<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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-<meta name="date" content="2015-03-04 19:05:00">
+<meta name="date" content="2015-06-13 20:30:00">
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</head><body
>
longs étaient soigneusement attachés en deux nattes, entrelacées de
rubans.
<!--l. 7--><p class="indent" > Elle sourit. Sa gouvernante ne supportait ni la poussière, ni les
-araignées, ni même les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie
-de s’en débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient
-pas été rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout,
+araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de s’en
+débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été
+rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
-vieilles armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été
-considéré comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la
-salle du trésor.
+armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré
+comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
+trésor.
<!--l. 9--><p class="indent" > Et il y avait des livres. Des tas de livres, oubliés et délaissés.
Comment pouvaient-ils ignorer ainsi leur valeur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son père était
assez occupé avec les affaires du fief dont il était le seigneur. Ses
nous et la damoiselle que nous escortons.<br
class="newline" />Ils firent un geste de la tête vers le carosse, dont les épais rideaux de velours
masquaient l’intérieur.<br
-class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à la taverne du village, où vous trouverez de
-quoi souper et dormir.<br
+class="newline" />— Vous pouvez vous rendre à l’auberge du renard vif, au milieu du village,
+où vous trouverez de quoi souper et dormir.<br
class="newline" />— Merci. L’un d’entre vous peut-il nous y conduire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 258--><p class="indent" > Zach se porta volontaire, et guida le convoi jusque dans le bourg. En
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
-class="newline" />— Il n’y a personne qui fasse ce métier en ville. En revanche, beaucoup de
-jeunes du village, dont mes frères et moi, connaissons très bien cette
-forêt.<br
+class="newline" />— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
+dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.<br
class="newline" />— Vous êtes les enfants du bûcheron, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui.<br
class="newline" />— Quel âge as-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Seize ans.<br
class="newline" />— Tu me sembles assez grand pour cette tâche. Qu’en dis-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
-Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas d’autre guide
+Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
+était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
-possible. Il était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le
-mieux la forêt, puisqu’il y passait une bonne partie de son temps
-libre.<br
+puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.<br
class="newline" />— D’accord.
<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Papa, n’es-tu pas toi-même un excellent archer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il soupira.<br
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
-
-
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
+
+
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l’arc
plutôt que sur les humains, c’était nettement moins dangereux. — Soit. Je
la large ouverture du toit, au centre de la salle. Elle portait, pour la
première fois, la tenue des grandes prêtresses. Sa robe était longue, d’un
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
-
-
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
+
+
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
<!--l. 305--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
pratique, la damoiselle ayant tout de même besoin de sortir de temps en
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
+richement orné.
-richement orné.
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
grand sourire.<br
que ce chemin est inondé...<br
class="newline" />Le cocher, à côté de lui, lui donna un coup de coude.<br
class="newline" />— Tu sais que dans la région, il y a des gens qui en font leur boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
-class="newline" />— Oui. Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, il était un
-peu trop âgé pour ça.<br
+class="newline" />— Dans mon village, il y a le vieux Tom. Enfin, il y avait, parce que cela
+fait longtemps qu’il est un peu trop âgé pour ça.<br
class="newline" />Il lui fit un clin d’œil.<br
class="newline" />— Tu devrais aller le voir, et y réfléchir. Tu y serais meilleur que bûcheron,
à mon avis.<br
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
-<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
pensaient-ils briser sa volonté rapidement –il était plus jeune et moins
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
-<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit camp nettement plus
+<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
-entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourll », le
+entr’aperçut même celui que ses ennemis appelaient le « roi Kourhk », le
chef de ce grand clan barbare.
<!--l. 13--><p class="indent" > Leur petit groupe rejoignit d’autres prisonniers, enchaînés eux aussi,
dans un grand enclos. Ils étaient encore mieux gardés que pendant le trajet,
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
+retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
-retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
<!--l. 15--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
fonctionnement de chaque accessoire, ainsi que des fourreaux de poignet,
qui lui permettaient de dégainer aussi vite que sa pensée. Il était
prêt.
-<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourll. Combien étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait expliqué son
-maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si le
-problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+<!--l. 21--><p class="indent" > Devant lui, s’étendait le campement du roi Kourhk. Combien
+étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
+expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
+le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
<!--l. 25--><p class="indent" > Il parvint à deviner que les quatre tentes au centre du campement,
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
+faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
-faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer
Quand il en aurait les moyens. De plus, s’il n’était plus attaché au sol,
ses mains étaient toujours liées, et ses mouvements étaient donc
limités.
-<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que le garde soit relevé et que le
+<!--l. 33--><p class="indent" > Cachant le maillon ouvert, il attendit que la garde soit relevée et que le
calme soit revenu. Puis, tenant le reste de la chaîne dans ses mains pour
éviter de faire du bruit, et profitant d’un instant où la lune se cachait
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
l’accompagna au sol, le posant doucement en position assise contre la
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
+ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
class="newline" />— Je suis Uhr, un guerrier du clan Bhasthon. Nous avons tous été tués ou
fait prisonniers. J’ai réussi à me libérer. Et toi, qui es-tu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il montra à la silhouette, toujours aussi sombre, ses chaînes.<br
-class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourll. Je
+class="newline" />— Mon nom est Farl. Je suis envoyé pour assassiner le roi Kourhk. Je
suppose que tu aimerais te venger, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être pouvons-nous nous
entraider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Uhr se demanda un instant comment un homme aussi petit et frêle pouvait
class="newline" />— Tu as raison. L’homme que je viens de tuer, il avait une épée, je crois.
Cela te conviendrait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. D’ailleurs, il faudra se dépêcher avant qu’ils ne voient qu’il est mort.
-
-
Les gardes changent de temps en temps.<br
class="newline" />Il hocha la tête, et ils se levèrent. Le barbare lui tendit sa main. Il la serra,
et ils se sourirent.
roi.
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
+était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
-était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
le suivre. Il fallait faire vite avant que tout le campement ne soit en
ébullition.
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
+par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
-par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même
de le voir, mais comprenant rapidement qui était à l’origine de l’échappée
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
+engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
depuis les bateaux qui arrivaient par la rivière. C’était peu, mais assez
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
+compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
-compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de
class="newline" />— Oui, je m’y plaisais... Mais... <br
class="newline" />— Le fait de tuer te gène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Plutôt celui de tuer froidement, sans envie, de n’être qu’une lame bien
-
-
payée.<br
class="newline" />Son ami réfléchit un moment avant de répondre.<br
class="newline" />— Tu sais, en tant que soldat de la garde, je vais me poser un jour ou
soumise. Dehors, il les voyait rire et pleurer, s’aimer et se détester, bref, être
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
+d’enfant.
-d’enfant.
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
class="newline" />Irdann secoua la tête.<br
class="newline" />— C’est très simple. Je ne demande pas d’argent en échange de mon
enseignement. En revanche, pendant toute cette durée, les élèves sont
-
-
soldats de la garde de la ville. Ce service rendu est aussi formateur pour
vous, car on y apprend beaucoup de choses. Cela vous convient<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Irdann hocha la tête et retint un sourire. Voilà qui allait changer de la vie
beaucoup venaient de loin, et avaient prévu de repartir après avoir
suivi son enseignement. Il se demandait si lui y resterait toute sa
vie...
-
-
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
+
+
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— En effet, c’est assez éloigné<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Et si différent<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Là bas, on ne croise jamais de nains ou d’elfes par
exemple. Je te laisse imaginer la suprise que j’ai eue en en croisant dans les
-
-
rues...<br
class="newline" />— J’imagine, oui. Sais-tu qu’il y en a à la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai entendu parler d’un elfe qui arrive dans quelques jours...<br
centaines, voire peut-être des milliers, de maisons faites de pierre et de bois,
construites à même le sol. Entre ces maisons, des rues pavées de pierre, et
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
-
-
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
+
+
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu’il me
+
+
faut, c’est une légende. Et un héros pour m’enlever.<br
class="newline" />— Un héros<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur
chambre. S’enfuir par elle-même, elle y avait pensé. Mais c’était difficile, les
prêtres étant pour une bonne partie d’entre eux formés au combat. Elle
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
-
-
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
+
+
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
temple, pour l’enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour
impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
de manier l’épée, et que le barbare musculeux était bien plus intelligent
qu’il n’en avait l’air. Mais ce petit jeu d’apparences était à leur avantage, et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
+
+
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
l’entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
+
+
<!--l. 64--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
la voix.<br
class="newline" />— D’abord, il nous faudra obtenir la complicité de la prêtresse, et donc se
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
-
-
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
+
+
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
façon à ce qu’elle ait l’air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des
détails à régler...<br
règlerait le souci de l’immunité.<br
class="newline" />— En supposant que je réussisse à me faire passer pour la prêtresse, cela
permettrait aussi de te remplacer... N’oublions pas que la bataille dans le
-
-
temple ne sera pas simple, tu sera épuisé, et tu pourrais même être
blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Comment peut-on se faire passer pour vous deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne te ressemble
class="newline" />— Tout de même, j’aurais quelques scrupules à te voir tuer tous ces gens du
temple de Melna...<br
class="newline" />— C’est pour ça qu’on va essayer au maximum de les assommer, et de
-
-
-s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut-être une solution.<br
+s’enfuir rapidement. Pour ça, les droguer peut être une solution.<br
class="newline" />— S’enfuir d’un temple endormi, ce n’est pas très héroïque, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il faudra ajuster pour qu’ils soient juste assez sonnés pour être
peu résistants. Mais les prêtres pourront quand même invoquer des
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
+
+
haussant les sourcils.
