<meta name="originator" content="TeX4ht (http://www.cse.ohio-state.edu/~gurari/TeX4ht/)">
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+<!--l. 77--><p class="nopar" >
+<!--l. 79--><p class="indent" > Version html<br
+class="newline" /><a
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+class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/</span></a>
+<!--l. 81--><p class="indent" > Version pdf<br
+class="newline" /><a
+href="http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.pdf" class="url" ><span
+class="ectt-1095">http://sekhmet.positon.org/aventuriers/aventuriers.pdf</span></a>
+<!--l. 83--><p class="indent" > Version livre électronique<br
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<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
araignées, ni les rats qu’on y trouvait parfois<span class="frenchb-thinspace"> </span>; et Sélène était ravie de s’en
débarrasser pour quelques heures. Les greniers du château n’avaient pas été
rangés ou nettoyés depuis des générations, et on y trouvait de tout, vieilles
-
-
armes, tableaux, ustensiles divers, ... tout ce qui n’avait pas été considéré
comme ayant suffisamment de valeur pour être stocké dans la salle du
trésor.
–qu’elle ne connaissait que de nom et de description, le livre étant dépourvu
d’images–, celui d’avant était un journal de bord d’un grand tacticien
militaire, celui d’encore avant racontait une histoire de chevalerie, et le
+
+
précédent était un récit historique d’une grande bataille entre les elfes... Il y
avait de tout, dans le désordre.
<!--l. 15--><p class="indent" > Alors qu’elle faisait un inventaire des livres déjà lus, l’étagère de
l’armoire avait été réparée. Elle posa la bougie par terre, et tendit la
main. En fait, ce panneau avait été rajouté... pour cacher quelque
chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 17--><p class="indent" > Le cœur battant, elle chercha à soulever le panneau de bois, et après
quelques minutes d’effort, y parvint. Derrière, il y avait un autre livre. Plus
grand, avec une reliure en cuir très épais, et aux feuilles encore plus jaunies
un petit air de défi.<br
class="newline" />— Méfie-toi, je pourrais le confondre avec toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle lâcha la flèche imaginaire, qu’il fit mine d’esquiver de manière
-
-
spectaculaire. Puis elle prit son arc à une extrémité, et lui fit faire un grand
arc de cercle pour empêcher son frère d’avancer vers elle. Sur le retour, il
utilisa le sien pour bloquer son mouvement et tenta de passer sous sa garde.
vue en vrai jusqu’alors. L’homme sembla noter son regard supris,
et lui adressa un sourire bienveillant. Ses longs cheveux blancs et
son air sage semblaient témoigner d’un âge avancé et d’une grande
+
+
sagesse.
<!--l. 43--><p class="indent" > Lui et sa mère la menèrent, d’échelle de corde en passerelle, près du
palais du roi, dans un bâtiment de taille moyenne, puis dans ce qui
l’arc...<br
class="newline" />Sa mère continua, alors qu’elle rougissait.<br
class="newline" />— Malgré cela, tu sais te battre et as l’air d’y prendre de l’intérêt. C’est
+
+
pourquoi j’en ai parlé autour de moi...<br
class="newline" />Elle souriait. Depuis le temps qu’elle était dans le groupe d’archers d’élite
de la garde royale, elle connaissait beaucoup de monde. Le vieil homme
<!--l. 70--><p class="indent" > Les trois adolescents couraient dans la plaine. Ils étaient pieds nus, vêtus
de pagnes grossiers en cuir, et avaient chacun, glissée dans une ceinture, une
épée plus ou moins rouillée, qui semblait avoir subi de nombreux
-
-
coups. Leurs cheveux bouclés étaient sales et en bataille, et bien
qu’ils ne soient pas aussi grands et forts que les barbares adultes
de leur clan, leur musculature aurait pu impressionner plus d’un
probablement sauvé la vie. Mais il n’avait pas besoin de se poser autant de
questions. Manger, boire, s’entraîner au combat, chasser, combattre, son
quotidien était pourtant simple, et laissait peu de place à la réflexion.
+
+
Alors pourquoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Quel destin facétieux, quel dieu blagueur avait
décidé de lui donner ce que sa famille considérait comme le pire des
défauts<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il réalisa qu’il était encore en train de se poser une question
questionner. Il n’avait que onze ans, après tout, et s’il était fils de duc, il
savait qu’il ne fallait pas fâcher un prêtre de la déesse. On disait que leurs
pouvoirs étaient grands, et qu’ils pouvaient –entre autres– foudroyer
-
-
quelqu’un sur place en une parole.
<!--l. 90--><p class="indent" > L’homme en question, qui devait avoir une quarantaine d’années, portait
une robe gris clair, munie d’une capuche qu’il avait laissée dans son dos. Un
class="newline" />Irdann hésita un instant. Mais après tout, c’était lui qui lui avait demandé,
n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 108--><p class="indent" > Il fléchit légèrement les genoux, et affermissant sa prise à deux mains
-
-
sur le bâton, porta un premier coup, que Khil para habilement. Puis il saisit
son arme de fortune d’un bras, et porta plusieurs coups latéraux que son
adversaire dévia du plat de sa lame. Il parut surpris.<br
brûlé.
<!--l. 139--><p class="indent" > À ses pieds, deux ou trois vieilles planches finissaient de se consumer en
crépitant. Ses parents n’avaient pas bougé, toujours sous le choc après sa
+
+
démonstration spectaculaire. <br
class="newline" />— Ce n’est pas possible...<br
class="newline" />— Notre propre fille, une sorcière...<br
class="newline" />— Ils avouent tout de même...<br
class="newline" />Elle secoua la tête d’un air rageur.<br
class="newline" />— Avec les tortures qu’on leur inflige<span class="frenchb-thinspace"> </span>? N’importe qui avouerait n’importe
-
-
quoi. Ne soyez pas idiots.<br
class="newline" />Elle disait ces mots en essayant de s’en persuader elle-même. Il y avait
quand même des légendes et récits parlants de sorciers maudits... Mais
class="newline" />La boule de feu grandissait, se nourrissant de sa colère et de sa frustration.
Elle sentait sa chaleur de plus en plus intense, alors que la panique
grandissait dans les yeux de ses parents. Elle tourna la tête vers la flamme.
+
+
Reprendre le contrôle, ne pas la laisser grandir trop, respirer...<br
class="newline" />— Mais si vous me laissez tranquille avec ma magie, alors personne à part
vous ne le saura.<br
class="newline" />La boule de feu, même après avoir considérablement décru en taille et en
énergie, avait fini par se poser sur sa main. Elle secoua son bras en se
mordant les lèvres. Son père fit un pas en avant, et lui parla d’une voix
-
-
–presque– apaisée.<br
class="newline" />— Montre ton bras<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Sa main et son poignets étaient rouges, et des cloques commençaient à se
<!--l. 173--><p class="indent" > Farl prit une grande inspiration et commença son ascension. Le
bâtiment était ancien, et très haut, et les interstices entre les pierres
formaient d’excellentes prises pour ses mains et ses pieds. Patiemment,
+
+
silencieusement, il gravit les étages. Vêtu de sombre de la tête aux pieds, il
était quasiment invisible dans la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il
s’adonnait à ce genre de sport, ni la dernière d’ailleurs. À condition de ne
échapper aux ennuis. Mais un jour, il avait fini par se faire prendre.
À sa grande surprise, l’homme qui l’avait saisi la main dans le sac
ne l’avait pas dénoncé. À la place, cet étrange personnage, grand,
-
-
mince et aux cheveux blancs s’était présenté comme un assassin
professionnel, et lui avait proposé de devenir son apprenti. Il avait alors sept
ans.
ces pierres moyennement ajustées, mais restait longue et répétitive. Il
commençait à sentir la fatigue dans ses avant-bras. Il parvint au cinquième
étage, à partir duquel les briques étaient plus serrées. Il ne lui en restait
+
+
qu’un à grimper, et sur le toit, la gouttière ferait un point d’attache parfait.
Il sortit de son petit sac à dos en cuir une corde et un grappin, qu’il
lança avec habileté jusqu’au rebord du toit. Après avoir vérifié la
class="newline" />— Bravo, tu as mis moins de temps que prévu.<br
class="newline" />Un peu essoufflé, Farl sourit en rangeant son grappin et sa corde.<br
class="newline" />— Je t’ai entendu faire un peu de bruit, en revanche, mais ça reste tout à
-
-
fait honorable.<br
class="newline" />Il soupira. « Tout à fait honorable », c’était un sacré compliment venant de
lui. Même si... ce n’était pas parfait. Jamais parfait avec lui. Son maître se
deux frères, et leur ressemblait très peu. Tous deux étaient grands, roux,
aux épaules très larges, travaillées par toutes ces années à couper des
arbres, comme leur père. Et pour cause<span class="frenchb-thinspace"> </span>! On l’avait trouvé, bébé, sur le pas
-
-
d’une porte du village. Un couple de bûcherons du village l’avaient alors
adopté et élevé comme leur propre fils, mais ils ignoraient tout de ses
véritables origines. Il se demandait parfois ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait
chemin, l’un des soldats l’interrogea<span class="frenchb-nbsp"> </span>:<br
class="newline" />— Dis-moi, mon garçon, nous cherchons quelqu’un pour nous guider à
travers la forêt, demain. Sais-tu si quelqu’un peut le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 261--><p class="indent" > Il réfléchit quelques instants.<br
class="newline" />— Il n’y a pas de guide disponible. Mais Beaucoup de jeunes du village,
dont mes frères et moi, connaissons très bien cette forêt.<br
<!--l. 269--><p class="indent" > Zach se sentit flatté de cette confiance, et hésita presque à accepter.
Était-il à la hauteur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Puis à la réflexion, il ne voyait pas qui d’autre. Il
était, de ses frères, celui qui connaissait réellement le mieux la forêt,
-
-
puisqu’il y passait une bonne partie de son temps libre.<br
class="newline" />— D’accord.
<!--l. 273--><p class="noindent" ><span
class="newline" />— C’est vrai. Du moins, c’était vrai jusqu’à il n’y a pas si longtemps...
J’allais même disputer des tournois chez les humains.<br
class="newline" />Chez les humains... On disait tant de choses des humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle ne savait
-
-
même pas que son père y était déjà allé. Apercevant son air rêveur, son
père interrompit ses pensées. Il valait mieux la concentrer sur le tir à l’arc
plutôt que sur les humains, c’était nettement moins dangereux. — Soit. Je
qui avait emmené la pauvre orpheline au temple de la ville la plus
proche.
<!--l. 300--><p class="indent" > Une fois la douleur et les difficultés d’adaptation passées, Samantha
+
+
avait révélé une forte connexion avec la déesse, et avait souhaité
devenir prêtresse, puis grande prêtresse. Elle avait, petit à petit,
appris les enchantements sacrés les plus difficiles, maîtrisé les secrets
rouge vif, sans manches, aux larges bordures dorées, et mettait très bien
–peut-être un peu trop<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– en valeur sa féminité. Elle portait un large
collier d’or couvrant jusque ses épaules, ainsi que plusieurs bracelets,
-
-
aux poignets, bras et chevilles. Elle était fière de tout ce chemin
accompli.
<!--l. 305--><p class="indent" > Le prêtre avait terminé son incantation, et s’écarta en se tournant vers
entre les mains un cercle d’or qu’il déposa sur sa tête. Les applaudissements
redoublèrent.
<!--l. 312--><p class="indent" > Elle était désormais Samantha, grande prêtresse de Melna.
+
+
<!--l. 314--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 316--><p class="noindent" >— Là-bas, je vois l’orée<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
temps, il avait pu entr’apercevoir, à plusieurs reprises, une silhouette de
petite taille, couverte de la tête aux pieds d’un long manteau bleu marine
richement orné.
-
-
<!--l. 319--><p class="noindent" >— Hé, gamin<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Sortant de sa rêverie, il tourna la tête vers le soldat, qui lui adressa un
grand sourire.<br
arrive<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Sur la grand’rue, vous ne pouvez pas la rater.<br
class="newline" />— Allez, gamin, viens boire un verre avant de repartir. Je te l’offre. Tu l’as
+
+
bien mérité<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers1x.png" alt="[
+src="aventuriers2x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 5--><p class="indent" > Prisonnier<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Il était légèrement blessé, mais surtout enchaîné, et
-
-
humilié. Sa tribu venait de subir une attaque surprise d’un clan ennemi, et
ils n’avaient rien pu faire. Ceux qui n’étaient pas morts au combat avait été
fait prisonniers, pour être revendus comme esclaves. Lui et ses comparses
costaud que beaucoup de ses compagnons–, et dans ce cas tant pis pour
eux.
<!--l. 11--><p class="indent" > Le cinquième jour, l’expédition rejoignit un camp nettement plus
+
+
important. Il avait du mal à compter, mais il semblait y avoir plus
d’ennemis qu’il n’avait de doigts et de doigts de pieds. Peut-être autant qu’il
y avait de doigts et de doigts de pieds sur tous les membres de son clan. Il
et il se découragea un peu. Comment avait-il une chance de s’enfuir à
présent<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Soudain il sentit une vive douleur dans son pied gauche, et se
retint de hurler. D’abord parce qu’un barbare, ça ne crie pas de douleur, et
-
-
ensuite parce que ce n’était pas la peine d’attirer des coups de fouet ou de
bâton en plus.
<!--l. 15--><p class="indent" > Une fois seul, il observa l’objet qui était rentré dans son pied nu. Il
étaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Plusieurs centaines probablement. Certes, comme lui avait
expliqué son maître, ce n’était pas si inquiétant aux yeux du pays, mais si
le problème pouvait être réglé plus simplement qu’en envoyant une
+
+
armée...
<!--l. 23--><p class="indent" > Il passa les quelques heures avant la nuit complète à observer les allées
et venues des barbares. Il observa notamment dans un coin, un enclos ou
visiblement bien gardées, devaient abriter des chefs ou sous-chefs de clan.
Mais il n’était pas tout à fait sûr de l’endroit où se trouvait leur roi. Il lui
faudrait encore observer la situation, ou les tuer tous, ce qui compliquerait
-
-
nettement la tâche.
<!--l. 27--><p class="indent" > Alors que le jour diminuait encore, il distingua, parmi les prisonniers, un
jeune homme plus calme, plus posé. Au lieu de se débattre ou de s’effondrer
derrière un nuage complice, il escalada doucement la palissade. Le garde
regardait dans une autre direction. Encore une dizaine de mètres et tout
serait bon... Il marchait avec toutes les précautions possibles. Pourtant, ce
+
+
ne fut pas suffisant. Était-ce son pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ses chaînes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son souffle<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un
hasard<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours est-il que le garde se retourna à ce moment là, et
après un quart de seconde de surprise, ouvrit la bouche pour crier
balustrade. Tout s’était passé en très peu de temps, et pas le moindre
bruit n’avait filtré. Uhr était impressionné, et effrayé aussi. Ami ou
ennemi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 37--><p class="indent" > La silhouette lui fit signe de ne pas faire de bruit, et lui désigna le petit
bois. S’il restait sur place, il serait repéré à un moment où à un autre. Il
n’avait donc pas grand chose à perdre à suivre le mystérieux inconnu. Il se
côté.<br
class="newline" />— Mais on va être découverts, ils vont donner l’alerte, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, évidemment. Mais la panique qui va se créer va nous aider à nous
+
+
enfuir.<br
class="newline" />— Si on a le temps, tu crois qu’on peut libérer les autres<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Éventuellement, on verra. Ça te va<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
l’oreille.<br
class="newline" />— Toi, pas un mot, pas un bruit. Sinon...<br
class="newline" />Elle vit la lame ensanglantée s’approcher de sa gorge, puis aperçut du coin
+
+
de l’œil le roi assassiné. Peur ou plaisir de vengeance<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Toujours
est-il qu’elle se calma rapidement. Il la lâcha, tout en la surveillant.
Elle le fixait avec méfiance et crainte, se demandant à qui elle avait
<!--l. 85--><p class="indent" > Il hocha la tête, et se saisit d’une belle épée, ornée de quelques pierres.
Si d’habitude il trouvait ces fioritures inutiles, il devait admettre que l’arme
était d’excellente facture et les coups sur la lame montraient qu’elle avait
-
-
servi plus d’une fois. Il la glissa dans sa ceinture. Il y avait aussi des bijoux,
avec des motifs divers et des formes variées. Des trophées de guerre,
probablement. Chez les barbares, quand un bijou n’était pas une preuve
<!--l. 96--><p class="noindent" >— Aleeeerte<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Les quatre chefs bondirent sur leurs pieds, et ramassant des armes, sortirent
rapidement en lui adressant un signe de reconnaissance.
+
+
<!--l. 99--><p class="indent" > Dehors, il n’eut aucun mal à se fondre à nouveau dans la nuit, surtout
avec l’agitation qui démarrait. Les quatre combattants se retrouvèrent nez à
nez avec d’autres guerriers, et se défendirent farouchement. Dans la cohue, il
ébullition.
