le feu aux herbes et à l’instant où la monture épuisée
+passa devant lui, il agita un tissu pour diriger la fumée vers l’entrée du
+chemin.
+<!--l. 278--><p class="indent" > Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
-invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons.<br
-class="newline" />— Ils sont six à nos trousses, à cheval, haleta Uhr.
-<!--l. 276--><p class="indent" > À l’abri derrière le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils
-entendirent passer des chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous
-les trois un léger soupir de soulagement.<br
+invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière
+le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des
+chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir
+de soulagement.<br
class="newline" />— Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous êtes blessés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Farl.<br
class="newline" />— Quelques entailles, rien de critique.<br
-class="newline" />— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. On devrait peut-être
-aller les aider...<br
+class="newline" />— Mais je ne suis pas sûre qu’ils s’en sortent seuls. Même un peu ivres, ils
+sont tout de même six. On devrait peut-être aller les aider...<br
class="newline" />C’était la voix de la prêtresse. Il soupira et hocha la tête.<br
class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
-<!--l. 283--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 287--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-
-
-<!--l. 285--><p class="noindent" >— Tu arrives à voir quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-il à Silwë.<br
-class="newline" />La jeune elfe, assise devant lui sur le cheval, hocha la tête.<br
-class="newline" />— À peu près. La nuit ne me pose pas de problèmes, même si le brouillard
-un peu plus...<br
-class="newline" />— Nous avons une bonne avance, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />Elle haussa les épaules.<br
-class="newline" />— J’espère que ça suffira. Il faudrait qu’on les sème avant de sortir de la
-forêt, sinon ça va être compliqué...
+<!--l. 289--><p class="indent" > La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
+compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
+les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+
+
+tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
+présentes.<br
+class="newline" />— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
+changement apparemment. Tout va bien pour le moment.<br
+class="newline" />Irdann savait qu’il disait cela à moitié pour se rassurer lui-même.<br
+class="newline" />— C’est étrange qu’ils n’aient pas encore essayé de nous foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je suppose qu’ils ont peur de blesser leur grande prêtresse. Cela ne veut
+pas dire qu’ils n’essaieront pas plus tard...
+<!--l. 295--><p class="indent" > Ils se turent pendant quelques instants, se concentrant sur la route. Il
+avaient beau être tous deux de bons cavaliers, il n’était pas très confortable
+d’être à deux sur le dos nu d’un cheval. Petit à petit, le brouillard avait
+diminué, peut-être que les prêtres l’avaient fait se dissiper en partie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou
+bien l’enchantement de la prêtresse était-il limité dans l’espace ou
+le temps... Un doute lui parvint, qu’il finit par émettre à hautre
+voix.<br
+class="newline" />— Est-ce que mes oreilles me trompent, ou ils se rapprochent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Silwë tourna la tête pour regarder derrière eux. Ce qu’il pouvait lire de son
+visage dans l’obscurité n’était pas particulièrement rassurant.<br
+class="newline" />— J’ai peur que tu aies raison. Il va falloir trouver un autre moyen de les
+semer, notre monture va fatiguer rapidement.<br
+class="newline" />Il hocha la tête. Quelque chose lui revenait à l’esprit.<br
+class="newline" />— Lorsque nous avons traversé une partie de la forêt, tu m’avais montré
+une rivière et un pont un peu vieux...<br
+class="newline" />— Exact. Précise ton idée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu penses qu’avec quelques bons coups d’épée dans les cordes et les
+vieux morceaux de bois, il s’effondrerait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Son amie resta tournée vers la route quelques instants, sans rien
+dire. Puis brusquement, elle fit tourner à gauche leur monture, si
+bien qu’il dut presque s’accrocher à sa taille pour ne pas tomber. Le
+pauvre cheval tentait désormais de courir de son mieux dans les
+broussailles.<br
+class="newline" />— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
+vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
+sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+
+
+trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
+soucis.<br
+class="newline" />— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
+la nuit<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Tu es meilleur cavalier que moi, Irdann. Je peux voir les cordes à couper
+dans la nuit, et s’il faut se cacher dans la forêt, je me débrouille mieux
+que toi. Ils te trouveraient trop facilement s’ils se mettaient à te
+chercher...<br
+class="newline" />Il soupira. Elle n’avait pas tort. Sauf que...<br
+class="newline" />— Même avec une longue robe rouge et or<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle marqua une pause.<br
+class="newline" />— Effectivement. Tiens-moi ça deux secondes.<br
+class="newline" />Il tendit le bras et saisit les rênes qu’elle lui tendit dans sa main
+gauche, tandis qu’à sa grande surprise, elle ôtait sa robe, qu’elle lui
+tendit.<br
+class="newline" />— Problème réglé. Et en agitant ça vaguement dans la nuit, ils croiront que
+je suis toujours avec toi.<br
+class="newline" />Elle rajusta sa ceinture et son épée par dessus la tunique courte qui lui
+restait.<br
+class="newline" />— Nous revoilà sur le sentier. Le pont est là-bas, tu le vois<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bonne chance...<br
+class="newline" />— Tu en auras besoin aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 319--><p class="indent" > La jeune elfe sauta du cheval et disparut dans un épais buisson.
+<!--l. 321--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 323--><p class="indent" > Elle se rappela à cet instant pourquoi il ne fallait pas sauter d’un
+cheval au galop –même quand ce cheval, épuisé, ne courait plus
+très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
+couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
+heureusement.