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
en fait. L’autre compagnon était une petite elfe, aux yeux bleus et aux longs
cheveux clairs, nommée Silwë. S’il ne connaissait pas la réputation de la
garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
-
-
faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
détailla leur plan.
+
+
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.<br
class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br
Avait-il eu raison d’embarquer dans cette histoire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils n’y gagneraient
aucune gloire, puisqu’ils resteraient incognito... Peu d’argent, sauf s’ils
volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
-
-
pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
+
+
pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
bleus et son air innocent –malgré l’uniforme de soldat– attirait les regards.
Mais à voir sa réaction, peut-être serait-il le premier à obtenir une réponse
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
-
-
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 180--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
<br
class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
+
+
présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
quand peut-il vous trouver seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
class="newline" />Elle jeta un regard aux alentours, comme pour vérifier que personne n’avait
été alerté par son arrivée. Puis elle hocha la tête.<br
class="newline" />— Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
-
-
faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
+
+
l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
puissant. Vous le reconnaîtrez au pendentif brillant qu’il porte, insigne de
son rang. D’ailleurs, puisque j’y pense... <br
class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
-
-
moyenne, visiblement lourd.<br
class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
+
+
sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
d’épée, puis courut vers elle. C’était le moment de jouer le grand
jeu...
<!--l. 249--><p class="indent" > À l’instant où il allait l’attraper, elle poussa un grand cri de terreur, et fit
-
-
mine de s’évanouir dans ses bras.
<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
+
+
<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
souriant.
<!--l. 265--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
-
-
<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
+
+
efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
ces opérations.
<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
class="newline" />— Allez vous mettre à l’abri et vous reposer. Je vais les suivre.
<!--l. 287--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
-
-
<!--l. 289--><p class="indent" > La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
+
+
tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
présentes.<br
class="newline" />— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
class="newline" />— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
+
+
trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
soucis.<br
class="newline" />— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
très vite. Avec le peu de vêtements qu’elle portait, elle se retrouvait
couverte de coupures, de bleus et d’égratignures. Mais rien de grave,
heureusement.
-
-
<!--l. 325--><p class="indent" > Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
+
+
de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
la mousse et du lierre.
il avait entendu le bruit du pont se fracassant, et le son obsédant du galop
de ses poursuivants avaient cessé. Il avait maintenant mis une distance
suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
-
-
l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il valait
mieux continuer à s’éloigner.
+
+
<!--l. 343--><p class="indent" > Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
faire traverser leurs montures réticentes, que ce n’était pas bien difficile. Et
même sans cela, une forêt n’était jamais silencieuse, de jour ou de nuit.
Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
-
-
ça...
<!--l. 352--><p class="noindent" >— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace"> </span>! ordonna l’un d’eux, qui semblait
+
+
visiblement en charge.<br
class="newline" />— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
boîte.<br
suite, et finit par contourner entièrement le prêtre et sa monture,
comme si une sphère invisible l’avait protégé. Il lui sembla que même
les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
-
-
suivirent.
<!--l. 366--><p class="noindent" >— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna un
+
+
des prêtres à côté de Feyne.<br
class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allez, en
l’appeler de sa chaleur douce, lui rappelait encore à quel point elle avait
froid.<br
class="newline" />— Et si quelqu’un arrive, nous le verrons arriver de loin, renchérit
-
-
l’autre.<br
class="newline" />— Tu crois qu’on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
+
+
Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
même pas l’avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
S’il fallait en venir là...
broussailles...
<!--l. 400--><p class="indent" > Soudain, il entendit un grand fracas et des cris. Que se passait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne
pouvait s’empêcher de trembler pour Silwë et Irdann. Surtout Silwë, petite
-
-
et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
+
+
que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était
plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
pouvait faire ça...
<!--l. 415--><p class="indent" > Un enchantement... Et deux hommes présents... Sauf si l’ivresse le faisait
« sentir » double, c’est qu’il y avait quelqu’un d’autre. Où<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? En
-
-
tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
savoir si c’était un des siens.
<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
+
+
tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
poussa un soupir de soulagement, et s’avança dans la lumière pour
récupérer ses armes. Personne aux alentours, parfait. Soudain, il entendit un
bruit dans son dos.
-<!--l. 421--><p class="noindent" ><span
+<!--l. 421--><p class="indent" > C’était Silwë. Elle n’avait plus la robe rouge, mais une simple tunique
+courte beige, sans manches, trempée comme ses cheveux. Des éraflures
+couvraient son épaule et son bras droit.
+<!--l. 423--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-<!--l. 423--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de
-noter avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux
-à la lame noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait
-bougé.<br
-class="newline" />— C’est moi.
+<!--l. 425--><p class="indent" > Farl s’était retourné brusquement, et elle ne put s’empêcher de noter
+avec un léger frisson qu’il tenait dans ses mains deux couteaux à la lame
+noire, qui étaient apparus encore plus vite qu’il n’avait bougé. Il resta figé
+quelques instants, immobile, à la fixer.<br
+class="newline" />— C’est moi...<br
+class="newline" />Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+restait du pont.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qui s’est passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourquoi es-tu trempée et...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
+restée cachée ici. Quelques prêtres ont malgré tout traversé, il a peut-être
+besoin d’aide... Elle fit une pause, puis désigna les deux hommes
+endormis.<br
+class="newline" />— Merci, au fait.<br
+class="newline" />Il esquissa un léger sourire, puis se figea en même temps qu’elle. Des
+bruits de sabot... Ils échangèrent un regard, et sans avoir besoin
+de se concerter, se jetèrent hors du sentier et s’aplatirent dans un
+buisson.
+<!--l. 434--><p class="indent" > Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
+s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
+mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se redressa
+
+
+doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
+<!--l. 436--><p class="indent" > C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
+alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
+immédiatement.
+<!--l. 438--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 440--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix de Silwë. Soulagé, il la vit émerger des sous-bois, suivie
+bientôt de Farl. Il poussa un soupir de soulagement.<br
+class="newline" />— La déesse soit louée, vous êtes tous les deux vivants<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />— Qu’est-ce que tu fais là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Habillé en prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’est-ce qui s’est passé
+là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Je vous expliquerai plus tard. C’est le moment de s’éclipser, ils ne vont
+pas tarder à revenir.<br
+class="newline" />Ils s’éloignèrent rapidement, en courant, se relayant sur le cheval.
+<!--l. 447--><p class="indent" > Une demi-heure de marche et de course plus tard, ils retrouvèrent
+Uhr et la prêtresse. Ils avaient préparé les autres chevaux, rangé
+soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
+une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
+mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+questions.
+<!--l. 449--><p class="indent" > Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
+robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
+avancé pour regarder ce qui se passait, il l’avait assommé et pris sa
+tunique. Dans le noir, avec la capuche, les prêtres n’avaient pas fait
+attention...<br
+class="newline" />— L’un d’eux, si. Il a même essayé de te foudroyer, interrompit
+Silwë.<br
+class="newline" />— Oui. Heureusement, le fait d’avoir échoué l’a suffisamment convaincu...<br
+class="newline" />— Et que s’est-il passé ensuite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je les ai laissés me distancer, prétextant que mon cheval était épuisé, ce
+qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
+d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
+pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
+
+
+morts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
+Farl.<br
+class="newline" />— Et qu’est-ce que les prêtres ont trouvé, dans la fameuse clairière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+demanda Uhr.<br
+class="newline" />Irdann sourit.<br
+class="newline" />— Oh, leur compagnon, assommé et avec la robe rouge et or sur la
+tête...<br
+class="newline" />Ses compagnons sourirent à leur tour.
+<!--l. 460--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 462--><p class="indent" > Elle avait un peu de mal à réaliser tout ce qui s’était passé ce
+soir. Mais elle était libre, et ils étaient tous les cinq en route. Après
+quelques heures de route, ils s’arrêtèrent enfin et s’installèrent dans une
+maison isolée et en ruines, qu’ils avaient apparemment repérée à
+l’aller.