<!--l. 102--><p class="indent" > Ils croisèrent soudain cinq barbares, l’épée à la main, visiblement alertés
par les cris. Il n’eut aucun mal à disparaître dans l’ombre d’une tente, mais
-
-
pas Uhr, à qui ils adressèrent un regard inquisiteur. Il hésita quelques
instants à le laisser et à filer vers les prisonniers, mais c’était le laisser courir
à sa perte, et eut des remords. Même s’il était armé, il était tout de même
retenaient plusieurs personnes à la fois, et étaient peu difficiles à crocheter,
ainsi la tâche allait très vite. Les premiers hommes et femmes libérés
saisirent leur chaînes, les enroulèrent dans leurs poings et se ruèrent vers
+
+
l’entrée de l’enclos en hurlant de rage. Il ne voyait pas ce qui s’y passait,
mais à l’agitation qu’il devinait, il semblait que les deux gardes avaient été
rejoints par des renforts.
des esclaves, il se rua sur lui. Farl esquiva habilement les coups violents et
extrêmement rapides, bien qu’heureusement imprécis que le barbare
engagea contre lui, mais dut reculer contre la palissade. Il savait manier ses
-
-
dagues courtes à la perfection, mais contre un adversaire alerte et avec une
telle allonge, le combat était plus complexe. Il devait escalader cette
barrière et trouver un abri rapidement pour pouvoir sortir une arme de
class="newline" />— Comme tu peux le constater, ça n’a pas été inutile<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Bah, on y dit aussi qu’il faut être grand et large pour être un bon
combattant. Et toi, tu es petit, tout frêle, et tu en as tué beaucoup, très
+
+
efficacement ce soir.<br
class="newline" />— Merci.
<!--l. 134--><p class="indent" > Ils restèrent un instant silencieux, le temps de reprendre leur
signe en souriant, et se hâta de le rejoindre. Il portait une tunique grise sans
manches et un pantalon de toile sombre tenu par une ceinture de cuir. Il
avait l’air d’un habitant tout à fait normal de la capitale, hors sa
+
+
musculature imposante.
<!--l. 154--><p class="indent" > Depuis leur rencontre improbable dans les plaines barbares, il avait
énormément changé. Il avait profité de l’argent de la vente des bracelets
pour se payer une chambre modeste et se débrouiller. Il avait ensuite
appris, sur le tas mais avec une certaine facilité, à lire, écrire et
compter. Son employeur, pensant avoir affaire à un idiot, avait tenté
-
-
de l’arnaquer sur sa paie, en vain évidemment. Depuis, il avait fait
d’autres petits boulots, demandant généralement beaucoup de bras
et peu de réflexion, le dernier en date étant celui d’un videur de
class="newline" />— C’est vrai que tu pourrais bien t’en sortir. <br
class="newline" />— J’espère en tous cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça promet d’être intéressant. Et toi, comment va
ton boulot<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 172--><p class="indent" > Il prit un moment pour boire une gorgée de bière. Il ne savait pas
comment aborder le sujet.<br
class="newline" />— Hé bien... moi aussi, j’hésite à changer de métier.<br
oui...
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers2x.png" alt="[
+src="aventuriers3x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
+
+
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Irdann</span>
<!--l. 5--><p class="indent" > Enfin, il avait le droit de sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>! À la fois émerveillé et
humains. Sans compter qu’il n’avait jamais vu la capitale, qui était très
différente du château du duc son père, au moins dans ses souvenirs
d’enfant.
-
-
<!--l. 8--><p class="indent" > La rue qu’il suivait était si animée, malgré l’heure très matinale, qu’il
regrettait de voir la distance le séparant du poste de garde diminuer. Allons,
il aurait d’autres occasions de voir la ville, se dit-il. Il avait rendez-vous avec
class="newline" />— ...mon grand-père fut son maître d’escrime. À mon tour d’instruire son
élève<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Vous pouvez lui dire de me l’envoyer dès que possible.<br
class="newline" />L’elfe hocha la tête et sourit en retour, à l’instant où l’homme aperçut
+
+
Irdann.<br
class="newline" />— Ah, excusez-moi un instant. <br
class="newline" />Le garde qui l’accompagnait le présenta.<br
engagé.
<!--l. 33--><p class="indent" > Il choisit un lit qui avait l’air inoccupé, et posa les quelques possessions
qu’il avait dans le coffre. Puis il s’assit, pensif. Il avait réussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Maître
+
+
Ernest l’avait jugé digne de suivre son entraînement à l’épée, et d’intégrer
cette unité d’élite. Non seulement le boulot serait beaucoup mieux payé
qu’en tant que soldat de base, mais l’expérience serait sûrement
vie...
<!--l. 35--><p class="indent" > Ses pensées furent interrompues par l’entrée d’un jeune homme, l’air un
peu timide. Il portait une tenue de prêtre, ou ce qui y ressemblait, et avait
-
-
sous le bras son uniforme de garde. Comme lui, il sembla estimer la pièce,
puis désigna le lit à côté du sien.<br
class="newline" />— Celui-ci est libre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— De toutes façons, ça ne change pas grand chose. Nous sommes désormais
soldats, au même rang, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Soulagé de constater qu’il ne comptait pas insister sur le sujet, il lui rendit
+
+
son sourire.
<!--l. 76--><p class="indent" > Du bruit se fit soudain entendre dans le couloir, et les autres recrues, en
tenue de soldat entrèrent dans le dortoir.
bien peu d’arbres... Et il y avait tant d’humains<span class="frenchb-thinspace"> </span>! D’accord, c’était idiot,
elle s’attendait à en voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais ici, il n’était même pas possible de les
éviter, tellement ils étaient nombreux, dans la rue, aux fenêtres des
-
-
maisons, dans des boutiques qui étalaient leurs produits... Ils les
observaient, elle et l’archer qui l’accompagnait, d’un air curieux. Elle se
rapprocha de lui, un peu inquiète. Ce qu’on disait sur les humains n’était
Ernest est quelqu’un de très bien. D’ailleurs, nous arrivons.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers3x.png" alt="[
+src="aventuriers4x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 3--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="newline" />— Comment les raisonner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Crois-moi, j’ai essayé, mais les gens de ce pays croient peu à la raison. En
revanche, ils croient volontiers aux légendes et aux histoires. Ce qu’il me
-
-
faut, c’est une légende. Et un héros pour m’enlever.<br
class="newline" />— Un héros<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je sais que tu peux y arriver. Sois ce héros, ou trouve-le. Je compte sur
questions sur ce qu’elle faisait dans le temple. L’inconvénient, c’est qu’on
ne la laissait pas sortir et qu’elle était surveillée tout le temps...
Ah quelle malchance elle avait eu de se retrouver prêtresse dans ce
+
+
trou perdu<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Elle avait discuté avec un prêtre venu de la capitale. Il
avait pu quitter son temple, et partir à l’aventure. Cela l’avait fait
rêver. Mais comment sortir du temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ils étaient si bornés, si
avait appris le maniement de la dague, et ne quittait jamais la sienne – bien
cachée sous sa robe. Mais que pouvait-elle faire face à des dizaines
d’hommes armées d’épées<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait beaucoup réfléchi, et avait conclu
-
-
qu’il lui fallait un héros. Quelqu’un qui parviendrait à pénétrer dans le
temple, pour l’enlever. Et de façon suffisamment spectaculaire pour
impressionner tout le monde, et dissuader les prêtres de partir à sa
combien de temps<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il pouvait mettre des jours, voire des semaines à
arriver... Cette attente allait être longue et insupportable, mais peut-être y
avait-il la liberté à la clé. Peut-être.
+
+
<!--l. 40--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 42--><p class="indent" > Uhr appréciait les moments où il patrouillait dans la rue avec Irdann et
ils n’hésitaient pas à jouer avec.
<!--l. 44--><p class="indent" > Ces patrouilles, lorsque tout se passait bien, étaient aussi l’occasion de
discuter tranquillement tous les trois. Uhr avait noté qu’Irdann n’était pas
-
-
dans son assiette depuis ce matin, mais n’avait pas osé aborder le
sujet. Une fois la routine mise en place, et quelques banalités sur
l’entraînement de la matinée échangées, ce fut finalement lui qui en
class="newline" />Alors que Silwë ouvrait des yeux incrédules, Uhr réfléchissait.<br
class="newline" />— Une prêtresse à enlever... de façon spectaculaire... hm. Tu veux bien tout
nous raconter en détail<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 57--><p class="indent" > Alors qu’Irdann racontait tous les tenants de son rêve, Uhr se prit à
sourire.<br
class="newline" />— Tu as une idée en tête, c’est ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>? demanda Irdann.<br
grande prêtresse du temple près de la ville en question. Ils doivent le savoir
non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Certes. Bon, le tour arrive à sa fin. À ce soir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
-
-
<!--l. 64--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
à mains nues, enlevant la belle prêtresse et s’enfuyant sur son cheval
blanc<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda un instant, légèrement incrédule. Il avait le physique de
+
+
l’emploi, c’était évident, mais de là à réussir une telle tâche... Elle jeta un
œil à Irdann à côté, qui fronça les sourcils. Voyant leur air surpris, Uhr
éclata de rire.<br
débrouiller pour lui parler d’une façon ou d’une autre. Ensuite, faire en
sorte de compliquer au maximum la tâche du personnel du temple. Par
exemple, les droguer pour les rendre un peu moins combattifs... Ce sera à la
-
-
fois impressionnant et moins dangereux. Puis il faut organiser la fuite, de
façon à ce qu’elle ait l’air la plus spectaculaire possible. Il y a bien sûr des
détails à régler...<br
class="newline" />— La grande prêtresse ne peut-elle pas l’immuniser elle-même<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après
tout, elle souhaite qu’on l’enlève, si j’ai bien compris...<br
class="newline" />— Oui, à condition qu’elle puisse coopérer activement, et de plus c’est un
+
+
risque qu’on la voit l’aider...<br
class="newline" />Uhr avait écouté le morceau de conversation, en réfléchissant. Il reprit la
parole.<br
class="newline" />— Dans une forêt, oui, je peux circuler à peu près partout sans être vue.
Mais dans un temple, c’est plus compliqué...<br
class="newline" />— Ne vous inquiétez pas, je connais quelqu’un qui peut nous aider pour
+
+
ça.<br
class="newline" />— Il faut se procurer des costumes de barbare, et un de grande prêtresse
aussi, mais ça ne doit pas être très compliqué.<br
class="newline" />Uhr sourit.<br
class="newline" />— Je connais quelqu’un qui peut nous fournir ça, ne vous inquiétez
pas.
+
+
<!--l. 121--><p class="indent" > Silwë soupira.<br
class="newline" />— Qui sont ces gens dont tu nous parles qui peuvent nous aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Ou...<br
class="newline" />— Un assassin<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Mieux encore. Disons... un ménestrel. Je reviens, ne bougez pas.<br
class="newline" />Il se leva et se faufila dans la foule dense. Irdann et Silwë se regardèrent en
-
-
haussant les sourcils.
<!--l. 131--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
demanda la gérante.<br
class="newline" />— Oui, merci<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Tant qu’à y être, amenez-en quatre, ajouta Uhr.
+
+
<!--l. 143--><p class="indent" > Il lui avait déjà parlé de ses compagnons de la garde, mais c’était la
première fois qu’il les rencontrait. Ils étaient habillés, tout comme Uhr, en
soldats –d’une tunique brune et cotte de maille–, mais ils étaient aussi
garde et de maître Ernest, il se serait sérieusement demandé ce qu’elle y
faisait. Ils lui sourirent et il s’assit à côté d’eux, pendant que Uhr lui
détailla leur plan.
-
-
<!--l. 147--><p class="indent" > Les yeux ronds, il fixait les trois soldats à tour de rôle.<br
class="newline" />— Mais... c’est complètement insensé votre histoire.<br
class="newline" />Ils hochèrent la tête.<br
raconter. Faites-moi confiance pour le moment.<br
class="newline" />Ils terminèrent leurs plats et se levèrent.<br
class="newline" />— Il se fait tard, il nous faut rentrer. On se retrouve demain pour mettre au
+
+
point les détails<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Quand partirons-nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Si maître Ernest nous accorde un congé rapidement, on peut partir d’ici
volaient de l’or au temple... Juste une histoire folle... Il savait qu’il n’était
pas des plus doués pour écrire de belles sagas épiques digne d’un grand
troubadour, mais cette histoire le mériterait amplement. Peut-être
-
-
pourrait-il se faire aider<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 167--><p class="indent" > Il ne savait quasiment rien des deux compagnons de Uhr... Que
valaient-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’ils étaient élèves de maître Ernest, ils étaient probablement
<!--l. 176--><p class="indent" > Il avait suggéré d’aller rencontrer la prêtresse de jour, en sachant qu’elle
le reconnaîtrait probablement. Farl avait décidé de l’accompagner, en en
profitant pour repérer la configuration du temple. Les deux autres avaient
+
+
préféré rester discrets. Si le visage de Uhr devait rester caché jusqu’à
l’enlèvement, celui de Silwë pouvait susciter une certaine curiosité –les elfes
étant peu courants dans cette région– dont ils pouvaient se passer. Ils
positive... Enfin, le premier à sa connaissance, corrigea-t-il mentalement. Et
depuis qu’elle était arrivée à la capitale. Après tout, qui sait ce qu’elle avait
connu avant, chez les elfes sylvains<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 180--><p class="noindent" >— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On arrive au temple<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il secoua la tête et sortit de sa rêverie. Le grand bâtiment s’étendait devant
eux. Exactement comme dans son rêve... Il adressa un petit hochement de
connaissait sans l’avoir jamais vu... Se pouvait-il...
<!--l. 189--><p class="indent" > Elle s’avança vers lui. En approchant sa main de son visage, elle ferma
les yeux. Elle reconnut immédiatement son aura. C’était lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Le fameux
+
+
apprenti paladin qu’elle avait imploré de venir...<br
class="newline" />— Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura-t-elle.<br
class="newline" />Le jeune homme lui sourit, et répondit à voix basse.<br
<br
class="newline" />— Vous avez... préparé quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Nous aimerions vous en parler plus longuement. Mon compagnon Farl ici
-
-
présent peut s’introduire discrètement dans le temple, cette nuit. Où et
quand peut-il vous trouver seule<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle releva la tête, observant le dénommé Farl, surprise. Après un instant de
<!--l. 206--><p class="indent" > La prêtresse était assise à son lit, vêtue d’une longue tunique blanche,
seule. Elle semblait attendre quelque chose. Sans un bruit, il sauta à
l’intérieur.
+
+
<!--l. 208--><p class="indent" > Elle sursauta, et retint un cri.<br
class="newline" />— N’ayez pas peur, c’est moi, Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>! murmura-t-il.<br
class="newline" />Elle reprit son souffle en l’observant. Il avait revêtu la tenue gris sombre des
class="newline" />— Alors, qui êtes-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et qui vous accompagne<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Que prévoyez-vous de
faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 216--><p class="indent" > Il commença ses explications. Samantha l’écouta attentivement, en
-
-
l’interrompant de temps en temps pour poser une question pratique. À la fin,
elle s’était assise, le regard dans le vide.<br
class="newline" />— C’est... insensé. J’étais presque résignée à renoncer à un enlèvement
class="newline" />— Je vais surtout pouvoir vous aider avec des enchantements. Ça tombe
bien, lors de ce jour spécial, ils seront plus puissants encore. Le premier
visera à protéger le barbare des coups blessants. Pour cela, il suffira que je
+
+
le touche... Cela ne devrait pas poser de problèmes. Un autre servira à
couvrir notre fuite.<br
class="newline" />Farl hocha la tête.<br
class="newline" />Elle se leva et alla chercher, dans une jarre, un sac de toile, de taille
moyenne, visiblement lourd.<br
class="newline" />— Je m’étais dit qu’un soldat apprenti-paladin ne roulait pas nécessairement
-
-
sur l’or, alors peut-être que ça amortira vos frais.<br
class="newline" />Il ouvrit le sac qu’elle lui tendit. Il était rempli de pièces d’or.<br
class="newline" />— En effet... Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
surgisse dans la grande salle.
<!--l. 245--><p class="indent" > Elle avait beau s’y attendre, il fallait reconnaître qu’il était
impressionnant. L’homme qui descendit alors de cheval était grand, musclé,
+
+
vêtu d’un long pagne de cuir et de solides bottes. Quelques bracelets
rudimentaires en cuivre ornaient ses bras, et il faisait tournoyer dans les airs
une épée presque aussi grande que lui, comme s’il s’agissait d’une
mine de s’évanouir dans ses bras.
<!--l. 251--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
-
-
<!--l. 253--><p class="indent" > Au moment où la prêtresse tomba dans ses bras, il sentit immédiatement
une douce chaleur l’envahir. Comme si le soleil réchauffait sa peau. Il eut
même l’impression que celle-ci brillait de reflets d’or, mais peut-être était-ce
<!--l. 259--><p class="indent" > C’est alors qu’il sentit un frémissement, venant de la prêtresse, toujours
sur son épaule. Elle semblait... chanter. Ou invoquer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il ne réfléchit pas
plus et lança sa monture à toute vitesse dans les rues de la ville, faisant
+
+
mouliner son épée pour faire dégager, de peur, les quelques passants qui
risquaient de se mettre sur son chemin.
<!--l. 261--><p class="indent" > Alors que le soleil était en train de disparaître et que l’obscurité
<!--l. 267--><p class="indent" > Tapis à l’entrée de la forêt, dans une cachette soigneusement aménagée
par leurs soins, Farl, Silwë et Irdann attendaient l’arrivée d’Uhr. Il vérifia
une dernière fois ses artifices qui leur permettrait de faire l’« échange »
-
-
efficacement, même si l’arrivée du brouillard divin simplifierait grandement
ces opérations.