+<!--l. 325--><p class="indent" > Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
+le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
+son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+
+
+de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
+meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
+la mousse et du lierre.
+<!--l. 327--><p class="indent" > Le galop des chevaux des prêtres se rappochaient. Elle n’avait pas tout à
+fait terminé...<br
+class="newline" />— Désolée, Irdann, mais il va falloir que tu te débrouilles, murmura-t-elle.
+<!--l. 330--><p class="indent" > Elle prit une grande inspiration et plongea dans l’eau.
+<!--l. 332--><p class="indent" > Le courant aidant, elle refit surface une vingtaine de mètres plus loin, à
+l’abri des joncs. Les deux cavaliers en tête étaient en train de franchir le
+pont quand les cordes usées par les coups d’épées finirent par céder. Dans
+un grand fracas de craquement, de cris et de hennissements, le pont
+s’effondra.
+<!--l. 334--><p class="indent" > Un silence suivit, dans lequel elle commença à s’éloigner doucement et
+silencieusement de la rivière, tout en essayant de limiter le bruit que ses
+vêtements et cheveux faisaient en dégoulinant. Fort heureusement, les
+prêtres semblaient assez occupés à leurs affaires. L’un des cavaliers avait
+réussi à franchir de justesse la rivière. Le second était tombé, avec son
+cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne
+faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun
+des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
+prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec
+plus ou moins de succès.<br
+class="newline" />— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>! cria l’un d’eux au
+chanceux qui les attendait de l’autre côté.<br
+class="newline" />Le prêtre hocha la tête et se lança à la poursuite d’Irdann.
+<!--l. 339--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 341--><p class="indent" > Silwë avait réussi... Il n’avait pas vraiment vu ce qui s’était passé, mais
+il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
+de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
+suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
+l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il valait
+mieux continuer à s’éloigner.
+
+
+<!--l. 343--><p class="indent" > Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
+Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
+maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
+À sa droite, s’élevait une haute falaise, interdisant toute sortie par là, mais
+un vieux sentier la longeait. S’il s’éloignait encore un peu de la rivière, il
+serait enfin invisible, à l’abri...
+<!--l. 345--><p class="indent" > Alors qu’il commençait un peu à se rassurer, le bruit d’un galop tant
+redouté parvint à ses oreilles. Oh non. Ils ne laisseraient donc jamais
+tomber<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira, se remit en selle –ou plutôt à cru– et repartit, malgré
+les protestations de sa monture. Tournant la tête, il remarqua alors que son
+poursuivant était seul. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’eut pas le temps de réfléchir à cette
+question qu’il déboucha brusquement dans une clairière à l’extrémité
+de laquelle se trouvait... la falaise. Il pouvait essayer de chercher
+un chemin vers la gauche, mais ne risquait-il pas de tomber encore
+sur un cul-de-sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et son cheval était vraiment épuisé. Il allait
+falloir trouver une autre solution. Une cachette, peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou bien
+escalader la falaise<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça allait être compliqué avec un cheval... Il mit
+mied à terre, et, plus par habitude qu’autre chose, dégaina son épée.
+Combattre le prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le
+choix<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la
+prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
+figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
+tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué
+lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
+visage.
+<!--l. 348--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 350--><p class="indent" > Se cacher dans la forêt était-il un don vraiment spécifique aux elfes
+sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les cinq prêtres restants faisaient un tel bruit, en essayant de
+faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
+même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
+Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
+ça...
+<!--l. 352--><p class="noindent" >— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace"> </span>! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+
+
+visiblement en charge.<br
+class="newline" />— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
+boîte.<br
+class="newline" />Le dénommé Feyne soupira. Un autre prêtre hocha sa tête encapuchonnée.
+La pauvre bête était celle qui était tombée dans la rivière quand le
+pont s’était effondrée. De plus, elle tremblait encore plus que les
+autres.<br
+class="newline" />— Alors venez m’aider à faire traverser celui-là<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vite<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 357--><p class="indent" > Se cacher était d’autant plus efficace qu’ils ne cherchaient personne en
+particulier. Elle aurait presque pu passer à côté et leur demander l’heure
+qu’ils n’auraient pas fait attention à elle. Elle prit une seconde pour
+imaginer cette scène totalement absurde dans sa tête, et ramena ses
+bras contre son corps. Elle commençait à avoir froid, dans la nuit,
+avec sa tunique trempée collée contre son corps. Elle avait bougé
+pour s’éloigner d’eux, mais ce n’était pas suffisant pour lui tenir
+chaud...
+<!--l. 359--><p class="noindent" >— Là bas, on dirait qu’il est de retour<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Un prêtre montrait du doigt la silhouette d’Odal, qui revenait au galop en
+leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
+celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.<br
+class="newline" />— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
+est seule, je pense qu’il y a un piège...<br
+class="newline" />Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
+n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
+quelques mots et tendit un bras vers lui.
+<!--l. 364--><p class="indent" > Un éclair bleu d’une lueur aveuglante jaillit du ciel sombre, et se
+dirigea droit vers Odal. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour
+ne pas crier, et manqua de tomber de sa branche. Juste au dessus
+de l’homme, l’éclair se sépara en deux, puis en quatre, et ainsi de
+suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
+comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
+les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
+suivirent.