+<!--l. 464--><p class="indent" > Quels étaient leurs noms, déjà<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il y avait Uhr, le « barbare ». Sans
+son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait
+impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait
+lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre,
+qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la
+jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain
+forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre
+compagnons insolites, Farl. Celui qui semblait être une sorte de voleur ou
+d’espion, était occupé à nettoyer les multiples coupures qu’avait subi la
+jeune femme en sautant de sa monture, avec une certaine délicatesse,
+nota-t-elle.
+<!--l. 466--><p class="noindent" >— Je pense que le mieux est de dormir un peu, à présent. Nous sommes
+assez loin de Touryre, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Irdann était revenu s’asseoir près des autres, et avait pris une couverture.
+Uhr hocha la tête.<br
+class="newline" />— J’espère. Qu’en pensez-vous Samantha<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je n’ai pas regardé, mais il me semble que nous avons parcouru une
+bonne distance. Que comptez-vous faire à présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela ne dépend pas que de moi, répondit Uhr. Que voulez-vous faire,
+vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules. Elle avait certes un peu réfléchi à la question,
+mais ne se faisait pas tant d’illusions que cela sur la réussite de son
+enlèvement.<br
+class="newline" />— J’espérais me cacher quelque part pendant un moment, je pense que la
+capitale est un bon endroit pour être discret, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr sourit.<br
+class="newline" />— Je peux vous confirmer que c’est effectivement le meilleur endroit pour se
+faire oublier et commencer une nouvelle vie.
+<!--l. 476--><p class="indent" > Elle le regarda quelques instants, incrédule. Il poursuivit.<br
+class="newline" />— Je suis né dans les plaines barbares, et je vis à Talecombe depuis de
+nombreuses années. Je suis à la garde de la ville, tout comme Irdann et
+Silwë...
+<!--l. 479--><p class="indent" > Elle les écouta, tour à tour, raconter leurs passés aussi étonnants que
+variés. Uhr, effectivement ancien barbare aux mille petits boulots<span class="frenchb-thinspace"> </span>; Irdann
+le fils du duc, apprenti paladin<span class="frenchb-thinspace"> </span>; Silwë, future soldat d’élite elfe, tous les
+trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl,
+enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel.
+<!--l. 481--><p class="indent" > Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait
+advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle
+n’était pas au bout de ses surprises.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers4x.png" alt="[
public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
+
+
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
-
-
journées moins longues.
<!--l. 8--><p class="indent" > Elle soupira. On était en milieu d’après-midi, et il fallait bien qu’elle
fasse quelque chose. Elle poussa la porte de la seule auberge du village, et
class="newline" />La tenancière haussa les épaules.<br
class="newline" />— Oh ne vous inquiétez pas, il n’est pas méchant, et il ne vous arrivera rien
de vraiment grave avec lui. C’est même probablement le meilleur guide de la
-
-
région. Seulement, il est un peu brusque, un peu sauvage, et euh, très peu
délicat... Pas du tout convenable à une jeune fille de votre rang. Enfin, si je
puis me permettre.<br
class="newline" />— Vous êtes seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous avez une monture<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je suis seule et à pied.<br
class="newline" />Le guide marqua un temps d’arrêt, hésitant. Il semblait la jauger du regard.
-
-
Peut-être ne la croyait-il pas capable de le suivre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Vous voulez traverser à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cela va durer six à sept jours.<br
mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br
class="newline" />— Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
+
+
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
-
-
voyageurs insolites, mais quelque chose lui disait que cette Sélène lui
réservait quelques surprises.
<!--l. 55--><p class="indent" > Elle avait le teint pâle et délicat, une robe violette travaillée, aux
prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
-racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
-branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
+racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
+branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
sarcastique, c’était bien assez humiliant comme ça. Sans dire un mot, il lui
tendit simplement la main, et la releva. Elle n’avait pas osé croiser son
tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de
plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout.
+
+
Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers
elle.<br
class="newline" />— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br
son guide pour lancer un léger sort. Un qui n’avait pas besoin de
son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
-d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
-c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
+d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
+c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
moment de sommeil... Oui, elle savait que la magie pouvait épuiser.
Mais ce n’était pas un si petit sort qui aurait dû l’endormir, tout de
suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas
désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
-avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
-une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
+avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
+une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
ennuis...
<!--l. 114--><p class="indent" > Il se leva en s’étirant, fit un tour rapide du campement de fortune, puis
vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
-physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
-lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
+physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
+lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
elle comptait bien ne pas se laisser faire. Au pire, elle pouvait essayer de
gagner du temps. Pourvu que Zach arrive vite... mais était-il capable de
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
-pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
-<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
+<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
à faiblir. Il n’avait pas lâché sa main.<br
class="newline" />— Où va-t-on<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 151--><p class="indent" > Quelques mètres plus loin, la paroi se fit carrément verticale et lisse.
Zach désigna un buisson au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
-class="newline" />Ell vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparut
+class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
-entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
-ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
+entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
+ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
lumière.
<!--l. 155--><p class="noindent" >— Où sommes-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
première fois, marquer un instant d’hésitation gêné.<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
-<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
-le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
+<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
+le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
mécanisme soit totalement différent pour les deux races. Il y avait aussi les
loups-garous, et les vampires... Elle eut un léger frisson et passa
extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
-lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
-Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
+lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
+Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
<!--l. 191--><p class="indent" > Pendant qu’elle s’installait, il se rapprocha de l’entrée et écarta
légèrement le buisson qui la masquait. L’autre avantage de cette cachette,
même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
-présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
-de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
+présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
+de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
seul... Était-il sincère lorsqu’il lui avait avoué qu’elle était la première à y
pénétrer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
-question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 229--><p class="indent" > Il n’avait pas besoin d’entendre ses questions ou ses interrogations. Son
s’était imaginé<span class="frenchb-nbsp"> </span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
-cela.
-<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
+cela.
+<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
cinq mètres plus loin, agenouillé auprès de la vasque où s’écoulait un
mince filet d’eau. Son dos, fin et musclé, rappelait effectivement la
class="newline" />— Pas vraiment...<br
class="newline" />— Ne bouge pas.<br
class="newline" />Elle lâcha son bras, et se leva pour aller fouiller dans son sac. Il entendit
-
-
quelques bruits de métal et de verre. Il avait entendu ces bruits, la veille, en
transportant ce même sac, et n’y avait pas prêté attention dans l’urgence.
Maintenant qu’il avait le temps de se poser la question, son contenu
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
l’air de la choquer...
<center class="par-math-display" >
+
+
<img
src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-
-
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
class="newline" />— Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez
les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à
leurs parents ou maris... on n’imaginerait pas les voir se promener
+
+
seules.<br
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je l’ai observé de mes propres yeux, crois-moi. Ce n’est pas le cas dans
-
-
toutes les contrées humaines, évidemment, mais dans le fief du duc De
Vane, c’est le cas.<br
class="newline" />— Tu penses que c’est vraiment dangereux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 39--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
+
+
<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
honneur et une grande confiance, car le roi lui confiait rien de moins
-
-
que sa fille. Elle doutait presque de ses capacités à mener une telle
mission...
<!--l. 43--><p class="indent" > Elle connaissait indirectement la princesse. Sa mère avait été son
class="newline" />— Non, désolée. Cela ferait un détour de plusieurs jours, et nous n’avons
pas tellement le temps...<br
class="newline" />— C’est dommage... On m’a dit que cette ville est très belle. N’est-ce pas là
-
-
que tu as vécu<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë sourit. Elle serait bien aussi passée par la capitale, voir certaines
personnes qui y vivent.<br
c’est tout.<br
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
+
+
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
<!--l. 72--><p class="indent" > Elle laissa la jeune princesse observer la carte, pendant qu’elle vérifiait
-
-
son équipement. Elle enfila par dessus sa tunique une armure légère en cuir,
qu’elle avait faite faire chez les humains, ajustée à sa taille. Sans manches,
elle ne couvrait que le buste et descendait à mi-cuisse, fendue sur les côté.
<!--l. 89--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
+
+
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
voulait poser des questions sur tout, mais Silwë n’était pas encore
-
-
montée.
<!--l. 93--><p class="indent" > Trois jours qu’elle étaient parties. Elles avaient quitté la forêt en début
d’après-midi, et étaient arrivées dans un premier village humain. Un peu
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
+
+
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
remémora les regards surpris des villageois en les voyant arriver. Beaucoup
-
-
leur avaient souri. Mais certains les avaient regardées en fronçant les
sourcils. Un homme s’était éloigné à la table la plus loin d’elles lorsqu’elles
étaient entrées dans la taverne.<br
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
+
+
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
questions qu’elle voulait poser. Et les autres races<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les nains, par exemple,
-
-
en avait-elle croisé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Mais elle entendit à sa respiration qu’elle s’était
endormie. Tant pis, elle aurait tout le temps de lui demander dans les jours
qui viennent.