<!--l. 269--><p class="indent" > Irdann s’était vêtu, comme Uhr, d’un pagne et de bottes, et même s’il
<!--l. 278--><p class="indent" > Uhr mit rapidement pied à terre, suivi de la prêtresse, et tous deux
descendirent avec leur cheval dans le fossé, endroit parfait pour être
invisible depuis le sentier, et surtout, pour masquer les sons. À l’abri derrière
+
+
le brouillard, la nuit et la fumée des herbes, ils entendirent passer des
chevaux au galop, sans s’arrêter. Ils poussèrent tous les trois un léger soupir
de soulagement.<br
<!--l. 289--><p class="indent" > La nuit était à peine tombée, mais la forêt était déjà très sombre, sans
compter le brouillard. Heureusement que Silwë, devant lui, tenait
les rênes et avait l’air de savoir à peu près où aller... Il tourna la
-
-
tête. Les silhouettes des prêtres à cheval étaient lointaines, mais
présentes.<br
class="newline" />— Nous avons une bonne avance, et ils nous suivent. Ils n’ont pas vu le
class="newline" />— On va rejoindre le sentier qui mène au pont. Pas d’inquiétude pour la
vitesse, ils seront aussi ralentis que nous, s’ils nous suivent. Si tu suis le
sentier après le pont, tu débouches en dehors de la forêt, je ne sais plus
-
-
trop ce qu’il y a mais tu devrais retrouver ton chemin sans trop de
soucis.<br
class="newline" />— Hé, tu vas me laisser saboter ce pont et tu seras mieux pour galoper dans
<!--l. 325--><p class="indent" > Elle n’avait que peu de temps. Aussi vite qu’elle le put, elle se glissa sous
le pont et dégaina son épée, tout en essayant désespérément de reprendre
son souffle. Les cordes qui le tenaient étaient certes vieilles, mais épaisses et
-
-
de bonne qualité. Et en réalité, une épée, même bien affûtée, n’est pas le
meilleur des outils pour trancher une corde humide sur laquelle a poussé de
la mousse et du lierre.
cheval, dans l’eau, et ses compagnons l’aidaient à en sortir. La rivière ne
faisait que quelques mètres de large et n’était pas très profonde, mais aucun
des chevaux épuisés n’avait très envie de se mouiller. Malgré cela, les
+
+
prêtres tentèrent de faire traverser le cours d’eau à leurs montures, avec
plus ou moins de succès.<br
class="newline" />— Prends de l’avance, et essaie de les rattraper<span class="frenchb-thinspace"> </span>! cria l’un d’eux au
suffisante avec eux. Il soupira, mit sa monture épuisée au pas, et
l’accompagna, pied à terre. Avaient-ils abandonné pour de bon<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il valait
mieux continuer à s’éloigner.
-
-
<!--l. 343--><p class="indent" > Il n’avait pas vraiment regardé où il allait, mais il était peut-être temps.
Il n’y avait plus de brouillard, et les arbres étaient suffisamment espacés
maintenant pour qu’il arrive à distinguer son chemin à la lumière de la lune.
Combattre le prêtre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Cette idée ne l’enchentait guère, mais avait-il le
choix<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Son regard tomba alors sur la robe aux bordures d’or de la
prêtresse, qui se reflétaient dans la lueur de la lune, et resta une seconde
+
+
figé, réfléchissant. Cela pouvait peut-être marcher... Il tourna la
tête. Le prêtre n’était pas tout près, son cheval devait être fatigué
lui aussi. Il avait tout juste le temps. Un sourire se dessina sur son
Ce n’était pas pourtant si compliqué de faire moins de bruit que
ça...
<!--l. 352--><p class="noindent" >— Dépêchez vous, il faut aller aider Odal<span class="frenchb-thinspace"> </span>! ordonna l’un d’eux, qui semblait
-
-
visiblement en charge.<br
class="newline" />— Pas la peine de crier si fort, Feyne. Et je crois que mon cheval
boîte.<br
leur faisant un geste. Arrivé à une dizaine de mètres de ses compagnons,
celui-ci désigna du doigt la direction d’où il revenait.<br
class="newline" />— Ils se sont arrêtés dans une clairière, au pied de la falaise. La prêtresse
+
+
est seule, je pense qu’il y a un piège...<br
class="newline" />Silwë fronça les sourcils. Cette voix sonnait étrange à ses oreilles. Et elle
n’était pas la seule à réagir comme ça. Brusquement, Feyne murmura
les insectes et animaux se turent pendant les quelques instants qui
suivirent.
<!--l. 366--><p class="noindent" >— Mais tu es fou, pourquoi tu as cherché à le foudroyer<span class="frenchb-thinspace"> </span>? questionna un
-
-
des prêtres à côté de Feyne.<br
class="newline" />Celui-ci haussa les épaules.<br
class="newline" />— J’ai eu un doute... De toutes façons, il est immunisé, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allez, en
sombre, je n’aime pas ça...<br
class="newline" />L’autre fouilla ses poches.<br
class="newline" />— Non, par contre j’ai des allumettes. On peut allumer un petit
+
+
feu.
<!--l. 382--><p class="indent" > Une petite flamme à la lueur aveuglante apparut bientôt au pied du
pont. <br
l’autre.<br
class="newline" />— Tu crois qu’on craint quelque chose<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Le prêtre haussa les épaules, et se leva, droit dans la direction de Silwë.
-
-
Celle-ci sentit son sang se glacer autant que ses doigts. Il ne pouvait tout de
même pas l’avoir vue, si<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle serra dans sa main la poignée de son épée.
S’il fallait en venir là...
trempée et peu vêtue<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 396--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
+
+
<!--l. 398--><p class="indent" > Les suivre, les suivre... Plus facile à dire qu’à faire. Heureusement, même
s’il ne voyait pas très bien, le bruit que faisaient les prêtres à cheval
était facile à suivre. Il allait à pied, à moitié en courant, à moitié en
et frêle... Il interrompit aussitôt ses pensées. Elle avait une épée, comme
Irdann, et les rares fois où il l’avait vue s’entraîner avec ses compagnons,
elle savait très bien s’en servir. À mesure qu’il se rapprochait, il lui sembla
-
-
que le bruit ne s’éloignait plus. Était-ce bon ou mauvais signe<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était
plus très loin lorsqu’il aperçut l’éclair illuminer le ciel d’une lueur
bleutée. Il frissonna. Ce n’était clairement pas bon signe. Il se mit à
tous cas, à la réaction des prêtres, ce n’était pas un de leurs amis... Reste à
savoir si c’était un des siens.
<!--l. 417--><p class="indent" > Le petit feu de camp apportait un éclairage raisonnable, mais laissait
-
-
tout de même des zones d’ombre. Il sortit de sa tunique deux dards de
lancer, imprégnés d’un somnifère très puissant, et s’approcha encore. À
cette distance, il devrait pouvoir les toucher... s’avancer plus le ferait repérer
quelques instants, immobile, à la fixer.<br
class="newline" />— C’est moi...<br
class="newline" />Le son de sa voix sembla le réveiller. Il se redressa et désigna le feu et ce qui
+
+
restait du pont.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui s’est passé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Pourquoi es-tu trempée et...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai saboté le pont pour donner de l’avance à Irdann, coupa-t-elle. Je suis
<!--l. 434--><p class="indent" > Les mystérieux sabots passèrent du galop au trot, puis au pas, et
s’arrêtèrent à une quinzaine de mètres du pont. Le bruit d’un cavalier
mettant pied à terre se fit entendre. Qui était-ce<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle se redressa
-
-
doucement, fit signe à Farl de ne pas bouger, et s’approcha.
<!--l. 436--><p class="indent" > C’était un prêtre, qui s’avançait prudemment, en regardant aux
alentours, l’épée dégainée. Sa capuche était tombée, et elle le reconnut
soigneusement le camp et effacé au mieux leurs traces. Leur visage marqua
une certaine surprise en apercevant les tenues de Silwë et Irdann,
mais attendirent qu’ils soient tous les cinq à cheval pour poser leurs
+
+
questions.
<!--l. 449--><p class="indent" > Il leur raconta alors qu’une fois au pied de la falaise, il avait laissé la
robe de la prêtresse attachée à une branche, et lorsque le prêtre s’était
qui n’était pas tout à fait faux. Je me suis éloigné le plus possible
d’eux, et après être sûr qu’ils ne m’avaient pas suivi, j’ai fait le tour
pour aller voir ce que tu devenais... Les deux autres prêtres, ils sont
-
-
morts<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non, je suis arrivé à ce moment là, et je les ai endormis, précisa
Farl.<br
son pagne, il avait l’air beaucoup moins brutal, même si sa silhouette restait
impressionnante. Il y avait bien sûr le jeune apprenti paladin, qui avait
lui aussi revêtu des vêtements plus discrets que ceux du prêtre,
+
+
qui s’occupait pour le moment des chevaux épuisés. Il y avait la
jeune elfe, Silwë. Pour le moment, elle se réchauffait de son bain
forcé, enveloppée dans une couverture. Et le dernier de ces quatre
trois apprentis d’un maître épéiste renommé, maître Ernest. Et Farl,
enfant de la rue, devenu assassin puis ménestrel.
<!--l. 481--><p class="indent" > Tout en s’enroulant dans sa couverture, elle se demandait ce qu’il allait
+
+
advenir de ces quatre étrange personnages... Quelque chose lui disait qu’elle
n’était pas au bout de ses surprises.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers4x.png" alt="[
+src="aventuriers5x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
public, composé d’une diligence et de quelques soldats, qui lui aurait permis
de rentrer chez elle seule. Elle en avait assez d’être escortée des gardes de
son château, qui ne lui laissaient absolument aucun champ libre, et elle avait
-
-
eu bien assez de mal à convaincre ses parents de la laisser se débrouiller
seule. La première partie du trajet s’était passée sans aucun problème, elle
avait même fait quelques rencontres intéressantes, qui avaient rendu les
instant d’hésitation. Cet endroit ressemblait plus à un abri précaire qu’à
une maison. Une partie d’elle-même sembla presque soulagée de ne voir
aucune lumière à l’intérieur. Elle s’approcha néanmoins de la porte, et
+
+
s’apprêta à y frapper.
<!--l. 27--><p class="noindent" >— Vous cherchez quelqu’un<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surprise, elle se retourna vivement. Elle n’avait pas entendu l’homme
mademoiselle...<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il lui tendit la main. Elle frappa dans la sienne.<br
class="newline" />— Marché conclu. Appelez-moi Sélène.
-
-
<!--l. 51--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 53--><p class="indent" > Le soir, sur sa paillasse, Zach réfléchissait. Il avait déjà accomagné des
faisait leur valeur. Était-elle vraiment sans prétention, ou avait-elle quelque
chose de louche à cacher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 61--><p class="indent" > À l’aube, elle était là, prête. Habillée comme la veille, aux bottines près,
+
+
avec un manteau brun, et munie d’un sac en cuir en bandoulière, en
apparence bien rempli. Lui-même avait revêtu une armure et des brassards
de cuir, et avait également pris une besace chargée et une cape, gris
prenait chaque branche, fougère, buisson, racine, comme si la forêt entière
avait décidé de l’empêcher d’avancer. Lui était tellement à l’aise qu’il
semblait que ces mêmes obstacles s’effaçaient devant lui. Sur une
-
-
racine particulièrement vicieuse, elle s’étala de tout son long dans des
branchages. Zach, qui marchait devant sans la regarder, s’arrêta pourtant
instantanément, et se retourna. Pourvu qu’il évite une remarque
class="newline" />Elle ôta ses bottes et ses chaussettes et retint un gémissement. C’était
encore pire que ce à quoi elle s’attendait.<br
class="newline" />— Allez tremper vos pieds dans le ruisseau juste là, pendant que je sors de
+
+
quoi manger.<br
class="newline" />Le ton s’était adouci. Venait-elle de passer une sorte de test<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou avait-il
pitié, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle releva les yeux et son regard croisa le sien le temps
tout court. Non seulement elle s’était mise à boiter, mais son souffle était de
plus en plus court et son visage de plus en plus rouge. Il maintint le rythme
jusqu’au soir, et quand les ombres s’allongèrent, il la sentit à bout.
-
-
Ayant repéré un endroit convenable, il s’arrêta et se tourna vers
elle.<br
class="newline" />— Reposez-vous ici, je vais chercher de quoi faire un feu.<br
vraiment l’air épuisée, c’est vrai... Elle avait ôté ses bottes, et ses mains
étaient posées sur ses pieds, laissaient entrevoir une peau intacte. Il
fronça les sourcils. Il se souvenait d’avoir vu ses pieds presque en
+
+
sang à midi. Peut-être que ses doigts cachaient les blessures, après
tout, ses chaussettes posées à côté d’elle en portaient toujours les
traces.
son guide pour lancer un léger sort. Un qui n’avait pas besoin de
son bâton pour être efficace. Un simple apaisement des blessures
mineures. Elle eut honte, pourtant ce n’était pas sa première blessure, et
-
-
d’habitude, elle savait tenir la douleur. Lorsqu’on s’entraîne à la magie,
c’est même très courant. En plus, c’était un risque, il aurait pu la
voir... Lancer un sort était rarement discret, elle le savait. Et ce
class="newline" />— Vous ne dormez pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ce coin de forêt est assez calme, et j’ai vérifié les alentours. Il n’y a pas
de gros soucis, donc je dormirai aussi. Et ne vous en faites pas, ajouta-t-il en
+
+
voyant son air inquiet, je dors souvent seul en forêt et je sais me réveiller si
quelque chose d’anormal se passe.
<!--l. 108--><p class="indent" > Elle sortit la couverture, s’enveloppa dedans, posa sa tête sur sa besace
suivait à peu près son rythme, sans se plaindre, et sa compagnie n’était pas
désagréable. Ces cinq ou six jours de traversée ne s’annonçaient pas si mal.
Il écarta aussitôt une idée idiote qui lui traversa l’esprit. Non, pas
-
-
avec une noble. Surtout sa cliente. Ç’aurait été une paysanne, ou
une servante, il se serait peut-être posé la question, mais avec une
damoiselle de haut rang, c’était le meilleur moyen de s’attirer les pires
aller chercher de quoi faire un feu. Avec un peu de chance, il trouverait
peut-être du petit gibier, et ils feraient un bon repas, pour changer. Ils
pouvaient se permettre de prendre un peu de temps, car ils avaient bien
+
+
avancé. Ce n’était pas parce qu’il avait une réputation de sauvage qu’il ne
savait pas apprécier quelques bons moments.
<!--l. 121--><p class="indent" > Son sang se glaça soudain lorsqu’il entendit un cri. C’était sa voix. Si
vision les deux hommes. Leurs vêtements étaient sales et un peu déchirés,
ils étaient armés l’un d’un gourdin et l’autre d’une vieille épée. Ne pas
paniquer. À l’université de magie, elle s’était entraînée à combattre
-
-
physiquement, en utilisant son bâton de magicienne comme d’une arme
lorsqu’elle ne voulait ou ne pouvait pas utiliser la magie. Elle n’avait trouvé
à la place qu’une branche cassée, lourde et peu pratique à manier<span class="frenchb-thinspace"> </span>; mais
pas.
<!--l. 131--><p class="indent" > Alors qu’il allait l’atteindre, il s’effondra brusquement, à ses pieds. Elle
n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait lorsqu’une main se
+
+
posa sur son épaule. Cette fois, elle ne put retenir un cri de panique.
Maintenant sa prise à deux mains sur son arme de fortune, ramenant les
bras vers elle, elle donna un grand coup dans son dos, de toutes ses
tremblant. Il lui prit délicatement la main.<br
class="newline" />— Viens, il ne faut pas traîner ici. D’autres pourraient venir.
<!--l. 136--><p class="indent" > Zach ramassa leurs deux sacs, les passa en bandoulière, et l’emmena au
-
-
pas de course. Elle le suivit sans réfléchir.
<!--l. 138--><p class="indent" > Combien de temps s’était passé lorsqu’elle reprit un peu ses esprits<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle l’ignorait. Mais la nuit achevait de tomber, et ses jambes commençaient
chercha –en vain– de quoi se raccrocher à la paroi. Par réflexe, son
autre main s’aggrippa encore plus fort à celle de Zach, en laissant
échapper un léger cri. Sa chute, qui lui parut durer une éternité, s’arrêta
+
+
une quarantaine de centimètres plus bas, retenue par cette main
salvatrice.<br
class="newline" />— Tout va bien. Reprends tes appuis, tranquillement. Attrape la racine, au
class="newline" />— C’est ici. Par contre, tu vas devoir lâcher ma main quelques instants.<br
class="newline" />Elle vit sa silhouette escalader lestement les derniers mètres et disparaître
dans le buisson sombre. Puis ce buisson s’écarta légèrement, laissant
-
-
entrevoir une grande faille dans laquelle il se tenait assis. Il se mit à plat
ventre au bord, et tendit son bras. Elle le saisit, et il la hissa jusqu’à
lui. Le buisson se replaça sur l’entrée de la faille, coupant toute
première fois, marquer un instant d’hésitation gêné.<br
class="newline" />— J’ai des yeux de chat, il paraît.<br
class="newline" />Le contact entre leurs doigts se rompit.