+<!--l. 366--><p class="noindent" >— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna un
+
+
+des prêtres à côté de Feyne.<br
+class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br
+class="newline" />— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allez, en
+route.<br
+class="newline" />— Mais nous sommes deux à n’avoir pas pu faire traverser nos montures<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Alors restez ici et soyez sur vos gardes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+<!--l. 372--><p class="indent" > Feyne et les deux autres qui avaient traversé enfourchèrent leurs chevaux
+et se lancèrent à la suite dudit Odal. Silwë, toujours sur son arbre, les
+regarda s’éloigner en réfléchissant. Il avait eu un doute sur son identité, au
+point de tenter de le foudroyer... Puis elle reconcentra son attention sur les
+deux prêtres restants, qui discutaient tout en attachant leurs chevaux à une
+branche voisine.<br
+class="newline" />— Il est fou, Feyne, ou quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, il a cru que c’était quelqu’un d’autre. Il a trop bu je te
+dis.<br
+class="newline" />— Parle pour toi, tu empestes le vin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Le prêtre haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Toi aussi. Tiens, tu n’aurais pas une lampe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fait de plus en plus
+sombre, je n’aime pas ça...<br
+class="newline" />L’autre fouilla ses poches.<br
+class="newline" />— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit
+feu.
+<!--l. 382--><p class="indent" > Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
+pont. <br
+class="newline" />— Au moins, on voit quelque chose, maintenant<span class="frenchb-thinspace"> </span>! dit l’un des prêtres avec
+un sourire satisfait.<br
+class="newline" />Silwë serra les dents. Non seulement, avec cette lumière, elle perdait son
+avantage, mais en plus à cause du contraste, elle distinguait moins
+bien les ombres alentours. Et en plus, ce petit feu, qui avait l’air de
+l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
+froid.<br
+class="newline" />— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
+l’autre.<br
+class="newline" />— Tu crois qu’on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+
+
+Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
+même pas l’avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
+S’il fallait en venir là...
+<!--l. 389--><p class="indent" > L’homme s’approcha de l’arbre dans lequel elle se tenait, sans lui jeter le
+moindre regard. Il releva sa robe et se soulagea contre le tronc. Elle
+laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il revint ensuite vers
+son compagnon. Celui-ci s’était assis et observait les environs, peu
+rassuré.<br
+class="newline" />— Tu crains vraiment que quelqu’un n’arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui demanda-t-il..<br
+class="newline" />— Bah, si le barbare n’est plus dans la clairière... Tu ne veux pas aller jeter
+un œil aux alentours<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je suis peut-être assez sobre pour invoquer un enchantement de
+détection, si ça peut te rassurer...
+<!--l. 394--><p class="indent" > Un enchantement de détection... Voilà autre chose. Ces enchantements
+marchaient-ils même quand le prêtre était un peu ivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Détectaient-ils les
+elfes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avala sa salive. Si oui, leur permettrait-ils de la localiser
+précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quelle serait leur réaction s’ils tombaient sur une elfe
+trempée et peu vêtue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 396--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 398--><p class="indent" > Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même
+s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
+était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
+marchant, une monture aurait été bien évidemment hors de question. Les
+prêtres n’avaient visiblement pas abandonné, il les entendait galoper
+encore. Ivres, certes, mais c’est peut-être justement ça qui les avait fait
+se lancer dans une poursuite en pleine nuit. À ce rythme, il ne les
+rattraperait jamais, même en prenant des raccourcis à travers les
+broussailles...
+<!--l. 400--><p class="indent" > Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne
+pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
+et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
+Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
+elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+
+
+que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était
+plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
+bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
+courir.
+<!--l. 402--><p class="indent" > Une lueur était apparue, au loin. Il s’approcha avec précautions. C’était
+un feu, et deux prêtres s’y affairaient. Leurs chevaux étaient attachés un
+peu plus loin. Derrière eux se trouvait le pont sur la rivière, ou plutôt ce
+qu’il en restait. Que s’était-il passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et où étaient les autres prêtres, et ses
+compagnons<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il s’approcha encore, en essayant de ne pas faire de
+bruit.
+<!--l. 404--><p class="indent" > Les prêtres n’avaient pas l’air particulièrement rassurés. L’un d’eux
+s’était mis à genoux, et semblait prier. Il avança lentement, avec
+précautions. En ville, c’était différent. Il n’y avait pas des branches et
+feuilles par terre pour trahir ses pas, et puis l’invisibilité dans une cité
+consistait, la plupart du temps, à être juste assez visible et audible pour que
+personne n’ait envie de faire attention à lui.
+<!--l. 406--><p class="indent" > Soudain, le prêtre à genoux se redressa brusquement, dégainant son
+épée de sa ceinture, paniqué.<br
+class="newline" />— Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Quoi, sursauta l’autre. Il y a quatre hommes autour de nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Farl se figea. Quatre hommes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment avait-il vu les yeux fermés<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Euh non, quatre en nous comptant. Cela veut dire qu’il y en a deux qui
+nous menaçent<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Tu es sûr de toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as bu. Si ça se trouve, tu as juste senti la présence
+des chevaux.<br
+class="newline" />Il haussa les épaules, hésitant.<br
+class="newline" />— Je ne pense pas... Je n’ai jamais entendu dire que cet enchantement
+pouvait faire ça...
+<!--l. 415--><p class="indent" > Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
+« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En
+tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
+savoir si c’était un des siens.
+<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+
+
+tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
+lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
+cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
+de toutes façons. Il prit une grande inspiration et lança les deux projectiles
+aussi vite et précisément que possible.