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
+
+
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
bataille.
-
-
<!--l. 136--><p class="indent" > Le trait fin et meurtrier, partant de l’arbre, toucha dans la nuque l’un
des brigands, qui s’effondra. L’un des survivants, méfiant, fit signe à
son comparse de rester face au garde pendant qu’il allait voir ce
<!--l. 146--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 148--><p class="indent" > Les deux jeunes femmes repartirent, par la voie des arbres dans un
-
-
premier temps, avant de continuer à pied. Elle avait agi d’instinct, sans trop
réfléchir. Était-ce une bonne idée de s’impliquer dans un combat d’humains
qui ne les concernait pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourtant son amie avait fait de même.
l’admiration dans son regard.<br
class="newline" />— Bon, on la traverse cette rivière<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, oui... Est-ce qu’on va croiser d’autres brigands dans cette
-
-
forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Silwë, qui s’avançait déjà dans l’eau, haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’espère que non. Je ne pensais pas en croiser si tôt, tout de même... On
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
+
+
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
Si tout le monde parlait de ce mystérieux enlèvement, l’histoire se
modifiait petit à petit, et se ramifiait en de nombreuses versions toutes
-
-
plus ou moins crédibles. Encore un peu, et à force d’entendre des
récits différents, ils auraient oublié précisément qui ils étaient, elle et
lui, et personne ne les reconnaîtrait, même au sein de la ville de
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
+
+
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
avait quand même des sacrées tensions parfois. Et puis, hm, son
« enlèvement » ne s’était pas fait dans la délicatesse...
-
-
<!--l. 28--><p class="indent" > Elle prit un tabouret, s’assit à côté de lui et lui prit le bras.<br
class="newline" />— Sur quoi travaillaient ces magiciens, pour en venir aux mains comme
ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Enfin, aux mains... façon de parler. Juste par curiosité.<br
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
+
+
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
maniement de ses armes, à l’escalade, et à être furtif. Même en tunique
orange. Il n’était pas sûr de bien savoir pourquoi et dans quel but,
-
-
d’ailleurs. Il appréciait énormément son travail de ménestrel, mais... il
n’arrivait pas totalement à couper tous les ponts avec son ancienne
vie.
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
+
+
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
<!--l. 78--><p class="indent" > À l’intérieur, un salon propre, des affaires très bien rangées –pour
quelqu’un qui n’avait pas forcément prévu de mourir ce soir là– et
-
-
quelques décorations. Il ne fallait pas traîner. Il se saisit d’un bougeoir
ouvragé qui semblait avoir été utilisé récemment, et courut rejoindre
Samantha.
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
+
+
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
+
+
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
venant de l’extérieur la fit sursauter, et elle se retourna. Elle tenait un
bâton de mage à la main, qu’elle avait dirigé contre le bruit, en
-
-
tremblant légèrement. Pas très à l’aise visiblement... mais toujours aussi
dangereuse.
<!--l. 121--><p class="indent" > Elle se mit à regarder aux alentours, effrayée. Si elle se mettait à fouiller
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
+
+
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Il eut du mal à retenir un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— J’ai la certitude que Septim se fait passer pour mort, mais est
-
-
vivant.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je veux bien tout vous expliquer, mais ne pensez-vous pas qu’on serait
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
+
+
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
+
+
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
Ou était-ce seulement le temps qui lui paraissait si long<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il soupira. Et s’il
lui arrivait quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il était vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le couvrir serait très
-
-
compliqué...<br
class="newline" />La tête posée sur son épaule, Samantha murmura.<br
class="newline" />— Tu dors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
personne son identité jusque là, mais en plus à une magicienne...
-
-
Traditionnellement, mages et prêtres s’entendaient toujours assez mal.
Chacun faisait ses miracles dans son coin, en gardant ses secrets.
<!--l. 192--><p class="indent" > Mais l’heure n’était pas à ce genre de querelle.<br
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
+
+
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
-
-
l’observer plus en détail, la carcasse s’était en partie dissoute. En dessous,
avec une autre écriture, que la magicienne identifia comme celle de Mortag,
une note<span class="frenchb-nbsp"> </span>: « araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ».<br
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
+
+
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
proposa Samantha.<br
class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
fait.<br
class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
+
+
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
-
-
risquait de perdre sa carrière... Il réalisa soudainement qu’elle avait perdu
pire, en fait, et cessa ses plaintes intérieures.<br
class="newline" />— J’avais bien quelques doutes sur cette histoire d’accident. J’avais engagé
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
+
+
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
-
-
commençait à se sentir à l’aise en forêt –ou était-ce une aisance avec lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?–
et avait beaucoup moins de difficultés à suivre son rythme. Il se surprit à la
considérer comme une amie et plus une cliente à transporter d’un point à
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
+
+
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
-
-
que dans des livres jusque là, et rien que le dessin était déjà peu
rassurant...
<!--l. 23--><p class="noindent" ><span
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
+
+
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
-
-
bruit qui ressemblait à un cri de douleur. L’eau semblait la brûler, et une
fumée inquiétante semblait s’échapper de son corps. Elle s’écroula sans vie
à ses pieds.<br
class="newline" />— Oh, et puis zut.<br
class="newline" />Il n’y avait qu’une seule solution, et elle le savait. Elle rejeta ses cheveux en
arrière, dégagea son bras de sa prise, et se releva.
-
-
<!--l. 57--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 59--><p class="indent" > Il la vit se redresser, et son regard se mettre à briller. Plus précisément,
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
-que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
-tard.
+que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
+tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />Elle lui sourit, puis son visage se ferma. <br
class="newline" />— Inutile de te dire que, désormais, tu partages un secret dangereux...<br
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
+
+
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
-
-
avant-bras comportait deux entailles. L’une des mandibules avait
été amortie par la bande de cuir qui entourait son poignet, l’autre
s’était plantée directement dans la chair, et la plaie était inquiétante.
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
+
+
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
-
-
sa silhouette, pour un adolescent, était en fait une jeune femme.
Une elfe, même, corrigea-t-il. Stupéfait, il laissa passer une seconde
qui faillit lui être fatale. De sa main gauche et valide, l’elfe avait
class="newline" />— Lâche-le immédiatement.<br
class="newline" />Ses yeux et son bâton se mirent à briller, et des filaments d’une lumière
presque aveuglante vinrent se concentrer juste au dessus de son autre main,
-
-
qu’elle tenait paume vers le ciel. Une sphère lumineuse s’y forma, d’abord
rouge sombre, puis qui s’éclaircit progressivement jusqu’à devenir quasiment
blanche. Une boule de feu...
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
+
+
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
-
-
redressait avec difficultés. <br
class="newline" />— Je suggère qu’on règle nos différends plus tard, une fois à l’abri des
araknes, proposa-t-elle calmement. Il pourrait très bien y en avoir
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
+
+
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
-
-
courage.
<!--l. 160--><p class="indent" > Quelques instants plus tard, le calme se fit. Les quatre jeunes gens,
toujours dos à dos, laissèrent passer quelques secondes, reprenant leur
class="newline" />L’homme les regarda toutes les deux. Il sembla hésiter une seconde, puis
rangea son épée, prit la magicienne inanimée dans ses bras ainsi que son
bâton, et se mit en route.
-
-
<!--l. 178--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 180--><p class="indent" > Ils avançaient en silence dans la forêt. L’archère était à sa gauche, et la
même si l’idée de se jeter à l’eau avec tout son équipement et la jeune
femme inanimée, ne l’enchentait guère.<br
class="newline" />— On n’est pas obligés de traverser tout de suite, proposa la guerrière. On
-
-
peut la longer jusqu’à trouver un gué. Il y a peu de chances que cette rivière
se transforme en torrent d’ici là, et rien ne nous empêche de nous jeter à
l’eau en cas de gros problème.<br
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
+
+
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
class="newline" />L’archère reprit.<br
class="newline" />— Nous avons tous eu peur, je crois. Et sans coopérer, nous ne serions pas
tous vivants maintenant. Il est temps de se restaurer un peu et de
-
-
dormir.<br
class="newline" />Elle sourit légèrement. La trève était prolongée au moins jusqu’au
lendemain, et c’était bon signe. Il sortit quelques vivres de son sac, et les vit
class="newline" />Avait-elle suivi sa pensée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son ton était ferme, mais il y avait une petite
pointe de plaisanterie dans sa voix...