-
-
<!--l. 172--><p class="indent" > Alors qu’ils mangeaient en silence, elle réfléchissait. Ainsi, il voyait dans
le noir... Ce genre de don était peu courant. Elle fit mentalement la liste des
êtres qui avaient cette capacité. Les elfes et les nains, déjà, bien que le
un cas isolé, mais dans le doute...<br
class="newline" />— Tu emmènes souvent des gens dans cette cachette<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Non. Tu es la première.
+
+
<!--l. 182--><p class="noindent" > <span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 184--><p class="indent" > Il la vit terminer de manger avec un air pensif. Les brigands, la fuite,
extrêment gênant pour elle, de se sentir observée sans pouvoir observer en
retour.<br
class="newline" />— On ne peut pas faire de feu, et l’humidité n’aide pas. Installe-toi sur le
-
-
lit, vers le fond, et couvre-toi le plus possible. Enfin, lit... le tas de bruyère.
Ce n’est pas très confortable, mais c’est mieux que la roche, et ça isole du
froid.
sinon...<br
class="newline" />— Compris<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il n’avait pas forcément envie d’entendre la liste des supplices qu’elle
+
+
prévoyait de lui faire subir s’il avait le malheur de laisser traîner une main
au mauvais endroit. De plus, son ton presque menaçant lui donnait
l’impression qu’elle allait mieux. Et pour être honnête avec lui-même, sans
même pas enlevée–, mais elle réalisa subitement qu’elle-même ne devait pas
sentir bien meilleur. Elle ne l’aurait pas admis tout haut, mais elle était
soulagée de l’avoir près de lui. Non seulement il lui tenait chaud, mais sa
-
-
présence, son souffle calme, même cette odeur la rassurait. Elle avait un peu
de mal à réaliser tout ce qui s’était passé cette soirée. Il l’avait sauvée des
bandits, l’avait amenée dans cet endroit si bien protégé et connu de lui
class="newline" />— Ah, ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! J’en ai discuté avec la tenancière de la taverne. Elle a été ravie
d’échanger mes jolies chaussures contre une paire de bottines à elle. Même
si elle m’a répété plusieurs fois que c’était une mauvaise idée de partir avec
+
+
toi.<br
class="newline" />Il se mit à rire. <br
class="newline" />— Ça ne m’étonne pas de ma sœur ça.<br
class="newline" />— Oui...<br
class="newline" />Son ton de réponse semblait gêné. Lui, qu’elle avait toujours vu si assuré, si
calme, maître de lui-même, se trouvait si mal à l’aise sur ce genre de
-
-
question<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 227--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
corps et les objets. Ce qui revient grosso-modo à voir dans le noir. Les
loups-garous, eux, ont l’odorat tellement développé qu’ils ont une aussi
bonne perception de leur environnement que s’ils avaient les yeux ouverts en
+
+
pleine lumière. Il reste les vampires, qui comme certains magiciens, ont une
vision nocturne parfaite grâce à leurs pouvoirs magiques. Ce qui n’a pas l’air
d’être ton cas.
Pouvait-il lui-même avoir du sang elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’était une question qu’il
n’avait jamais envisagé sérieusement jusqu’alors. Mais Sélène semblait
bien connaître le domaine... et ça, il était sûr que ce n’était pas du
+
+
bluff.
<!--l. 267--><p class="indent" > Il entendit sa respiration et son pouls se ralentir. Elle s’était endormie.
Bercé par ce rythme régulier et la chaleur de son corps à côté du sien, il ne
s’était imaginé<span class="frenchb-nbsp"> </span>: allongée sur le lit de bruyère, elle touchait le mur froid de
sa main droite alors que l’entrée n’était qu’à quelques mètres à sa
gauche. Elle s’assit sur le matelas, finalement pas si inconfortable que
-
-
cela.
<!--l. 273--><p class="indent" > Zach n’était plus étendu près d’elle, et il avait laissé à côté sa ceinture
et son épée, sa tunique et son armure. Elle l’aperçut au fond de la grotte,
class="newline" />Elle chercha tout d’abord à ne pas le regarder, puis constata qu’il ne
semblait nullement gêné d’être torse nu devant elle. Elle remarqua alors une
marque rouge, longue d’une dizaine de centimètres, sur son épaule
+
+
gauche.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que tu as là<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tu t’es blessé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il regarda son épaule.<br
la veille au soir. Elle aussi. S’en était-elle rendu compte<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça n’avait pas eu
l’air de la choquer...
<center class="par-math-display" >
-
-
<img
-src="aventuriers5x.png" alt="[
+src="aventuriers6x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
class="newline" />— Pour les humains, ça change beaucoup de choses. Tu sais, chez
les humains, les femmes sont souvent soumises, et doivent obéir à
leurs parents ou maris... on n’imaginerait pas les voir se promener
-
-
seules.<br
class="newline" />Aldariel ouvrit des yeux ronds d’incrédulité.<br
class="newline" />— Sérieusement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 39--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
-
-
<!--l. 41--><p class="indent" > Silwë était debout face à une table où s’étalait une carte, dans un salon
du palais. Elle réfléchissait à cette nouvelle aventure. Elle ne s’attendait pas
à une telle responsabilité, à peine rentrée chez elle<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’était un grand
remplacé ses jolies sandales, et elle n’avait gardé pour bijou que son fin
diadème. Elle portait son arc et un carquois en bandoulière, et une dague à
la ceinture. Son avant-bras gauche était protégé par un bracelet d’archerie,
+
+
en cuir, décoré de quelques motifs argentés. Au moins elle semblait équipée
correctement.
<!--l. 48--><p class="indent" > Elle s’apprêta à s’incliner devant elle, mais Aldariel lui fit signe de
c’est tout.<br
class="newline" />— Et le duc, ça ne le gène pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— D’après votre père, non, mais il a du mal à convaincre ses pairs. Il espère
-
-
d’ailleurs que notre venue puisse changer –un petit peu– les choses... Mais
nous verrons bien. Je ne connais pas cette région non plus, pour tout vous
dire.
class="newline" />— J’ai entendu dire que vous étiez une bonne soigneuse<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />La jeune princesse sourit.<br
class="newline" />— En effet. Je pensais d’ailleurs emmener quelques baumes et de quoi
+
+
panser des blessures. Penses-tu que ça puisse être utile<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle poussa un soupir de soulagement.<br
class="newline" />— Oui, tout à fait.<br
<!--l. 89--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 91--><p class="indent" > Aldariel examinait la chambre avec intérêt. Une petite pièce, avec deux
-
-
lits humains et deux tables de chevet, une vieille armoire en bois, et dans un
angle de la pièce, un petit miroir et un baquet vide posé sur une meuble.
Une fenêtre de petite taille laissait entrer les dernières lueurs du soir. Elle
class="newline" />— J’avoue que... ces lits m’intriguent...<br
class="newline" />Elle sourit.<br
class="newline" />— Si tu ne te sens pas à l’aise, tu peux toujours t’enrouler dans ta
+
+
couverture elfique. Les couvertures humaines ont besoin d’être plus épaisses
pour être aussi chaudes, c’est pourquoi leur aspect est plus grossier. Mais
elles sont très bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
class="newline" />— Ça doit être difficile d’être un humain<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment font-ils<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Je me suis dit la même chose. Et pourtant ils arrivent à faire des choses
extraordinaires, alors... Peut-être cette difficulté les pousse à trouver des
-
-
solutions<span class="frenchb-thinspace"> </span>? C’est incroyable ce que les humains peuvent être plein de
ressources et d’idées, parfois...
<!--l. 109--><p class="indent" > Aldariel fixa le plafond de la chambre pendant un moment. Elle se
chez les humains. Je crois te l’avoir déjà dit, mais même s’ils ne
nous aiment pas, ils nous respectent en général. Que ce soit à cause
de nos armes, ou de crainte de créer des ennuis diplomatiques, ou
-
-
simplement parce qu’ils n’ont pas envie de s’en mêler. Donc pas
d’inquiétude.
<!--l. 122--><p class="indent" > Les humains étaient décidément surprenants. Il y avait d’autres
inhabituel. Des cris, des bruits métalliques et de chevaux. Elles hésitèrent,
puis la curiosité étant plus forte, décidèrent de s’approcher prudemment. À
cet endroit, la végétation était très dense et les arbres très proches les uns
+
+
des autres, ce qui leur permit d’arriver de façon très discrète. Quelques
minutes plus tard, la scène s’étalait sous leurs yeux.
<!--l. 132--><p class="indent" > Sur un sentier, deux carosses tirés par des chevaux, dont un richement
fenêtre. Le soldat se défendait vaillamment contre trois brigands, mais
difficilement.
<!--l. 134--><p class="indent" > Aldariel n’était plus à côté d’elle. Elle avait lestement escaladé un arbre,
-
-
et préparait déjà une flèche pour son arc. Avant de viser, hésitante, elle lui
jeta un regard interrogateur. Elle lui répondit en hochant la tête, et en
dégainant silencieusement son épée. Puis elle avança vers le champ de
nouveau dans le buisson. Une seconde avant d’être parfaitement
dissimulée, elle aperçut, sur sa droite, venant de l’autre carosse, un
quatrième homme qui courait vers elle. Il l’aperçut, et ouvrit la
+
+
bouche pour crier. Avant que le moindre son ne sorte de sa gorge, un
second trait mortel, venant des arbres, toucha le brigand en plein dans
l’œil.
class="newline" />Elle sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers6x.png" alt="[
+src="aventuriers7x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 1--><p class="nopar" >
<!--l. 3--><p class="noindent" ><span
un peu triste, c’est vrai. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau endosser le
rôle de prêtresse, et de quitter sa petite routine, mais pour cela il fallait
qu’on ait cessé de la chercher. En attendant, travailler ses enchantements
-
-
n’était pas inutile.
<!--l. 9--><p class="indent" > Cela faisait presque deux ans qu’elle s’était enfuie avec Uhr et ses amis,
et les rumeurs qu’ils avaient entendues depuis étaient plutôt bonnes.
veux-tu...<br
class="newline" />— Il était magicien, lui aussi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui. Il a eu une dispute avec un confrère. Tous deux ont péri dans un
-
-
incendie ravageur.<br
class="newline" />Samantha frissonna. Les disputes entre magiciens, ça ne plaisantait pas. Les
prêtres, au moins n’étaient pas comme ça... Enfin, à bien y réfléchir, il y
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 37--><p class="indent" > Elle ne disait rien, mais il voyait bien que le sujet l’interpellait.
Depuis qu’il étaient revenus de Touryre, elle avait endossé le rôle
+
+
d’une fleuriste, d’une jeune femme modèle de la cité –elle portait
actuellement une jupe rouge sombre, un chemisier blanc et un petit corset
noir–, mais il savait bien que derrière, elle brûlait d’envie de faire
<br
class="newline" />— Mais ça ne va pas être évident de se procurer de tels objets. Je te
rappelle que je ne suis pas chargé de l’enquête, et leurs appartements sont
+
+
sous scellés maintenant...<br
class="newline" />Elle lui sourit.<br
class="newline" />— Ne connais-tu pas quelqu’un qui pourrait y pénétrer discrètement<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 66--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 68--><p class="indent" > Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revêtu les vêtements sombres
-
-
d’un assassin. Depuis qu’il avait décidé de changer de voie, il n’avait joué à
ce jeu là qu’à deux ou à trois occasions. Avait-il perdu la main<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dès qu’il
avait une occasion, il s’efforçait de s’entraîner, discrètement, au
feu le mage Mortag qu’il devait aller. Tout en constatant que cette
expression était d’assez mauvais goût vu la situation, il escalada rapidement
le mur, débloqua aisément un des panneaux de bois et se glissa à
+
+
l’intérieur.
<!--l. 74--><p class="indent" > Il dut allumer une petite bougie de main pour y voir, tellement
l’intérieur était sombre. Ah, s’il avait les yeux d’elfe de Silwë... Il secoua la
cas.
<!--l. 76--><p class="indent" > Le second bâtiment qu’il devait visiter, la demeure du mage Septim,
était un immeuble à quelques rues de là, dans une zone un peu plus aisée. Il
-
-
semblait avoir plus de moyens. Fort heureusement, il n’était pas plus
surveillé, et la fenêtre ne lui résista pas plus longtemps que les panneaux de
bois de l’autre demeure.
class="newline" />— D’ailleurs, je vais aller les remettre vite fait. Il ne faudrait pas qu’on
s’aperçoive qu’ils ont disparu... On ne sait jamais. Je vous laisse débattre
pendant ce temps.
-
-
<!--l. 101--><p class="indent" > Il ouvrit la porte et la silhouette sombre disparut dans la nuit. Elle
regarda Uhr.<br
class="newline" />— Je me sens mal à l’aise de garder un tel secret. Si la garde le sait tôt, ils
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Farl</span>
<!--l. 113--><p class="indent" > De nouveau dans la chambre carbonisée, il prit bien soin de remettre la
+
+
broche à sa place, et d’effacer toutes ses traces. Il avait fait de même chez
Septim, tout était bon. Personne ne saurait qu’il était passé par
là.
vers lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-il le voir, l’entendre, ou le détecter d’une façon
quelconque<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 119--><p class="indent" > La silhouette, qu’il finit par identifier comme celle d’une femme, passa
-
-
devant la porte derrière laquelle il se tenait et s’avança droit vers un pan
de mur. Elle semblait l’examiner avec précautions, et fit briller ses
yeux plus fort, vraisemblablement pour y voir plus clair. Un bruit
que vous. Et j’ai de sérieuses raisons de ne pas croire non plus à un
accident.<br
class="newline" />Elle hésita, puis l’étoile de glace diminua légèrement. Des filaments s’en
-
-
échappèrent, comme si elle disparaissait peu à peu comme elle était
apparue. <br
class="newline" />— Expliquez-vous.<br
class="newline" />Elle secoua la tête.<br
class="newline" />— J’en doute. Je ne peux pas vérifier, il y a trop de distorsions magiques
dans ce lieu, avec ce qui s’y est passé. Mais le connaissant, il aurait préféré
-
-
une méthode plus classique. Si de nombreux mages savent s’en sortir face à
un glyphe de protection magique, peu d’entre eux savent forcer une serrure,
en réalité. Enfin, de façon non destructrice, si vous voyez ce que je veux
class="newline" />— Tout à fait. Je propose de venir chez les amis qui m’ont envoyé
ici.<br
class="newline" />Elle eut un regard légèrement méfiant, puis finit par accepter.
+
+
<!--l. 163--><p class="indent" > Ils marchaient dans la rue, faiblement éclairée par quelques lampadaires.
S’ils ne croisaient pas grand monde à cette heure tardive, les rares passants
ne semblèrent pas leur prêter attention. Farl avait l’habitude de ce genre de
ces traits tirés, elle devait être belle. Elle marchait d’un air décidé,
sans cacher son bâton de magie, surmonté d’une grande pierre bleu
glacé.
-
-
<!--l. 165--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 167--><p class="indent" > Mais que faisait Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aurait dû être rentré depuis un moment déjà.
étouffant un sanglot. Il préféra ne pas relever, et prit la parole.<br
class="newline" />— Comme vous pouvez le constater, vous aviez hélas raison.<br
class="newline" />— Comment pouvez-vous être sûr que Septim est vivant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
-
-
<!--l. 188--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
<!--l. 190--><p class="indent" > Elle hésita quelques instants. Non seulement elle n’avait révélé à
que Septim est vivant, contrairement à...<br
class="newline" />Elle s’interrompit. La magicienne s’était levée, et avait fait quelques pas,
leur cachant son visage. Samantha voyait bien que la pauvre femme était
+
+
terriblement éprouvée. Mais que pouvait-elle faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Et si nous revenions à ce que nous avons trouvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle se retourna brusquement, et déposa des objets sur la table. Une liasse
de sa main, c’est une lettre qu’on lui a transmise. Un rapport d’un garde
vivant dans un village près de la forêt de Sossirant. Il raconte une trouvaille
bizarre, le cadavre d’une créature inhabituelle, charriée par des débris de la
-
-
rivière.<br
class="newline" />Elle leur montra la lettre, où on pouvait lire la description d’un insecte de la
taille d’un gros chien. Mais lorsque le garde avait voulu la nettoyer pour
n’existaient que sous les contrées très chaudes, où il ne pleuvait
quasiment jamais. Et même là-bas, jugées trop nuisibles, elles avaient été
chassées par les elfes noirs et les humains, et il n’en restait plus en
+
+
théorie.
<!--l. 210--><p class="noindent" >— Il y aurait donc de nouveau ces créatures dans la forêt<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Il est très peu probable qu’elles soient apparues toutes seules, surtout
train de les réintroduire au cœur de cette forêt. Et secrètement.<br
class="newline" />— Mais, interrompit Uhr, il faut trouver quel est son intérêt là-dedans. Il,
ou elle, ou eux, ne ferait pas ça pour le plaisir de voir réapparaître une
-
-
pauvre créature disparue.<br
class="newline" />— N’y a-t-il pas un moyen de les contrôler d’une façon ou d’une autre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
proposa Samantha.<br
class="newline" />— J’espère que tu es conscient de ce que tu as fait. De ce que vous avez
fait.<br
class="newline" />Il ne répondit pas, très mal à l’aise. La magicienne leur avait dit qu’elle irait
-
-
le voir pour leur raconter l’histoire, et prendre leur défense, mais à quel
point l’avait-elle fait<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et même si elle avait fait de son mieux, ce n’était
pas elle qui était seule dans le bureau de Mazrok, ce n’était pas elle qui
qu’il en avait mérité une... Même s’il n’était pas seul dans cette
histoire.