+<!--l. 419--><p class="indent" > En l’espace de quelques secondes, les deux hommes s’étaient effondrés. Il
+poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
+récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
+bruit dans son dos.
+<!--l. 421--><p class="indent" > C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
+courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
+couvraient son épaule et son bras droit.
+<!--l. 423--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Silw</span><span
+class="ecti-1095">ë</span>
+<!--l. 425--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter
+avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
+noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé
+quelques instants, immobile, à la fixer.<br
+class="newline" />— C’est moi...<br
+class="newline" />Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+restait du pont.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui s’est passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourquoi es-tu trempée et...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
+restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
+besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
+endormis.<br
+class="newline" />— Merci, au fait.<br
+class="newline" />Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des
+bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
+de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un
+buisson.
+<!--l. 434--><p class="indent" > Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
+s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
+mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se redressa
+
+
+doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
+<!--l. 436--><p class="indent" > C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
+alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
+immédiatement.
+<!--l. 438--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 440--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
+bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.<br
+class="newline" />— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu fais là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Habillé en prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’est-ce qui s’est passé
+là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont
+pas tarder à revenir.<br
+class="newline" />Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
+<!--l. 447--><p class="indent" > Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
+Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
+soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
+une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
+mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+questions.
+<!--l. 449--><p class="indent" > Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
+robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
+avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa
+tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait
+attention...<br
+class="newline" />— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
+Silwë.<br
+class="newline" />— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...<br
+class="newline" />— Et que s’est-il passé ensuite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
+qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
+d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
+pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
+
+
+morts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
+Farl.<br
+class="newline" />— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda Uhr.<br
+class="newline" />Irdann sourit.<br
+class="newline" />— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
+tête...<br
+class="newline" />Ses compagnons sourirent à leur tour.
+<!--l. 460--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 462--><p class="indent" > Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce
+soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
+quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
+maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
+l’aller.
+<!--l. 464--><p class="indent" > Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait Uhr, le « barbare ». Un
+soldat de la garde de la capitale, lui aussi, ami d’Irdann. Il s’était changé, et
+s’il était toujours impressionnant, il avait l’air très différent. Il y avait bien
+sûr le jeune apprenti paladin, qui avait lui aussi revêtu des vêtements plus
+discrets que ceux du prêtre, qui s’occupait pour le moment des chevaux
+épuisés. Il y avait la jeune elfe, elle aussi
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers4x.png" alt="[
public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
+
+
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
pouvez-vous me renseigner. Je cherche un moyen de traverser la forêt pour
me rendre en la seigneurie de Assem.<br
class="newline" />— Si vous savez monter, vous pouvez louer des chevaux et engager
-
-
des hommes pour vous protéger. Je peux vous indiquer quelques
contacts.<br
class="newline" />Sélène réfléchit quelques instants. Elle n’aimait pas voyager avec beaucoup
autres, et n’aimait pas, lorsqu’elle rentrait chez elle, redevenir une jeune
femme posée et douce, à l’attitude noble qui sied à son rang. Rien que pour
cela, l’idée de partir dans la forêt avec un sauvage était tentante.
-
-
Qu’avait-elle à perdre à aller voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était peut-être pas rentré de toutes
façons.
<!--l. 25--><p class="indent" > Lorsqu’elle arriva près de la petite cabane, elle eut quand même un
mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br
class="newline" />— Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
+
+
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
s’évanouir, ou gloussé<span class="frenchb-thinspace"> </span>; elle avait plutôt donné l’impression de vouloir le
transpercer d’une épée. Heureusement qu’elle n’en avait pas à ce moment
là, en fait...
-
-
<!--l. 57--><p class="indent" > Et puis elle était venue seule, et rien que ça, c’était étrange.
<!--l. 59--><p class="indent" > Et il y avait ce nom, tout simple. Était-ce vraiment le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? D’habitude,
les nobles aimaient à étaler des noms à rallonge, comme si ce seul nom
prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
+
+
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
class="newline" />— Ça va. Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Parce que vous boitez, depuis trois heures. Ampoules<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle avait essayé de ne pas le montrer, pourtant. Et puis elle n’avait
-
-
pourtant rien dit, de quoi il se plaignait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle garda le regard fixé sur le
liseré de la manche de sa robe, évitant son regard. <br
class="newline" />— Oui peut-être. Mais je peux continuer, hein.<br
tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de
plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout.
+
+
Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers
elle.<br
class="newline" />— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br
class="newline" />Elle sembla hésiter, puis s’assit dos à un arbre, et posa son sac, laissant
échapper un léger soupir de soulagement.
<!--l. 91--><p class="indent" > Il revint une dizaine de minutes plus tard. En plus du bois, il avait
-
-
trouvé quelques baies. La nuit était quasiment tombée, mais cela ne lui
avait jamais posé problème. Sélène était toujours assise, adossée au
même arbre, penchée en avant, immobile. Endormie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait
son guide pour lancer un léger sort. Un qui n’avait pas besoin de
son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
+
+
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
Peut-être que demain, j’aurai le temps de chasser quelque chose, ça
améliorera le repas.<br
class="newline" />Il semblait presque gentil avec elle, maintenant. Pitié ou sympathie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son
-
-
sourire semblait plutôt franc.<br
class="newline" />— Enroulez-vous dans votre couverture, je vais baisser le feu pour la
nuit.<br
suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas
désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
+
+
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
Pourtant, elle suivit sans broncher le même rythme, et semblait un
peu plus détendue. Il se permit même quelques remarques amusées,
qu’elle ne prit pas trop mal. Vers le début de l’après-midi, elle lui
-
-
posa même quelques questions sur certaines plantes et arbres qu’ils
croisèrent.