<!--l. 238--><p class="indent" > Il ne put retenir un bâillement. La journée avait été longue, épuisante et
-
-
riche en émotions... Aldariel hocha la tête.<br
class="newline" />— Il est effectivement temps de se reposer.<br
class="newline" />— Peut-être serait-il prudent de se relayer pour monter la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je ne fais
class="newline" />Il posa, comme à son habitude, sa ceinture à côté de lui et s’enroula dans la
couverture. Elle était effectivement très confortable et tenait chaud, malgré
sa finesse. Un mètre à sa droite, Silwë l’avait imitée. Son épée se
-
-
retrouvait posée non loin de la sienne. Ils échangèrent un regard.
Méfiance ou curiosité<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’aurait pas su dire. Puis elle ferma les
yeux. Il vit, du coin de l’oeil, l’archère, perchée sur une branche, aux
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
+
+
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
-
-
elle lui aurait bien posé toutes sortes de questions... Peut-être en aurait-elle
l’occasion le lendemain<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 289--><p class="indent" > L’heure avançait, et elle allait bientôt devoir réveiller Zach pour monter
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
+
+
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
-
-
répéta-t-elle...
<!--l. 302--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
+
+
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
-
-
et chaudes. Ça, il avait effectivement validé. Ils parlent une langue
inconnue et étrange<span class="frenchb-nbsp"> </span>: raté encore. Ou alors ces deux voyageuses avaient
appris la langue des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il en doutait, sinon elles auraient
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
+
+
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
-
-
reste.
<!--l. 319--><p class="indent" > L’heure avait tourné. Le campement était toujours aussi calme, et les
jeunes femmes dormaient toujours profondément, bercées par les bruits
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
+
+
toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
-
-
avait inventé cette histoire pour se couvrir. L’un n’empêchait pas
l’autre après tout... Même si la jeune femme qui l’accompagnait
semblait lui accorder sa confiance. Lui révéler qu’elle était magicienne
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
+
+
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
-
-
s’était-il plus fatigué hier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Hier... Les évènements de la veille lui revinrent
brusquement en mémoire. Les araknes... La blessure de Zach. Le sort de
soin... il savait désormais. Et l’étrange rencontre avec les deux elfes,
class="newline" />Il n’y avait pas besoin d’avoir à expliquer la situation, au moins. Elle poussa
un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— Je suis désolée pour le malentendu hier... Sans vous deux, nous n’aurions
-
-
pas pu passer cette rivière vivants.<br
class="newline" />— C’est moi qui dois te remercier de toutes façons...<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus
depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de
tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
+
+
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
-<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
-nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
+<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
+nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Tout d’abord, elle n’a pas emmené cet objet chez son époux. Donc elle le lui
cache, et probablement à ses parents également. Cela ne lui facilitait pas la
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
-parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
-lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
+parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
+lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
pas tout le gratin de la ville, mais il s’attendait à un nom un minimum
familier.
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
-enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
-tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
+enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
+tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
sensations, quand bien même elle garderait un visage parfaitement
impassible. C’était une des raisons pour lesquelles cet enchantement était
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
+
+
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
-suprises...
+suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— L’eau était bonne<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
beaucoup à la sienne, même si le cuir n’était pas le même...<br
class="newline" />— Elle vient de chez les elfes, cette armure<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non, je l’ai achetée à la capitale. Les bonnes armures elfiques sont très
-
-
rares. Par contre, ils ont dû faire quelques retouches qui n’ont pas très bien
tenu.<br
class="newline" />Il hocha la tête.<br
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
-un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
+un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
<!--l. 143--><p class="indent" > Ils échangèrent d’autres coups, plus agressifs et plus rapides. Un très
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
-genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
+genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
côté de la poignée de sa propre arme. L’élan qu’il avait pour tenter
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
-d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
+d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
<!--l. 172--><p class="indent" > Sauf qu’au lieu de reculer d’un pas pour reprendre son équilibre, il se
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
+
+
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
+
+
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
-qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
+qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />L’étranger lâcha l’elfe, et fit un pas en avant.<br
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
-<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
+<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
class="newline" />— Je connais très bien Irdann, depuis des années, et je réponds de
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
-d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
+d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
détendit légèrement, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui la mettait
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
+
+
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
-<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
-class="ecti-1095">Aldariel</span>
+<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
Irdann. Elle avait posé quelques questions à son amie sur le fameux paladin,
auxquelles elle avait répondu avec enthousiaste. Ainsi, ils avaient appris
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
+
+
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
+
+
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
-<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
+<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
tentant encore une fois de la pousser, mais elle avait encore une fois bondi
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
+
+
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
+
+
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
de choses importantes et de devoir les taire.<br
class="newline" />— Dame Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Vous allez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Euh oui... Est-ce que je peux vous demander, au moins tant que nous
-
-
sommes seuls, de m’appeler simplement Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui sourit et hocha la tête.<br
class="newline" />— Gardons le protocole pour plus tard. Vous pouvez même me tutoyer et
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
-Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
+Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
posture.<br
class="newline" />— Sélène, mets-toi à l’abri...<br
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
fait l’affaire.
<!--l. 501--><p class="indent" > Ses compagnons s’approchèrent, méfiants. Le jeune paladin la regardait
-avec une expression mêmant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
+avec une expression mêlant suprise, crainte et admiration. L’aurait-il prise
pour une idiote sans défense<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Qu’est-ce que vous voulez de moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de son prisonnier.<br
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
-Pourtant, Sélène trouvait qu’elle n’étaient pas si différentes que ça des
+Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des
humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
l’obtenir, avec plus ou moins de succès. Tout comme la silhouette
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 827--><p class="indent" > Irdann et Sélène avaient traversé le village, tous les deux sur Kahrafe.
Leur passage avait d’ailleurs suscité quelques regards curieux et admiratifs.
-Avec l’écho de l’attaque de brigands, la veille au soir
+Des rumeurs avaient couru sur l’attaque des brigands de la veille, mais
+personne ne semblait évoquer la présence d’elfes. Par contre, certains,
+apercevant les quelques déchirures sur la robe de la jeune femme et la
+blessure au genou du paladin, en avaient tiré quelques conclusions.
+Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et
+impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la
+sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les
+gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et
+c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et
+puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non
+plus.
+<!--l. 829--><p class="indent" > Ils étaient maintenant seuls, loin des habitations, et s’étaient arrêtés au
+bord d’un ruisseau pour laisser souffler sa jument. À porter deux personnes,
+elle se fatiguait vite, et lui-même ne pouvait se permettre de marcher sur
+une longue distance. Mais qu’importe, ni lui ni Sélène ne semblaient
+pressés. Celle-ci était assise dans l’herbe à côté de lui, en train de boire à
+une gourde fraîchement remplie.<br
+class="newline" />— Sélène<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Maintenant que nous sommes seuls et loin du village, hem...<br
+class="newline" />Il marqua une pause, et vérifia aux alentours, légèrement inquiet. Sélène le
+regardait d’un air interrogateur.<br
+class="newline" />— Il y a quelque chose que je voudrais savoir à ton sujet. Je comprendrais
+que tu ne veuilles pas me répondre, mais...<br
+class="newline" />Elle haussa les épaules et referma la gourde.<br
+class="newline" />— Quelle question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il prit une grande inspiration, et abaissa légèrement la voix.<br
+class="newline" />— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à
+personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en
+qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le
+
+
+faire.<br
+class="newline" />Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.<br
+class="newline" />— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé,
+dans ta chambre, caché... un livre de magie.
+<!--l. 842--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">S</span><span
+class="ecti-1095">él</span><span
+class="ecti-1095">ène</span>
+<!--l. 844--><p class="indent" > Elle resta figée quelques instants, d’horreur d’abord, puis de colère, et de
+panique. Comment savait-il<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’avait-il trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
+avait-il osé fouiller dans sa chambre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’allait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et
+pour aller où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— S’il-te-plaît, calme-toi, je t’assure que je n’ai pas l’intention de révéler
+cela à quiconque.<br
+class="newline" />Il amena sa main près de son épaule, et se retint de la poser. Il avait
+l’air sincère. Mais cela n’expliquait pas comment... Elle s’approcha
+doucement de lui, et tout en gardant, autant que possible, un visage
+neutre au cas où quelqu’un passerait par là, lui demanda à voix
+basse<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
+class="newline" />— Comment as-tu trouvé cet objet<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il parut quelque peu soulagé qu’elle engage la conversation au lieu de
+s’enfuir, ou de se mettre à lui jeter un sort –à quoi pouvait-il s’attendre
+d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait l’air plutôt gêné...<br
+class="newline" />— Hm... c’est quelque chose qui a à voir avec l’enchantement qui m’a
+permis de te retrouver.<br
+class="newline" />Elle marqua une seconde de silence avant de répondre.<br
+class="newline" />— Soit. Je t’explique tout à une condition... Tu me dis aussi tout sur cet
+enchantement.<br
+class="newline" />Il parut choqué.<br
+class="newline" />— Mais c’est un secret hautement gardé, je trahirais mon temple et la
+déesse...<br
+class="newline" />Elle secoua la tête.<br
+class="newline" />— Le secret que tu as me concernant peut m’emmener au bûcher, je
+suppose que tu le sais. Alors<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. Il en savait
+déjà beaucoup trop de toutes façons...