<!--l. 248--><p class="indent" > Le capitaine Mazrok resta silencieux pendant quelques minutes, puis se
+
+
posta face à lui.<br
class="newline" />— Malgré cela, vous avez tous les quatre plus avancé dans l’enquête que
nous n’aurions fait en une semaine.<br
avancée rapidement.<br
class="newline" />— Mh, c’est effectivement plutôt malin. Bien que je n’aie jamais
fait cela, je dois reconnaître que c’est une bonne idée. Soit. Tu vas
+
+
aller préparer ton départ, au plus vite. Je m’occupe d’autres détails
techniques.
<!--l. 267--><p class="indent" > Alors qu’il tournait les talons et quittait la pièce, le capitaine le rappela
class="newline" />Un léger sourire marquait son visage.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers7x.png" alt="[
+src="aventuriers8x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
-
-
<!--l. 7--><p class="indent" > Deux jours s’étaient écoulés depuis leur mésaventure. Deux jours qui
avaient été plutôt calmes. En s’éloignant encore des sentiers, ils n’avaient
pas recroisé de brigands, même si la forêt y était plus dense encore. Sélène
enlevé son armure... Ou peut-être aurait-il eu droit à une de ses potions
bizarres<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Sa coupure à l’épaule gauche était complètement guérie, grâce à
elle. Sans ça, il aurait probablement senti la blessure le tirailler plusieurs
+
+
semaines... Elle lui rendit son sourire. La soirée s’annonçait plutôt
bien.
<!--l. 13--><p class="noindent" ><span
class="newline" />Il pivota instantanément en entendant le ton de sa voix.<br
class="newline" />— Qu’est-ce que c’est que...<br
class="newline" />Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Ce qui surgit des buissons lui
-
-
arracha un cri de surprise et d’horreur. La créature ressemblait à une
araignée, noire, de la taille d’un gros chat. Les lumières rouges étaient ses
yeux, qui brillaient dans les ombres de la forêt. Elle n’en avait vu
–au moins, elles n’étaient pas très résistantes– et chercha du regard la
deuxième. Une douleur extrêmement vive le saisit dans la cuisse droite.
L’arakne venait d’y planter ses mandibules.
-
-
<!--l. 37--><p class="indent" > Avant qu’il n’ait le temps de la frapper de son couteau, Sélène se
précipita, et au lieu d’utiliser son bâton contre la créature, elle lui déversa
le contenu de sa gourde. À sa grande surprise, la bête lâcha prise et fit un
<!--l. 43--><p class="noindent" >— Assieds-toi.<br
class="newline" />Il obéit, en retenant difficilement une grimace de douleur. Elle examina la
plaie. Deux ouvertures profondes et larges, les traces des mandibules de
+
+
l’arakne. Heureusement, elle n’avait laissé aucun morceau, mais elle savait
que ce n’était pas suffisant, car elles étaient venimeuses...<br
class="newline" />— Première étape, nettoyer ça. Après, je vais te donner quelque chose pour
choisir, il préférait mourir de la main de Sélène que par un poison
lent...
<!--l. 63--><p class="indent" > Ses yeux brillèrent plus fort alors qu’elle s’approchait de lui. D’autres
+
+
filaments de lumière semblaient voler, partant ou arrivant vers la pierre de
son bâton. Certains semblaient converger vers sa main gauche, qui devenait
de plus en plus lumineuse. Elle était magnifique ainsi. Magnifique et
devaient-ils forcément être maléfiques, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ne venait-elle pas de lui
sauver la vie<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’avait-elle fait de mal<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Une troisième petite voix, mais
criant plus fort que les autres, lui proposait de ne rien dire, et de la serrer
-dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
-
-
+dans ses bras. Les trois consciences finirent par se mettre d’accord sur le fait
que, s’il voulait éviter de tomber sous son charme, c’était déjà bien trop
tard.
<!--l. 69--><p class="noindent" >— Merci.<br
class="newline" />À l’idée de devoir mourir de la main de ses pairs après avoir survécu aux
araknes, Zach ne réfléchit pas longtemps. Il ramassa son épée, et bondit
dans la direction des voix.
+
+
<!--l. 79--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 81--><p class="noindent" >— Aldariel... C’est quoi ces horreurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
par la douleur.<br
class="newline" />— Sil<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />L’épée avait si bien traversé la bête que son corps s’était enfoncé jusqu’à la
-
-
garde, et que ses mandibules s’étaient plantées profondément dans son
poignet. S’asseyant à ses côtés, et tout en surveillant les environs, Aldariel
commença par dégager avec précaution les pinces de l’arakne. Son
épée vers la gauche. Dans le même mouvement, il lui donna un coup
d’épaule qui l’envoya contre l’arbre, tout en saisissant son poignet de sa
main libre.
-
-
<!--l. 103--><p class="indent" > À sa grande surprise, l’adversaire lâcha son arme en laissant échapper un
léger gémissement de douleur. L’avant-bras qu’il maintenait était
couvert de sang. Il constata alors que celui qu’il avait pris, au vu de
coupé, la jeune femme lâcha sa dague. Maintenant fermement son poignet
droit par terre, il posa son genou contre sa poitrine pour l’empêcher de se
relever. Elle cessa de chercher à se dégager lorsqu’il posa la lame de son
+
+
épée à plat sur sa gorge.
<!--l. 107--><p class="indent" > C’était la première fois qu’il voyait une elfe de si près. Il l’observa avec
curiosité. Ses cheveux fins étaient retenus par une longue tresse, et ses yeux
fascination inquiétante. Son arme était posée à plat sur sa gorge,
signe qu’il n’avait –apparemment– pas l’intention de la tuer tout de
suite. Peut-être comptait-il abuser d’elle avant<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était guère
+
+
mieux...<br
class="newline" />— Tu vas me dire qui tu es, ce que tu fais là, et pourquoi tu nous
espionnes.<br
sol. Son visage était tourné vers Sélène, mais son regard semblait focalisé,
non pas sur la jeune femme, mais derrière...<br
class="newline" />— Les... ara... Il porta son regard dans sa direction, essayant de ne
+
+
pas se faire aveugler par la lumière émise par la magicienne. Puis il
hurla.<br
class="newline" />— Sélène, écarte-toi<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
l’avait laissée– et la dirigea de toute la force de sa volonté vers la
bête, qui ne fut bientôt plus qu’un petit tas de cendres à l’odeur
désagréable.
-
-
<!--l. 144--><p class="indent" > Elle tourna son regard vers les trois combattants. Zach avait lâché sa
prisonnière, et se tenait debout, l’épée à la main. L’archère armait une
nouvelle flèche, en observant les environs, tandis que l’autre elfe, blessée, se
entre elle et l’homme, et bondir, l’épée à la main, sur les créatures. Son
avant-bras était intact. D’un coup de taille, elle trancha littéralement en
deux une des araknes qui arrivait sur elle, et fit de même sur la
-
-
seconde, d’un retour rapide de lame. De l’autre côté, elle vit la jeune
magicienne préparer une petite boule de feu, qu’elle dirigea avec
précision sur une autre créature. Voir ces renforts arriver lui redonna
mise en œuvre, une fois guérie, était à la fois rassurante et inquiétante.
Rassurante parce qu’elle était à côté de lui, son épée tirée, prête à
bondir sur le moindre danger les menaçant. Inquiétante, parce qu’elle
+
+
était à côté de lui, son épée tirée... prête à bondir sur lui si l’envie
l’en prenait. Il savait qu’il n’aurait de toutes façons pas le temps de
dégainer son épée, et aucun espoir de s’enfuir avec Sélène dans ses
class="newline" />— Bien vu<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il s’avança à sa suite. Soudain, alors qu’elle atteignait presque la rive
opposée, l’elfe s’arrêta brusquement et se retourna vers lui, les sourcils
+
+
froncés.<br
class="newline" />— Silwë... Tu ne m’avais pas dit que les humains voyaient très mal dans
l’obscurité<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
du regard, puis se jeter un regard entendu. Lentement, elles rangèrent leurs
armes. Il ne put retenir un léger soupir de soulagement. Il s’assit au sol,
déposa Sélène à côté de lui, délicatement, et fit quelques mouvement pour
-
-
soulager ses bras douloureux.
<!--l. 207--><p class="indent" > Les deux elfes s’installèrent en face de lui, avec un air un peu méfiant.
L’archère prit la parole, d’une voix douce.<br
l’arc.<br
class="newline" />Zach allait demander s’il n’était pas dangereux pour deux femmes seules de
faire ce long trajet. Puis il se souvint des traits de l’archère et de l’épée de
+
+
la guerrière, et se ravisa. Cette dernière reprit.<br
class="newline" />— Pour répondre à ta question initiale, nous n’étions pas en train de vous
espionner. Nous avons été attaquées par les araknes, et nous avons vu de la
class="newline" />Il la remercia d’un sourire, et mangea quelques bouchées de la galette. Elle
avait un goût de miel, et effectivement, nourrissait bien malgré sa
finesse. Sa compagne prit quelques morceaux de pain rassis, et fit la
+
+
grimace.<br
class="newline" />— Excuse-moi, mais je n’ai pas encore l’habitude de la nourriture
humaine...<br
savoir...<br
class="newline" />— Effectivement, j’ai la capacité de voir dans l’obscurité, mais j’ignore
pourquoi. Je suis un enfant trouvé sur le pas d’une porte et adopté... Sélène
+
+
pense que j’ai des antécédents elfiques.<br
class="newline" />Les deux jeunes femmes l’observèrent un moment. Puis se jetèrent un
regard entendu. Aldariel se leva et vint s’asseoir à côté de lui, une main sur
class="newline" />— De ce que j’ai pu voir, il y a des humains grands, petits, forts, frêles, à la
peau claire, sombre... Je ne me fierais pas à ta seule apparence pour en
juger. Mais il faut reconnaître que ton teint mat, tes cheveux sombres, ta
+
+
silhouette rappellent un peu un elfe noir. Avec la barbe en plus, et les
oreilles pointues en moins.<br
class="newline" />— Tu penses qu’il est un... hybride<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un demi-elfe<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
menace ne semblait se profiler à l’horizon, même venant de la rivière. Elle se
leva, et fit quelques pas sur sa branche, pour se dégourdir les jambes et se
réchauffer.
+
+
<!--l. 285--><p class="indent" > Un bien étrange personnage que ce Zach... Maintenant qu’elle y pensait,
il avait bien un petit air d’elfe, si elle l’imaginait sans barbe. Mais était-ce
important, finalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il semblait plutôt sincère lorsqu’il avait
celui des elfes, elle aurait parié sans hésiter pour le second cas. Elle était
curieuse d’observer l’attitude de Sélène en retour, quand celle-ci se
réveillerait. Sélène, qui avait soigné –presque– sans hésiter son amie...
-
-
Certes, d’un point de vue purement technique, cela leur permettait de lutter
plus efficacement contre les araknes, mais tout de même. Une façon de se
faire pardonner de l’avoir menacée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Dommage qu’elle soit restée inanimée,
n’était que des rumeurs ridicules entretenant une haine séculaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Elle se promit de demander à son amie, peut-être en avait-elle vu à
la capitale, après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Tiens, maintenant qu’elle y pensait, elle
+
+
était persuadée d’avoir perçu une légère gêne de la part de Silwë
lorsqu’elle avait parlé de relations hybrides. Était-ce un sujet tabou,
là-bas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou se pouvait-il que...<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les humains étaient si différents
sur le campement, et elle distinguait sa silhouette, debout, adossée à
un arbre. Ses capacités à monter la garde, elle n’en doutait pas. Il
voyait mieux qu’elle dans la nuit, et elle l’avait vu manier l’épée
-
-
avec une belle efficacité. Pour avoir déjà vu son amie à l’œuvre, elle
doutait que le premier brigand venu soit capable de venir à bout de
Silwë, même blessée. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, se
elle n’avait pas été là pour soigner les morsures mortelles de ces
horreurs. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de vouloir la serrer dans ses bras,
tout à l’heure, juste après avoir été guéri<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le contre-coup de la
+
+
douleur<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La crainte de mourir qui s’était apaisée brutalement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Le
choc d’apprendre qu’elle possédait des pouvoirs hors du commun<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
Le danger que ces mêmes pouvoirs représentaient<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Finalement,
de ces on-dits, tout en rayant intérieurement toutes les questions
qu’il ne leur poserait jamais. Hem. Il ne restait plus grand chose...
Mieux valait peut-être s’en tenir à ce qu’il pouvait observer. Les
-
-
elfes sylvains sont beaux, agiles et rapides, et sont de redoutables
combattants. Ces points semblaient effectivement valides. Les elfes se
battent à l’arc. Raté en partie. Ils savent tisser des étoffes fines, légères
rien tenté contre lui lorsqu’ils fuyaient les araknes, et qu’il était
désarmé et chargé, y compris après avoir traversé la rivière. Et elle
devait la vie à Sélène. Mais elle ne lui devait pas grand-chose, à
+
+
lui...
<!--l. 313--><p class="indent" > Quand à la « princesse »... qui ne souhaitait pas qu’on la traite en tant
que telle. Que pouvait être le protocole, chez eux, d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment
étendues sous ses yeux, toutes plus petites et plus fragiles que lui,
endormies, sans défense –ou presque– l’effrayaient. Mais... n’est-ce pas ce
qui les rendait si fascinantes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et puis... que pouvait-il dire, de son
-
-
côté<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il avait déjà un style de vie atypique, passant plus de temps en
forêt plutôt que dans les villes. Et voilà qu’il apprenait qu’il était
peut-être un demi-elfe noir... Côté étrange, il n’était pas vraiment en
class="newline" />Elle se leva, lui tendit sa couverture, s’équipa rapidement et s’éloigna.
<!--l. 329--><p class="indent" > Il fallait dormir. Faire confiance à la guerrière. Il prit une grande
inspiration. Tout allait bien... La couverture de la guerrière était déjà
+
+
chaude, et confortable. Il tourna la tête vers Sélène, étendue tout contre lui.
Était-il dangereux de dormir si près d’une... sorcière<span class="frenchb-thinspace"> </span>? De toutes façons, ce
n’était pas la première fois, et il était toujours en un seul morceau,
<!--l. 335--><p class="indent" > La nuit allait bientôt s’achever, sans qu’il se soit passé quoi que ce soit.
C’était plutôt rassurant... Pas d’autre menace venant de la rivière. Pas de
menace non plus de leurs compagnons d’infortune. La magicienne dormait
-
-
toujours, et à ses côtés, Zach semblait s’être endormi. Il n’avait pas
tenté de les attaquer, ou de les voler pendant leur sommeil... Elle se
demandait s’il était vraiment un guide ou s’il était juste un brigand qui
l’épée de son guide, mais ça comptait quand même. Était-ce par
simple opportunisme, sachant qu’il leur fallait un bras de plus pour
combattre les araknes<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’étaient-ils alliés à elles parce qu’ils se
+
+
savaient en danger seuls, et allaient-ils se retourner contre elles une
fois la magicienne réveillée<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle secoua la tête. La nuit lui faisait
imaginer les pires scénarios. Ils étaient vraisemblablement, comme
class="ecti-1095">S</span><span
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
-
-
<!--l. 346--><p class="indent" > Lorsque Sélène ouvrit les yeux, elle fut surprise de trouver Zach à côté
d’elle, encore assoupi. Elle eut un petit sourire, en le regardant dormir. Les
autres fois, il récupérait plus vite qu’elle et se levait avant... Peut-être
class="newline" />Elle sursauta et se retourna. L’autre elfe, la guerrière, était derrière elle,
adossée à un arbre, l’épée à la main. Elle lui souriait.<br
class="newline" />Elle se leva, ramassa son bâton de magie, posé à côté d’elle. Devait-elle se
+
+
méfier d’elle, ou pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La jeune elfe rangea son épée à sa ceinture –pour la
rassurer peut-être<span class="frenchb-thinspace"> </span>?– et lui fit signe de s’approcher.<br
class="newline" />— Laisse les autres dormir. Ils sont épuisés.<br
class="newline" />La guerrière lui montra son poignet, et sourit.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers8x.png" alt="[
+src="aventuriers9x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 2--><p class="nopar" >
<!--l. 4--><p class="noindent" ><span
été adoubé paladin de la déesse, et qu’il pouvait sillonner le pays,
rendant divers services çà et là. Bien sûr, il savait qu’il ne ferait
pas fortune ainsi, mais il était libre comme l’air et accueilli plutôt
+
+
généreusement un peu partout. Que pouvait-il rêver de plus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Peut-être
un peu de compagnie. Oh non, il était loin du cliché du chevalier
parcourant le pays avec sa Dame l’attendant dans son château, mais
épuisante de cette forêt... Il avait promis à ses parents, qu’il n’avait pas vus
depuis des années, qu’il serait présent pour l’ouverture du grand tournoi de
tir à l’arc qui était organisé en leur domaine. Mais il avait le temps,
-
-
finalement.