<!--l. 119--><p class="indent" > Alors que le soir approchait, il la laissa encore près du campement pour
vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
+
+
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
<!--l. 129--><p class="indent" > À l’instant où le bandit leva son épée pour dégager le bâton, l’homme au
gourdin disparut soudainement de son champ de vision. Sentant la panique
monter, elle dirigea d’un mouvement brusque la branche vers le visage de
-
-
l’autre. Si elle touchait ses yeux avec les brindilles à son extrémité, elle
pouvait gagner encore un peu de temps... Il esquiva le coup, puis dégagea la
branche sur le côté du plat de sa lame, avant de s’avancer vers elle d’un
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
+
+
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
en plus mal. Sans compter qu’elle ne pouvait plus tenir sa robe,
et se prenait les pieds dedans. Comment lui faisait-il pour grimper
avec les deux sacs, en tenant sa main, et sans montrer le moindre
-
-
effort<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 146--><p class="indent" > Une pierre se détacha subitement sous son pied gauche, dans un
léger craquement. Elle sentit son second pied glisser, et sa main
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
class="newline" />Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
+
+
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
class="newline" />— Quel est ce bruit<span class="frenchb-thinspace"> </span>? De l’eau qui coule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a un petit ruisseau qui se déverse dans une vasque dans un coin de la
grotte. Ce léger bruit a l’avantage de masquer nos sons, déjà un peu
-
-
étouffés par la paroi et les buissons. D’ailleurs, je vais en profiter pour
remplir les gourdes d’eau fraîche.
<!--l. 162--><p class="indent" > Elle l’entendit des bruits de pas s’éloigner rapidement vers le
première fois, marquer un instant d’hésitation gêné.<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
+
+
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
+
+
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
+
+
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
+
+
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
à son tour.<br
class="newline" />— Désolée...<br
class="newline" />— Il n’y a pas de mal. Tu ne pouvais pas savoir.
-
-
<!--l. 235--><p class="indent" > Elle laissa passer un moment de silence. Elle semblait plus détendue
qu’au début. Il valait mieux qu’elle se pose des questions sur lui que sur
tout ce qui s’était passé ce soir, finalement... Pourtant il sentait
plus agiles, plus sages, plus tout un tas de choses... Il se gardait en
général de donner son avis sur le sujet, et personnellement, il attendait
d’en rencontrer avant de juger. Il n’avait jamais croisé de nain, et
-
-
avait entr’aperçu des elfes une fois. Bien sûr, ces derniers n’ayant
pas besoin de lui pour traverer la forêt, et les nains n’aimant pas
trop voyager, cela ne lui avait pas laissé beaucoup d’opportunités.
s’était imaginé<span class="frenchb-nbsp"> </span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
+
+
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
éveillée. Détournant le regard, elle se leva. <br
class="newline" />— Ouille<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Le plafond était effectivement bas. Entendant cela, Zach se retourna. Il lui
-
-
sourit.<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, à part le choc du réveil...<br
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
l’air de la choquer...
<center class="par-math-display" >
+
+
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
organisé par le duc De Vane. Mon confrère appréciait particulièrement
ma venue, même bien après que ma blessure m’empêche de viser
droit. Cela entretient les bonnes relations entre humains et elfes
-
-
sylvains.<br
class="newline" />Aldariel n’ajouta rien. Pour le moment, ça se passait plutôt bien.<br
class="newline" />— J’ai discuté avec ton professeur de tir à l’arc, qui trouve que tu la
class="newline" />— Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez
les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à
leurs parents ou maris... on n’imaginerait pas les voir se promener
+
+
seules.<br
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je te présente Silwë, une guerrière qui nous revient de chez les
humains.
<!--l. 29--><p class="indent" > Une jeune femme entra. Elle était habillée comme les soldats elfes,
-
-
d’une tunique mi-longue verte, d’un pantalon blanc, et des bottes.
Ses cheveux étaient tressés derrière son dos. À son côté pendait un
fourreau ouvragé. Elle posa un genou en terre face au roi et à la
<!--l. 39--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
+
+
<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
chaque pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En tous cas, elle avait eu l’air vraiment heureuse de
partir à l’aventure. Pouvait-elle l’en blâmer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle-même l’avait été
aussi...
-
-
<!--l. 46--><p class="indent" > C’est alors que la princesse entra. Elle avait troqué sa longue robe contre
une plus courte, vert très pâle, et un pantalon blanc. Des bottes avaient
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
se retourna vers la carte.<br
class="newline" />— Nous passerons par cette autre forêt ensuite, nous y serons plus
à l’aise. Il faudra être prudentes, il y a parfois des bandits. Je ne
-
-
connais pas cette forêt directement, mais je pense que nous n’aurons
aucun mal à la traverser dans sa longueur. Une dizaine de jours je
dirais.<br
c’est tout.<br
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
+
+
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 89--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
+
+
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
+
+
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
+
+
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
bienveillants, était reposant. De plus, la compagnie d’Aldariel était
vraiment agréable, et elle avait de plus en plus la sensation de voyager avec
une amie et non une princesse.