+<!--l. 858--><p class="indent" > Il soupira.<br
+class="newline" />— D’accord. Pour te retrouver, j’ai dû enchanter une pierre, et pour cela je
+devais avoir un objet auquel tu tenais...<br
+class="newline" />Elle écouta, surprise, l’histoire de l’enchantement du cœur, et du livre qui
+lui avait permis de l’invoquer.<br
+class="newline" />— Et... cette pierre, qu’en as-tu fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je l’ai toujours. Je pensais m’en débarrasser aussitôt que possible, par
+exemple en la jetant au fond d’un lac. Mais je n’ai pas eu d’occasion, et puis
+maintenant que tu sais...<br
+class="newline" />Il se leva, et en boitant, s’approcha de sa jument. Il fouilla dans une
+des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
+laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée,
+semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de
+constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien
+de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
+rien.
+<!--l. 865--><p class="indent" > Il la posa délicatement dans sa paume ouverte, et elle frissonna
+lorsqu’elle sentit la pierre pulser légèrement. Au rythme de ses propres
+battements de cœur...<br
+class="newline" />— Je pense que le mieux est que tu la gardes, finalement. Tu décideras quoi
+en faire.<br
+class="newline" />— Y a-t-il un risque, pour moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu veux dire, que quelque chose t’arrive à cause de cet enchantement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+Que je sache, rien ne peut t’arriver directement à cause de cette pierre.
+Enfin...<br
+class="newline" />Il prit une inspiration.<br
+class="newline" />— Enfin, si on excepte le fait que quelqu’un ayant cette pierre peut toujours
+te retrouver, savoir à quel moment tu mens, à quel moment tu as peur, à
+quel moment tu dors...<br
+class="newline" />Elle eut un frisson d’horreur, et sentit dans son corps et dans sa main son
+pouls s’accélérer légèrement. La sensation était vraiment... étrange, et
+effrayante en même temps. Elle hocha la tête et lui tendit la pierre, qu’il
+enveloppa dans un morceau de tissu avant de la replacer soigneusement dans
+la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.<br
+class="newline" />— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
+en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
+
+
+souhaites.
+<!--l. 874--><p class="indent" > Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement
+anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
+nombreuses lanières intérieures, qui servaient habituellement à y maintenir
+les fioles de remèdes divers qu’elle transportait. Puis elle poussa un
+soupir.
+<!--l. 876--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Irdann</span>
+<!--l. 878--><p class="noindent" >— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.<br
+class="newline" />Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
+encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
+soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.<br
+class="newline" />Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
+avoir l’air menaçant. Elle lui raconta alors son enfance, le vieux livre
+trouvé dans le grenier, ses premiers essais à la magie, et comment ses
+parents avaient fait en sorte de l’envoyer à la capitale, en grand secret.
+<br
+class="newline" />— Mais... alors tu n’es pas vraiment mariée, en fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle sourit.<br
+class="newline" />— Non. Les Quayle sont une famille d’amis de ma mère qui vivent à la
+capitale, et qui nous ont aidé, avec la complicité de quelques personnes de
+l’université de magie, à monter cette histoire. Je ne les en remercierais
+jamais assez...<br
+class="newline" />— J’admets que c’est particulier comme histoire. Mais alors tu vis à la
+capitale, seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, dans une petite chambre de l’université. C’est moins luxueux que la
+demeure d’un riche marchand, mais c’est tranquille.<br
+class="newline" />— Et quelle magie tu apprends, là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Principalement la magie liée aux soins. Des blessés ou malades peuvent
+venir de très loin pour se faire soigner par les meilleurs mages soigneurs,
+et je compte bien en être dès que j’aurai fini mon apprentissage.
+<br
+class="newline" />— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
+
+
+sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai
+appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que
+cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
+combat...<br
+class="newline" />Il hocha la tête, alors que quelques images lui revenaient en tête.<br
+class="newline" />— J’ai pu voir quelques démonstrations, c’est effectivement impressionnant.
+<!--l. 894--><p class="indent" > Ils laissèrent passer un silence, puis il se leva. Il était temps de repartir.
+Alors qu’il s’approchait de Kahrafe, il sentit la main de Sélène se poser sur
+son épaule.<br
+class="newline" />— Attends. Montre-moi ton genou.<br
+class="newline" />Il hésita.<br
+class="newline" />— Tu veux... le soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’est-ce pas risqué ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si je n’utilise pas mon bâton de magie, ce n’est pas trop visible. Même si
+le sort sera moins efficace... Mais cela te soulagera. Rassieds-toi.
+<!--l. 900--><p class="indent" > Il obéit, peu rassuré. Mais risquait-il vraiment quelque chose
+finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il la vit fermer les yeux et approcher sa main de sa blessure. Il
+eut l’impression de voir quelques rais de lumière en sortir, mais peut-être
+était-ce son imagination, ou des reflets du soleil. Dans le même temps, la
+douleur qui cisaillait son genou depuis la veille, et qu’il s’efforçait d’ignorer,
+s’estompa pour de bon.
+<!--l. 902--><p class="indent" > Elle ouvrit les yeux, et apercevant le soulagement marquer son visage,
+elle sourit.<br
+class="newline" />— Essaie de marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il se leva et fit quelques pas, hésitant. La douleur qu’il avait crainte ne
+revenait pas, même s’il sentait son genou encore fragile. Elle hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Voilà. Je ne peux pas faire mieux tout de suite, mais c’est déjà
+bien.<br
+class="newline" />Il lui sourit.<br
+class="newline" />— Merci.
<center class="par-math-display" >
<img
src="aventuriers9x.png" alt="[
+
+
+" class="par-math-display" ></center>
+<!--l. 3--><p class="nopar" >
+<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 7--><p class="indent" > L’homme prit une gorgée de bière et fronça légèrement les sourcils.<br
+class="newline" />— Où précisément<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr étala la carte de la foret de Sossirant, et désigna du doigt une zone,
+assez éloignée des villes et des chemins tracés.<br
+class="newline" />— Par ici.<br
+class="newline" />Ragan, son interlocuteur, suivit des yeux la zone, puis replaça son regard
+droit dans le sien.<br
+class="newline" />— Écoutez, ce n’est pas mon genre de poser des questions à mes clients,
+mais là, vous me surprenez. Je fais ce boulot depuis plus de vingt ans, et en
+général, les gens veulent aller d’une ville à une autre. Pas au milieu de nulle
+part.<br
+class="newline" />Uhr haussa les épaules. Il ne comptait pas entrer dans les détails de sa
+motivation.<br
+class="newline" />— Pouvez-vous ou pas nous amener là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ragan secoua la tête.<br
+class="newline" />— Non. Je ne connais pas ce coin, et je ne sais pas pour vous, mais je tiens
+à ma peau.<br
+class="newline" />Uhr jeta un œil à sa droite, où Farl et Samantha mangeaient tranquillement,
+en attendant le résultat de ses négociations. Croisant leur regard, il secoua
+légèrement la tête, et les vit prendre un air déçu.
+<!--l. 19--><p class="indent" > Le guide prit une autre gorgée, puis reprit.<br
+class="newline" />— Après, si vous n’avez pas froid aux yeux, je connais peut-être l’homme
+qu’il vous faut.<br
+class="newline" />— Voulez-vous un autre verre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr fit un geste à la tenancière, et il sourit.<br
+class="newline" />— Merci. Il y a un autre guide, un petit jeunot, mais qui passe son temps en
+forêt hors des sentiers battus, et il la connaît mieux que sa poche. S’il y a
+un type qui connaît cet endroit, c’est lui. Est-ce qu’il acceptera de vous y
+conduire, c’est autre chose...<br
+class="newline" />— Savez-vous où je peux le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Il habite une petite maisonnette pas loin. Enfin, habite... il dort là quand
+il est dans le coin.