<!--l. 13--><p class="noindent" >— Sieur Irdann, c’est un honneur de vous accueillir ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il posa respectueusement un genou à terre devant le seigneur et sa dame,
sa mort... Il y en a d’autres comme celle-ci, je pense que vous les
connaissez.<br
class="newline" />Irdann hésita un instant. Oui, il connaissait un moyen, puissant, complexe
+
+
et dangereux, mais ne l’avait jamais mis en place jusqu’alors... Mais
peut-être était-ce le moment où jamais. Et puis, une quête héroïque, digne
d’un grand paladin... Cela serait excitant et enrichissant. Le regard inquiet
vêtement<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un bijou<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Un livre<span class="frenchb-thinspace"> </span>? S’il devait invoquer l’enchantement
de Melna sur chaque objet qui lui semblait convenir, il n’avait pas
terminé.
-
-
<!--l. 44--><p class="indent" > Il s’assit sur le lit, et réfléchit. La jeune dame ne vivait plus ici depuis de
nombreuses années, il y avait probablement peu d’objets auxquels elle tenait
réellement. S’il supposait qu’un tel objet existait, comment le trouver<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
chercher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 47--><p class="indent" > Il se leva et se mit à chercher. Au bout d’une vingtaine de minutes, il
finit par trouver un paquet, enveloppé dans un tissu, coincé entre le matelas
+
+
et le sommier. S’il était dissimulé ici, il y avait une bonne raison... Le cœur
battant, il le sortit et le déballa précautionneusement.
<!--l. 49--><p class="indent" > C’était un grand livre, à la reliure en cuir ornée d’or, aux pages jaunies
<!--l. 51--><p class="indent" > Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de faire revenir de vieux
souvenirs, il avait autre chose à s’occuper. Ce livre était plus qu’interdit ici,
il le savait, ce qui voulait dire que ladite Sélène n’était pas la jeune épouse
-
-
parfaite, douce et délicate qu’il aurait pu imaginer. Cela pouvait-il avoir un
lien avec sa disparition<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Avec son mariage avec le sieur de Quayle, si loin, à
la capitale<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce nom, d’ailleurs, ne lui disait rien. Certes, il ne connaissait
elle se trouvait, ce qui lui permettrait de la retrouver, où qu’elle se
trouve.
<!--l. 59--><p class="indent" > Il se leva, rangea précautionneusement le livre dans sa cachette d’origine
+
+
et sortit de la chambre de la jeune femme. Il fit indiquer au seigneur qu’il se
mettrait en route dès le lendemain, à l’aube, et partit se coucher,
épuisé.
de quelqu’un, sans le voir ni l’entendre, juste à ses battements de
cœur.
<!--l. 65--><p class="indent" > Il frissonna et sortit la pierre de sa poche. Entre de mauvaises mains, cet
-
-
enchantement pouvait être très dangereux. Avoir cet objet contre soi
tout en ayant la personne en face de soi permettait, avec un peu
d’entraînement et d’écoute, de tout savoir sur elle... ses émois, ses
l’attendait. Mais même malgré cela il était mal à l’aise. Il ouvrit les
sacoches cavalières de sa monture, découpa un morceau de sa couverture
dans laquelle il enveloppa la pierre, qu’il plaça au fond d’une des sacoches.
+
+
Étouffées par le tissu, les pulsations ne lui étaient –enfin– plus perceptibles.
Il poussa un soupir de soulagement. Il le sortirait dans quelques heures pour
vérifier sa direction, c’était bien suffisant. Et dès qu’il aurait retrouvé
class="newline" />— C’est une chance que tu aies ce petit chaudron avec toi.<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— Oui, même si je regrette celui que j’ai à l’université... Ah je pourrais te
-
-
montrer d’autres mélanges<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— J’aimerais beaucoup... si nous en avons l’occasion.<br
class="newline" />Aldariel remua doucement la mixture avec un petit morceau de bois.<br
ici...<br
class="newline" />— Tu veux dire, dans votre forêt elfique<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, il y a des plantes médicinales spécifiques à notre région... Ça te
+
+
plaira<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 90--><p class="indent" > Sélène ferma les yeux à demi, bercée par le léger bruit du mélange qui
frémissait et l’odeur agréable qui s’en dégageait. Il faisait beau,
du début s’étaient estompées, et elle suivait désormais quasiment
sans effort le rythme de marche de Zach. Et elle avait découvert la
forêt... qui lui semblait si hostile au début, et qui recelait tant de
-
-
suprises...
<!--l. 94--><p class="indent" > Zach s’était approché. Ses cheveux étaient mouillés et encore plus en
bataille que d’habitude, et il finissait d’enfiler sa tunique.<br
class="newline" />— Tu étais blessée. Il n’y avait aucun challenge.<br
class="newline" />— Quoi<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Vexée, voire même furieuse, elle s’était levée, et le fixait, les bras croisés. Il
+
+
avait peut-être un peu exagéré. En le voyant accentuer son sourire, et
comprendre son jeu, elle soupira.<br
class="newline" />— Tu as gagné. Tu as réussi à me faire lever.<br
et engagea un coup de taille, pour tester. Il le para avec efficacité
et précision, et contre-attaqua immédiatement, d’un coup qu’elle
dévia rapidement. Comme elle l’avait deviné, elle avait affaire à
-
-
un bon escrimeur. Mais cette fois, comme il l’avait effectivement
fait remarquer, elle n’était pas blessée. Le défi promettait d’être
intéressant...
Il était tout proche d’elle. Des gouttes de sueur perlaient le long de ses
tempes et des mèches de ses cheveux –toujours détachés– étaient collées sur
son visage. Au moins, il n’était pas pour elle un adversaire facile... Et sur ce
-
-
genre de passe en force, il pouvait peut-être avoir un avantage. À l’instant
où elle allait céder sous la pression, elle fit pivoter brusquement sa
lame autour du point d’appui, et sa garde vint s’appuyer de l’autre
<!--l. 164--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Silw</span><span
class="ecti-1095">ë</span>
+
+
<!--l. 166--><p class="indent" > Elle était furieuse. Contre elle-même plus que contre Zach. De s’être fait
avoir si facilement, et puis, il avait raison...<br
class="newline" />— Certes.<br
plus grands et forts qu’elle. Mais il était aussi très agile et rapide, plus
qu’elle ne l’aurait imaginé... surtout qu’il ne commettrait évidemment pas
l’erreur de la sous-estimer. Elle esquiva rapidement le bras qui tentait
-
-
d’attraper le sien, et plongeant vers son adversaire, le ceintura pour le faire
tomber au sol. Malgré de très bons appuis, il fut déséquilibré, et manqua de
tomber en arrière. Il fallait profiter de ce léger avantage...
en arrière et fléchit légèrement les genoux. Alors qu’il s’avançait
vers elle, elle fit un saut rapide de côté et le cueillit d’un coup de
genou dans les côtes. Aïe. Il fit quelques pas sur le côté, le temps de
+
+
reprendre son souffle, puis tenta à nouveau de s’approcher pour lui
saisir un bras. Même saut latéral, mais cette fois il put anticiper et
esquiver habilement le coup de pied qui le menaçait. Il retenta la
buisson proche, entraînant Silwë avec lui.<br
class="newline" />— Quelqu’un vient... pas un bruit, murmura-t-il dans son oreille.<br
class="newline" />Ils restèrent silencieux quelques instants, écoutant le bruit des sabots qui se
-
-
rapprochaient.<br
class="newline" />— Euh, Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>? chuchota-t-elle.<br
class="newline" />— Oui<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
lame, même si celui-ci lui servait plus souvent à couper du pain
que des chairs. Ce chevalier-là possédait simplement deux épées
longues...
+
+
<!--l. 193--><p class="indent" > Un frisson le parcourut. Il porta la main à sa ceinture, constatant avec
horreur qu’il l’avait laissée, ainsi que son armure près de Sélène et
d’Aldariel. Il tourna la tête vers Silwë, tout aussi démunie que lui. Et leurs
Prisonnière quelque part<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Comment l’en sortirait-il si c’était le
cas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 211--><p class="indent" > Il vérifia que sa monture était bien attachée, puis se dirigea résolument
+
+
vers sa destination. Soudain, devant lui, une silhouette sortit des buissons si
rapidement et silencieusement qu’il eut l’impression de la voir se
matérialiser sous ses yeux.
class="newline" />— Qu’est-ce que vous lui voulez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était idiot, elle le savait. Mais il fallait juste parler, pour gagner du temps.
Zach, dépêche-toi...
-
-
<!--l. 223--><p class="indent" > À sa grande suprise, il ne répondit pas et se figea.<br
class="newline" />— Silwë<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />D’où connaissait-il son nom<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Et cette démarche, cette voix, bien que
<!--l. 233--><p class="indent" > À cet instant, trois silhouettes surgirent devant ses yeux, à demi cachés
par les cheveux en bataille de l’elfe. Son sourire se figea.
<!--l. 235--><p class="indent" > La première était celle d’un homme armé d’une épée courte, une
+
+
seconde plus longue glissée dans sa ceinture. Son air menaçant et
concentré disparut instantanément lorsqu’il l’aperçut, et il sembla si
surpris qu’il manqua d’en lâcher son arme. La seconde silhouette
le temps d’arriver<span class="frenchb-thinspace"> </span>? On ne pouvait nier son efficacité, l’homme ayant
visiblement lâché ses armes. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce genre
de comportement. Devant elle, Zach n’avait pas bougé, et ce fut l’archère
-
-
qui se décida à rompre le silence. Elle fit deux pas dans la direction du
chevalier, son arc toujours pointé.<br
class="newline" />— Silwë, écarte-toi. Toi, qui es-tu et que viens tu faire ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
l’étranger.<br
class="newline" />— Un instant. Qu’est-ce qui nous dit qu’on peut te faire confiance<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Moi.
-
-
<!--l. 262--><p class="indent" > Silwë s’avança, et délicatement, posa la main sur le bras de l’archère,
pour lui faire détendre son arc. Elle fit signe à Zach de baisser également
son arme.<br
plus.<br
class="newline" />— Que faisiez-vous chez mes parents<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— J’ai été adoubé il y a quelques mois seulement, et je rentrais chez les
+
+
miens, après de longues années d’absence. Mon retour devrait d’ailleurs
coïncider avec l’ouverture d’un grand tournoi de tir à l’arc que mon père
organise régulièrement. Comptiez-vous vous y rendre<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
conversé avec eux essentiellement par courrier.<br
class="newline" />Elle hocha la tête. Elle connaissait cette tradition d’envoyer les troisièmes
fils dans des temples, tradition qu’elle avait toujours trouvé idiote,
-
-
d’ailleurs. Elle tourna la tête vers Silwë, qui d’un signe de tête confirma la
version d’Irdann. Et puis il n’était pas responsable de la peur de ses
parents, finalement... et n’avait pas l’air si désagréable que cela. Elle se
class="newline" />— ... elle se rend également au château du duc votre père, pour ce grand
tournoi, accompagnée de son garde du corps, Silwë, que vous connaissez
déjà visiblement. Nous les avons croisées sur notre chemin, et faisons route
+
+
ensemble.<br
class="newline" />— Enchanté de faire votre connaissance, et je suis également soulagé de voir
que dame Sélène est en sécurité avec vous. Je suis certain d’ailleurs que le
class="newline" />Sélène le regarda quelques instants. Puis elle reprit d’un ton ferme.<br
class="newline" />— Nous discuterons de cela plus tard. Allons d’abord nous restaurer et nous
reposer un peu plus loin. Il y a une rivière, votre monture pourra y
-
-
boire.<br
class="newline" />Elle désigna une direction, et lui fit signe de la suivre. La princesse
sembla alors se réveiller d’une longue apathie et jeta un regard à
guide, qui pourtant restait à l’écart et ne parlait que pour ajouter quelques
précisions.
<!--l. 301--><p class="indent" > Ils finirent par convenir qu’elle partirait seule avec lui. Les elfes, qui
+
+
seraient bien accueillis au château du duc, seraient probablement mal venus
dans la seigneurie d’Assem, où ils risquaient d’être regardés de travers. Bien
qu’ils y seraient fort bien traités, les deux jeunes femmes préféraient un
class="newline" />— Mettons-nous en route au plus vite, mes parents doivent s’inquiéter.<br
class="newline" />Il souleva la jeune femme par la taille, et la déposa sur la selle. Puis il
monta derrière elle, et ils se mirent en route.
-
-
<!--l. 307--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Aldariel</span>
<!--l. 309--><p class="indent" > Ils s’étaient mis en route quelque temps après le départ de Sélène et
class="newline" />— Et puis... Mais elle est mariée de toutes façons, la question ne se pose
pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Elle ne dit rien, et le regarda en souriant. Il se redressa, et fronça les sourcils
-
-
en la voyant.<br
class="newline" />— Et elle ne m’a pas dit qu’elle était mariée, et elle n’a pas d’alliance. Que
je sache, même à la capitale, ils en mettent, non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le poussa brusquement du coude, il perdit l’équilibre et se rattrapa de
justesse à une branche au dessus de sa tête.<br
class="newline" />— À ton avis, grand bêta, si elle ne te l’a pas dit, c’est qu’elle préférait que
+
+
tu l’ignores... non<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il reposa ses pieds sur une branche près de celle de l’archère, et s’accouda
sur une autre, face à elle. Il tenta de contenir la colère qui montait
class="newline" />Elle ne dit rien, et continua de le pousser du bout du doigt en souriant.<br
class="newline" />— Dis plutôt que tu n’as pas osé saisir cette chance.<br
class="newline" />Vexé, il attrapa vivement le poignet de l’archère. Elle ne chercha même pas
-
-
à se dégager.<br
class="newline" />— À ta place, je n’aurais pas hésité.<br
class="newline" />Il faillit lui répondre par une insulte sur les prétendues mœurs légères des
class="newline" />— Je m’inquiète pour Sélène, c’est tout.<br
class="newline" />Elle eut un petit sourire et le rejoignit sur sa branche.<br
class="newline" />— Qu’est-ce qui t’inquiète<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’il ne soit pas ce paladin loyal, courageux,
+
+
fort aux airs de prince charmant qu’il semble être, et qu’elle soit en danger
avec lui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ou... Est-ce que tu crains qu’il soit précisément un paladin loyal,
courageux, fort, aux airs de prince charmant<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
effectua une traction rapide, et se rétablit rapidement. Elle hocha la
tête.<br
class="newline" />— Ça va, tu t’en sors plutôt bien... pour un demi-humain.
-
-
<!--l. 365--><p class="indent" > Elle se mit à rire devant son air vexé. Il se prit au jeu, et tenta de la
bousculer une fois encore. Elle esquiva son coup d’épaule en sautant avec
légèreté sur une branche à côté. Elle riait toujours. Il sourit et la suivit,
Il avait pensé à elle, senti son cœur battre dans sa main tant de
fois, qu’il l’avait presque sentie familière. Mais que savait-elle de lui,
au fond<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il se décida à entamer la conversation, pour tenter de la
-
-
rassurer.<br
class="newline" />— Nous sortirons probablement de la forêt en début de nuit. Nous pourrons
trouver une auberge où loger, et demain nous arriverons enfin chez vos
tout aussi bien à pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Surpris, il ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, la pauvre jument
avait du mal à progresser, et le poids des deux jeunes gens était difficile
-
-
pour elle. Il mit pied à terre, et se tourna vers elle.<br
class="newline" />— Vous êtes sûre que vous préférez marcher<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Elle le regarda en souriant.<br
<!--l. 447--><p class="indent" > Effectivement, Irdann était très doué, et ses épées fendaient l’air à une
vitesse impressionnante. Plusieurs des brigands tombèrent à ses pieds, et il
se déplaça aussi vivement pour la protéger d’autres hommes qui arrivaient.
-
-
Il y en avait beaucoup trop pour qu’il tienne le coup... Difficile à dire
combien, avec l’obscurité qui tombait, mais ils étaient en mauvaise
posture.<br
essayer quelque chose. Elle posa son autre main contre sa poitrine, et
poussant un léger gémissement, s’effondra. Elle n’avait pas besoin de
jouer beaucoup, ses jambes tenaient à peine son poids de toutes
+
+
façons...
<!--l. 453--><p class="indent" > Elle entendit Irdann crier son nom. Y avait-il un écho dans sa voix, ou
avait-elle rêvé<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Les yeux fermés, elle sentit son bras s’approcher du sol,
–couvert de sang– dans ses mains. Elle ne se laisserait pas tuer ou
enlever sans essayer de se défendre... Zach aurait été fier d’elle...
sûrement.
-
-
<!--l. 457--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Zach</span>
<!--l. 459--><p class="indent" > Il avait couru sans s’arrêter, son épée et son couteau à la main, jusqu’à
class="newline" />Il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais jusqu’à elle. Dans le soir qui
tombait, un dernier rayon de soleil se refléta sur une lame abandonnée au
sol. La main de la jeune femme apparemment évanouie venait de se refermer
+
+
sur la poignée... Il la vit soudainement se redresser, et poignarder de toutes
ses forces son agresseur.