-
-
<!--l. 130--><p class="indent" > C’est vers le début de l’après-midi qu’elles entendirent un bruit
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
+
+
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
qu’il pouvait avec son écu, le garde, en très mauvaise posture, vit
soudainement une lame venue de nulle part traverser la gorge de son
adversaire. Derrière lui, la jeune elfe recula prudemment, cachée par la
-
-
carrure imposante de l’homme qui s’effondrait lentement, et disparut à
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
à un gué, elle virent passer trois hommes, qui couraient eux aussi vers le
cours d’eau. Ils les aperçurent avant qu’elles n’aient le temps de se cacher.
D’abord surpris, les hommes dégainèrent leurs épées et se tournèrent
-
-
rapidement vers elles. Elle reconnut l’un des brigands qui avait attaqué les
voyageurs... Le premier souriait.<br
class="newline" />— Faute de riche carosse à dépouiller, on ne sera peut-être pas bredouilles
class="newline" />— Tu as fait exactement ce qu’il fallait faire. Tu es une vraie combattante,
maintenant.<br
class="newline" />Elle sourit.
-
-
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers6x.png" alt="[
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
+
+
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
<!--l. 13--><p class="indent" > Un soldat se tenait dans l’entrée de la boutique. Grand, musclé, vêtu
d’une cotte de mailles sur d’une tunique brune et un pantalon gris, ainsi que
des solides bottes de cuir épais. Une ceinture à laquelle pendait une épée
-
-
complétait sa tenue. Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Uhr<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Tu as fini ta journée<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
+
+
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
class="newline" />— Je ne sais pas, visiblement oui.
<!--l. 35--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-
-
<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
+
+
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
avait failli finir totalement en ruine. Au dernier étage, les fenêtres avaient
été scellées à l’aide de panneaux de bois. C’était là, dans l’appartement de
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
-
-
expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
l’intérieur.
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
+
+
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
+
+
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
<!--l. 109--><p class="indent" > Elle rapprocha sa chaise de la sienne et posa sa tête sur son épaule.
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
+
+
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
class="newline" />— Qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que faites vous ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle semblait paniquée. Dans le même temps, des filaments aussi lumineux
que ses yeux se mirent à voler autour d’elle, de son bâton, et se concentrer
-
-
dans sa main. Un sort... Il frissonna et leva les mains.<br
class="newline" />— Calmez-vous. Je doute que vous ayiez le droit d’être plus ici que moi.
Peut-on discuter calmement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
+
+
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
+
+
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
+
+
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+
+
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
sortant que lorsqu’elles n’y trouvaient pas assez à manger, et encore,
seulement de nuit. Supportant mal la lumière et surtout l’eau pure, elles
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
-
-
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
théorie.
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+
+
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
proposa Samantha.<br
class="newline" />La magicienne proposa alors<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Je vais tout leur dire. Et je prendrai votre défense à tous les trois. Et si
jamais on vous cause des ennuis, je vous couvrirai et je trouverai un moyen
-
-
de vous envoyer enquêter. Il est hors de question que je reste sans rien
faire.<br
class="newline" />Elle s’était levée, décidée, presque en colère.<br
class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
fait.<br
class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
+
+
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
pas une sanction disproportionnée. Sauf qu’objectivement, il savait
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
-
-
<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
posta face à lui.<br
class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
voyage avec une prêtresse, il m’est possible de vous tenir au courant de mon
avancée rapidement.<br
class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
-
-
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
qu’elle lui avait mis dans le côté droit. Heureusement qu’il n’avait pas
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
-
-
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
+
+
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
class="newline" />Du bout de son bâton, elle remua le cadavre de la bête, retenant un frisson
d’horreur. Il remercia ses réflexes, sans lesquels... il ne préféra pas imaginer
la suite.<br
-class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il ne vaudrait mieux pas rester
+class="newline" />— Elles attaquent rarement seules, il vaudrait mieux ne pas rester
ici...<br
class="newline" />— Attention<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Deux autres créatures venaient de sortir du sous-bois. Il se plaça entre elles
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
-
-
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
courant. De toutes façons, vue sa jambe, elle le rattraperait vite. Et à
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
-
-
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
+
+
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />— Il y a des gens<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Je suis perdue<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
-
-
dans la direction des voix.
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
+
+
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
+
+
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
convenablement son épée. Entourant ses épaules de son bras droit, il la
souleva d’un coup de hanche et l’accompagna au sol. Sous le choc, le souffle
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
-
-
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
épée à plat sur sa gorge.
<!--l. 117--><p class="indent" > Elle n’avait rien pu faire. Elle enrageait d’être ainsi blessée, et à la merci
de son ennemi. Le brigand qui la maintenait au sol l’observait avec une
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
-
-
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
mieux...<br
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 133--><p class="indent" > Il sentit un mouvement venant de l’elfe qu’il tenait toujours plaquée au
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
-
-
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
+
+
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
de créatures. Sélène cessa de se poser la question. S’ils devaient combattre
ces horreurs, ils allaient avoir besoin d’un bras supplémentaire. Au sens
propre... Elle ramassa l’épée et courut vers la jeune elfe, toujours au sol,
-
-
grimaçant de douleur.<br
class="newline" />— ’Bouge pas, je m’occupe de ça.<br
class="newline" />Elle posa délicatement sa main sur le poignet blessé, et se concentra sur son
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
+
+
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
Était-ce la rage d’être restée passive pendant toute une partie de l’action,
blessée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contrecoup de la douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? L’efficacité meurtrière qu’elle avait
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
-
-
Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
class="newline" />— Nous y voici. Il n’y a plus qu’à traverser. Tu sauras nager avec
elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère, qui s’était tournée vers lui. Il hocha la tête,
-même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement, et la jeune
-femme inanimée ne l’enchentait guère.<br
+même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune
+femme inanimée, ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
+
+
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
class="newline" />— Du pain elfique. C’est très bon et nourrissant, mais crois-moi, on s’en
lasse au bout d’un moment.<br
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
-
-
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
grimace.<br
que j’étais soi-disant tout frêle...<br
class="newline" />Silwë sourit.<br
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
-
-
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
fallait rester éveillée. Le campement de fortune était calme, et aucune
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
-
-
réchauffer.