+<!--l. 27--><p class="indent" > À cet instant, la tenancière, qui apportait deux nouvelles bières, crut bon
+de s’insérer dans la conversation.<br
+class="newline" />— Ragan, tu ne parlerais pas de Zach par hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Si, justement. Tu l’as vu récemment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Elle posa les boissons sur la table.<br
+class="newline" />— Vous ne le trouverez pas ici. Il est parti il y a trois jours, accompagner
+quelqu’un qui allait dans la seigneurie d’Assem. Il est probablement quelque
+part en forêt en ce moment.<br
+class="newline" />— Croyez-vous qu’on puisse le rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Uhr.<br
+class="newline" />Le guide sourit.<br
+class="newline" />— C’est envisageable. Vous avez un véhicule, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Une voiture tirée par deux chevaux. Et nous sommes trois. Vous pouvez
+nous emmener<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Cela dépend. Savez-vous vous défendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Uhr désigna une grande épée à deux mains, dans un fourreau posé sur le
+dossier de sa chaise. <br
+class="newline" />— Ça suffira<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou pensez-vous qu’on ait besoin d’autres renforts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide haussa un sourcil en estimant la taille de l’épée, puis son regard
+se posa sur la stature imposante de son interlocuteur, et hocha la
+tête.<br
+class="newline" />— Si vous savez vous en servir correctement, ça devrait aller. Trouvez-moi
+une monture et nous pouvons nous mettre en route. Enfin, si votre
+femme et le petit gars qui sont avec vous n’ont pas peur d’être un
+peu secoués. Je ne vous cache pas qu’on peut faire de mauvaises
+rencontres...<br
+class="newline" />Uhr sourit en regardant ses compagnons, qui s’étaient replongés dans leur
+assiette.<br
+class="newline" />— Il en faut plus que ça pour les secouer, rassurez-vous.
+<!--l. 44--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Farl</span>
+<!--l. 46--><p class="indent" > Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en
+terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement
+le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus
+
+
+confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De
+plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il
+pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à
+la jonglerie, sous les yeux surpris –au moins la première fois– de
+Ragan.
+<!--l. 48--><p class="noindent" >— Je n’aime pas trop ça, pour être franc.<br
+class="newline" />Farl posa ses balles dans sa main gauche, et tourna la tête vers leur guide,
+qui chevauchait devant.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qu’il y a<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Je vous ai dit qu’on pouvait potentiellement rattraper Zach... Or on ne
+va pas tarder à atteindre l’orée de la forêt, et je n’ai vu aucune trace de
+lui.<br
+class="newline" />— C’est si inquiétant que cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Soit il a emprunté d’autres chemins que les habituels, ce qu’il fait plutôt
+quand il est seul, soit il lui est arrivé quelque chose. <br
+class="newline" />Il marqua un temps d’arrêt, puis continua.<br
+class="newline" />— Il y a plus de brigands qu’avant. Il paraît que les dernières récoles ont
+été mauvaises dans la seigneurie d’Assem. Cela plus cette histoire de
+tournoi je-ne-sais-plus-où, qui amène plein de nobliaux et bourgeois à
+voyager... <br
+class="newline" />— C’est vrai que nous avons été attaqués hier... Mais ils n’ont pas
+insisté.<br
+class="newline" />Ragan sourit.<br
+class="newline" />— Nous avons eu de la chance là-dessus. Ils n’étaient que trois, en même
+temps. Je ne sais pas ce qui les a le plus impressionnés, Uhr et son épée
+presque aussi grande que lui, ou toi en train de jongler tranquillement avec
+des couteaux sur le toit de la voiture<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils ne doivent pas voir ça tous les
+jours...<br
+class="newline" />Farl sourit à son tour sans répondre. Il prit une de ses balles et se mit à
+jouer avec.<br
+class="newline" />— Dites-moi, honnêtement, ces fameux couteaux... tu ne sais que jongler
+avec<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...
+<!--l. 64--><p class="indent" > Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune
+
+
+ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller »
+avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires.
+Il hocha la tête.<br
+class="newline" />— Avec le bon entraînement, tu serais un vrai tueur...<br
+class="newline" />Farl haussa les épaules en souriant, sans cesser de jouer avec sa balle. Il
+n’avait pas tout à fait envie de s’étaler sur le sujet.<br
+class="newline" />— Comment peut-on retrouver le fameux Zach, sinon<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oh, si tout va bien, il sera probablement en train de prendre un verre à
+la taverne du village. Ou chez ses parents, comme ça lui arrive de loger
+quand il est dans le coin.<br
+class="newline" />— Vous le connaissez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se
+connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble.
+<!--l. 72--><p class="indent" > Farl n’osa pas demander « Et si tout ne va pas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ». Après tout,
+était-ce la peine de s’inquiéter<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fallait juste espérer que cet homme soit
+à la hauteur de sa réputation et puisse les guider. Et qu’ils trouvent quelque
+chose là-bas...
+<!--l. 74--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 76--><p class="indent" > Il y avait comme toujours cinq tables rectangulaires en bois massif,
+entourées de bancs et de quelques tabourets, et la porte qui menait à la
+cuisine avait encore la trace de brûlure qu’il avait toujours connu. La
+lumière –à cette heure, essentiellement fournie par la grande cheminée sur le
+côté et les plusieurs lampes suspendues sur les murs– et les odeurs n’avaient
+pas changé non plus. Comme si rien ne s’était passé, et rien ne se passait
+jamais à l’auberge du renard vif.
+<!--l. 78--><p class="indent" > Depuis qu’il avait laissé partir Sélène, le paladin et les deux elfes, il
+avait erré dans le village sans trop savoir quoi faire. Le contraste entre
+l’extraordinaire qu’il avait vécu dans les derniers jours et la routine paisible
+qui régnait ici était tel qu’il se demandait presque s’il n’avait pas rêvé toute
+cette aventure.
+<!--l. 80--><p class="indent" > Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire.
+Le brave homme le connaissait depuis qu’il était un petit garçon,
+et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n’avait pas
+
+
+changé.<br
+class="newline" />— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça fait un moment<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Viens te joindre à nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l’une des tables.
+Il le rejoignit, et salua également deux hommes assis avec lui, habillés en
+soldats. Ils lui expliquèrent qu’ils formaient la garde rapprochée d’un riche
+seigneur, et qu’ils avaient engagé un guide pour faire lui faire traverser la
+forêt avec sa suite.<br
+class="newline" />— Encore quelqu’un qui se rend au tournoi du duc De Vane<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda
+Zach.<br
+class="newline" />— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il
+vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations,
+expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je
+pense...<br
+class="newline" />— Bah, c’est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion
+de voir du pays, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit son collègue.<br
+class="newline" />— Si tant est qu’on n’y reste pas...<br
+class="newline" />Le soldat montra alors son bras en écharpe.<br
+class="newline" />— Oh. Vous avez été attaqués<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Le guide et les deux soldats hochèrent la tête. Ils racontèrent alors un
+affrontement particulièrement violent avec des bandits au milieu de la
+forêt.<br
+class="newline" />— J’ai bien cru que j’allais y rester, ajouta le soldat. Je me suis retrouvé à
+un moment donné face à trois de ces hommes, et...<br
+class="newline" />— Laisse tomber, c’est pas crédible, ton histoire, tu nous l’a déjà racontée,
+interrompit son ami.<br
+class="newline" />Le soldat blessé haussa les épaules et reprit tout de même, en abaissant la
+voix légèrement.<br
+class="newline" />— Personne ne me croit, évidemment. Mais j’ai vu certains de mes ennemis
+tomber au sol, morts.<br
+class="newline" />— C’était peut-être juste tes compagnons qui sont venus t’aider, que tu n’as
+pas vus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? suggéra Zach.<br
+class="newline" />— Aucun d’entre nous n’avait d’arc.<br
+class="newline" />Il sortit de sa poche une flèche brisée qu’il posa sur la table.<br
+class="newline" />— Et je suis sûr que notre maître n’a pas des flèches taillées comme
+ça.<br
+class="newline" />Zach fronça les sourcils et observa la pointe. Elle était fine et acérée... il
+n’était pas spécialiste en archerie mais il lui semblait bien que les pointes de
+flèche standard étaient moins travaillées. Du moins les flèches standard
+humaines... Cela pouvait-il être une flèche d’elfe sylvain<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était
+possible. Il regretta de ne pas avoir observé de plus près les armes
+d’Aldariel.
+<!--l. 100--><p class="noindent" >— Et toi, Zach, qu’est-ce que tu as fait pendant ce temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il releva la tête brusquement, sortant de sa rêverie. Les soldats avaient
+rangé la mystérieuse flèche et s’était reportés sur leur assiette et leur
+verre.<br
+class="newline" />— Ah, moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène...
+Enfin si, rien de l’en empêchait, mais il y avait toute une partie qu’il ne
+pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même
+on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des
+ennuis aux deux jeunes femmes. Et tout ce qui s’était passé ensuite... Il
+haussa les épaules.<br
+class="newline" />— Une traversée sans histoire.