<!--l. 466--><p class="indent" > Il fut si surpris qu’il trébucha, et manqua de s’étaler par terre. Mais
leurs attaques... Il en avait mis deux au sol auparavant, et ces trois-là se
contentaient d’attaques prudentes, vraisemblablement dans le but de
l’épuiser lentement. S’il bondissait à son secours, il n’avait aucune chance...
-
-
ils n’attendaient que ça probablement. Et s’il le faisait tuer, alors qui
pourrait la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 473--><p class="indent" > Il para quelques nouveaux coups, alors que, du coin de l’œil, il eut
profita pour s’en débarrasser, mais deux nouveaux adversaires le
remplacèrent quasiment immédiatement. Il continua à se défendre et à
distribuer des coups d’épée de tous les côtés, mais il se fatiguait
+
+
lentement.
<!--l. 475--><p class="indent" > Soudain, une silhouette bondit depuis l’arbre au dessus de lui, en
poussant un cri de rage, et atterrit à ses côtés. Une silhouette féminine qu’il
cherché à s’enfuir<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il aperçut alors d’autres hommes au sol, le corps
transpercé d’une ou plusieurs flèches. Combien d’adversaires avaient-ils dû
affronter<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+
+
<!--l. 493--><p class="noindent" >— Vous venez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />C’était la voix de l’archère. Il fit quelques pas dans sa direction, avec
quelques difficultés. La lame d’un des brigands lui avait fait une belle
bondi dans la mêlée pour aider le paladin... En restant à couvert sous les
arbres, elle avait fait pleuvoir ses flèches mortelles sur les quelques hommes
restants, qui tentaient de s’approcher des combattants ou de s’emparer du
-
-
cheval, laissé à l’abandon. Voyant le dernier d’entre eux s’enfuir, elle avait
cherché à le capturer vivant. Si elle n’avait pas l’entraînement à la lutte de
Zach ou de Silwë, la surprise et un arc aux flèches pointues avaient très bien
question. Il avait pointé son épée sur lui, et lui fit signe de le lâcher. Elle
hésita, puis obéit, sans détourner son arc de sa cible. Le prisonnier se
redressa, et considéra ses adversaires, estimant ses chances. Apercevant
+
+
enfin le visage de celle qui l’avait mis hors combat, il marqua la suprise, puis
la peur.<br
class="newline" />— Je ne sais pas. Le chef a dit qu’il y aurait un paladin allant chercher une
class="newline" />— C’est surtout étrange une telle expédition pour deux malheureux jeunes
gens, interrompit Zach, les sourcils froncés. Même riches.<br
class="newline" />— Laissons tomber, je crois que ce type ne sait rien de toutes façons, ajouta
-
-
Silwë.
<!--l. 517--><p class="indent" > Après avoir vérifié que l’homme ne portait plus aucune arme, ils le
laissèrent partir, préférant ne pas s’encombrer d’un prisonnier. Il s’enfuit
class="newline" />Il hésita quelques instants. La jeune princesse avait rangé ses armes,
s’était approchée, et le regardait avec douceur. Il jeta un œil à Silwë,
qui lui sourit. Un peu soulagé –si elle lui faisait confiance, il n’avait
+
+
rien à craindre–, il s’assit dos à un large tronc. Elle s’assit face à
lui.<br
class="newline" />— Silwë, tu peux aller chercher de quoi soigner dans mon sac<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Je l’ai
class="newline" />— Je vais récupérer tes flèches pendant que tu t’occupes de lui. Et après on
file au plus vite.<br
class="newline" />Elle s’éloigna de nouveau. Alors qu’Aldariel fouillait dans ses affaires à la
-
-
recherche d’il-ne-savait-quoi, il réalisa qu’avec toutes ces émotions il n’avait
pas pensé à Sélène. Alors qu’il était censé la protéger<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Comment avait-il
pu oublier<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Allait-elle bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? La bataille avait dû être un choc pour elle...
bien, voire mieux qu’elle. Il était évidemment hors de question qu’elle lui
montre ses pouvoirs... Au moins il allait bien, il souriait même, malgré sa
blessure.
-
-
<!--l. 558--><p class="noindent" >— En route. Il nous reste une heure de marche à peu près, et il fait déjà
nuit.<br
class="newline" />Ils rejoignirent rapidement le sentier. Irdann avait toujours des difficultés à
chambre sans problème, si on ne vous l’offre pas directement, vu votre rang
et votre nom.<br
class="newline" />Y avait-il une sorte de gêne lorsqu’il parlait de « leur nom »<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ce n’était
+
+
peut-être pas le moment de le relever.<br
class="newline" />— Et vous trois, que ferez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Zach haussa les épaules.<br
là m’ont confié à celle qui allait être ma mère, qui venait d’avoir
son quatrième enfant, et qui avait assez de lait pour deux... Je ne
sais toujours pas si elle n’avait rien contre les elfes à l’époque, ou si
+
+
elle m’a d’abord adopté et a ensuite changé son point de vue sur la
question.<br
class="newline" />Zach semblait un peu plus à l’aise vis-à-vis du paladin. Ou était-ce une
princesse à protéger, je te rappelle.<br
class="newline" />Elle lui adressa un clin d’œil. Il répondit par un coup de coude.<br
class="newline" />— Moi aussi j’ai pour mission d’escorter et de protéger une noble dame
+
+
jusqu’à la sortie de la forêt.<br
class="newline" />À son tour, elle lui lança un coup de coude.<br
class="newline" />— J’ai bien vu ta façon de la protéger.<br
class="ecti-1095">él</span><span
class="ecti-1095">ène</span>
<!--l. 614--><p class="indent" > La porte s’ouvrit une nouvelle fois. La silhouette familière de Zach se
-
-
découpa dans la lumière, ainsi qu’une autre, plus massive.<br
class="newline" />— Entrez, messires. Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Mon
nom est Yzar, je suis le père de Zach.<br
class="newline" />— Noble dame<span class="frenchb-thinspace"> </span>! C’est un tel honneur de vous accueillir ici... J’espère que
notre pauvre logis vous conviendra. <br
class="newline" />La pièce comportait essentiellement une grande table en bois massif
+
+
entournée de deux chaises et deux bancs. Contre les murs, un grand coffre et
un buffet, tous deux anciens, donnaient à la pièce un aspect un peu austère
et rassurant à la fois. Un grand feu brûlait dans la cheminée, et une douce
sourit.<br
class="newline" />— Il a été très correct, rassurez-vous.<br
class="newline" />Elle jeta un dernier coup d’œil suspicieux à son fils, puis se tourna vers le
-
-
paladin, qui avait toujours des difficultés à marcher.<br
class="newline" />— Bienvenue à vous, noble seigneur. Zach m’a dit que vous aviez été blessé
face des bandits. Votre blessure est-elle grave<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
<!--l. 636--><p class="indent" > La femme du bûcheron n’avait probablement jamais vu un elfe de sa vie,
alors deux en une fois, ça faisait beaucoup. Elle resta clouée quelques
instants, dévisageant les deux jeunes femmes d’un air incrédule.
+
+
Pourtant, Sélène trouvait qu’elles n’étaient pas si différentes que ça des
humaines. Le teint pâle, par exemple, était peut-être naturel chez les elfes
sylvains, mais de nombreuses jeunes femmes nobles cherchaient à
soupe chaude de légumes dans laquelle flottaient quelques morceaux de
viande était un régal. La mère de Zach, du nom de Beolie, sembla ravie de
constater qu’ils mangeaient avec appétit tout ce qu’elle leur servait. Zach fit
-
-
un bref résumé de leur traversée, expliquant leur rencontre avec les deux
elfes, puis celle du paladin, et enfin l’attaque des brigands près du village.
Petit à petit, le bûcheron et son épouse se détendirent et osèrent poser
envoya un coup de coude pour le faire taire.<br
class="newline" />— Crois-moi, tu n’as pas envie d’être du mauvais côté de son épée.<br
class="newline" />Leurs deux hôtes regardèrent un instant la jeune elfe se resservir, avec un
+
+
respect mêlé de crainte dans les yeux. Ah, ce qu’elle aimerait inspirer un tel
respect, non pas pour son rang, mais pour ses actes<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ici, elle était coincée
avec le protocole, et ce titre de « dame ». N’importe quoi. Vivement qu’elle
de table. Son père, vraisemblablement enhardi par le vin et la bonne
ambiance, lui donna un coup de coude en lui demandant comment « il s’en
sortait » avec les deux elfes, tout en lui adressant un clin d’œil peu discret.
-
-
Pris de court, il avait répondu qu’il ne se passait rien, mais il n’était pas sûr
de l’avoir convaincu. Aldariel et Silwë, qui avaient entendu, avaient échangé
un regard gêné, tandis qu’Irdann et Sélène avaient difficilement contenu un
laissent faire.
<!--l. 655--><p class="indent" > Il fit quelques pas dans la pièce, qui l’avait abrité pendant toute
son enfance. Elle n’avait pas tellement changé depuis, si ce n’est
+
+
qu’elle paraissait vide sans ses trois frères et sa sœur. Trois lits sur les
cinq avaient été faits. Il s’assit et posa son sac sur celui qui avait
été le sien pendant toutes ces années. Il commençait à retirer ses
–ou peut-être avait-elle attendu ce moment pour se manifester<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle
s’installa à son tour et sourit.<br
class="newline" />— À propos de la remarque de ton père, tout à l’heure, tu sais bien.
-
-
<!--l. 666--><p class="indent" > Il faillit répondre que son père avait juste un peu bu, puis il hésita à
répliquer que tout cela venait de toutes façons des rumeurs qui couraient
sur les elfes. Mais il savait bien qu’elles ne se contenteraient pas de
class="newline" />— Après j’ai commencé à être un guide et à passer mon temps à
traverser la forêt. Ce n’est pas tout à fait le genre de boulot qui accorde
du temps pour « ce » genre de choses... Et puis qui voudrait d’un
+
+
mari à moitié sauvage, qui dort plus souvent sur le sol que dans
un lit, et qu’on ne voit jamais<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Certes, je rencontre beaucoup de
gens très différents, et j’ai bien eu des... occasions. Mais au final...
class="newline" />Il ne répondit pas. Peut-être qu’elle avait raison, mais peut-être aussi que la
situation était nettement plus simple quand on était une princesse. Et
surtout une princesse comme Aldariel... Tout devait lui tomber au creux de
-
-
la main, les hommes comme le reste.
<!--l. 679--><p class="noindent" >— À ce propos, Alda, comment va la blessure d’Irdann<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Et il fallait qu’elle parle du paladin, là, maintenant... Il faillit lui
mais elle s’était tournée vers son amie. Il repassa dans sa tête la scène de
bataille et la suite, remarquant alors ce que ses yeux avaient enregistré
sans le voir. Le sourire amusé de Silwë sembla confirmer ce qu’il
+
+
pensait.<br
class="newline" />— D’ailleurs, qu’est-ce que tu m’as dit, un peu plus tôt aujourd’hui<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Qu’à
ma place, tu n’aurais pas hésité<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
point...<br
class="newline" />Sélène sourit.<br
class="newline" />— C’est vrai que c’était presque un peu trop... Et encore, personne ne leur
-
-
a dit qu’Aldariel était la fille du roi des elfes.<br
class="newline" />— Les pauvres. Déjà que voir des elfes pour la première fois de leur vie
était un choc...<br
class="newline" />— Bah, ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. J’ai connu pire, tu
sais<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />— Moi non plus ça ne me dérangerait pas de dormir par terre. Ça fait
+
+
presque une semaine que je fais ça<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Et en plus, toi, tu es blessé.<br
class="newline" />— Ah mais ça n’a rien à voir<span class="frenchb-thinspace"> </span>!
<!--l. 727--><p class="indent" > Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants. Il lui aurait bien
sommeil ne venait pas. Trop de choses s’étaient passées dans cette journée...
À commencer par Sélène. La jeune femme qu’il devait chercher était
saine et sauve, et plutôt bien entourée... Elle n’avait pas eu l’air si
-
-
heureuse que cela de le voir arriver. Quelle relation l’unissait à son
« guide », d’ailleurs<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Leurs regards étaient tout de même assez
éloquents...
aimer les gens de leur rang... mais au final, ce n’était pas eux qui
décidaient sur ce plan-là. Certains s’en accomodaient plutôt bien, d’autres
trouvaient leur bonheur ailleurs que dans les bras de celui ou de celle
+
+
qui leur était désigné. Bien sûr, rien de tout cela n’était officiel,
mais une oreille attentive et innocente pouvait entendre bien des
choses...
venus à notre secours...<br
class="newline" />C’était malheureusement facile à deviner. Il aurait été tué, et elle
faite prisonnière. Et encore, prisonnière, c’était dans le meilleur des
-
-
cas...<br
class="newline" />— Tu veux vraiment savoir<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Ça va, je me passerai des détails, merci.<br
je n’ai pas seulement appris l’art de l’épée, j’y ai compris qu’il n’y avait
pas vraiment de différence entre les genres, ou les types d’humains.
Peut-être que c’est ce que cherchait à me faire apprendre les prêtres en
+
+
m’envoyant là... Mais peut-être que c’était juste un effet secondaire.
<br
class="newline" />— Ils voulaient peut-être faire de toi un vrai paladin, juste et ouvert, et pas
parents, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
<!--l. 788--><p class="indent" > Elle n’arrivait pas à dire cela sur un ton soulagé, même pas un ton
neutre. Arriver là-bas, c’était se dire que l’aventure se terminait, redevenir
+
+
une noble dame bien élevée, et surtout, ne plus voir Zach. Mais à quoi
bon se poser ce genre de question<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Elle avait su tout cela dès le
début.
recommandations.<br
class="newline" />— ... Il ne vaut mieux pas chercher à aller dans les villages d’ici. Je vous ai
donc pris des provisions, cela devrait vous suffire pour la suite de votre
-
-
voyage. Restez à la campagne, voire dans la forêt, c’est même encore
mieux.<br
class="newline" />— Les elfes sont craints, par ici<span class="frenchb-thinspace"> </span>? intervint Aldariel.<br
comme ça...<br
class="newline" />Silwë lui sourit.<br
class="newline" />— Merci de vos conseils. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas désarmées
+
+
non plus. Tenez, voici pour les provisions.<br
class="newline" />Elle lui tendit une petite pile de pièces.
<!--l. 811--><p class="indent" > C’est à cet instant que Sélène entra, coupant court au début de
Les regards posés sur lui semblaient de plus en plus respectueux et
impressionnés. Il se sentait un peu gêné de cette gloire qui n’était pas la
sienne, du moins pas totalement, mais Sélène le rassura en souriant. Plus les
+
+
gens inventaient des histoires héroïques, moins ils cherchaient la vérité, et
c’était peut-être mieux comme ça, dans ce cas précis, du moins. Et
puis, avait-elle ajouté, il n’avait pas totalement volé cette gloire non
class="newline" />— Avant que tu ne t’inquiète, je te dis tout de suite que je n’en ai parlé à
personne, ni à tes parents, ni à tes compagnons. Pas même à Silwë, en
qui pourtant j’ai entière confiance. Et je n’ai pas l’intention de le
-
-
faire.<br
class="newline" />Elle fronça les sourcils, et l’incita, d’un regard, à continuer.<br
class="newline" />— Quand j’étais chez toi, enfin, dans le château de tes parents, j’ai trouvé,
des sacoches cavalières, et en sortit une petite bourse de cuir, de
laquelle il sortit un caillou. Elle s’était attendue à une pierre ornée,
semi-précieuse, ou d’une forme particulière, et fut presque déçue de
+
+
constater qu’il s’agissait d’un simple petit morceau de grès, qui n’avait rien
de particulier et sur lequel on aurait pu marcher sans se rendre compte de
rien.
la petite bourse de cuir, qu’il lui tendit.<br
class="newline" />— J’ai fait cela pour ne pas sentir les pulsations. Je te conseille de la mettre
en lieu sûr, ou de t’en débarrasser pour de bon, mais... fais comme tu le
-
-
souhaites.
<!--l. 874--><p class="indent" > Elle regarda, fascinée, le petit sac de cuir, qui avait l’air parfaitement
anodin. Elle le glissa soigneusement dans son sac, et le fixa à une des
<!--l. 878--><p class="noindent" >— À mon tour de te donner quelques explications, si je ne me trompe.<br
class="newline" />Elle s’était tournée vers lui en souriant légèrement. Elle avait plutôt bien
encaissé cette histoire de pierre... Soit elle avait un tempérament en acier,
+
+
soit elle masquait bien ses émotions. Ou les deux<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Hé bien... par où commencer... Je suis effectivement une magicienne.<br
class="newline" />Il haussa un sourcil de surprise, mais fit bien attention à ne pas
<br
class="newline" />— Tu ne connais que des sortilèges pour soigner<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— C’est un peu plus complexe que cela, mais essentiellement. Oh, je
-
-
sais tout de même lancer des boules de feu, c’est un sort que j’ai
appris avant de venir à la capitale. Mais ce n’est pas si efficace que
cela et assez ridicule, en comparaison de ce que font les mages de
class="newline" />— Merci.