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
+
+
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
ce qu’elle semblait comprendre des humains. Et puis, elle n’avait
jamais rencontré d’elfe noir, peut-être que tout ce qu’on disait sur eux
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
+
+
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
<!--l. 306--><p class="indent" > Sélène... Qui semblait si fragile, et si forte en même temps. Que
serait-il devenu sans elle... Que seraient-ils devenus, corrigea-t-il, si
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
-
-
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
+
+
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
gorge, visiblement. En même temps, admit-il, lui n’aurait pas trop
aimé non plus... Chercherait-elle à se venger<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela dit, elle n’avait
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
-
-
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
lui...
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
+
+
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
class="newline" />— Ah, pardon. Je suppose que c’est mon tour de veiller<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Rien à signaler pour le moment.<br
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
-
-
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-toujours, et à ses côté, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
+
+
+toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
<!--l. 339--><p class="indent" > Mais la magicienne l’avait quand même sauvée, elle... Alors qu’elle
l’avait menacée quelques instants plus tôt. Bon indirectement, via
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
-
-
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
+
+
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bien dormi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
-
-
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 6--><p class="indent" > Irdann savourait cette toute nouvelle liberté. Moins d’un mois qu’il avait
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
-
-
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus
depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de
tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+
+
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
class="newline" />Le seigneur sembla prendre un air inquiet, comme si cela lui rappelait
quelque chose. Il sembla hésiter, puis s’arrêta au milieu du couloir.<br
class="newline" />— Irdann... En tant que paladin de la déesse Melna, vous êtes investi de
-
-
certains de ses secrets, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il hocha la tête. Que cherchait-il à lui dire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions, mon épouse et moi, vous charger d’une requête...<br
aimé, se jeta du haut de sa tour à l’instant où celui-ci mourait sous
les coups de l’ennemi, bien avant que les hérauts ne lui annoncent
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
-
-
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
+
+
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
caché, il n’avait probablement aucune chance. Mais un objet d’un
volume moyen et caché, il pouvait peut-être... Pourquoi ne pas le
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
+
+
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
allait désormais pulser au rythme de ses battements de cœur. En se
concentrant, il pouvait également sentir dans quelle direction approximative
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
-
-
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
+
+
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
<!--l. 69--><p class="indent" > Et ce caillou qui pulsait toujours... Heureusement pour lui, il n’avait
aucun lien affectif avec la personne qu’il recherchait, sinon, le même sort
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
-
-
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
+
+
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
+
+
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
quinquaillerie avec Silwë.<br
class="newline" />Il s’éloigna en direction de la guerrière, assise un peu plus loin.
<!--l. 106--><p class="indent" > Une fois qu’il fut hors de portée de voix, Aldariel et Sélène se
-
-
regardèrent en souriant.<br
class="newline" />— Il ne faut pas lui en vouloir, il n’a pas l’habitude...<br
class="newline" />— C’est vrai, mais sa réaction est toujours aussi drôle.<br
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
+
+
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
coup. Leur échange n’avait pas duré une quinzaine de secondes.<br
class="newline" />— Bien joué.<br
class="newline" />Il lui sourit et recula d’un pas. Il avait bien l’intention de ne pas en rester là
-
-
de toutes façons...<br
class="newline" />— On remet ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle recula à son tour et hocha la tête.
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
+
+
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
class="newline" />— Hééé<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est de la triche, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Quelle triche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les ennemis contre qui tu combats respectent quelles
règles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
+
+
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
la main et l’aida à se relever. À peine sur pied, elle fit deux pas rapides
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
-
-
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
+
+
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
épée longue. Il avait lui-même un couteau en complément de sa
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
-
-
longues...
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
la jeune femme en question... Et que faisait-elle en pleine forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
+
+
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
pour l’enlacer.
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
-
-
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
+
+
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
+
+
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
+
+
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
elfes...<br
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
-
-
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
+
+
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
racontant brièvement leur trajet. Elle ne tarissait pas d’éloges pour son
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
-
-
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
+
+
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
+
+
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
+
+
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
+
+
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
<!--l. 368--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 370--><p class="noindent" >— Héé, les deux tourtereaux, vous ne voulez pas monter au lieu de
-
-
jouer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de Silwë. Malgré la plaisanterie, le ton de sa voix semblait
légèrement inquiet. Elle échangea un regard avec Zach, et ils escaladèrent
ici sans rien tenter.<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Évidemment qu’on ne va pas rester ici sans rien tenter. Évidemment
-
-
qu’on ne va pas te laisser y aller seul.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et redressa.<br
class="newline" />— Ils n’ont pas énormément d’avance sur nous, surtout s’ils ont dû faire
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
+
+
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
+
+
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
class="newline" />Il la regarda avec surprise. La jeune dame semblait bien moins hautaine
que ce à quoi il s’attendait. Et en marchant ainsi, il pouvait voir
son visage, ce qui était nettement plus agréable que de parler à sa
-
-
nuque.<br
class="newline" />— Vous êtes partie avec ce guide... vous avez fait des mauvaises
rencontres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
casque qui limite ma vue, j’aurais eu une chance de les repérer, elle et
Zach.<br
class="newline" />— Tu sais vraiment te battre avec deux épées ou tu as ces armes pour
-
-
impressionner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais réellement les utiliser. J’ai appris chez maître Ernest, à la
capitale, le maniement de toutes sortes de lames, et comme j’étais
class="newline" />Il lui sourit, puis son sourire se figea soudain.