+<!--l. 106--><p class="indent" > Personne n’insista. Après tout, chacun était libre de raconter ce qu’il
+voulait. Il suivit distraitement la suite de la conversation. Il y avait les
+interrogations sur le fameux tournoi, et qui y viendrait. Il y avait des
+nouvelles de la dernière née de Dacus, qui allait avoir deux ans la semaine
+prochaine. Il y avait l’incendie qui s’était déclaré il y a un mois dans la
+grange d’un des paysans, et que personne n’expliquait. Il y avait
+la cuisine de la taverne, qui était décidément très bonne ce soir,
+ou alors c’était parce que la nouvelle serveuse était jolie. Aidé par
+le bon repas et le vin, il se laissa bercer par ces histoires, comme
+si elles le ramenaient sur terre après une excursion dans une vie
+différente.
+<!--l. 108--><p class="indent" > Puis, la porte sur l’extérieur s’ouvrit, et parmi les deux silhouettes qui
+entrèrent, Zach reconnut immédiatement la première.<br
+class="newline" />— Ragan, quelle bonne surprise<span class="frenchb-thinspace"> </span>! s’exclama son voisin de droite.
+<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+
+
+<!--l. 113--><p class="indent" > Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre.
+Le gérant de la taverne leur avait dit qu’il n’avait plus d’autre chambre de
+libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers
+s’étalaient autour d’eux.<br
+class="newline" />— Qu’as-tu tiré d’intéressant sur les... créatures qu’on cherche<span class="frenchb-thinspace"> </span>? lui
+demanda-t-elle.<br
+class="newline" />— Au final peu de choses très précises. Les documents qu’on m’a donnés
+sont très vieux, ce sont des récits de voyageurs, ou des traductions
+imparfaites de natifs de la région, et il est difficile de faire la part entre
+ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de
+l’imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son
+contraire<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Heureusement qu’il y a les croquis et notes de Mortag, même si
+ce n’est pas complet.<br
+class="newline" />— D’où venaient-elles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l’abri de
+la lumière vive et de l’humidité. C’est un des points sur lequel les différents
+témoignages semblent se recouper, et qui est bon à savoir. On ne sait pas
+trop quand et comment elles ont disparu. Ici ils parlent d’une aide divine,
+invoquée par des humains locaux, pour s’en débarrasser. Là d’une traque
+intensive et sans fin pour les éliminer toutes. Dans celui-ci, les elfes noirs les
+auraient domestiqués pour chasser les humains de la région, alors que dans
+celui-là, ils les combattaient. Je ne suis pas sûr qu’on puisse se fier à
+grand-chose... — Je ne savais pas que les elfes noirs vivaient ici aussi à
+l’époque.<br
+class="newline" />— Moi non plus. À vrai dire, il faut reconnaître que nous ne savons pas
+grand chose d’eux. Cela ne fait qu’à peine un siècle qu’elfes et humains se
+parlent, et encore. D’accord, nous avons croisé un ou deux elfes noirs à la
+capitale, mais ce n’était peut-être pas bienvenu de l’aborder et lui
+demander les archives détaillées de sa nation... Même Silwë, rappelle-toi.
+Elle nous parlait de temps en temps de petits détails personnels de
+la vie des elfes, mais n’a jamais dit grand chose de l’histoire des
+sylvains.
+<!--l. 121--><p class="indent" > Samantha hocha la tête. Uhr reprit.<br
+class="newline" />— Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu’elles ont une
+morsure extrêmement venimeuse. Le venin tue lentement –du moins dans le
+
+
+cas d’un gros animal ou d’un humain–, aussi il semble qu’elles ne
+s’acharnent pas sur une proie après l’avoir mordue, mais attendent
+patiemment pour la ramener dans leur « antre ».<br
+class="newline" />— Charmant programme.<br
+class="newline" />— D’un point de vue très pragmatique, cela veut dire qu’il suffit d’avoir le
+bon antidote. Farl a sélectionné plusieurs antipoisons quasi universels, et si
+j’en crois certains de ces textes, ils devraient fonctionner.<br
+class="newline" />— Si tout va bien.
+<!--l. 127--><p class="indent" > Uhr ne répondit pas. Il se contenta de désigner la pile de feuilles qu’il y
+avait sur les genoux de Sam.<br
+class="newline" />— Et toi, qu’as-tu trouvé d’intéressant dans ces dossiers<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle
+avait résumé ses notes.<br
+class="newline" />— Comme tu le sais, c’est un dossier avec des informations sur tout un
+nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag
+ou Septim. Et ça en fait des noms...<br
+class="newline" />— C’est le capitaine Mazrok qui t’a donné ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il a obtenu ça d’après ses
+dossiers de la garde<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— J’ai des doutes. Je pense qu’il est allé demandé au recteur de l’université
+de magie. Il s’agit essentiellement de données administratives<span class="frenchb-nbsp"> </span>: nom,
+adresse, origine, domaine de compétence, ... Mais il y a sur certaines fiches
+quelques informations rajoutées à la hâte, d’une autre écriture<span class="frenchb-nbsp"> </span>: il a
+peut-être cru bon de rajouter certains points intéressants. Pour nous aider,
+peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Pourquoi cet excès de zèle<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Peut-être qu’il se méfie de certains mages. Peut-être qu’il veut se faire
+bien voir du capitaine Mazrok. Peut-être qu’il a une autre raison, je n’en
+sais rien. On ne va pas se plaindre.<br
+class="newline" />— Et qu’as-tu tiré de tout cela<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 137--><p class="indent" > Elle soupira et regarda son carnet.<br
+class="newline" />— Septim est originaire de la région. Du comté de ToDo, qui n’est pas
+très loin d’ailleurs. Fils de tailleur, il est parti à l’adolescence à la
+capitale pour finir son apprentissage... Et a découvert une autre
+voie.<br
+class="newline" />— Original, un mage puissant venu d’un pays où on craint la magie...<br
+class="newline" />— Il n’est pas le seul. J’en ai noté quatre autres comme ça. Il y a
+la fameuse Zanakielle, notamment. Ainsi que trois autres mages<span class="frenchb-nbsp"> </span>:
+Plimel, Tenedrinn et Sélène. La dernière de la liste est intéressante
+aussi.<br
+class="newline" />— Qu’est-ce qu’elle a de particulier<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Déjà, son domaine de magie –le soin– est proche de celui de Septim.
+D’après une note ajoutée à la hâte, il était même un de ses professeurs. Et
+il y a un détail cocasse, que j’ai noté au cas où<span class="frenchb-nbsp"> </span>: Sélène est la fille aînée du
+seigneur Assem.<br
+class="newline" />Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.<br
+class="newline" />— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est
+qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant
+l’« incident ».<br
+class="newline" />— Pour où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On ne sait pas évidemment. Ou plutôt, je ne saurais pas si je
+n’avais pas eu l’idée de bavarder avec la femme du propriétaire de
+l’auberge.<br
+class="newline" />— Comment pourrait-elle savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demada Uhr, de plus en plus
+incrédule.<br
+class="newline" />Samantha sourit.<br
+class="newline" />— Parce qu’on l’a vue, pas plus tard que ce matin. Accompagnée d’un jeune
+et mystérieux chevalier qui serait aller la secourir alors qu’elle était
+prisonnière de brigands dans la forêt.<br
+class="newline" />Il haussa les sourcils.<br
+class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Tu n’as qu’à poser la question, tout le village en parle visiblement. Je
+pense qu’on peut être sûr que cette jeune magicienne est dans le
+coin.
+<!--l. 159--><p class="indent" > Uhr se leva.<br
+class="newline" />— Intéressant. Je ne sais pas si cela peut avoir un rapport avec notre
+histoire, mais... J’entends du bruit en bas, la salle à manger doit être
+pleine. D’après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le
+fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j’ai
+faim.
+
+
+<!--l. 163--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Uhr</span>
+<!--l. 166--><p class="indent" > Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu’il y avait pas mal
+d’animation dans la petite salle. À une grande table près de la cheminée
+étaient attablés une petite dizaine d’hommes, à la conversation animée et
+joyeuse.<br
+class="newline" />— Allez, Farl, montre-nous.<br
+class="newline" />C’était la voix de Ragan, au milieu des rires. Le jeune homme se leva de sa
+chaise, en souriant, prit trois couverts en bois et se mit à jongler avec, sous
+les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas
+une occasion de se donner en spectacle, même –et surtout– improvisé. Ce
+soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui
+venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand
+sourire.
+<!--l. 170--><p class="indent" > Il jeta un œil à Samantha, qui semblait avoir suivi son regard.<br
+class="newline" />— Bah, laissons-le s’amuser. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver de grave
+après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Ils s’assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors
+qu’il se demandait comment il allait bien aborder le fameux guide, un
+homme s’approcha de la table.
+<!--l. 174--><p class="noindent" >— Je suis Zach. J’ai cru comprendre que vous me cherchiez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+ <center class="par-math-display" >
+<img
+src="aventuriers10x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 117--><p class="nopar" >
+<!--l. 121--><p class="nopar" >
</body></html>