<center class="par-math-display" >
<img
-src="aventuriers9x.png" alt="[
-
-
+src="aventuriers10x.png" alt="[
" class="par-math-display" ></center>
<!--l. 3--><p class="nopar" >
<!--l. 5--><p class="noindent" ><span
<!--l. 46--><p class="indent" > Le sentier était assez large pour y laisser passer la voiture, mais le sol en
terre battue était très inégal et de nombreux trous secouaient régulièrement
le véhicule. Après plusieurs jours, Farl trouvait qu’au final, il était plus
-
-
confortablement installé sur le siège du cocher qu’à l’intérieur. De
plus, les chevaux n’ayant pas besoin de beaucoup d’indications, il
pouvait sans soucis laisser les rênes sur ses genoux et s’exercer à
avec<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Bah, s’il fallait me défendre, je saurais me débrouiller...
<!--l. 64--><p class="indent" > Le guide laissa passer un silence pendant lequel il regarda le jeune
-
-
ménestrel, l’imaginant vraisemblablement en train de se « débrouiller »
avec plus de couteaux que ses mains pouvaient tenir face à des adversaires.
Il hocha la tête.<br
quand il est dans le coin.<br
class="newline" />— Vous le connaissez bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui, il y a peu de guides qui connaissent la forêt de Sossirant. On se
+
+
connaît tous, il nous arrive régulièrement de voyager ensemble.
<!--l. 72--><p class="indent" > Farl n’osa pas demander « Et si tout ne va pas bien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? ». Après tout,
était-ce la peine de s’inquiéter<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il fallait juste espérer que cet homme soit
<!--l. 80--><p class="indent" > Il adressa un geste au propriétaire, qui lui répondit par un sourire.
Le brave homme le connaissait depuis qu’il était un petit garçon,
et à part quelques rides et cheveux plus gris de plus, il n’avait pas
-
-
changé.<br
class="newline" />— Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Ça fait un moment<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Viens te joindre à nous<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
class="newline" />Il reconnut aussitôt Dacus, un autre guide et ami, installé à l’une des tables.
class="newline" />— Oui, notre maître est un excellent archer. Mais comme beaucoup, il
vient au tournoi surtout pour se faire et entretenir des relations,
expliqua l’un des soldats. Après, il ne dédaignerait pas un trophée je
+
+
pense...<br
class="newline" />— Bah, c’est leur jeu, de toutes façons. Et puis, ça nous donne une occasion
de voir du pays, n’est-ce pas<span class="frenchb-thinspace"> </span>? répondit son collègue.<br
verre.<br
class="newline" />— Ah, moi<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Il réfléchit quelques instants. Il ne pouvait pas tout à fait parler de Sélène...
+
+
Enfin si, rien de l’en empêchait, mais il y avait toute une partie qu’il ne
pouvait pas raconter... Et puis la rencontre avec les elfes. Quand bien même
on le croirait, on risquait de se méfier de lui, et de chercher peut-être des
class="newline" />— Ragan, quelle bonne surprise<span class="frenchb-thinspace"> </span>! s’exclama son voisin de droite.
<!--l. 111--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Samantha</span>
-
-
<!--l. 113--><p class="indent" > Ils étaient assis, elle et Uhr, sur le petit lit dans leur minuscule chambre.
Le gérant de la taverne leur avait dit qu’il n’avait plus d’autre chambre de
libre, avec tous ces étrangers de passage dans la région. Des tas de papiers
ce qui a été réellement observé et ce qui tient de la légende ou de
l’imagination... Rien sur leur taille, par exemple. Ou plutôt tout et son
contraire<span class="frenchb-thinspace"> </span>! Heureusement qu’il y a les croquis et notes de Mortag, même si
+
+
ce n’est pas complet.<br
class="newline" />— D’où venaient-elles<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Des contrées du sud, où elles vivaient tapies dans des grottes à l’abri de
<!--l. 121--><p class="indent" > Samantha hocha la tête. Uhr reprit.<br
class="newline" />— Si on en revient à nos bestioles, il semble assez unanime qu’elles ont une
morsure extrêmement venimeuse. Le venin tue lentement –du moins dans le
-
-
cas d’un gros animal ou d’un humain–, aussi il semble qu’elles ne
s’acharnent pas sur une proie après l’avoir mordue, mais attendent
patiemment pour la ramener dans leur « antre ».<br
avait sur les genoux de Sam.<br
class="newline" />— Et toi, qu’as-tu trouvé d’intéressant dans ces dossiers<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Pas mécontente de changer de sujet, elle sortit un petit carnet sur lequel elle
+
+
avait résumé ses notes.<br
class="newline" />— Comme tu le sais, c’est un dossier avec des informations sur tout un
nombre de mages de la capitale, ayant potentiellement un lien avec Mortag
class="newline" />Uhr ouvrit grand les yeux de surprise.<br
class="newline" />— C’est bien la seigneurie sur lequel on se trouve<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />— Oui... Mais ce n’est pas ça qui me rend méfiante à son sujet. C’est
+
+
qu’apparemment, elle aurait quitté la capitale quelques jours avant
l’« incident ».<br
class="newline" />— Pour où<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
pleine. D’après Ragan, nous avons de bonnes chances de croiser le
fameux Zach ici. Farl est peut-être même déjà en bas. Et puis j’ai
faim.
-
-
<!--l. 163--><p class="noindent" ><span
class="ecti-1095">Uhr</span>
<!--l. 166--><p class="indent" > Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils constatèrent qu’il y avait pas mal
les applaudissements de son public improvisé. Ce Farl, il ne manquait pas
une occasion de se donner en spectacle, même –et surtout– improvisé. Ce
soir, il avait un certain succès, y compris auprès de la jeune serveuse qui
+
+
venait de lui apporter une assiette supplémentaire avec un grand
sourire.
<!--l. 170--><p class="indent" > Il jeta un œil à Samantha, qui semblait avoir suivi son regard.<br
class="newline" />— Bah, laissons-le s’amuser. Qu’est-ce qu’il pourrait lui arriver de grave
après tout<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
class="newline" />Ils s’assirent à une petite table de libre et commandèrent à manger. Alors
-qu’il se demandait comment il allait bien aborder le fameux guide, un
+qu’ils se demandaient comment ils allaient bien aborder le fameux guide, un
homme s’approcha de la table.
<!--l. 174--><p class="noindent" >— Je suis Zach. J’ai cru comprendre que vous me cherchiez<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 176--><p class="indent" > L’homme était vêtu de façon semblable à ses compagnons. Pantalon de
+toile et bottes de cuir solide, tunique de lin grise, usée et délavée de façon
+non-uniforme, comme s’il portait régulièrement un autre vêtement sur son
+torse. Il remarqua aussi l’usure caractéristique sur le côté gauche de sa
+ceinture, celle que forme, avec le temps, un fourreau d’épée qui y pend
+régulièrement. Pourtant, sa carrure état moins imposante que celle
+Ragan et il paraissait nettement plus jeune. Sa réputation était-elle
+surfaite<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 178--><p class="noindent" >— Effectivement. Asseyez-vous en face. Mon nom est Uhr, voici ma femme
+Samantha. Nous cherchons quelqu’un pour nous emmener dans certaines
+régions peu connues de la forêt de Sossirant. Il semble que vous soyiez le
+seul à pouvoir le faire<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />Zach s’assit en souriant.<br
+class="newline" />— Sans vouloir me vanter, il me semble que si je ne peux pas vous y
+conduire, alors aucun humain ne le peut. Par quel moyen<span class="frenchb-thinspace"> </span>? À pied<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 182--><p class="indent" > Au fur et à mesure que la conversation s’engageait sur des détails
+pratiques –prix, moyen de transoprt, matériel–, Uhr commençait à
+avoir confiance. Il savait de quoi il parlait. Et après tout, ce ne sont
+ni l’âge ni les gros bras qui font un bon guide. Il sembla un peu
+hésitant quand à la venue potentielle de Samantha, mais un regard
+foudroyant de celle-ci le convaincut rapidement. Lui même avait
+vaguement essayé de la dissuader de venir jusque dans la forêt –elle
+pourrait rester dans la ville et apprendre des choses–, mais vaguement
+seulement. Il savait bien que lorsqu’elle avait décidé de faire quelque
+chose, la déesse elle-même ne l’arrêterait pas. Alors quelqu’un comme
+
+
+Zach...
+<!--l. 184--><p class="indent" > Il craignait un peu qu’il ne leur pose un peu trop de questions sur le but
+de leur voyage –s’il prévoyait de lui en parler une fois la ville quittée, il ne
+voulait pas détailler tout de suite–, mais s’il fronça légèrement les sourcils à
+leur explication vague de recherche de ruines d’anciennes civilisations, il s’en
+contenta.
+<!--l. 186--><p class="indent" > Lorsqu’Uhr pointa, sur la vieille carte du guide, les zones qu’il comptait
+explorer, celui-ci commença par hocher la tête, puis se figea l’espace d’un
+instant.<br
+class="newline" />— Par contre, je n’emmène personne ici.<br
+class="newline" />Uhr et Samantha le regardèrent, surpris, puis leur regard se porta à
+nouveau sur la carte, sur la zone qu’Uhr pointait. Elle n’était pourtant pas
+si éloignée que cela de la ville, même si elle semblait très peu fréquentée au
+vu de l’absence de chemin qui la parcourait.<br
+class="newline" />— Ailleurs si vous voulez, même là, ajouta-t-il en pointant une zone bien
+plus éloignée. <br
+class="newline" />Le visage de Zach s’était fermé, et était devenu indéchiffrable. Il
+reprit, alors que Samantha ouvrait la bouche pour lui demander
+pourquoi.<br
+class="newline" />— Les autres guides ne vous emmèneraient pas parce qu’ils ne connaissent
+pas cette région. Je ne vous y emmène pas parce justement je la connais. Et
+je tiens à ma peau et je suppose que vous aussi.<br
+class="newline" />Il se leva brusquement.<br
+class="newline" />— Attendez. Et si nous y allions avec une meilleur escorte, peut-être
+que...<br
+class="newline" />— Si vous me trouvez une armée, peut-être, coupa-t-il.<br
+class="newline" />Il se dirigea vers le comptoir et fit un geste au tenancier, sans dire un mot.
+Uhr et Samantha se regardèrent, surpris.
+<!--l. 197--><p class="noindent" >— Hé, Zach, tu ne vas pas nous quitter comme ça quand même<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />C’était la voix d’un de ses compagnons de table, qui l’appelait d’un
+air enjoué. Le jeune homme sembla hésiter, puis se retourna vers
+lui.<br
+class="newline" />— Le p’tit gars a encore des trucs à nous montrer, je suis sûr que ça va te
+plaire<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il pointa du doigt l’autre côté de la table, où Farl faisait tenir un large
+couteau en équilibre sur son nez, sous le regard amusé des autres convives.
+Zach sembla hésiter, regarda le jeune ménestrel quelques instants, puis
+sourit en s’approchant de la table.<br
+class="newline" />— Je peux essayer<span class="frenchb-thinspace"> </span>?
+<!--l. 203--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Samantha</span>
+<!--l. 205--><p class="indent" > Ils restèrent silencieux quelques instants, regardant le jeune homme
+quitter la table. — Qu’est-ce qui lui a pris<span class="frenchb-thinspace"> </span>? murmura Uhr.<br
+class="newline" />— Je ne sais pas. Il s’est vraiment braqué d’un coup... Tu crois qu’il
+faudrait le rappeler, essayer de lui parler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— On peut. Mais j’ai l’impression qu’on a peu de chances. Et sans lui,
+impossible de mener à bien notre mission. Mmmh...<br
+class="newline" />Il s’interrompit pour réfléchir. Pendant ce temps, Samantha tourna son
+regard vers l’autre table. Le jeune guide avait rejoint ses compagnons, parmi
+lesquels se trouvait Farl...
+<!--l. 211--><p class="indent" > Zach s’était pris au jeu. Il avait récupéré le long couteau et lui aussi le
+faisait tenir en équilibre sur son nez. Il se débrouillait plutôt bien, et à en
+voir la réaction de la petite foule, ce n’était pas la première fois
+qu’il jouait à ce genre de jeu. Et ce soir-là, il avait un concurrent
+sérieux...
+<!--l. 213--><p class="indent" > Farl lui jeta un œil interrogateur. Elle haussa les épaules en faisant
+la moue. Une fraction de seconde plus tard il s’était de nouveau
+tourné vers son nouveau compagnon pour lui proposer un nouveau
+défi.
+<!--l. 215--><p class="noindent" >— La zone dans laquelle il refuse d’aller se recoupe en partie avec celle
+qu’on devait explorer. On peut commencer par aller voir le reste, et
+peut-être que d’ici là... commença Uhr <br
+class="newline" />Samantha l’interrompit en souriant et en posant sa main sur la sienne. —
+Pour le moment, je serais d’avis de laisser faire Farl, il a l’air mieux parti
+que nous pour lui parler...<br
+class="newline" />Tous deux tournèrent la tête vers la grande table, où les discussions et les
+rires allaient bon train. Il sourit à son tour.<br
+class="newline" />— Tu as peut-être raison. Attendons demain.
+
+
+<!--l. 221--><p class="noindent" ><span
+class="ecti-1095">Zach</span>
+<!--l. 223--><p class="indent" > Il secoua la tête tout en foulant l’herbe humide de rosée, comme si cela
+lui permettait de chasser ces pensées qui se bousculaient. Il n’aurait
+peut-être pas dû... Il y avait un certain nombre de choses qu’il n’aurait pas
+dû faire hier soir.
+<!--l. 225--><p class="indent" > Boire, pour commencer. Ou tout du moins pas autant. Mais lorsqu’il y
+pensait, ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, et il
+avait beau tenter de se persuader du contraire, une petite voix lui disait que
+ça ne serait pas la dernière. Au moins cette pensée-là était habituelle, elle
+en était presque rassurante au fond.
+<!--l. 227--><p class="indent" > Il n’aurait pas dû refuser tout net ce que proposait Uhr. Surtout qu’il
+semblait être le genre de gars à être prêt à payer cher sans poser trop de
+questions pour aller là où il voulait. Et après tout, s’il avait refusé, c’était
+justement pour éviter les questions... Elles auraient mené trop loin, si on ne
+le prenait pas pour un fou. Sélène, Irdann, les deux elfes, les araknes, leur
+morsure, Sélène...
+<!--l. 229--><p class="indent" > Pourtant la soirée s’était passé plutôt bien ensuite. Il avait fait
+connaissance avec ce jeune homme, un ménestrel apparemment, qui avait
+voyagé avec Uhr et sa femme. Un jongleur, qui avait épaté la galerie avec
+divers tours d’adresse avec tous les objets qui lui étaient passés sous la
+main. Il s’était joint au public. Il n’aurait pas dû. Il savait bien qu’il aurait
+à un moment donné envie d’essayer, lui-même étant amateur de ce genre de
+jeu. Il n’était d’ailleurs pas mauvais, mais face à un vrai jongleur, il savait
+bien qu’il n’avait aucune chance. Qui avait suggéré l’idée de le défier sur un
+terrain qui était plus le sien<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Était-ce Dacus<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Il n’était plus sûr. Ça
+aurait bien pu être le ménestrel. Ou bien lui-même, pour ce qu’il se
+souvenait de la fin de la soirée. S’il avait été sobre et s’il n’y avait
+pas eu ses compagnons autour de lui, il n’aurait jamais accepté,
+évidemment.
+<!--l. 231--><p class="indent" > Il marchait depuis presque une heure, et au fur et à mesure que l’air frais
+lui éclaircissait l’esprit, il hésitait. Était-ce une bonne idée, d’aller quand
+même à ce rendez-vous<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Après tout, il ne connaissait même pas ce jeune
+homme. Et puis il avait mieux à faire que d’aller relever des défis
+idiots.
+
+
+<!--l. 233--><p class="indent" > Il soupira. En fait il n’avait pas vraiment mieux à faire, puisqu’il avait
+refusé le « boulot » d’Uhr. Et puis, il aimait relever des défis, même idiots.
+Mais quand même...
+<!--l. 235--><p class="noindent" >— Héé Zach<span class="frenchb-thinspace"> </span>!<br
+class="newline" />Il tourna la tête. C’était Ragan qui le rattrapait au pas de course. Un grand
+sourire barrait son visage.<br
+class="newline" />— Ha, je savais bien que tu n’allais pas te débiner au dernier moment.<br
+class="newline" />L’enthousiasme de son compagnon chassa vite ses interrogations, et il lui
+sourit en retour.<br
+class="newline" />— Et l’autre, tu crois qu’il va se dégonfler<span class="frenchb-thinspace"> </span>?<br
+class="newline" />— Farl<span class="frenchb-thinspace"> </span>? Ça m’étonnerait.<br
+class="newline" />— Ah, c’est vrai que tu as fait le trajet avec lui, j’avais oublié. Tu le connais
+plutôt bien alors...<br
+class="newline" />— Oui. C’est un p’tit gars un peu étrange parfois, mais au fond, c’est un
+brave type.<br
+class="newline" />Il hocha la tête et reporta son regard au loin. Ils étaient tout proches de
+leur destination.
+<!--l. 245--><p class="indent" > Le lac du Croissant était un endroit magnifique. Zach y était venu deux
+ou trois fois, et il devait admettre que l’idée d’escalader la large falaise
+qui bordait le lac sur la moitié de sa circonférence lui avait paru
+tentante.
<center class="par-math-display" >
<img
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" class="par-math-display" ></center>
-<!--l. 121--><p class="nopar" >
+<!--l. 130--><p class="nopar" >
</body></html>