<!--l. 442--><p class="noindent" >— Qu’est-ce que c’est que ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lâcha la bride de la jument, qui sursauta. Un groupe d’hommes armés
-arrivait en courant dans leur direction, armés. Elle se retourna vivement,
-deux autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
+arrivait en courant dans leur direction. Elle se retourna vivement, deux
+autres arrivaient dans leur dos. Elle retint un cri.<br
class="newline" />— Place-toi derrière moi.<br
class="newline" />En un clin d’œil, il avait dégainé ses armes, et s’était placé en garde,
surveillant les deux groupes s’approchant. Elle recula entre lui et la jument,
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
+
+
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
posture.<br
Silwë ou Aldariel... Mais elle ne se laisserait pas tuer ou enlever sans
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
-
-
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
façons...
<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
sûrement.
+
+
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 459--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
-
-
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
+
+
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 473--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
instant d’hésitation, en regardant dans la direction de Sélène. Il en
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
-
-
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
lentement.
<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
en travers de la selle, la poitrine transpercée d’une flèche. Avait-il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
-
-
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
+
+
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
Pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’homme tourna péniblement la tête vers Zach, qui venait de poser la
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
-
-
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
+
+
Silwë.
<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
class="newline" />— On dirait.<br
class="newline" />— Assieds-toi, je vais regarder ça.<br
class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
-
-
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
+
+
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
combat, ou une combinaison des deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils avaient regardé l’homme partir
avec méfiance, et l’instant d’après –ou longtemps après<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–, elle s’était
retrouvée dans les bras de Zach. Elle entendait les voix de leurs
-
-
compagnons, autour d’eux, ils n’étaient pas loin, mais elle n’y prêtait pas
attention. <br
class="newline" />— Tu vas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu as été blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
+
+
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
nuit.<br
class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
<!--l. 565--><p class="noindent" >— Où va-t-on, une fois sortis<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il y a une auberge dans le village où on arrive. Vous pourrez y louer une
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
-
-
et votre nom.<br
class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
peut-être pas le moment de le relever.<br
class="newline" />— Il semble que j’aie du sang d’elfe. Je n’en ai pas la certitude, puisqu’on
m’a trouvé sur le pas d’une porte, tout bébé. Les gens qui vivaient
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
-
-
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
+
+
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
<!--l. 620--><p class="indent" > Une petite femme ronde, au visage jovial et aux cheveux roux et gris
mélangés, l’accueillit d’une révérence un peu maladroite.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
-
-
notre pauvre logis vous conviendra. <br
class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
sourit.<br
class="newline" />— Il a été très correct, rassurez-vous.<br
class="newline" />Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
+
+
paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br
class="newline" />— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé
face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
Irdann fit de même à côté d’elle, Aldariel et Silwë entrèrent à leur
tour.
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
-
-
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
-Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
+Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des
humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
+
+
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
+
+
Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
enfants. Eux-mêmes dormiraient dans une paillasse au grenier. Il aurait bien
suggéré un autre arrangement, mais il doutait fort que ses parents le
laissent faire.
-
-
<!--l. 655--><p class="indent" > Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
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<!--l. 666--><p class="indent" > Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
j’avoue, je n’ai pas volé ma réputation. Après...<br
class="newline" />Il marqua une pause. Elle écoutaient toujours.<br
class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
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traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
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la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
class="newline" />— C’est plutôt une bonne nouvelle.<br
class="newline" />Il aurait bien aimé voir ce qu’il y avait sur le visage de la jeune princesse,
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
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bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
pensait.<br
point...<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
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a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.<br
class="newline" />— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
était un choc...<br
surtout, de leur demander du travail en plus alors qu’ils se donnaient déjà
tellement de mal pour eux.<br
class="newline" />— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
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sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si
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heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
essayait généralement de faire en sorte qu’ils s’apprécient au moins un
peu, et puis ils étaient bien souvent éduqués et conditionnés pour
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
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décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
venus à notre secours...<br
class="newline" />C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des
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cas...<br
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
passé, ce qui était plutôt impressionnant. Et puisqu’elle semblait plutôt
encline à lui en parler, il allait pouvoir lui demander...<br
class="newline" />— C’est possible. J’y pense, il y a quelque chose que je n’ai pas tout à fait
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compris dans ce combat.<br
class="newline" />— Ah<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— les brigands étaient occupés avec moi, et tu étais relativement
aussi bien que moi. Puis dans un temple, où le poids des rituels étaient bien
présent... Ensuite, j’ai passé plusieurs années à la garde la capitale. Là-bas,
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
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pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
Et ça a failli nous coûter cher.<br
class="newline" />— Nous serons en sécurité, demain... Nous arriverons au château de mes
parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
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<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
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voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
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src="aventuriers9x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
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<!--l. 117--><p class="nopar" >
</body></html>